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dimanche, 20 août 2023

Sur le site Entreprendre : Le plan d’Eric Zemmour pour relancer l’économie française

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Source Entreprendre cliquez ici

Dans cette entrevue exclusive, Eric Zemmour, le président du parti Reconquête, aborde des sujets sur lesquels il est rarement interrogé : celui de la préservation de notre tissu économique, de la réindustrialisation ou de la souveraineté économique.

Tout le monde parle de réindustrialisation, mais avez-vous un plan ?

Éric Zemmour : La réindustrialisation constitue en effet la mère de toutes les batailles en matière économique, stratégique et sociale. Le phénomène de déclassement industriel, avec la vente de fleurons nationaux à l’étranger, est la cause directe de l’effondrement de notre balance commerciale, déficitaire depuis plus de vingt ans !

La France s’est jetée dans les bras de la consommation, de l’importation et de la dette. On a abandonné la voie de la production. Nous nous en sommes trouvés appauvris et stratégiquement affaiblis puisqu’obligés d’acheter à l’étranger nos biens industriels. Une authentique politique de réindustrialisation passe par la mise en œuvre de trois principes directeurs. D’abord, la baisse des impôts de production doit permettre d’améliorer la compétitivité des entreprises françaises et donc faire grossir leurs carnets de commandes. Ensuite, il convient d’assouplir les dogmes concurrentiels bruxellois, qui s’opposent à la constitution de champions nationaux en Europe tout en laissant notre marché ouvert aux géants extra-européens.

Enfin, il faut inciter fortement les consommateurs et la commande publique à favoriser les fournisseurs nationaux. C’est par l’industrie que l’on pourra rééquilibrer nos comptes commerciaux. Et c’est par l’industrie que l’on pourra augmenter les salaires. Les personnes qui travaillent dans ce secteur ont une meilleure promotion sociale que les gens qui travaillent dans les services d’entrée de gamme. C’est ainsi que le smic suisse est à 4 000 euros, alors que le smic français est à 1 200 euros. Prétendre augmenter le smic sans mener une politique de réindustrialisation massive est une démagogie suicidaire pour notre économie, qui ne fait qu’accélérer en vérité l’appauvrissement de nos compatriotes.

Que faire pour rétablir notre souveraineté industrielle ?

J’ai proposé durant la présidentielle de créer un grand ministère de l’Industrie regroupant Industrie, Commerce extérieur, Énergie et Transports, pour remplir le rôle de chef d’orchestre de notre réindustrialisation. Les lycées professionnels seraient également sous sa tutelle – comme les lycées agricoles sont sous la tutelle du ministère de l’Agriculture – afin de favoriser l’imbrication entre la formation et les besoins des entreprises.

Privilégier la production en France, c’est tout d’abord agir au niveau européen, en imposant un mécanisme permettant à chaque État de l’UE de réserver une part de sa commande publique aux entreprises nationales. Face à la concurrence déloyale, je mettrai également un terme à la surtransposition dans le droit français des règles européennes. Dans notre pays, j’entends créer un Patriescore – sur le modèle du Nutriscore – pour indiquer la part de valeur ajoutée réalisée en France des produits consommés.

Nos entreprises stratégiques seront valorisées et protégées, face aux investissements étrangers et à l’extraterritorialité du droit américain notamment. En échange, toute entreprise qui délocalise devra rembourser intégralement les aides publiques reçues. La puissance publique doit être efficace et juste pour regagner la confiance des Français.


Faut-il créer un fonds souverain dédié à l’industrie ?

Tout à fait. Nous devons combler notre retard sur les Anglais, les Américains, les Norvégiens, en fléchant de l’argent français au capital de nos entreprises. Voilà pourquoi je propose que l’Agence des participations de l’État devienne un véritable fonds souverain, en réorientant l’argent du Livret A qui finance le logement social. Au moins 20% des fonds collectés par le livret A – soit plus de 65 milliards d’euros – seront ainsi réaffectés vers des investissements stratégiques : protéger le capital de nos grands groupes qui peuvent être visés par des OPA hostiles mais également investir dans nos start-ups, PME et ETI, y compris dans des filières de développement durable innovantes et dans la transition numérique. Il n’est pas normal, par exemple, que nous devions nous résigner à utiliser Google, Microsoft ou Amazon pour traiter les données de nos ministères. Notre souveraineté numérique passe par l’émergence de solutions françaises dans le cloud et la cybersécurité notamment. Afin de remplir les carnets de commande, il faut imposer par la loi que les données sensibles des Français et de l’État soient stockées sur des solutions françaises souveraines.

Quid de la fiscalité sur la succession des PME ?

C’est là aussi au cœur de mes mesures. Il n’est pas normal qu’un chef d’entreprise français préfère vendre sa société à un industriel chinois ou à un fonds de pension américain plutôt que de transmettre le fruit de son travail à ses enfants, par peur d’être spolié par le fisc.

