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dimanche, 08 janvier 2017

Une année cruciale

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Georges Feltin-Tracol

1917 est désignée par les historiens comme l’« année terrible », l’« année du tournant » dans la Grande Guerre. Cent ans plus tard, 2017 sera-t-elle comme le titre le nouveau numéro de l’excellente revue Conflits « l’année de tous les dangers » ? Malgré cet intitulé pessimiste, permettez-moi de vous présenter tous mes meilleurs vœux de Joie, de Grande Santé, de Force et de Prospérité pour les 359 jours qui seront certainement déterminants pour notre avenir.

L’administration de Donald Trump entrera en fonction dans deux semaines. L’incertitude demeure totale en ce qui concerne ses orientations géopolitiques majeures à un moment où la mer de Chine méridionale devient une véritable poudrière régionale avec l’annexion rampante des archipels Spratleys et Paracels par la Chine et le décrochage des Philippines de la zone d’influence US pour un rapprochement avec Pékin. Comment Trump réagira-t-il ?

En Europe, trois événements prévus marqueront cette année : les élections présidentielles et législatives au printemps en France, les législatives allemandes en septembre avec la possible reconduction d’Angela Merkel à un quatrième mandat (et on accuse ensuite Vladimir Poutine de s’accrocher au pouvoir !) et le déclenchement tant attendu du Brexit par l’activation de l’article 50. L’imprévu concernera d’éventuelles législatives anticipées en Italie avec une poussée prévisible des populismes du Mouvement Cinq Étoiles et de la Ligue du Nord.

Toutes ces péripéties politiciennes ne doivent cependant pas cacher que les soi-disant « migrants » continuent à se déverser sur le Vieux Continent, aidés par des natifs adeptes de l’ethnomasochisme, que la crise fragilise les catégories sociales populaires et moyennes inférieures autochtones et que les lamentables politiques d’austérité exigées par les banques qui croulent sous les profits se poursuivent au nom d’une conception désuète des rapports économiques et sociaux.

Comme pour toutes les années précédentes, 2017 sera surtout riche en événements inattendus et en retournements, plus ou moins considérables, de l’actualité. Une chose est déjà entérinée : la « fin de l’histoire » avancée par Francis Fukuyama est belle et bien achevée. Place donc aux « chocs de l’histoire » !

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 15, diffusée sur Radio-Libertés, le 6 janvier 2017.

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Salut à Boutang !

Soulié-Boutang-195x300.jpgGeorges Feltin-Tracol

Disciple zélé et talentueux de Charles Maurras, le royaliste orléaniste intransigeant Pierre Boutang fut à la fois philosophe, romancier, journaliste, critique littéraire et redoutable pamphlétaire. Révoqué de l’Université pour avoir rallié le général Giraud en 1942, Boutang fonda un journal, La Nation française, dans lequel s’exprimaient l’« historien du dimanche » Philippe Ariès et le critique de cinéma Philippe d’Hugues, soutint la cause de l’Algérie française avant d’approuver l’action néo-capétienne de Charles De Gaulle en qui il espéra un moment une éventuelle restauration monarchique en faveur du comte de Paris. Ayant appris à lire dans les colonnes de L’Action française, Boutang partage l’antisémitisme d’État de son maître à penser, puis se fait le vibrant défenseur du sionisme et de l’État d’Israël peut-être parce qu’il « voit dans Israël un modèle théocratique moderne, la théocratie étant le contenu latent de son rêve (p. 58) ».

Rémi Soulié ne développe pas le parcours intellectuel de son ami parfois sujet à de vives colères ainsi que d’« engueulade en hurlements majeurs (p. 100) ». « Quel caractère de cocon ! (p. 101) », poursuit-il plus loin, ajoutant que « Boutang, c’est Ivan le Terrible, Attila, Tamerlan et Gengis Khan en un seul homme (p. 109) ». Bref, « faute d’avoir trouvé un sage équilibre intérieur entre la paix et l’épée, Boutang ne (se) maîtrisait pas (p. 14) ». Ce tempérament difficile n’empêche pas que « Boutang s’enflamme comme un enfant. Il a des accès d’enthousiasme politique comme j’ai des quintes de toux. Comment fait-il pour rester aussi naïf après tant d’années de combats et de revers, alors qu’il est plus que prévenu contre la démocratie dite libérale et représentative ? (p. 99) ». Cette remarque surprend. En effet, « Maistre et Boutang partagent une même idée de la politique. […] Pour eux comme pour Donoso Cortés, Blanc de Saint-Bonnet et toute l’école de la pensée catholique traditionnelle, les principes de la politique ne se peuvent penser qu’à partir de l’Incarnation, du Dieu un et trine, bref, de la théologie (p. 17) ». Rémi Soulié assène même qu’« au fond, Boutang reste trop biblique (p. 99) ». « Coléreux et généreux, tendre et tyrannique, cet ogre fut un homme de passion [… qui] a construit une œuvre philosophique et polémique parfois hermétique mais qui porte à incandescence les facultés de l’esprit (p. 14). »

Un temps proche des royalistes de gauche de la NAF (Nouvelle Action française) qui deviendra plus tard la NAR (Nouvelle Action royaliste) animée par Bertrand Renouvin et Gérard Leclerc, Pierre Boutang connaît à la perfection les mécanismes démocratiques. « Il travaillait sur la notion platonicienne de “ théâtrocratie ”. Il y voyait le concept idoine à l’intelligence des temps spectaculaires (p. 138). » Parfois suspicieux envers certains titres de Jünger – tels La Paix -, il reconnaît néanmoins volontiers que « l’anarque est celui qui échappe à toute arché. Sont bonnes toutes les archies (monarchies, anarchie…), et détestables toutes les craties (démocratie, ploutocratie…) (p. 101) ».

Il n’est pas anodin si l’ouvrage s’ouvre sur une étude fouillée consacrée à « Pierre Boutang et Joseph de Maistre » au croisement de l’histoire des idées politiques, de la philosophie et de la métapolitique, terme déjà employé par l’auteur des Soirées de Saint-Pétersbourg. Cela peut surprendre chez quelqu’un qui se référait habituellement au philosophe italien Vico. Rémi Soulié insiste aussi sur « l’axe biographique, politique, métaphysique et théologique fondamental pour Boutang : la paternité et la filiation (p. 45) ». Sa pensée s’articule donc autour de ces deux notions qui fondent la nation dans son acception étymologique.

Pour saluer Pierre Boutang est un essai lumineux sur une vie, une personnalité et une œuvre complexe qui devraient probablement faire l’objet d’une étude exhaustive. Les écrits de Boutang peuvent encore avoir aujourd’hui une résonance particulière. Le supposé « populisme chrétien » décrit par Patrick Buisson dans La cause du peuple y puiserait des idées susceptibles de le rendre effectif, cohérent et combatif. George Steiner le considérait d’ailleurs comme « la voix philosophique de l’aile autoritaire de la droite contemporaine en France (p. 16) ». Les jeunes catholiques non-conformistes du début du XXIe siècle auraient par conséquent tout intérêt à redécouvrir ce philosophe engagé après avoir médité le beau livre de Rémi Soulié.

Source Europe maxima cliquez là

• Rémi Soulié, Pour saluer Pierre Boutang, Éditions Pierre-Guillaume de Roux, 2016, 141 p., 21 €.

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lundi, 26 décembre 2016

L’arroseur enfin arrosé

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Georges Feltin-Tracol

Pourquoi les États-Unis n’ont-ils jamais connu de coup d’État ? Parce qu’il n’y a pas d’ambassade étatsunienne à Washington ! Cette boutade très répandue en Amérique latine témoigne avec humour de l’emprise des États-Unis sur l’ensemble de l’hémisphère occidental depuis la proclamation en 1823 du président James Monroe. Relancée à la fin du XIXe siècle avec la conquête des îles Hawaï et poursuivie par la politique du « gros bâton » chère au 24e président, Theodore Roosevelt, cette domination s’accroît au lendemain de la Seconde Guerre mondiale avec une succession de putschs et de révoltes militaires fomentés par la CIA, cette puissante organisation terroriste légale. L’un des plus récents remonte au 28 juin 2009 avec l’éviction du président légitime du Honduras Manuel Zelaya, coupable de se rapprocher du projet bolivarien panaméricain du Commandante Hugo Chavez.

Depuis quelques semaines, l’Establishment yankee se dit bouleversé par les cyberattaques contre le Parti démocrate durant la dernière campagne présidentielle. Les 17 (!) agences de renseignement US, dont la CIA toujours constituée de faucons vraiment très néo-cons, les attribuent sans trop de preuves formelles à la Russie. Médiacrates et élus du Congrès s’offusquent d’une ingérence pareille envers un État si sourcilleux de sa souveraineté.

Leur indignation fait plaisir à voir et révèle toute l’hypocrisie de cette lamentable caste qui entend par ailleurs imposer au monde entier par des sanctions, l’embargo économique et des bombardements, son droit élastique, ses normes idiotes et sa démocratie de pacotille vérolée par le fric. La France de Chirac, de Sarközy et de Hollande n’a jamais réagi aux manœuvres subversives de l’ambassade des États-Unis à Paris qui investit dans les banlieues hexagonales de l’immigration, recrute le pire des futurs politicards dans le cadre de la French-American Foundation et s’affiche régulièrement avec certains politiciens en exercice tels le centriste Hervé Morin, un véritable habitué du lieu.

Le Système étatsunien et ses prébendiers locaux commencent néanmoins à comprendre que leur hégémonie s’estompe au profit d’un monde plus multipolaire et mieux équilibré. Les États-Unis ne sont plus cette forteresse inexpugnable protégée par deux vastes océans. Leur création la plus novatrice du XXe siècle – Internet – devient presque leur talon d’Achille, car le réseau numérique planétaire diffuse enfin auprès d’une population désinformée des vérités jusque-là bien occultées. Oncle Sam rentre dans le rang !

Certes, des observateurs venus de Chine, du Bélarus, de Corée du Nord, d’Iran, du Venezuela, d’Érythrée, de Russie et de Cuba ne superviseront pas encore les élections de mi-mandat en novembre 2018 et encore moins la présidentielle de 2020. Un sévère coup vient toutefois d’être porté à l’hyper-classe ploutocratique étatsunienne. Il faut s’en réjouir.

Chers Amis, joyeux Noël, très bon solstice d’hiver et à l’année prochaine pour de nouvelles chroniques hebdomadaires du Village planétaire, toujours sur Radio-Libertés !

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 15, diffusée sur Radio-Libertés, le 23 décembre 2016.

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jeudi, 22 décembre 2016

La démocratie du XXIe siècle

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Georges Feltin-Tracol

La Hongrie, la Turquie, la Russie, Singapour, le Bélarus, voire peut-être bientôt la Pologne, seraient pour leurs détracteurs occidentaux des « démocratures », un mélange plus ou moins subtile de pratiques démocratiques et d’autoritarisme politique. Il serait plus juste de les qualifier de « démocraties illibérales ».

L’expression revient au politologue étatsunien d’origine indienne musulmane, Fareed Zakaria, qui l’employa pour la première fois dans le numéro de novembre – décembre 1997 de la revue mondialiste Foreign Affairs. En 2003, il développa et étaya sa thèse dans L’avenir de la liberté. La démocratie illibérale aux États-Unis et dans le monde. L’élève de Samuel Huntington y défendait l’indépendance complète des institutions par rapport à l’élection en prenant l’exemple révélateur de la Banque centrale européenne.

Le 26 juillet 2014, le ministre-président hongrois, Viktor Orban, s’en appropria le concept. Il s’agit pour lui de célébrer le retour du politique et la nécessaire correction des excès du libéralisme politique et économique. Cet « État non libéral, disait-il, ne nie pas les valeurs fondamentales du libéralisme comme la liberté, etc. Mais il ne fait pas de l’idéologie un élément central de l’organisation de l’État. Il applique une approche spécifique et nationale », propre à l’histoire et aux mentalités hongroises, pourrait-on ajouter.

Si cette expression est récente, la pratique illibérale est pourtant relativement ancienne en Europe. Dans son excellente biographie sur Napoléon III parue en 2004, Pierre Milza définit avec raison le Second Empire comme un régime illibéral. Cette caractéristique méconnue influencera ensuite la fameuse « droite bonapartiste », des boulangistes à certaines tendances du Front national en passant par les « Syndicats jaunes », des non-conformistes des années 30 et le gaullisme de gauche.

Au XIXe siècle, la France de Napoléon III n’était pas le seul État illibéral d’Europe. Son vainqueur de 1870, la jeune Allemagne forgée par le chancelier Bismarck correspondait aussi à cette catégorie. Sa constitution impériale conciliait en effet fédéralisme politique, autorité monarchique, suffrage universel direct, forte protection sociale, gouvernement indépendant des manœuvres parlementaires et présence massive d’élus sociaux-démocrates.

Alternative prometteuse à la démocratie représentative épuisée et à la chimérique démocratie participative, la démocratie illibérale ne peut être que la première étape vers une démocratie authentique, la démocratie organique, cette formidable matrice de l’aristocratie populaire européenne.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 14, diffusée sur Radio-Libertés, le 16 décembre 2016.

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lundi, 19 décembre 2016

L'intervention de Georges Feltin-Tracol à la Table-ronde de Terre et peuple

flyer_tr_2016.jpgMesdames, Mesdemoiselles, Messieurs, Chers Camarades, Chers Amis,

Permettez-moi d’abord de remercier Terre & Peuple pour son invitation à cette XXIe table ronde qui traite aujourd’hui des « Chemins de la résistance et de la reconquête ». Les voies ne manquent pas. On a parfois un peu trop tendance à séparer leurs différentes formes d’engagement. Le militantisme peut prendre trois aspects principaux qui, suivant les circonstances, se recoupent ou se contredisent. Il s’agit de l’action culturelle ou métapolitique, de l’action politique et électorale, et de l’action armée qui peut être qualifiée, le cas échéant, de « terroriste ».

Leur interaction produit sur une durée relativement longue des résultats intéressants. Pensons d’abord au mouvement corse. Qui à la prise d’Aléria en 1975 aurait imaginé que quarante ans plus tard une coalition nationaliste dirigerait les institutions de l’Île de Beauté ? Observons l’Irlande du Nord. Les républicains nationalistes ont bâti une véritable contre-société, obtenu une large autonomie interne et gouvernent dorénavant avec les unionistes radicaux pro-britanniques. Et que dire de l’ANC de feu Nelson Mandela qui sut combiner en Afrique du Sud agitations étudiantes, attaques terroristes, noyautage militant des organisations caritatives et agit-prop à l’échelle planétaire sans que cela ne soulève la moindre réprobation comme si on distinguait un bon terrorisme d’un très mauvais ?

