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jeudi, 28 mai 2009

Revue de presse : « Vous chantiez, j’en suis fort aise »

SOURCE : SEDCONTRA

 

Image2-5-ff073.jpgVoici cent ans qu’ils chantent, du sacré, du profane, pour le plus grand bonheur des hommes et des femmes de bonne volonté… Cent ans qu’ils ont dix ou douze ans… Cent ans qu’ils s’appliquent ensemble à toucher juste, sur les plus hauts registres de notre sensibilité… Cent ans que notre cœur rajeunit et s’élève avec eux, loin des brutalités carriéristes et des miasmes du quotidien.

En cent ans, pas une voix ne s’était élevée pour protester contre “l’exploitation commerciale” des Petits Chanteurs à la Croix de Bois, pour la très bonne raison que celle-ci n’existe pas. Chacun est heureux de participer aux frais de scolarité des Chanteurs en acquittant un droit d’entrée aux temps forts des récitals, comme les enfants s’éblouissent de pouvoir donner le meilleur d’eux-mêmes à ce moment-là : la joie du don gratuit, de part et d’autre, constitue avec la beauté des œuvres le principal ressort du succès séculaire de cette manécanterie.

Chassez l’effort, la tension vers le Beau et la joie de donner de l’éducation des enfants, vous n’aurez plus rien – jamais – pour les tirer vers le haut. C’est ce que vient de faire le préfet de l’Oise, et d’aggraver sournoisement le ministre du Travail, en imposant que les Petits Chanteurs à la Croix de Bois soient rémunérés comme des intermittents du spectacle pour leurs prestations : “Vous chantiez ? J’en suis fort aise. Eh bien, bossez maintenant ! Pointez ! Cotisez ! Préparez votre retraite ! Faites respecter vos droits !”

En opposant ainsi le Code du Travail aux droits des plus nobles vertus de l’éducation artistique, de la discipline chorale et de l’élévation spirituelle puisée depuis des millénaires dans la beauté du chant, le gouvernement français vient de franchir une frontière que tout le monde sauf lui considère comme sacrée. La frontière des libertés de l’âme et de leur communion dans l’art, où Mammon n’a point de part et César non plus. Le droit de se laisser parler du ciel, même quand on n’y croit pas…

Il faudra mettre cette offensive emblématique du tout-à-l’égoût mercantile et réglementariste en bonne place dans l’analyse des métamorphoses du totalitarisme au XXIème siècle.

18:02 Publié dans Revue de presse | Tags : chanson, sacré-coeur, exploitation, oise, préfet, travail, sed contra | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |