mercredi, 23 octobre 2024
TRIBUNE LIBRE - Prise de conscience, effort et redressement, ou renoncement, immobilisme et chute : il n’y a pas d’autre alternative !
Didier Lecerf
Bien que le gouvernement Barnier soit loin d’être idéal, il a de bonnes chances de durer plus longtemps que d’aucuns peuvent le penser.
Rappelons brièvement la situation.
D’abord, à l’issue des dernières législatives, les profondes fragmentation et division de la population ont trouvé tout naturellement leur traduction, sur le plan politique, dans l’atomisation de la représentation nationale et, conséquemment, l’absence de majorité de gouvernement. Ainsi, le palais Bourbon compte désormais onze groupes politiques (auxquels il faut ajouter les non-inscrits) et trois grands blocs, parmi lesquels aucun n’atteint la majorité absolue de 289 députés : le bloc de gauche, 192 élus ; le bloc centriste (du centre-gauche au centre-droit), 206 ; le bloc de droite nationale, 141. Résultat : jusqu’en juillet prochain, le pays se trouve, de fait, dans une impasse politique qui, de plus, pourrait bien déboucher, à terme, sur une crise institutionnelle…
Ensuite, alors que le pouvoir se trouve sur cette ligne de crête, soutenu par seulement 200 députés au maximum (la motion de censure LFI a obtenu 197 voix), avec deux blocs en embuscade, sur sa gauche et sur sa droite, et donc dans l’obligation de rechercher le plus petit commun dénominateur par le compromis, le consensus, la dette publique atteint la somme considérable de 3 159,7 milliards d’euros, soit 110,7% du PIB, après le "dérapage" du premier trimestre 2024 : +58,3 milliards contre +6,4 milliards au dernier trimestre 2023, soit 9 fois plus ! Pire, la confiance des marchés dans la capacité de la France à maîtriser ses finances menace d’être ébranlée davantage encore par les affrontements, les atermoiements actuels à propos du budget, ainsi que par les choix qui résulteront des débats en cours. Déjà, le taux d’emprunt à dix ans de notre pays dépasse ceux de l’Espagne et du Portugal et ne se trouvent plus qu’à 0,16% de celui de la Grèce…
Mettons les pieds dans le plat : la France a besoin d’un gouvernement, d’un minimum de stabilité, et le gouvernement Barnier, dans sa configuration présente, est, pour l’heure, le seul que nous sommes en mesure de nous offrir ! Il est la conséquence de la composition de l’Assemblée nationale, le résultat des rapports de force au sein de l’hémicycle. Il est à la fois un pis-aller et un moindre mal. S’il tombe, quel autre prendra sa place ? Un gouvernement de gauche, mené par LFI, avec 192 députés ? Inacceptable ! Un gouvernement RN-UDR, soutenu par 141 députés, mais rejeté par les 398 autres ? Impensable !
Ainsi, actuellement, il n’y a pas d’autre équipe à espérer que celle, hétéroclite et imparfaite, rassemblée par le nouveau Premier ministre. Et il n’y a pas d’autres axes à attendre que ceux qu’il a définis lors de son discours de politique générale. Cette situation bloquée résulte des discours mis en œuvre par les partis politiques, les médias, les élites… Elle est le fruit de leurs insuffisances, de leur propagande, de leurs mensonges (merci au front républicain), de leurs petits calculs et intérêts partisans. Mais aussi de nos abandons, de nos renoncements, de nos peurs, de nos petites lâchetés et… de notre dernier vote.
Après des décennies d’insouciance, d’inconséquence, de politique du chien crevé au fil de l’eau, voici l’état d’urgence. Nous sommes arrivés au moment où, collectivement, gouvernement et citoyens, nous devons prendre nos responsabilités, faire les bons choix, être prêts aux efforts, voire aux sacrifices nécessaires. Au nom de l’intérêt supérieur de la patrie, de l’intérêt de nos enfants et des générations futures. Déjà, il y a quatre-vingts ans, le colonel de La Rocque nous exhortait au ressaisissement : « Les longues déchéances de la communauté tout entière ne se rachètent pas, n’autorisent pas de relèvement sinon par la vertu d’un long effort de la communauté entière. (…) Dieu n’accorde les miracles qu’aux grands sacrifices. (…) Notre patrie ne regagnera son pain, avec le salut, qu’à la sueur de son front, qu’à la sueur du front de tous ses fils (…) ».
Nous voici à la fourche : la voie du redressement ou celle du déclin et de la chute…
Seulement, formons-nous encore une communauté ? Sommes-nous encore une nation ? Sommes-nous encore capables d’un effort collectif, patient et soutenu, au service de l'intérêt général ? Sommes-nous encore prêts à nous montrer à la hauteur de nos ancêtres et de tout ce qu’ils nous ont légués ?
De toute façon, les réponses à ces questions, nous les aurons très vite, et nous saurons alors à quelle sauce nous allons être mangés… Soit nous prenons en main notre destin, avec courage, soit d'autres en décideront pour nous, à notre place...
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mercredi, 16 octobre 2024
Le Mondial de l’automobile s’ouvre en pleine déprime. La pression fiscale, normative, écologiste semble bien partie pour avoir la peau de l’industrie automobile française et européenne
Didier Lecerf
En septembre, le marché automobile français a enregistré son cinquième mois consécutif de baisse, avec un recul de 11,07% des immatriculations de véhicules neufs (après -24,3% en août), par rapport à la même période en 2023. Au niveau européen, la tendance est identique : en août, les immatriculations de véhicules neufs ont baissé de 16,5% (-27,8% en Allemagne, -24,3% en France, -13,4% en Italie, etc…). Comme l’écrivait Alain-Gabriel Verdevoye, le 20 septembre dernier, sur le site du magazine Challenges, une « crise structurelle (…) frappe l’industrie automobile européenne » avec « en toile de fond, la concurrence des constructeurs chinois et les objectifs de neutralité carbone imposés par Bruxelles ».
Traduction de cette crise, selon Verdevoye toujours : la capitalisation boursière des grands constructeurs européens a chuté entre avril et septembre derniers : Mercedes, de 82 milliards d’euros à 58,5 ; BMW, de 72 milliards à 45 ; ou encore Stellentis, de 78 milliards à 41… Quant à Volkswagen, le 1er constructeur européen, sa capitalisation a reculé de 29% sur la même période…
Au même moment, face à cette réalité déprimante, Xavier Horent, le délégué général de Mobilians, la principale organisation patronale des métiers de la mobilité, a vivement réagi sur Twitter. Soulignant, pour le secteur, un « état d’urgences (…) permanent », il a dénoncé « un dédale d’incertitudes et de contraintes qui cadenasse (le) marché automobile ». Il en a profité aussi pour exprimer son absence totale d’illusions quant aux choix à venir du nouveau gouvernement, ainsi que ses doutes quant à une future -éventuelle- amélioration. « Comme un symbole, a-t-il ainsi écrit, l’abaissement à 50 km/h sur le périphérique parisien est la marque d’un pays au ralenti, et où le nouveau gouvernement, pour la troisième fois de suite, ne peut que renoncer à solliciter la confiance de l’Assemblée. En attendant la déclaration de politique générale (intervenue le 1er octobre dernier, NDLR), (…) on regardera dans le détail le PLF (projet de loi de finances, NDLR) 2025. Tout y est à craindre, tant le réflexe de la pression fiscale paraît l’emporter sur les économies structurelles des dépenses publiques courantes : resserrement des bonus -s’ils sont maintenus-, articulation avec les autres dispositifs d’aides dans une enveloppe globale réduite. Côté recettes fiscales, la créativité prospèrera : hausse prévisible des malus, abaissement des seuil, au CO2 et au poids, assujettissement des hybrides, nouveau déplafonnement et coups de rabot plus ou moins ciblés, tels que les avantages en nature sur les véhicules électriques de fonction. (…) Avec une montée en puissance du 100 % électrique très inférieure à la trajectoire prévue, l’impasse qui se profile est grave. Elle nourrit un sauve-qui-peut délétère, fragilisant le tissu industriel et entrepreneurial. (…) Une évaluation sérieuse de la situation s’impose, dans un concert européen divisé face à la concurrence chinoise et aux échéances réglementaires ».
De son côté, AAA Data (entreprise spécialisée dans le traitement et la transformation des données d’immatriculations en France), citée sur le site Auto Infos Distribution cliquez ici a pointé du doigt « un marché stagnant, proche des niveaux de 2021, qui reste fragmenté et sans véritables périodes de pic. Suite à la chute des volumes en 2020 et à la stabilisation du marché autour de 1 700 000 immatriculations par an, environ 550 000 véhicules manquent chaque année. Comparé à septembre 2019, les volumes actuels du marché sont inférieurs d'environ 20 % ».
Allons, M’sieurs-dames les virtuoses de la gouvernance, les techno-eurocrates, les militants-pastèque de la transition écologique, encore un effort et l’industrie automobile se retrouvera par terre, le nez dans le ruisseau (c’est la faute à…), pour le plus grand bonheur de l’Empire du milieu. Après Vladimir Poutine, c’est Xi Jinping qui doit bien se marrer…
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samedi, 12 octobre 2024
Budget, la quadrature du cercle : redresser les comptes sans casser la croissance
Didier Lecerf
Hier, jeudi 10 octobre, le Haut Conseil des finances publiques (HCFP) a rendu son avis relatif aux projets de lois de finances et de financement de la Sécurité sociale pour l’année 2025.
De la synthèse de ce document de 38 pages, consultable en ligne cliquez ici il ressort que cette institution budgétaire indépendante (mise en place à la suite du traité de 2012 sur la stabilité, la coordination et la gouvernance au sein de l’Union économique et monétaire) sonne l’alarme et adresse une sérieuse mise en garde au nouveau gouvernement : « La soutenabilité à moyen terme des finances publiques appelle à une vigilance accrue et des efforts immédiats et soutenus dans la durée. La France doit impérativement respecter la trajectoire du plan budgétaire et structurel à moyen terme, pour garder le contrôle de ses finances publiques, maîtriser son endettement, tout en finançant les investissements prioritaires et en veillant à ne pas trop affecter son potentiel de croissance ».
Plus précisément :
La prudence et le réalisme sont de mise. Compte tenu des « dérapages majeurs des finances publiques» des deux dernières années (avec, en 2024, un déficit budgétaire représentant 6,2% du PIB -180 milliards- au lieu des 4,4% -128 milliards- initialement prévus), le HCFP enjoint Barnier, Armand, Saint-Martin et consorts de rompre avec l’optimisme déraisonnable de leurs prédécesseurs pour « retenir des hypothèses prudentes, notamment en matière de prévision des recettes ou de ralentissement des dépenses des collectivités locales ».
Devant l’urgence, le gouvernement cède à la "facilité" : des hausses d’impôts plutôt que des baisses des dépenses. Le HCFP estime que l’ « ajustement budgétaire massif» prévu par le gouvernement pour l’année à venir, afin de ramener le déficit des finances publiques à 5% du PIB (au lieu des 6,2% de 2024, soit une baisse de 1,2 point), se traduira en réalité par « un effort structurel de 1,4 point » (42 milliards) « compte tenu de l’impact négatif à hauteur de 0,2 point d’une croissance spontanée des prélèvements obligatoires (…) ». Cet effort, qu’il estime à 42 milliards (au lieu des 60 milliards annoncés par le gouvernement) résultera à 70% de hausses des prélèvements obligatoires (soit 30 milliards -au lieu des 20 milliards annoncés par le gouvernement-) et à 30% de baisses des dépenses (soit 12 milliards -au lieu des 40 milliards annoncés par le gouvernement-).
Le scénario macroéconomique retenu par le gouvernement pour 2025 manque de réalisme. Le HCFP estime qu’il « est dans l’ensemble fragile». Son avis précise à ce sujet : « La prévision de croissance pour 2025 (1,1 %) apparaît en premier lieu un peu élevée compte tenu de l’orientation restrictive du scénario de finances publiques associé. Pour compenser cet impact restrictif, la prévision de croissance pour 2025 retient des hypothèses favorables sur le commerce mondial, l’investissement des entreprises et la baisse du taux d’épargne des ménages, qui correspondraient à une nette accélération de l’activité sans ajustement budgétaire ».
07:00 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
mercredi, 28 août 2024
Il y a 83 ans, la mort sacrificielle d’Honoré d’Estienne d’Orves
Didier Lecerf
Le 29 août 1941, le capitaine de frégate Honoré d’Estienne d’Orves, 40 ans, père de cinq enfants, était fusillé au Mont-Valérien, avec deux autres membres du réseau Nemrod, Maurice Barlier et Jan Doornik. Ses deux compagnons et lui-même tombèrent sans haine, en pardonnant à leurs bourreaux.
Issu d’une famille profondément catholique, de sensibilité royaliste légitimiste, acquise aux idées, aux actions du catholicisme social ; descendant des généraux vendéens d’Autichamp et Suzannet qui combattirent jusqu’au bout pour "Dieu et le Roi" ; filleul du commandant Driant, le gendre du général Boulanger et héros du bois des Caures en février 1916, Honoré d’Estienne d’Orves peut être rattaché à la droite nationale, monarchiste, catholique et sociale.