Mais qu’est-ce que le terrorisme ? Les occurrences mentionnent plus d’une centaine de définitions au moment où s’applique en France un délit d’apologie du terrorisme, retiré du droit de la presse pour intégrer le droit pénal ordinaire, qui peut valoir à son auteur jusqu’à sept ans de prison. Si on écoute attentivement nos médiats menteurs, on remarquera l’association fréquente des mots « terrorisme » et « barbarie ». Comme pour le terrorisme, la barbarie est un concept imprécis et flou. Nos contemporains ont oublié ces actes barbares qu’étaient les bombardements « alliés » en 1944 sur les villes françaises ainsi que les nombreux viols de Françaises par des GI. N’était-il pas aussi barbare de bombarder à l’uranium appauvri les villes serbes en 1999 ? N’était-il pas barbare d’appliquer un blocus impitoyable qui tua au moins un million et demi d’Irakiens ? Le célèbre juge anti-terroriste, Gilbert Thiel, eut le culot d’estimer que « les combattants des maquis algériens n’étaient pas des terroristes lorsqu’ils se contentaient de combattre l’armée, la police et les représentants de l’État français (1) ». Cet homme oublie qu’à la « Toussaint rouge » en 1954, le couple Monnerot, bien qu’instituteurs, n’appartenait à aucun des groupes cités. En 1943, Jean Moulin fomentait des actes terroristes. Aujourd’hui, des rues, des places, des établissements scolaires portent son nom. S’agit-il d’une apologie du terrorisme ? Pour les victimes allemandes, très certainement… En 1962, le gouvernement français négocia avec le FLN algérien en faisant mine d’ignorer les bombes posées dans les cafés et les cinémas d’Alger en 1957… Si Nelson Mandela est resté vingt-sept ans en prison, c’est parce que la justice légale sud-africaine de l’époque l’avait condamné pour des attentats. À sa mort, ce passé meurtrier n’empêcha pas des dizaines de chefs d’État et de gouvernement d’assister à ses obsèques et d’être ainsi les complices au moins moraux d’un ancien terroriste. L’actuel gouvernement hexagonal a apporté un soutien non négligeable à des terroristes, cette racaille qui ferait, selon Laurent Fabius, « du bon boulot » en Syrie contre les forces du président Bachar al-Assad. Par cette incroyable déclaration, Fabius n’a-t-il pas fait, lui aussi, une apologie du terrorisme ? Le terroriste ou supposé tel mène une guerre de partisan hors des règles de la guerre conventionnelle. S’il gagne, il devient un résistant et un héros honoré. S’il perd ou s’il poursuit la lutte, il rejoint la catégorie des monstres.

La priorité qu’on accorde à l’activisme culturel, politique ou armé dépend à la fois de sa personnalité et du moment historique propice, ce fameux Kairos difficilement cernable. Toutefois, quand bien même un de ces modes acquiert une primauté opérationnelle, les deux autres ne seront jamais oubliés ou délaissés. Par exemple, l’action armée doit par ces temps de flicage généralisé tendre en pratique régulière de sports d’endurance, d’entraînement au tir dans un club agréé ou de sortie à la chasse.

Pour ma part, cela fait plus d’un quart de siècle que j’ai choisi le combat des idées. En tant qu’essayiste, rédacteur en chef du site Europe Maxima, contributeur régulier aux revues Réfléchir & Agir et Synthèse nationale ainsi qu’au site Euro-Libertés sans oublier des chroniques désormais hebdomadaires du « Village planétaire » à Radio-Libertés, je sais que les idées sont des munitions placées dans ce fusil d’assaut qu’est le livre. Bien sûr, tous les livres ne sont pas des armes mentales. Certains sont d’inoffensifs couverts en plastique. Quoique… Vous connaissez peut-être les éditions Harlequin qui depuis des décennies exploitent le filon de captivantes histoires d’amour entre le brave docteur et son infirmière si dévouée, ce gentil milliardaire et la belle ouvrière, l’avocat sympa et la charmante magistrate. Pour certaines féministes exaltées, ces romans lus avec avidité par des grands-mères et les dernières adolescentes épargnées de l’illettrisme scolaire ambiant, renforcent l’horrible domination patriarcale machiste, misogyne et sexiste.

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samedi, 10 décembre 2016

Vers l’Europe militaire ?

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Georges Feltin-Tracol

On n’en finit plus de spéculer sur la politique étrangère que va mener le 45e président des États-Unis d’Amérique à compter du 20 janvier 2017. Si on se fie à ses déclarations au cours de cette longue campagne électorale, on ne peut que relever une nette affirmation d’inciter au désengagement – relatif – des forces armées US en Asie et en Europe. Le prochain occupant du Bureau oval exigera peut-être que ses alliés du « Vieux Continent » cessent de considérer l’OTAN comme leur unique recours possible. Il aimerait bien que les Européens prennent enfin leur destin militaire en main. Plus de soixante ans après l’échec de la Communauté européenne de défense (CED), le Brexit pourrait paradoxalement relancer un processus militaire européen si possible émancipé de la tutelle étatsunienne.

Lors du sommet européen à Bratislava le 16 septembre 2016, François Hollande déclarait pour une fois avec raison : « Si les États-Unis font le choix de s’éloigner, l’Europe doit être capable de se défendre par elle-même. Pour l’Union européenne, la défense, c’est le défi. Il s’agit de peser sur le destin du monde, de se doter d’une capacité de projection. […] Il n’y a pas de continent, il n’y a pas d’union s’il n’y a pas de défense de ce que nous représentons (dans Le Figaro des 17 et 18 septembre 2016). » Mieux encore, Jean-Jacques Mével rapporte que « le trublion Viktor Orban a surpris beaucoup de monde en s’affichant comme le partisan résolu d’une Europe militaire : “ la sécurité de l’UE est la priorité et nous devrions mettre sur pied une armée européenne ”, assurait-il le mois dernier (dans Le Figaro du 14 septembre 2016) ».

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Ce projet ambitieux suscite cependant toujours la réticence de certains États-membres de l’Union pseudo-européenne qui ne veulent pas s’écarter du cadre atlantiste. Du coup, Varsovie vient d’annuler l’achat d’hélicoptères militaires Caracal par des hélicoptères assemblés outre-Atlantique. Jean-Jacques Mével ajoutait en outre « la Pologne est favorable à l’Europe de la défense, “ du moment qu’elle ne cherche pas à faire concurrence à l’OTAN ”, dit-on à Varsovie. Prague et Bratislava sont à peu près sur la même ligne (art. cit.) ». Pis, fin septembre 2016, le ministre britannique de la Défense, Michael Fallon, assurait que « le Royaume-Uni s’opposera au projet d’Europe de la défense porté par la France et l’Allemagne tant qu’il fera partie de l’UE ».

Les Pays-Bas, le Danemark et les États baltes expriment eux aussi aussi leur défiance envers tout projet militaire européen non-atlantiste. Or, s’il y a un domaine dans lequel l’Europe peut se concevoir, c’est bien la défense et ses fantastiques retombées économiques grâce à la recherche-développement. Le Brexit et l’arrivée de Donald Trump pourraient sortir les Européens du continent, des aires méditerranéenne, rhénane et danubienne, de leur torpeur insensée. « Lorsque les Britanniques partiront, prévient Frederico Santopinto, du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, l’alibi qu’ils ont incarné pour justifier l’absence de progrès en matière de défense s’en ira avec eux… (dans Le Monde du 29 octobre 2016). » En 1980, Julien Freund relevait dans La fin de la Renaissance (PUF) que « le vrai principe fédérateur en politique est le militaire et non l’économique ou le culturel. En effet, c’est par les guerres ou à la suite de guerres que les États se sont constitués (p. 11) ».

Il manque encore au drapeau européen l’adoubement par le tragique sur les champs de bataille et le sang versé des Européens, mais cette absence ne durera peut-être plus longtemps.

Bonjour chez vous !

« Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 13, diffusée sur Radio-Libertés, le 9 décembre 2016.

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dimanche, 04 décembre 2016

Élections dominicales

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Georges Feltin-Tracol

La proximité de Noël favorisera bientôt la fameuse « trêve des confiseurs ». Entre-temps, la vie politique se poursuit en Europe avec deux scrutins décisifs, ce dimanche 4 décembre.

Après un incroyable report de deux mois et bien des péripéties, les Autrichiens désigneront enfin leur nouveau président fédéral à l’occasion d’un « second » second tour entre le Vert Alexander Van der Bellen et le national-libéral populiste Norbert Hofer. Si les électeurs confirment leur précédent choix et élisent Van der Bellen, un coup d’arrêt sera donné à un mouvement commencé en juin en Grande-Bretagne avec le Brexit et amplifiée en novembre aux États-Unis par la victoire de Donald Trump. En revanche, si Hofer l’emporte après avoir fait de nombreuses concessions au politiquement correct, un autre trublion s’installerait en Autriche et pourrait renforcer le groupe centre-européen de Visegrad dans son opposition aux quotas d’immigrés clandestins.

Mais l’attention, ce jour-là, ne se focalisera pas que sur l’Autriche. L’Italie sera aussi observée en raison du référendum constitutionnel décidé par le président du Conseil Matteo Renzi. Ce dernier propose la suppression du Conseil économique et social, la réduction du nombre de parlementaires, une recentralisation de certaines compétences régionales et la transformation du Sénat en assemblée consultative des territoires sans pouvoir législatif. Le jeune dirigeant de centre gauche veut créer une IIIe République primo ministérielle renforcée par l’instauration de l’« Italicum ». Il s’agit d’un nouveau mode de scrutin des députés qui remplacerait l’actuel, le « Porcellum » trop proportionnel à son goût. Variante transalpine du mode de scrutin français pour les municipales et les régionales, l’« Italicum » stipule l’obtention de la majorité absolue de députés si un parti recueille plus de 40 % des suffrages au niveau national. Sinon se déroulera un second tour réservé aux deux formations arrivées en tête avec des candidats tous nommés par les appareils politiques…

Défendu avec force par les banques, la Commission de Bruxelles et la funeste Angela Merkel, le « oui » est, d’après les sondages, en difficulté quand bien même plus d’un tiers des électeurs pencherait pour l’abstention ou l’indécision. Potentiel vainqueur, le « non » rassemble un ensemble hétéroclite qui comprend nos amis de CasaPound, les populistes identitaires de la Ligue du Nord, les populistes atypiques du Mouvement 5 Étoiles, les post-fascistes de Frères d’Italie, les berlusconiens de Forza Italia, la gauche radicale et les dissidents internes du parti de Renzi.

Si le « non » l’emporte, Renzi a prévenu qu’il démissionnerait. Il s’ensuivrait soit un nouveau gouvernement de technocrates, soit des législatives anticipées qui verraient probablement la victoire du Mouvement 5 Étoiles, ce qui ferait l’effet d’une explosion nucléaire à quatre mois de la présidentielle française. Les électeurs autrichiens et italiens oseront-ils franchir le Rubicon et enfin bousculer un système politicien usé pour des nouveautés radicales ? Il faut le souhaiter.

Bonjour chez vous !

Cette « Chronique hebdomadaire du Village planétaire » a été diffusée sur Radio-Libertés le 2 décembre 2016.

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mercredi, 30 novembre 2016

Le précurseur européen de Donald Trump

Le-piège_-195x300.jpgGeorges Feltin-Tracol

Le président élu des États-Unis, Donald Trump, n’est pas le premier homme d’affaire à entrer en politique pour soumettre aux électeurs propositions iconoclastes. Dans la décennie 1990, l’indépendant Ross Perot, le républicain anti-néo-républicain Patrick Buchanan et l’écologiste Ralph Nader préfiguraient le phénomène Trump. À la même époque en Europe, un homme d’affaires prévenait les Français de l’engrenage maastrichtien : le Franco-Britannique Jimmy Goldsmith (1933 – 1997). Frère de l’écologiste « paléoconservateur » Edward Goldsmith et père de Zac Goldsmith, candidat conservateur malheureux à la mairie de Londres en 2016, il devint en 1994 député français au Parlement européen sur la liste L’autre Europe conduite par Philippe de Villiers.

Un an plus tôt, il avait publié chez Fixot Le piège, une série d’entretiens avec Yves Messarovitch. Hostile au traité de Maastricht et à la monnaie unique, Jimmy Goldsmith, en conservateur libéral, soutenait néanmoins « un marché européen libre à l’intérieur duquel puissent circuler sans restrictions marchandises, services et capitaux (p. 34) ». Sur l’euro perçu comme un intolérable carcan, il annonçait que l’impossibilité de le dévaluer entraînerait la Grèce et l’Espagne à accepter « le transfert des chômeurs […] vers d’autres [pays] plus prospères (p. 37) », ce qui est le cas avec une forte émigration hispano-grecque en Allemagne.

Vilipendant le libre-échange et les délocalisations, Jimmy Goldsmith invitait à « rejeter, sans complexes, le GATT [l’ancêtre de l’OMC] et protéger l’Europe (p. 71) ». Il prévoyait aussi que les élites auto-proclamées approuveraient l’injonction « selon laquelle ce serait aux gens de se déplacer vers les emplois et non l’inverse (p. 28) ». La mobilité européenne ne s’alignera jamais sur celle des États-Unis, surtout si elle est subie !

Contrairement à Donald Trump, Jimmy Goldsmith condamnait l’énergie nucléaire ainsi que les énergies fossiles. Il encourageait en revanche les « énergies vertes ». Quand on relit Le piège un quart de siècle plus tard, on ne peut que constater la pertinence de ses analyses, nonobstant leur libéralisme affiché. Finalement assez proche des thèses du Prix Nobel d’économie Maurice Allais, Goldsmith dénonçait la course à l’abîme de la pseudo-UE. Un indéniable esprit altereuropéen se manifestait déjà dans cet ouvrage plus que jamais d’actualité.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 10, diffusée sur Radio-Libertés, le 25 novembre 2016.

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dimanche, 20 novembre 2016

Sur la longue durée, Donald Trump n’est pas une surprise*

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Georges Feltin-Tracol

Contrairement aux idées reçues, finance et politique forment un excellent duo. Aux temps de la Rome antique, les patriciens de la République se dédiaient aux affaires publiques tandis que leurs esclaves les plus dévoués en hommes de paille avisés faisaient du négoce. Au Moyen Âge et à la Renaissance, les cités italiennes ou de la Ligue Hanséatique dans le Saint-Empire romain germanique étaient le théâtre de vives confrontation entre de vieilles lignées terriennes de l’aristocratie et les jeunes bourgeoisies enrichies par le commerce et la banque (les Médicis à Florence).

Si l’élection de Donald Trump à la présidence des États-Unis est une grande surprise pour le XXIe siècle, sa réussite repose sur quelques précédents. Il y a 25 ans, le milliardaire texan indépendant Ross Perot que Trump soutint un moment, recueillait 18,9 % des suffrages, empêchait la réélection de George Bush père et favorisait indirectement l’élection de Bill Clinton. Quatre ans plus tard, toujours candidat sur des thèmes protectionnistes et hostiles au libre-échange, Perot n’obtenait que 8,4 %, dépassé par un Clinton, grand séducteur d’électeurs, véritables Monica Lewinski politiques.

Sur cette terre par excellence du progressisme, de la modernité et de l’individualisme que sont les États-Unis, Donald Trump représente aux yeux de ses compatriotes le « rêve américain », le self made man, dur au travail, qui s’est bâti une vie prospère grâce à l’alchimie délicate d’une farouche volonté, d’un toupet extraordinaire et d’une chance inouïe. Longtemps, des généraux victorieux, George Washington (1789 – 1797), Andrew Jackson (1829 – 1837), vainqueur des Britanniques à La Nouvelle-Orléans en 1815, Zachary Taylor (1849 – 1850), Ulysses Grant (1869 – 1877) qui triompha de la Guerre de Sécession ou Dwight Eisenhower (1953 – 1961), occupèrent le Bureau oval. Aujourd’hui, la guerre ayant pris une tournure économique, c’est au tour des hommes d’affaires, surtout si leur notoriété s’alimente d’articles de presse people et d’une intégration – ancienne et remarquable – au « médiacosme ».

Homme d’argent, Donald Trump est aussi un homme d’images. Avant d’être une vedette de la télé-réalité, il figura dans des épisodes de feuilletons télévisés (Le Prince de Bel-Air, Spin City, Sex and the City, etc.) ou fut cité dans certains films tels Retour vers le futur 2 sous les traits du méchant Biff Tannen ou dans Gremlins 2. La nouvelle génération en tant que Daniel Clamp, voire en jouant son propre rôle truculent (Maman, j’ai encore raté l’avion, Zoolander ou L’Amour sans préavis). S’affranchissant de tous les codes, Donald Trump rejoint le pécore Mister Smith, cet idéaliste novice en politique, à la différence toutefois que le président élu connaît fort bien le marigot politicien. Le 7 novembre dernier, Arte diffusait d’ailleurs en soirée Monsieur Smith au Sénat, la satire féroce des mœurs politiques de Washington réalisée par Frank Capra en 1939. À l’insu de son plein gré, la chaîne franco-allemande annonçait le séisme planétaire du lendemain.

Bonjour chez vous !

* « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 9, diffusée sur Radio-Libertés, le 18 novembre 2016.

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dimanche, 10 juillet 2016

Pas de TAFTA pour l’Europe !

13411831_1128129680592027_3004680909563587835_o.jpgGeorges Feltin-Tracol 

Réfléchir et agir

Malgré l’échéance présidentielle US de novembre 2016 et dans un silence médiatique plus qu’assourdissant, les négociations autour du TAFTA (ou Traité transatlantique) se poursuivent entre Washington et Bruxelles dans une complète opacité.

À l’heure où la transparence s’érige en vertu publique suprême et que les États occidentaux surveillent les appels téléphoniques et les messageries numériques de millions de leurs résidents, le Partenariat transatlantique de commerce et d’investissement déroge à cette lourde tendance. Est-il acceptable qu’un député laisse son téléphone à l’entrée, ne puisse prendre aucune note, ni la moindre photographie, et consulte dans un anglais juridique abscons cet accord commercial dans une pièce fermée sous la stricte vigilance de gardes ? Pire, s’il évoque la moindre clause, il risque des poursuites judiciaires en dépit de son immunité parlementaire !

L’Europe à l’encan

Si ce funeste traité était entériné, l’agriculture française déjà bien mal en point disparaîtrait définitivement. Mais la faillite de la ferme préfigurerait celle de l’atelier, de l’usine et de la boutique et le passage total de l’ensemble des activités économiques européennes aux mains des ploutocrates yankees. En France comme ailleurs dans l’UE, de nombreuses PME sont rachetées par des fonds de pension prédateurs et des multinationales voraces qui prélèvent outillages, techniques et savoir-faire avant de délocaliser et de licencier leurs personnels.

Au-delà des conséquences humaines de vies réduites en miettes par la « mondialisation heureuse » et outre un abaissement prévisible des normes sociales, préfiguré par la loi El Khomri, écologiques (hum ! le bon poulet aux hormones…) et juridiques (un tribunal d’arbitrage privé bien apprécié des contribuables français depuis le fiasco Adidas – Tapie trancherait les litiges entre États et entreprises), Washington aura le droit d’exiger que l’UE adopte toutes leurs lois. Ce partenariat prépare donc la dissolution définitive du Vieux Monde dans un pandémonium occidental made in Hollywood.

Coup d’État commercial

Les transnationales du fric et de la malbouffe soutiennent sa conclusion rapide. En brisant le droit continental d’origine romaine, elles lorgnent sur la privatisation du vivant (GPA, organes humains, semences) et incitent les populations à s’endetter par une consommation futile. L’actuelle campagne contre l’argent liquide au profit d’une monnaie électronique sous couvert de lutte contre la criminalité et le terrorisme participe à ce putsch marchand. Mais ce coup d’État ira encore plus loin dans l’asservissement de nos vies. Déjà, certains endroits aux USA interdisent la détention de… jardins potagers ! Il s’agit d’empêcher à terme toute autonomie collective et personnelle.

Le Traité transatlantique représente notre pire menace. Front paneuropéen du bien commun contre l’Ennemi !

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vendredi, 10 juin 2016

Rencontres de Béziers : l'analyse de Georges Feltin-Tracol

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Les 27, 28 et 29 mai 2016 se tenait « Le Rendez-Vous de Béziers » organisé par son célèbre maire, Robert Ménard. Pour l’occasion, l’ancien président de Reporters sans frontières avait quelques jours auparavant fondé une association à l’orthographe très vallaud-belkacemesque : « Oz ta droite ».

Au terme de ces trois journées de débats ponctuées par le psychodrame du départ précipité dès samedi midi, des élus frontistes, Marion Maréchal – Le Pen en tête (une vraie tempête dans un verre d’eau peu rempli), les quelque deux mille participants entérinèrent une cinquantaine de mesures qui devraient inspirer, voire être reprises, par les prochains candidats dits de droite à la présidentielle. Ces propositions dont la majorité est salutaire (abolition des lois attentatoires à la libre d’expression, moratoire sur l’ouverture de grandes surfaces, dénonciation de l’adhésion de la France aux articles de la Convention européenne des droits de l’homme, net refus du Traité transatlantique…) ne doivent cependant pas cacher les défauts de cette manifestation : un libéralisme assumé, un conservatisme chrétien ankylosé et moralisateur ainsi qu’un souverainisme quelque peu étriqué

« Oz ta droite » aurait l’intention folle de regrouper ce que Patrick Buisson, ancien responsable de Minute et ex-conseiller informel de Sarközy, appelle la « droite hors les murs », c’est-à-dire cette mouvance droitière sortie un temps de sa torpeur habituelle et de sa paresse conceptuelle par La Manif pour Tous et qui se trouverait à mi-chemin entre l’aile droite du parti Les Républicains, Debout la France et le néo-FN. Mirage politique, cette « droite » en quête supposée d’un dirigeant providentiel n’en demeure pas moins la proie de rivalités personnelles. Ainsi, le président de Debout la France, Nicolas Dupont-Aignan déclara-t-il à Marianne (des 27 mai au 2 juin 2016) : « J’aimerais y aller, mais ce sera non, pour ne pas prendre le risque d’une surinterprétation médiatique à me voir aux côtés de personnes peu fréquentables. » Le maire d’Yerres, naguère rocardien et Young Leader, rencontre bien tous les jours des incompétents nuisibles dans cette vaste décharge sise au Palais-Bourbon.

Sensible au discours identitaire néo-frontiste, cet électorat droitier rechigne néanmoins à voter pour le parti de Marine Le Pen dont il ne partage ni sa phobie de l’euro, ni un programme économique — jugé par ses adversaires et les médiats partisans — étatiste et dirigiste. « Le Rendez-Vous de Béziers » s’adressait par conséquent en priorité à des publics national-conservateur, libéral-conservateur et national-libéral, soit les orphelins politiques de Christine Boutin, de Philippe de Villiers, de Charles Pasqua et de Charles Millon, d’où une assistance relativement âgée et parfois chenue.

Libéralisme, les voilà !

Ce rendez-vous parapolitique prouve une nouvelle fois la schizophrénie des participants. Volontiers adulateurs du libéralisme en économie, ils accusent ce même libéralisme de tous les maux pour ses ravages culturels et moraux, montrant leur ignorance abyssal des écrits de Jean-Claude Michéa qui rappelle, livre après livre, l’unité intrinsèque de tous les libéralismes. Pourquoi s’opposer à l’homoconjugalité et à la GPA et accepter par ailleurs la suppression des 35 heures, la retraite à 65 ans ou la priorité aux économies dans le domaine de l’État-Providence ? Une réelle confusion a plané au cours de ces journées avec les interventions du chef d’entreprise Charles Beigbeder ou du chrétien libéral Charles Gave (le Christ ne détenait pourtant aucune propriété). Si Fabien Niezgoda, vice-président du MEI (Mouvement écologiste indépendant) d’Antoine Waechter ou Patrick Pérignon du syndicat agricole Coordination rurale ont pu exposer leurs points de vue originaux, d’autres intervenants manièrent avec un zèle certain la langue de coton et la valorisation ridicule de l’« Occident ». Pensons au chantre de l’« Amérique-Monde », l’ultra-néo-conservateur pro-sioniste Guy Millière, complice moral de l’assassinat du président Saddam Hussein, ou du journaliste Ivan Rioufol. Ce dernier qualifie dans son bloc-notes du Figaro (6 mai 2016) l’ignominieux TAFTA d’« imparfait mais utile ». Utile pour l’agriculture française et européenne ? Pour la santé et la souveraineté des Européens enchaînés au cauchemar yankee ? Hostile à l’islam, cet apologiste du mythe judéo-chrétien (cette variante droitarde du pâté d’alouette reprise par l’ineffable libéral-sécuritariste Éric Ciotti) défend la société multiraciale et prône l’assimilation, ce facteur facilitateur du « Grand Remplacement ». Fort heureusement, le public chauffée à blanc par le thème le hua copieusement. Cela signifierait-il que les participants accepteraient le modèle communautarien ethno-différencialiste et la réémigration ? Ce serait s’avancer un peu trop vite.

D’autres ateliers de discussions auraient mérité des sifflets. L’ambiguïté de ces trois jours persiste et ce dès les débuts, car le site d’Emmanuelle Duverger, l’épouse de Robert Ménard, Boulevard Voltaire, accepta le parrainage de Valeurs actuelles. Ce soutien n’est pas fortuit : le magazine vient d’être racheté par l’homme d’affaire libanais Iskandar Safa. Animé jusqu’à ces jours-ci par le national-mondialiste Yves de Kerdrel, ancien Young Leader de la French-American Foundation et atlantiste assumé (Geoffroy Lejeune vient de le remplacer), ce titre roule pour Les Républicains les plus droitards.

L’incongruité arriva à son comble au moment de l’allocation de Denis Tillinac. Dans Immédiatement (1972), Dominique de Roux qualifiait (fort injustement) Maurice Genevoix d’« écrivain pour mulots ». Il est indéniable que le chiraquien transi Tillinac incarne, lui, à merveille l’écrivaillon pour les blaireaux. Et comment une salle pleine de braves gens a-t-elle pu applaudir un bonhomme qui a toujours approuvé le calamiteux Jacques Chirac, ce pitoyable politicien qui accepta l’immigration extra-européenne de peuplement et donc le « Grand Remplacement », et qui accorda aux anciens des Brigades internationales la carte des anciens combattants ? Dans un essai justement oublié, Le Retour de d’Artagnan (1992), Tillinac définit une soi-disant « droite mousquetaire » qui ne rassemblait ni aux mouvements Occident ou Ordre nouveau, ni au GUD, ni même au FN et encore moins à la célèbre « Nouvelle Droite ». Souvent éthylique, la droite selon Tillinac devient étique et se résume à un slogan facile à inscrire sur un timbre postal : « Contre la gauche ! » Remarquable analyste marxien, Éric Zemmour, par ailleurs fin connaisseur du lamentable Chirac, n’a pas pris la peine de s’y rendre. Bien lui en a pris !

Avec de pareils scribouillards, abonnés à pisser d’affligeantes tribunes d’un Figaro, très faux cul à l’égard de ses lecteurs, on a berné l’ensemble des inscrits au « Rendez-Vous de Béziers », ce qui est le propre du bourgeois. Le public national-libéral-conservateur s’illusionne sur une « union des droites » plus qu’hypothétique alors qu’elles n’ont entre elles aucune affinité, sinon de vieux contentieux. Qu’y a-t-il finalement de commun entre un lecteur de Valeurs actuelles et un abonné d’Éléments ? À part la maîtrise de la langue française, rien…

Inutilité des discussions

« Le Rendez-Vous de Béziers », « Oz ta droite » et Robert Ménard s’imaginaient réussir une convergence inédite tant sur le plan des idées que dans l’action politique. Le résultat est une déception; c’est même une déconvenue. En matière économique et sociale, on se demande presque si le MEDEF mondialiste ne serait pas le rédacteur principal de certaines suggestions. Plutôt que de puiser chez tous les thuriféraires décatis du Marché qui empoisonnent la pensée européenne depuis le XVIIIe siècle, les Biterrois de cette fin de semaine auraient pu discuter de la doctrine sociale de l’Église catholique, des thèses économiques non-conformistes des années 30, des écrits du prix Nobel grand-européen français Maurice Allais, de la cogestion, de la fin du salariat, du revenu de citoyenneté, de la réussite méconnue des communautés de travail montées par Marcel Barbu et Hyacinthe Dubreuil et des coopératives de production. Redécouvrir leurs textes, les adapter à l’ère mondialisée, penser à la démondialisation auraient été de bons préalables pour une éventuelle conquête des esprits. Mais l’assistance les connaît-il vraiment ? Une réponse positive surprendrait de la part de personnes qui ont refusé l’épreuve de force lors des manifestations contre la loi Taubira en 2012 – 2013 et préféré leur confort douillet de l’embourgeoisement permanent.

Toute coopération avec ces milieux qui n’ont jamais hésité à pratiquer la délation contre les militants les plus investis et les moins consensuels est inutile et même nuisible. Sans vision mobilisatrice, la droite bourgeoise n’est pas hors des murs, mais va plutôt dans le mur d’un quotidien très éprouvant. Quelles sont donc ces initiatives métapolitiques et culturelles différentes ? Mentionnons les périodiques Réfléchir & Agir (23 ans d’existence), Synthèse nationale (10 ans), Salut public (4 ans), Terre & Peuple (20 ans); Europe Maxima (bientôt 11 ans) et les sites amis tels Cercle Non-Conforme, Euro-Synergies, Métapo Infos, Vox N-R, etc.; des cercles militants (Dextra, Le Lys Noir, La Camisole…). Nonobstant d’inévitables et saines divergences, tous publient de véritables opinions hérétiques irréductibles au primat de l’argent.

Par son titre très dans le vent, « Oz ta droite » se réfère-t-il implicitement au fameux magicien d’Oz ? N’oublions pas qu’à la fin de l’histoire, le magicien se révèle être un imposteur. S’agirait-il d’une fantastique supercherie pour un public volontiers captif qui regrette toujours le bon vieux temps du fusilleur Thiers à Versailles ? Ses arrière-petits-enfants idéologiques ignorent tout des enjeux écologiques, géopolitiques, économiques, sociaux et ethniques de ce début de XXIe siècle. Tenter de les former ne servirait à rien et ferait perdre à tous un temps précieux. Laissons-les couler avec leur monde moderne et préparons dès à présent le nôtre, révolutionnaire, identitaire et violent !

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dimanche, 20 décembre 2015

La guerre des trois aura lieu

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À seize mois de l’échéance présidentielle, le résultat final des élections régionales de décembre 2015 rend compte de l’état du rapport de forces politiques à moins que François Hollande décide de réviser par référendum la Constitution sur certains points précis (réforme du Conseil supérieur de la magistrature, inscription de l’état d’urgence, peut-être droit de vote des étrangers aux élections locales) ou démissionne et se représente aussitôt, créant une surprise certaine qui déstabiliserait l’opposition de droite – centre-droit. Les Républicains (LR) affûtent déjà leurs couteaux pour la fameuse primaire à l’automne 2016.

La récente élection hivernale confirme la vive conflictualité entre trois pôles de poids à peu près équivalents que la collusion, réclamée par les sociaux-libéraux du PS et les progressistes du centre, ne peut être que factuelle et provisoire. Les régionales entérinent la tendance enregistrée lors des législatives partielles de 2013 – 2014, des européennes de mai 2014 et des départementales de mars 2015, une tripolarisation de la vie politique hexagonale.

Le premier ensemble coïncide avec la majorité présidentielle édifiée en 2012 grâce à une entente de fer entre le PS et les radicaux de gauche qui sut bon an mal an intégrer les Verts, l’inaudible Front de Gauche et les ultimes adhérents du MRC. Or ce pôle se trouve maintenant désuni avec les tenants d’une politique progressiste sociale-libérale autoritaire (Valls, Macron, Cazeneuve, Placé) et les partisans d’une autre politique anti-austérité qu’on retrouve chez les Verts, le Front de Gauche et les frondeurs du PS. Aucune réconciliation n’est possible surtout si les opposants de gauche parviennent à se donner un candidat commun (Cécile Duflot ? Clémentine Autain ? Jean-Luc Mélenchon ? Pierre Laurent ?) capable d’empêcher François Hollande d’accéder au second tour de la présidentielle.

Le deuxième pôle correspond à l’attelage LR – UDI ainsi qu’aux divers-droite et même au MoDem. Or, outre des rivalités personnelles entre François Bayrou et Jean-Christophe Lagarde qui n’arrive d’ailleurs pas sur le plan intellectuel à la cheville du premier, le parti LR entre dans une longue période de turbulence du fait de la primaire. Nicolas Sarközy entend se venger de sa défaite méritée en 2012, mais face à lui se dressent déjà le cheval de retour Alain Juppé, Bruno Le Maire, l’égérie d’une gauche morale bo-bo Nathalie Kosciusko-Morizet ou Christian Estrosi dit la « Girouette niçoise », Jean-François Copé, François Fillon, le libéral-conservateur Hervé Mariton. Cacophonie et zizanie restent les mamelles nourricières d’une formation qui ne vise qu’à sauver ses prébendes.

Le troisième pôle concerne les forces « protestataires » qualifiées de « populistes ». À côté du FN, vainqueur paradoxal des trois derniers scrutins puisqu’il n’a remporté aucune collectivité territoriale tout en dépassant en nombre de voix le résultat de Marine Le Pen en 2012, et les autres listes souverainistes telles Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan, l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau, ou droitistes de Jacques Bompard et Jean-Claude Martinez. On doit aussi y inclure les listes régionalistes du divers-gauche pro-« Bonnets rouges » Christian Troadec, « Oui la Bretagne » (6,71 %), et présentées en Corse. Même si le mouvement frontiste ne se déchire pas comme le font le PS, le Front de Gauche, les Verts et LR, il n’en demeure pas moins tiraillé entre une ligne étatiste nationale-républicaine anti-euro défendue par Florian Philippot, et une ligne nationale-conservatrice libérale décomplexée représentée par Marion Maréchal – Le Pen. Les électeurs frontistes se fichent bien de ces dissonances parce qu’ils expriment surtout leur refus de l’immigration et de la mondialisation et que les discours frontistes correspondent aux attentes locales.

Les deux premiers pôles (PS et LR) se composent de la même homogénéité géo-sociologique (les fonctionnaires, les cadres moyens et supérieurs, les retraités vivant dans des aires métropolitaines connectées aux flux mondialisés marchands). Le troisième pôle — revendicatif – populiste — se caractérise en revanche par une très forte hétérogénéité sociologique qui en fait le seul « bloc » vraiment « inter-classiste », d’où la nature complexe du néo-FN qui est passé du nationalisme des origines (1972 – 1986) et du national-populisme tribunicien (1986 – 2011) à un populisme assumé depuis 2011, année de l’accession de Marine Le Pen à la tête du parti.

Une terrible guerre des trois se jouera donc en 2017, quand bien même les principaux auteurs ne sont pas encore totalement connus (Hollande ou Valls ? Sarközy, Juppé, Le Maire, Copé ? Marine Le Pen ou Marion Maréchal – Le Pen ?). Cependant, ce conflit politique en préparation ne doit pas occulter une autre rivalité, d’ordre moins politicien, opposant trois sensibilités de l’« anti-gauche ». Entre le conglomérat LR – UDI et le FN tente en effet d’émerger une tierce droite qui rassemblerait des tendances de l’ex-UMP (Droite sociale de Laurent Wauquiez, Droite forte de Guillaume Peltier et Geoffroy Didier, Droite populaire de Thierry Mariani, Lionnel Luca et Jacques Myard), quelques éléments nationaux-chrétiens épars, rescapés du villiérisme et de La Manif pour Tous ainsi que, peut-être, certains proches (des éclaireurs ?) de Marion Maréchal – Le Pen. Cette ligne serait défendue par l’ancienne éminence grise de Sarközy, Patrick Buisson, et des journalistes à Valeurs actuelles parmi lesquels Geoffroy Lejeune, auteur d’un roman de politique-fiction, Une élection ordinaire (Ring, 2015), qui installe à l’Élysée Éric Zemmour ! Or, Éric Zemmour a gardé de ces lectures de Marx un point de vue marxien anti-libéral guère compatible à long terme avec le national-conservatisme libéral promu par cette mouvance droitière… En parallèle s’agitent dans le champ para-politique des experts de la récupération droitarde d’un catholicisme politique éculé, étriqué et épuisé via des « boîtes à idées », L’Avant-Garde et Phénix, dont les références sont l’ordo-libéralisme et une admiration pour le néo-thomisme de Jacques Maritain. Les parrains de cette initiative seraient ainsi Charles Millon qui dirigea un temps une Droite libérale-chrétienne (tout un programme !), son épouse, la philosophe catholique libérale néo-conservatrice et signataire en 2003 d’une pétition approuvant l’agression yankee contre l’Irak baasiste du Président Saddam Hussein, ou l’avocat Jacques Trémolet de Villers. La parution de la revue d’écologie intégrale (Maritain publiait en 1936 Humanisme intégral), Limite, s’inscrit volontiers dans ce projet qui écarte les questions identitaires fondamentales (l’ethnie et les races au sens de Julius Evola) et la légitime transformation des rapports sociaux dans l’entreprise en rompant avec le système capitaliste libéral au profit d’une coopérative cogérée.

Mais ces sordides considérations politiciennes ne doivent pas oublier une troisième guerre tripolaire, plus sociologiques celle-là que les actuelles tendances politiques auraient tort de négliger, de sous-estimer ou de mépriser parce que la tripolarisation n’atteint en réalité que la moitié environ des électeurs. Cet autre « bloc » anti-politique hautement composite, est l’abstention. Si le bloc contestataire populiste, potentiellement révolutionnaire, exprime une dissidence politique assumée, l’abstentionnisme signifie toujours une sécession civique radicale. Toutes les études politologiques évoquent néanmoins d’évidentes proximités géographiquement et sociologiquement marginalisées entre la masse abstentionniste et les électeurs mécontents et prêts à renverser la table. L’abstentionniste est un électeur FN en puissance ou, plus exactement, l’électeur frontiste est un abstentionniste repenti par intermittence. Par delà cette abstention structurelle massive s’ajoutent les quelques centaines de milliers de personnes non inscrites sur les listes électorales qui marquent leur complète indifférence envers une vie politique sclérosée. Cette remarque ouvre au pôle populiste – contestataire des perspectives réjouissantes si les nombreux abstentionnistes décident de se mobiliser en faveur d’une véritable rupture politique.

Entre ces deux manières d’exprimer une défiance légitime s’intercale un tiers pôle, plus mineur, qui regroupe les votes blancs (2,41 %, puis 2,80 %) et nuls (1,58 %, puis 2,07 %). Ces deux votes traduisent aussi l’exaspération d’électeurs insatisfaits qui refusent d’apporter leurs voix aux listes sarközystes ou qui devinent la vacuité du pouvoir politique.

Loin de la simple actualité politicienne, la triple « guerre des trois » démontre le désenchantement des citoyens. L’action politique seule ne suffit pas. Celle-ci s’agence par symbiose avec le travail social, caritatif, écologique, syndical, culturel et militaire. Pour preuve, la victoire de la coalition régionaliste – autonomiste – indépendantiste à l’Assemblée territoriale de Corse. Seule bonne nouvelle de cette élection régionale.

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samedi, 07 novembre 2015

Un entretien entre Franck Abed et Georges Feltin-Tracol sur Maurice Bardèche

Bardèche réédition.jpgRoland Hélie, directeur de Synthèse Nationale, avait eu l’amabilité de m’adresser le livre intitulé Bardèche et l’Europe de Georges Feltin-Tracol, publié en 2013. Pour différentes raisons, je ne l’avais pas encore lu et étudié. C’est chose faite maintenant.

Je dois dire que la pensée de Bardèche, en tant que catholique et royaliste, m’est assez éloignée. Pourtant, cela ne m’empêcha point de lire et de grandement apprécier l’excellent Sparte et les Sudistes. En tant que défenseur de l’héritage capétien, partisan de la monarchie universelle et admirateur de l’Europe Impériale, toutes les questions doctrinales et intellectuelles sur l’Europe m’attirent et m’intéressent grandement. Une fois le livre lu, je voulais en savoir plus. J’ai donc demandé à mon ami Roland de me mettre en relation avec l’auteur. Quelques jours après, je recevais un appel téléphonique de Georges Feltin-Tracol. Une longue et sympathique discussion s’en suivit au cours de laquelle nous abordions à battons rompus, Bardèche, l’Europe, l’Empire, le solidarisme, la théocratie, la « droite » en France et les raisons de son échec, les monarchies etc. Ne voulant pas en rester là, je proposais à mon interlocuteur de poursuivre notre échange. Voilà la raison de cet entretien...

Franck ABED

Franck Abed : Maurice Bardèche le jacobin, l’admirateur de la Grande Révolution et des soldats de 1793, a toujours défendu l’idée européenne. N’est-ce pas contradictoire ?

Georges Feltin-Tracol : Avant de répondre à cette question, il faut prévenir le lecteur que Maurice Bardèche est d’abord connu pour avoir défendu toute sa vie son meilleur ami et beau-frère Robert Brasillach dont l’exécution, le 6 février 1945, le traumatisa et transforma un paisible universitaire spécialiste de la littérature française du XIXe siècle en un ardent polémiste et farouche contempteur de l’ordre du monde surgi à la fin de la Seconde Guerre mondiale.

L’idée européenne chez Maurice Bardèche est surtout développée dans sa conférence, « L’Europe entre Washington et Moscou » (disponible dans « Maurice Bardèche l’insoumis 1998 - 2013 », dans les Cahiers des Amis de Robert Brasillach, n° 51 - 52), à Anvers en avril 1951, dans L’œuf de Christophe Colomb (1952) et, plus succinctement, dans Les temps modernes (1956), et le fameux Sparte et les Sudistes (1969). Il faut se souvenir qu’en pleine Guerre froide, le succès notable de la CECA (Communauté européenne du charbon et de l’acier) en 1951 incite les responsables européistes à envisager deux autres communautés européennes complémentaires, la première pour la défense — sous-entendue contre l’URSS — : la CED (Communauté européenne de défense) et la seconde, politique, la CEP (Communauté européenne politique). Le violent débat sur la CED porte sur le caractère supranational de l’armée européenne, son degré d’intégration de cette armée dans l’OTAN, créée en 1950, et la remilitarisation de l’Allemagne occidentale.

La CED divise toute la classe politique, hormis le PCF et le RPF gaulliste qui lui sont hostiles. Par ses interventions fréquentes, Maurice Bardèche entend contribuer aux discussions publiques en soutenant le projet. Parallèlement, Rivarol se montre lui aussi favorable à ce projet, au contraire de Jeune Nation.

Quand on retrace la généalogie contemporaine de l’idée européenne, on relève l’absence de contradictions avec l’héritage révolutionnaire française dans lequel a grandi le jeune Bardèche. Dans l’opposition jusqu’en 1875, les républicains français sont bellicistes, expansionnistes, nationalitaires, c’est-à-dire favorables à une Europe des nationalités libres qui exista un temps lors du « Printemps des peuples » de 1848. Nonobstant son (néo)fascisme assumé, Maurice Bardèche s’inscrit dans cette tradition politique. Le paradoxe n’est d’ailleurs qu’apparent puisque l’historien italien Renzo de Felice a bien démontré que les principales racines idéologiques du fascisme provenaient du nationalitarisme mazzinien. En admirateur de Metternich et de la Sainte-Alliance, Julius Evola le reconnaissait volontiers.

Pourriez-vous préciser ses grandes inclinations intellectuelles sur l’Europe ?

Maurice Bardèche ne fait pas œuvre d’historien. Il puise dans l’histoire des exemples marquants. Quand il rédige L’œuf de Christophe Colomb, il a en tête deux visions d’Europe inachevées ou avortées : l’Europe de la Grande Nation de Napoléon Ier et celle des volontaires européens sur le front de l’Est de 1941 à 1945, la première étant plus prégnante dans son esprit que la seconde.

En 1993, dans ses Souvenirs, des mémoires qui s’arrêtent volontairement à 1958, Maurice Bardèche revient sur son européisme et, dépité par la construction technocratique et marchande de l’Union pseudo-européenne, exprime toute son admiration pour les thèses de Thatcher sur une simple organisation intergouvernementale. En creux s’affirme l’acceptation d’une « France seule » chère à Charles Maurras, constat d’une immense déception et d’une occasion manquée.

L’idée européenne promue par Bardèche est-elle encore défendue par des acteurs politiques contemporains ? Si oui lesquels ? Si non, pourquoi ?

Quand on lit avec attention les positions de Maurice Bardèche sur l’Europe, on remarque tout de suite qu’il n’imagine pas un super-État continental centralisé. Mieux que l’économie (Jean Monnet) ou la culture (Denis de Rougemont), il a compris que les meilleurs facteurs d’une réelle cohésion européenne passeraient par la diplomatie et la défense.

« Babar » comme le surnommaient affectueusement les rédacteurs de sa revue, la très mal-nommée Défense de l’Occident, n’est pas un théoricien, ni un constitutionnaliste et encore moins un juriste de profession ; il se veut pragmatique. Il conçoit ainsi une Confédération européenne des États nationaux qui ne concentrerait que quelques attributs, mais des attributs

régaliens primordiaux : le domaine militaire et les relations internationales. Cette idée de confédération limitée à ses seules fonctions n’est pour l’heure défendue par personne. Dans les années 1980, l’ancien ministre Michel Jobert exposait cette vision dans le cadre de son Mouvement des démocrates (cf. Vive l’Europe libre ! Réflexions sur l’Europe, Ramsay, 1984). Dans la même période, le solidariste et nationaliste-révolutionnaire Jean-Gilles Malliarakis proposait lui aussi dans Ni trusts, ni soviets (Éditions du Trident, 1985) une semblable solution. Plus récemment, mon vieux camarade Rodolphe Badinand, co-fondateur d’Europe Maxima, exigeait dans Requiem pour la Contre-Révolution (Alexipharmaque, 2008) un noyau confédéral en lieu et place de l’Union soi-disant européenne.

Aujourd’hui, l’idée européenne chère à Maurice Bardèche est en sommeil, oubliée et/ou ignorée des minables politicards. Mais le choc du réel provoquera son surgissement tôt ou tard !

Dans votre livre, une expression de Maurice Bardèche m’a frappé, à la fois par sa pertinence, sa rigueur et sa permanence. Il s’agit de « l’Europe cuirassée ». Pourriez-vous l’expliquer et l’approfondir en quelques mots ?

Par la métaphore de l’« Europe cuirassée », Maurice Bardèche veut donner un sens politique à l’Europe qu’il esquisse. En 1951, celle-ci, divisée et amoindrie par deux conflits mondiaux consécutifs et récents, se retrouve en proie à trois menaces considérables : le réveil des peuples de couleur (la décolonisation commence), la menace soviétique qui n’est alors qu’à « deux étapes du tour de France » de Paris et l’occupation étatsunienne. Maurice Bardèche aurait souhaité assister à l’émancipation des Européens. Il aurait aimé que l’Europe nationale proclame sa neutralité et, pourquoi pas ?, prenne ensuite la tête du non-alignement contre le condominium soviético-yankee.

Maurice Bardèche voulait probablement faire de l’Europe nationaliste, voire néo-fasciste, une très grande Suisse, un État neutre et inattaquable du fait d’une redoutable cuirasse : son service militaire de milice civique. On peut même s’avancer à croire que la Confédération européenne fût été le décalque continental de sa consœur helvétique.

Avec l’actualité, il va de soi que l’« Europe cuirassée » prend une autre tournure. Avec l’invasion afro-asiatique en cours orchestrée, payée et encouragée par la Turquie, l’Arabie Saoudite et les États-Unis, l’« Europe cuirassée » impliquerait le rétablissement de frontières strictes tant du point de vue juridique que politique parce que les frontières ne sont pas que territoriales. La préférence nationale, au minimum, est une autre forme de frontière salutaire. À mon avis, toutes les frontières, matérielles et immatérielles, concourent à l’édification salutaire d’une société fermée, autocentrique et autarcique. Bref, l’« Europe cuirassée » signifie « les Européens maîtres chez eux en Europe et prêts pour cela à se battre ».

Quel fut l’impact réel du Mouvement social européen, dont Bardèche fut membre, sur la vie politique ?

Dès 1951 et le lancement de la CECA, il est prévu d’instituer un Parlement européen élu au suffrage universel direct, mais le rejet de la CED en 1954 par l’Assemblée nationale française écarta cette option jusqu’en 1979 quand les députés européens remplaceront les parlementaires désignés par les Parlements nationaux. Pour une fois en avance, des formations de droite nationale ont cherché à se regrouper afin d’atteindre un seuil électoral pertinent à l’instar des premiers résultats électoraux prometteurs du jeune MSI (Mouvement social italien).

Reconnu par toute l’Europe des réprouvés grâce à son Nuremberg ou La terre promise (1948), Maurice Bardèche est sollicité pour conduire la délégation française à Malmö en Suède. De cette réunion sort le Mouvement social européen (MSE) dont Bardèche devient l’un des vice-présidents et le responsable du MSE pour la France, d’où la création d’un bulletin de liaison : la future revue Défense de l’Occident.

Si une certaine presse versa dans le sensationnalisme et cria à la renaissance du fascisme ou d’une nouvelle « Internationale noire (ou brune) », l’impact du MSE sur la vie politique française et européenne fut plus qu’insignifiant. Outre le report sine die du scrutin européen, le MSE subit très tôt une scission de la part des racialistes réunis dans le Nouvel ordre européen. Cet échec fut néanmoins profitable puisque une décennie plus tard, le Belge Jean Thiriart lança Jeune Europe avec le MSE en contre-exemple parfait.

Dans votre essai vous ne mentionnez pas la religion en général, ni la religion catholique en particulier. Pourtant, la religion catholique romaine reste un pilier de notre civilisation européenne. Quel était le rapport de Bardèche à la religion catholique ?

Maurice Bardèche évoque rarement le catholicisme dans ses écrits. Élevé par l’école des hussards noirs de la IIIe République laïque et ayant grandi dans une famille patriote, anticléricale et radicale-socialiste, c’est un catholique de culture.

La religion catholique romaine reste-t-elle encore un pilier de notre civilisation européenne ? J’en doute. Certes, les basiliques des premiers chrétiens, les églises romanes, gothiques, baroques et classiques appartiennent à notre héritage, mais ce n’en est qu’une partie. L’Orthodoxie et même un certain protestantisme en sont d’autres. Avec le concile Vatican II, conséquence catastrophique des conciles antérieurs (Vatican I et Trente), le catholicisme romain a renié sa part européenne, ces syncrétismes singuliers avec les paganismes ancestraux qui en faisaient son originalité.

L’Église de Rome trahit maintenant les peuples autochtones de notre continent au profit d’intrus surnommés « migrants ». Bien que sympathique par certains côtés (son hostilité au règne de l’argent ou son approche de l’écologie malgré son tropisme cosmopolite), l’actuel « pape » conciliaire Bergoglio comme ses prédécesseurs immédiats ne me convainc pas. Pour soutenir un véritable catholicisme de combat, il eut fallu que Mgr. Jean de Mayol de Lupé (1873 - 1955) devînt le souverain pontife, cela aurait eu tout de suite une toute autre tenue !

D’une manière générale, le projet politique de civilisation européenne défendu par Bardèche ou d’autres peut-il se faire sans le catholicisme ?

La civilisation européenne ne se réduit pas au seul catholicisme qui lui-même change et se modifie au fil des âges. Les racines spirituelles de l’Europe ne se trouvent pas qu’à Athènes, Rome et Jérusalem; elles plongent aussi dans les traditions germaniques, celtiques, scandinaves, slaves, balkaniques, caucasiennes et même basques et laponnes ! Comme l’affirmait Dominique Venner dans Histoire et tradition des Européens (Éditions du Rocher, 2002), l’étymon européen a au moins plus de 30 000 ans d’histoire. Le christianisme n’est qu’un moment de sa longue histoire. Cette phase historique est d’ailleurs en train de s’achever quand bien même l’abjecte idéologie des droits de l’homme en est la forme sécularisée (pour faire simple).

Une Europe catholique serait un non-sens, sauf si un Prince, Capétien ou Habsbourg, en prenait la direction comme le soutient la sympathique équipe anarcho-royaliste et écolo-décroissante du Lys Noir. Cette Europe-là demeurerait toutefois une portion d’Europe.

La question religieuse n’est pas le meilleur moyen de favoriser la prise de conscience des Européens. Celle-ci ne se cristallisera que face à des périls immédiats, que face à l’irruption d’une altérité menaçante et conquérante. Au-delà des contentieux territoriaux, historiques et confessionnels, les Européens comprendront grâce à l’ethnologie, la généalogie et l’anthropologie qu’ils procèdent d’une substance commune et initiale. Quant à la religion, il est vraisemblable que les techniques les plus sophistiquées favorisent la résurgence et la réactivation des structures anthropologiques de l’imaginaire archaïque européen.

Propos recueillis par Franck Abed.

Le site de Franck Abed cliquez ici

  • Georges Feltin-Tracol, Bardèche et l’Europe. Son combat pour une Europe « nationale, libérée et indépendante », Éditions Les Bouquins de Synthèse nationale, Paris, 2013, 130 p., 18 €, à commander sur www.synthese- editions.com ou à (+ 3 € de port), chèque à l’ordre de Synthèse nationale, 116, rue de Charenton, 75012 Paris, (+ 3 € de port), chèque à l’ordre de Synthèse nationale. L'acheter en ligne cliquez là
  • « Maurice Bardèche l’insoumis 1998 - 2013 », Cahiers des Amis de Robert Brasillach, n° 51 - 52, 2013 - 2014, 275 p., 40 €, à commander aux Amis de Robert Brasillach (ARB), Case postale 3763, CH - 1211 Genève 3, Suisse, chèque à l’ordre de l’ARB.

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dimanche, 12 juillet 2015

LE PIEGE DE "FLAMBY"

Flamby2.jpgGeorges Feltin-Tracol

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Dans le n° 397 de l’excellente lettre confidentielle Faits et Documents, Emmanuel Ratier rapporte des rumeurs, infondées ou non, colportées par quelques grands titres de la presse officielle.  Notre « Flamby » hexagonal aurait l’intention en 2016 de réformer le mode de scrutin des élections législatives.

L’émergence d’une tripolarisation partisane durable (P.S., Les Républicains ex-U.M.P. et F.N.) (1), une abstention massive désormais structurelle et la très grande volatilité de l’électorat qui, d’une élection à l’autre, choisit des candidats d’étiquettes différentes qui bouleversent les subtiles équilibres institutionnels au point que les résultats ne reflètent plus la réalité politique.

En s’appuyant sur un article paru dans Le Monde du 21 mai 2015, Emmanuel Ratier envisage une manœuvre très mitterrandienne de l’actuel Président. En 1985, François Mitterrand imposait le mode de scrutin proportionnel par liste départementale avec un seuil minimal de 5 % afin de freiner l’effondrement du P.S. comme ce sera le cas lors des législatives de 1993 (57 sièges !). Hollande l’appliquerait en la jumelant avec une mesure populaire : la réduction du nombre de députés de 577 à 400. Pour éviter toute polémique supplémentaire, la réforme supprimerait les actuelles circonscriptions redessinées avant 2012. Le scrutin se déroulerait dans le cadre des nouvelles régions qui deviendraient ainsi légitimes aux yeux de l’opinion. Elle imposerait aussi une parfaite parité hommes – femmes, ce qui freinerait la constitution de listes alternatives (P.D.F. de Carl Lang, M.E.I. d’Antoine Waechter, Nouvelle Donne de Pierre Larrouturou…) qui, faute d’un nombre suffisant de militants, ne peuvent se plier à cette contrainte supplémentaire et aberrante. La parité nuit au nécessaire renouvellement politique.

2016 étant une année sans échéances électorales prévues, ce projet serait soumis à un référendum. Mais, « astuce suprême (car il y a évidemment un piège), François Hollande, en disciple de François Mitterrand, écrit Emmanuel Ratier, couplerait ce référendum avec d’autres questions, comme le vote des immigrés étrangers aux élections locales (2) ». Après le « mariage pour tous » (mais pas encore à tout âge… – les sociétalistes demeurent d’incurables féministes), ce serait le « vote pour tous » avec le secret espoir de sauver des prochains désastres électoraux les ultimes vestiges du sociétalisme gendériste et financialiste agonisant… En outre, l’unique réponse à ces deux réformes en soi aisément séparables « créerait, toujours selon Emmanuel Ratier, un dilemme pour les électeurs F.N. : accepter le seul scrutin qui leur soit favorable tout en acceptant le vote des étrangers (3) ». Il y a peu, le 7 juin 2015, les électeurs luxembourgeois ont massivement rejeté (78,02 %) le droit de vote des étrangers à la surprise de la coalition gouvernementale libérale – verte – P.S. et des médiats (4).

Sur ce sujet délicat, soyons explicites, quitte à mécontenter les « nationaux-républicains » hexagonaux. En tant qu’Européen de langue française, accorder aux autres Européens de racines albo-boréennes le droit de vote et l’éligibilité à toutes les élections, y compris nationales et pas seulement locales, n’est pas scandaleux. On a bien un Premier ministre d’origine ibérique (c’est sa politique qui est lamentable) et l’histoire de France se souvient du rôle majeur joué au milieu du XVIIe siècle par deux étrangers : la reine-régente Anne d’Autriche, mère de Louis XIV, et son principal ministre, le cardinal italien Jules Mazarin, et au XVIIIe siècle par le Maréchal de Saxe.

Quant à la proportionnelle, est-elle vraiment la panacée ? Sans l’application du vote préférentiel, voire du panachage, la composition des candidatures repose sur les seuls états-majors politiciens. Les plus serviles peuvent espérer une lucrative place éligible s’ils savent bien courber la tête tandis que les meilleurs éléments intellectuels et militants seraient relégués en position inéligible.

