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lundi, 19 juin 2023

Les flux d’immigration selon l’Insee comparés à ceux du ministère de l’Intérieur.

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André Posokhow

L’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes économiques) a fait paraitre le 30 mars 2023 une étude sur les « immigrés et les descendants d’immigrés ». Il a consacré un des six chapitres thématiques de sa parution aux « flux d’immigration et trajectoires migratoires ». ( N°2 ). La première fiche (n°2-1), particulièrement importante, est dédiée aux « flux migratoires en France et dans les pays européens » (p. 96).

D’entrée, l’institut annonce que 385 000 personnes sont entrées en France en 2019. Notons que le titre se réfère aux flux migratoires et le texte, tout simplement, aux entrées en France ce qui pourrait introduire une confusion. C’est pourquoi il distingue les personnes nées en France qui reviennent de l’étranger  : 90 000, et les 23 000 qui sont nées françaises à l’étranger.

Par conséquent, seules 272 000 personnes peuvent être considérées comme immigrées. Parmi elles 112 000 viennent d’Afrique, 41 000 d’Asie et 30 000 d’Amérique ou d’Océanie. Un chiffre important est celui des arrivées d’Europe : 90 000 qui, visiblement regroupe les étrangers en provenance de l’UE et les non UE. Or ce ne sont pas les mêmes statuts car les UE ont des droits et les procédures ne sont pas les mêmes ; d’autant plus que depuis le Brexit, se pose la question délicate des Britanniques.

Le niveau de ces chiffres de flux migratoires apparaît étonnant car inférieur aux réalités si l’on tient compte de toutes les différentes rivières humaines qui forment le tsunami migratoire actuel.

Contrairement à l’Insee qui se réfère principalement aux données du recensement du nombre des immigrés en France qu’il effectue, le ministère de l’Intérieur produit les statistiques annuelles des titres de séjour qu’il délivre. Il communique également les chiffres des demandes d’asile et des protections accordées, les données des documents provisoires de séjour (DPS), un tableau des interpellations des étrangers en situation irrégulière (ESI), les chiffres, faibles, des éloignements, etc…C’est à ces informations chiffrées que nous allions nous référer.

Le premier de ces flots et le plus important est celui de l’immigration régulière qui prend la forme des 277 000 titres de séjour accordés aux ressortissants des pays tiers en 2019. Ce nombre se détaille ainsi :

  • l’immigration de travail dont les effectifs sont réduits ;
  • l’immigration familiale : environ 90 000 personnes, la plus importante ;
  • le flux estudiantin qui arrive presque à égalité avec immigration familiale et dont la nature présente une différence considérable puisque les étudiants sont appelés, en principe, à rentrer chez eux à la fin de leurs études ; ce que beaucoup d’entre eux ne font d’ailleurs pas.
  • l’immigration humanitaire et les arrivées pour motifs divers.

Deux observations doivent être formulées :

  • ces chiffres ne prennent pas en compte les enfants mineurs accompagnants notamment pour ce qui concerne l’immigration familiale. En effet ceux- ci, du fait de leur minorité, ne sont pas tenus de disposer d’un titre de séjour. Ils sont inconnus du Ministère de l’intérieur et leur nombre ne peut être supposé que de manière très approximative ;
  • d’un autre côté, il existe une émigration d’immigrés que, sur la base d’indications succinctes de l’INSEE on peut estimer à hauteur de 20% à 25 % des entrées.

Au total les entrées brutes de l’immigration régulière peuvent être estimées à 318 000 personnes et les entrées nettes après retours à 238 000 [1].

L’asile constitue la deuxième source d’immigration. Pour faire simple, il y a eu, en 2019, 165 000 personnes (hors réexamen) qui ont demandé l’asile en France y compris le nombre estimé des mineurs accompagnants. L’asile a été attribué à 48 000 personnes qui ont reçu un titre de séjour et , à ce titre , font partie de l’immigration régulière présentée au paragraphe précédent. Après la prise en compte des éloignements et des expulsions le nombre de demandeurs d’asile déboutés et non éloignés toujours y compris les mineurs accompagnants est de 76 000 personnes. Celles-ci devraient regagner leur pays d’origine mais, ne le font tout simplement pas et rejoignent les rangs de l’immigration irrégulière [2].

C’est justement de l’immigration irrégulière dont ne tient pas compte l’INSEE. Pour sa part, le ministère de l’Intérieur, dans son dossier « chiffres clés de l’immigration-2019 », a produit un tableau des interpellations d’ESI. En 2019 125 000 ESI ont été interpellés. Comme, d’une manière générale, ils ne souhaitent pas refranchir la frontière française en sens inverse, ils demeurent sur le territoire français et peuvent donc être considérés comme faisant partie du flux d’immigration annuel pour 2019.

Cependant, une partie d’entre eux correspond à des demandeurs d’asile déboutés qui ont déjà été pris en compte ci-dessus. Pour éviter les doubles emplois il faut retrancher ceux-ci du chiffre de 125 000, pour aboutir un chiffre net après sorties de 37 000 [3].

Il faut de surcroît ajouter à ces nombres d’entrées celui des mineurs non accompagnés (MNA anciennement MIE) estimé à 54 000 en 2019 [4].

Enfin il convient de tenir compte des divers :documents provisoires de séjour et étrangers malades : 24 000 en net.

Au total pour ce qui concerne les flux nets d’immigration des ressortissants des pays tiers le nombre des entrées brutes s’élève à 630 000 personnes et après la prise en compte des sorties et d’opérations diverses à 429 000 soient déjà beaucoup plus que le chiffre de 272 000 immigrés non européens entrés en France comme annoncé par l’INSEE.

Enfin il faut prendre en compte les entrées de ressortissants de l’Union européenne et de l’espace économique européen : 60 000 personnes en net.

Au final les entrées brutes des pays tiers et de l’union européenne s’élèvent, selon les calculs ci-dessus, à 710 000 personnes et en net à 489 000 [5].

A première vue ces données chiffrées peuvent être rapprochées des chiffres annuels des entrées d’immigrés les plus souvent cités par les mouvements politiques et les médias alternatifs opposées au déferlement migratoire : de 400 000 à 450 000 personnes. Il convient de souligner que ces derniers chiffres ne semblent pas tenir compte des sorties d’émigrés, pourtant significatives [6].

Notes

[1] Immigration, l’épreuve des chiffres. André Posokhow. Chapitre 2. Page 52

[2] Opus cité. Chapitre 4 et annexe n°4. Page 112.

[3] Opus cité. Partie 1. Annexe 7 page 116 et tableau page 89.

[4] Opus cité . Chapitre 6.

[5] Opus cité. Tableau des flux nets d’immigration. Page 89.

[6] Idem.

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09:03 Publié dans André Posokhow | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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