Dans le chaos de 1940, à l’heure où, comme l’a souligné Pierre Nora, « l’occupation (força) les hommes à choisir explicitement leur allégeance », cet officier de la Royale, comme beaucoup de ses camarades, fit son choix. Les valeurs transmises par les siens, sa foi chrétienne, sa conception de l’honneur, son amour de la patrie l’amenèrent, malgré la sanglante attaque britannique contre Mers-el-Kébir, à opter pour la poursuite de la lutte sous les couleurs françaises au côté des Anglais, dans les rangs gaullistes. Pour « la libération intégrale » du pays et le maintien de « l’intégralité de l’Empire français ».
Pour autant, il ne retira pas son respect au Maréchal Pétain et ne voua pas aux gémonies ceux qui, au même moment, firent un autre choix que le sien (parmi lesquels plusieurs de ses amis, dont Paul Fontaine, directeur du cabinet de l’amiral Darlan ou Bertrand de Saussine du Pont de Gault, mort en novembre 1940 à bord de son sous-marin, au large du Gabon, après avoir tenté de couler un aviso anglais )…
Complexité et ambiguïtés de l’époque…
« Que personne ne songe à me venger. Je ne désire que la paix dans la grandeur retrouvée de la France. Dites bien à tous que je meurs pour elle, pour sa liberté entière, et que j’espère que mon sacrifice lui servira. »
Honoré d’Estienne d’Orves, 28 août 1941.
Pour commander le Cahier d'Histoire du nationalisme (n°18) consacré à Honoré d'Estienne d'Orves cliquez ici
20:53 Publié dans Didier Lecerf, Les Cahiers d'Histoire du Nationalisme, Un peu d'Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
samedi, 15 juin 2024
La gauche a toujours besoin d’un "fasciste" de service
Didier Lecerf
Biberonnée au marxisme-léninisme, elle utilise cet épouvantail de façon récurrente. On le voit actuellement, on l’a vu en 2002… Il lui permet de surmonter ses divisions, de fédérer les siens, de tétaniser, neutraliser et diviser la "droite parlementaire" (ce qui, manifestement, marche beaucoup moins bien). Il lui permet ainsi de créer les conditions de la formation d’un "front républicain" ou "populaire", tout en marquant du sceau de l’infamie les "pelés", les "galeux" qu’elle veut discréditer, disqualifier, frapper d’indignité nationale, vouer à la mort professionnelle et sociale, voire, à l’imitation du Raoul Volfoni des "Tontons flingueurs", « éparpiller façon puzzle, disperser, ventiler »...
Ce petit manège, pas très catholique mais proprement stalinien, dure depuis les années 1930. Il a un nom, l’agit-prop, qui consiste, comme l’a expliqué Lénine, par la répétition, à n’inculquer qu’une idée ou qu’un petit nombre d’idées à un maximum de personnes.
Du Front populaire de Blum, Daladier et Thorez aux plus récents accords électoraux roses-verts-rouges (le "nouveau Front populaire" d’inspiration mélenchoniste étant le dernier en date), en passant par l’Union des forces démocratiques de 1958, l’Union de la gauche autour du Programme commun de gouvernement de 1972, ou encore la Gauche plurielle de 1996-1997, sans oublier les multiples ententes d’arrière-cuisines locales, l’un des ressorts du "rassemblement populaire", du "front uni" a été ou est, toujours, un responsable, un mouvement politiques, voire les deux à la fois, présentés comme une menace pour le peuple, pour la République, pour les libertés…
François de La Rocque - le « comte fasciste » -, les Croix de feu puis le Parti social français (PSF) et, au-delà, les ligues des années 1930 furent les premiers. Mais Charles De Gaulle (dans une certaine mesure) et le RPF, Pierre Poujade et l’UDCA, les partisans de l’Algérie française, Jean-Louis Tixier-Vignancour, Jacques Chirac et le RPR, Nicolas Sarkozy, le Front national et son succédané, le RN, Jean-Marie Le Pen, puis sa fille Marine, ou encore Éric Zemmour, tous, tour à tour, jouèrent ou jouent ce rôle…
« Fasciste ! » L’accusation, péremptoire, est censée tomber comme un couperet sur toute tête mal-pensante qui dépasse de la masse moutonnière sur laquelle veille jalousement les chiens de garde de la pensée conforme. Elle vise à maudire les déviants qui osent s’aventurer hors des sentiers balisés par les nouvelles ligues de (petite) vertu médiatiques, les culs bénis de la religion déconstructiviste, les apprentis sorciers du "toujours plus" progressiste (qui au passage, oublient un peu facilement que la révolution finit toujours par dévorer ses propres enfants). On connaît la suite du couplet. D’abord dans sa version germanopratine, sorbonnarde et science-porisée : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ». Ensuite dans sa version plus abrupte, « black broque » et punks à chiens, : « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos »…
« Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises ».
Depuis près de cent ans, la gauche française se veut l’arbitre des élégances, la grande dispensatrice des bons et des mauvais points, la sourcilleuse vigie guettant le moindre sursaut du ventre peut-être encore fécond de la bête immonde. Elle continue de se prétendre avec constance la porteuse du bien et de l’espérance, l’accoucheuses du progrès et de l’avenir. Mais quand on y regarde de plus près, on s’aperçoit bien vite, qu’aujourd’hui comme hier, elle utilise volontiers, elle aussi (y compris contre certains des siens), les pratiques qu’elle reproche si fort à ses adversaires, et qu’en matière d’attaques personnelles, de sous-entendus, de calomnie, d’invectives, voire de "flicage", elle a même beaucoup à leur apprendre !
11:47 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
vendredi, 14 juin 2024
Attention ! Revoilà le Front popu...
Après quatre jours de tractations, l’annonce de la formation d’un « nouveau Front populaire » par le Parti socialiste, la France insoumise, Europe écologie les verts et le Parti communiste vient nous rappeler une nouvelle fois que, décidément, la gauche a toujours besoin d’un "fasciste" de service. Ce petit manège, pas très catholique mais proprement stalinien, dure depuis les années 1930.
À l’heure où les commentateurs politiques s’étonnent (ou feignent de s’étonner) de ce "rassemblement des contraires" qui, il y a peu, s’étrillaient allègrement, il n’est pas inutile de se tourner vers le passé, vers l’entre-deux-guerres et le contexte dans lequel est né le premier Front populaire… Avec, notamment, l’affrontement entre les communistes et les socialistes, les dessous de l’affaire Salengro, le recours, par la gauche, à la calomnie, à l’insulte et à la violence contre la droite nationale, son exploitation de l’affaire Stavisky et déjà, le deux poids deux mesures des bien-pensants…
Utile et instructif aller-retour entre deux époques (dont il ressort que la gauche française, biberonnée au marxisme-léninisme, n’a pas vraiment changé) : le livre "François de La Rocque, des tranchées au Parti social français" de Didier Lecerf.
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10:39 Publié dans Didier Lecerf, Législatives 2024 | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
mardi, 11 juin 2024
Le 30 juin et le 7 juillet, un seul vote : Reconquête !
Synthèse nationale
NDLR SN :
Article publié avant la crise interne au sein de Reconquête....
Ainsi donc, les Français ont parlé. Ou plutôt 51,5% des citoyens inscrits sur les listes électorales… Soit 25,4 millions de votants, sur les 49,4 millions d’inscrits, desquels il faut retrancher encore 0,7 million de bulletins blancs et nuls…
Sur les 24,7 millions de suffrages qui se sont reportés sur l’une des 38 listes en compétition, le bloc "droite" (LR, droite nationale, souverainistes et identitaires) arrive en tête, avec environ 11,4 millions de voix, soit 46% des suffrages exprimés.
Le bloc "gauche et extrême gauche" obtient un peu plus de 8 millions de voix, soit 32% des exprimés.
La "majorité" présidentielle, c’est-à-dire l’"extrême centre", se place en troisième position, avec 3,6 millions de voix, soit 14,5% des exprimés.
Quant aux autres listes, elles totalisent environ 1,4 million de voix (5,6% des exprimés), ce qui n’est pas négligeable…
Factuellement, élections après élections, il se confirme que la France est redevenue un pays ingouvernable, comme aux pires heures des IIIe et IVe Républiques. Eclatée en "communautés" diverses, groupes et sous-groupes, politiquement très divisée, elle voit désormais son corps électoral être écartelé entre trois grandes tendances de poids et d’influence politique inégaux, au sein desquelles l’union ou même la simple entente entre les forces qui les composent apparaissent difficiles, voire impossibles…
Cette situation bloquée est profondément dommageable au pays. Rappelons que c’est notamment pour permettre d’en sortir, à droite, qu’Éric Zemmour (qui n’avait rien à gagner dans l’affaire mais beaucoup à y perdre) s’est lancé courageusement dans l’arène politique. Par pur amour de la France !
L’actuel président de la République porte une lourde responsabilité dans cet état de choses. Depuis 2017, il n’a cessé de diviser et d’accroître les fractures du pays pour, espérait-il sans doute, mieux régner. Ce calcul bassement politicien l’a conduit à favoriser la mise en place de l’actuel – et artificiel – duo avec le Rassemblement national. Les aboutissants recherchés de l’opération sont bien connus : lui ou le "chaos", le "bien" contre le "mal", le camp de la "raison", de la "République", du "progressisme", contre celui de la "réaction", du "fascisme rampant", de l’"obscurantisme", de l’"incompétence"…
À peine les résultats de ces européennes connus, voici donc, comme prévu, comme à chaque fois, la farce qui se rejoue. Le RN redevient un "danger pour la démocratie", pour la France. Face à la "menace" ainsi mise en scène et brandie, le "camp du bien" s’emploie à rassembler les siens et à "bordéliser" encore un peu plus le pays. Déjà s’élèvent les appels au "front populaire", au "front républicain", au "sursaut national". De nouveau, on évoque "Munich"…
Face à cette pantalonnade, il appartenait à Marine Le Pen et à Jordan Bardella de se montrer à la hauteur de la situation. Il leur appartenait de former, autour de leur mouvement, une grande entente électorale avec les diverses composantes de la droite nationale afin d’envoyer dans la prochaine assemblée le plus grand nombre possible de députés attachés à la défense de la France et de la civilisation européenne. Au lieu de cela, ils n’ont su adresser à Marion Maréchal, Éric Zemmour, Reconquête! et leurs 1,3 million d’électeurs des européennes qu’une lamentable et consternante fin de non-recevoir ! Marie-France Garaud, qui vient de nous quitter, déçue par Chirac, disait de lui : « Je croyais qu’il était du marbre dont on fait les statues. En fait, il est de la faïence dont on fait les bidets ». Aujourd’hui, ceux des partisans de Marine Le Pen qui espéraient cette alliance sont en droit de penser quelque chose d’approchant de leur cheffe de file…
En fait, dans une certaine mesure, la partition malheureusement familière qui se joue actuellement n’est pas pour déplaire à Marine Le Pen puisqu’elle la conforte dans sa recherche d’hégémonie. Au « moi ou le chaos » d’Emmanuel Macron répond le « nous et d’abord nous » des "frontistes honteux" en quête de "normalisation" (de banalisation ?). Seulement, voilà : n’en déplaise au RN, il est encore loin de la majorité de gouvernement. C’est l’un des enseignements que l’on peut tirer des derniers scrutins. Et puis, de toute façon, accéder au pouvoir pour quoi faire. Pour mener quelle politique ? avec quels soutiens dans le pays ? À ce sujet, rappelons entre autres qu’à l’issue du 1er tour de la dernière présidentielle, 83,3% des électeurs inscrits n’ont pas voté pour sa candidate et que lors du second tour, ce sont 72,75% des inscrits qui ne se sont pas déplacés ou qui n'ont pas choisi un bulletin à son nom… Rappelons aussi que les 31,4% des suffrages exprimés obtenus par la liste Bardella à ces européennes représentent 15,7% des électeurs inscrits… Difficile avec ça de mettre en œuvre avec succès un programme de rupture, si tant est qu’il existe et que ce soit le but recherché.
Pour notre part, depuis maintenant 18 ans, nous défendons la "synthèse nationale". C’est notre intitulé, notre "ADN", comme disent les pédants de plateaux, notre quête. Nous la réclamons, nous la recherchons, nous la promouvons. Mais nous savons aussi qu’elle n’est possible qu’entre gens de bonne volonté, aux idées suffisamment claires et solides, et qui placent l’intérêt de la patrie au-dessus de tout… Aujourd’hui, Marine Le Pen vient de nous rappeler crûment que, décidément, elle n’en fait pas partie. C’est dommage et même rageant, mais c’est ainsi !
En ne sachant pas pardonner à Éric Zemmour ce qu’elle a reçu comme des offenses – alors qu’il ne s’agissait que de légitimes critiques politiques ou de simples constats -, en se montrant incapable de se remettre un tant soit peu en question et de saisir la main qui se tend, elle vient de montrer à quel point le patron de Reconquête!, depuis le début, a raison.
Ainsi, désormais, les choses sont claires pour chacun : Marine Le Pen n’est pas à la hauteur. Elle n’est pas la solution, elle est le problème… Il appartient donc à chaque sympathisant, électeur, militant de la droite nationale de prendre ses responsabilités. Rien ne peut être possible, rien ne peut changer vraiment sans un Reconquête! fort. Ce parti est l’indispensable aiguillon. Les 30 juin et 7 juillet prochains, pas une seule des voix authentiquement nationales et nationalistes ne doit lui manquer !
18:52 Publié dans Didier Lecerf, La vie de l'association Synthèse nationale | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
jeudi, 16 mai 2024
A propos des "événements" actuels en Nouvelle-Calédonie : décidément, les nationalistes n'ont pas arrêté de voir juste...
Pour mémoire, voici ce qu'écrivait Bruno Larebière, dans un entrefilet publié, il y a près de 36 ans dans le Choc du Mois, sous le titre : "Mourir pour Nouméa ?"
"Les plus indulgents diront que c'était pour la grande figure de De Gaulle, les plus sévères qu'ils n'avaient déjà rien compris, quand les électeurs de Nouvelle-Calédonie approuvèrent, en 1962, à plus de 90%, l'indépendance de l'Algérie. Alors logiquement, depuis, ils votent gaulliste. Et le parti gaulliste local, qui en est bien fier, appelle à nouveau à voter Oui (au référendum du 6 novembre 1988 sur l'avenir du territoire - référendum destiné à approuver ou rejeter l'accord de Matignon du 26 juin de la même année, signé par Jean-Marie Tjibaou, leader du parti indépendantiste FLNKS, et Jacques Lafleur, chef du RPCR loyaliste, NDLR).
Parce que Jacques Lafleur n'a plus grand chose à perdre. Parce qu'il n'y a pas de raison de changer une méthode qui perd. Parce que les bons apôtres expliquent qu'il faut lâcher du lest, alors que l'histoire est faite de relâchement qui amènent des révolutions. Parce qu'on se croit toujours plus malin. Et parce que, décidément, les âneries, comme les trains, peuvent en cacher bien d'autres. Alors après, demain, viendront les émeutes. Des Canaques d'abord, puis des Caldoches. Pour défendre leur famille, leurs amis, leurs biens, leur terre, leur pays. Alors ce jour-là, on enverra les militaires. Ou on ne les enverra pas. Et il faudrait encore voir contre qui. Puis ce sera le temps des larmes. Et ce jour-là, on nous dira, à nous nationalistes de métropole, qu'il faut sauver Nouméa, et les Caldoches avec. Et ce jour-là, parce que comme d'habitude, bonnes poires on répondra à l'appel, on en prendra plein la figure. Et tout ça parce qu'un jour de 1988, comme un jour de1962, ils auront voté Oui".
12:03 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
dimanche, 28 avril 2024
Élections européennes du 9 juin prochain : pour nous, il n’y a qu’un seul vote possible, celui pour la liste Reconquête ! conduite par Marion Maréchal
Didier Lecerf
En matière d’élection, comme en tout autre matière d’ailleurs, la macronie aime aller au plus facile. Son conformisme bien-pensant, son manque d’imagination et de courage la portent naturellement à se tourner vers les vieilles recettes, même les plus éculées. À trois mois des prochaines élections européennes, la voici donc qui, une nouvelle fois, déploie la tactique en deux temps à laquelle elle a déjà eu recours à l’occasion des précédents scrutins.
1 - Elle s’emploie à imposer l’idée que tout se joue entre elle-même et le RN.
2 - Elle s’efforce de « rediaboliser » ce dernier.
L’objectif de la manœuvre est clair. D’une part, provoquer un réflexe de "vote utile" en faveur des deux adversaires présentés comme étant les "principaux", afin de marginaliser tous les autres. D’autre part, susciter la peur dans une partie de l’électorat, avec l’espoir de se renforcer au détriment du parti de Marine Le Pen et de Jordan Bardella… La ficelle est un peu grosse mais puisqu’elle a déjà servi avec succès pourquoi ne pas nous en remettre une couche…
Pour notre part, nous ne marchons pas ! Les européennes sont en effet des élections à un seul tour, au scrutin de listes à la proportionnelle (à la plus forte moyenne). Ce qui signifie que la notion de "vote utile" n’a pour ce scrutin aucun sens. À condition de franchir la barre des 5%, toutes les voix obtenues permettent d’avoir des élus et donc de faire représenter ses idées au sein du Parlement européen. Il ne s’agit donc pas de voter pour la liste qui paraît la mieux placer face à celles que l’on veut contrecarrer, mais de voter pour ses idées, pour la liste qui les incarne le mieux, c’est-à-dire, en ce qui nous concerne, pour celle de Reconquête ! menée par Marion Maréchal !
Petit rappel : l’un des enseignements de la dernière présidentielle, à méditer, est que le "bloc national" a progressé grâce à Zemmour, et que Marine Le Pen stagne à un peu plus de 16% des électeurs inscrits…
Si on regarde de près les résultats des dernières élections présidentielles, on constate que, de 2012 à 2017, le "bloc national" a gagné environ 2,3 millions de voix (+32,7%) réparties comme suit : Marine Le Pen : +1,26 millions de voix (+19,6%) – Nicolas Dupont-Aignan, +1 million de voix (+163%). Le "bloc national" a donc progressé 1,67 fois plus que Marine Le Pen seule.
De 2017 à 2022, le "bloc national" a gagné près de 2 millions de voix (+21%) réparties comme suit : Marine Le Pen, +457 000 (+6%) – Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan ensemble (par rapport au score de Nicolas Dupont-Aignan en 2017), +1,5 million (+90% environ). Le « bloc national » a donc progressé 3,5 fois plus que Marine Le Pen seule, essentiellement grâce à Éric Zemmour qui a attiré de nombreux électeurs LR, Nicolas Dupont-Aignan ayant perdu un peu plus de 57% de ses voix de 2017 à 2022 (-970 000 environ).
Ainsi, de 2012 à 2022, la progression du "bloc national" est due surtout à l’offre politique autre que celle de Marine Le Pen et du Rassemblement national (Nicolas Dupont-Aignan ou Zemmour). Ces autres candidats "nationaux" permettent d’attirer dans ledit "bloc national" des électeurs qui ne se reportent pas volontiers sur Marine Le Pen pour diverses raisons. Il est ainsi certain que l’essentiel des 2,5 millions de suffrages obtenus par Éric Zemmour sont ceux d’électeurs ayant voté précédemment pour LR et qui l’auraient fait cette fois encore (ou auraient voté pour Nicolas Dupont-Aignan) si Zemmour ne s’était pas présenté…
En 2017, le "bloc national" a attiré près de 20% des électeurs inscrits (16% environ pour Marine Le Pen et 3,5% pour Nicolas Dupont-Aignan). En 2022, "bloc national" en totalise un peu plus de 23% (près de 17% pour Marine Le Pen, 1,5% pour Nicolas Dupont-Aignan et 5% pour Éric Zemmour). On peut ainsi constater que, de 2017 à 2022, Marine Le Pen stagne à 16-17% des inscrits et que la progression du "bloc national" est due à l’irruption d’Éric Zemmour dans la campagne…
À méditer, dans l’optique des prochaines élections européennes…
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samedi, 27 avril 2024
À propos de la fièvre "science-pocrocholine" : Le monôme des zombis
Ce titre date du 6 décembre 1986. Il introduisait l’éditorial de Louis Pauwels dans le Figaro Magazine : un texte particulièrement mordant et acide, écrit au lendemain de la deuxième grande manifestation lycéenne et étudiante contre le projet de loi Devaquet. Près de quatre décennies plus tard, rien de neuf sous le soleil. Les considérations de cet article sur la partie de la jeunesse "conscientisée" par la gauche et l’extrême gauche ont gardé toute leur pertinence. C’est pourquoi nous en reprenons ici les passages qui, à 37 ans d‘écart, nous semblent le mieux "coller" à la grotesque farce islamo-gauchiste (mise en scène par Baudruchon et LFI) qui s’est jouée ces derniers jours dans et devant Science Po :
« C’est toujours la même chose. Sortis d’une discrète école de bergerie, des bergers inattendus jettent quantité de petits moutons dans la rue. Ensuite, on s’interroge sur le mystère des petits moutons, leur indéchiffrable bêlement, le sens de leur nouvelle vague. D’où viennent-ils ? Qui sont-ils ? Où vont-ils ? Qu’ils ne le sachent pas eux-mêmes (on est obligé d’en convenir) renforcerait, paraît-il, le sens de leur mouvement. On feint de prendre les moutons pour des guides. On dit que leur aveuglement est une façon supérieure de voir. Plus ils sont nuls, mieux leur nullité répond à ce qu’on désirait en les mobilisant. L’opération se déroule toujours en quatre phases. Premièrement, on manipule. Deuxièmement, on nie toute manipulation. Troisièmement, on prête une personnalité autonome et énigmatique aux manipulés. Enfin, on persuade l’opinion générale que cette jeunesse est l’expression d’une supra-raison à respecter désormais. Dans un pays vieilli qui se plie au juvénilisme par usure, un lâcher d’enfants produit à coup sûr gros effet. (…) Sans manipulation des textes, des faits et des esprits, sans volonté politique sous-jacente, sans révolutionnarisme organisé pour travailler une jeune masse informe, le soulèvement étudiant ne s’explique pas. (…) Ces jeunes (…) ont reçu une imprégnation morale qui leur fait prendre le bas pour le haut. Rien ne leur paraît meilleur que n’être rien, mais tous ensemble, pour n’aller nulle part. Leur rêve est un monde indifférencié où végéter tièdement. Ils sont ivres d’une générosité au degré zéro, qui ressemble à de l’amour mais se retourne contre tout exemple ou projet d’ordre.(…) Ils ont peur de manquer de mœurs avachies. Voilà tout leur sentiment révolutionnaire. C’est une jeunesse (qui) a perdu ses immunités naturelles ; tous les virus décomposants l’atteignent. Nous nous demandons ce qui se passe dans leurs têtes. Rien, mais ce rien les dévore. (…) Serait-ce toute la jeunesse ? Certainement pas. N’ayant pas à courtiser les minus, osons dire que c’est la lie avec quoi le socialisme fait son vinaigre ».
16:33 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
vendredi, 15 mars 2024
À quatre jour du 19 mars, soixante-deux ans après le cessez-le-feu en Algérie, une réflexion, en passant…
Synthèse nationale
Hier, jeudi 14 mars, sur Cnews, à L’heure des Pros. Question du magistrat honoraire Philippe Bilger à Pascal Praud : « À partir de quand, Pascal, à votre avis, la dénonciation absolue de la barbarie du 7 octobre, accompagnée de la demande d’un cessez-le-feu, peut n’être pas qualifiée de soutien à la cause palestinienne ? » Réponse de l’intéressé : « C’est le mot "cessez-le-feu" qui pose problème. Est-ce que vous cessez le feu avec une organisation terroriste ? (…) Le mot "cessez-le-feu" a en lui-même une ambiguïté »…
Pour mémoire, cette position était celle des partisans de l’Algérie française qui refusaient tout idée de négociation et, plus encore, de cessez-le-feu avec le FLN qui, alors, quelques décennies avant le Hamas, utilisait déjà l’islam et la terreur comme des armes au service de sa cause. On connaît la suite : le gouvernement gaulliste a négocié, a conclu un cessez-le-feu avec les fellagas et leur a finalement abandonné le territoire.
Soixante-deux ans après la fin de la « sale guerre », il est tout de même curieux de voir aujourd’hui cette compréhension pour la position de l’État d’Israël (parfaitement compréhensible) alors même qu’il continue d’être de bon ton de pourfendre celle des partisans du maintien de la France en Algérie…
En fait, cette contradiction trouve son explication dans une formule : « Malheur aux vaincus ! »… Les perdants ont toujours tort. Ce sont les vainqueurs qui écrivent l’histoire…
20:43 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
samedi, 03 février 2024
Gestion par le pouvoir des colères du monde agricole : déjà, en 1964, François Brigneau mettait en garde les paysans…
« Tout a été dit et fait, et aucune littérature ne peut dépasser le cynisme de la réalité. On ne soûle pas avec un verre celui qui a déjà bu une barrique ».