Par ailleurs, le rétablissement du scrutin proportionnel pourrait in fine entraver légalement le gouvernement de la France par des forces populistes. Proposons une hypothèse quelque peu osée. Un accident politique (comme il existe des accidents statistiques) porte à l’Élysée le candidat (la candidate ?) populiste. La logique institutionnelle de la Ve République – renforcée par le quinquennat – lui donnerait, le cas échéant, une majorité à l’Assemblée nationale grâce au scrutin majoritaire uninominal à deux tours et aux inévitables ralliements entre le soir du premier tour de la présidentielle et la clôture des candidatures législatives. Longtemps desservi par ce mode de scrutin, le populisme obtiendrait ainsi une majorité réelle. Avec la proportionnelle, il lui serait plus difficile de réunir une majorité stable. Les oppositions s’entendraient facilement afin de déchoir le chef de l’État populiste en reproduisant dans le contexte français le récent exemple égyptien. La proportionnelle tant espérée deviendrait ainsi le tombeau des espérances populistes.

Dans un ouvrage remarquable consacré aux écrits constitutionnels de Carl Schmitt et de René Capitant, Gwénaël Le Brazidec observe que les deux constitutionnalistes « s’accordent […] sur la nocivité de la représentation proportionnelle : certes ils reconnaissent qu’elle réduit les fortes distorsions entre le nombre de suffrages et le nombre de mandats et apparaît donc plus juste; mais, pour les deux juristes, elle permet l’emprise du parti sur les élus et substitue le régime des partis, qu’ils condamnent l’un comme l’autre, au régime parlementaire. Cependant, Capitant insiste essentiellement sur le fait que ce mode de scrutin est contraire au régime parlementaire car il vise non à donner naissance au pouvoir mais à représenter les opinions et les intérêts devant le pouvoir, caractéristique du régime parlementaire; de plus, il favorise l’éclatement de partis ce qui rend difficile la formation de majorités sinon par coalition et entente. Schmitt préfère souligner que la représentation proportionnelle rompt la relation personnelle entre l’électeur et le chef du parti au profit des appareils de parti. Leurs analyses sont donc en définitive complémentaires (5) ». En outre, « il serait inexact de tenir le système proportionnel pour plus démocratique que d’autres, ajoute Carl Schmitt. Les divisions qu’il introduit ne sont certes pas territoriales mais elles n’en traversent que plus fortement l’État entier (6) ».

Que des formations populistes revendiquent le scrutin proportionnel témoignent d’un refus implicite à gouverner, plus soucieux de privilégier une fonction tribunicienne. « Les politiciens de partis n’ont aucun intérêt à exercer la direction politique, prévenait Carl Schmitt : ils veulent préserver leur parti des remous et ne peuvent pas à assumer le risque de l’activité politique qui reste toujours lié à une véritable direction (7). » Pour sa part, Gwénaël Le Brazidec précise que « le mode de scrutin proportionnel tend à réduire jusqu’à la crainte de la dissolution chez les chefs de partis. Elle a pour conséquence d’absorber une grande partie des fluctuations électorales que le scrutin majoritaire, au contraire, amplifie (8) ».

Par conséquent, en dépit de ses nombreux défauts, le scrutin majoritaire est un pis-aller honorable. Il importe néanmoins qu’il soit à un seul tour (comme le réclamaient les gaullistes Michel Debré et Philippe Seguin). Aux élections départementales de mars 2015, au soir du premier tour, le F.N. se trouvait en tête dans près de 322 cantons (au lieu de 62) ! L’idéal serait en fait le tirage au sort des candidats et le recours généralisé à tous les niveaux du référendum de choix non lié à un simple oui ou non. En attendant ces conditions propices, si cette éventuelle manœuvre politique se concrétisait, la réforme politicienne de « Flamby » ne peut qu’inciter au non.

Notes

1 : Le terme de « tripolarisation » paraît plus approprié pour désigner la situation actuelle du paysage politique français que le mot historiquement daté de « tripartisme » qui concernait la coopération gouvernementale entre 1945 et 1947 des socialistes, des communistes et des démocrates-chrétiens du M.R.P. (Mouvement républicain populaire).

2 : Emmanuel Ratier, Faits et Documents, n° 397, 1er – 15 juin 2015, p. 3.

3 : Idem.

4 : Ce référendum portait sur trois questions (droit de vote des étrangers à toutes les élections, droit de vote à partir de 16 ans et limitation à dix ans du mandat ministériel). Les trois réponses furent négatives. Cette réaction signifierait-elle le réveil des Luxembourgeois tel que le prévoyaient Joseph Joly et Vincent Lefebvre, Luxembourg. La dynastie prisonnière (Éditions de l’Aspirant, 2014) ?

5 : Gwénaël Le Brazidec, René Capitant, Carl Schmitt : crise et réforme du parlementarisme. De Weimar à la Cinquième République, L’Harmattan, coll. « Logiques juridiques », 1998, pp. 100 – 101.

6 : Carl Schmitt, Théorie de la Constitution, P.U.F., coll. « Quadrige – Grands Textes », 2008, p. 378.

7 : Carl Schmitt, op. cit., p. 497.

8 : Gwénaël Le Brazidec, op. cit., p. 141.

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dimanche, 15 février 2015

Il était une fois... le PFN.

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Les 9, 10 et 11 novembre 1974 était créé à Bagnolet le Parti des forces nouvelles (P.F.N.) qui sera, une décennie durant, le principal concurrent du Front national (F.N.). Pour saluer ce mouvement qui aurait eu quarante ans, les Cahiers d’histoire du nationalisme ont demandé à Didier Lecerf qui (NDLR - participait à la direction du PFN) dans les années 1980 de revenir sur ce parti politique relativement méconnu.

En 1984 – 1985, il était fréquent que les journalistes le confondissent avec le F.N. qu’ils désignaient alors en « Parti du Front national », d’où des quiproquos du sigle… Pourtant, les différences entre les deux frères ennemis étaient fortes. Tandis que le F.N. s’ouvrait aux G.N.R. (Groupes nationalistes révolutionnaires) de Base de François Duprat, aux nationalistes radicaux blancs du périodique Militant, puis aux solidaristes de Jean-Pierre Stirbois, le P.F.N. tranchait par l’esthétisme de ses affiches et voulait incarner une « droite design», c’est-à-dire dans le vent et à l’affût des bouleversements de fond.

Didier Lecerf rappelle d’abord le contexte national et international de cette époque. Le Mur de Berlin divisait l’Allemagne; l’Europe était partagée entre les blocs atlantiste et soviétique; la défaite étatsunienne au Vietnam avait permis à l’U.R.S.S. de s’affirmer dans le monde entier au point que Raymond Aron s’inquiétât dans Le Figaro du déclin irréversible des États-Unis. En France, les anti-communistes pronostiquaient une invasion soviétique imminente et luttaient contre un Parti communiste fort de 15 à 20 % des suffrages.

Le P.F.N. provient de l’insuccès électoral du F.N. aux législatives de 1973. En 1972, Ordre Nouveau (O.N.) entendait élargir son assise électorale et accroître ses effectifs en constituant avec d’autres formations de droite nationaliste ou proches des ultra de l’Algérie française (Mouvement pour la Justice et la Liberté/Unité Française de Georges Bidault) en formant un cartel électoral : le Front national pour l’unité française. Après avoir sollicité Dominique Venner pour en assumer la présidence, la direction d’O.N. s’adressa à l’ancien député poujadiste, puis républicain-indépendant Jean-Marie Le Pen, ancien directeur de la campagne présidentielle de Jean-Louis Tixier-Vignancour en 1965.

Le désastre électoral, la forte personnalité de Jean-Marie Le Pen et la scandaleuse dissolution d’O.N. en 1973 provoquent de vives dissensions et le départ de plusieurs militants de valeur. Ceux-ci créent des Comités Faire front, puis un Comité d’initiative pour la construction d’un parti nationaliste, embryon du futur P.F.N. Animée par Pascal Gauchon, Alain Robert, Gabriel Jeantet et le journaliste François Brigneau, cette structure politique à vocation électorale dispose d’une revue au graphisme percutant, Initiative nationale, ainsi que de quelques relais auprès des étudiants grâce au G.U.D. (Groupe Union Défense), des jeunes (le Front de la Jeunesse) et dans le monde du travail avec l’Association pour un syndicalisme libre. Plus tard, à l’occasion d’événements médiatiques tapageurs, il soutiendra le Comité de soutien à l’armée du sergent appelé Joël Dupuy, hostile à la syndicalisation rouge des militaires, tiendra un « Forum de la nouvelle droite » en mars 1975 et organisera en avril 1976 une prestigieuse « Semaine du cinéma de droite ». De nombreux hommes de lettres, universitaires et journalistes (Thierry Maulnier, Maurice Druon, Jean Cau, Louis Pauwels, Michel de Saint-Pierre, Roland Gaucher, Raoul Girardet, le colonel Rémy, etc.) répondront à son appel. La réaction gauchiste ne se fait pas attendre et se montre violente.

Le corpus idéologique du P.F.N. est résumé dans « une plaquette doctrinale de 88 pages, Propositions pour une Nation nouvelle. […] Pour l’essentiel, on y retrouve les thèmes et les idées développés par la “ Nouvelle Droite ” au sein du G.R.E.C.E. (fondé en janvier 1969) (p. 51) ». L’objectif principal vise à surprendre l’opinion. « C’est ainsi que le sigle “ forces nouvelles ” a été choisi, entre autres parce qu’il étonne à droite ; que la plaquette doctrinale défend l’idée d’une réconciliation de la Tradition et du Progrès; et que sa couverture porte un dessin de l’architecture futuriste Sant’Elia… (p. 63) ».

L’apport théorique du P.F.N. n’est pas anodin, car il cherche à concilier un nationalisme « revu et corrigé » avec une démarche ouvertement européenne. À l’occasion des premières élections au Parlement de Strasbourg en 1979, après une tentative de rabibochage avec le F.N. dans le cadre d’une « Union française pour l’Eurodroite des patries », le P.F.N. monte finalement sa propre liste, intitulée « Union française pour l’Eurodroite », conduite par Tixier-Vignancour et soutenue par le M.S.I. d’Almirante et les Espagnols de Fuerza Nueva. « Toutefois, si les fonds réunis sont suffisants pour être présents (en concurrence avec dix autres listes), ils ne permettent d’imprimer que les bulletins et les affiches pour les bureaux de vote, mais pas les bulletins et les professions de foi adressés aux électeurs. En outre, il ne reste que trois semaines avant l’échéance… (p. 110) » Le résultat déçoit : 1,31 % soit 266 000 voix. En 1981, Pascal Gauchon ne parvient pas à obtenir les 500 parrainages nécessaires pour se porter candidat à la présidence de la République. La victoire de François Mitterrand contraint le P.F.N. à se remettre en question.

À l’automne 1981, Alain Robert et Pascal Gauchon se retirent du P.F.N. Une nouvelle direction, composée (NDLR - entre autres) de Jack Marchal et de Jean-Claude Jacquard, bientôt ultime rédacteur en chef de Défense de l’Occident de Maurice Bardèche, propose une voie plus activiste. Paru en juin 1982, Perspectives d’action expriment un net changement d’attitude militante. Le Front de la Jeunesse devient le Renouveau nationaliste tandis qu’un nouveau titre, Pour une force nouvelle, remplace Initiative nationale. En revanche, le programme proposé reprend, réactualise et réaffirme les thèses fondatrices. Celles-ci paraissent en novembre 1974 dans des Propositions politiques, économiques et sociales qui se révèlent visionnaires. Dans le premier chapitre, l’article 1 stipule que « le système électoral actuel perpétue la domination des partis en place. Pour assurer la représentation réelle de toutes les tendances, nous réclamons l’institution d’un système d’élections à la proportionnelle qui reflète le plus exactement possible les forces politique en présence (p. 184) ». L’article 2 condamne l’organisation administrative française et estime que « le cadre artificiel du département doit perdre de son importance [Hollande et Valls auraient-ils été militants secrets au P.F.N. ?] au profit des communes et des cantons, chargés de l’administration locale, et surtout des régions. Une véritable décentralisation administrative et économique doit être réalisée au profit de celles-ci. En particulier, il est essentiel que le Conseil régional dispose d’un véritable budget par un transfert d’une partie des ressources de l’État à la Région. Cette décentralisation doit permettre un meilleur fonctionnement de l’État en rapprochant les pouvoirs des administrés. Elle ne doit pas être une occasion accordée à un séparatisme anarchisant et passéiste, mais un instrument au service de la Nation et de la construction de l’Europe. Les cultures régionales font partie du patrimoine national; elles doivent donc être protégées par l’État et non réprimées (p. 184) ». À mille lieux, on le voit, des incantations centralisatrices désuètes d’un parti pseudo-protestataire et néo-ringard qui confond le Marais parisien avec le reste de la France…

En économie, ces Propositions… réclament la cogestion, exigent « l’extension du système de conseils paritaires de conciliation prévus dans de nombreuses conventions collectives (p. 186) » et suggèrent le « vote de la grève par les travailleurs au scrutin secret (p. 186) ». Mieux, elles se terminent par une préfiguration de la « remigration » (ou réémigration) et de la préférence nationale : « Interdiction effective et absolue de toute immigration, tant que la France n’aura pas retrouvé le niveau d’emploi de 1972. Préférence d’emploi accordée à toutes occasions aux travailleurs nationaux, revalorisation des tâches jusqu’à présent abandonnées aux immigrés. S’il y a lieu, mise à l’étude d’un plan de rapatriement progressif des immigrés (p. 196). »

Parfaitement adapté aux difficiles conditions de ce premier quart du XXIe siècle, ce programme ne pouvait pas séduire une France qui sortait à peine des « Trente Glorieuses » et qui croyait à la brièveté de la crise en partie déclenchée par le premier choc pétrolier de 1973. Le P.F.N. arrivait trop tôt. Par ailleurs, il commit deux graves erreurs stratégiques. La première, antérieure à sa naissance, fut de ne pas présenter en 1974 un candidat à la présidentielle. Les Comités Faire front auraient pu assez facilement parvenir aux cent parrainages nécessaires. Ils laisseront au « Menhir » l’avantage décisif de se faire connaître des Français, réussissant ainsi un coup déterminant pour l’avenir. La seconde erreur fut de s’entendre en mars 1977 aux élections municipales avec le R.P.R. de Jacques Chirac. Trente candidats P.F.N. figurèrent donc sur des listes à « Marseille, Toulon, Cannes, Aix-en-Provence, Lyon, Villeurbanne, Villemonble, Nancy, Talence, Illzach, Nanterre, Champigny, ou encore à Paris, dans les XVIe et XIXe arrondissements (p. 93) ». Cette participation pesa lourd sur les destinées du P.F.N. désormais toujours soupçonné de rouler pour le calamiteux Chirac. Lors de sa premières « Heure de vérité » sur Antenne 2, le 13 février 1984, Jean-Marie Le Pen qui, dès 1981 contestait déjà « le mondialisme giscardien », refusa toute alliance avec le P.F.N., prétextant ce compromis de 1977.

L’ascension du F.N. plonge le P.F.N. dans la crise. Présentant parfois des candidatures face au F.N., il constate vite que la dynamique électorale est favorable au seul frontisme. En 1985, la direction collégiale propose l’auto-dissolution du P.F.N. et le ralliement au F.N. Interrogé dans ce numéro, Roland Hélie raconte qu’il n’était « pas emballé à l’idée de rejoindre le Front. […] En fait nous n’avions pas beaucoup de contacts avec la direction du F.N., et Le Pen et son entourage ne semblaient pas très chauds à l’idée de nous voir arriver. Ce qui peut se comprendre compte tenu des rapports exécrables qu’il y avait eu pendant dix ans entre nos deux formations (p. 145) ». Toutefois, une trentaine de cadres issus du P.F.N. intégraient bientôt le F.N. où ils occupèrent rapidement des responsabilités grâce à la bienveillance du secrétaire général de l’époque, Jean-Pierre Stirbois.

Dès novembre 1985, une partie des militants du P.F.N. hostiles à ce ralliement rejoint le Mouvement Troisième Voie. S’ensuivirent jusqu’en 1990 des amorces de relance ponctuées par de multiples scissions. Un célèbre numéro du Choc du Mois en 1988 décrivait l’emblème du P.F.N. résiduel d’alors : « Quatre quartiers rouges pour l’eau, le feu, le ciel et la terre, une croix celtique suggérée, et un cercle noir pour figurer la roue solaire. Ouf. » Seules les sections de Strasbourg, d’Orléans et d’Aix-en-Provence n’acceptèrent pas la disparition factuelle du P.F.N. Les Strasbourgeois conçurent la N.A.T.R.O.P.E. (Nouvelle amitié dans les territoires et régions par l’organisation des peuples en Europe), néo-droitiste, alors que les Aixois fondaient un Parti des forces nationalistes d’orientation contre-révolutionnaire. Ce n’est qu’en février 1998 que le Journal officiel annonçait sa dissolution officielle.

Le P.F.N. restera comme une tentative de renouvellement des idées et de la pratique politiques à la fin de la Guerre froide. L’absence de figures charismatiques capables de susciter l’enthousiasme de l’audimat fut sa principale lacune sinon on aurait aujourd’hui un authentique mouvement patriotique français et européen.

111111111.jpgSous la direction de Didier Lecerf, Le P.F.N. 1974 – 1984 : une autre droite, Cahiers d’histoire du nationalisme, n° 4, octobre – novembre 2014, 197 p., 20 € + 3 € de port (116, rue de Charenton, F – 75012 Paris).

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lundi, 07 juillet 2014

QUEL BILAN APRES "L'EURO-SECOUSSE" ?

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Georges Feltin-Tracol

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Les élections européennes du 25 mai 2014 ont vu le succès des formations eurosceptiques, « populistes », « nationalistes », voire « europhobes » dans quelques États membres de l’Union (pseudo-)européenne. Le Front national (F.N.) en France, l’U.K.I.P. (Parti de l’indépendance du Royaume-Uni) et le Parti du Peuple au Danemark sont arrivés en tête du scrutin. En Autriche, le F.P.Ö. (Parti national-libéral) gagne des suffrages tandis qu’en Italie, si la Ligue du Nord arrête un déclin annoncé (6,15 %), le Mouvement 5 Étoiles (M.5S.) de l’humoriste Beppe Grillo reste à un étiage élevé (21,16 %) même si le Parti démocrate de centre-gauche du président du Conseil Matteo Renzi réalise 40,81 %.

Ailleurs, la situation est plus contrastée. Le Parti de la Liberté (P.V.V.) du Néerlandais Geert Wilders semble pâtir de son rapprochement avec le F.N. En Hongrie, le F.I.D.E.S.Z. (Alliance des jeunes démocrates) du Ministre-président Viktor Orban remporte la majorité absolue (51,48 %) tandis que le Jobbik demeure la deuxième force politique magyare avec 14,67 %, ce qui inquiète la presse cosmopolite. Grâce à la suppression du seuil de 5 % aux élections européennes, la Cour constitutionnelle de Karlsruhe permet au N.P.D. (Parti national-démocrate d’Allemagne) en la personne d’Udo Voigt de siéger à Bruxelles à côté des représentants des Électeurs libres (un élu), du Parti Pirate (un siège), défenseurs de la cause animale (idem), des protecteurs de la famille (idem) ou des écologistes-démocrates (idem).

Loquaces sur la poussée « europopuliste », les commentateurs politiques ont été plus discrets à propos du succès de mouvements radicaux de gauche. Alors qu’en France, le Front de Gauche animé par Jean-Luc Mélenchon fait un résultat décevant par rapport au relatif succès de ce dernier à la présidentielle de 2012 (6,47 % contre 11,10 %), deux pays se distinguent et vont à l’encontre de la tendance générale observée dans l’Union : la Grèce et l’Espagne.

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mardi, 04 mars 2014

LES IDENTITES PLUTOT QUE LE P.I.B. !

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Georges Feltin-Tracol

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Plus de quatre ans après le référendum interdisant les minarets, le peuple suisse fait encore des siennes. Il vient d’adopter de justesse des mesures de préférence nationale et de limitation des flux migratoires. D’abord abasourdie par ce résultat non prévu par les sondages, la grosse presse a violemment critiqué le choix souverain des Helvètes et leur prédit une future régression économique.

Il est intéressant de relever que les arguments de part et d’autre du Léman et du Jura ne correspondent nullement. Journalistes stipendiés et Commission eurocratique de Bruxelles mettent en avant l’économie et la morale tandis que les Suisses rappellent que l’immigration pèse sur la tranquillité publique, entraîne la saturation des infrastructures ferroviaires et routières, oblige la construction de nouveaux bâtiments qui réduit une surface agricole utile peu étendue du fait du relief, favorise la hausse du prix du m2, ce qui contraint de nombreux ménages suisses à venir clandestinement s’installer dans leurs résidences secondaires du pays français de Gex.

Par son vote cinglant du 9 février 2014, le peuple suisse s’attaque au cœur même de la globalisation, à savoir la libre circulation des biens, des capitaux et des individus. À l’idéal d’open society colporté par les oligarchies mondialistes et leurs larbins médiatiques, les citoyens de la Confédération helvétique préfèrent les vertus de la société fermée. Véritable pied-de-nez aux altermondialistes et aux libéraux libertaires progressistes, cette décision devrait aussi faire réfléchir tous les chantres du libéralisme conservateur, du national-libéralisme et du conservatisme libéral sur leur engagement idéologique. Soit ils avalisent les mantra libéraux, acceptent l’ouverture illimitée au monde et condamnent l’initiative helvétique – ils s’affirmeraient dès lors comme la faction droitarde et con-conservatrice du mondialisme -, soit ils approuvent cette votation et doivent par conséquent abandonner leur foi naïve dans le libéralisme pour retrouver un conservatisme anti-libéral de bon aloi.

Ce dilemme ne se limite pas à la seule question immigratoire. Il tend à se généraliser avec des problématiques saillantes autour de la G.P.A. et du mariage inverti, voire avec le travail du dimanche chaudement approuvé par quelques têtes de linottes libérales-conservatrices.

La limitation de l’immigration risque de nuire aux performances économiques de la Suisse. Et alors ? À rebours des incantations maladroites de certains décroissants « de gauche », la remise en cause radicale de la « Mégamachine » ne proviendra pas des catastrophes climatiques ou du dérèglement météorologique, mais d’une véritable prise de conscience identitaire, soucieuse des paysages et d’un enracinement indéniable à travers des communautés charnelles d’appartenance.

Organisme de guerre aux ordres de l’Infâme, l’agence de notation Moody’s menace de retirer son triple A à la Suisse qui a si mal voté. Elle juge en effet que « limiter l’immigration est susceptible d’affecter le potentiel de croissance du pays, sa richesse et sa solidité économique dans son ensemble (Le Figaro, 19 février 2014) ».

Qu’une société fermée fasse perdre plusieurs points de P.I.B. et de croissance n’est pas dramatique si elle parvient à s’auto-suffire et, surtout, à maintenir sa cohésion ethno-civique interne. Contrairement à ce qu’avance Laurence Fontaine qui célèbre le marché dans le quotidien gaucho-libéral Libération, le marché, ce facteur de déstabilisation des cadres traditionnels organiques, n’est pas primordial. Elle a en revanche raison d’asséner que « le marché est la condition sine qua non pour avancer vers l’égalité des droits (entretien avec Laurence Fontaine, « Le marché peut être progressiste, les pauvres doivent en profiter », Libération, 22 – 23 février 2014) ». Le marché n’est donc pas ce « prussianisme renforcé », auteur d’un ordre concret comme le soutient Jacques Georges (« Vive le marché ! », mis en ligne sur Europe Maxima, 17 octobre 2009). Avec la mondialisation, il est devenu ce corrupteur de toute sociabilité tangible désintéressée. Combattre son hégémonisme exige une révolution culturelle intégrale.

Outre la nécessaire relocalisation des activités économiques, la réhabilitation de l’artisanat et de la paysannerie bio, un discours identitaire sérieux se doit de promouvoir le salaire de citoyenneté, la réduction draconienne du temps de travail à trente ou trente-deux heures ainsi que le retour concerté à la terre et la déconcentration démographique assumée des grandes agglomérations. Dans la recherche indispensable de l’auto-suffisance alimentaire, les milliers d’intermittents du spectacle, de journalistes, d’étudiants en psycho, etc., serviraient utilement dans les campagnes bien loin d’une artificialité urbaine grégaire.

La défense des identités signifie enfin le rejet total de la démonie de l’économique. Cela réclame une force d’âme remarquable capable de se déprendre de l’imaginaire de la consommation et du productivisme. Il faut désormais avertir les masses hébétées et droguées de matérialisme douceâtre qu’elles se sauveront que si elles redeviennent des peuples fiers d’eux-mêmes. Comme les Suisses du centre de la Confédération…

 

NDLR :

SN 32 Bardèche et Europe couv.jpgBardèche et l'Europe, le dernier livre de Georges Feltin-Tracol

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vendredi, 28 février 2014

Une monarchie populaire dans les Alpes...

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Georges Feltin-Tracol

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Cet article était prévu pour paraître dans le numéro estival (juillet – août 2013) de l’excellent mensuel en ligne Salut public de Serge Ayoub et Hugo Lesimple.  Une scandaleuse dissolution mit hélas un terme à ce beau titre. En souvenir de cette belle aventure, la présente mise en ligne !

Le Saint-Empire romain germanique existe encore en 2013 ! Plus exactement, son ultime vestige situé au cœur des Alpes, coincé entre la Suisse et l’Autriche : la principauté du Liechtenstein. D’une superficie de 160 km2 et peuplé d’environ 35 000 habitants, le Liechtenstein dont la capitale est Vaduz, est le cinquième État germanophone après l’Allemagne, l’Autriche, la Suisse et la Belgique.

Considéré comme un paradis fiscal, le Liechtenstein figure en tête des pays les plus riches de la planète. Alternant les unions économiques ou douanières avec l’Autriche et la Suisse (le franc suisse est d’ailleurs sa monnaie officielle), il dispose de ressources agricoles, bénéficie du tourisme, s’est enrichi grâce à la philatélie et a développé une industrie diversifiée (métallurgie, textile, pharmaceutique, agro-alimentaire). Le chômage s’élève à 1,1 % de la population active. Mais c’est le secteur bancaire qui assure sa prospérité économique. La principauté accueille une vingtaine de banques et plus de 80 000 fondations fiduciaires protégées par un secret bancaire et de nombreux avantages fiscaux adoptés entre 1924 et 1928 avant même la Confédération helvétique.

En 1999, un rapport rendu public du B.N.D. (les services secrets allemands)  accusait la principauté d’être un centre du blanchiment de l’argent des mafias russe, italienne et albanaise. En 2008, l’Allemagne exigea du Liechtenstein une liste complète des ressortissants allemands détenteurs d’un compte en banque dans la principauté. Très sourcilleux en matière de souveraineté politique, le gouvernement liechtensteinois tint tête aux pressions allemandes et refusa la moindre divulgation. En revanche, il accepta de modifier graduellement les règles du secret bancaire. L’animosité fut donc vive entre Berlin et Vaduz. Ce n’était pas la première fois.

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07:22 Publié dans En Europe et ailleurs..., Georges Feltin-Tracol | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

lundi, 17 février 2014

Le Glaive et la Charrue, le livre Richard Roudier commenté par Georges Feltin-Tracol

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Georges Feltin-Tracol

Méconnu du plus grand nombre de nos compatriotes, Richard Roudier n’en est pas moins un activiste convaincu. Très tôt adhérent à Europe Action, il conduit aujourd’hui la Ligue du Midi, identitaire et régionaliste, et préside le Réseau Identités. Ce combattant politique – et culturel – a souvent porté le glaive sans pour autant renoncer à la charrue, lui qui s’impliqua fortement auprès des viticulteurs languedociens en tant que syndicaliste agricole.

C’est d’ailleurs sous ce titre qui réunit une arme de poing et un instrument agraire que Richard Roudier publie ses mémoires. Mais cet « itinéraire identitaire » ne se veut pas pas que biographique. Résolument tourné vers l’avenir, l’ouvrage estime que « le temps de la réunification a sonné et que le temps des laboratoires devrait s’effacer devant celui de la préparation des conditions de la victoire (p. 10) ».

Richard Roudier retrace son parcours. Fils de petits paysans de Béziers, il suit enfant l’effervescence poujadiste. Plus tard, ses premiers émois militants concernent la lutte viticole et son implacable répression policière hexagonale encouragée par un pouvoir parisien centralisateur qui n’a jamais digéré le grand soulèvement fraternel et méridional de 1907 brisé par l’infâme Clemenceau, personnage le plus infect de l’histoire de France avec le retors Adolphe Thiers.