Nous devons retrouver une France du patrimoine, de la propriété et de la transmission. Nous devons retrouver notre tradition de capitalisme familial, qui protège le savoir-faire et les réussites acquis de génération en génération. Voilà pourquoi je propose d’exonérer purement et simplement de droits de donation et de succession les transmissions d’entreprises familiales entre générations.

Nous avons jusqu’à présent le « pacte Dutreil », qui permet en principe d’exonérer de droits les donations et successions, à hauteur de 75 % de la valeur des titres des entreprises transmises. Toutefois, ce dispositif est trop complexe et sou-mis à trop de conditions. Il interdit les mouvements de rapprochement, pour-tant essentiels pour faire émerger des ETI, qui créent des emplois et exportent. L’objectif de ma mesure est de pérenniser et de conserver en France les entreprises familiales.

Aujourd’hui, un dirigeant de PME et d’ETI sur trois est âgé de plus de 60 ans. Transmettre son entreprise en ayant l’assurance qu’elle pourra devenir plus prospère qu’elle ne l’était, c’est aussi en faire profiter ses enfants de son vivant. Et, ce qui n’est pas négligeable, l’entrepreneur mettra d’autant plus d’énergie dans l’extension de son entreprise qu’il saura que ses enfants la perpétueront : le dynamisme entrepreneurial sera mécaniquement accru.

Comment baisser les impôts de production ?

Nos entreprises, comme nos compatriotes, vivent sous une asphyxie fiscale généralisée, ce qui leur fait perdre année après année en compétitivité face aux concurrents internationaux. Les impôts sur la production sont particulièrement injustes : on taxe les entreprises avant qu’elles ne gagnent des bénéfices, on leur met un boulet au pied. Ça ne peut plus durer. Je veux me battre pour que nos entreprises retrouvent des marges de manœuvre pour avoir la capacité d’investir. Voilà pourquoi j’entends baisser les impôts de production de 30 milliards d’euros supplémentaires par an. Cela passe par la suppression en priorité de la ContributionSociale de Solidarité des Sociétés (C3S), de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises (CVAE) et de la Cotisation Foncière des Entreprises (CFE).

J’ajoute que pour revitaliser les régions durement frappées par la désindustrialisation, je souhaite créer des zones franches industrielles, ouvrant droit à une exonération d’impôts de production et d’impôts sur les sociétés pendant 5 ans. Je baisserai également le taux d’impôts sur les sociétés à 15% pour les petites et moyennes entreprises, artisans, commerçants et agriculteurs jusqu’à 300 000 euros de bénéfices. Il est plus que temps de renverser la vapeur dans notre pays, en cessant de considérer chaque entrepreneur comme une vache à lait !

A l’heure de la réforme des retraites, le chômage des seniors est préoccupant, quelles sont vos solutions ?

Emmanuel Macron a tergiversé durant tout son premier quinquennat au sujet de la réforme des retraites, un coup à 65 ans, un coup à points, pour finalement diviser le pays sans rien régler dans la durée, faute d’une vision globale. Si j’ai porté et défendu la retraite à 64 ans durant ma campagne présidentielle, c’est certes car elle est indispensable à court terme pour sauver le système par répartition, étant donné qu’il y a de moins en moins de cotisants pour de plus en plus de retraités. Mais il faut accompagner cette réforme de garanties, notamment pour les carrières longues.

Il ne sert à rien d’augmenter l’âge de départ à la retraite si c’est pour mettre les gens au chômage dès leur 52e, 53e, 54e année. On allège les caisses de la retraite et on alourdit les caisses de chômage et les caisses de RSA. Aujourd’hui, la moitié des gens qui prennent leur retraite à 62 ans ne sont plus au travail. Il faut être honnête et reconnaître la responsabilité des entreprises qui ont pris de très mauvaises habitudes depuis 30 ans, en mettant au rebut les seniors. Voilà pourquoi je propose l’Index Senior : un système de bonus-malus, c’est-à-dire de réductions de charges pour les entreprises qui gardent leurs seniors et d’amendes pour celles qui les renvoient.

Nous devons en finir avec le mythe des années 80, laissant croire que les seniors privent les jeunes d’emplois. Dans des pays comme le Japon et l’Allemagne, on n’hésite pas à garder et à valoriser les gens âgés, car ils sont la mémoire de l’entreprise. Même avec une activité réduite, ils conseillent et guident les jeunes sur les techniques de travail et les process. C’est tout aussi fort sur le plan humain qu’utile sur le plan professionnel.

Et l’école, comment y développer l’esprit civique et développer l’esprit critique ?

Pour espérer retrouver une école digne de ce nom, il faut d’abord s’accorder sur le constat : depuis plusieurs décennies, c’est l’idéologie progressiste qui a tout ravagé, avec son pédagogisme hors-sol et ses dogmes de « bienveillance » qui ont effondré le niveau académique. Pour « ne pas former des crétins » comme vous dites, il faut commencer par retrouver une école méritocratique ayant pour première vocation la transmission du savoir. L’apprentissage des savoir-faire fondamentaux à l’école primaire, la suppression du collège unique ou encore le retour des filières littéraire, scientifique et économique sont autant de mesures urgentes à mettre en œuvre pour redresser le niveau global.