Anton Tchekhov
Synthèse nationale
Le 17 avril 1964, deux ans après la mise en place de la politique agricole commune (PAC) – et la fin dramatique de l’« Algérie française » -, François Brigneau (1) écrit un article intitulé Paysans, il vous a déjà compris ; le « il » en question étant, bien sûr, le général De Gaulle dont le journaliste s’employait alors à pourfendre les « impostures »… 60 ans plus tard, il nous paraît intéressant de publier des extraits de ce texte qui n’a rien perdu de sa profondeur et de son actualité… Il suffit juste de remplacer le général De Gaulle par Emmanuel Macron et Ben Bella par l’Ukraine ou « le Zambèze »…
« (…) Aujourd’hui, enfin demain, il a accepté de recevoir les paysans désireux de lui parler du pays. (…) Le soldat donnera audience aux laboureurs. Dès lors que son intérêt coïncidera avec son bon plaisir, évidemment. (…) Si ce général ne s’appelait pas De Gaulle, une semblable entrevue prêterait à la composition d’un grand tableau, dans le genre de ceux de Prud’hon. Au milieu, le vieux chef, méditatif. Autour de lui, les paysans assemblés, tête nue, à la fois fiers et respectueux. Il y a le berger des montagnes et le vacher des grasses prairies vertes ; l’homme des océans à blé et celui des petites cultures dont les lopins changent de visage au gré des saisons, comme les calendriers changent d’images. (…)
Tous parlent à leur tour ; tous disent le drame de leur vie qui tient à ceci : dans un monde qui ne croit qu’à l’avenir, ils ne veulent plus appartenir au passé ! Pendant des siècles, l’inconfort, l’éloignement, la solitude, le travail jamais terminé, l’insécurité chronique, la misère, le silence, la lenteur avaient été leur lot. En contrepartie, ils éprouvaient cette mystérieuse satisfaction organique que donnent à l’homme le sentiment de sa responsabilité, celui de la liberté et l’accord de son mouvement profond avec celui de la terre. Certes, rien de cela n’était dit, par pudeur ou faute de mots. Mais l’important n’est pas de formuler ; l’important est de ressentir. Et c’était parce qu’ils éprouvaient dans tout leur être cette joie inexprimable qu’ils demeuraient des paysans.
Et puis, petit à petit, ce sort a cessé de leur paraître normal. Les guerres, les invasions, le grand brassage des populations, l’automobile, le cinéma et la télévision ont changé leur état d’esprit. La vie des villes n’est plus apparue comme un mirage inaccessible. Dans d’autres nations, (…) des paysans la connaissaient – ou semblaient la connaître. Pourquoi pas le paysan français ? C’était la question qu’ils voulaient poser au vieux chef. Garder l’accord avec leur sol, gagner l’accord avec leur siècle, telle était leur ambition. Était-ce possible de vivre comme dans des villes à la campagne ? Était-ce possible de demander un peu plus de confort, de sécurité, de bien-être sans perdre pour autant la liberté ? Était-ce trop exiger que de vouloir des écoles pour leurs enfants, des hôpitaux pour leurs malades, des distractions pour leurs femmes ? En vingt siècles, ils avaient puissamment aidé à faire la France. Il était temps que la nation cessât de les considérer comme des étrangers, des exilés de l’intérieur.
Sur ce thème, on imagine facilement le dialogue qui eût pu s’instaurer et sa portée. Il eût fallu, pour cela, un général moins amoureux de la manœuvre. Hélas, (…) ce qui lui importait, ce n’était pas d’écouter les paysans, de connaître leurs travaux et leurs jours, de découvrir une réalité dont nous ne pouvons rougir. Ce qui lui importait, c’était de se servir de cette demande contre eux, dans cette petite guerre civile qu’on appelle la politique.
Les benêts ! Ils demandaient audience au chef de l’État parce qu’ils croyaient à son sens de la justice, de l’intérêt national, peut-être même à sa bonté (…). Ils pensaient : "Ah ! Si le général savait (…) nos terres abandonnées par une jeunesse qui fuit la pauvreté de nos existences… S’il savait que nous vendons notre lait moins cher que l’eau minérale… S’il savait ce qu’il faut d’efforts, de soins, de tracas, de périls pour élever des bêtes et mener une récolte à son terme… S’il savait les dangers qui nous menacent, la grêle, le gel, la maladie, l’effondrement des cours, les marchés engorgés, les saisons rigoureuses qui font les récoltes catastrophiques et les récoltes trop généreuses qui mettent la ruine dans la maison… S’il savait comme il est difficile de moderniser une exploitation, les périls nouveaux auxquels on s’expose en le faisant, les traites, les réparations imprévues qui chargent un budget, l’angoisse qui vous saisit, le sommeil qui vous fuit quand la preuve s’établit que plus vous travaillez et plus vous allez manger d’argent ! (…) Ah ! Si le général savait ça, sûr qu’il ne tolérerait pas que ça dure davantage ; sûr qu’il préférerait nous aider plutôt que Ben Bella. Il suffira de lui expliquer, (…) de lui dire, avec nos mots à nous, et il comprendra (…).
Pauvre Jacques Bonhomme, t’as qu’à croire… Tu vas vite apprendre (…) que le général parle mais n’écoute pas. Si, par extraordinaire, il écoutait, c’est qu’il n’aurait pas trouvé de meilleur moyen pour ne pas entendre. Là est son génie : dans l’utilisation magistrale de la ruse. Qui veut la fin veut les moyens, dit-on. Lui veut tous les moyens sans fin et sans aucune fin ! Tout ce qu’il a vu, dans cette entrevue accordée mais sans date fixée, c’était le moyen de ne pas obtenir la fin : à savoir la solution des problèmes agricoles. C’était aussi le truc qui lui accordait une petite victoire : la remise à une date ultérieure (…) de la grève des fourches. Le bénéfice est court, sans doute, et cette duplicité ne fait que renvoyer l’affaire au mois prochain. C’est vrai, mais il est vrai aussi que ce personnage dont on nous dit tant qu’il se modèle pour l’éternité, réussit surtout dans la bricole à la petite semaine ».
(1) François Brigneau (1919-2012) a été l’une des grandes plumes de la droite nationale des années 1950 jusqu’au début des années 2000 (notamment à Minute, Initiative nationale, Présent, National hebdo et Le Choc du Mois). Ce journaliste, grand reporter et écrivain a été également un militant et responsable politique d’Ordre nouveau, du Parti des forces nouvelles et du Front national.
11:29 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
vendredi, 13 octobre 2023
IL NE VA PAS TARDER A SORTIR ! Un numéro hors-série de Synthèse nationale développera le thème de notre Rendez-vous Bleu-Blanc-Rouge du 15 octobre reporté en raison des interdictions
“Ce qui devait arriver arriva”, tel était le thème du Rendez-vous Bleu-Blanc-Rouge que nous avions prévu d’organiser le dimanche 15 octobre 2023 à Rungis près de Paris. La folie répressive du ministre Darmanin (multiplication depuis le début du printemps des interdictions, menaces de dissolutions…) nous a incité à être prudent et à reporter la tenue de ce RdV BBR cliquez ici. Mais, comme nous n’avons pas vocation a rester silencieux, nous avons décidé de nous exprimer dans ce numéro hors-série de Synthèse nationale.
Chaque jour, un ou plusieurs événements viennent confirmer ce que le camp national prévoyait depuis 50 ans. Chaque jour, une répression de plus en plus dure s’abat sur ceux qui ont sonné le tocsin.
Dans la livraison de cet été de notre revue Synthèse nationale, nous avons abordé cela… Mais comme le sujet est tellement vaste, et que les faits sont têtus, nous développons nos analyses et nos arguments dans un numéro hors-série, réalisé sous la direction de Didier Lecerf, destiné à une large diffusion.
En lisant et en faisant lire autour de vous ce numéro hors-série, vous ferez prendre conscience à nos compatriotes de la justesse et de la clairvoyance du combat nationaliste et identitaire.
Vous êtes déjà nombreux à l'avoir commandé. Soyez rassurés, vous n'allez pas tarder à le recevoir chez vous.
Synthèse nationale, hors-série n°7, 150 pages, 15,00 € , sortie prévue : très bientôt.
Pour le commander cliquez là
23:06 Publié dans Didier Lecerf, La vie de l'association Synthèse nationale | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
La trouille actuelle des "bien-pensants" après les massacres en Israël : une conséquence de leur politique du chien crevé au fil de l’eau en matière d’immigration
« C'était une grave erreur de laisser entrer autant de gens de culture, de religion et de concepts totalement différents, car cela crée un groupe de pression à l'intérieur de chaque pays qui a fait la même chose ».
Henry Kissinger,
ancien secrétaire d’État américain,lors d’un entretien accordé à la première chaîne allemande, Welt TV, octobre 2023.
Synthèse nationale
Depuis samedi dernier, 7 octobre, le Proche-Orient, une fois de plus s’embrase. L’attaque terroriste de grande ampleur menée contre Israël par les islamistes fanatisés du Hamas, les massacres qu’ils ont commis, les ignominies qu’ils ont perpétrées ne peuvent que frapper les nationaux et nationalistes, viscéralement attachés à la défense de leur terre, de leur peuple, de leur identité. En effet, quelle que soit le regard que les uns ou les autres portons sur le gouvernement de l’État hébreu, sur sa politique et la "question palestinienne", les actes lâches et abjects (mais malheureusement pas surprenants) auxquels se sont livrés, sur des civils, enfants, femmes et hommes de tous âges, les moudjahidines ("combattants de la foi") venus de Gaza nous révulsent d’autant plus qu’ils nous remettent en mémoire les crimes épouvantables commis délibérément, il y a plus de soixante ans, par le FLN en Algérie française, et il y a huit ans, dans les rues de Nice ou de Paris, par de jeunes banlieusards musulmans radicalisés, vendus corps et âme à Dae’ch.
En 2018, le livre La dimension religieuses de la guerre d’Algérie du pneumologue devenu historien Roger Vétillard a mis en évidence ce que l’historiographie dominante n’avait jusque-là pas su ou voulu voir : de 1954 à 1962, cette lutte contre la présence française « a été menée au nom de l’islam » et « a été pour le FLN un djihad ».
Comme au temps de la conquête de ce territoire, ou encore de la "pacification" du Maroc voisin, la religion musulmane a été, une fois de plus, un moyen « efficace et compréhensible par tous » pour rassembler un "peuple" divisé « en ethnies, tribus et clans, en paysans et citadins, arabophones et berbérophones ».
Pour les combattants indépendantistes fédérés sous la bannière verte et blanche frappée de l’étoile à cinq branches (représentant les cinq piliers de l’islam) et du croissant de lune (évoquant le calendrier lunaire musulman), il s’agissait, au-delà de la « lutte anticoloniale, sociale, tiers-mondiste, identitaire », de mener à bien « un projet arabo-musulman : une Algérie sans juifs ni chrétiens, sans références à la berbérité, 100% arabophone et musulmane » (citations tirées de la présentation de l’ouvrage et de l’interview de l’auteur par l’historien Jean Lopez, en avril 2019, dans le n°48 de la revue Guerres & Histoire).
Dès lors, tous les moyens étaient bons aux assassins du FLN et de l’ALN pour atteindre cet objectif. À commencer par la terreur : attentats à la bombe, assassinats, viols, mutilations, massacres (comme à El-Halia, Dar Baroud ou Melouza)… L’important était de créer l’irréversible, de frapper d’épouvante, de creuser un fossé infranchissable entre "Français" et "Algériens", de les dresser les uns contre les autres, de les entraîner dans une spirale de haine et de violence dont l’image et le prestige de la France ne pouvaient que sortir profondément abimés…
Aujourd’hui, à soixante ans d’écart, face aux horreurs du "samedi rouge" sur la rive orientale de la Méditerranée, comment ne pas penser qu’Israël se trouve confronté à des ennemis similaires, poursuivant le même objectif (en l’occurrence une Palestine 100% "arabe" et musulmane), et utilisant pour l’atteindre les mêmes moyens et les mêmes méthodes ?
Comment ne pas penser à la harangue du porte-parole de l’État islamique, Abou Mohammed al-Adnani, en 2014 : « Fais trembler la terre sous leurs pieds, rends-leur la vie impossible, et si tu peux tuer un mécréant américain ou européen, et particulièrement un Français haineux et impur, un Australien, un Canadien ou autre que cela parmi les mécréants en état de guerre, habitants des pays qui se sont coalisés contre l’État islamique, alors place ta confiance en Allah et tue-le par n’importe quel moyen » ?
Et, alors qu’un professeur d’Arras vient de mourir sous le couteau d’un énième tueur islamiste, comment ne pas penser également qu’au-delà de la lutte contre l’État hébreu, la nébuleuse islamiste, derrière le Hamas, cherche à atteindre le monde occidental en général et notre pays en particulier. Encore et toujours, l’Internationale des barbus s’emploie à instrumentaliser les masses arabo-musulmanes, à les dresser contre les Occidentaux, dénoncés comme "croisés", "mécréants hypocrites", "impurs" et "pervertis", "ennemis d’Allah" et de la "vraie foi"…
Dans ce "jeu" cynique, ignoble, mais classique (attentat – répression – indignation), une partie des forces de gauche et d’extrême gauche (LFI, NPA…), une fois de plus, jouent à merveille leur rôle d’"idiots utiles". Comme au temps de la guerre d’Algérie et des "porteurs de valise", leurs membres se pensent hérauts d’une lutte de libération nationale, mais ne sont en réalité que les petits télégraphistes révolutionnaires de l’islamisme le plus radical (dont ils risquent fort, un jour, d’être également les victimes…).
