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jeudi, 24 novembre 2022

Les Franco-ricains

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La chronique flibustiière de Georges Feltin-Tracol 

Il y a trente ans, au printemps 1992, s’ouvrait le parc d’attraction parrainé par la souris Mickey et l’avare Picsou : Euro Disney Resort. Pour la circonstance fut dévastée la plaine fertile de la Brie dans l’Est francilien avec un incroyable étalement urbain. La dénomination du complexe industriel de divertissement a varié au gré des années en fonction des stratégies publicitaires. Il s’appelle depuis 2009 Disneyland–Paris. Chaque année, des millions de touristes venus d’Europe, d’autres continents et, hélas !, de France le visitent.

Décidé par le socialiste atlantiste François Mitterrand et accepté par le très falot Jacques Chirac, ce projet fut porté par Charles de Chambrun. Proche des milieux étatsuniens, cet ancien secrétaire d’État du gouvernement de Georges Pompidou sous Charles De Gaulle militait au Front national qui, au moment de la signature de l’accord en 1985, s’affichait en nouvelle force reaganienne française. Le tournant anti-américain du FN ne viendra qu’avec la crise du Golfe à l’été 1990. Charles de Chambrun fut par ailleurs l’éphémère maire FN de Saint-Gilles-du-Gard entre 1989 et 1992. Une partie de sa propre majorité contesta sa gestion, ce qui entraîna sa chute.

L’inauguration de cette défiguration paysagère, mémorielle et économique se fait l’année du référendum perdu sur le traité de Maastricht, matrice du cosmopolitisme euratlantique. Contre cette verrue effroyable, seuls protestèrent une minorité de l’extrême gauche, le mouvement tiercériste de Jean-Gilles Malliarakis, Troisième Voie, et le GRECE. Disneyland–Paris détourne les mythes européens, pervertit nos légendes et viole l’imaginaire des générations. L’enlèvement culturel s’aggrave aujourd’hui avec la forte fréquentation autour des thématiques de la Guerre des Étoiles de George Lucas et de l’univers cinématographique Marvel. Quand on parle à un adolescent albo-européen du dieu Thor, il le présente sous les traits de l’acteur australien Chris Hemsworth et le voit aux côtés des Avengers…

Disneyland–Paris parachève le processus d’américanisation de la société française. Le Français moyen rêve d’Amérique. Son désir ne tend pas vers le Mexique, le Pérou, la Bolivie, l’Argentine ou le Costa Rica; il se focalise sur les États-Unis à travers le prisme new-yorkais, californien, texan et floridien sans oublier Memphis, Nashville et Las Vegas. En revanche, il ne se projette jamais dans les Appalaches ou dans les « Grandes Plaines ». Cette affliction civilisationnelle frappe tous les milieux et toutes les classes d’âge.

Le système médiatique d’occupation mentale imite tant par la forme que sur le fond ses collègues d’outre-Atlantique. La politique hexagonale reprend à son compte un vocabulaire directement venu de là-bas : les élections primaires, l’aspiration au bipartisme institutionnel, la tentation d’un régime présidentiel loufoque sous nos latitudes. En 2015, de retour à la tête de son parti, Nicolas Sarközy changea le nom de l’UMP (Union pour un mouvement populaire) qui devient Les Républicains. À la fin du mandat de François « Flamby » Hollande, Manuel Valls envisageait de modifier l’appellation du Parti socialiste en parti démocrate. Par son coup d’éclat électoral, Emmanuel Macron a balayé en 2017 ces tactiques politiciennes en attirant vers lui le centre-gauche et le centre-droit.

Le chanteur Johnny Hallyday a joué un immense rôle dans l’américanisation de la France. Vivant la moitié de l’année à Los Angeles, il a transmis à son public une perception fallacieuse de la réalité étatsunienne. Le cas de Jean-Philippe Smet est édifiant d’autant que ses admirateurs appartiennent à la « France périphérique ». Combien parmi ceux qui pleurèrent l’idole de leur jeunesse en 2017 participèrent-ils ensuite à l’occupation des ronds-points dans le cadre de la révolte tranquille des « Gilets jaunes » ? Ne furent-ils pas des « Gilets Johnny » ?

Enfants et adolescents portent des vêtements ou des cartables aux couleurs des États-Unis d’Amérique ou du Royaume Uni de Grande-Bretagne. Leurs parents décorent leurs habitations et leurs véhicules selon les clichés propagés par les séries télé anglo-saxonnes. Il ne viendrait à aucun Français d’arborer sur lui et chez lui les couleurs de l’Inde, de l’Iran, de la Russie, de la Chine ou de la Hongrie !

La « France périphérique » connaît enfin un puissant engouement pour la musique country. Malgré des origines européennes principalement celtiques, ce style musical s’est épanoui en Amérique du Nord. On recensait néanmoins en 2019 plus d’une cinquantaine de festivals dans l’Hexagone dont à Sainte-Agrève en Ardèche et à Craponne-sur-Arzon en Haute-Loire ! La fermeture des bistrots en zone rurale a déporté le lieu de sociabilité vers le club local de musique made in USA. Il existe ainsi une réelle symétrie comportementale entre la mode country en vogue chez les « petits Blancs » et le rap (ou, plus généralement, l’« inculture » hip hop) qui est apparu dans les banlieues de l’immigration et qui infuse maintenant dans les centres métropolitains où prolifèrent les « Bo-bo ».

L’acculturation américaine intergénérationnelle favorise des mutations socio-politiques inouïes. Les déracinés des banlieues mondialisées se lancent dans un « islamisme de synthèse » fort loin des principes traditionnels. Les gauchistes adoptent les canons du wokisme. Le centrisme se soumet au politiquement correct, cette réminiscence du puritanisme digne de Salem. Quant au courant identitaire, non exempt d’américanotropisme, il peut parfois se complaire dans le suprémacisme blanc qui se montre sur le terrain en auxiliaire zélé d’un contre-mondialisme fomenté par l’État profond yankee.  

En huit décennies, le « cancer américain », pour reprendre le titre du célèbre essai d’Arnaud Dandieu et de Robert Aron en 1931, a métastasé la France et l’Europe. L’Hexagone tricolore a viré en territoire franco-ricain. Marianne se grime en pin up décatie et peu attrayante. Presque tout un chacun veut contribuer à l’American Way of Life, cette pathétique illusion sociétale cauchemardesque qui rend l’américanologie, cette science lancée en 1991 par le philosophe conservateur traditionaliste étatsunien d’origine hongroise Thomas Molnar, plus que jamais nécessaire. Nos compatriotes ont l’esprit tourné vers l’Ouest. Pas étonnant dès lors que notre société ressemble de plus en plus à un asile d’aliénés...

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°52, mise en ligne le 22 novembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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samedi, 19 novembre 2022

Vers la poliorcétique des cyborgs

Ces-guerres-qui-nous-attendent.jpgLa chronique flibustière

de Georges Feltin-Tracol

La 51e chronique hebdomadaire empiète joyeusement sur « Ça se défend ! », l’émission de votre Web-radio préférée consacrée aux questions militaires.

En janvier 2022 paraissait Ces guerres qui nous attendent 2030 – 2060 (éditions des Équateurs/PSL – Université Paris Sciences et Lettres, 224 p., 18 €). Réuni à l’initiative du ministère français des Armées, « le collectif Red Team est composé d’auteurs, de dessinateurs et de scénaristes libres et indépendants ». On y trouve François Schuiten, Jeanne Bregeon, Virginie Tournay, Laurent Genefort, Romain Lucazeau, Xavier Mauméjean et Xavier Dorison ainsi que des pseudonymes comme Colonel Hermès, Capitaine Numericus et DOA. En revanche, le Lieutenant Sturm, Wilsdorf et Alryck n’y figurent pas ! Le projet a agacé, sinon indigné, les écrivains français de science-fiction fortement épris de progressisme, d’inclusivité et d’égalitarisme.

Inspiré du complexe militaro-industrialo-médiatique qui regroupe outre-Atlantique les industries (numériques ou non), les militaires et le monde du divertissement, cet ensemble réfléchit aux guerres de demain et présente quatre hypothèses. Notons que le livre a été rédigé avant le début des hostilités en Ukraine. Il serait fastidieux de résumer chaque scénario. On insistera sur l’affirmation du combattant opérationnel cybernétique et le grand retour de la poliorcétique.

En science-fiction, le cyborg est un hybride entre l’organisme humain et la machine et/ou l’ordinateur. Les programmes militaires occidentaux ouvrent déjà la voie vers le transhumanisme avec les expériences d’exo-squelette de combat. Red Team imagine à assez brève échéance calendaire la finalité logique du passeport vaccinal et autre « visa numérique » : le puçage généralisé de la population. Cela va même encore plus loin avec NeTAM, soit Neuro Terre Air Mer, à savoir « un protocole d’interface neurale [… qui], selon l’auteur collectif, a pour but de pallier les défaillances humaines et d’améliorer les performances des sujets. [...] Le programme permet notamment l’échange de données homme/machine, la prise de contrôle d’équipements, l’amélioration des capacités du combattant en situation (perception, réception d’informations, gestion du stress, etc.), la collecte et l’archivage en temps réel par un double témoignage live et différé (objectif – subjectif) et l’exploitation de ces informations archivées en vue d’un usage ultérieur. De plus, le programme autorise l’accès à une banque de données sécurisée qui renseigne en flux continu sur le contexte de l’action en cours ». Il passe ensuite à un « programme ArmVie [qui] a pour vocation de recueillir l’ensemble des données d’implant des militaires connectés, en surveillant notamment leur sommeil, leurs habitudes alimentaires, leur activité physique, leur environnement quotidien, leurs interactions sociales, leur mobilité in et out de l’espace militaire, leurs réactions aux événements extérieurs, leur niveau de stress, etc. ». La surveillance actuelle des sportifs, en particulier des cyclistes, au nom de la lutte contre le dopage, en est une ébauche primaire et imparfaite.

La symbiose entre le combattant et l’intelligence artificielle devient une priorité aux yeux des contributeurs pour qui « les opérations spéciales, l’infiltration, les coups de main, le débarquement amphibie, visant à contourner les défenses adverses, redeviennent des enjeux fondamentaux ». Avec l’essor de l’IHM (interface homme machine), « l’homme sur le champ de bataille, du soldat jusqu’à l’officier, devient le centre d’un écosystème d’armement complexe. »

Dans le même temps, les conditions de la guerre évoluent sous l’impulsion des armements à très grande vitesse. Le missile hypervéloce, entre Mach 15 et Mach 16, soit près de 20 000 km/h, frappe n’importe où. Facile à tirer, ce missile se montre peu maniable et nécessite une infrastructure de maintenance, de ciblage et de protection que seuls des États performants peuvent se permettre d’avoir. Face à cette nouvelle menace se développe l’« hyperbouclier » (ou « bouclier défensif »). Conçu autour de systèmes physiques (matériels et humains), informatiques (cybernétique et communications) et logistiques (flux matériels) complexes, il emploie de nombreux drones antipersonnels et antichars qui saturent le champ de bataille. Sa principale faiblesse reste cependant une consommation élevée d’énergie, surtout s’il utilise le railgun, un canon capable de propulser très vite des projectiles inertes. Par exemple, « une barre de tungstène de 100 kg accélérée à Mach 12 peut détruire un char situé à 200 km ».

Ce nouveau cycle marque la fin d’une certaine forme de conflit d’autant que l’« hyperbouclier » se transforme bientôt en bastion de protection territoriale : l’« hyperforteresse ». « Arrivé à maturité, le concept de l’hyperforteresse cristallise la fin de la guerre de mouvement, paradigme dominant depuis les années 1940 (couple chasseurs/chars d’assaut). »

Défendant une zone de 150 km de rayon et se déployant autant sur terre, en mer, dans le milieu sous-marin que dans le champ aérien, le domaine spatial, l’univers informatique et la médiasphère, l’hyperforteresse utilise des essaims de drones que son « hyper IA » traite comme des entités uniques dotées de sous-systèmes de gestion. Son point névralgique demeure  « l’hypercloud [qui] désigne un ensemble de systèmes de collecte et de traitement des informations ». Or, son entretien nécessite un « haut niveau de maintenance » du fait du vieillissement rapide de ses structures. Sa pérennité exige une autonomie dans la production et la fabrication « sur place de pièces, via des mini-usines et des imprimantes 3D ». En outre, « une hyperforteresse est extrêmement dépendante des flux logistiques. Par ailleurs, afin de bénéficier d’une énergie abondante et disponible, chacune d’elles dispose d’une mini-centrale nucléaire ». Dans cette nouvelle ère de la guerre, « seuls les pays qui disposent d’une base industrielle souveraine complète ou quasi complète, jusqu’à l’accès à l’espace, lit-on, peuvent garantir à leurs populations une protection face aux risques géopolitiques et conservent une grande marge de manœuvre diplomatique » Il devient par conséquent fort probable que « dans la guerre de position, défaire l’hyperforteresse devient l’objectif principal pour vaincre ». C’est le grand retour de la poliorcétique, l’art militaire d’assiéger les villes.

Entre les hyperforteresses apparaît « le no man’s land […] une zone démilitarisée qui s’étend entre les bordures de deux hyperforteresses durant une guerre de position ». À l’intérieur de ces châteaux forts 4.0, dans un cadre douillet, les civils s’adonnent aux RZE (réseaux de services), c’est-à-dire des « réseaux communautaires qui se structurent autour de la profession, de la religion, de passions et convictions communes ou encore du quartier d’habitation ». La présence de ces communautés affectives dans le monde virtuel représente le transfert des déceptions de la réalité en enchantements dans les mirages dangereux d’une ambiance rêvée.

Red Team conçoit une guerre à haute technicité dans un cadre socio-psychologique qui rappelle plus le XVIIe siècle européen que l’époque médiévale. Le conflit en cours en Ukraine confirmera-t-il ou non ces spéculations ? Seul l’avenir nous le dira.    

 « Vigie d’un monde en ébullition », n°51, mise en ligne le 15 novembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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vendredi, 11 novembre 2022

Derrière le voile

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Cela fait plus de deux mois que de violentes manifestations secouent l’Iran. Cette situation ravit les bien-pensants. Des femmes d’âge variée attirent autour d’elles diverses catégories sociales afin de renverser la République islamique.

Le prétexte déclencheur de cette vaste conspiration serait l’arrestation, puis le décès d’une Iranienne de 22 ans, Jina Mahsa Amini, victime d’une bavure de la police des mœurs. La jeune femme ne portait pas correctement le voile sur sa tête dans les rues de Téhéran. Dès le 14 septembre, des Iraniennes, en liaison permanente sur les réseaux sociaux d’origine occidentale, se découvrent en public, puis se coupent une mèche de leurs cheveux en signe de protestation symbolique. La médiacratie occidentale et ses larbins politicards regardent ce mouvement avec les yeux de Chimène.

En pleine séance du Parlement dit européen, une députée suédoise se tranche elle aussi une mèche. Son geste est ensuite reproduit un peu partout dans la grande sphère occidentale aliénée. Pourquoi toutes ces imitatrices ne se raseraient-elles pas le crâne à l’enseigne des pauvres Françaises insultées, frappées et molestées en 1944 – 1945 par une vague sans précédent de jalousie xénophobe ? Le 5 octobre 2022, cinquante actrices hexagonales à la filmographie plus ou moins mièvre signent une pétition de soutien. Il est fort regrettable qu’elles n’ont jamais réagi quand leurs compatriotes « Gilets jaunes » exprimaient une colère légitime. Les mêmes qui s’enthousiasment pour la sédition iranienne condamnent les insurgés du Capitole du 6 janvier 2021, s’offusquent que les pro-Bolsonaro bloquent des routes au Brésil, se taisent à propos du triste sort de Julian Assange et se moquent que la cour d’appel de Grenoble a confirmé, ce 2 novembre, la peine de Damien Tarrel, auteur d’une modeste pichenette à l’actuel locataire de l’Élysée, le 8 juin 2021 (18 mois d’emprisonnement dont quatre fermes, privation du droit de vote pour trois ans et interdiction à vie de travailler dans la fonction publique).

Les évènements en cours en Iran marquent par ailleurs une nouvelle évolution dans le déroulement des « révolutions de couleur ». Elles développent dorénavant une stratégie intersectionnelle. Amini était Kurde. Les foyers d’agitation initiaux surgissent dans les régions kurdes, arabes et du Baloutchistan, en périphérie du noyau ethnique persan. Les exigences féministes et sociétales assez démentes occultent d’évidentes revendications séparatistes. Outre la fin du port obligatoire du voile, les contestataires revendiquent une « occidentalisation » de leur pays qui ose tenir tête à l’hégémonie mondialiste. Les opposants proviennent en général des couches sociales les plus favorisées. La bourgeoisie urbaine iranienne se plaît déjà à vivre à l’heure de Londres, de New York et de San Francisco. Ses enfants regardent pendant des soirées très strictement privées les séries wokistes de Netflix et de Disney, n’hésitent pas à se droguer, à s’alcooliser, voire à draguer. Leur hédonisme ne s’épanouit pas pleinement. De mauvaises conditions économiques limitent leur soif de consommation matérielle. En effet, comme la majorité des États non occidentaux, les difficultés économiques résultent des politiques d’embargo décidées par Washington et ses caniches occidentaux. L’esprit ascétique de la première décennie de la Révolution n’anime plus les nouvelles générations.

Par-delà le voile, l’Occident s’inquiète surtout que l’Iran soit à la veille d’atteindre le seuil nucléaire malgré l’impitoyable guerre secrète menée par le Mossad israélien. La bombe atomique iranienne devient la hantise majeure des diplomaties occidentales. Voilà pourquoi l’hyper-classe cosmopolite met tous ses espoirs mortifères dans un changement rapide de régime. Elle se féliciterait que les Iraniennes soi-disant libérées se teignent les cheveux en bleu, épousent leur grille-pain et avortent tous les quatre matins…

Il faut cependant compter sur la réaction efficace et énergique des autorités. Pasdarans et bassidji jouent avec dextérité de la matraque et du gourdin. Les circonstances gravissimes exigent une extrême fermeté de la part du gouvernement. Une implacable sévérité s’impose donc, quitte à sacrifier une génération au moins ! L’Iran devrait entamer une révolution culturelle intégrale balayant les scories de la modernité occidentale et renouant avec sa riche tradition spirituelle.

Les événements actuels confirment les craintes assez anciennes de Mohammad-Taqi Mesbah Yazdi, l’une des références des « principalistes ». Ce marja décédé en 2021 fut le guide spirituel de l’excellent président Mahmoud Ahmadinejad. Il s’opposait régulièrement à Rouhollah Khomeiny au sujet de l’interprétation du Velayet-e Faqih qui régit les institutions iraniennes (voir la chronique n° 37 du 14 juin 2022). Pour Mesbah Yazdi, la constitution de 1979 révisée en 1989 accorde une trop grande place aux procédures démocratiques. À la république islamique, il avançait le concept de « gouvernement islamique », à savoir une direction théocratique assumée expurgée des éléments électifs générateurs de possibles troubles subversifs.

Les autorités iraniennes font face à la violence incontestable des dévergondées. Leur succès, fut-il partiel, représenterait une redoutable avancée de l’infâme idéologie de l’« hommonculisme ». Sous-traitant des centrales de la désinformation, le système médiatique français d’occupation mentale qui chouine en faveur des apprenties-gourgandines ne comprend pas que les enjeux dépassent de très loin l’humeur de quelques hystériques. La révolution islamique iranienne arrive à un tournant de son histoire. Toute compromission, tout atermoiement, toute concession avec l’ennemi intérieur causeraient sa perte irrémédiable à plus ou moins brève échéance. Espérons que le gouvernement de la République suivra l’exemple chinois du printemps 1989 sur la place Tiananmen à Pékin.

En attendant, faisons à notre tour des doigts d’honneur devant la Déclaration universelle des droits de l’homme !    

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°50, mise en ligne le 8 novembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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samedi, 15 octobre 2022

Contre la proportionnelle, tout contre !

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Après s’être élevés avec raison contre la procédure inique des parrainages qui filtre les candidats à l’élection présidentielle française, Frédéric Rouvillois et Christophe Boutin ont sorti à la fin de ce printemps un ouvrage favorable à La proportionnelle. Ou comment rendre la parole au peuple (Éditions de la Nouvelle Librairie, coll. « Le petit livre noir », 2022, 216 p., 15,90 €).

Or, quelques semaines plus tard, le surprenant résultat des législatives des 12 et 19 juin infirmait leur vibrant réquisitoire. La nouvelle Assemblée nationale reflète pour une fois une véritable diversité politique et sociologique (des agents d’entretien, des chauffeurs-livreurs, un ancien vendeur de drogue, etc.). On compte ainsi au Palais-Bourbon dix groupes : Renaissance ex-La République en marche (172 sièges), le RN (89 sièges), La France insoumise (75), Les Républicains (62), Démocrates, MoDem et indépendants (48), Socialistes et apparentés (31), Horizons (30), Écologistes (23), Gauche démocrate et républicaine (22 dont les douze députés communistes), et Libertés, indépendants, outre-mer et territoires (16). Seuls neuf députés parmi lesquels Emmanuelle Ménard et Nicolas Dupont-Aignan appartiennent aux non-inscrits.

En cas de scrutin proportionnel, la répartition aurait été différente. Dans Présent du 17 juin 2022, Louis Marceau estime dans « La proportionnelle, trop belle pour être vraie » que la majorité présidentielle Ensemble aurait gagné 149 élus, la NUPES 148, le RN 108 et Reconquête ! d’Éric Zemmour 25 ! On peut supposer que cette répartition s’inspire du mode de scrutin des législatives de 1986, les seuls au scrutin de liste départementale proportionnel à un seul tour, à la plus forte moyenne et avec le seuil d’élimination à 5 %. Cette année-là, l’alliance RPR – UDF – divers droite avait remporté 286 sièges sur 491. Redevenu Premier ministre, Jacques Chirac s’empressa de rétablir le scrutin majoritaire uninominal à deux tours. Son ministre de l’Intérieur, Charles Pasqua, redécoupa les circonscriptions qui passèrent à 577 afin de prendre en compte les nouvelles données démographiques. Elles se maintiendront jusqu’à leur révision en 2010. Un record de longévité !

Sur le continent européen, hormis la République française, seuls le Royaume-Uni et le Bélarus pratiquent le scrutin majoritaire uninominal. Si la Belgique, la Suisse et la Grèce utilisent la proportionnelle, l’Allemagne et l’Italie appliquent des systèmes électoraux plus ou moins complexes. Les États-Unis et le Canada usent du scrutin majoritaire. Contrairement aux idées reçues, ce mode d’élection n’entraîne pas toujours une majorité absolue. Dans l’histoire récente, rappelons que la Chambre des Communes du Royaume-Uni a connu des majorités relatives en 2010 et en 2017. Idem pour son homologue au Canada en 2019 et en 2021. La spécificité hexagonale repose sur les deux tours qui ont aussi cours en Louisiane et en Géorgie, États des États-Unis. L’emploi des deux tours permettait aux débuts de la IIIe République de réunir les électeurs autour d’un ensemble bourgeois républicain modéré consolidateur. Cette disposition a longtemps fonctionné aux dépens d’abord du Parti communiste (dix députés en 1958 pour 3 882 204 voix), puis ensuite du FN de 1988 à 2017 (entre un, deux ou huit députés).