Cela conditionne notre capacité à faire à nouveau des Français, imprégnés de la culture et de l’Histoire de notre pays. Et c’est là le prélude indispensable à notre relèvement industriel et technologique. Je suis entièrement convaincu du fait que nous devons nous adapter aux technologies de notre époque et y former notre jeunesse. Je souhaite donner une place de choix à l’enseignement de la programmation informatique dès le secondaire, pour pourvoir à la demande croissante d’emplois dans le numérique, et réinstaurer les mathématiques dans le tronc commun au-delà de la classe de première.

Et la complexité des règles et l’inflation des normes ?

Aujourd’hui, nos entreprises petites ou grandes doivent toutes faire face à l’enfer bureaucratique et à un tsunami de normes. Mon ambition est de leur redonner les moyens d’exercer leur talent en France. Cette année, j’ai consacré mes premiers déplacements aux artisans et aux commerçants qui traversent une période particulièrement difficile, avec le sentiment d’être abandonnés. Je les ai reçus à mon QG et je leur ai rappelé une chose : il y a 450 000 magasins en France et si on les rassemble, leur chiffre
d’affaires avoisine les 410 milliards d’euros, six fois celui d’Airbus, ce qui est colossal. Ils forment un tissu indispensable à notre pays. Je souhaite également inciter nos compatriotes à investir davantage dans l’économie réelle, en misant sur notre génie entrepreneurial.

L’essentiel de notre épargne nationale dort aujourd’hui sur des livrets peu rémunérateurs comme le livret A. C’est pourquoi je veux créer un Livret Innovation, qui leur permettra d’investir sans aucune fiscalité dans les start-ups et les PME innovantes ayant leurs sièges en France. Concrètement, je propose une exemption totale d’impôts sur le revenu et de prélèvements sociaux à l’entrée comme à la sortie du livret, avec une durée de détention minimale de 5 ans. Ainsi, la croissance de nos sociétés françaises pourra profiter à nos compatriotes plutôt qu’à des financeurs étrangers.

Est-on allé trop loin dans la mondialisation à tout crins ?

J’ai écrit pendant de nombreuses années sur le clivage entre mondialistes et populistes, entre fédéralistes et souverainistes, apparu de façon éclatante lors du vote sur le traité de Maastricht en 1992. Sans être complotiste, je n’ai jamais eu de mal à reconnaître la communauté d’intérêts des grands patrons à Davos, à l’opposé de celui du peuple français, qu’il s’agisse de l’ouverture des frontières, de la suppression des droits de douane ou des délocalisations massives. Depuis 2017,

Emmanuel Macron s’évertue à jouer le bon élève de la mondialisation, mais son univers est en décomposition. Après quarante années d’immigration massive, accélérée d’année en année, ce n’est pas le conflit de classes qui pointe à l’horizon, mais celui entre deux civilisations sur un même sol. L’enjeu vital aujourd’hui n’est plus le souverainisme mais l’identité. Nous pourrions très bien être souverains dans une France à majorité islamique, mais ce ne serait plus notre pays. Ceux qui font d’une sortie de l’Union européenne le pré-requis à tout changement se trompent d’époque : un pays comme le Danemark, fort de son identité, a décidé de sa propre politique anti-mmigration par-dessus la Commission européenne. Notre pays est d’une toute autre envergure : si nous décidons d’agir, Bruxelles se couchera, car sans la France, il n’y aurait plus d’Union européenne.

Où en êtes-vous de votre stratégie politique ?

Après avoir constitué en un temps record le premier parti de France en 2022 – avec plus de 100 000 adhérents désormais – nous avons implanté Reconquête partout sur le territoire et formé des centaines de cadres. Sur cet élan, nous allons lancer toutes nos forces dans la bataille des européennes, autour de quatre priorités : incarner la vraie droite civilisationnelle face à l’extrême-gauche islamo-gauchiste et wokiste ; défendre le retour aux frontières pour sauver notre pays du Grand Remplacement ; redonner le pouvoir au peuple face aux juges et aux bureaucrates ; enfin, réaliser l’union des droites européennes, avec nos amis italiens, espagnols, hongrois, finlandais…

C’est un élément majeur qui n’est pas encore apparu clairement dans le débat public : contrairement au Rassemblement national, de plus en plus isolé à Bruxelles, les élus Reconquête feront partie d’un des principaux groupes au Parlement européen, l’ECR, avec notamment Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni. Ce groupe a de quoi faire basculer la majorité au Parlement européen et y devenir un pivot incontournable. Voilà pourquoi voter Reconquête en juin prochain aura un véritable impact sur la politique menée dans l’UE.

Propos recueillis par Claudio Flouvat

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