Écoutons à ce sujet Roger Vétillard : « (À l’égard des intellectuels français qui l’ont soutenu), le FLN a pratiqué le double langage, qu’il légitimait en y voyant une sorte de taqiya, de "saint mensonge" (…). En présence de ces Français sympathisants, on parlait de modernité, de progrès, de libération, de socialisme, pas du projet arabo-islamiste qui, de fait, rejetait le million de pieds noirs, chrétiens et juifs. (…) La plupart des intellectuels français favorables au FLN n’ont découvert la réalité de la révolution arabo-musulmane algérienne que dans les années 1980. Certains d’entre eux savaient néanmoins, dès avant 1962, à quoi s’en tenir – je pense à Monseigneur Duval, alors archevêque d’Alger -, mais ils ont préféré occulter ces objectifs religieux pour donner priorité à la lutte anticoloniale et tiers-mondiste » (ibid).
Depuis samedi dernier, l’onde de choc des tueries perpétrées par le Hamas dans le sud d’Israël n’en finit pas de secouer la France. Jour après jour, on voit, sur les plateaux de télévisions, des chroniqueurs, des invités faire part de leur crainte « que le conflit s’exporte » jusqu’à nous. On voit les mêmes vouer aux gémonies ceux qu’ils soutenaient jusqu’ici, et remplacer dans l’opprobre l’extrême droite par l’extrême gauche…
Un sondage Elabe pour BFMTV, rendu public avant-hier, nous apprend que 68% de nos compatriotes considèrent que ces événements représentent « un risque de tensions » sur notre sol… Mais comment pourrait-il en être autrement dans un pays où la classe politico-médiatique s’est employée, avec constance et inconséquence, depuis cinquante ans, à créer de toutes pièces une situation sans équivalent dans toute notre histoire : la constitution, dans ce qui fut longtemps "la fille aînée de l’Église", d’une communauté musulmane d’origine étrangère de 6 à 7 millions de membres, plus ou moins intégrés, plus ou moins réislamisés, et comprenant, en son sein, une minorité radicale et globalement hostile, aux effectifs difficiles à évaluer ?
Disons-le clairement : entendre actuellement, sur les ondes, les alarmes, les inquiétudes des "pompiers pyromanes" qui, pendant tant d’années, nous ont insultés alors que nous dénoncions l’irresponsabilité de leur politique du chien crevé au fil de l’eau en matière d’immigration, est pathétique et proprement insupportable…
Heureusement, dans ce moment difficile où l’émotion (naturellement) tend à l’emporter sur la raison ; où beaucoup redoutent de prochains drames ; et où certains, dès lors qu’il s’agit d’Israël, tiennent des propos qu’ils n’auraient jamais tenus, par exemple (et rétrospectivement), au sujet des événements d’Algérie, Éric Zemmour, de nouveau, sur le plateau de CNews, nous a livré une analyse lucide et sans concession de la situation actuelle. Comme à son habitude, il a su aller à l’essentiel, avec des paroles fortes, voire dures, que nous avons reprises sur ce blog…
Pour conclure cet article, une question, une seule : comment nos "brillantes" élites de la droite et de la gauche libérales-libertaires comptent-elle s’y prendre pour faire vivre harmonieusement, sur la durée, une communauté musulmane en croissance continue, dont une part importante reste très attachée à sa foi et à ses traditions, au sein d’une société qui a tout pour lui apparaître comme hautement permissive et "décadente" ?
Pour pratiquer le grand écart, il faut avoir un certain sens de l’équilibre. Sinon, on a de fortes chances de se casser la gueule…
19:12 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
mardi, 04 juillet 2023
Ce n'est pas nous qui le disons...
"Un pitbull avec un air de cocker" (Paul Benayoum)
Synthèse nationale
Avec les émeutes, de nombreux commentateurs se souviennent brusquement du "père de la rénovation urbaine (...) qui porta l'un des plus grands programmes publics en faveur des quartiers difficiles" (selon Le Point), Jean-Louis Borloo, ministre délégué à la Ville sous Chirac, de l'Ecologie sous Sarkozy puis auteur d'un plan d'action pour les banlieues qu'Emmanuel Macron enterra sans fleurs ni couronnes en 2018....
Espérons qu'ils se souviennent également de ce que l'intéressé déclarait en 2002, dans Un homme en colère (éd. Michalon), un livre écrit par Jean-Paul Brighelli (l'auteur de La fabrique du crétin) :
"Je me souviens d'une époque où la peau d'un flic, dans le cadre de sa mission, était sacrée. Je souhaite (...) que, sauf preuves contraires, comme pour les douanes, la parole d'un policier dans l'exercice de ses fonctions prédomine. Il me paraît, par ailleurs, indispensable que les délits constitués à l'encontre du policier dans le cadre de ses fonctions (...) vaillent double sanction à leurs auteurs".
"A côté du délit de faciès (...) se développe aujourd'hui surtout le délit d'uniforme. Oui, nos forces de sécurité sont en péril, démobilisées, démoralisées, abandonnées (...). Oui, j'en ai assez de voir nos gendarmes et nos policiers pris pour cibles, non respectés (...)".
"Si l'on n'y prend pas garde, il y aura de plus en plus de bus qui brûleront, de gamins qui se drogueront, d'échecs scolaires qui deviendront des violences urbaines (...). La sécurité pour tous est une impérieuse nécessité de l'Etat. Dans ce domaine, on constate en partie sa défaillance (...). Défaillance dans les résultats, défaillance dans l'état d'esprit des commentateurs pour qui il n'y a de bavures que policières".
"L'absence de répression est une forme d'oppression, car elle revient à supprimer tout repère (...). Le meilleur moment pour dire non, c'est le premier. Disons non tout de suite, à la première déviance".
On le voit : comme trop souvent, des constatations et des réflexions frappées au coin du bon sens... qui, au final, ont débouché sur rien ou pas grand chose... Derrière les mots, l'inaction... Paroles, paroles, paroles, encore et toujours des paroles, chantait Dalida... Aujourd'hui, vingt-et-un ans après ces propos du "pitbull avec un air de cocker", les Français constatent les résultats de la politique du chien crevé au fil de l'eau. Espérons que cette fois, ils sauront en tirer les bonnes conclusions et voter en conséquence...
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vendredi, 30 juin 2023
« L’ONU est l’endroit où l’on prend la température du monde » (un ancien secrétaire général de l’organisation)
Didier Lecerf
Il y a quelques heures, Ravina Shamdasani, la porte-parole du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a appelé la France à « s’attaquer sérieusement aux profonds problèmes de racisme et de discrimination raciale parmi les forces de l’ordre » avant d’appeler les autorités « à garantir que le recours à la force par la police pour s’attaquer aux éléments violents lors des manifestations respecte toujours les principes de légalité, de nécessité, de proportionnalité, de non-discrimination, de précaution et de responsabilité »…
Pour mémoire, rappelons que ce HCDH, rattaché au Secrétariat général de l’ONU, a été créé en décembre 1993 par l’Assemblée générale dont de nombreux Etats membres violent allégrement les droits les plus fondamentaux d’une partie ou de la totalité de leurs habitants. Rappelons aussi que parmi les 15 membres du Conseil des droits de l’homme du "Machin" (dixit De Gaulle) élus en 2021 se trouvent, outre la France et le Royaume-Uni, Cuba, la Chine, le Pakistan, l’Ouzbékistan, la Russie ou encore le Sénégal où 23 personnes au moins ont été tuées lors des manifestations qui ont eu lieu au début du mois…
Déjà en 1955 Albert Camus écrivait : « La bonne manière d’entrer aux Nations unies est de froisser leur charte immaculée. Pour l’ONU, comme pour le marquis de Sade, on ne s’unit bien que dans le viol ».
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C’était il y a quelques décennies… Il n'y a de pire sourd que celui qui ne veut entendre...
Un extrait du numéro d’octobre-novembre 1982 de Pour une force nouvelle, le journal du Parti des forces nouvelles (PFN)
« (…) Il serait grotesque de déclarer que l’immigré porte en lui le gêne de la petite délinquance. Et nous ne le pensons pas. Mais n’est-il pas aussi absurde de nier ou d’oublier que le problème de la délinquance juvénile est trop souvent lié à l’immigration ? Et particulièrement à l’immigration maghrébine. (…) Il y a un problème. C’est évident. Ses causes sont multiples. Le chômage très souvent : plus d’un tiers des musulmans de moins de 25 ans, généralement fils d’immigrés, sont sans travail. Dans l’ensemble, la scolarité en France ne leur a pas permis d’acquérir une formation supérieure à celle de leurs parents. Ils ont en revanche assimilés le système de valeur dénigrant le travail manuel et les "métiers d’immigrés". Mais le chômage n’explique pas tout puisque la délinquance est bien souvent le fait de jeunes de moins de 16 ans. Le mal est plus profond : alors que les enfants d’immigrés d’origine latine (Espagnols, Portugais, Italiens) se sont adaptés à la vie de notre pays, les enfants de Nord-Africains se sentent profondément déracinés. Ni français, ni arabes (ils parlent souvent très peu la langue de leurs parents), ils ne se sont absolument pas assimilés à notre société et n’envisagent pas un retour dans leur patrie. Or la population d’origine musulmane croît très vite. Beaucoup plus que l’ensemble de la population française. Grâce au simple dynamisme de leur fécondité, les musulmans de France seront vraisemblablement plus de 5 millions en l’an 2000. Si cette population reste concentrée dans quelques grandes villes et quelques quartiers, comme c’est le cas aujourd’hui, il est évident que les affrontements ethniques et les "rodéos", comme ceux de Lyon et de sa banlieue l’an passé, seront de plus en plus nombreux. Il y a donc des mesures minimum à appliquer dès aujourd’hui (…). Malheureusement, Monsieur Defferre, ferme dans ses paroles, ne l'a jamais été dans ses actes. Il préfère, lorsque se produisent de graves incidents ethniques, accuser de mythiques provocateurs d’extrême droite. C’est plus facile, mais c’est aussi plus dangereux ».
Un extrait de Pour la France, le programme du Front national de Jean-Marie Le Pen et de Jean-Pierre Stirbois, publié en février 1986
« Si le Front national se préoccupe de l’immigration, c’est d’abord parce qu’elle concerne au premier chef les conditions de vie des Français, en particulier des plus modestes de nos concitoyens. Les cités des grands ensembles où les conditions de vie sont les plus difficiles sont aussi celles où il y a le plus d’immigrés. (…) C’est la cohabitation d’hommes et de femmes aux cultures, aux mœurs, aux modes de vie différents et souvent incompatibles avec les habitudes de vie des Français qui crée le mal des grands ensembles. Dans la réalité de tous les jours, le heurt des cultures est parfois difficile à supporter. Encore faut-il ajouter que le déracinement des populations étrangères débouche sur une délinquance grave. (…) La liaison entre immigration et insécurité est incontestable. (…) l’immigration est devenue un problème grave pour la vie quotidienne des Français et pour l’avenir de la France. Elle constitue non une chance mais une charge et une menace. (…) Dans quelques années, les 6 millions d’immigrés qui sont actuellement chez nous risquent d’être encore plus nombreux (…). D’ores et déjà des enclaves étrangères se constituent dans les villes et échappent à l’autorité commune. (…) L’alternative est la suivante :
- Accepter la fatalité, c’est-à-dire la présence et la multiplication de communautés étrangères vivant sur notre sol, isolées autour de leurs propres valeurs sinon de leurs propres chefs (…). C’est (…) se préparer des lendemains qui déchanteront car une fois engagé sur la logique d’une société multiculturelle, il faudra renoncer à l’état de droit et admettre que des droits différents s’appliquent à des communautés différentes.
- Rester fidèle à la tradition française d’assimilation et placer les étrangers devant les choix suivants : devenir pleinement français ou partir. C’est-à-dire connaître et aimer la France et adopter ses valeurs et sa loi civile. Cela n’exclut pas de rester fidèle ni à ses origines, ni à ses traditions, pour peu qu’elles ne soient pas incompatibles avec les normes culturelles et le droit français ».
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mardi, 06 juin 2023
L’instrumentalisation de l’Histoire, un exercice périlleux…
Octobre 1942, François Mitterrand rencontre le maréchal Pétain à Vichy, alors qu’il travaille au Commissariat au reclassement des prisonniers.
Didier Lecerf
Dimanche dernier, 4 juin, la coqueluche des élites déracinées, le couturier en chef du prêt-à-penser Jacques Attali, a commis, à propos du parti de Marine Le Pen en particulier et de la droite nationale en général, un tweet qui se voulait sans doute assassin mais n’a réussi qu’à sombrer dans le ridicule : trois phrases - « Ne jamais oublier. Ils n’ont pas changé. Ils restent moralement infréquentables » - assorties d’une capture d’écran de l’émission C l’hebdo, sur France 5, au cours de laquelle l’inénarrable Jean-Michel Aphatie, s’employait, avec la délicatesse d’un sumotori basque dans un magasin de porcelaine, à démontrer que le RN, ex-FN, a bien des « racines pétainistes »…
Attali, Aphatie : hommes d’expérience, ces deux révérends pères La Morale devraient pourtant savoir que l’instrumentalisation de l’Histoire est un exercice tout aussi casse-gueule que celui qui consiste à donner des leçons…
Commençons par Aphatie.
Au cours de l’émission susnommée, le futur chroniqueur du ricaneur Yann Barthès, déclare doctement, l’œil pétillant et la mine réjouie : « Le Rassemblement national… Mais où (Marine Le Pen) a-t-elle été chercher cela ? Alors on va remonter un peu le temps et nous allons nous arrêter au printemps 1936. Nous sommes dans l’entre-deux-tours des élections législatives qui vont voir la victoire du Front populaire, et Philippe Pétain prend la parole… Philippe Pétain, il a fait un peu de politique, il a été ministre de la Guerre pendant toute l’année 1934. Il est l’une des figures imposantes – même si ce n’est pas un acteur très important – de la droite nationale française et dans cet entre-deux-tours des élections législatives, il fait une interview au Journal (…) où il dit : contre le Front populaire, il faut un rassemblement national. Ah, quand même, c’est pas mal, ça »…
Pas mal : peut-être… À condition de partager les obsessions politiques de l’auteur de cette déclaration. Faux : sûrement. Comme le démontre la consultation de la une du 30 avril 1936 dudit titre (de droite) sur Gallica, le site de la BNF… Petit aperçu du bref échange entre le maréchal et le journaliste venu l’interroger :
- Monsieur, je ne vois pas très bien ce que vous attendez de moi et je m’étonne même que les portes se soient ouvertes devant vous. Je me suis fait une règle absolue de ne jamais accorder d’interview et de ne pas faire de politique (…).
- Monsieur le maréchal, le peuple français est allé voter dimanche dernier et il y retournera dimanche prochain. J’aurais voulu recueillir votre mot d’ordre.
- Non, monsieur, car ce serait de la politique.
- Monsieur le maréchal, (…) il n’y a pas en France de personnalité plus symbolique que la vôtre pour transmettre aux hommes d’aujourd’hui le sens du sacrifice consenti par les hommes d’hier.
- Alors, dites ceci. Dites que la France est moins malheureuse que l’Allemagne, moins malheureuse que l’Italie. La question du pain se pose chez nous moins qu’ailleurs. Pourtant ni l’Allemagne ni l’Italie ne doutent. Nous, nous doutons. C’est que la crise n’est pas chez nous une crise matérielle. Nous avons perdu la foi dans nos destinées, voilà tout. Nous sommes comme des marins sans pilote, sans gouvernail. C’est contre cela qu’il faut lutter. C’est cela qu’il faut retrouver : une mystique. Appelez-la comme vous voudrez : mystique de la patrie ou, plus simplement, du souvenir : hors de cela, point de salut. Nous ne venons qu’après des millions d’êtres qui ont peiné et souffert pour que nous soyons ce que nous sommes. ils ont droit d’exiger de nous qu’au moins nous poursuivions leur tâche.
- Si vous aviez à résumer votre pensée en un mot, monsieur le maréchal ?
- RASSEMBLEMENT NATIONAL.
À cette première mise au point à l’adresse d’Aphatie, ajoutons-en une seconde. Cinq mois avant cette interview du "vainqueur de Verdun" paru dans Le Journal, le magazine Vu (fondé et dirigé par l’éditeur de gauche Lucien Vogel, dont la fille Marie-Claude était alors la compagne du rédacteur en chef de L’Humanité, Paul Vaillant-Couturier) publiait deux articles particulièrement élogieux pour Philippe Pétain, dans son numéro hors-série du 30 novembre 1935 intitulé Si les Français se battaient. Front national contre Front populaire. Qui vaincrait ? Dans le premier papier, le radical socialiste Pierre Cot, futur ministre de l’Air de Léon Blum, vantait ce chef « en dehors des luttes politiques » dont le « courage », la « probité intellectuelle », la « droiture » sont « indiscutables et indiscutées », tandis que dans le second, le constitutionnaliste Joseph Barthélémy, futur garde des Sceaux de l’État français, louait ce « maréchal républicain » à la « parfaite loyauté » et à l’ « absolue indépendance politique »…
Passons maintenant à Attali.
« Ne jamais oublier », a-t-il twitter… Effectivement, nous n’oublions pas… Nous n’oublions pas que la vie est pleine de hasards, de surprises, que les parcours ne sont pas linéaires, que le contexte, les circonstances expliquent beaucoup de choses et que l’histoire est complexe… Ainsi, nous n’oublions pas que François Mitterrand (dont il fut le "sherpa"), bien avant son élection à la présidence de la République, et quelques années avant son obtention de la francisque, a appartenu aux Volontaires nationaux du colonel de La Rocque (cliquez ici), le chef des Croix de feu, pendant un peu plus d’un an, entre la rentrée de 1934 et le printemps de 1936… Nous n’oublions pas que 293 parlementaires de gauche, le 10 juillet 1940, ont accordé, eux aussi, au maréchal Pétain les pleins pouvoirs pour « promulguer (…) une nouvelle constitution de l’État français »… Et que parmi eux se trouvait entre autres Henri Salengro, le frère de Roger Salengro (le ministre de l’Intérieur socialiste du Front populaire), élu au siège de ce dernier, après son suicide (en raison notamment des attaques dont son épouse et lui-même furent l’objet de la part de certains communistes)…
Comme on dit en politique, « quand on monte à l’arbre, il faut avoir le cul propre ».
18:52 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
mercredi, 22 mars 2023
UNE ÉMISSION CONSACRÉE À FRANÇOIS DE LA ROCQUE AVEC DIDIER LECERF, PRÉSENTÉE PAR GUILLAUME FIQUET, SUR TV LIBERTÉS
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13:58 Publié dans Didier Lecerf, Livres, TV SYNTHESE, Un peu d'Histoire | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
vendredi, 17 mars 2023
À l’occasion de l’agitation de la gauche et de l’extrême gauche à l’Assemblée et dans la rue, de la "gauchisation" du RN et de la sortie du dernier livre d’Éric Zemmour… Les résultats de la dernière présidentielle, un éclairage pour le présent
Didier Lecerf
Les résultats du 1er tour
Dynamisme du bloc "gauche" et tassement du bloc "droite".
Le 21 avril 2022, dans sa tribune de l’hebdomadaire Valeurs actuelles, l’historien Franck Ferrand remarquait : « (…) Depuis des années, les observateurs de la vie politique répètent que la France n’aurait jamais été à ce point conservatrice ; que les candidats droitiers rassembleraient à tout scrutin une écrasante majorité. (…) Est-ce bien certain ? Certes, les scores cumulés de Macron, Pécresse, Le Pen, Zemmour et Dupont-Aignan représentent les deux tiers des suffrages exprimés. Mais en faisant la part du centrisme chez les deux premiers, du populisme chez les trois autres – tendances qui ne relèvent pas à proprement parler de la droite -, une estimation plus réaliste ramènerait le camp conservateur à 25% environ, soit seulement un électeur sur quatre ! En additionnant, en revanche, les scores d’Arthaud, Poutou, Hidalgo, Roussel, Jadot et Mélenchon – 32% - à ce qu’il peut y avoir de centre gauche chez Macron et d’ouvriériste chez Le Pen, on ne doit pas être loin de la moitié de la population votante… Reste à situer un quart du corps électoral, qu’on doit pouvoir assimiler au centre irréductible. À la lueur de tels résultats, qui pourrait encore prétendre que la France se situe délibérément à droite ? La vérité, c’est qu’elle penche bien à gauche, et sans ambages ».
Malheureusement, les chiffres lui donnent raison.
Si l’on inclut Emmanuel Macron dans le bloc "gauche", celui-ci a rassemblé un peu plus de 21 millions d’électeurs (43% des inscrits et un peu moins de 60% des exprimés) soit près de 13% de plus qu’en 2017. Face à ce bloc "gauche", le bloc "droite" a totalisé environ 14 millions de suffrages (près de 29% des inscrits et 40% des exprimés) soit environ 18% de moins qu’en 2017 et près de 33% de moins que le bloc "gauche" (6,8 millions de voix d’écart entre les deux).
Si on met à part Emmanuel Macron (dont les électeurs proviennent aussi bien de la gauche social-démocrate que de la droite libérale libertaire), les candidats clairement marqués à gauche et à l’extrême gauche (Mélenchon, Jadot, Roussel, Hidalgo, Poutou, Arthaud) ont totalisé 11,2 millions de voix (23% des inscrits et près de 32% des exprimés), soit 1,2 million de plus qu’en 2017 (+12,5%). Ce score représente environ 2,9 millions de voix de moins que celui de l’ensemble des candidats classés à droite et à l’extrême droite (Le Pen, Zemmour, Dupont-Aignan, Pécresse, Lassalle). Mais par rapport à 2017, on constate que le bloc des premiers a bénéficié d’une plus forte mobilisation, tandis que le bloc des seconds a connu un net tassement de son résultat global : en 2017, le total "droite" était 1,74 fois plus élevé que le total "gauche", contre 1,25 fois en 2022 ; ainsi, d’une élection présidentielle à l’autre, l’excédent de voix en faveur de la droite a été divisé par 2,5…
Progression du "bloc national" grâce à Zemmour et stagnation de Marine Le Pen à un peu plus de 16% des inscrits.
De 2017 à 2022, l’ensemble de la "droite" (hors Macron) a perdu 3,2 millions voix (-18,6%). En son sein, les LR ont perdu 5,5 millions d’électeurs (-77%), qui se sont soit abstenus, soit reportés sur Zemmour ou sur Macron ; le "bloc national" (Marine Le Pen-Nicolas Dupont-Aignan en 2017 - Marine Le Pen-Nicolas Dupont-Aignan-Éric Zemmour en 2022) en a gagné un peu moins de 2 millions (+21%) – essentiellement grâce à Zemmour - et Jean Lassalle (le seul à ne pas avoir souffert du "vote utile") 0,67 million (+153%).
De 2012 à 2017, le score du "bloc national" a augmenté d’un peu moins de 33%, soit 1,67 fois plus que l’augmentation de celui de Marine Le Pen (+19,6%) – tandis que le score de Nicolas Dupont-Aignan a augmenté de 163%...
De 2017 à 2022, alors que le score du "bloc national" a augmenté de 21%, celui de Marine Le Pen a augmenté d’un peu moins de 6%, et ceux, cumulés, d’Éric Zemmour et de Nicolas Dupont-Aignan (par rapport au score de NDA en 2017) de 89%). Le score du « bloc national » a donc progressé 3,54 fois plus que celui de Marine Le Pen seule, essentiellement grâce à Éric Zemmour qui a attiré de nombreux électeurs LR, Nicolas Dupont-Aignan ayant perdu 57% de ses voix de 2017.
Ainsi, de 2012 à 2022, la progression du "bloc national" a été due surtout à l’offre politique autre que celle de Marine Le Pen et du RN (Nicolas Dupont-Aignan ou Zemmour). Ces autres candidats "nationaux" ont permis d’attirer dans ledit "bloc national" des électeurs qui ne se reportent pas volontiers sur Marine Le Pen pour diverses raisons. Il est ainsi certain que l’essentiel des 2,5 millions de suffrages obtenus par Éric Zemmour sont ceux d’électeurs ayant voté précédemment pour LR et qui l’auraient fait cette fois encore (ou auraient voté pour NDA) si Zemmour ne s’était pas présenté.
En 2017, le "bloc national" a attiré un peu moins de 20% des électeurs inscrits (16,1% pour Marine Le Pen et 3,5% pour Nicolas Dupont-Aignan). En 2022, il en totalise 23,3% (16,7% pour Marine Le Pen, 1,5% pour Nicolas Dupont-Aignan et 5% pour Éric Zemmour). On peut ainsi constater que, de 2017 à 2022, Marine Le Pen stagne à un peu plus de 16% des inscrits et qu’en 2022 la progression du "bloc national" est due à l’irruption d’Éric Zemmour dans la campagne…
De 2017 à 2022, Nicolas Dupont-Aignan perd près de 970 000 électeurs et Marine Le Pen en gagne 455 000 environ. Si on considère que ces derniers proviennent de l’électorat de NDA, et que les autres électeurs perdus par ce dernier se sont reportés sur Zemmour, on peut raisonnablement considérer que les autres 1,9 millions d’électeurs de Zemmour proviennent de LR. Ce qui implique que 3,5 millions d’électeurs LR se sont reportés sur Macron ou se sont abstenus… Éric Zemmour a donc permis une nouvelle progression du "bloc national", mais n’a réussi à attirer qu’environ 35% des électeurs perdus par LR…
Un Éric Zemmour victime du vote utile et des événements mais qui a réussi à mobiliser une force qui compte.