Il est intéressant de relever que deux gaullistes, Michel Debré et Philippe Séguin, réclamaient le scrutin majoritaire uninominal à un seul tour. Appliqué le 12 juin dernier, la coalition présidentielle Ensemble aurait eu 203 députés, la NUPES 194, le RN 111, Les Républicains 42, 9 divers droite, 9 divers gauche et 7 régionalistes – autonomistes – indépendantistes. De cette configuration, on peut supposer que la négociation des compromis aurait été plus âpre encore.

En fait, ni la proportionnelle, ni le scrutin majoritaire uninominal tel qu’il existe sont des scrutins satisfaisants. Certes, « d’une façon générale, écrit Alexandre Soljénitsyne dans Comment réaménager notre  Russie ? Réflexions dans la mesure de nos forces (Fayard, 1990), il faut bien dire que tout scrutin, quel qu’en soit le mode, n’est pas une recherche de la vérité (p. 78) ». La proportionnelle a le grand défaut de mettre au centre du jeu les partis politiques, de les bureaucratiser et de favoriser les coteries internes. Quant au scrutin majoritaire, son principal inconvénient concerne le tracé des circonscriptions toujours susceptibles de favoriser le candidat du pouvoir. La superficie joue aussi un rôle dans la campagne. Par exemple, la 3e de la Drôme est surnommée la « Pampa », car elle s’étend sur dix-huit cantons. En revanche, la 2e de ce même département, appelée le « Chili », longe du Nord au Sud la vallée du Rhône sur six cantons. À Paris, la 7e englobe le IVe arrondissement et des portions des XIe et XIIe.

Le scrutin majoritaire à un seul tour ne peut s’épanouir que dans une circonscription naturelle nommée le département surtout si le législateur introduit le « vote unique non transférable ». Sous ce jargon spécialisé, il faut comprendre que sont déclarés élus au soir du premier et seul tour les candidats qui obtiennent le plus grand nombre de suffrages. Par exemple, le département du Nord comprend 21 sièges. Seraient élus députés les 21 candidats qui récolteraient le plus grand nombre de suffrages exprimés en leur faveur. Ce mode de scrutin a été employé au Japon et sert encore en Corée du Sud, à Taïwan, en Jordanie ou à Porto Rico. Dans les départements très peuplés, il importe qu’il y ait au moins le double de candidatures prévues. Avec un pareil mode de scrutin, les partis perdent une grande part de leur influence. En effet, présenter autant de candidats qu’il y a de sièges à pourvoir risque de provoquer un éparpillement des bulletins et une défaite générale; en présenter trop peu risque de concentrer sur un seul candidat des votes qui auraient permis d’en élire deux, trois ou quatre autres. Ce système électoral encourage les candidatures indépendantes non-partisanes et les ententes partisanes préalables.

Dans un cadre démocratique vicié par la médiocratie et les sondages, le scrutin majoritaire uninominal à un tour au vote unique non transférable dans la circonscription départementale constituerait une indéniable avancée non partitocratique. Ne s’agirait-il pas du mode des élections le plus approprié à la sensibilité des « Gaulois réfractaires » ?

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°46, mise en ligne le 11 octobre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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jeudi, 29 septembre 2022

Remarques sur des funérailles planétaires

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Pendant une journée, Londres a retrouvé son rang de capitale du monde qui fut le sien sous la reine Victoria (1819-1837–1901). Plus d’une centaine de chefs d’État parmi lesquels de très nombreuses têtes couronnées dont l’empereur du Japon lui-même, et des chefs de gouvernement, venus du Commonwealth ou pas, ont assisté aux obsèques de la reine Elizabeth II le lundi 19 septembre dernier.

La médiasphère occidentale s’est complue pendant cette séquence dans l’émotion, la superficialité et l’hagiographie. Une grandiose entreprise de sidération de masse s’est déroulée sous nos yeux crédules. Oubliées par conséquent les questions gênantes autour de cet événement.

Par exemple, comment peut-on justifier une file longue, selon les journalistes sur place, de plusieurs kilomètres et une attente variable entre douze et vingt-quatre heures au moment où le Royaume Uni vient à peine de sortir de la crise covidienne ? L’organisation de soirées privées dans les ministères au temps du confinement – le célèbre Partygate – a provoqué la démission du Premier ministre Boris Johnson. Dans un royaume chagriné, des millions de Britanniques se réunissent et se côtoient pendant de longues heures sans craindre la moindre contamination. Certes, ils patientent dans les rues et bravent la nuit, le froid et le vent… Ces attroupements gigantesques ne favorisent-ils pas néanmoins l’apparition de foyers de contagion géants ? Sinon ces scènes n’invalident-elles pas le port de la muselière hors de son domicile ? À moins que le covid contribue à sa manière à respecter le deuil national d’Albion.

Tous les commentateurs s’esbaudissent des hommages rendus à la reine défunte. Maints reportages montrent un peuple éploré. Nul n’aurait l’idée de se gausser de ces manifestations de respect. En décembre 2011, quand décéda subitement le président de la Commission nationale de défense de la République populaire démocratique de Corée, Kim Jung Il, les Occidentaux se moquèrent des foules massées dans les artères principales de Pyongyang qui pleuraient la disparition de leur dirigeant bien-aimé. Avec leurs clichés modernes, ils y voyaient au mieux une manipulation, au pis un fanatisme orchestré. Or, « les lamentations collectives, écrit Philippe Pons dans Le Monde du 22 décembre 2011, font partie des expressions de la douleur du deuil dans la culture coréenne. […] Les Coréens sont extravertis dans la joie comme dans la douleur. Lors des funérailles d’un parent, ces derniers “ crient “ leur chagrin. Exprimer ses condoléances par des larmes relève de l’étiquette sociale ». C’est en effet à travers les rites funèbres que se découvre l’âme profonde des peuples. Encore faudrait-il que les journalistes de l’Occident global soient compétents en ethno-psychologie...

À l’heure où l’empreinte carbone devient un critère prioritaire de « gouvernance », quel est donc l’impact environnemental d’une telle concentration humaine ? Ne faut-il pas prendre en compte le ballet des avions des responsables politiques arrivant à Londres ? N’aurait-il pas été souhaitable qu’ils viennent tous en char à voile et en trottinette électrique ? Ils appellent leurs populations à la sobriété énergétique, mais ils se moquent volontiers de leurs injonctions qui ne les concernent pas. Insupportable « deux poids deux mesures » !

Derrière l’apparat traditionnel – la proclamation de Charles III par le roi d’arme de l’Ordre de la Jarretière au palais Saint-James – se tapie un ultra-progressisme inquiétant d’inspiration spéculative franc-maçonne. Les  Windsor-Mountbatten représentent une famille cosmopolite. David Icke y voit des « reptiliens ». La réalité est plus prosaïque. Cette dynastie d’origine germanique et danoise sert depuis la chute des Stuart en 1688 la véritable souveraine d’Angleterre : la finance de la City de Londres !

La reine a nommé sous son règne quinze premiers ministres. Le dernier, deux jours avant sa mort, est la conservatrice Liz Truss qui s’appelle en réalité Mary Elizabeth Truss. La reine se prénommait Elizabeth Alexandra Mary. L’inversion des prénoms n’est-elle pas, sinon une singulière coïncidence, un signe digne des augures ? Par ailleurs, à propos du nouveau roi, son prénom reste problématique dans l’histoire anglaise. Charles Ier Stuart meurt décapité en 1649 sur l’ordre d’Oliver Cromwell. Le général Monck restaure en 1660 la royauté en faveur de Charles II, le fils du monarque assassiné, qui règne jusqu’en 1685. La « Grande Peste » de 1665 (environ 80 000 morts), le « Grand Incendie » de Londres en 1666 (près de 14 000 maisons et églises détruites) et la promulgation de l’Habeas Corpus de 1679 qui limite son absolutisme imité de Louis XIV marquent ce quart de siècle « carolien ». Toujours sous Charles II émergent au Parlement les factions whigs (référence aux paysans calvinistes écossais révoltés) et tories (allusion aux brigands, catholiques ou non, irlandais).

Les funérailles solennelles d’Elizabeth II préfigurent-elles l’enterrement du Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ? Promoteur du multiculturalisme et habitué aux réunions annuelles de Davos, Charles III pourrait voir l’éclatement de son royaume avec l’indépendance de l’Écosse, la réunification de l’Irlande - bien que dans ces deux cas, les indépendantistes soient eux aussi des globalistes gendéristes -, et la fragmentation socio-culturelle de l’Angleterre. On sait maintenant qu’Elizabeth II n’appréciait guère le premier ministre travailliste Anthony Blair. Outre son rôle intrusif dans la gestion médiatique de la mort soudaine de la princesse Diana et l’attitude plus que hautaine de la républicaine catholique Cherie Blair, la reine regrettait la Dévolution envers l’Écosse, le Pays de Galles et l’instauration de la puissante mairie du Grand Londres.

Les obsèques d’audience planétaire d’Elizabeth II détournent pour l’instant l’immense colère sociale. Une inflation élevée déclenche de nombreuses grèves, pour l’heure suspendues. Le gouvernement pseudo-conservateur et véritablement financiariste profite des circonstances pour tenter d’étouffer les tensions socio-économiques. Attention ! Cela ne veut pas dire que la reine coule maintenant des jours heureux sur une quelconque île des Bahamas en compagnie d’Elvis Presley !

Certes, Elizabeth II a montré tout au long de sa vie un grand sens du devoir. Mais, en son nom, elle a entériné le conflit honteux en 1983 contre l’Argentine dans l’Atlantique Sud, accepté la répression inacceptable pendant trois décennies en Irlande du Nord et cautionné en tant que reine du Canada l’occupation pluriséculaire du Québec et l’asservissement des autres communautés canadiennes-françaises. On attend toujours des excuses officielles et sincères de Londres pour le « Grand Dérangement » des Acadiens au milieu du XVIIIe siècle.

À l’instar des autres monarchies modernes, la royauté britannique n’est qu’une parodie de traditions dévaluées. Les membres des familles régnantes (ou non) actuelles se vautrent dans le politiquement correct. Le prince de Galles William réclame la censure sur Internet des supposés discours de  « haiiiiinnnnne ». Les couronnes se parent dorénavant de wokisme. Croire en un sursaut national, populaire et européen en rétablissant une auctoritas royale devient un grave contre-sens. Les monarchies occidentales valident toutes les involutions sociétales. Finalement, les seules à garantir leurs intérêts nationaux sont les républiques dynastiques coréenne du Nord et syrienne !

Salutations flibustières !

 « Vigie d’un monde en ébullition », n°44, mise en ligne le 27 septembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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vendredi, 16 septembre 2022

Peut-on encore railler le climat ? 

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol 

Si la combustion avait dégagé un bilan carbone neutre, on aurait déjà brûlé en place publique Christophe Galtier. Lors de la conférence de presse d’après-match du lundi 5 septembre dernier, l’entraîneur du PSG a effectué un impaire gravissime. En d’autres temps plus inclusifs et citoyens, il aurait été banni de la cité des Bisounours.

Un journaliste lui demande pourquoi les joueurs et leurs accompagnateurs, soit une soixantaine de personnes, ont voyagé en avion privé entre Nantes et Paris. Sur le ton de la boutade, Christophe Galtier répond qu’il envisage pour les prochains déplacements à l’extérieur d’utiliser le char à voile. Présent à ses côtés, le jeune attaquant vedette Kylian Mbappé ne se retient pas pour franchement rigoler. Quelle horreur ! Quelle indécence ! Quelle faute en éco-responsabilité !

Téméraires ou inconscients, l’entraîneur et le joueur ignorent certainement que dans l’Hexagone macronien de 2022, il est formellement interdit de plaisanter sur l’urgence climatique. Le propos comique de Christophe Galtier provoque une indignation intergalactique. Un tsunami de commentaires défavorables déferle sur les réseaux sociaux. Prompte à toujours donner des leçons, la caste politico-médiatique en rajoute volontiers. Élisabeth Borne elle-même, la ministresse des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, la mairesse de Paris Anne « 1,74 % » Hidalgo - et on en passe… - condamnent ce trait d’humour malicieux. Dans son édition du 7 septembre, un journaliste de Libération qualifie la scène d’« ignoble ». Pas moins ! La complicité de crime contre l’humanité pointe à l’horizon ! La libération de la parole et l’expression sans aucun tabou ne concerne pas tout le monde, ni tous les sujets. Nous le savions depuis longtemps; cela se confirme.

Dès le lendemain, devant la tempête médiatique déclenchée par une bande de bouffons, Christophe Galtier a présenté ses plus plates excuses. En 2010 au moment des élections régionales, le même Galtier avait désapprouvé l’affiche du Front National montrant des minarets sous forme de missiles. Dommage qu’il n’ait jamais revenu sur cette critique.

À l’heure où planent chez les bien-pensants la fin des piscines privées, des barbecues et de la viande à la cantine scolaire, tels des Salman Rushdie menacés par une secte météo protéiforme, Galtier et Mbappé ont commis en direct un blasphème climatique. Qu’attendent donc les groupes Verts au Palais-Bourbon et au Palais du Luxembourg pour déposer une proposition de loi pénalisant sévèrement tout outrage au climat et à la planète ? La lithosphère, le climat et la planète ne sauraient être raillés, voyons !

Le système médiatique d’occupation mentale bombarde en permanence l’opinion publique de considérations catastrophistes sur l’urgence climatique. Victimes de cette propagande délirante, les jeunes générations développent maintenant des symptômes inquiétants d’une nouvelle pathologie mentale : l’« éco-anxiété ». Par ailleurs, prendre en compte cette urgence climatique implique des initiatives à l’échelle planétaire en tant que « citoyens du monde ». Les utopies mortifères ne sont pas mortes. Elles prolifèrent dans la grande industrie du divertissement dont la médiastructure et la politique politicienne sont les annexes.

Cosmopolite, la religion climatique est aussi une eschatologie séculière. En dignes rejetons de Philippulus le Prophète dans l’album de Tintin, L'Étoile mystérieuse, les Verts crient à l’imminence de la fin du monde. À la différence des grands remplacements productif et démographique, il faudrait croire ce néo-millénarisme insensé.

L’équipe du PSG doit-elle prendre des TGV ? La SNCF peut-elle proposer des horaires aménagés, en particulier la nuit alors que se réalisent les opérations indispensables de maintenance des voies ferrées ? En outre, la circulation ferroviaire des voyageurs et des marchandises arrive à saturation. La thrombose menace le rail à cause du non-renouvellement massif des personnels, souvent partis en retraite, et de la fermeture de nombreuses lignes ferroviaires dont le maintien aurait permis le délestage du fret.

Les belles âmes qui s’offusquent de ce persiflage climatique bon enfant ont gardé un silence pesant quand un gars faisait cet été du jet ski au large du fort de Brégançon. Elles ont en revanche soutenu les fiestas fort peu climato-correctes de la Première fêtarde de Finlande, Sanna Marin. Elles se sont enfin tues en voyant les courses estivales de karting dans la cour de la prison de Fresnes. Si ces engins avaient une propulsion thermique, quelle a donc été l’empreinte carbone de cette sympathique journée d’animation sur la planète ?

Une sotériologie artificielle se diffuse dans tout l’Occident moderne globalitaire. Le dogme infaillible de l’Immaculé Climat s’impose dans les rédactions et les cabinets ministériels. Et gare aux nouveaux mécréants ! Le député végan et « panzoo-iste » de Paris, Aymeric Caron, et son homologue Vert, Sandrine Rousseau, n’hésiteront pas à sévir. On en tremble déjà ! 

Salutations flibustières !

 « Vigie d’un monde en ébullition », n°42, mise en ligne le 13 septembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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mardi, 13 septembre 2022

Retour sur un été incandescent

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

C’est la rentrée ! Mais la marche du monde ne s’est pas arrêtée pendant les mois de juillet et d’août. Certes, le système médiatique officiel français s’est vautré au cours de cette période de vacances dans une impressionnante complaisance climatique anxiogène. Les gigantesques incendies de forêts survenus en Gironde, en Bretagne, dans le Maine - Anjou ainsi que dans les Alpes et dans le Massif Central ont permis de désigner un responsable imparable : le réchauffement climatique. La sécheresse qui s’abat sur toute la France résulte aussi, selon la propagande médiatique, de ce même réchauffement. Quant aux violents épisodes orageux des 17 et 18 août dernier dans le Sud-Est et en Corse, c’en serait une conséquence indirecte. Salaud de réchauffement climatique !

Il est indéniable que la météo a perturbé les vacanciers, les travailleurs et les saisonniers. Les périodes de canicule auraient été plus fréquentes cette année. Ces importantes variations relevées ne doivent pourtant pas se focaliser sur la thèse réchauffiste. Le climat évolue au fil des siècles. Une œuvre anonyme, Le Journal d’un bourgeois de Paris, rapporte que dans la première moitié du XVe siècle, les hivers étaient très rigoureux si bien qu’on pouvait traverser la Seine gelée. Les historiens du « Roi-Soleil » surnomment le XVIIe siècle ludovicien le « petit âge glaciaire ». La montée progressive des températures commence au début du XVIIIe siècle, soit sept à huit décennies avant le départ de la Ire Révolution industrielle. Il faut par ailleurs observer que l’aboutissement des enclosures, véritable génocide rural silencieux, commencé deux siècles auparavant, favorisent la déforestation maximale de l’Angleterre et du Pays de Galles.

Plus prosaïquement, l’aridité croissante facilite les départs de feux parfois naturels (la tombée de la foudre), accidentels (éclats flambants de roues de trains touristiques à vapeur) ou intentionnels (actes de pyromanie). On est surpris que certains n’aient pas accusé les services russes, chinois ou syldaves d’en être les fauteurs. L’année dernière, les autorités algériennes incriminaient ouvertement des agents marocains et israéliens.

Rares ont été les commentateurs qui ont abordé la mauvaise gestion et l’absence d’entretien du domaine forestier français dispersé en une multitude de propriétés et dont certaines comme en Gironde dépendent de franchises accordées au Moyen Âge. Or, en plus d’un siècle, la superficie forestière dans l’Hexagone s’est fortement étendue au point que la France redevient cette « Gaule chevelue » décrite par Jules César dans ses Commentaires sur la guerre des Gaules. Le dysfonctionnement structurel de la gestion forestière résulte d’une méthode chaotique et individualiste des parcelles boisées. Aucune différence n’existe entre les forêts domaniales, propriétés des collectivités territoriales, les communes en particulier, et les champs d’arbres privés. Dans le même temps, dans les espaces périphériques des métropoles ou dans les zones péri-urbaines, de nombreuses municipalités dévastent leurs bois communaux pour y construire des logements sociaux destinés aux familles monoparentales et aux populations dites « sensibles » sous peine de payer de lourdes amendes.

Dommage qu’il n’y ait aucune proposition de « planification forestière » sous la supervision de l’État en tant que régisseur national des forêts apte à mettre en valeur cette formidable richesse. Le bois sert de source d’énergie à de plus en plus de foyers appartenant aux catégories populaires et moyennes en voie de déclassement social. Le paysage forestier dépend de l’entretien des sols, ce qui implique une incitation auprès de nombreux jeunes gens, motivés, formés et aidés, à retourner à la terre. Maintes forêts ne sont plus entretenues, faute de troupeau qui nettoyait les sous-bois. Relancer l’agro-pastoralisme en Provence ou dans les Pyrénées réduirait en partie les risques d’incendie.

La situation de grande aridité est aussi un effet négatif des activités humaines. Le modèle productiviste exigé par la PAC (Politique agricole commune) impose des cultures grandes consommatrices d’eau (céréales, maïs). Mais ce n’est pas le seul problème. Avec les restrictions prises par les préfectures, on assiste à différents conflits d’usage autour de cette ressource vitale. Des agriculteurs souhaitent créer des retenues d’eau, ce que rejettent les écologistes, d’où de violents incidents et le décès de Rémi Fraisse en octobre 2014 à Sivens. De tels réservoirs permettraient d’irriguer des cultures avides en eau. On peut comprendre l’irrigation maraîchère. Doit-on accepter l’arrosage des terrains de golf ? La priorité va-t-elle aux golfeurs ou bien aux agriculteurs ? L’État ne répond pas et préfère pratiquer un très difficile « en même temps ».

Certains villages du Midi de la France voient déjà leur source tarie et se résignent à s’approvisionner en bouteilles d’eau minérale. Et en ville ? D’éventuelles coupures d’eau combinées aux coupures de gaz, d’électricité et de chauffage pourraient à assez brève échéance susciter un mouvement social en comparaison duquel celui des Gilets jaunes ne serait qu’une aimable plaisanterie.

En outre, les communes urbaines disposent de canalisations anciennes et vétustes. Les changer serait bien plus coûteux que de laisser d’innombrables fuites d’eau parfois dues aux mouvements souterrains de terrain et à l’usure naturelle des matériaux. Afin de tendre vers le plein emploi effectif, ne pourrait-on pas entreprendre sur une décennie au moins une telle réfection ? Cela impliquerait un suivi long que ne permet pas la désastreuse démocratie libérale court-termiste !

Avant d’être un geste écologique, économiser l’eau est d’abord une action de bon sens principalement financière. L’absence de vision sur une longue durée historique à propos du sort de la forêt et des usages contradictoires de l’eau procèdent de la déshérence avancée des services publics ou de services privatisés en quête d’une rentabilité élevée.

La Grasse Presse n’évoque pas ces problèmes et leurs enjeux édifiants. Elle préfère verser dans l’incantation climatique afin d’effrayer le quidam. Il est néanmoins surprenant - et même cocasse - qu’à l’heure de la « société liquide » et des assauts géopolitiques de la Mer (pour faire simple), bien des sociétés fluidifiées et post-genrées subissent un manque d’eau flagrant !     

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°41, mise en ligne le 6 septembre 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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lundi, 11 juillet 2022

Tumultes yankees

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La chronique flibustier de Georges Feltin-Tracol

Les jeudi 23 et vendredi 24 juin 2022 entreront dans l’histoire des États-Unis d’Amérique comme deux journées déterminantes. Les observateurs de l’avenir verront probablement dans les deux décisions de la Cour suprême une nette accélération d’un éclatement mental, d’une puissante scission politique, voire d’une lancinante fragmentation territoriale.

Au cours des quatre années de sa présidence, Donald Trump a pu nommer trois nouveaux membres de cette clé de voûte des institutions étatsuniennes, offrant aux conservateurs une majorité de six contre trois libéraux (comprendre progressistes). Ces nominations commencent à produire leurs effets. Le premier jour, la Cour suprême réaffirme la primauté du Deuxième Amendement aux dépens d’une loi de 1913 adoptée dans l’État de New York qui interdisait le port d’arme hors du domicile. Elle révoque ensuite le lendemain son célèbre arrêt Roe contre Wade de 1973 en faveur de l’avortement. Vu de Sirius, il est étrange que les chantres auto-proclamés de l’« État de droit », c’est-à-dire du gouvernement des juges, s’en indignent. On aurait aimé les entendre quand les tribunaux en Europe entérinaient le despotisme covidien et écrasaient des libertés populaires déjà bien diminuées.

Contrairement à ce que récite le système médiatique d’occupation mentale en France et ailleurs, l’avortement n’est pas interdit. La Cour suprême confirme que les États-Unis demeurent une fédération d’États. Il revient par conséquent aux cinquante États fédérés de légaliser ou non l’IVG. Si le Texas, le Missouri ou l’Alabama, ces fameux « États intérieurs », la proscrivent, les États démocrates des côtes Atlantique (New York) et Pacifique (Californie, Oregon) permettent et renforcent l’avortement. De nombreux liberals oublient qu’ils vivent encore dans un cadre fédéraliste. L’État fédéral central doit par conséquent se conformer au principe de subsidiarité. La Maison Blanche et le Congrès ne peuvent pas s’occuper de tout. Cette vieille baderne de Joe Biden peut bien protester et parler d’une « journée triste », on assiste à une victoire retentissante posthume de John Caldwell Calhoun.

Né en 1782 et mort en 1850, John Calhoun est tour à tour secrétaire à la Guerre (1817 – 1825), vice-président des États-Unis (1825 – 1832), puis sénateur fédéral pour la Caroline du Sud (1832 - 1843). Il défend les droits des États fédérés contre un État fédéral dont il devine déjà l’omnipotence. En 1861 – 1862, les États sudistes justifieront leur sécession tonitruante de l’Union en se référant à ses nombreux discours. Malgré la défaite du Sud en 1865, sa vision politique va continuer à influencer divers courants internes des démocrates et des républicains, en particulier chez ces derniers depuis les années Clinton (1993 – 2001).

La majorité de la Cour suprême s’inscrit dans cet héritage intellectuel, d’où sa sentence favorable au port d’arme. Si les États fédérés ne peuvent pas en limiter la détention, c’est en raison du Deuxième Amendement dont la valeur constitutionnel s’applique à l’ensemble du territoire étatsunien. En revanche, l’absence d’amendement constitutionnel sur l’IVG, l’homoconjugalité, le transgendérisme, l’euthanasie ou la légalisation des drogues n’accorde aucun droit définitif. Chaque État fédéré légifère comme il l’entend sur ces sujets dits sociétaux. Cette remarque concerne bien sûr la peine de mort. Les États fédérés sont là encore libres de l’appliquer ou non.

Les deux arrêts rendus de la Cour suprême accentuent les fractures dans l’opinion publique yankee. L’avortement, le droit du port d’arme, la peine de mort, mais aussi les thématiques sociétales clivent la population. Certes, pour l’instant, les tensions ne sont que verbales et médiatiques. Qu’on se souvienne par exemple du congrès annuel de la NRA (le groupe de pression favorable aux armes) qui se tenait au Texas quelques jours après la tuerie d’Uvalde. Des anti-armes hystériques invectivaient d’honorables participants pro-armes. L’actuel climat incandescent résulte enfin des séances retransmises en direct de la commission d’enquête de la Chambre des représentants sur les événements du 6 janvier 2021 au Capitole. Sur les neuf membres, on ne trouve que deux républicains en rupture de ban dont l’ineffable néo-conservatrice patentée Liz Cheney. Cette commission contestable tente d’impliquer Donald Trump dans un complot imaginaire. Or Trump n’a-t-il pas été l’objet d’une seconde tentative de destitution par le Congrès ? En droit occidental, est-il encore possible de ne pas poursuivre un individu pour des faits déjà jugés ? Les démocrates en perte de vitesse cherchent à instrumentaliser des procédures judiciaires afin de sauver à la fois leurs sièges au Congrès en novembre 2022, Biden ou son successeur en automne 2024.

La société étatsunienne entre dans une intense phase de profondes convulsions. Avant même la victoire surprise de Trump en 2016, le débat public faisait rage à propos de l’ouverture ou non de toilettes réservées aux personnes transsexuelles. Trump à la Maison Blanche, les antifas et autre Black Lives Matter ont sans cesse fomenté des manifestations violentes et des émeutes sanglantes. Dans les universités et, plus généralement, dans l’enseignement, le wokisme entend effacer toute présence d’origine euro-américaine. Très puissants dans les comtés et/ou dans les « États rouges », les milieux républicains répliquent à ces délires en brisant l’emprise éditoriale, psychologique et entrepreneuriale d’un politiquement correct désormais illimité. On s’écharpe ainsi sur les manuels scolaires ou sur des étudiants bouleversés par quelques vérités soi-disant inacceptables entendues en cours.

La question des droits civiques et l’hostilité envers la guerre du Vietnam dans les années 1960 n’avaient pas une implication aussi profonde. Les États-Unis se déchirent sur des banalités hautement politisées. Le consensus institutionnel inhérent à l’architecture constitutionnelle de 1787 disparaît au profit de dissensions virulentes. Dans le même temps, des milices anti-gouvernement fédéral de l’Ouest recrutent de nouveaux membres tandis que se réveillent les mouvements indépendantistes de Californie, du Texas ou du Vermont. Bien que voulant éclairer le monde, la statue de la Liberté se retrouve dans un immense champ de mines. Quand viendra donc l’explosion salutaire ?

Salutations flibustières !


• « Vigie d’un monde en ébullition », n°40, mise en ligne le 5 juillet 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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vendredi, 01 juillet 2022

Angers : La contre-révolution rénovée au XXIe siècle

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de Georges Feltin-Tracol

À l’automne 2021, cible d’une infâme campagne de dénigrement violent entretenue par les antifas, la préfecture et la municipalité (angevine) du dénommé Christophe Béchu, une communauté culturelle et sociale appelée l’Alvarium se voit dissoudre par le gouvernement. Cette dissolution honteuse n’empêche pas l’une des figures de proue de la « ruche » d’Angers, Jean-Eudes Gannat, de publier Pourquoi l’Alvarium. D’une politique anti-naturelle à la sécession (2021, 152 p., 13,50 €).

Infatigable défenseur de la cause nationale et angevine, Jean-Eudes Gannat appartient à une famille d’impeccables Français. En cette terre de l’Ouest où plane toujours le souvenir des massacres de 1793 – 1794 malgré une propension certaine de la population à se donner des élus macroniens, les militants de l’Alvarium rénovent l’activisme contre-révolutionnaire. Contre la malbouffe industrielle et américanisée se crée le Cercle Ragueneau. Pour préserver les paysages, les églises et les villages de caractère agit Anjou Patrimoine. Le conflit dans le Caucase entre l’Arménie et l’Azerbaïdjan au sujet de l’Artsakh suscite l’ONG Solidarité Arménie. L’éphémère Ruche du Septième Art organise quelques soirées cinématographiques non conformistes. Le groupe cultive pendant plusieurs mois un potager dont les produits reviennent ensuite aux SDF au cours des maraudes. Anjou Pèlerinages relance les pèlerinages locaux. À côté du catéchisme, l’Alvarium propose des leçons d’italien, de guitare et des activités physiques dans une salle de sport. L’engagement politique n’est pas oublié avec une belle candidature aux élections départementales en 2021. 

Jean-Eudes Gannat avoue volontiers que certaines des initiatives de l’Alvarium se heurtent à la réalité. Il y a par exemple l’occupation non conforme d’un immeuble vêtuste de la rue Thiers d’Angers surnommé le « localo ». Une fois réhabilitée, la maison accueille des sans-abris que la vie dans la rue a complètement désocialisés. Cette présence soulève l’indignation de la presse locale et entraîne l’expulsion finale de ses habitants. À Lyon, un tribunal vient au contraire d’approuver l’occupation illégale d’un bâtiment par de supposés « mineurs étrangers isolés » dont certains sont au moins trentenaires…

Entre Génération Identitaire au recrutement CSP + et le Bastion social nationaliste-révolutionnaire assumé, l’Alvarium développe une « troisième voie » au sein du tercérisme français. Si cette sympathique structure militante aux références chrétiennes explicites se réclame de Dominique Venner, elle « affirme son refus du chauvinisme jacobin, son refus du nationalisme étriqué, du souverainisme désincarné ou du racialisme bas de front ». Elle applique l’« intersectionnalité » des questions identitaire, sociale et écologique. Pour l’auteur, « la plupart des maux du monde moderne seraient sérieusement combattus si chacun cultivait son bout de terre ». La principale nuisance idéologique demeure la décadence républicaine. Par son histoire et ses pratiques, « la République, c’est la haine ». Jean-Eudes Gannat voit dans cette abomination historico-politique « un régime destructeur de société et producteur de haine ». Ses abjectes valeurs tant encensées par les organes médiatiques d’occupation mentale transforment l’honnête homme en homoncule démocratique. L’auteur ne craint pas de se mettre à dos tous les adeptes des dyssexualités et autres dysdingueries… Toutefois, il ne se veut pas « anti-républicain », mais plutôt « a-républicain » comme il ne faut pas être  « anti-moderne » ou « contre-moderne », mais « a-moderne »…

L’objectif de l’Alvarium est de « vivre selon nos normes, atteindre un maximum d’autonomie (alimentaire, économique, etc.). Ni citoyens, ni consommateurs frustrés ». Au sempiternel slogan « Ni gauche ni droite » qui résume le rejet simultané du libéralisme et du marxisme, l’Alvarium incite au séparatisme, ce qui fait de ce livre un excellent complément à Sécession de Yann Vallerie mentionnée dans la chronique n° 26 du 29 mars 2022. Jean-Eudes Gannat théorise ainsi l’inévitable séparation qui « doit connaître plusieurs étapes, ou plusieurs niveaux indépendants; communautarisation intégrale, imposition de nos idées dans le champ politique, pression sur la droite jusqu’à ce qu’elle devienne de droite (donc sécessionniste), et enfin prise de pouvoir “ par tous les moyens, même légaux “ ».

En dépit de l’interdit ministériel, l’Alvarium poursuit chaque jour sa manière d’être originale et réfractaire, car nul ne peut empêcher les rencontres quotidiennes, les invitations réciproques, les communautés affectives immédiates. L’Alvarium et ses membres assurent en effet avoir le cœur chouan et l’esprit sudiste. Cette affirmation sympathique reste néanmoins incomplète. Notre civilisation européenne se fonde sur l’idée ternaire. Au cœur chouan et à l’esprit sudiste, proposons-leur le corps spartiate afin que leur incroyable ruche n’en finisse pas de bourdonner aux oreilles du politiquement correct hexagonal cosmopolite ! 

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°39, mise en ligne le 28 juin 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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NDLR SN : Intervention de Jean-Eude Gannat le 13 octobre 2019 lors du Rendez-vous Bleu-Blanc-Rouge de Synthèse nationale cliquez ici

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lundi, 27 juin 2022

Ballades païennes en Velay

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de Georges Feltin-Tracol

La fin de l’année scolaire approche, les élèves commenceront bientôt leurs grandes vacances estivales. Et s’ils visitaient en compagnie de leurs parents le Velay ? Cette province du Languedoc sous l’Ancien Régime correspond aux deux tiers de l’actuel département de la Haute-Loire. Au Nord, le Velay touche le Livradois. À l’Ouest, l’arrondissement de Brioude relève de l’Auvergne tandis qu’au Sud, à partir du gros bourg de Saugues où séjournait fréquemment le jeune Maurice Barrès, débute le Gévaudan, cette terre frappée à la fin du XVIIIe siècle par une terrible bête tueuse de femmes et d’enfants. En 2017 au terme d’une enquête remarquable, Pierric Guittaut a révélé dans La Dévoreuse. Le Gévaudan sous le signe de la Bête 1764-1767 (Éditions de Borée) l’identité certaine de l’animal.

Terrain volcanique avec la chaîne des Sucs, le massif du Meygal et le majestueux Mont Mézenc, le Velay détient un riche patrimoine historique. Natif du Puy-en-Velay, épris de son terroir, Bruno Mestre, âgé de 25 ans, vient de publier aux Éditions de la flandonnière Le Velay païen. Histoire et mythologie (2021, 200 p., 28 €). Préfacé par Bernard Sergent et débutant par un prologue de l’ethnomusicologue Didier Pierre, par ailleurs directeur des Cahiers de Haute-Loire dont l’un des fondateurs fut l’universitaire Jean Merley, cet ouvrage magnifiquement illustré de photographies souvent prises par l’auteur explore l’héritage païen à travers des lieux superbes et leurs légendes.

Bruno Mestre parcourt les chemins du Velay afin d’observer les pierres à bassins, les polissoirs néolithiques, les pierres à capules, les pierres à empreintes et autres signes en arceau ou « fer à cheval ». On y croise en outre des menhirs, des bornes militaires d’origine romaine ou une magnifique croix celtique médiévale. Il en existe une autre, tout aussi belle, sur le versant rhodanien du Pilat au-dessus de Condrieu. Mais est-elle d’époque ou plus récente ?

Le paganisme en terre vellave remonte aux tribus préhistoriques, aux Celtes, aux éventuels Ligures (hypothèse très contestée par les spécialistes), aux marchands grecs et aux Romains. Par des textes clairs et explicatifs qui allient la prospection en archives et l’enquête sur place, Bruno Mestre lève un large pan méconnu de l’histoire départementale pré-chrétienne. Par les indices qu’il recueille, il confirme le syncrétisme pagano-chrétien.

Le Puy-en-Velay demeure l’un des points de départ du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle. Sa cathédrale au style unique à la fois byzantin, roman et gothique abrite une Vierge noire dont l’allure se distingue des autres Vierges noires présentes dans le Massif Central. L’auteur y voit une permanence du culte de la déesse Isis, voire de la Déesse-Mère préhistorique. La cathédrale a été érigée sur le Mont Anis. Non loin se dressent le rocher Corneille (du dieu gaulois Cernunnos) et le dyke d’Aiguilhe surmonté d’une chapelle désaffectée dédiée à l’archange saint Michel. Si l’ami Arnaud Bordes y place dans les entrailles de cet amas d’origine volcanique le siège de la puissante société secrète plurimillénaire Murcie dans Pop Conspiration (Auda Isarn, 2013), Bruno Mestre rappelle que « le rocher d’Aiguilhe fait partie, avec les sites de Skellig Islande en Irlande, de Michael’s Mount au Royaume-Uni, du Mont-Saint-Michel en Normandie ou du Mont-Gargano en Italie, du réseau européen des sanctuaires mikhaëliques. Tous ces sites sont reliés par une “ diagonale sacrée “ ».

À cinq – six kilomètres de la cathédrale se présente l’immense forteresse médiévale de Polignac située sur la commune éponyme. Construit au cours du Moyen Âge par la principale famille noble du Velay dont une branche règne aujourd’hui à Monaco, sur un éperon d’origine volcanique de 806 mètres « qui lui donne l’aspect quasi-irréel d’un paquebot rocheux flottant dans sa vallée », ce vaste complexe fortifié compte un « puit de l’oracle » et un masque d’Apollon. Le site de Polignac serait-il la « copie conforme du sanctuaire de Delphes ? » L’auteur estime que « les rapprochements que l’on peut faire entre Delphes et Polignac sont nombreux… et suspects ! » Il démythifie finalement la légende dorée du temple d’Apollon ou de Belenos...

Neuf itinéraires de découvertes pédestres parachèvent l’ouvrage. Bruno Mestre fait preuve d’une très grande honnêteté intellectuelle. Son Velay païen est un hymne d’affection pour sa patrie charnelle fière et sauvage malgré la péri-urbanisation. Son travail minutieux ravira tous les passionnés des mythes celtiques, les érudits folkloristes et autres amoureux d’histoire locale. Il célèbre en outre un département assez méconnu (ce qui n’est pas plus mal). C’est donc un livre enrichissant d’accès facile. Finissons par un jeu de mot très aisé : Le Velay païen est un Mestre-livre ! 

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°38, mise en ligne le 21 juin 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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NDLR SN : Nos lecteurs de passage au Puy-en-Velay au cours de l'été auront à coeur de visiter la Librairie non-conformiste Arts enracinés située au 25 rue Raphael, en plein centre de la ville. En savoir plus cliquez ici

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samedi, 11 juin 2022

Ces dépenses inutiles

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Ce dimanche 12 juin, plus de 48 millions et demi de Français s’apprêtent à élire une nouvelle Assemblée nationale. La campagne a été d’un grand ennui. L’abstention risque d’être élevée. Le système médiatique hexagonal préfère disserter sur les maux de la société étatsunienne ou sur le jubilé de la reine d’Angleterre plutôt que de débattre des problèmes français parmi lesquels la question lancinante de la dette publique. Il y a quinze ans, le Premier ministre de Nicolas Sarközy, François Fillon, déclarait gouverner « un État en faillite ».

Cette faillite n’est pas que financière; elle est systémique. Les exemples abondent. C’est le cas du maintien de l’ordre et de la sécurité publique le 28 mai dernier au Stade de France à l’occasion de la finale de la Ligue des champions, ou intellectuelle avec l’effondrement du niveau scolaire, de la crèche jusqu’à l’université. Malgré les dénégations répétées du gouvernement, taxes et impôts vont s’accroître sur les catégories moyennes laborieuses, accélérant ainsi leur déclassement social. Désormais averti, le Régime macronien fera tout pour écraser dans l’œuf une nouvelle fronde ou jacquerie populaire semblable aux « Gilets jaunes ». Les citoyens français vont devenir plus que jamais les vaches à lait du Système parce qu’il faut rembourser les dettes de la ploutocratie internationale.

Avant d’augmenter la pression fiscale, il est encore possible de réaliser des économies en supprimant des dépenses inutiles. Outre le gisement de l’immigration, d’autres secteurs mériteraient une diète sévère. Chaque année, la Cour des comptes publie un rapport qui mentionne les délires des collectivités territoriales (des ronds-points dispendieux ici, un pont inachevé là) et de l’État, piètre administrateur de ses biens immobiliers. Ce texte annuel ravit des journalistes dont les plus serviles pourfendent sans répit toute intervention publique. Le document ne s’attarde pourtant pas sur trois grandes gabegies permanentes.

On a tendance à considérer la médiacratie comme un quatrième pouvoir qui influence l’autorité judiciaire, menace le législatif et s’offre à l’exécutif. C’est une liberté fictive, car, en France, la presse procède du pouvoir politique. Huguenot converti au catholicisme, le médecin du roi Louis XIII, Théophraste Renaudot (1586 – 1653), édite un hebdomadaire de quatre pages tous les samedis La Gazette. Avant même son lancement en 1631, le journal bénéficie du soutien déterminant du Principal ministre du roi, le cardinal de Richelieu. Cette dépendance congénitale perdure encore. Les rares enquêtes sur les aides étatiques à la presse les chiffrent à un montant d’environ un milliard huit cents millions d’euros. En 2010, la loi de finance attribue une manne de 437 millions d’euros. À cette somme rondelette s’ajoutent des aides indirectes (environ vingt millions), des dispositifs personnels aux journalistes (encore vingt millions) et d’autres appréciables financements. Le lamentable quotidien communiste L’Humanité survit grâce à ces scandaleuses perfusions financières… La presse officielle n’informe pas ses lecteurs; elle n’en a pas ! Elle travaille l’opinion pour le régime en place ! D’où un conformisme moutonnier outrancier qu’on retrouve en Belgique et en Allemagne. 

Le deuxième domaine reste un univers obscur difficilement observable : le financement public des formations syndicales s’élèverait à une centaine de millions par an de la part de l’État, sans compter les subventions données par les communes, les départements, les régions et les entreprises publiques, privées et parapubliques. Des lois prises en 2008 et modifiées en 2014 maintiennent une opacité certaine. Il est surprenant que la CGT ou Solidaires – SUD, ces contestataires de pacotille de l’« ordre établi » libéral – bourgeois, vivent des subsides que leur versent diverses institutions soi-disant rétives au syndicalisme supposé révolutionnaire. Il y a bien longtemps que les responsables syndicalistes côtoient les hiérarques d’entreprises transnationales aux dîners mensuels du Siècle au mépris de la Charte d’Amiens d’inspiration anarcho-syndicaliste de 1906. Un vrai syndicat ne doit-il pas compter que sur  ses seuls adhérents et cotisants ? Ces millions d’euros seraient bien mieux employés dans l’investissement des hôpitaux ou la rénovation des infrastructures de circulation.

Un troisième gisement d’économie concerne le financement public des partis politiques régi par les lois de 1988, de 1990, de 1995, de 2000 et de 2017. Un Français ne peut donner aux partis de son choix qu’un maximum de 7 500 euros par an. Le fonctionnement de la partitocratie en place dans l’Hexagone depuis les années mitterrandiennes bénéficie surtout d’un versement annuel. Cette somme se fonde sur les seuls résultats aux élections législatives. Toute formation politique qui sollicite un financement public doit présenter un minimum de cinquante candidats qui recueillent au moins 1 % des suffrages. Chaque vote représente un euro soixante-quatre. Si le parti a des députés et des sénateurs, il reçoit encore plus d’argent. Un député élu lui apporte 37 400 euros. N’y a-t-il pas là un véritable traitement discriminatoire ?En 2022, ce financement s’élevait à 68 millions d’euros dont plus de 20 millions pour La République en marche ! Cela n’empêche pas que de nombreux partis tels le Rétrécissement népotique (RN) soient fortement endettés tout en s’indignant de la dette française.

Le financement public des syndicats et des partis politiques constitue une honte nationale. S’il est inadmissible qu’un parti puisse bénéficier d’aide financière d’une personne morale, l’État n’a pas à payer indirectement les permanents. Syndicats et partis devraient subvenir à leurs besoins par leurs seuls moyens, c’est-à-dire les cotisations, les ventes de produits dérivés et les dons défiscalisés à 66 %. Plutôt que de gaspiller un « pognon de dingue », l’État devrait cesser au plus tôt tout financement public. En revanche, il prendrait sur lui l’impression des bulletins de tous les candidats inscrits, de leurs affiches électorales et de leurs professions de foi. Est-il en effet acceptable de devoir imprimer un bulletin de vote sur un papier qui ne correspond pas à celui prévu par le code électoral de 70 grammes au mètre carré  impossible à trouver sur le marché ? Il importe de respecter d’autres contraintes comme utiliser un papier blanc de format A4 ou une police de caractère identique avec le risque que le président du bureau de vote l’invalide finalement.

La partitocratie hexagonale agit en parasite aux dépens des véritables forces vives productrices de la France. Bien gérer l’argent des contribuables n’est pas une vertu libérale. C’est une action de bon sens, ce bon sens que les Français semblent avoir perdu...     

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°36, mise en ligne le 7 juin 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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09:02 Publié dans Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

mardi, 17 mai 2022

Une rose des vents hégémonique et décadente

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Parmi les nombreuses hétérotélies qui découlent de l’« opération militaire spéciale » russe en Ukraine, destinée entre autres à empêcher l’ancrage de ce pays dans l’orbite euro-atlantique, la plus flagrante serait le renoncement par la Suède et la Finlande de leur neutralité historique afin de rejoindre au plus tôt l’Alliance Atlantique et son bras armé, l’OTAN (Organisation du Traité de l’Atlantique Nord).

Signé le 4 avril 1949, le traité de Washington réunit douze États des deux rives septentrionales de l’Atlantique dont le Portugal de Salazar et l’Islande qui présente la particularité de ne pas disposer d’armée. Ce pacte fonde l’Alliance Atlantique en opposition frontale à l’Union Soviétique et au bloc de l’Est. La guerre de Corée en 1950 l’incite à se doter d’une composante militaire : l’OTAN.

La fin de la Guerre froide qui s’étend du 9 novembre 1989 (chute du mur de Berlin) au 25 décembre 1991 (éclatement imprévu de l’URSS) aurait pu – et aurait dû – provoquer la dissolution de l’OTAN. Son pendant soviétisé, le Pacte de Varsovie, a bien disparu dès 1991. Or la structure atlantiste va survivre à ce grand tournant de l’histoire. Elle va contribuer à l’hégémonie des États-Unis d’Amérique en Europe et à renforcer la domination occidentale matérialiste – eudémoniste sur les cinq continents. Aujourd’hui, l’organisation occidentaliste  comprend trente membres dont les plus récents datent de 2009 (Albanie et Croatie), de 2017 (Monténégro) et de 2020 (Macédoine du Nord). L’arrivée prochaine de la Suède et de la Finlande sonnera le glas de toute « Europe – puissance » indépendante. À l’exception de l’Irlande, de Malte, de Chypre, de l’Autriche, de la Suède et de la Finlande, tous les États de la soi-disant Union européenne sont plus ou moins intégrés dans l’OTAN. La neutralité affichée d’États européens tels que la Suisse n’a jamais empêché une intense coopération discrète. Dans la perspective d’une invasion soviétique, l’état-major otanien avait très tôt mis en place des unités clandestines de guérilla connues sous le nom de code de Stay Behind et, en Italie, de Gladio. L’Autriche, la Suède et même la Suisse ont bénéficié de ce soutien implicite. Aucun État européen n’est de nos jours étranger à l’atlantisme institutionnel.

Dans la décennie 1990, certains milieux républicains conservateurs, souvent marginaux, tablent sur un ralliement rapide de la Russie à la sphère occidentale. L’arrivée de l’ancien ennemi aurait bouleversé la donne géopolitique et diplomatique pour tout le début du XXIe siècle, car, une fois dans l’OTAN, la Russie aurait incité les anciennes républiques soviétiques, y compris l’Ukraine et la Géorgie, à l’y rejoindre. L’extension de l’alliance militaire atlantique de Vancouver à Vladivostok via Moscou aurait toutefois été vue par l’Iran et la Chine comme une menace frontalière existentielle. Incapables de dépasser leurs préjugés russophobes, les cénacles néo-conservateurs, démocrates et républicains, rejetèrent cette éventualité et ratèrent leur rendez-vous avec le kairos. Au contraire, l’agression russe contre l’Ukraine concrétise leur lubie géostratégique. Dans les années 2000, l’OTAN participa à l’invasion et à l’occupation de l’Afghanistan et de l’Irak.

Aucune autre entente multinationale ne présente un tel écho planétaire qui correspond aux visées d’un Occident-monde totalitaire. L’OTAN a ainsi noué d’intenses contacts avec divers pays non-européens dans une série de contrats appelés « Plans d’action individuel de partenariat » (Serbie, Ukraine, Géorgie, Arménie, Kazakhstan), « Partenariat pour la paix » (Irlande, Suisse, Autriche),   « Dialogue méditerranéen » (Israël, Jordanie, Égypte, Maghreb dont l’Algérie) », « Initiative de coopération d’Istanbul » (Koweït, Émirats arabes unis, Qatar) et « Partenariat global » (Colombie, Irak, Pakistan, Mongolie, Corée du Sud, Japon, Nouvelle-Zélande). Quant à l’Australie, considérée comme un « allié majeur », elle posa en 2014 sa candidature à l’Alliance Atlantique.

Le bloc euro-atlantique constitue un grand espace qu’ordonnent et dominent les États-Unis d’Amérique. C’est un Commonwealth ultra-libéral de ploutocraties d’apparence démocratique qui sert aussi de vaste marché au complexe militaro-industriel étatsunien. Sans vouloir empiéter sur les analyses judicieuses de l’émission de Radio Méridien Zéro versée dans les questions militaires, « Ça se défend », le Rafale français, l’Eurofighter Typhoon anglo-germano-hispano-italien et le JAS 39 Gripen suédois ne peuvent pas rivaliser avec le F-35 étatsunien à la réputation (au choix) de fer à repasser volant ou de corbillard aérien. Les industries d’armement européens, en particulier françaises et suédoises, connaîtront dans les prochaines années le sort peu enviable d’Alstom racheté par General Electric grâce à une prise d’otage légale outre-Atlantique (l’affaire Frédéric Pierucci, par exemple).

À côté de son action patiente de pillage systématique du savoir-faire européen, l’OTAN, l’Alliance Atlantique et leur complice, l’Union dite européenne, attisent le nouveau chaos mondial. L’OTAN n’a jamais défendu l’Occident boréen. Elle représente plutôt l’avant-garde de la révolution sociétaliste cosmopolite. Ses instances dirigeantes souscrivent à toutes les pathologies de la modernité tardive liquide. Le 19 mars 2021, le siège bruxellois de l’OTAN tenait une conférence interne consacrée à la dimension LGBTQ+ sur le lieu de travail. La rose des vents se trouvait pour l’occasion associée au fameux drapeau arc-en-ciel… Le communiqué de presse officiel de l’entité atlantiste affirmait qu’elle « est attachée à la diversité. Toute discrimination fondée sur l’orientation sexuelle, le sexe, la race ou l’origine ethnique, la religion, la nationalité, le handicap ou l’âge y est strictement interdite. Elle a également fait œuvre de pionnière en étant la toute première organisation au monde à reconnaître le mariage entre personnes du même sexe, offrant à ces couples les mêmes avantages qu’aux conjoints hétérosexuels, à une époque où le mariage homosexuel n’était reconnu que dans un seul pays, les Pays-Bas ». Jamais l’OTAN n’est intervenue dans la crise des migrants en 2015. Elle ne s’est jamais déployée pour protéger et stabiliser le flanc Sud de la Méditerranée. L’idéologie multiculturaliste, la pensée  « woke » et l’« inclusivisme » sont devenus avec l’ultra-libéralisme sécuritaire les mamelles conceptuelles de l’atlantisme 2.0.

On ne peut que constater toute la nocivité de cette organisation qu’Emmanuel Macron estimait avec erreur le 7 novembre 2019 en « mort cérébrale ». La mort cérébrale, c’est en fait ce qui attend les peuples albo-européens s’ils ne décident pas de se lever contre cette folle emprise mortifère civilisationnelle.    

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°32, mise en ligne, le 10 mai 2022, sur Radio Méridien Zéro.

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vendredi, 06 mai 2022

Article 11 ou article 89 ?

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Plusieurs polémiques fomentées par la médiacratie ont marqué la récente campagne de l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. L’une d’elles portait sur l’intention de la candidate Marine Le Pen à recourir à l’article 11 de la Constitution afin de modifier la loi fondamentale et de consacrer la supériorité juridique de la législation française sur les traités internationaux et les tribunaux supranationaux. Immédiatement, maints juristes, universitaires et plumitifs ont lancé un procès virtuel pour viol de la Constitution, car l’article 89 aurait la prééminence sur l’article 11.

L’article 89 appartient à lui tout seul au titre XVI qui s’intitule « De la révision ». Rédigé en cinq alinéas, il énonce d’abord que « l’initiative de la révision de la Constitution appartient concurremment au président de la République sur proposition du Premier ministre et aux membres du Parlement ». La révision « doit être votée par les deux Assemblées en termes identiques ». Son adoption définitive peut suivre deux procédures distinctes, soit l’approbation par référendum, soit le « Parlement convoqué en Congrès » à Versailles vote la révision à « la majorité des trois cinquièmes des suffrages exprimés ».

La convocation de l’Assemblée nationale et du Sénat en Congrès se concevait à l’origine pour des révisions secondaires. Force est de constater que sur les vingt-quatre révisions depuis 1958, vingt-et-une ont été entérinées selon cette procédure. L’esprit initial de 1958 est bel et bien détourné au profit des combinaisons politiciennes. Pour preuve, la dernière révision en 2008 voulue par l’ineffable Sarközy ne passe qu’avec deux voix d’avance dont celle du socialiste Jack Lang. L’année suivante, il devient « émissaire spécial du président de la République » à Cuba et en Corée du Nord.

La réunion en Congrès représente une solution de facilité qui enjambe la souveraineté du peuple. Sa généralisation reporte dans les faits la souveraineté nationale des électeurs français vers leurs seuls représentants. On voit ici toute l’ambivalence de la Constitution de la Ve République dont le premier alinéa de l’article 3 stipule pourtant que « la souveraineté nationale appartient au peuple, qui l’exerce par ses représentants et par la voie du référendum ». Si le Congrès repousse la révision, le référendum est-il encore possible, quitte à recommencer le parcours législatif préalable ? On peut le penser, car le peuple arbitrerait le différend entre le chef de l’État et le Congrès. Le président de la République pourrait-il aussi employer dans ces circonstances l’article 11 ?

En 1958, cet article stipulait que « le Président de la République, sur proposition du Gouvernement pendant la durée des sessions ou sur proposition conjointe des deux Assemblées, publiées au Journal Officiel, peut soumettre au référendum tout projet de loi portant sur l'organisation des pouvoirs publics ». Le 31 juillet 1995, suite aux demandes insistantes du président de l’Assemblée nationale Philippe Séguin, Jacques Chirac, tout juste arrivé à l’Élysée, fait réviser la Constitution. Le Congrès supprime les dispositions transitoires et la référence à la Communauté (l’ancien empire colonial français), modifie le régime de l’inviolabilité parlementaire, établit la session parlementaire ordinaire unique et étend le champ d’application du référendum prévu à l’article 11 « aux réformes relatives à la politique économique, sociale et environnementale et aux services publics ». On remarquera le caractère flou de la rédaction.

L’usage de l’article 11 a soulevé et soulève toujours des palabres interminables entre constitutionnalistes qui baignent souvent dans le parlementarisme béat le plus rance. En 1962, Charles De Gaulle l’applique pour imposer aux parlementaires récalcitrants l’élection au suffrage universel direct du président de la République. Premier opposant à De Gaulle, le président du Sénat, le radical Gaston Monnerville, parle alors de « forfaiture ». Le Conseil constitutionnel s’interroge longuement sur la régularité du recours à cet article. Après d’âpres débats, il transmet un avis confidentiel au président qui condamne le procédé. En revanche, l’institution concède en public aux Français le soin de trancher. L’approbation populaire couvre finalement la manœuvre et fonde un précédent constitutionnel interrompu en 1969.

Cette année-là, Charles De Gaulle soumet au référendum par l’article 11 son projet de création des régions et du changement du statut du Sénat. La victoire du non entraîne sa démission immédiate. Pour lui, le chef de l’État dialogue en permanence avec le peuple français par un usage fréquent aux référendums. Premier responsable du devenir de la nation, il arbitre entre le gouvernement, le Parlement, les corps intermédiaires, les forces vives et les électeurs. Dans cette logique, un désaveu suppose le départ inévitable du président de la République. L’article 11 établit donc un mécanisme plébiscitaire qui s’inscrit dans la tradition politique bonapartiste.

Cet égard envers la volonté populaire souveraine ne peut qu’irriter les politiciens ainsi que les officines de l’« État profond » qui organisent le Système, d’où le verrouillage institutionnel qui suivra quelques décennies plus tard. Un putsch jurisprudentiel s’opère dans le cadre de la répartition complaisante du contrôle de constitutionnalité entre le Conseil constitutionnel et le Conseil d’État. Le Conseil constitutionnel considère bientôt que l’article 11 ne peut pas servir à la révision de la Constitution, car il ne concerne que les projets de loi ordinaires et organiques. Quant au Conseil d’État, il s’assure que la révision ne place pas la France en contradiction avec ses engagements internationaux, vérifie que les mesures envisagées sont de niveau constitutionnel et signale qu’une disposition contreviendrait à l’esprit des institutions, porterait atteinte à leur équilibre ou méconnaîtrait une tradition républicaine constante. En 1998, ce même Conseil d'État réaffirme de manière implicite, à l'occasion d'une décision touchant à la notion de référendum, que l'article 11 ne sert pas à modifier la Constitution. On comprend mieux pourquoi, malgré la victoire du non au traité constitutionnel européen de 2005, Jacques Chirac resta à l’Élysée jusqu’à la fin de son mandat.

La limitation du champ d’application de l’article 11 amoindrit la fonction présidentielle désormais subordonnée aux nombreuses combines des députés et des sénateurs. Cette restriction jamais entérinée par une loi quelconque empêcherait par ailleurs la convocation de toute assemblée constituante demandée par Jean-Luc Mélenchon, La France insoumise et l’Union populaire. Le Conseil constitutionnel  invaliderait très certainement  une loi organique invitant les électeurs à participer aux modalités constituantes. N’oublions jamais qu’en matière référendaire, le Conseil constitutionnel est consulté par le chef de l’État sur l’organisation des opérations du référendum, sur la conformité des opérations électorales, la prise en compte des réclamations contre le déroulement référendaire qui pourrait l’amener à annuler le scrutin, et à proclamer les résultats. Les populistes de droite et les wokistes islamo-gauchistes doivent prendre en considération ce blocage constitutionnel.

S’affranchir de la tutelle pesante du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État qui méprisent les libertés françaises comme on l’a vu avec les incroyables régressions liberticides pendant la crise covidienne obligerait le chef de l’État à conduire un coup d’État et à dissoudre les principales institutions, ce qui supposerait au préalable l’entière loyauté de la haute-administration, de la magistrature et des forces de l’ordre. Cette décision exceptionnelle devrait ensuite être soumise au peuple qui, en cas de rejet, provoquerait le départ immédiat en exil de son auteur. Les royalistes ont l’habitude de dire que « la République gouverne mal, mais se défend bien ». Ce bref éclairage institutionnel en est un magnifique exemple. Plutôt que de vouloir rénover la baraque, ne faudrait-il pas la laisser s’effondrer ? Attendons les fracas de l’histoire et soyons prêts à l’impensable...

Salutations flibustières !

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n°31, mise en ligne le 3 mai 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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lundi, 02 mai 2022

Sondagite aiguë

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Les régimes pseudo-démocratiques d’Occident se complaisent volontiers dans un mal moderne venu d’outre-Atlantique : la « sondagite aiguë ». Certes, il ne s’agit pas d’une nouvelle épidémie virale ou d’une infection microbienne jusque-là inconnue. La « sondagite aiguë » désigne l’emploi compulsif et incessant des enquêtes d’opinion et des sondages par les gouvernements, les médiats et les formations politiques. La récente élection présidentielle française et les législatives à venir témoignent de leur grande nocivité.

Politologues et journalistes s’accordent sur les résultats du premier tour, le 10 avril 2022 : les trois candidats qui franchissent la barre des 20 % ont bénéficié dans les derniers jours d’un vote utile. Les électeurs ont choisi un candidat non pas en fonction de son programme, de ses convictions, de sa personnalité, mais en suivant les intentions de vote publiées tous les jours avant les quarante-huit heures fatidiques de réserve électorale obligatoire.

C’est à la présidentielle de 2002 que s’est installée cette vilaine habitude de sondagite permanente. Auparavant, entre 1965 et 1995, les plus anciens auditeurs s’en souviennent peut-être, les quinze jours de la campagne officielle s’effectuaient en l’absence de tout sondage. L’incertitude dominait les derniers jours. Ainsi personne ne vit-il les 14,39 % en 1988 et les 15 % en 1995 de Jean-Marie Le Pen. Toujours en 1995, les sondages alors confidentiels pronostiquaient un duel entre Édouard Balladur et Jacques Chirac. C’est le candidat socialiste Lionel Jospin qui arriva en tête au soir du 23 avril avec 23,30 %.

La publication répétée des sondages jusqu’à l’ultime instant autorisé transforme les citoyens en véritables « parieurs » politiques, en « turfistes » électoraux qui misent non point sur les meilleurs chevaux de course, mais sur le candidat le plus apte à gagner. Cette pratique marque en matière politico-électorale le passage de l’électeur en consommateur d’ailleurs vite dépité par son choix.

La propension sondagière commence en France en 1965 au moment de la première élection présidentielle au suffrage universel direct de la Ve République. L’atlantiste libéral Jean Lecanuet mène une campagne inspirée de l’exemple étatsunien. Surnommé « Monsieur Dents blanches », le maire centriste de Rouen s’inspire du candidat Kennedy et bénéficie des conseils avisés du publicitaire Michel Bongrand qui inaugure dans l’Hexagone les méthodes de mercatique politique. Couplée aux premiers sondages politiques, la persuasion quasi-commerciale de segments socio-professionnels particuliers assure à Jean Lecanuet une troisième place, 15,57 % des suffrages, qui met en ballottage le général De Gaulle trop sûr de lui-même, et assèche le candidat national, Jean-Louis Tixier-Vignancour, qui plafonne à 5,20 %.

Michel Bongrand est le lointain ancêtre des spin doctors anglo-saxons, capables de vendre des tonnes de sable aux habitants du Sahara par une narration médiatique sophistiquée. En Russie, leurs équivalents s’activent autour des polittekhnologui (ou « technologies politiques »). Ce terme regroupe les démarches de lobbying, les relations publiques, voire des actions compromettantes si possibles filmées. Toutes travaillent l’électorat sous l’impulsion des professionnels de l’information, de l’influence subliminale, de la manipulation factuelle et de la désinformation.

Le recours massif aux sondages n’est pas anecdotique. Avant la campagne officielle qui impose une stricte égalité du temps d’antenne des candidats, les semaines qui précédent cette phase déterminante appliquent une équité entre les candidats. Outre les résultats électoraux antérieurs récents, entrent dans la prise en compte les tendances générales indiquées dans les sondages. Cette procédure entérinée par les autorités de l’audio-visuel accentue l’invisibilité des « petits candidats » qui, écartés des émissions grand public, restent inaperçus aux yeux du public. Cette absence de visibilité rend plus incertaine encore la collecte des parrainages comme Florian Philippot a pu l’observer récemment.

L’importance accordée aux sondages permet enfin aux plumitifs du Système de relativiser certaines performances obtenues. Au lendemain du premier tour, les 7,07 % d’Éric Zemmour déroutent ses sympathisants. Les commentateurs ne se privent pas de comparer ce résultat effectif avec les sondages flatteurs d’octobre – novembre 2021 qui le propulsaient au second tour face à Emmanuel Macron. Or un sondage n’est que la radiographie de l’opinion publique à partir d’un panel sociologique scientifiquement constitué à un instant T. Ses données demeurent virtuelles, liquides qui ne peuvent pas être confrontées avec le résultat définitif. Réunir 2 485 226 voix pour un essayiste candidat néophyte est un exploit impossible à minimiser, surtout quand il s’accompagne d’un écroulement parallèle des deux partis qui ont dominé la Ve République de 1958 à 2017 !

Quitte à se mettre à dos les instituts de sondage et les étudiants en sciences politiques ou en sociologie qui y exercent de petits boulots, il serait temps d’interdire strictement la réalisation et la publication de tout sondage politique au minimum quinze jours avant le premier tour et au maximum un à deux mois auparavant au nom de la salubrité publique et de l’hygiène mentale du corps électoral. On notera que l’électeur occidental n’adhère plus à un projet particulier; il préfère rejeter celui des autres. Il participe à un jeu de massacre qui, au final, le conduit à un abattoir symbolique. Les sondages incitent à un comportement moutonnier panurgique collectif.

« Vigie d’un monde en ébullition », n°30, mise en ligne le 26 avril 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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mardi, 26 avril 2022

Cinq formes familiales plus une

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol 

Défenseur sincère des « Gilets jaunes », procureur impertinent des traités austéritaires néo-libéraux européens, dénonciateur implacable de tous les présidents français, de Mitterrand à Macron, Emmanuel Todd a découvert au lendemain de la minable séquence émotionnelle « Je suis Charlie » le phénomène des « catho-zombie », futur socle de la macronie.

Il lie dans ses recherches l’économie et la sociologie aux faits anthropologiques, d’où sa propension à étudier les structures familiales. Il en tire une approche quelque peu réductionniste. Cet ancien sympathisant du Parti socialiste l’améliore sans cesse alors que l’ère liquide de l’ultra-modernité bouleverse ce monde intime aux indéniables répercussions publiques qu’est la famille.

Il faudrait plutôt parler « des familles ». N’existe-t-il pas dans le gouvernement de Jean Castex, sous la tutelle du ministère des Solidarités et de la Santé, un secrétariat d’État chargé de l’Enfance et des Familles en la personne du dénommé Adrien Taquet ? Le pluriel s’impose, car la République hexagonale reconnaît en effet aujourd’hui cinq formes familiales. La première, la plus habituelle, demeure la « famille nucléaire » réunissant un couple hétérosexuel et leurs enfants conçus de manière naturelle. Il existe ensuite la « famille adoptive », reconnue chez les antiques Romains, par la Maison impériale des Bonaparte et dans la dynastie monégasque. En forte hausse depuis vingt ans, la « famille monoparentale » correspond à une mère qui élève seule sa progéniture. L’avant-dernière forme de famille concerne la « famille d’accueil ». Des enfants, souvent victimes de parents dépravés, égoïstes ou violents, ou orphelins, trouvent par décisions judiciaires un refuge plus ou moins convenable auprès de couples. Reconnue ces dernières années en Occident terminal, la « famille homoparentale » bénéficie dorénavant de la PMA (procréation médicalement assistée, soit les « bébés-éprouvettes » issus de la fécondation in vitro), voire de la GPA (gestion pour autrui) qui assigne en            « usines à naissances » les « mères-porteuses ». Sociologues et psychologues devraient dans la prochaine décennie se pencher sur les répercussions mentales de cette réalité néo-familiale à travers le comportement et l’état d’esprit des enfants élevés dans ce contexte spécifique.

L’État court-termiste ne reconnaît toujours pas une sixième catégorie familiale : la famille polygame. Ce terme conserve néanmoins son imprécision. Sous « polygamie », on doit entendre aussi bien la polyandrie (une femme épouse deux, trois ou x maris) que la polygynie (un homme vit officiellement avec deux, trois ou x femmes). Si les revendications en sa faveur restent faibles, certains activistes dyssexuels militent en faveur de la reconnaissance officielle du « trouple » (ou le ménage à trois). En octobre 2015, un trio de femmes (une femme d'affaires d’âge non mentionné, une dentiste de 32 ans et une gérante administrative de 34 ans) officialisait leur union à Rio de Janeiro au Brésil. Déjà, trois ans auparavant, une caissière, une auxiliaire administrative et un architecte avaient formé la première union dite « poly-affective » du Brésil. En Colombie, un acteur, un éducateur physique et un journaliste sont entrés le 3 juin 2017 sous le régime patrimonial connu légalement dans cet État d’Amérique du Sud sous le nom de « trieja ». À quand donc sous nos cieux un homme épousant le même jour deux, trois femmes ou plus ? Gageons que cet autre pari hardi sur l’avenir deviendrait rapidement la cible des officines anti-discriminatoires et ultra-féministes en guerre contre le mâle. À l’heure des grandes avancées dites « sociétales », il persiste une inégalité inique à l’égard des éventuelles familles polygames, en particulier des conjugalités polygyniques hétérosexuelles. 

Dans Libération (des 13 et 14 octobre 2012), un entrepreneur de l’Utah aux États-Unis, Joe Darger, est un mormon fondamentaliste dissident. Il vit avec ses trois femmes et leurs vingt-quatre enfants. En pleine campagne présidentielle, il explique au correspondant du quotidien gaucho-bancaire que « ce qui m’intéresse particulièrement, c’est qu’Obama est en faveur du mariage gay. S’il est réélu et que cela va plus loin, alors on pourra se battre encore un peu plus pour rétablir la polygamie. Après tout, ce ne sont que deux modes de vie différents et le gouvernement ne devrait pas nous dicter ce que l’on peut faire dans nos chambres à coucher ». Or, l’idéologie gendériste s’accompagne d’une misandrie implacable constante. Maintes harpies féministes rejettent toute légalisation de la polygynie qu’elles perçoivent comme le symbole éclatant du supposé patriarcat cisgenre hétéronormé blanc. Ces névrosées préfèrent insister sur les rapports « poly-amoureux » qu’on peut confondre avec la banale partouze. Souvent dans le cadre poly-amoureux, c’est la femme qui prend l’initiative, qui définit les règles et qui décide d’y mettre fin.

Le mariage polygynique ne tient pas à singer le triolisme ou les fantasmes orgiaques de l’hyper-classe cosmopolite. À l’heure où la civilisation albo-européenne achève son déclin final marqué par un effroyable « hiver démographique », l’hypothétique relance d’une natalité « eurotochtone » passe par des innovations sociétales percutantes guère soucieuses des morales monothéistes religieuses, laïcardes et « féministolâtres » ! L’autorisation et la promotion de l’union polygynique constitue un moyen crucial de redressement nataliste. Dans Le destin du monde d’après la tradition shivaïte (1985), l’indianiste Alain Daniélou avertit que parmi les signes précurseurs de la fin du présent cycle, « le nombre des hommes diminuera, celui des femmes augmentera ». Il rappelle plus loin, dans une optique eugénique de bon aloi, que « bien que le choix du fécondateur soit en principe exclusif pour des raisons génétiques, les époux ne vivent pas normalement en couple. L’idée que le couple est la base de la stabilité sociale est une idée pernicieuse qui ne correspond pas à la nature de l’homme et fait de la famille une sorte de prison ». On observe dans les maternités que les petites filles semblent plus nombreuses que les petits garçons. 

Un précédent historique de polygamie officielle existe. Après la féroce Guerre de la Triple Alliance (1864 – 1870) qui opposa le Paraguay à la coalition du Brésil, de l’Argentine et de l’Uruguay, les pertes masculines paraguayennes représentaient une véritable hémorragie. Bien que contesté, le déséquilibre était un homme pour quatre à cinq femmes. Les autorités d’Asuncion encouragèrent les Paraguayennes à se partager un vétéran. Malgré son hostilité publique, l’Église catholique accepta dans les faits cette situation exceptionnelle. 

Si les gouvernements nantis et décadents européens ne montraient pas leur soumission envers les pétroleuses excitées, ils légaliseraient au plus tôt l’union polygynique. Ce serait d’ailleurs un juste rappel à la complémentarité essentielle entre les pôles féminin et masculin de l’être humain.

Salutations flibustières !


• « Vigie d’un monde en ébullition », n°29, mise en ligne le 19 avril 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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vendredi, 15 avril 2022

Journaloperies

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

La guerre en Ukraine charrie comme tous les conflits son flot inévitable de fausses informations et de propagande tant du côté de l’agresseur russe que de l’agressé ukrainien. Dans ces circonstances tragiques, le système médiatique occidental d’occupation mentale n’hésite pas à tordre la réalité ou à créer des faits imaginaires afin d’émouvoir les masses crédules. La découverte de charniers dans la banlieue de Kyïv devrait inciter ce petit monde médiatique à la plus grande prudence. A-t-il déjà oublié l’affaire des couveuses de Koweït-Ville débranchées en 1990 par des soldats irakiens ? Cette information traumatisante se révéla un mensonge fomenté dans le cadre d’une intense guerre psychologique contre l’Irak. Et que penser du précédent de Timișoara en Roumanie ? L’exposition médiatique de nombreux cadavres d’hommes, de femmes et d’enfants provoqua la chute de Nicolae Ceaușescu à Noël 1989. On apprit plus tard que les dépouilles sortaient des morgues locales. La manipulation macabre revenait au KGB gorbatchévien ainsi qu’aux agents pro-soviétiques de la Securitate.

La présente narration journalistique ne respecte aucune déontologie. Les officines occidentales de désinformation le démontrent tous les jours. Le constatant en direct, le gouvernement militaire malien vient de suspendre la diffusion sur son territoire de France 24 et de RFI (Radio France Internationale) accusées de soutenir des allégations fausses. Cette décision légitime scandalise le gouvernement hexagonal et les journalistes du sérail qui, en revanche, se félicitent du bannissement dans toute l’Union dite européenne des réseaux de RT et de Sputnik dès le 1er mars 2022.

La Commission de Bruxelles a pour l’occasion outrepassé ses droits et violé l’accord audio-visuel signé avec l’autorité française compétente en excluant ces deux entreprises médiatiques. Malgré une audience plus que limitée, Sputnik et RT France travailleraient l’opinion publique au même titre que CNN, France 24, Radio Free Europe - Radio Liberty ou la BBC World Service. Cette censure extra-légale n’offusque pas les habituels dévots de la liberté d’expression à sens unique.

Véritable expert de l’enfumage élevé au rang d’œuvre d’art, le quotidien Le Monde s’associe avec d’autres organes de presse occidentaux afin de révéler l’ensemble des biens détenus en Europe, en Amérique du Nord et en Océanie par Vladimir Poutine, son entourage et les oligarques russes. Il est en revanche étrange qu’aucun journaliste du Système ne se penche sur le patrimoine modeste d’Emmanuel Macron. Le « super-banquier » élyséen ne serait-il qu’un smicard contrarié ? Ce manque de curiosité surprend. Les grands groupes de presse pourraient aussi se saisir de l’incroyable « McKinseygate » s’ils n’étaient pas la propriété de ploutocrates liés aux commandes publiques. Il y a cinq ans, l’emploi fictif de Pénélope Fillon et les costumes de son mari suscitaient la mobilisation totale des journalistes et l’intervention rapide du Parquet national financier (PNF). Pour le « McKinseygate », le PNF vient à peine d’ouvrir une enquête préliminaire. Ne voudrait-il pas nuire à la réélection du candidat – président ? Peut-on encore croire à l’indépendance de la justice et des magistrats ?

Très en pointe en 2017 contre François Fillon, Le Canard Enchaîné s’écarte de ce scandale. Le palmipède imprimé préfère harceler Marine Le Pen, Éric Zemmour et Jean-Luc Mélenchon plutôt que dénoncer le pillage organisé  méthodique de l’État par la caste mondialiste auquel il appartient.

Obsédés par l’extrême droite, les « Laurel et Hardy » guère comiques d’un quotidien gaucho-bancaire et la jeune inquisitrice d’un titre vespéral habitué aux articles spécieux quasi-psychotiques, vivent paradoxalement de la persistance de la supposée « bête immonde ». Sans elle, ils pointeraient à Pôle Emploi… Avec une rare mauvaise foi, ils pratiquent volontiers l’amalgame. Un tragique fait-divers, à savoir le meurtre de l’ancien joueur de rugby argentin, Federico Martín Aramburú, dans la nuit du 18 au 19 mars dernier dans le centre de Paris, permet à la meute journalistique de donner l’identité des personnes suspectées, de publier leur visage et d’insister sur leur militantisme passé au GUD (Groupe Union Défense) comme si la sanglante altercation avait eu une connotation politique. Pourquoi les officines de presse ne procèdent-elles pas de même pour les trafiquants de drogue, les délinquants du quotidien et les violeurs ? C’est à se demander si un militant identitaire urinant dans un jardin public à 2 h du matin ne commettrait pas un crime contre l’humanité...

Le 16 février 2022, le journal télévisé de France 2, dans le cadre de « L’Œil du 20 heures », diffusait un reportage tourné en caméra caché aux dépens d’Academia Christiana que surveilleraient les services de renseignement. Pour quelle raison maligne ? Les six minutes malhonnêtes chargent une sympathique et efficace association catholique identitaire culturelle et métapolitique. Le reportage proteste qu’une école hors contrat réservée aux garçons en Normandie accueillit les premières universités d’été d’Academia Christiana. Les résultats exceptionnels aux examens nationaux écrasent les établissements publics des environs en dépit de leurs soins pédagogiques palliatifs avancés. Il s’indigne par ailleurs qu’un médecin généraliste ne prescrive pas aux adolescentes la pilule contraceptive dont le rejet dans les eaux affecte les écosystèmes et les organismes vivants. Plutôt qu’accuser ce médecin, n’aurait-il pas dû cibler la pornographie qui assaille en permanence une jeunesse lobotomisée par l’« enseignement de l’ignorance » ?

Le président d’Academia Christiana, Victor Aubert, a dès le lendemain réagi aux attaques de ce reportage excrémentiel. Grâce aux réseaux sociaux, il a su contourner le refus inacceptable de France 2 de lui donner un droit de réponse. Ce n’est ni la première, ni la dernière fois que les « flics de l’information triturée » versent dans la « journaloperie » ordinaire. Sans tomber dans la paranoïa, restons vigilants, tenons notre langue et montrons tout notre mépris aux mercenaires du mensonge médiatique éprouvé.

Salutations flibustières !

  • « Vigie d’un monde en ébullition », n°28, mise en ligne le 13 avril 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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vendredi, 08 avril 2022

Fumisteries universitaires

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La chronique flibustière de  Georges Feltin-Tracol

Le sociologue et essayiste québécois Mathieu Bock-Côté range dans ses ouvrages et ses interventions publiques le multiculturalisme dans ce qu’il convient d’appeler l’« idéologie diversitaire ». Mais ce terme comporte d’évidents contresens, en particulier quand il concerne l’ethno-différencialisme, cette prise en compte de l’indéniable diversité humaine. Il est par conséquent préférable de désigner cette manifestation de l’œuvre égalitariste par « idéologie inclusive ». Cette dernière infecte en priorité le monde universitaire.

La « capitale des Gaules » compte trois universités : Lyon–I-Claude-Bernard s’occupe des sciences et de la médecine; Lyon– II-Lumière et Lyon–III-Jean-Moulin résultent d’une scission post-soixante-huitarde. Longtemps, Lyon–III fut réputé pour l’excellence de son enseignement. Bien des professeurs avisés n’y cachaient pas leurs solides convictions non-conformistes : Jean Haudry, Jean-Paul Allard, Jean Varenne, Bernard Lugan, Bruno Gollnisch, ou les amis Pierre Vial, Bernard Notin et Jacques Marlaud. Président de cette université entre 1979 et 1987 (une longévité notable et exceptionnelle), Jacques Goudet enseignait la culture italienne. Ce chrétien orthodoxe gaulliste militait tant à l’UNI (Union nationale interuniversitaire) qu’au SAC (Service d’action civique). Il avait cependant dans son bureau une grande affiche originale du Duce... 

En comparaison, Lyon – II fait figure de foyer gauchiste historique où prolifèrent les études post-coloniales et de genre. Les services de cet établissement publient chaque mois quatre pages en format dépliant intitulées La Gazette Culture. Quand on consulte son numéro 4 de mars 2022, on comprend la virulence et la profondeur de la contamination ! Tout est rédigé en écriture inclusive dans un jargon politiquement correct avec les inévitables anglicismes. Sa lecture nous plonge dans une franche hilarité tant sa prétention de sérieux vire vite en une formidable bouffonnerie.

La présentation, par exemple, d’un spectacle de danse nocturne étudiante nécessite la logorrhée suivante : « À la croisée des temps, entre œuvres et présences d’aujourd’hui, une dizaine de danseuses créent des petites pièces in situ, laissant la mémoire de l’œuvre traverser le temps et l’espace pour toucher l’histoire de leurs propres mythologies du moment. » Ne serait-il pas plus simple de parler de « machine à explorer le temps » fonctionnant non pas à la pile cosmo-nucléaire, mais grâce aux pas de danse d’un cul-de-jatte bipolaire ? Le 24 mars dernier se tenait à 12 h 15 une « conférence gesticulée » au titre révélateur « J’aurais dû m’appeler Aïcha ». L’intervenante qui doit peut-être animer son texte devant le regard médusé, surpris ou goguenard des quelques rares spectateurs disponibles à cette heure-là explique qu’« en m’assimilant, j’ai refoulé une partie de mon héritage. Je fais aujourd’hui marche arrière en prenant bien soin de ramasser un à un tous les indices et reformer le puzzle de mon histoire, de notre histoire pour mieux la déconstruire ». Cinq jours plus tard s’organisait dans l’amphithéâtre culturel une représentation de danse – performance qui « transforme le corps en un réceptacle, en un refuge accueillant quantité d’êtres, d’identités et d’histoire ». Doit-on comprendre que des corps deviennent des camps de base pour migrants clandestins ? Il faudrait quand même qu’une âme charitable se dévoue à définir la « danse – performance » et la « conférence gesticulée ». Un célèbre homme d’État allemand d’origine autrichienne de la première moitié du XXe siècle n’en serait-il pas le précurseur ? Une autre pièce de théâtre, « Le petit chaperon Uf », proposé dans le cadre de la semaine d’éducation et d’actions contre le racisme et l’antisémitisme, emploie « des éléments de marionnettes posés à même les corps ». La dramaturgie en est toute révolutionnée ! À quand une pièce de théâtre sur une cuvette de toilette ?

Bien que n’existant pas, la « théorie du genre » s’invite néanmoins dans la programmation. À l’occasion de la Journée internationale de la visibilité transgenre, des « courts-métrages engagés LGBTQIA+ » sont proposés au public étudiant. Mieux, l’université lyonnaise projette un documentaire réalisé en 2017 par un certain David France sur la vie et le meurtre de Marsha P. Johnson. Qui était cette personne dont le nom commence à orner des lieux publics à Metz et à Lyon ? Il s’agissait d’une « femme noire, transgenre, travailleuse du sexe et activiste souvent surnommée “la Rosa Parks du mouvement LGBT“ ». On apprend avec une réelle inquiétude que « cette projection sera suivie d’un échange entre spectateurs et spectatrices ». N’y aurait-il pas une invitation sous-entendue pour une bacchanale estudiantine dysgenrée à venir ?

Plus sérieusement, comment les étudiants peuvent-ils suivre ces animations à des moments où se déroulent cours magistraux et séances de TD ? Ne négligeons cependant pas que certains doivent y assister presque contraints et forcés, car ils bénéficieront ensuite de la validation d’une partie de leur année. L’université Lyon – II n’est pas un cas à part. Toutes les universités de France reprennent ce salmigondis idéologique ultra-moderne, y compris Lyon–III désormais épuré de ses brillants enseignants « mal-pensants ». Qu’on ne soit donc pas ensuite surpris par la place négligeable des universités hexagonales dans les classements internationaux. L’enseignement supérieur fourgue une couche supplémentaire d’idéologie inclusive. Guère étonnant dès lors que maints nouveaux bacheliers choisissent des études courtes en IUT qui, à terme, s’ouvriront, eux aussi, à la déconstruction des connaissances si ne surgit pas auparavant une réaction vitale de rejet ontologique de ce néant conceptuel !

Salutations flibustières !

• « Vigie d’un monde en ébullition », n°27, mise en ligne le 5 avril 2022 sur Radio Méridien Zéro.

01:05 Publié dans Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

dimanche, 03 avril 2022

"Sécession" : le premier livre de Yann Vallerie, rédacteur en chef de Breizh-info.com

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La chronique flibustière de

Georges Feltin-Tracol

Collaborateur au site Novopress, puis rédacteur en chef à partir de 2013 du remarquable site d’information libre Breizh Info, Yann Vallerie signe son premier essai avec une préface de Piero San Giorgio. Explosif, son contenu ne se résume pas en une énième dissertation politico – géopolitico – métapolitico – philosophique pesante. Ce livre de 102 pages mesure 11 cm par 17,7; ces dimensions en font un ouvrage facile à lire n’importe où puisqu’il entre dans une poche quelconque. C’est un grand avantage à l’heure de l’effondrement de la lecture.

Tout curieux rétif au prêt-à-penser officiel peut découvrir Sécession de Yann Vallerie grâce à sa couverture. L’Hexagone français – sans la Corse – est repeint aux couleurs du drapeau de la Confédération sudiste pendant la Guerre de Sécession nord-américaine sans les treize étoiles remplacées par trois personnes (le père, la mère et l’enfant ?) entourées par un masque coronaviral barré, un fusil, un chapelet et un livre. La bannière à la croix de Saint-André est probablement un clin d’œil facétieux aux bâtons noueux de Bourgogne, principal symbole militaire de la Monarchie hispanique d’origine habsbourgeoise.

Par-delà ces considérations vexillologiques, le sous-titre pose une interrogation cruciale : « Comment vivre hors de la République française totalitaire ? » Yann Vallerie n’entend pas quitter sa chère Bretagne pour s’installer en Côte d’Ivoire ou en Afghanistan. Il propose au contraire de sortir du système mortifère. Il part d’un fait qu’il n’énonce pas, mais qui est flagrant : la mort de la France. Toutefois, au contraire d’un célèbre candidat-essayiste, elle ne s’est pas suicidée, mais elle a bien été assassinée. L’assassin se nomme la République dite française. Face à ce remplacement politico-idéologique presque achevé, l’auteur présente en quatre chapitres concis et percutants une méthode réaliste afin de rompre avec le Moloch républicain. Il estime en effet qu’il importe de se détourner du Régime et de poser les jalons d’un autre choix. Pragmatiques, ses propositions provoqueront certainement le mécontentement des éternels cocufiés de la politique française, à savoir les « nationaux – droitards ».

Sécession sort involontairement dans un contexte politico-médiatique favorable. En Corse, une jeunesse impétueuse et revendicative proteste et défile au cri d’« État français assassin ! »; « République française tueuse ! » aurait été mille fois plus juste. Et qu’observe-t-on ? Le gouvernement kleptocratique parisien si impitoyable envers les Gilets jaunes et les associations identitaires envisage des négociations. Les événements survenus sur l’Île de Beauté à la suite de l’odieuse agression d’Yvan Colonna par un détenu islamiste, confirment le point de vue de Yann Vallerie. « Si, sur le terrain, le rapport de forces est à l’avantage des locaux, alors, la République une et indivisible ou pas, l’État plie. » Quel formidable exemple pertinent pratiqué à Corte, à Bastia et à Ajaccio !

L’enraciné européen d’expression bretonne qu’est l’auteur appelle par conséquent à « faire sauter la déconstruction gauchiste qui est devenue l’essence de la République française depuis la fin des années 60 ». Il dénonce par ailleurs l’école soumise au conformisme pédagogique d’occupation mentale. L’« éducation nationale » n’instruit plus, elle déforme des esprits malléables qui subissent ainsi des dégâts irréparables. Certes, « niant son échec absolu, la République français entend à la fois soumettre à autorisation les réfractaires à ce système à broyer les enfants ». Le Régime cible l’instruction à domicile et les écoles hors contrat, encore préservées de l’idéologie des « gens des lettres » LGBTQIAXYZ+++ et d’un cosmopolitisme aux multiples facettes.

Ce sympathique plaidoyer pour la séparation, la rupture, la sécession emporte l’adhésion, sauf sur un point. « Le retour à la presse papier et au samizdat est un leurre, affirme Yann Vallerie. Une régression même, puisque ce serait un retour à la marginalité du départ. » Pourquoi alors veut-« on » (« qui ? ») étouffer l’hebdomadaire Rivarol ? Pourquoi Yann Vallerie a-t-il imprimé ce livre et non pas rendu disponible en format pdf sur Internet ? La hausse régulière du prix du timbre et des frais de port pénalisera les projets éditoriaux dissidents, ce qui n’est pas une coïncidence fortuite. Ne miser que sur le numérique alors que le CSA et HADOPI forment dorénavant l’ARCOM dont les employés suivent des formations inclusives, s’apparente à une mauvaise tactique. L’indispensable reconquête culturelle s’organise autour de deux axes complémentaires : une présence active sur Internet et une profusion, éventuellement clandestine, de samizdat, de journaux, de revues, de dazibao, de tracts et de livres. Il sera toujours plus difficile aux forces régimistes de localiser une imprimerie secrète, éditrice de pamphlets virulents ou d’enquêtes dévastatrices, que de censurer la Grande Toile virtuelle. D’ailleurs, Yann Vallerie applique déjà cette sécession dans le cadre factuel de cet ouvrage qui ne comporte pas d’ISBN et de code barre. Pourquoi ? La page pour le commander au prix de 15 € l’explique volontiers. Il s’agit d’abord de contourner les grandes plateformes de distribution qui asphyxient les éditeurs et les auteurs. L’auteur considère ensuite qu’il n’est pas normal qu’un éditeur doive, avant même d’éditer, s’acquitter d’une taxe supplémentaire prise par l’Etat (une cinquantaine d’euros pour avoir un ISBN). On peut donc se le procurer sur le site dédié ou par chèque bancaire à l’ordre de Breizh Information (BP 201, 29 834 Karaez/Carhaix PDC1) en précisant bien que c’est pour le livre Sécession.

Ce livre ouvre dans tous les cas de grandes perspectives de libération populaire et identitaire dans le cadre de communautés informelles soudées et structurées. Le temps presse. La survie des autochtones albo-européens passe par un choix crucial : soit l’infâme République hexagonale les écrasera, soit ils la chasseront de leur quotidien afin que leur retrait suscite finalement un salutaire renversement.

Salutations flibustières !

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« Vigie d’un monde en ébullition », n°26, mise en ligne le 29 mars 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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samedi, 12 mars 2022

Tyrannie à la canadienne

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La chronique flibustière de

Georges Feltin-Tracol

Au moment où le monde entier se focalise avec raison sur le sort de l’Europe orientale, des politiciens occidentaux plus ou moins gâteux traitent leurs homologues de « dictateurs » alors qu’une authentique tyrannie s’établit en silence au Canada.

Le 28 janvier 2022 débutait sur les autoroutes du royaume américain le célèbre et imposant « Convoi de la Liberté » qui allait bientôt déferler sur Ottawa dans l’ordre, la bonne humeur et la propreté. Propriétaires de leur outil de production, leurs camions, les chauffeurs routiers s’élevaient contre l’obligation vaccinale imposée pour franchir la frontière avec les États-Unis. À cette revendication initiale s’en ajoutèrent d’autres comme l’exaspération des contraintes sanitaires liberticides et une franche hostilité envers le gouvernement fédéral du libéral Justin Trudeau.

Sous prétexte d’être atteint par le covid-19, surtout désorienté par cette fronde massive inouïe inédite, Trudeau quitta piteusement la résidence officielle du Premier ministre et se réfugia dans une maison de campagne. Pendant quelques jours, les autorités municipales d’Ottawa, provinciale de l’Ontario et fédérales du Canada se trouvèrent désemparées. Incapables de comprendre cette vigoureuse protestation populaire et professionnelle, elles pratiquèrent la désinformation de masse et le détournement de l’actualité. Réfugié dans sa tour d’ivoire, en bon libéral progressiste, Justin Trudeau ne commença aucune discussion avec les camionneurs, les méprisant ouvertement.

Puis, le 14 février, aidé au Parlement par l’extrême gauche du Nouveau Parti démocratique, il activa la loi sur les mesures d'urgence. Adopté en 1988 pour remplacer la loi sur les mesures de guerre de sinistre mémoire, ce texte instaure l’état d’urgence sécuritaire. Outre l’arrestation de tout opposant et l’interdiction de manifester, ces dispositions exceptionnelles prévoient l’illégalité des occupations sur la voie publique et des blocages routiers. Pis, elles facilitent le gel immédiat du compte en banque des manifestants ainsi que leur éventuel licenciement, prémices d’une mort sociale certaine. Sans oublier un matraquage médiatique considérable en faveur du régime en place. Depuis cette date, le Canada détient des prisonniers politiques. Qui s’en  soucie ?

Justin Trudeau est bien le digne rejeton de son père, l’ignoble Pierre-Eliott Trudeau. Ce dernier usa en 1970 de la loi martiale contre le réveil national québécois. L’attitude hautaine de son gamin se comprend facilement. La révolte des camionneurs férocement réprimée entrave son projet ultime déjà mûri par le paternel de lugubre mémoire : transformer le Canada en premier État multiculturaliste, cosmopolite et post-national de l’histoire. Cette volonté délirante s’inscrit dans la diffusion et l’encensement des théories multiculturalistes les plus démentes afin de noyer, d’étouffer et de fondre la spécificité ethno-culturelle et linguistique canadienne-française (Québécois, Acadiens, communautés francophones de l’Ouest) dans un magma contractuel consumériste égalitaire civico-moral…

Le multiculturalisme officiel se prolonge aujourd’hui en idéologie wokiste. En 2019, le gouvernement fédéral a versé une subvention de 163 000 dollars au nom de la décolonisation des sciences physiques. Il importe de les libérer de leur matrice européenne ! Wokiste acharné, Justin Trudeau s’agenouille huit minutes en mémoire du délinquant multirécidiviste George Floyd. Il attend en revanche onze jours avant de condamner du bout des lèvres l’assassinat de Samuel Paty peut-être coupable à ses yeux d’être Européen… Dommage que Justin Trudeau n’ait pas de jumeau; ils auraient été les Dupont et Dupond de la politique - spectacle internationale. Trudeau a l’habitude de s’habiller à la mode locale quand il se rend en voyage officiel dans un État exotique au risque de susciter des remous diplomatiques inattendus.

Sur le plan intérieur, le Premier ministre canadien accumule autant les scandales politico-financiers que les gaffes. En pleine séance de la Chambre des Communes, il tance la députée conservatrice Melissa Lantsman coupable de soutenir les convoyeurs de la Liberté dont certains brandiraient des croix gammées. Or, cette élue accusée de néo-nazisme implicite est de confession juive…

Le tournant despotique du gouvernement canadien se caractérise enfin par une série de projets de loi destinés à combattre la haine et les discriminations.  Par exemple, un texte encore en discussion considérerait comme discriminatoire et donc passible de poursuites judiciaires le non-respect de l’identité et de l’expression de genre. Un autre entend renforcer la répression des « discours de haine ». Il prévoit qu’un certain Tribunal canadien des droits de la personne prononcerait de lourdes amendes à tous ceux qui useraient d’un « langage haineux ». Toujours dans le cadre de ce projet de loi, les individus pourraient aussi porter plainte à titre préventif, donc avant qu’ils entendent l’éventuelle infraction, envers des individus susceptibles de tenir des « propos haineux ».  Il va de soi que ce tribunal considère déjà comme un « langage de haine » tout ce qui va à l’encontre du discours officiel, de la doxa médiatique dominante et de la rhétorique gouvernementale.

Devant cette chape de plomb intellectuelle qui avance inexorablement, rares sont les associations supposées défendre les libertés d’expression et d’opinion qui s’en offusquent ! Ailleurs dans le monde non occidental, les condamnations morales tomberaient aussitôt… À l’instar de son complice néo-zélandais, le Premier ministre féminin Jacinda Ardern très en pointe dans la gestion orwellienne des foules, Justin Trudeau agit en potentat ploutocrate. Avant de se faire violemment expulsés, les participants du Convoi de la Liberté n’avaient pas hésité à décrypter Trudeau en Tyrant, Ruthless, Unrealistic, Damaging, Egotistical, Arrogant et Uncivil, soit, si on traduit rapidement, « tyran », « impitoyable », « irréaliste », « déglingué », « égoïste », « arrogant » et « impoli ». Tous ces qualificatifs finement trouvés conviennent parfaitement à ce triste sire.      

Salutations flibustières !

« Vigie d’un monde en ébullition », n°23, mise en ligne le 9 mars 2022 sur Radio Méridien Zéro.

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mercredi, 15 décembre 2021

Non-sens politico-sémantique

Almanach-Vermot-2021.jpgLa chronique flibustière

de Georges Feltin-Tracol

De nombreux et remarquables « Panoramas–Actu » sur la présente radio critiquent régulièrement les politiciens sans imagination, en particulier ceux qui profitent de la France pour toujours mieux la ruiner.

On a maintenant la confirmation qu’ils conçoivent les affaires publiques comme leur réserve privilégiée avec des noms de partis politiques inexpressifs. Depuis la fin du XIXe siècle, les partis présentaient leurs intentions programmatiques : L’Appel au Peuple bonapartiste, la Section française de l’Internationale ouvrière socialiste, le Parti républicain radical et radical-socialiste, le Parti paysan, etc.

L’ambiguïté commençait déjà à poindre avec des partis de droite qui refusaient de s’assumer en tant que tels comme l’Action libérale populaire de Jacques Piou et du comte Albert de Mun qui rassemblait les catholiques ralliés à la République, ou l’Union républicaine de France – Fédération républicaine de France (1924-1940) qui regroupait les députés de droite modérée. Il faut aussi noter que certains noms ne correspondent plus à leur évolution postérieure. Ainsi, se positionnant au centre, le Parti radical et ses succédanés ne défendent-ils plus aucune radicalité.

Le 9 octobre 2021, l’ancien Premier ministre Édouard Philippe a lancé un nouveau parti appelé Horizons, ce qui ne veut rien dire. « Horizons 2027 » aurait été plus parlant dans la perspective de la présidentielle suivante. Gageons que cette nouvelle formation politicarde dont le secrétaire général n’est autre que Christophe Béchu, le maire d’Angers, l’un des principaux détracteurs de L’Alvarium, n’a pas dû faire face à de nombreuses obstructions administratives et bancaires au contraire d’autres formations militantes.

Au lancement du parti philippiste participait La France audacieuse de Christian Estrosi, le maire « motodidacte » de Nice. Ce dernier ne pouvait pas nommer son association « La France frileuse » ou « L’Hexagone timoré ». Cette désignation fait surtout penser au slogan de François Bayrou à la présidentielle de 2002 : « La France humaine ». Il est vrai qu’il lui aurait été difficile de parcourir le pays à bord de son bus avec « La France bestiale » ou « La France automatique » inscrit dessus…

Le parti présidentiel incarne l’absence de tout signifiant. D’abord appelé En marche, il est devenu dès l’élection de son concepteur La République en marche. Faut-il comprendre que la République arrive à reculer ? LREM signifie surtout « La Répression en marche » avec une profusion inouïe de mesures liberticides établissant une tyrannie 2.0. Dans le marécage macronien où grenouillent de sémillants groupuscules (Territoires de progrès, Agir, En commun) vient chapeauter une sorte de « maison commune » appelée « Ensemble citoyens ! ». Et pourquoi pas « Ensemble clampins ! », « Ensemble moutons ! » ou « Ensemble béotiens ! » ?

La vacuité sémantique des partis politiques n’appartient pas aux seuls macroniens. D’autres partis prennent des noms grotesque. Cette mode se comprend avec la généralisation de l’« analphabétisme civique » d’une opinion sevrée d’informations et de propagande. Certes, il perdure encore le Parti communiste français, le Rassemblement national, Lutte ouvrière et même Europe–Écologie–Les Verts. Avant 2015, Les Républicains se nommèrent successivement « Union pour la majorité présidentielle » assez compréhensible avant de devenir une fumeuse Union pour un mouvement populaire (UMP).

Cette appellation avait été adoptée après de longues tractations. Certains avaient proposé « La Maison Bleue ». Aux législatives anticipées de 1988, l’alliance RPR –UDF attribuait à ses candidats l’étiquette URC, soit « Union pour le rassemblement et le centre ». Jean-Marie Le Pen s’en gaussa en parlant de l’« Union pour la redondance comique ».

Au cœur de l’UMP longtemps sarközyste, plusieurs tendances prenaient divers noms susceptibles de ravir les militants comme « La Droite libre ». En novembre 2012, les adhérents purent choisir entre la « Droite forte », la « Droite sociale », la « Droite populaire » et « Le gaullisme, une voie d’avenir pour la France ». La plus caricaturale se désignait « France moderne et humaniste ». Animée par Laurent Wauquiez, la « Droite sociale » s’adossait à un micro-parti de son fondateur, « Nouvel Oxygène ». Au moment de la guerre interne pour la présidence de l’UMP en 2012 entre François Fillon et Jean- François Copé, il exista de novembre 2012 à janvier 2013 un groupe dissident éphémère de députés fillonistes appelé « Rassemblement – UMP », une autre redondance loufoque.

Raphaël Glucksman a pour sa part créé en novembre 2018 Place publique. Combien d’électeurs comprennent-ils qu’il s’agit d’une allusion à l’agora athénienne et au forum romain ? En juillet 2017, Benoît Hamon lança Génération.s, point médian et écriture inclusive en plus. Vu les résultats électoraux, « Riquiqui » ou « Étriqué » serait plus approprié… Le débat public serait-il enfin plus riche avec « Lévrette politique », « Pissotière républicaine » ou « Mycose démocratique » ?

N’oublions pas que certains acronymes prêtent à sourire. En mars 2010, l’humoriste et saltimbanque chiraquien Patrick Sébastien mit brièvement un pied en politique avec le DARD ou « Droit au respect et à la dignité ». Il abandonna toute velléité politique trois mois plus tard, vexé et meurtri d’être qualifié par le système médiatique d’« apprenti populiste »… Des slogans électoraux sont parfois dignes de l’excellent Almanach Vermot. Aux municipales de 2020 dans la commune de Bezons dans le Val-d’Oise, la liste macroniste s’intitula « Bezons, de toutes nos forces ». Quant aux listes vertes, elles s’approprièrent le climat en s’intitulant, par exemple, « Pétahouchnock pour le climat » comme si le temps géologique se confondait ici avec une fébrilité électoraliste momentanée.

Instruit de tous ces précédents, l’instant est historique, Amis ! Votre serviteur fonde dès à présent son propre parti : le Mouvement bien profond. Nul doute qu’il remportera les prochaines échéances électorales avec plus de 500 % des suffrages avant même le premier tour surtout si on valorise son slogan principal : « Au fondement de la République, le Mouvement bien profond ! »

Salutations flibustières !


• « Vigie d’un monde en ébullition », n°13, mis en ligne sur Radio Méridien Zéro, le 7 décembre 2021.

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dimanche, 14 novembre 2021

Vaste mouchardage d’Est en Ouest

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Les journaux radio-télévisés ont confirmé l’information : le coupon papier de la RATP nécessaire pour prendre le bus, le métro ou le tram ne se vend déjà plus à l’unité dans de nombreuses stations. À terme, il doit disparaître définitivement et se faire remplacer par des équivalents dématérialisés. Le plus courant consiste dès à présent à régler depuis un téléphone portatif intelligent à l’instar du QR-code de l’Ausweis sanitaire.

Sous prétexte de combattre à la fois la fraude, le réchauffement climatique, les coûts d’impression et peut-être la nuit, cette mesure restreint encore plus la liberté de circulation déjà bien malmené par le covidisme politique. Autorité de tutelle sur la RATP et les Transiliens de la SNCF, Île-de-France Mobilités qui dépend du conseil régional présidé par Valérie Pécresse alias Madame « deux tiers Merkel un tiers Thatcher », soit la quintessence de la droite libérale autoritaire atlantiste globalitaire, ignore volontiers les usagers âgés qui ne disposent pas de smartphone ou qui ne sont que des voyageurs occasionnels.

La numérisation des titres de transport à l’heure de la hausse des prix du carburant automobile contribue au flicage généralisé de la population. Associé à la télé-surveillance qui scrute la voie publique, aux signaux émis au passage de chaque antenne-relais de la téléphonie mobile et aux billets de train sur longue distance nominatifs, le ticket virtuel va faciliter la reconstitution des déplacements de Monsieur Bidule, leurs durées, leurs fréquences, leurs arrêts, voire d’éventuelles rencontres.

Cette tendance inquiétante n’appartient pas au seul Hexagone. Londres infesté de milliers de caméras transforme le quotidien de ses habitants en une indécente émission de télé-réalité permanente. Quitte à indisposer les poutinolâtres les plus obtus, Moscou rivalise dans ce domaine avec la capitale britannique. Pire, depuis quelques semaines, le métro moscovite accepte une nouvelle manière d’emprunter ce moyen de transport. Finis le ticket-papier, la carte magnétique et le téléphone ! Bonjour la reconnaissance faciale !

L’utilisateur russe télécharge l’application, se prend en photographie et l’envoie à l’unité centrale. Quelques minutes plus tard, il se présente devant un portique spécial qui filme son visage, lui ouvre ensuite la porte et débite à l’instant sur son compte bancaire le montant prévu. Le suivi en direct de millions de personnes tous les jours alimente des bases de données gigantesques et aide les algorithmes de l’intelligence artificielle à cribler
statistiquement les cas problématiques.

Le groupe Auchan vient de commencer en banlieue parisienne une expérience inouïe au sein d’une école d’ingénieurs. Il a en effet inauguré un magasin d’alimentation ouvert vingt-quatre heures sur vingt-quatre et sept jours sur sept en libre-service sans aucune caisse enregistreuse. On entre dans le magasin. La reconnaissance faciale enregistre et comptabilise tout ce qu’on prend. On sort sans payer. Le total des achats est débité automatiquement du compte. Vantées comme des gages de rapidité, ces initiatives participent à la raréfaction volontaire des espèces monétaires. Pièces de monnaie et billets de banque circulent moins.

La pandémie a favorisé le paiement sans contact et les achats en ligne. Les établissements bancaires ferment de nombreux distributeurs, officiellement pour des motifs de rentabilité, surtout dans les zones rurales et péri-urbaines. Jacques Attali préconise, pour sa part, la fin de l’argent liquide dans les cinq prochaines années. Pourquoi cet empressement suspect ? Ne faudrait-il pas que les candidats à l’élection présidentielle proposent d’inscrire dans la Constitution le droit inaliénable de payer en espèces ? Sinon il faut s’attendre à voir bientôt le banquier exiger qu’on lui justifie ses dons militants avec la menace réelle de fermer le compte bancaire sans donner la moindre justification…

Cependant, la fin des espèces ne sera pas complète en raison du trafic de drogue. Les toxicomanes préféreront toujours acheter leur dose en cash. Maints réseaux criminels financent sections locales de certains partis politiques, édiles et fonctionnaires municipaux. Il serait difficile aux clients d’utiliser des cryptomonnaies, fort volatiles du point de vue de la valeur, dont la conversion en monnaie légale nécessiterait d’expliquer la provenance des sommes. Le Système ne veut surtout pas scier la branche sur laquelle il est assis...

Oui, le constat avancé n’est guère optimiste. Le summum du contrôle cybernétique concerne la Chine. L’usage privilégié du code social permet l’impensable : domestiquer un milliard et demi d’habitants. Autrefois, on fuyait la campagne et son village pour trouver un doux et plaisant anonymat en ville.

Aujourd’hui, c’est dans les métropoles que le Système surveille nos moindres faits et gestes en attendant d’écouter nos conversations. Des municipalités françaises ont tenté l’installation de « capteurs sonores » dans des quartiers dits « sensibles ». Il s’agit d’enregistrer tous les bruits jugés « anormaux » (carambolages automobiles, cris pendant une agression, klaxons lors d’un embouteillage). Ces capteurs peuvent aussi analyser les slogans qui fusent au cours d’une manifestation ainsi que des discussions tenues sur le trottoir entre particuliers. La justice administrative a néanmoins considéré ce procédé trop intrusif par rapport à la vie privée. Remarquons que les enceintes connectées à son domicile effectuent le même travail de compilation des données.

En Corée du Sud, dans les villes nouvelles à haute technicité, on entre dans son appartement, on conduit sa voiture, on paie ses commissions avec une seule et même carte qui transmet en permanence à l’ordinateur central des centaines d’actions amassées et répertoriées. L’ordinateur sait par exemple que le résident de l’appartement MZ du 10 e étage est rentré à 20 h 15, qu’il a pris une douche de sept minutes trente-sept secondes, qu’il a regardé un épisode sur Netflix, qu’il a utilisé son micro-onde pour chauffer un produit surgelé acheté la vieille et qu’il s’est couché à 23 h 04.

À l’ère de l’hyper-(inter)connexion globale, la vidéo, le numérique et l’intelligence artificielle deviennent des mouchards zélés. En 1951, Ernst Jünger publiait son traité du rebelle intitulé Le recours aux forêts. Un tel recours intérieur est-il encore possible ?

 Salutations flibustières !


• « Vigie d’un monde en ébullition », n°9, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro, le 9 novembre 2021.

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lundi, 01 novembre 2021

Rétablir deux vérités politiques

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

Avec l’écoulement des années, la mémoire collective flanche souvent, surtout quand le complexe médiatique d’occupation mentale la travaille en profondeur avec insistance. Il n’hésite pas en effet à tordre les faits, à travestir la réalité et à détourner le sens des évènements afin de se conformer à sa narration idéologique. Ses manipulations ne datent pas des fameuses fake news ou infox.

La politique d’intoxication volontaire de l’information se révèle désastreuse auprès des jeunes générations qui, dépourvues de sens critique et sans connaissances particulières de sujets plus ou moins historiques, contribuent à leur insu à entériner les déformations officielles. Prenons deux cas politiques français que les moins de vingt ans ne connaissent plus.

Le premier tour de l’élection présidentielle, le 21 avril 2002, marque la qualification de Jean-Marie Le Pen au duel final face au président sortant Jacques Chirac. Avec une avance de 194 505 voix, le président du Front national (FN) élimine le Premier ministre socialiste sortant Lionel Jospin.

D’abord choqués par cet incroyable coup de tonnerre, les hiérarques socialistes désignent très vite les responsables de cette élimination prématurée : le nombre élevé de candidats et la présence de Jean-Pierre Chevènement qui recueille 1 518 568 suffrages. Deux explications fallacieuses ! Seize candidats - trois trotskistes (Arlette Laguiller, Olivier Besancenot, Daniel Gluckstein), deux écologistes (Corinne Lepage, Noël Mamère), un chasseur (Jean Saint-Josse), deux ex-barristes (Christine Boutin, François Bayrou), deux libéraux (Jacques Chirac, Alain Madelin) et deux nationaux (Jean-Marie Le Pen, Bruno Mégret) – reflètent le large spectre politique du pays réel. La candidature de Jean-Pierre Chevènement sur une ligne nationale-républicaine favorable au rassemblement des souverainistes des deux rives (droite et gauche) n’attire que quelques électeurs socialistes. En fait, l’éviction de Lionel Jospin résulte d’une mauvaise campagne au cours de laquelle il déclare que, face aux licenciements industriels, « l’État ne peut pas tout » et que son « programme n’est pas socialiste ». Son échec reste l’exemple flagrant d’une campagne de premier tour conduite comme une campagne de second tour. Par ailleurs, bien que chef de file de la « Gauche plurielle », le Premier ministre battu avait accepté une multiplication des candidatures au sein de sa propre majorité parlementaire. Contre lui se présentaient Chevènement, les Verts, le communiste Robert Hue et l’exquise Christiane Taubira au nom du Parti radical de gauche (PRG). Or, les divergences entre le PS et le PRG sont d’ordre microscopique. Les 660 515 voix de Christiane Taubira se seraient naturellement portées aux deux tiers sur Jospin et, pour le dernier tiers, sur un autre candidat de gauche. L’élue guyanaise porte ainsi la lourde responsabilité de la défaite historique du candidat socialiste. Il va de soi que cette vérité ne se proclame pas, car ce serait presque outragé l’icône médiatique de la pseudo-diversité…

La seconde vérité politique à rétablir concerne les mairies FN dont la gestion dans les années 1990 aurait été ca-ta-stro-phique ! Au soir du second tour des élections municipales, le 18 juin 1995, le FN remporte trois municipalités grâce à Jean-Marie Le Chevalier à Toulon dans le Var, à Daniel Simonpieri à Marignane dans les Bouches-du-Rhône et à Jacques Bompard à Orange dans le Vaucluse. Deux ans plus tard, la liste de Catherine Mégret, l’épouse de Bruno Mégret déclaré inéligible par le Régime pour un prétexte futile, s’empare d’une autre commune des Bouches-du-Rhône, Vitrolles.

Le FN avait déjà dirigé des municipalités. Dès 1983, le maire de Thio en Nouvelle-Calédonie, Roger Galliot, se ralliait au FN, séduit par un ferme discours anti-indépendantiste. Thio devint cependant en 1985 un solide bastion indépendantiste. En 1989, un ancien député tour à tour démocrate-chrétien et gaulliste, naguère secrétaire d’État d’un gouvernement Pompidou, Charles de Pineton de Chambrun, devient le maire frontiste de Saint-Gilles dans le Gard. Toutefois, il démissionne en 1992. L’élection partielle fait retomber Saint-Gilles-du-Gard dans le giron de la droite molle. Charles de Chambrun (1930–2010) représentait la tendance modérée et atlantiste du FN. Il négocia au début des années 1980 l’implantation en France de l’ignoble Disneyland–Paris et les dérogations léonines au code du travail. Son action municipale timorée explique ce retrait prématuré.

Entre 1995 et 2001, les équipes municipales frontistes subissent le feu nourri des journalistes, des associations subventionnées et des services préfectoraux qui font leur maximum pour entraver les décisions communales.

En 2001 se tiennent de nouvelles élections municipales. Les « bobardements » et autres harcèlements incessants du Système sont-ils des succès ? Non, puisqu’il perd par 3 à 1. Les maires de Vitrolles, d’Orange et de Marignane sont réélus. Le FN gagne même avec Marie-Christine Bignon, la mère de Stéphanie Bignon, présidente de Terre et Famille, la commune de Chauffailles en Saône-et-Loire et plus précisément en Charolais, cette vieille terre d’Empire. Certes, les maires de Vitrolles et de Marignane portent à ce moment-là l’étiquette du MNR (Mouvement national-républicain). La seule défaite concerne Toulon pris par le futur macronien Hubert Falco.

Cette perte n’est pas une surprise. Pourtant, en 1997, Jean-Marie Le Chevalier (1936-2020) avait été élu député avant que son élection fût invalidée pour un motif bancal et que son épouse Cendrine, candidate à sa place, fût battue de peu par un abject « front ripoublicain ».

Le journaliste Serge de Beketch et l’écrivain Yves-Marie Adeline ont rapporté dans leurs souvenirs respectifs l’amateurisme de l’équipe toulonaise, les dissensions internes et les menaces fréquentes de la pègre locale très puissante, d’où le décès plus que suspect de l’adjoint au maire Jean-Claude Poulet-Dachary. Appartenant à l’aile modérée, venu du giscardisme et ami personnel de Jean-Marie Le Pen, Jean-Marie Le Chevalier manqua surtout d’audace et de ténacité, au contraire de ses homologues d’Orange, de Vitrolles et de Marignane.

En 2003, Catherine Mégret perd Vitrolles, victime des magouilles juridiques du Conseil d’État. Malgré son ralliement à l’UMP de Nicolas Sarközy, Daniel Simonpieri est vaincu en 2008 au profit d’un sarközyste dissident. Si Orange et Chauffailles conservent leurs édiles, ceux-ci ont abandonné l’étiquette frontiste. En 2020, Marie-Christine Bignon a transmis la mairie à Stéphanie Dumoulin et occupe une vice-présidence Les Républicains au conseil départemental de Saône-et-Loire. Seul Jacques Bompard demeure après vingt-six ans de mandat l’homme fort d’Orange. Lors des élections municipales et départementales, il est courant que dans ce coin de France, les seconds tours opposent sa Ligue du Sud au FN – RN. Un vrai rêve éveillé...

On aura compris qu’il faut sans cesse rapporter la réalité et contrer les mensonges éhontés du Système. C’est ça aussi, la réinformation !

Salutations flibustières !


• « Vigie d’un monde en ébullition », n°7, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro du 27 octobre 2021.

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samedi, 16 octobre 2021

La Lituanie, sentinelle de l’Europe ou larbin de l’Occident ?

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La chronique flibustiere de Georges Feltin-Tracol

Dans un silence médiatique assourdissant qui contraste fortement avec l’avalanche de condamnations de la Hongrie en 2015, la Lituanie érige le long de sa frontière avec le Bélarus des barrières métalliques barbelées supposées infranchissables. Sa voisine lettonne fait de même tandis que le gouvernement polonais vient de proclamer l’état d’urgence dans les régions frontalières du Bélarus.


Depuis cet été, des centaines de migrants venus d’Afrique et du Moyen- Orient traversent la nuit la frontière et demandent ensuite l’asile en Lituanie, terre de l’Union dite européenne. Bien connu pour sa servilité à l’égard des États-Unis et de l’OTAN, le gouvernement lituanien hurle à une « guerre hybride » orchestrée par Minsk. Cette accusation excessive et malintentionnée témoigne d’un réel dépit devant l’hypothétique riposte des autorités bélarussiennes. La Lituanie n’a-t-elle pas commencé cette nébuleuse « guerre hybride » en soutenant les manifestations contre le président Loukachenko et en recevant la dénommée Svetlana Tikhanovskaïa présentée à l’instar du Vénézuélien Juan Guaidó comme la présidente intérimaire du Bélarus en exil ?

On attend avec impatience que Minsk, Damas et Caracas reconnaissent la légitimité de Monsieur Michu au lendemain du second tour de la présidentielle française de l’année prochaine. Au début des années 2010, la Libye du Guide Kadhafi arrêtait aux portes du Vieux Monde les immigrés clandestins. Kadhafi prévenait les Occidentaux que sa chute conduirait à la submersion partielle du Sud de l’Europe. Il ne mentait pas ! Attaqué par des roquets étatiques de l’occidentalisme tels que la Suède, la Lettonie, la Pologne et la Lituanie, le Bélarus subit des sanctions scandaleuses. Victime d’un quasi-embargo qui profite surtout à une Russie prête à « intégrer » le Bélarus selon un processus d’« union » encore indéfinissable, le gouvernement bélarussien aurait décidé d’après les affabulateurs lituaniens et otanesques de lâcher aux marges orientales de l’Occident américanomorphe des migrants venus à Minsk à bord d’avions spécialement affrétés. Le Bélarus répondrait ainsi avec une rare audace aux manœuvres de déstabilisation de la Lituanie et de sa complice polonaise.

Non contente de persécuter les mouvements païens renaissants, la majorité conservatrice cléricale lituanienne rêve de satelliser le Bélarus comme la Pologne lorgne avec grand intérêt sur l’Ukraine. Aux XVIe et XVIIe siècles, la Lithuanie (avec un h !) et la Pologne formaient à partir de l’union de Lublin en 1569 la « République des Deux-Nations (ou des Deux-Couronnes) » dont la superficie couvrît à peu près les actuels Lituanie, Pologne, Bélarus et Ukraine.

Sous prétexte de propager les « droits humains » et une démocratie occidentale intimement viciée, la Lituanie comme d’ailleurs les oligarques russes cherche en réalité à s’emparer des ressources agricoles, industrielles et technologiques du Bélarus.

Afin d’empêcher l’entrée massive des migrants, la Lituanie a pris très tôt des mesures exceptionnelles qui restreignent leurs droits : interdiction de les libérer six mois après leur arrestation, limitation du droit d’appel des demandeurs d’asile déboutés, expulsion possible des demandeurs même si une procédure d’appel est en cours, refus légal de leur fournir un traducteur et de les informer sur les modalités de la procédure d’accueil. La Hongrie de l’« horrible » Viktor Orban n’est jamais allée aussi loin. Pourquoi les ONG droits-de-l’hommiste si promptes d’habitude à hurler à l’hydre néo-nazie toujours renaissante se taisent-elles pour la circonstance ? Les instances pseudo-européennes justifient ces procédés au motif que l’Union dite européenne autorise ses États membres à déroger du cadre commun. Belle hypocrisie ! On s’en souviendra !

Les ONG et le gouvernement lituanien poursuivent l’objectif commun d’un Occident-monde en déclin. Pilier indéfectible de l’atlantisme en Europe, la Lituanie conteste toute idée d’armée européenne et refuse la moindre coopération aux projets industriels européens de défense. Elle lie son avenir à celui des États-Unis d’Amérique. Ce fidèle laquais de l’américanisme se doit donc de connaître les joies multiculturalistes de la « société ouverte ».

L’arrivée d’Afghans, d’Irakiens, de Somaliens à Vilnius, à Kaunas et à Klaipéda risque de bouleverser la société lituanienne. Tant mieux d’autant que maints Lituaniens disposent déjà de la citoyenneté étatsunienne, eux qui sont finalement dans leurs têtes malades et dans leurs mœurs des « Américains de la Baltique ». Grand admirateur des « Frères de la Forêt » (la résistance balte anti- soviétique dans la décennie 1940), l’auteur de la présente chronique saluait la chaîne humaine de 690 km du Nord au Sud constituée ce 23 août 1989 par la population des trois nations baltes encore républiques soviétiques en souvenir des cinquante ans du Pacte Ribbentrop – Molotov scellant leur destin tragique pour quatre décennies. Trente ans plus tard, il constate que les Pays baltes contribuent à la diffusion du mondialisme occidental contraire aux intérêts fondamentaux de la civilisation albo-européenne.

Par-delà les sempiternelles jérémiades d’un pays qui veut, comme dans la fable de La Fontaine, se faire plus gros que le bœuf, la Lituanie mise sur le mauvais cheval. À la tête du tout premier État non-libéral d’Europe, le président Alexandre Loukachenko n’acceptera jamais de se soumettre aux mafias occidentales. Il serait temps que les Lituaniens prennent leur avenir en main et cessent d’être des marionnettes de Washington, de Londres et de Bruxelles. Gageons qu’ils préféreront toutefois se fourvoyer dans un nouveau guêpier !

Salutations flibustières !

• « Vigie d’un monde en ébullition », n°5, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro, le 12 octobre 2021.

09:16 Publié dans Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

vendredi, 01 octobre 2021

L’OTAN et sa projection AUKUS

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La chronique flibustiere de Georges Feltin-Tracol

François Hollande n’a jamais eu de chance. Tout ce qu’il a entrepris en tant que président de la République vire au fiasco en cascade. L’annulation surprise par l’Australie du contrat mirobolant de vente de sous-marins en est un nouvel exemple. Le désaveu est aussi cinglant pour l’actuel ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, qui l’avait négocié en tant que ministre de la Défense. Mortifié par la décision du Premier ministre australien Scott Morrison, Emmanuel Macron a ordonné le rappel immédiat et pour une durée indéterminée des ambassadeurs français en poste à Canberra et à Washington. En effet, l’Australie préfère la livraison de sous-marins à propulsion nucléaire de fabrication étatsunienne.

Doit-on être surpris de ce choix qui prouve le double discours anglo-saxon ? Certes, ce matériel n’entre pas dans le cadre du traité de non-prolifération nucléaire signé par l’Australie. Mais si la Chine avait donné le même type d’engin à Téhéran ou à Pyongyang, Washington aurait dénoncé un manquement grave aux traités internationaux.

Ce nouveau coup de Trafalgar présente plusieurs avantages pour l’Anglosphère. Il fragilise d’abord tout développement d’une industrie de défense française et européenne émancipée des États-Unis. La Suisse préfère acheter les avions de combat de l’Oncle Sam plutôt que des Rafale bien plus performants. Les Britanniques taclent le gouvernement français au moment où s’accentuent les tensions à propos des traversées clandestines de migrants et des zones de pêche dans la Manche. Dans la perspective du troisième référendum d’autodétermination du 12 décembre prochain en Nouvelle- Calédonie, les Anglo-Saxons travaillent à la fin de la présence française en Océanie. Ils encouragent en sous-main les indépendantismes kanak et polynésien et favorisent la prolifération des sectes évangéliques sur place.

L’annulation du contrat français consacre enfin la nouvelle alliance appelée AUKUS en raison des initiales anglaises de ses membres. Cette nouvelle « Triple Alliance » belliciste des antipodes vise à contrer l’activisme diplomatique chinois en Océanie aux dépens de Taïwan. Elle regroupe l’Australie, les États- Unis qui ont dans la région l’île de Guam, les Samoa américains, et la fédération des îles Marianne du Nord, et la Grande-Bretagne présente dans le Pacifique-Sud par, d’un côté, sa possession autonome de Pitcairn et, d’un autre, par des États du Commonwealth (îles Salomon, Samoa occidentales, Karibati, Tuvalu, Nauru, Vanuatu et les Fidji). La conclusion de ce pacte est le premier succès diplomatique engrangé d’un Royaume-Uni hors du carcan bruxellois. Quant à l’Australie, elle a l’habitude de suivre Washington. Des troupes australiennes ont combattu au Vietnam et en Irak.

Rendu public le 15 septembre 2021, le pacte ANKUS se substitue au traité de sécurité militaire dans le Pacifique signé à San Francisco le 1 er septembre 1951 entre l’Australie, les États-Unis et la Nouvelle-Zélande appelé ANZUS. Il cessa de fait en août 1986 quand les États-Unis suspendirent leur engagement à l’égard de la Nouvelle-Zélande travailliste, écologiste et pacifiste, qui refuse depuis l’accueil dans ses ports de tout bâtiment nucléaire. À l’échelle de l’aire Asie – Pacifique, AUKUS devient la clé de voûte stratégique d’une coopération militaire esquissée autour du QUAD (Groupe quadrilatéral de coordination de la défense) qui rassemble les États-Unis, l’Australie, le Japon et l’Inde. Il s’agit d’un retour partiel à l’OTASE (Organisation du traité de l’Asie du Sud-Est) qui, de 1954 à 1977, réunissait dans une volonté de contrer l’URSS et la Chine populaire l’Australie, les États-Unis, la Grande-Bretagne, la Nouvelle-Zélande, les Philippines, la Thaïlande et le Pakistan qui s’en retira en 1973. Ces nouvelles manigances géo-diplomatiques entendent maintenant contenir la Chine, la Russie et la Corée du Nord, voire le Myanmar…

Il faut par ailleurs rapprocher ces deux dispositifs asiatique et océanien à l’échelle intercontinentale avec les « accords d’Abraham » conclus en 2020. La reconnaissance de l’État d’Israël par des pays arabes et musulmans comme Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Maroc et le Soudan qui rejoignent l’Égypte et la Jordanie, renouvelle avec de nouveaux partenaires le fameux « Pacte de Bagdad » du 24 février 1955 signé entre la Turquie et l’Irak et qui devint avec l’adhésion du Royaume-Uni, de l’Iran et du Pakistan la CENTO (ou Organisation du traité central) disparue en 1979. Les accords d’Abraham s’opposent au jeurégional de l’Iran, de l’Irak, de la Turquie, de la Syrie, de la Russie et de l’Afghanistan.

AUKUS et accords d’Abraham participent ainsi au projet géopolitique mondial des néo-conservateurs. Le pacte AUKUS renforce les liens étroits tissés entre les services de renseignement, civils et militaires, étatsuniens, britanniques, australiens, néo-zélandais et canadiens au cours du dernier demi-siècle dans le cadre des Five Eyes (les « Cinq Yeux »). Il offre à l’OTAN aujourd’hui composée de trente membres parmi lesquels la Slovaquie, le Monténégro, la Macédoine du Nord ou l’Albanie bien connus pour leurs magnifiques plages donnant sur l’Atlantique, une dimension planétaire. George W. Bush rêvait que le Japon ou l’Australie, déjà liés dans le cadre du « Partenariat global » otanien, intégrassent une « OTAN globale ». La France de Jacques Chirac s’y opposa fermement et fit capoter l’extension planétaire de l’organisation atlantiste. Elle en paie désormais le prix.

Paris aura beau réclamer une armée européenne; cela restera un vœu pieux. Les dirigeants des États-membres de l’Union dite européenne restent les fidèles laquais de l’Alliance Atlantique. Les réseaux atlantistes occupent par ailleurs une place non négligeable dans la haute-administration, la presse, les affaires, la haute-hiérarchie militaire et le personnel politicien ainsi que dans les banlieues de l’immigration. Les gesticulations diplomatiques françaises expriment surtout une vaine déception colérique. De plus en plus dépendant de la logistique étatsunienne, l’Hexagone ne peut plus se permettre de rompre avec l’Ogre atlantiste. Qu’Emmanuel Macron le comprenne bien, la gifle australienne qu’il vient de recevoir n’est que la première d’une longue série de baffes diplomatiques.

Salutations flibustières !


• « Vigie d’un monde en ébullition », n°3, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro, le 28 septembre 2021.

Pour l'écouter cliquez ici

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mercredi, 29 septembre 2021

Société contradictoire

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La chronique flibustière de Georges Feltin-Tracol

L’actuel cirque covidien présente l’avantage de révéler les contradictions inhérentes à la société française et aux impasses qui en résultent. L’obligation du passeport sanitaire pour entrer au restaurant, dans les transports en commun sur de longues distances, au cinéma, au musée et dans les centres de loisirs avalise une ségrégation implicite entre les vaccinés et les non-vaccinés avec des cas personnels parfois absurdes pour les expatriés de retour en France traités par des vaccins chinois et russe non reconnus par les instances mafieuses dites pharmaceutiques occidentales. Or, au début de la crise sanitaire, le virus ignorait les frontières. En revanche, avec l’Ausweis vaccinal, il choisit les terrasses plutôt que les rames bondées du métro.

La hantise répétée des prescripteurs d’opinion reste néanmoins le refus officiel de la moindre différenciation. Or distinguer par le QR-code une personne vaccinée d’une autre qui ne l’est pas constitue une incontestable discrimination sérologique ou médicale. Ainsi, comme il existe de bons et de mauvais chasseurs ou de bons et de mauvais chanteurs de hard rock, il existerait sous nos cieux laïques, tolérants et bien-pensants d’horribles discriminations à combattre et d’autres, hautement citoyennes, à valoriser de manière bien sûr républicaine.

Ainsi a-t-on vu du 1er décembre 2020 au printemps 2021 une campagne d’affichage financée par Santé publique France autour des malades du VIH qui propage le même message : « Aujourd’hui, avec les traitements, une personne séropositive peut vivre pleinement et en bonne santé sans transmettre le VIH. Vivre avec le VIH, c’est d’abord vivre. »

Décrivons rapidement chacune des cinq affiches. La première montre de dos une femme et un homme enlacés sur le toit d’une métropole au Soleil couchant. Outre le slogan principal, on lit aussi en gros caractères : « Séropoétique ». La deuxième montre un couple hétérosexuel qui s’enlace dans une pièce et balance : « Séropolissons ». La troisième présente deux hommes heureux au lit. Leur comportement ne peut être que « Séropossessif ». La quatrième met en scène deux teufeurs des banlieues visiblement ravis de s’éclater, d’où le slogan : « Séropopulaire ». La cinquième, enfin, expose un couple africain et leur jeune fille, tous enthousiasmés, parce que « Séropopstars ». Remarquons qu’aucune de ces affiches n’applique les fameux gestes-barrières et le port du masque. Cette campagne officielle donne le vertige d’y voir un monde parallèle. Elle valorise la normalité des personnes atteintes du sida à l’heure où les non-vaccinés et les malades du covid mis en isolement avec en prime visite domiciliaire de la police sont accusés d’irresponsabilité pathologique.

La focalisation des autorités de santé sur le sida exprime toute l’importance qu’elles accordent aux comportements sexuels et à la toxicomanie, synonymes dans leur esprit pervers d’activités festives, ludiques et joyeuses. En effet, à part le cas des transfusés sanguins et des enfants contaminés dès leur naissance par leurs mères séropositives, les autres malades du sida sont, au contraire des patients du covid-19, victimes de leurs propres turpitudes.

C’est par ailleurs au nom de la lutte contre le sida que la mairie de Paris entend ouvrir de nouveaux centres de shoot avec le léger inconvénient d’exporter hors de la gare du Nord et du quartier de « Stalincrack » quelques désagréments dans les autres arrondissements. Un pognon de dingue est ainsi gaspillé pour aider des zombies irrécupérables.

On ne peut en outre que se scandaliser du double discours officiel. Se vacciner serait un acte civique.

Pourquoi alors ne pas étendre le « pass sanitaire » aux sidéens d’autant qu’il n’existe aucun vaccin ? On oublie que dans les années 1990 – 2000, la communauté gay se déchirait à propos du barebacking. Ce terme désigne des rapports sexuels volontairement sans préservatif. Des écrivains tels Érik Rémès ou le défunt Guillaume Dustan se vantent dans leurs écrits de pratiquer dans les backrooms cette conduite dangereuse. Afin de ne pas éveiller les soupçons, certains barebackers n’hésitent pas à percer leurs capotes au préalable.

Magnifié par un cinéma hexagonal déjà à bout de souffle, le film de Cyril Collard, Les nuits fauves sorti en 1992, reçoit en mars 1993 les Césars du meilleur film, de la meilleure première œuvre, du meilleur espoir féminin et du meilleur montage, trois jours après le décès de son réalisateur – scénariste touché par le sida. Ce film autobiographique raconte la vie vers 1986 de Jean, interprété par Cyril Collard lui-même, bisexuel assumé, qui a une relation avec Laura jouée par Romane Bohringer. Cette dernière peut-elle par amour se faire contaminer ? On frise ici l’interrogation métaphysique.

À la même époque, Act Up - Paris mène des actions médiatiques violentes. Ses militants balancent du liquide rouge, symbole du sang, sur des personnalités publiques. Ils envahissent l’accueil des entreprises pharmaceutiques au cri de « Des molécules pour qu’on s’encule ! » Jamais les gouvernements successifs n’ont osé dissoudre ce groupe perturbateur de l’ordre public. Quelques années auparavant, quand Jean-Marie Le Pen suggéra lors de « L’Heure de vérité », l’émission politique-phare d’Antenne 2, d’isoler ce qu’il nommait les « sidaïques », médecins, experts et journalistes s’élevèrent contre ses propos. De nos jours, des politiciens avancent des mesures semblables à propos du coronavirus. Rappelons que l’acquisition du sida provient à 99 % d’actes lubriques ou toxicomaniques.

Dans Libération du 16 août 2021, la rubrique éphémère « Sexe, l’été sera chaud » s’intéresse à un certain Florent Benoît. Le journaliste Matthieu Écoiffier raconte que ce « modèle, aquarelliste et égérie de la communauté gay » est pris – je cite - « pour un vieux con car il ne prend pas de drogue, hormis de la bière. Et qu’il est le dernier à utiliser des capotes quand tous ses potes sont sous Prep, le traitement préventif anti-VIH ». Les potes en question paient-ils cette médication de leur poche ou bien est-ce la collectivité nationale qui régale ? Mais on accuse les tests PCR et antigéniques de creuser le déficit de la Sécurité sociale… De même, œuvrant à la Fondation Jean-Jaurès, proche du PS, Chloé Morin fustige « ces “ héros ” [qui] ne défendent rien d’autre, au fond, qu’un nouveau droit, celui de mettre en danger, voire potentiellement de tuer, au nom de leur bon plaisir ». Qu’on se rassure ! Chloé Morin ne vise pas ici les minets du Marais. Sa chronique, intitulée « Démocratie et antipasse » parue dans L’Express du 19 août 2021, dénonce les manifestants anti-pass. Il est si facile de critiquer le covidoscepticisme !

Qu’attend donc Santé publique France pour affronter la « covidophobie » ambiante ? Ne peut-on pas être en 2021 « covidopopstars », « covidopopulaire », « covidopossessifs », « covidopolissons » ou bien « covidopoétique » ? Pourquoi n’y lirait-on pas : « Aujourd’hui, avec les traitements comme l’hydroxychloroquine, une personne positive à la covid-19 peut vivre pleinement et en bonne santé. Vivre avec la covid-19, c’est d’abord vivre » ? À croire que l’épidémie coronavirale ne serait qu’un sordide prétexte pour mieux mâter les peuples...

Salutations flibustières !


• « Vigie d’un monde en ébullition », n°2, mise en ligne sur Radio Méridien Zéro, le 21 septembre 2021. Pour écouter cette émission cliquez ici

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lundi, 12 juillet 2021

Demain la guerre civile, vraiment ?

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Georges Feltin-Tracol

Il y a trente ans, en 1991, l’ancien policier Charles Pellegrini répondait aux interrogations de Serge Ferrand dans un ouvrage au titre inquiétant : Demain la guerre civile ? Le thème fait depuis florès tant en librairie que dans les débats audio-visuels et sur les réseaux sociaux numériques. Suite à la fameuse tribune des militaires mise en ligne sur Place d’armes et reprise par Valeurs actuelles, un sondage de l’Institut Harris montre que 45% des Français estiment que nous allons vers une guerre civile. La France connaîtrait dans les prochaines décennies, dans les prochaines années, voire dans les prochains mois, de terribles déchirements internes. L’hypothèse la plus envisagée opposerait les Français d’origine européenne aux descendants des populations allogènes venues d’Afrique et d’Orient, souvent de foi mahométane, à l’instar des deux tomes du surfait Guérilla de Laurent Obertone. Le concept de guerre civile à venir est-il cependant crédible ?

Si la Guerre d’Algérie a conduit au début des années 1960 l’Hexagone au bord de la guerre civile, la dernière en date remonte à 1944–1945 avec la sanglante « Épuration ». Les commentateurs qui parient sur cette éventualité gardent en mémoire la longue guerre du Liban (1975–1990) et s’imaginent des scènes semblables au conflit syrien dans des paysages berrichons, marseillais ou bretons familiers. Ils se trompent !

Des événements comparables n’affecteraient pas l’Hexagone, car les tensions supposées pourraient être d’ordre moléculaire, c’est-à-dire de basse intensité. Certes, les heurts pourraient être violents, mais ils se limiteraient à des zones géographiques précises. En outre, la France n’est ni le Liban, ni la Syrie ou l’Irak. On voit mal en effet un membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, détenteur de l’arme atomique, qui dispose de plusieurs centrales nucléaires et des centres de retraitement radio-actif, première puissance militaire de l’Union pseudo-européenne, plonger sans la moindre réaction dans un conflit intérieur. Sait-on par ailleurs que plus de soixante-dix chefs d’État et de gouvernement y possèdent une résidence secondaire ? Par exemple, le roi du Maroc séjourne longuement dans un château d’Île-de-France ; la dynastie royale belge passe ses vacances sur l’île d’Oléron ; la famille grand-ducale de Luxembourg est mitoyenne du fort présidentiel de Brégançon au bord de la Méditerranée.

Il est donc difficile de croire que le voisinage de la France, les institutions de l’Union dite européenne et l’Alliance Atlantique assisteraient au délitement socio-politique français. En cas d’effondrement des institutions républicaines et de vacance complète du pouvoir, l’OTAN et la Commission de Bruxelles interviendraient certainement dans le cadre d’une résolution onusienne avec l’intervention de forces armées restauratrices de l’« ordre » marchand–progressiste. Verrait-on alors l’entrée en fonction d’une AMGOT (gouvernement militaire américain des territoires occupés) nouvelle mouture prévue à la veille de l’invasion anglo-saxonne du 6 juin 1944 et jamais appliquée en raison de l’hostilité virulente du général De Gaulle et de la Résistance intérieure ?