Lycéen à l’époque de la Guerre d’Algérie, il rejoint les rangs de la F.E.N. (Fédération des étudiants nationalistes) où il rencontre le jeune Pierre Krebs. Ils fondent ensemble un petit journal ronéotypé intitulé Spartiate, et lisent avec passion Europe Action. Souvent, dans le Midi, les distributions de tracts et l’organisation de réunions publiques s’achèvent par des bagarres avec les gauchistes. L’auteur ne cache pas le plaisir qu’il avait de s’y jeter… S’il passe ensuite au M.N.P. (Mouvement nationaliste de progrès), l’héritier politique d’Europe Action, il omet toute éventuelle participation au R.E.L. (Rassemblement européen de la liberté), sa version électoraliste, puis à l’I.E.O. (Institut des études occidentales) de Dominique Venner et de Thierry Maulnier, ne s’engage pas en revanche au G.R.E.C.E. dont le ton très nordiciste l’agace. Richard Roudier suit néanmoins avec intérêt ses recherches et approuve régulièrement les orientations prises par cette centrale d’idées.

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lundi, 13 janvier 2014

RETOUR SUR UNE MANIPULATION EXEMPLAIRE...

3023457037.jpgGeorges Feltin-Tracol

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Le 5 juin 2013, l’Hexagone et sa quintessence fétide, le complexe politico-économico-médiatique (ou CoPÉM) entraient dans une transe hystérique. Un jeune étudiant à Sciences Po Paris de 19 ans, Clément Méric, venait d’être assassiné par des S.A. sortis du plus sombre passé de l’histoire. Très vite, tels des chiens bien conditionnés de Pavlov, les médiats accusèrent un service d’ordre informel, les Jeunesses nationalistes-révolutionnaires (JNR), une formation politique, Troisième Voie (TV), et un homme, Serge Ayoub, d’être à l’origine de ce décès. À la suite d’une incroyable et démente campagne de presse, le gouvernement de fait qui met en coupe réglée la France au nom des banksters transnationaux décide de dissoudre les JNR, TV et même l’association « Envie de Rêver » qui s’occupait du Local 92 dans le XVe arrondissement de Paris. Pendant plusieurs années, chaque jeudi s’y déroulait une conférence de haute tenue. Mais la pluralité intellectuelle des intervenants contrastait trop avec l’uniformité obligatoire imposée par le CoPÉM.

C’est sur le déroulement des faits précédant la mort de Méric et l’incarcération d’Esteban et de Samuel que Serge Ayoub revient dans cet ouvrage au ton posé et relevé. Face à la tempête et « le dos au mur, il ne nous restait alors qu’une seule posture : nous battre, et rester debout face à la tourmente (p. 4) ». Cette affaire leur valut de graves répercussions. « Plusieurs de mes amis et moi-même avons perdu nos emplois (p. 16). » Contre ce tintamarre médiatique, « il faut […] voir ce livre comme l’expression indispensable d’une autre version, celle des mis en examen (p. 4) ». Serge Ayoub rappelle la chronologie des événements, démontre les incohérences de la « thèse officielle » répandue par les médiats, et relate ses cinq heures d’interrogatoire par des « policiers à la mémoire sélective (p. 16) ».

Délires gouvernementaux et antifas

Mais il ne se contente pas de revenir sur ce drame; il examine avec soin ses développements politico-médiatiques. Serge Ayoub s’indigne principalement de l’action délétère que jouent les « antifas » dans le désordre public actuel. Sa position sur la violence est imparable : « Quant à la violence, s’il est vrai que mes camarades et moi sommes prêts à nous défendre en cas de force majeure, nous savons aussi qu’il faut éviter toute espèce d’affrontement physique avec l’extrême gauche antifa, tant par conscience du risque judiciaire que par intérêt politique (p. 24). » D’ailleurs ce ne sont pas les militants de TV ou des JNR qui miment l’avortement du Christ dans une église la veille de Noël ou qui urinent sur le portrait du président ukrainien. En revanche, c’est toute une mouvance pathogène, complice du pouvoir en place, qui s’agite ainsi. Les hiérarques socialo-rosâtres vivent dans la hantise d’un complot de l’extrêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêêême droite et craignent le coup d’État quotidien. D’où leur attitude vindicative, en particulier celle du squatter de Matignon, « ce Jean-Marc Ayrault, aux manières obséquieuses d’un maître d’hôtel vous détaillant un menu alors que la cuisine est vide, se pique à présent de jouer au hussard (p. 70) ». Il faut dire que le PS reste un exemple de vertu civique, exempt du moindre scandale politico-financier, du sang contaminé, des trucages électoraux internes (élections primaires) et externes, etc.

L’auteur explique que les antifas avaient dans leur viseur inquisitorial Esteban et sa compagne Katia qui militaient pour la cause animale. En perte de vitesse, les antifas cherchent à infiltrer et à politiser de nouvelles luttes dont la protection animalière. « Pour les antifas, tous les animaux doivent être encartés à gauche ! (p. 22) »

En vérité, « les antifas ne sont pas des gens qui luttent contre le système. Celui-ci les protège. Du système, ils sont en vérité les alliés objectifs. Il y a en eux tout ce qui fonde l’esprit néo-conservateur de gauche ou de droite : raisonnement manichéen en termes de Bien et de Mal, mépris de la question sociale et conviction qu’on peut tout se permettre. Les antifas modernes et les néo-conservateurs ont d’ailleurs en commun la même origine : le trotskisme, dont une des devises est “ Leur morale et la nôtre ”. Autrement dit, la fin justifie tous les moyens (pp. 43 – 44) ». Ce sont en outre « des révolutionnaires avec un traitement de fonctionnaire. Couverts par un système qu’ils prétendent combattre, ils se comportent en supplétifs des RG, fichant, dénonçant la moindre maladresse de ceux qui ont le tort de ne pas être de leurs idées (p. 80) ». En effet, « défenseur d’une culture hors-sol, les antifas modernes ont une défiance spontanée vis-à-vis du réel (p. 36) ». Bref, leur combat n’est « qu’un conformisme radical et une rébellion autorisée (p. 30) ». De là, « la confrontation entre l’homme ancien, Esteban, et Clément Méric, l’homme nouveau, se trouve être aussi un télescopage entre l’étudiant bourgeois et le travailleur (p. 38) ». Car, si Clément Méric était un fils de bonne famille (parents universitaires), Esteban, fils d’immigrés, est, lui, un prolétaire.

Naufrage du journalisme

Si le CoPÉM s’est souvent tu sur les origines sociales respectives des protagonistes, c’est parce que Méric était l’un des siens, un parfait produit de la reproduction consanguine d’une oligarchie anti-française. Tel un Pierre Mazeaud avorté du nom de ce politicien gaulliste qui militait dans sa jeunesse chez les anars avant de travailler à Matignon au cabinet de Michel Debré, Clément Méric aurait fini – une fois le diplôme de l’ENA en poche – dans un ministère, fort d’un passé signifiant en références dociles. Voilà pourquoi la culpabilité d’Esteban « seule est convenable pour l’ordre moral actuel. […] Un nationaliste est par essence coupable, puisqu’il remet en cause l’ordre profondément antinational de notre société moderne (p. 55) ».

Outre les politicards faillis, la grande responsabilité de l’intoxication revient aux journalistes, ces forces d’occupation mentale. Certes, Serge Ayoub le reconnaît volontiers, certains d’entre eux ont fait correctement leur travail : Éric Zemmour, Dominique Rizet de BFM TV, Aziz Zemmouri du Point. Les autres ont surtout désinformé l’opinion. « Quand les journalistes écrivent sous la dictée de la police, leur journal ne peut plus s’appeler Libération, mais Pravda. En trois mots le journalisme devient bête, méchant, et en plus, content (p. 52). » Pis, ces journaleux ,« tels des clones succédant à d’autres clones, n’ont aucune imagination. Ils réduisent la vie en société à noir ou blanc, à bien ou mal, classe, pas classe, gentil, pas gentil (p. 29) ». Ces esprits binaires « sont convaincus de vivre dans le meilleur des mondes possibles. S’il en existe un autre, c’est celui des salauds (p. 28) ». Ils virent dans ce drame un effet immédiat des grandes manifestations populaires contre la légalisation futile du mariage inverti. Ces tartuffes de pacotille instrumentalisèrent cette affaire afin de condamner toute opposition considérée comme « homophobe » à ce projet stupide. Pour Serge Ayoub, « un militant gay, c’est cela : un homme de gauche qui n’a pas d’autres problèmes dans sa vie que sa sexualité, et qui en fait donc son unique combat (p. 61) ». Les féministes avaient déjà politisé leur vagin. Maintenant, sous prétexte de lutter contre le racisme, l’homophobie, le sexisme, la transphobie, le trop froid, le très chaud, « nous vivons sous un régime de terreur invisible, de parole réduite, d’exclusion sociale (p. 83) ». Nos modernes pisse-copies sont les fidèles larbins de ce totalitarisme implicite.

Il faut comprendre que « la grande ambition de ces petits journalistes est bien souvent d’intégrer Canal + et de prendre beaucoup d’argent sur la chaîne la plus vulgaire de France, qui fait l’essentiel de sa programmation sur le cul, le foot et les people (p. 28) ». Quant à la justice, maints de ses membres obéissent servilement aux Diktat des médiats et des politicards. Les magistrats rouges existent vraiment ! Sinon pourquoi l’enquête sur les assassins de Yann Lorence n’avance-t-elle pas ? Si Esteban avait été tué, cette mort serait passée inaperçue. Souvenons-nous de la disparition de Sébastien Deyzieu en 1994 (sous Pasqua) et du meurtre en 2006 (sous Sarközy) de Julien Quémeneur par un flic plus tard révoqué.

Passivité frontiste

Revenant à l’affaire Méric, Serge Ayoub s’étonne du peu de réactions contre cette récupération honteuse par les antifas. Pour l’occasion, le Front national (FN) en quête de dédiabolisation cosmétique a manqué de courage alors qu’« il fallait sauter sur l’occasion, pour montrer à l’opinion ce qu’est vraiment la diabolisation de nos idées : une somme de mensonges organisés (p. 92) ». L’auteur se dissocie clairement de ce parti électoraliste parce qu’il sait que « la politique est une guerre, pas un casting ( p. 97) ». Il avoue son populisme, car « c’est le peuple qui est le véritable ressort du changement. Quand il le décide, il est le maître dans son pays (p. 97) ». Nullement fasciste – le fascisme étant une doctrine désormais bien éculée –, il s’affiche solidariste et rajoute même qu’il est hyper-républicain. Sur ce plan, il serait capable d’en remontrer à Manuel « le Chimique quand même ». Serge Ayoub et l’actuel ministre de l’Intérieur, chargé des Cultes mais aussi de l’Humour autorisé et de la Gastronomie (tout disposé à proscrire la quenelle, la banane et l’ananas ?) admirent Georges Clemenceau dont le portrait figurait en bonne place sur les murs du Local 92. Mais l’ancien maire « quenelleur » d’Évry le savait-il ?

Cet ouvrage est le témoignage d’une victime collatérale qui n’a pas l’habitude de se laisser faire et qui, au nom du peuple français, s’assume en ennemi implacable du CoPÉM, d’où sa sulfureuse réputation dont il se moque bien parce que Serge Ayoub est d’abord et avant tout un homme libre aux idées franches.

• Serge Ayoub, L’affaire Clément Méric. Du fait divers au scandale politique, Éditions du Pont d’Arcole, postface de Me Nicolas Gardères, Paris, 2013, 123 p., 15 €.

NDLR :

1234352_363974597069473_2033929008_n.jpgLe livre de Serge Ayoub, L'affaire Clément Méric, du fait divers au scandale politique, est en vente aux Bouquins de Synthèse nationale cliquez ici

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dimanche, 29 décembre 2013

Afro-Hexagone...

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Incroyable « mandélâtrie » médiatique, intervention militaire française en Centrafrique, désignation d’une Miss France 2014 d’origine franco-béninoise, élection à l’Académie Française d’un Canadien né en Haïti, en quelques jours, divers événements se sont télescopés dans l’Hexagone.

De natures fort dissemblables, ces quatre faits soulignent un tropisme africain persistant accentué encore plus par la mise en berne des drapeaux tricolores, suite à la disparition de Nelson Mandela.

Après un renversement calamiteux en Libye en 2011 et une opération au Mali commencée en janvier 2013, « Marianne » emploie ses forces restantes dans son pré carré subsistant, l’Afrique, dernier espace géostratégique capable de voir agir les ultimes décisions d’une souveraineté aujourd’hui bien évaporée, quitte pour cela à négliger les domaines européen, maritime et méditerranéen.

Appliquant une logique désormais adoptée au sein des unités françaises, l’action militaire en République centrafricaine (R.C.A.) s’apparente surtout à une mission policière de maintien de la paix et de soutien humanitaire. Or, comme au Mali où les applaudissements et les louanges envers les troupes françaises se raréfient pour une défiance guère dissimulée, il est évident que la situation en R.C.A. va devenir de plus en plus périlleuse pour les soldats français, en particulier dans le Nord et l’Est du pays, aux frontières du Soudan… La volonté de l’Élysée de régler au plus vite le vide institutionnel par une élection présidentielle risque au contraire d’attiser les tensions ethniques et religieuses. Le cas malien le prouve dès à présent.

Victorieux des urnes, les Maliens d’origine noire accusent maintenant la France d’encourager en sous-main les velléités indépendantistes des Touareg de l’Azawad. Il est facile d’imaginer que des groupes centrafricains dépités par l’ingérence de Paris dans leurs affaires, montent des opérations de harcèlement et de guérilla. L’entêtement du gouvernement hexagonal à vouloir conserver un cadre stato-national artificiel et à refuser de rectifier les frontières explique en partie la montée certaine des tensions ethno-religieuses. La frontière étatique d’émanation westphalienne en Afrique relève plus de la chimère diplomatique que de la Realpolitik.

Au-delà du culte mandélâtrique, au-delà même de sa personnalité qui appartient dorénavant à l’histoire avec ses qualités et ses défauts, on doit accuser la partialité, la subjectivité, la désinformation des médiats hexagonaux, véritable entreprise d’occupation mentale. Il ne faut pas ensuite s’étonner que des téléspectateurs choisissent une Miss France qui déclare représenter une « France cosmopolite ». La France paie au prix fort les délires coloniaux de la IIIe République.

L’Hexagone du grotesque binôme présidentiel Flamby – Excité de Neuilly renonce à toute volonté de puissance. Il garde en revanche l’espoir de le demeurer dans son arrière-cour africain. Dans ces conditions, les souverainistes nationaux anti-européens (ou hexagonistes) ont raison de vouloir s’extraire de la fumeuse Union (pseudo-)européenne, mais qu’ils osent alors aller jusqu’au bout de leur raisonnement afrocentré et suivent l’exemple d’Haïti : l’adhésion de l’Hexagone à l’Union africaine !

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