Les 5% des électeurs inscrits - soit 7% des suffrages exprimés – obtenus par Éric Zemmour ont été une réelle déception pour tous ceux qui ont soutenu sa candidature de salut public. Mais la déception n’est ni le découragement ni le renoncement. D’autant que le fondateur de Reconquête! a été victime surtout de facteurs externes - et non internes – à sa campagne. La guerre en Ukraine, le retour de l’inflation et les inquiétudes des Français pour leur pouvoir d’achat, ainsi que le vote utile en faveur de Marine Le Pen, voire d’Emmanuel Macron, amplifié par les sondages à répétition et la crainte de voir Mélenchon se qualifier pour le second tour, expliquent en grande partie la fonte des intentions de vote en sa faveur et son résultat final… Mais les 2,5 millions de voix qui, malgré tout, se sont portées sur lui, la ferveur des dizaines de milliers de Français rassemblés dans les meetings, les millions de vues sur YouTube, les 125 000 adhérents du parti, les millions d’euros engrangés, l’énergie déployée durant la campagne par les milliers de militants qui, spontanément, se sont mobilisés ou encore les 20 000 jeunes enthousiastes de Génération Z représentent, pour l’avenir, une force et un espoir incontestables. À condition qu’ils sachent être patients et faire le dos rond, en attendant les futurs succès du « vote vital » (que les évolutions en cours rendent nécessaire… et probable).
Progression du président sortant… malgré son bilan.
De 2017 à 2022, Emmanuel Macron a vu son nombre d’électeurs passer de 8,6 à 9,8 millions. Malgré ses sorties intempestives, ses contradictions, ses reniements ; malgré les conséquences du "en même temps" et du "quoi qu’il en coûte" ; malgré la crise, non soldée, des gilets jaunes ; malgré les diverses affaires (Benalla, Alstom ou encore McKinsey) ; malgré le grand déclassement et le grand remplacement… Malgré, aussi, une large offre sur sa gauche, avec les candidatures de Mélenchon, Jadot, Roussel, Hidalgo, Poutou et Arthaud (voire Le Pen). Ainsi, au terme des cinq années de son premier mandat, dommageable pour la France, à plus d’un titre, il a réussi à gagner 1,1 million de voix (+13% d’électeurs), grâce, pour l’essentiel, à un réflexe de "vote utile" (qui, selon un sondage OpinionWay, a concerné 34% - soit 3,3 millions - de ses électeurs, constitués, pour une grande part, des macron-compatibles de la "droite" LR).
Affirmation et renforcement d’une néo-gauche marxisante, radicale, woke, intersectionnelle et islamo-gauchiste.
Par rapport à 2017, l’ensemble de la gauche hors Macron a gagné 1,2 million de voix (+12,5%). Celles-ci proviennent, pour partie, de nouveaux électeurs qui n’ont pas voté en 2017…
Au sein de ce bloc "gauche", l’ensemble formé par LFI, EELV et le PC a gagné 3 millions de voix (+43,6%) – Pour rappel, Jean-Luc Mélenchon, en 2017, était soutenu par les verts et les communistes.
Le lider maximo de la France insoumise, à lui seul, a engrangé 7,7 millions d’électeurs, soit près de 16% des inscrits et 22% des exprimés, gagnant ainsi environ 652 000 voix (+9%) par rapport à 2017, grâce, en grande partie au vote utile (50% de ses électeurs – soit 3,8 millions - déclarant avoir voté pour lui pour cette raison, selon le sondage OpinionWay déjà cité). Il a manqué le second tour de 421 000 voix, soit environ 14% seulement du total obtenu par Jadot, Roussel et Hidalgo (ce qui n’a pas empêché la formation de la Nupes).
L’électorat du Parti socialiste "historique" a connu une nouvelle hémorragie. D’Hamon à Hidalgo, 1,6 million de ses électeurs (soit une perte de 73% des voix de 2017) ont été siphonnés par Macron, Mélenchon, mais aussi Jadot et Roussel (EELV et PC soutenant le chef des Insoumis, il y a cinq ans). Quant aux trotskistes du NPA et de LO, ils ont perdu près de 161 000 voix (soit un recul d’un peu plus de 25%) – 32% de voix en moins pour Poutou et 15% pour Arthaud.
Ces 1,8 million de voix perdues par les socialistes et les trotskistes se sont reportées massivement sur Mélenchon, Jadot et Roussel.
Les résultats du 2e tour
Vote "utile" et tassement de l’écart entre Macron et Le Pen
Lors du premier tour de 2017, les 9 concurrents de Macron et Le Pen avaient rassemblé sur leur nom 19,7 millions d’électeurs (soit une moyenne de 2,18 millions d’électeurs pour chacun d’eux). Au moment du second tour, 7,7% de ces derniers s’étaient abstenus, près de 16% avaient voté blanc ou nul, 15% avaient choisi Le Pen et plus de 61% Macron. Le 10 avril dernier, les 10 concurrents de Macron et Le Pen ont attiré 17,2 millions d’électeurs, soit 2,5 millions de moins qu’en 2017 (et une moyenne de 1,72 million d’électeurs pour chacun d’eux, soit 0,46 million de moins qu’en 2017 : une différence qui montre bien l’impact du vote "utile"). Quinze jours plus tard, ceux-ci se sont répartis comme suit : 4,8% se sont abstenus, 13% ont voté blanc ou nul, près de 30% ont voté Le Pen (deux fois plus de reports en sa faveur qu’en 2017) et 52% Macron (1,17 fois moins de reports en sa faveur qu’il y a cinq ans).
Entre le 1er et le 2e tour de 2017, Emmanuel Macron avait gagné 12 millions de voix (+139,6%) et Marine Le Pen 2,9 millions (+38,5%). Entre le 1er et le 2e tour de 2022, Macron en a gagné 1,34 fois moins et Le Pen 1,74 fois plus.
Par rapport à son score du 2e tour de 2017, Macron a perdu un peu moins de 2 millions de voix (-9,5%). Il est passé de 43,6% des inscrits et 66% des exprimés (soit 20,7 millions de voix) à 38,5% des inscrits et 58,5% des exprimés (soit 18,7 millions de voix). Le Pen, en revanche, en a gagné 2,6 millions (+25% environ). Elle est passée de 22,3% des inscrits et 34% des exprimés (soit 10,6 millions de voix) à 27,2% des inscrits et 41,5% des exprimés (soit près de 13,3 millions de voix).
Aussi l’écart entre les deux finalistes s’est-il réduit. En 2022, il était encore d’environ 5,5 millions de voix, mais il était 1,8 fois moins important qu’en 2017 où il atteignait 10,1 millions de voix.
Mais pour Le Pen, une « éclatante victoire» ou une « éclatante défaite » ?
Pour autant, peut-on considérer que Marine Le Pen, comme elle l’a proclamé, a remporté « une éclatante victoire » ? La réponse à cette question nous a été donnée, me semble-t-il, par le rédacteur en chef culture de Valeurs actuelles, Laurent Dandrieu, dans le numéro du 28 avril 2022 : « (…) Longtemps, (sa) campagne (…) aura fait illusion : protégée par le paratonnerre Zemmour qui prenait à sa place les foudres de la diabolisation, elle a pu donner l’impression de faire une bonne campagne en ne faisant pas campagne. Mais une fois dans le dur du second tour sont apparues en pleine lumière les failles d’un discours qui ne proposait qu’un almanach de mesures catégorielles, sans être jamais capable de produire une vision susceptible de fédérer les Français autour d’un projet commun ni de parler vraiment de la France. (…) Marine Le Pen a paru, des mois durant, vouloir capitaliser sur le rejet d’Emmanuel Macron plutôt que sur l’adhésion à son projet, oubliant que, malgré une image adoucie, elle faisait l’objet d’un rejet similaire et qu’il était naïf de penser que le changement du nom du FN en RN allait suffire à faire oublier le nom Le Pen, qui demeure pour beaucoup un repoussoir irrationnel. L’éclatante défaite de Marine Le Pen sanctionne aussi son inaptitude à rassembler. Incapable de faire vivre ensemble les différentes nuances de la droite nationale, elle a créé un vide qui a engendré la candidature Zemmour (…). Entre les deux tours, tout entière à sa stratégie de draguer l’électorat mélenchoniste et obéissant à sa vieille allergie pour la droite, Marine Le Pen a ostensiblement ignoré les électeurs de ce bord-là (…). Mais surtout, (…) cette défaite sanctionne un échec personnel : plus lisse, elle n’est pas apparue beaucoup plus crédible qu’il y a cinq ans. (…) Candidate par défaut d’un camp national dont elle n’a jamais su déclencher l’enthousiasme, elle a fait une fois de plus la preuve de son incapacité à gagner l’élection suprême (…) ». On ne saurait mieux dire…
19:38 Publié dans Didier Lecerf | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
mardi, 07 mars 2023
Ernesto Che Guevara, la fin du mythe…
Ce mardi matin, dans l'émission "L'Heure des pros" (CNews), les intervenants se sont élevés à juste titre contre la présence d'un portrait du criminel Guevara dans un local de la CGT. Il nous a semblé utile de remettre en ligne cet article de Didier Lecerf, publié dans la revue Synthèse nationale (n°3, printemps 2007), sur ce monstrueux personnage...
S N
Didier Lecerf,
Depuis sa mort violente, en 1967, il y a quarante ans, Ernesto Guevara incarne le romantisme révolutionnaire aux yeux d’un certain nombre de nos contemporains, jeunes et moins jeunes. Sa vie aventureuse et violente, sa fin tragique, sa figure, magnifiée et popularisée par la photographie, l’ont hissé au rang de mythe. Mais, aujourd’hui, ce mythe est battu en brèche : l’archange a du plomb dans l’aile, sa statue se fissure, elle vacille sur son socle… Exit la légende, place à l’histoire !
Une fin sordide
Il y a quarante ans, à l’automne 1967, en Bolivie, dans le canyon de Churo, un petit groupe de guérilleros communistes déguenillés, épuisés et malades, traqué depuis plusieurs jours par l’armée régulière, se retrouve encerclé par 300 rangers « conseillés » par des bérets verts américains et des agents de la CIA.
Comble de l’ironie : c’est un des paysans du cru, que les insurgés marxistes espéraient gagner à leur cause, qui, les ayant aperçus, a indiqué leur position aux militaires…
Le 8 octobre, le chef de la bande, Ernesto Guevara de la Serna, dit le Che, alias « Fernando el Sacamuelas », coupé du reste de la troupe et blessé, est finalement capturé en compagnie de l’un de ses acolytes.
Transporté jusqu’à l’école de La Higuera, un village proche du lieu de son arrestation, il y est abattu le lendemain, 9 octobre, d’une rafale de pistolet mitrailleur, par le soldat Mario Teran, sur ordre du président René Barrientos, un général de l’armée de l’air, au pouvoir depuis deux ans.
Naissance d’un mythe
Pour Guevara, cette mort violente, à 39 ans, « dans des conditions sordides » (Jacobo Machover) (1) n’est pas une fin, mais plutôt un nouveau commencement. Elle débouche en effet sur – au sens premier du terme - l’apothéose du condottiere communiste, puisque le voici bientôt déifié par la génération encore fraîche des futurs ex-anciens soixante-huitards installés et repus.
Paradoxalement, et d’une façon assez comique, pour toute cette jeunesse gauchiste ou gauchisante, issue pour une bonne part des beaux quartiers, mais tombée très tôt dans la potion amère du matérialisme marxiste, fascinée par les bouchers rouges et grande pourfendeuse de la religion « opium du peuple », la mort du Che prend très vite la dimension d’une nouvelle Passion…
Pour toutes ces filles et tous ces fils à papa qui s’amusent alors à « faire la révolution » - avant de faire des affaires - avec d’autant plus d’entrain qu’ils ne courent finalement que bien peu de risques physiques ou matériels, Guevara (qui lui, au moins, a eu le courage de mettre sa peau au bout de ses idées), littéralement sanctifié par les souffrances endurées et le sang versé au nom de son idéal internationaliste, cesse en quelque sorte d’être un humain pour devenir un mythe.
Nimbé « d’un rayonnement presque christique » (Pierre Rigoulot) (2), par la grâce du martyre reçu, l’archange rouge quitte ainsi la terre des hommes pour rejoindre le panthéon révolutionnaire…
L’ancien compagnon de Castro passe alors du statut d’« homme le plus complet du siècle », (Jean-Paul Sartre), à celui d’ « être de lumière » (Ahmed Ben Bella), ou encore de « nouveau Christ sur la croix » (Oliviero Toscani - photographe auteur, dans les années 1980-1990, des campagnes publicitaires provocatrices de la firme Benetton)…
Ainsi commence, à la fin des années 1960, la légende dorée de saint Ernesto de la revolución, Don Quichotte des temps modernes, figure emblématique du romantisme révolutionnaire, idole des ados en crise et des bobos anciens combattants du Quartier latin – lesquels ont, finalement, trouvé en lui le héros qu’ils méritent - .
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lundi, 04 avril 2022
Sondages : méfiance, prudence… L’élection ne sera vraiment jouée qu’aux soirs des 10 et 24 avril !
Didier Lecerf
« La statistique est une personne complaisante qui ne refuse rien de ce qu’on lui demande habilement. »
Édouard Herriot.
Depuis des semaines, le landerneau politico-médiatique s’emploie avec constance à imposer une répétition du second tour de 2017 aux 80% de Français qui, pourtant, déclaraient en février 2021 ne pas en vouloir… Son intérêt est évident : Macron face à Le Pen, à la fin, c’est Macron qui gagne… Seulement, voilà : « A grand renfort d’ordinateurs, de paramètres et d’échantillons, les experts rendent leur verdict, faisait remarquer, il y a une cinquantaine d’années, le rédacteur en chef politique du Monde, Pierre Viansson-Ponté. Mais il reste encore, il reste toujours, (…) dans leur merveilleuse machinerie, un petit grain de sable qui peut tout bloquer. Ce grain de sable, c’est l’homme ». Voici donc, à six jours du premier tour de l’élection majeure de notre vie politique, quelques rappels, remarques et vérités indispensables, pour ne pas être les dupes du système…
La démocratie, c’est le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple. Pas celui des instituts de sondage, par les sondages, pour le pouvoir en place. Le peuple exerce son pouvoir par le vote, dans l’isoloir. Pas par l’intention de vote, sollicitée et donnée sur Internet. Ou alors, décrétons, comme le suggérait jadis Le Canard enchaîné, que « le suffrage universel est supprimé, (…) remplacé par le sondage à la commande» et que « les deux chambres du Parlement sont l’IFOP et la SOFRES »…
Depuis 2017, les instituts de sondage surestiment systématiquement le vote en faveur de Marine Le Pen et de son parti : pour le premier tour de la présidentielle de 2017, 26% annoncés et 21% obtenus ; pour le second tour, 41% annoncés, 33% obtenus ; pour les législatives de 2017, 22% annoncés en moyenne nationale, 13% obtenus ; et pour les régionales de 2021, 25% annoncés en moyenne nationale et 18% obtenus…
Actuellement, 48,7 millions de Français sont inscrits sur les listes électorales, soit 1,2 million de plus qu’en 2017. Selon les sondages, 37% d’entre eux ne sont pas encore sûrs d’aller voter, ce qui représente 18 millions de citoyens. Or, au premier tour de 2017, 22% des électeurs inscrits (10,5 millions) se sont abstenus… Si, dimanche prochain, le taux d’abstention est le même (et tout laisse à penser que ce sera le cas), 7,3 millions de ces 18 millions d’hésitants auront fini par voter… Un beau réservoir de voix pour ceux des candidats qui réussiront à les convaincre (et Éric Zemmour a tout pour être l’un des grands bénéficiaires)…
Éric Zemmour, justement. Voici ce qu’il a rappelé une nouvelle fois, le lundi 4 avril, sur France info : « Les sondages mentent parce qu’ils sont perdus. Ils ne peuvent pas nous dire d’un côté (et tous les sondeurs eux-mêmes me le disent), Marine le Pen sera à 20%, et de l’autre, il y aura 30% d’abstention. Il peut y avoir l’un ou l’autre, mais il ne peut pas y avoir les deux ensemble… Donc, les sondages sont faux.»
Si, malgré tout, on part de l’hypothèse que les sondages actuels ne se trompent pas, on obtient, à partir de leurs estimations, des résultats pour le moins curieux… A titre d’exemple, prenons la dernière enquête Elabe, du 1er avril dernier, pour BFMTV. En partant du principe que le taux d’abstention et les votes blancs ou nuls seront les mêmes qu’en 2017 (22% des inscrits, soit 10,7 millions, et 2,55% des votants, soit 0,97 million), on obtient, pour le premier tour 2022, 37,03 millions de suffrages exprimés. Les 22% de Marine Le Pen (MLP) représentent donc 8,14 millions de voix (0,46 million de plus qu’en 2017). Les 9,5% d’Éric Zemmour, 3,52 millions. Les 8,5% de Valérie Pécresse, 3,14 millions. Et les 2,5% de Nicolas Dupont-Aignan (NDA) et de Jean Lassalle, 0,92 million pour chacun. Soit un total Droite de 16,64 millions de voix, c’est-à-dire… 710 000 de moins qu’au premier tour de 2017 !!!
Les 28,5% d’Emmanuel Macron représentent 10,39 millions de voix, soit 1,74 million de plus qu’au premier tour de 2017 !!! Les 20% de Jean-Luc Mélenchon-Anne Hidalgo-Fabien Roussel, 7,27 millions, soit 2 millions de moins que Mélenchon-Hamon en 2017 ! Et les 2% de Nathalie Arthaud et Philippe Poutou, 0,72 million, soit 0,1 million de plus que leur total d’il y a cinq ans… Avec, à l’arrivée, un total Gauche de 18,38 millions de voix - 1,74 million de plus que le total Droite (?) -, c’est-à-dire le même, à peu près, que pour le premier tour de 2017 (18,63 millions de voix)…
Récapitulons : d’après ce sondage Elabe pour BFMTV (et les autres, qui lui ressemblent), entre 2017 et 2020, Pécresse perdrait 4,07 millions de voix par rapport à Fillon, et NDA 0,77 million, soit une perte totale de 4,84 millions ; MLP en gagnerait 0,46 million et Lassalle doublerait son score (de 0,43 million à 0,92 million), soit un gain total de 0,95 million. Or, la différence entre les deux (3,89 millions), représentent 0,37 million de moins que le score attribué à Zemmour (3,52 millions) … Ce qui signifie qu’après cinq ans de présidence Macron, la gauche obtiendrait toujours plus de voix que la droite, et le grand bénéficiaire des transferts de voix serait Macron lui-même… Curieux, n’est-il pas ? On verra, on verra…
Quoi qu’il en soit, il n’y a qu’une seule certitude à avoir : rien n’est joué ! Pour finir, le mieux est encore de laisser la parole à celui qui restera comme le seul vrai phénomène de cette campagne, Éric Zemmour : « Je veux dire aux électeurs de madame Pécresse, les électeurs de LR, madame Pécresse a déjà préparé son ralliement à Emmanuel Macron à 20h02… C’est déjà dans les tuyaux, tout le monde le sait à LR. Ce que je dis aux électeurs de LR, c’est : ne vous laissez pas voler votre élection. Je suis le candidat de la droite. Et je dis une dernière chose : avec moi, il y aura une véritable recomposition politique. C’est-à-dire que, si Marine Le Pen est au second tour, rien ne bougera. Aucun LR n’appellera à voter pour elle. En revanche, si je suis au second tour, Éric Ciotti, François-Xavier Bellamy et bien d’autres – éventuellement madame Morano, etc. -, appelleront à voter pour moi. Il y aura donc une recomposition politique et on pourra enfin se débarrasser du cordon sanitaire qui sépare artificiellement les électorats du RN et de la droite LR. Nous ferons la réconciliation de ces électorats. Seul mon vote permet cela».
Tout est dit. Le vote utile, ce n’est pas le vote en faveur de Marine Le Pen et de sa petite entreprise familiale (comment, d’ailleurs, pourrait-elle prétendre rassembler les Français quand elle a tant fait, à coup d’anathèmes et d’exclusions, pour diviser son propre camp ?). Le vote Marine, c’est celui de la continuité pour les tenants du système et de l’impasse pour le camp national. Seul le vote Zemmour est le vote utile. Utile à la France et aux Français. Que chacun, en conscience, prenne ses responsabilités et fasse le bon choix. Pour notre part, c’est ce que nous avons fait il y a plusieurs mois : plus que jamais, Zemmour président !
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mercredi, 08 décembre 2021
Du marxisme-léninisme faisons table rase !
Didier Lecerf
« L’islamo-gauchisme, une tentative désespérée de marxisme décomposé, pourrissant, en état de mort clinique, pour se hisser hors des poubelles de l’histoire, en s’accrochant aux forces montantes de l’islam »
Michel Houellebecq
La gauche française est biberonnée au marxisme-léninisme et squattée par une ribambelle d’ex-trotskistes, adorateurs plus ou moins repentis - mais jamais honteux - des idoles aux mains rouges. Elle a besoin d’un épouvantail « fasciste » qu’elle peut agiter à sa guise. Pour masquer ses divisions ou tenter de les surmonter. Pour tétaniser, neutraliser et diviser la droite dite « républicaine » (terme fortement connoté sous-entendant l’existence d’une autre droite qui, elle, ne le serait pas, suivez mon regard). Pour créer les conditions de la formation d’un « front républicain ». Pour, enfin, marquer du sceau de l’infamie tous les « pelés », les « galeux » qu’elle veut discréditer, disqualifier, frapper d’indignité nationale, vouer à la mort professionnelle et sociale, voire, à l’imitation du Raoul Volfoni des Tontons flingueurs, « éparpiller façon puzzle, disperser, ventiler »...
Ce petit manège, pas très catholique mais proprement stalinien, dure depuis les années 1930. Il a un nom, l’agit-prop, qui consiste, par la répétition, à n’inculquer qu’une idée ou qu’un petit nombre d’idées à un maximum de personnes (dixit Lénine).
Du Front populaire aux plus récents accords électoraux roses-verts-rouges, en passant par l’Union des forces démocratiques de 1958, l’Union de la gauche autour du Programme commun de gouvernement de 1972 ou encore la Gauche plurielle de 1996-1997, sans oublier les multiples ententes d’arrière-cuisines locales, l’un des ressorts du « rassemblement populaire » a été ou est, toujours, un responsable, un mouvement politiques, voire les deux à la fois, présentés comme une menace pour la République et les libertés.
François de La Rocque (le « comte fasciste » selon le Populaire, journal de la SFIO), les Croix de feu puis le PSF et, au-delà, les ligues des années 1930 furent les premiers.
Mais Charles De Gaulle (dans une certaine mesure) et le RPF, Pierre Poujade et l’UDCA, les partisans de l’Algérie française, Jean-Louis Tixier-Vignancour, Jacques Chirac et le RPR, Nicolas Sarkozy, le Front national et son succédané, le RN, Jean-Marie Le Pen puis sa fille Marine ou encore, aujourd’hui, Éric Zemmour et le flot grandissant de ses partisans, tous, tour à tour, jouèrent ou jouent ce rôle…
« Fasciste ! » L’accusation, nette, définitive, est censée tomber comme un couperet sur toute tête mal-pensante qui dépasse de la masse moutonnière sur laquelle veille jalousement les chiens de garde de la pensée conforme. Elle vise à « gémoniser » les déviants qui osent s’aventurer hors des sentiers balisés par les nouvelles ligues de (petite) vertu cathodiques, les culs bénis de la religion déconstructiviste, les apprentis sorciers du « toujours plus » progressiste (qui, au passage, oublient, un peu facilement, que la révolution finit toujours par dévorer ses propres enfants).
On connaît la suite du couplet. D’abord dans sa version germanopratine, sorbonnarde et science-porisée : « Pas de liberté pour les ennemis de la liberté ! ». Ensuite dans sa version plus abrupte, « black broque » et punks à chiens, : « Pas de fachos dans nos quartiers, pas de quartier pour les fachos »…
« Ah ! qu’en termes galants ces choses-là sont mises ».
Depuis près de cent ans, la gauche française se veut l’arbitre des élégances, la grande dispensatrice des bons et des mauvais points, la sourcilleuse vigie guettant le moindre sursaut du ventre, peut-être encore fécond, de la bête immonde. Elle persiste à se prétendre le bien, l’espérance, le progrès et l’avenir. Mais elle n’est plus que le cerbère du nouvel ordre moral, qu’un miroir aux alouettes, qu’une vaste escroquerie politique… Et qu’une coquille vide : cela fait longtemps, en effet, que les classes populaires l’ont abandonnée au profit de la droite nationale ou de l’abstention…
N’attirant plus que des fonctionnaires idéologisés et des CSP plus déracinés (les « mutins de Panurge », les « spécialistes libertaires des expéditions plumitives sans risques » de Philippe Muray), la voici fille de joie flétrie, réduite au tapinage islamo-gauchiste et racialiste, dans l’espoir de s’attirer les faveurs des banlieues auto-ghettoïsées.
L’ennui, pour elle, c’est que les Français sont de plus en plus nombreux à s’en rendre compte. Entre Mélenchon, Jadot-Rousseau, Hidalgo ou Zemmour, beaucoup ont déjà choisi…
A nous d’amplifier le mouvement ! En particulier en appelant un chat un chat : ceux d’en face qui crient au « fascisme », au « racisme », au « pétainisme »… ne sont pas eux-mêmes des « fascistes ». Ce sont des femmes et des hommes imprégnés de marxisme-léninisme qui pratiquent encore et toujours l’agit-prop. Derrière les insoumis, les écolos politiques, les néo-féministes, SOS racisme ou les black-blocs ; derrière l’islamo-gauchisme, le wokisme, la cancel culture, le déconstructivisme, c’est toujours le même adversaire, les mêmes idées, la même dialectique. C’est toujours la même volonté de faire du passé table rase et d’imposer un « homme nouveau ». C’est toujours la même pulsion destructrice et totalitaire, c’est toujours la même m… : celle dénoncée, il y a plus de soixante-dix ans, par George Orwell dans 1984…
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