En cas de guerre civile « perlée » ou totale, qui profiterait finalement de la situation anxiogène ? Gageons que le Bloc occidental atlantiste (BOA) serait ravi d’étouffer la voie spécifique française, de la contraindre à rentrer définitivement dans la nasse mondialiste et de lui retirer sa précieuse dissuasion nucléaire à l’avantage de Washington, de Bruxelles et de Berlin, deux fidèles larbins du Capitole, de Wall Street et d’Hollywood. Ce n’est pas anodin si depuis la présidence de Bill Clinton (1993–2001), l’ambassade étatsunienne installée à un jet de pierre de l’Élysée investit massivement dans les banlieues de l’immigration. Les officines yankees se retrouvent avec leurs concurrentes britanniques, turques, israéliennes, algériennes et marocaines.

Si un conflit identique aux tragédies survenues au Yémen ou en Afghanistan est assez improbable, une stratégie de la tension proche des « années de plomb » 1970–1980 en Italie ou de la « crise d’octobre » 1970 au Québec s’envisage réellement. Il est en tout cas évident que l’hyper-caste cosmopolite a décidé d’accélérer et d’amplifier le populicide programmé des Albo-Européens.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°222, mise en ligne sur TVLibertés, le 6 juillet 2021. Il s’agit de l’ultime « Chronique du Village planétaire » destinée à TVLibertés.

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mardi, 06 juillet 2021

Un empire colonial oublié...

Roussillon.jpgGeorges Feltin-Tracol

Les vacances estivales approchent. L’instant est favorable pour suggérer quelques lectures agréables et instructives. Certes, le livre présenté aujourd’hui va mécontenter Assa Traoré et tous les universitaires de l’Hexagone qui ne jurent plus que par l’islamo-gauchisme intersectionnel décolonial inclusif à fort tropisme suprémaciste féministe – trans – saphique.

À la suite de Bernard Lugan qui rédige d’ailleurs la postface et de Rémy Porte, rédacteur de l’avant-propos, Sylvain Roussillon vient de publier chez Via Romana L’épopée coloniale allemande (272 p., 25 €). Les curieux de l’histoire non conformiste le connaissent bien puisqu’il a signé en 2012 chez le même éditeur Les Brigades internationales de Franco et a republié ces derniers temps aux Éditions du Toucan – L’Artilleur L’autre guerre d’indépendance américaine : 1812, le conflit méconnu.

Les Français ignorent qu’à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, le tout jeune État allemand détient des possessions ultra-marines en Afrique avec le Togoland, le Kamerun, le Ruanda–Urundi, le Tanganyika, le Sud-Ouest africain, en Asie avec la ville chinoise de Kiao-Tchéou, et en Océanie avecla partie septentrionale de la Papouasie – Nouvelle-Guinée, les îles Mariannes, Marshall, Carolines ainsi que Nauru.

Longtemps hostile à l’aventure coloniale, le chancelier Bismarck comprend l’insistance des commerçants à trouver des débouchés divers et devine l’avantage géopolitique de maîtriser des territoires extra-européens. Cependant, cet élan ne date pas de la décennie 1870 ! L’auteur revientsur la « préhistoire » de la colonisation germanique outre-mer. Au XVIe siècle, une famille de banquiers, les Welser, cherche à s’implanter à l’Ouest du Venezuela. Le duché de Courlande tente d’investir l’île antillaise de Tobago. Entre 1669 et 1680 existent entre les Guyanes et le Brésil les « Indes hanauriennes » de langue allemande. On trouve aussi le long du littoral africain des comptoirs liés aux entités du Saint-Empire romain germanique.

Si L’épopée coloniale allemande évoque les différentes manières de s’emparer de nouveaux territoires, l’ouvrage mentionne aussi leur perte au cours de la Première Guerre mondiale. Les cas ne sont jamais uniformes. Malgré l’isolement, le manque certain de ravitaillement et la supériorité numérique croissante de leurs ennemis anglo-saxons, portugais et japonais, les colons allemands du Kamerun, du Sud-Ouest africain et de l’Afrique orientale résistent avec une rare ténacité. Ainsi Sylvain Roussillon rapporte-t-il les exploits de Paul Emil von Lettow – Vorbeck qui tient tête à l’Empire britannique jusqu’au 29 novembre 1918. Dans le Pacifique s’activent des équipages « corsaires » sous l’étendard à croix de fer !

Le 26 mai 2021, le gouvernement allemand a reconnu la responsabilité de l’Allemagne dans les massacres de masse en Namibie au moment de la révolte des Héréros et des Namas entre 1904 et1908. L’auteur aborde cette tragédie en l’inscrivant dans son contexte et sans verser dans l’anachronisme tendancieux en vogue chez les incultes. Dommage que l’Australie, la Nouvelle-Zélande et la Grande-Bretagne ne s’excusent pas auprès des descendants des colons allemands détenus dansdes conditions d’internement effroyables. Londres ne se repent pas de la persécution des Acadiens, des Irlandais et des Boers. Quant à la République française – et non la France, nuance ! -, peut-être responsable du génocide au Ruanda en 1994, elle devrait se préoccuper en priorité du génocide vendéen et enfin indemniser les héritiers, directs ou non, des victimes par une allocation mensuelle versée sur sept générations de 1793 euros.

Rédigée avec brio dans une langue claire, vivante et précise, L’épopée coloniale allemande synthétise et dépasse les travaux de Bernard Lugan et de Rémy Porte. Cet ouvrage en appelle d’autres explorant la colonisation belge, espagnole, italienne, néerlandaise, voire danoise. Il mériterait de recevoir un prix tant son sujet va à contre-courant de l’étouffante narration officielle historiquement correcte.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°221, mise en ligne sur TVLibertés, le 1er juillet 2021.

Source Europe Maxima cliquez là

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mardi, 29 juin 2021

Ce despotisme qui vient des antipodes

Ardern-194x250.jpegGeorges Feltin-Tracol

La présente chronique concerne encore une fois la Nouvelle-Zélande et son sémillant Premier ministre, l’ineffable Jacinda Ardern (en médaillon), icône planétaire du camp progressiste en attendant l’installation possible de la Verte Annalena Baerbock à la Chancellerie allemande. Non, le chroniqueur hebdomadaire ne fait aucune fixation sur la terre des sympathiques animaux kiwis. Il remarque simplement que cet archipel des antipodes se trouve souvent à la pointe de la Subversion cosmopolite.

Dès 1893, Auckland octroie le droit de vote aux femmes qui ne pourront toutefois se porter candidates qu’à partir de 1919. Le beau sexe bénéficiait de droits civiques plus larges selon certains critères sous l’Ancien Régime quand le suffrage, encadré et organisé, s’inscrivait dans une continuité organique, communautaire et hiérarchisée réelle. Le féminisme, l’hostilité au nucléaire, le multiculturalisme, les restrictions covidiennes aux libertés publiques et privées et d’autres initiatives ubuesques prolifèrent sans commune mesure dans cet État du Pacifique Sud. Ainsi, le 17 octobre 2020, à l’occasion des élections législatives, les Néo-Zélandais furent-ils conviés à participer à deux référendums consultatifs dont l’un portait sur la légalisation du cannabis. Le « non » l’emporta de justesse à 51,17 %.

La légalisation des « joints » aurait été paradoxal alors que le gouvernement néo-zélandais s’apprête à éliminer dans les prochaines années les cigarettes. Produit de la Modernité dû à la « découverte » de l’Amérique, le tabac n’est pas un ami. Dans ses mémoires inachevés, Engagements pour la civilisation européenne. Souvenirs (Alexipharmaque, 2013), Jean-Claude Valla, sans mentionner Dominique Venner, rapporte avoir entendu des centaines de fois à la Fédération des étudiants nationalistes et à Europe Action que « “fumer, c’est oriental” ou “fumer, ce n’est pas nationaliste” ». On ne peut en effet que déplorer que maints amis fument et gaspillent leur argent au profit d’un État et de multinationales qui les détestent.

La Nouvelle-Zélande a voté une loi qui entrera en vigueur le 1er janvier 2022. Elle interdira aux personnes nées après 2004 d’acheter du tabac. C’est une nouvelle forme de prohibition. Cette incroyable information provient d’un bulletin hebdomadaire confidentiel hexagonal d’inspiration complotiste nommé L’Express du 29 avril 2021. La prudence s’impose donc… On lit cependant dans l’article signé Corentin Pennarguear, probablement le pseudonyme d’un adepte de QAnon – France, que « le gouvernement prévoit […] de limiter l’âge légal pour acheter des cigarettes à 18 ans, puis de relever cette limite d’un an chaque année. Toute une génération serait ainsi privée de tabac ». Privée de tabac sûrement, mais pas de cannabis dont la légalisation, hélas !, est inéluctable. Son emploi systématique peut constituer un instrument ingénieux de contrôle social.

Certes, cette interdiction prochaine pose la question de la liberté personnelle. Pour Shayne Nahu, responsable de recherche à la Cancer Society of New Zealand, « de quelle liberté parle-t-on quand vous souffrez d’une addiction ? » L’argument peut se retourner et s’appliquer à d’autres sujets de société. Un défenseur de la vie pourrait arguer « de quelle liberté parle-t-on quand il s’agit de protéger l’embryon à naître ? » Il devient évident que le slogan féministe débile « Mon corps m’appartient » se relativise devant les faits. Via le bannissement du tabac, l’infantilisation des citoyens s’accélère…

Après cet interdit générationnel, rien n’empêcherait l’instauration d’autres exclusions comme, par exemple, ne plus consommer de la viande un jour par semaine, de ne pas regarder TVLibertés, de ne pas écouter les radios dissidentes, de ne pas détenir, ni de lire des ouvrages « controversés », voire, dans un ordre d’idée inversé, l’obligation légale d’acheter et de consommer des produits stupéfiants.

Sous couvert d’une cause sanitaire honorable, le gouvernement travailliste néo-zélandais viole la vie privée et la caporalise. Cette ingérence n’est pas propre à ce pays anglo-saxon. Aux États-Unis, de nombreux propriétaires interdisent par contrat à leurs locataires de fumer chez eux. Ils exigeront bientôt de connaître leurs orientations politiques et religieuses… « Le rêve radical d’un pays sans tabac » valide l’adage populaire pour quoi « l’Enfer est pavé de bonnes intentions », surtout dans un Occident américanomorphe en phase terminale dépassée.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°220, mise en ligne sur TVLibertés, le 22 juin 2021.

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vendredi, 18 juin 2021

Une tradition politique méconnue : souffleter le locataire de l’Élysée

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Depuis le jeudi 10 juin 2021, la France compte un nouveau prisonnier politique. Âgé de 28 ans, Damien Tarel a souffleté Emmanuel Macron en visite pré-présidentielle aux frais des contribuables à Tain-L’Hermitage dans la Drôme, ce mardi 8 juin. La pichenette a scandalisé tout le cloaque politico-médiatique, de l’extrême gauche à l’extrême droite du Système. Tous les politiciens professionnels ont protesté, oubliant qu’ils vivaient dans le pays qui tranchât la tête de son roi légitime et qui laissât mourir en prison un vieux chef de l’État détenu sur une île au large de la Vendée.

En trois jours, Damien Tarel est condamné à dix-huit mois de prison dont quatorze avec sursis, à l’interdiction de détenir des armes pendant cinq ans, à la privation de ses droits civiques pendant trois années, à l’interdiction définitive d’exercer des fonctions publiques et à l’obligation de recevoir des soins psychologiques, ce qui fleure bon l’Union Soviétique de Brejnev et l’internement des dissidents en asile psychiatrique. Au terme d’un procès expédié selon la procédure de la comparution immédiate, le tribunal a délivré un mandat de dépôt pour les quatre prochains mois. Une telle sentence interroge par sa sévérité. Un certain Benalla qui fut bien plus violent à Paris n’est toujours pas passé en jugement trois ans après la commission des faits… Combien de délinquants qui pourrissent le quotidien des Français bénéficient-ils d’un sursis ? A-t-on besoin d’incarcérer un opposant politique au casier judiciaire vierge ? Les prisons ne sont-elles déjà pas surpeuplées ? Le bracelet électronique n’aurait-il pas été une meilleure solution ?

Habituellement complaisants envers les terroristes allogènes toujours mentalement dérangés, les médiats officiels ne présentent pas le praticien d’arts martiaux médiévaux européens – gifleur présidentiel comme un brave type, un gentil garçon et un charmant voisin. Ils se plaisent à le dénigrer. N’est-il pas la première victime de la société multiculturaliste capitaliste-libérale de surveillance ? Ne mériterait-il pas les circonstances atténuantes ? Son geste de colère rappelle un épisode de la troisième et ultime saison de Baron noir. Il a aussi crié : « Montjoie Saint-Denis ! À bas la macronie ! ». Quelle agression sonore ! S’il avait beuglé « Mon gars vive la macronie ! » et caressé la joue de Manu, il se serait retrouvé sur le plateau des égouts télévisuels « Quotidien », Brut et AJ+…

À l’écart des indignations sélectives, l’écrivain Renaud Camus, lui aussi régulièrement persécuté par le Système, a rédigé un succulent tweet : « Quel snobinard, ce Macron… Au lieu de se faire agresser par un occupant comme tout le monde, il arrive à se faire agresser par un indigène… » Quant à Julien Langella dans sa chronique hebdomadaire dans le quotidien Présent du 12 juin 2021, il salue la « gifle chevaleresque infligée au banquier de l’Élysée. Face à un ordre vermoulu et contre-nature, l’insulte et l’irrespect sont des actes légitimes de subversion ». Oui, subvertir la Subversion installée devient un impérieuse priorité !

Par son acte vraiment transgressif, Damien Tarel s’inscrit dans une longue tradition de réfractaires au désordre « ripoublicain » ambiant. Le 17 janvier 2017, pendant les primaires de la gauche, à Lamballe en Bretagne, l’ancien Premier ministre Manuel Valls reçoit une belle gifle. Âgé de 18 ans, Nolan Lapie est condamné à trois mois de prison avec sursis et à cent cinq heures de travail d’intérêt général. Quelques mois plus tard, il se présente en suppléant de Dieudonné dans la première circonscription de l’Essonne contre le même Valls. Le 30 juin 2011, Hermann Fuster attrapait par le col Nicolas Sarközy à Brax (Lot-et-Garonne). Il écopa pour cela de six mois de prison.

L’hystérie médiatique qui découle de ce petit soufflet drômois a-t-il suscité d’autres actions ? Le vendredi 11 juin à Nantes, la tête de liste LREM aux régionales, François de Rugy alias « Monsieur Homard et Crustacés », et, le lendemain à Paris, Jean-Luc Mélenchon, nouveau pote de Papacito, se font enfariner. D’habitude, ce sont eux et les autres politicards qui enfarinent les Français…

En pleine affaire Dreyfus, le 4 juin 1899, Fernand Chevreau, baron de Christiani, un ardent anti dreyfusard proche des milieux royalistes et bonapartistes, distribue quelques coups de canne sur le haut de forme du président Émile Loubet venu sur une tribune de l’hippodrome d’Auteuil. Immédiatement arrêté, le baron Christiani passe le 13 juin suivant devant la Xe chambre correctionnelle de Paris qui le condamne à quatre ans de prison ferme ! Il sera néanmoins libéré de Fresnes, le 24 mars 1900.

Le président Armand Fallières a l’habitude de se promener autour des Champs-Élysées. Le 26 décembre 1908, il marche, avenue d’Iéna. Un garçon de café de 34 ans, Jean Mattis, Camelot du roi par ailleurs, le reconnaît et part à sa rencontre afin de lui tirer la barbe. Cette attaque à la barbichette lui vaut quatre ans de prison ! Lors de la célébration du millénaire normand, le même Fallières se rend à Rouen le 24 juin 1911. Un Français de dix-sept ans le conspue aux cris de « Vive la Normandie ! Vive la France ! Vive le Roi ! À bas la République ! À bas Fallières ! » Arrêté et passé à tabac par les policiers sans que les amis de George Floyd ne réagissent, Henri Lagrange est condamné à six mois de prison ferme. Il purge sa peine en détenu de droit commun. Ses conditions déplorables d’internement scandalisent maints hommes de lettres dont Guillaume Apollinaire, Frédéric Mistral, Paul Bourget, Paul Fort, Pierre Loti, etc., qui signent une pétition en sa faveur. Sans succès ! Camélia Jordana n’était pas encore au rendez-vous…

Militant d’Action Française proche de Georges Valois et du Cercle Proudhon, Henri Lagrange est exclu du mouvement nationaliste intégral dès 1913. Malgré les affres de l’emprisonnement, il accepte sa mobilisation en 1914. Il meurt en 1915 au champ d’honneur pour un régime détestable qui trahira tous les siens, les Poilus. Il laisse un beau recueil d’articles, Vingt ans en 1914. Études politiques et littéraires, portraits et polémiques, lettres de guerre, préfacé par Charles Maurras qui tenait à saluer sa mémoire et à honorer son sacrifice.

À travers ces quelques exemples historiques, on remarque que le mois de juin semble propice à la distribution des beignes aux hôtes provisoires de l’Élysée. Le gouverneur de la zone territoriale du Bloc ploutocratique occidental personnifie cette caste cleptocratique qui viole, pille et écrase en permanence les gens ordinaires auxquelles appartiennent Jean Mattis, Henri Lagrange et Damien Tarel. Les réseaux sociaux ont-ils pris l’initiative d’une cagnotte d’aide en ligne ? Que comprendre du silence tonitruant des officines droits-de-l’hommistes ? Oppressées tous les jours par la tyrannie sanitaire, le désastre migratoire et le laxisme pénal, les petites gens s’attristent du sort malheureux du « gifleur » de la Drôme. Serait-il l’heure des nouveaux monarchomaques ?

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mardi, 15 juin 2021

Un sabir nomade contre les langues nationale et vernaculaires

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Georges Feltin-Tracol

Saisi à l’instigation du cabinet du ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, par une soixantaine de députés de la majorité présidentielle parmi lesquels Aurore Bergé et le très manuel Benjamin Griveaux dont ce fut l’ultime râle politicien avant de démissionner du Palais-Bourbon, le Conseil constitutionnel a annulé divers points de la loi portant sur la protection patrimoniale des langues régionales et leur promotion, le 21 mai dernier.

Le Parlement avait auparavant approuvé la proposition de loi du député du Morbihan Paul Molac, affilié au groupe transpartisan « Libertés et Territoires ». Les neuf « vigies » du Régime proscriventles signes diacritiques dont le tilde, et déclarent inconstitutionnelle une pratique pédagogique innovante : l’enseignement immersif. Les écoles primaires en alsacien, en basque, en breton, en catalan, en corse, en néerlandais, en occitan et en créoles deviennent de fait hors-la-loi.

Le samedi 29 mai, des milliers de manifestants ont défilé de Guingamp à Bastia, de Pau à Perpignan, de Bayonne à Strasbourg, pour défendre l’existence de ces écoles privés sous contrat. Ces établissements scolaires connaissent un indéniable succès auprès de parents souvent bo-bo qui, en bonne conscience, y inscrivent leurs enfants afin de ne pas les envoyer à l’école publique de secteur multiculturalisée déclinante…

Le choix du Conseil constitutionnel relance le sujet de la ratification française de la Convention européenne des langues régionales et minoritaires déjà envisagée sous la cohabitation Chirac – Jospin. Par « langues minoritaires », il faut entendre les langues de l’immigration extra-européenne. Si les panneaux de signalisation routière peuvent être rédigés en breton ou en occitan, pourquoi pas en wolof ou en hindi ? Ainsi faut-il bien différencier les langues régionales (ou parlers vernaculaires) des langues minoritaires. Autant les premières sont légitimes, autant les secondes, issues de l’immigration de peuplement, ne doivent bénéficier d’aucun avantage. Certes, certains voient dans le soutien aux langues régionales une manœuvre subtile de briser le cadre politique national. Ce n’est pas faux. Maints mouvements régionalistes, autonomistes et indépendantistes témoignent de leurs opinions progressistes et cosmopolites. On retrouve néanmoins cette perception commune chez les souverainistes républicains et chez les tenants de l’euro-mondialisme.

Le Conseil constitutionnel motive sa position en spécifiant que « les particuliers ne peuvent se prévaloir, dans leurs relations avec les administrations et les services publics, d’un droit à l’usage d’une langue autre que le français, ni être contraints à un tel usage ». Dont acte ! Mais commentréagir alors à la propagande en faveur de l’écriture inclusive ? Cette fumisterie est-elle constitutionnelle ? Et puis, pourquoi la nouvelle carte nationale d’identité supposée infalsifiable est-elle co-écrite en français et en anglais ?

Par la grâce du Brexit, depuis le 1er janvier dernier, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord n’appartient plus à l’Union dite européenne. Cette plaisante nouvelle aurait dû s’accompagner de la fin de l’hégémonie de la langue anglaise dans les institutions communautaires puisque aucun des Vingt-Sept États membres ne l’utilisent de manière officielle. L’Irlande, Malte et Chypre la pratiquent comme simple langue d’usage. Or, non seulement la Commission de Bruxelles continue à travailler dans la langue de Shakespeare et le Parlement européen adopte des documentsuniquement rédigés dans cette langue, mais le récent Parquet européen anti-corruption l’emploie aussi.

Cette préférence linguistique inouïe favorise la conception anglo-saxonne du droit aux dépens du corpus juridique continental d’origine romaine. La nouvelle carte d’identité plastifiée porte par ailleurs dans un coin en haut le F de France au centre du drapeau de l’Union non-européenne comme s’il s’agissait d’une simple province de l’Eurocratie atlantiste. Faut-il en comprendre l’inefficacité flagrantede la loi Toubon de 1994 qui insiste sur la traduction systématique des termes, titres et noms étrangers en français, et la généralisation d’un déplorable franglais ? Le ministère de l’Intérieur n’hésite plus à violer l’article 2 de la Constitution de 1958 qui fait de la langue de Baudelaire lalangue officielle.

Pour quelles raisons le ministère de l’Intérieur a-t-il choisi l’anglais et non pas l’allemand, l’espagnol, l’italien ou le coréen de Pyongyang ? Il est même inacceptable qu’à l’instar du passeport, un papierofficiel utilisé par l’ensemble de la population française en France soit rédigé dans une langue étrangère. Ce détail guère anecdotique confirme l’extrême servilité de l’exécutif et de la haute-administration envers les intérêts anglo-saxons de la City, de Wall Street, du Capitole et de Hollywood. La place Beauvau abolit l’ordonnance royale de Villers-Cotterêts de 1539 prise parFrançois Premier.

Outre que l’actuel gouvernement hexagonal se met à dos tous les défenseurs des langues vernaculaires, il provoque en même temps les partisans de la langue française et n’hésite même plus à cracher au visage des peuples de la Francité d’Amérique. Hors du Québec, bureaucrates obtus et politicards anglophones aigris, souvent chantres zélés du multiculturalisme, bafouent, contestent et nient les droits culturels fondamentaux des Acadiens et des autres minorités francophones de l’Ouest canadien.

L’avenir d’une langue française, nettoyée des métastases de l’inclusivité scripturale, dépend aussi dusort des gosiers vernaculaires de l’ethnie française outre-Atlantique, et de l’engouement pour les langues régionales, fussent-elles codifiées et normalisées. Les institutions de l’Hexagone se doivent de reconnaître officiellement la pluralité linguistique autochtone. Et exigeons du ministère de l’Intérieur que la prochaine carte nationale d’identité soit entièrement en français !

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°218, mise en ligne sur TVLibertés, le 8 juin2021.

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