samedi, 16 janvier 2016
OVERDOSE !
Le bloc-notes
de Jean-Claude Rolinat
A peine les tombes de nos malheureux compatriotes massacrés le fatidique 13 novembre dernier étaient-elles refermées (1), que les séquences macabres qui rythment la vie de notre pays reprenaient de plus belle, dans la version commémorative cette fois.
Janvier est traditionnellement le mois des vœux, vœux qu’il faut absolument souhaiter à ceux que l’on aime, apprécie ou même à ceux qui nous sont étrangers, mais dont le statut nous enseigne que, par courtoisie, « il faut le faire « . Cette fois, le premier mois de l’année est un peu différent, commémorations, célébrations, cérémonies du souvenir ayant mis à rude épreuve la capacité de résistance à l’épanchement lacrymal des Français ! Le fameux « devoir de mémoire » est une absolue nécessité, un impératif qui nous rassure pour que rien ne tombe dans l’oubli et, à cet égard, 2016 comme 2014, n’échappera pas à la règle, s’agissant notamment de la Première Guerre mondiale de 1914/1918. Et ce n’est là que justice à l’égard de nos courageux aînés disparus dans la boue des tranchées. Mais trop de cérémonies tuent la cérémonie.
INCONTOURNABLE
Impossible d’y échapper. Ce week-end des 9 et 10 janvier, les jours précédents comme les jours suivants, on commémorait le XXème anniversaire de la disparition de François Mitterrand, le premier anniversaire de l’exécution de l’équipe de « CHARLIE HEBDO » et de la tuerie de l’Hyper Casher de la Porte de Vincennes, et les chaines d’information non-stop nous ressassaient en boucle le décès du chanteur David Bowie qui venait à peine de sortir son 25ème album. Impossible, toutefois, pour cette grosse Bertha médiatique de cacher les ignobles agressions sexuelles dont ont été victimes de jeunes Allemandes à Cologne et dans d’autres villes de la RFA. Du bout des lèvres, elles ont reconnu que leurs agresseurs, ce que titrait la presse allemande, étaient en grande partie des réfugiés ou des immigrés de plus longue date. Ça gâchait un peu le timing médiatique , d’autant qu’après l’agression de militaires à Valence et le « coup de folie » d’un islamiste contre le commissariat du quartier de la Goutte d’or à Paris, le lundi 11 courant un jeune Turc d’origine kurde attaquait à la machette un professeur israélite en pleine rue à Marseille ! Deux « déséquilibrés », comme le sont peut être les auteurs des attentats d’Istanbul….Et puis, le 14 janvier suivant marquait les trente ans de la disparition de Daniel Balavoine survenue dans un accident d’hélicoptère lors d’un Paris/Dakar de légende.
HOLLANDE A TROUVE, TARDIVEMENT, SA VOCATION
Dans son rôle d’appariteur en chef, de croque-mort affligé, le Chef de l’Etat est parfait. La larme à l’œil mais pas trop, mimétisme sans doute, son ministre de l’Intérieur M. Cazenave, ancien maire de Cherbourg, est impeccable de calme et de retenue. Avec Manuel Valls, le « monsieur screugneugneu » du ministère, le trio gouvernemental est parfait. Dame Taubira, l’ancienne séparatiste guyanaise, plus que jamais garde des sots que garde des sceaux, manque au tableau mais, débat contradictoire sur la déchéance de la nationalité oblige, sa présence ferait désordre… Ne soyons pas hypocrites, assumons… Si nos yeux restent secs en pensant à Charlie qui persévère dans ses grotesques provocations – les Chrétiens cette fois - tout en étant révolté devant cet impitoyable massacre de l’année dernière, notre regard devient humide à l’évocation de la mort d’un Galabru, avec son immense talent d’acteur, qui aura été au cinéma ce qu’un Michel Delpech était à la chanson, quelque chose de populaire sans être vulgaire, des attitudes, des intonations, des réparties inoubliables comme les refrains du chanteur. On appelle cela, tout simplement, du talent, un talent français. Je laisserai le mot de la fin à notre confrère Éric Letty, de Monde et vie qui, à propos de l’emploi du temps du Président de la République, n’hésite pas à écrire que « ce répugnant exercice de récupération des cadavres, d’un effarant cynisme, est salué par la caste médiatique qui prétend y trouver la manifestation, si longtemps attendue, de la véritable dimension présidentielle de François Hollande ». On ne saurait mieux exprimer dans ce talentueux jugement, la vocation tardive du Chef de l’Etat. « Overdose » vous dis-je…
12:34 Publié dans Le bloc-notes de Jean-Claude Rolinat | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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