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lundi, 05 novembre 2018

Europa

Europa3.jpgGeorges Feltin-Tracol

Europa : c’est sous ce titre que les Éditions Bios ont publié à la fin de l’année 2017 trois volumes de géopolitique écrits par Robert Steuckers, infatigable animateur du site Euro-Synergies et ancienne cheville ouvrière des revues Orientations, Vouloir et Nouvelles de Synergies européennes. Le premier tome (338 p., 25 €) aborde les « Valeurs et racines profondes de l’Europe », le deuxième (316 p., 25 €) traite « De l’Eurasie aux périphéries, une géopolitique continentale » et le troisième (342 p., 25 €) s’intéresse à « L’Europe, un balcon sur le monde ».

Il est bien sûr impossible de résumer les quarante-six articles qui portent sur les grands enjeux géopolitiques. Notons cependant que l’Amérique latine, l’Afrique noire et l’Océanie en sont quelque peu écartées. Il faut reconnaître que plusieurs textes évoquent sur la très longue durée les puissantes interactions politico-culturelles entre le continent européen, l’Asie Centrale et le Moyen-Orient. Persophile avoué, Robert Steuckers rappelle que les Perses ont fondé le premier empire indo-européen de l’histoire et que la révolution islamique de 1979 fut à l’origine encouragée par Washington…

Les confrontations entre civilisations, États, peuples et nations ne manquent pas dans ce vaste panorama. Ainsi peut-on lire une étude magistrale de la bataille de Lépante du 7 octobre 1571, cette victoire navale qui préserva la civilisation occidentale européenne de l’invasion ottomane. Polyglotte belge d’esprit européen, Robert Steuckers se sait sujet de l’Empire, résultat géopolitique de la « Grande Alliance » à la fin du Moyen Âge, à savoir la transmission de l’héritage bourguignon à la jeune Maison royale des Espagnes par l’intermédiaire de la dynastie impériale élective des Habsbourg. Malheureusement, l’unité continentale ne put s’opérer autour de cette dynastie en raison du Grand Schisme d’Orient de 1054, des dissensions religieuses récentes (la Réforme de 1517) et des détestables manigances de Henry VIII et François Ier.

En géopolitologue avisé, l’auteur rappelle que l’intention de l’islam demeure la conquête de Constantinople – effective depuis 1453 -, de Rome et de Vienne. Il considère le monde turc comme une vraie menace au même titre d’ailleurs que les États-Unis d’Amérique. Par leur hypertrophie militaire, économique et financière, ceux-ci ne peuvent pas ne pas verser dans un messianisme puéril, abscons et dangereux pour l’équilibre du monde. Il importe donc d’avoir toujours à l’esprit leur habile tactique : susciter partout la révolte des musulmans afin de museler définitivement une civilisation européenne décatie.

Ces trois tomes paraissent ardus; il n’en est rien ! En effet, avec un rare talent narratif exigeant, Robert Steuckers nous plonge dans la longue trame des millénaires pour mieux en discerner les données fondamentales. Il n’oublie jamais l’impératif de notre identité, « l’identité politique européenne, seule identité vraiment concrète […] réside donc, aujourd’hui, en cette époque de calamités, à prendre conscience de nos déboires géopolitiques […] et à agir pour promouvoir une politique spatiale, maritime et militaire claire (t. I, p. 19) ». Ce n’est hélas ! pas gagné pour l’instant.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°97, diffusée sur Radio-Libertés, le 2 novembre 2018.

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lundi, 29 octobre 2018

Les soubresauts d’un cadavre

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Georges Feltin-Tracol

Il faut parfois s’attarder sur des événements bousculant l’infiniment petit, à savoir les récents soubresauts du Parti communiste français. Plus grande formation groupusculaire française, le PCF est aujourd’hui très loin du 1er tour de la présidentielle de 1969 où son candidat, Jacques Duclos, avait atteint 21,3 % des suffrages. Aux législatives de 2017, les candidats de la place du Colonel-Fabien n’ont rassemblé que 2,72 % des voix. Ce résultat dérisoire ne les a pas empêchés d’obtenir dix sièges et de former avec six députés d’Outre-mer le groupe Gauche démocrate et républicaine. Aussi présent au Palais du Luxembourg avec douze sénateurs, le PCF dirige encore un département (le Val-de-Marne), dispose d’une trentaine de conseillers régionaux et administre quelques communes, les plus mal gérées de l’Hexagone et les plus touchées par le communautarisme allogène rampant.

Les 6 et 7 octobre derniers, les adhérents communistes devaient choisir entre quatre propositions de base commune à débattre par leur conseil national (au PS, on aurait parlé de « motions »). 30 172 militants y ont participé. Le résultat final révèle un véritable tremblement de terre ! Pour la première fois, le texte de la direction et du secrétaire national, le sénateur de Paris Pierre Laurent, intitulé « Le communisme est la question du XXIe siècle », se retrouve en minorité. Certes, avec 11 461 voix (37,99 %), il arrive en tête dans 49 fédérations et remporte la majorité absolue dans 29 autres dont les Bouches-du-Rhône et la Seine – Saint-Denis. Il est cependant dépassé par la proposition présentée par André Chassaigne, le truculent député du Puy-de-Dôme de la circonscription d’Ambert – Thiers, et de son collègue nordiste, Fabien Roussel. « Pour un manifeste du Parti communiste du XXIe siècle » recueille 12 719 voix (soit 42,15 %), arrive en tête dans 40 fédérations et obtient la majorité absolue dans 24 fédérations, en particulier le Nord, le Pas-de-Calais et le Val-de-Marne. Catalogué « orthodoxe », le duo Chassaigne – Roussel dénonce les atermoiements de Pierre Laurent, rêve d’un PCF plus revendicatif et soutient une ligne d’indépendance par rapport à l’hégémonisme croissant de La France Insoumise de Jean-Luc Mélenchon.

Les mélenchonistes du PCF connaissent pour leur part une cuisante défaite. Déjà, en 2016, seuls 53,6 % des militants communistes avaient approuvé le soutien officiel à l’ancien sénateur trotsko-mitterrandien de l’Essonne pour la présidentielle. « Se réinventer ou disparaître ! Pour un printemps du communisme » ne récolte que 11,55 % et 3 607 suffrages, c’est-à-dire 3 300 voix de moins que deux ans auparavant. Ce désaveu cinglant traduit l’immense méfiance des derniers communistes à l’égard des « Insoumis ». Dès à présent, Ian Brossat, l’adjoint de l’exquise mairesse de Paris, doit conduire une liste concurrente aux européennes de mai 2019.

Quant à l’éternel opposant Emmanuel Dang Tran qui défend des positions strictement ouvriéristes orthodoxes, sa contribution, « PCF : reconstruire le parti de classe, priorité au rassemblement dans les luttes », ne récolte que 2 385 suffrages (7,90 %). Ce chef de file de la faction « Vive le PCF ! » refuse toute négociation avec les mélenchonistes, l’extrême gauche trotskyste, le PS et la gauche modérée. Ce néo-bolchevik appelle au contraire au retour décomplexé de la tactique du Parti dans les années 1920 appelée « classe contre classe ».

Les cabines téléphoniques ont été supprimées. C’est bien dommage, car on aurait pu mieux observer les jeux d’appareil, les trahisons internes ainsi que les rivalités personnelles exacerbées de ce microcosme tant la crise devient profonde au PCF. Ne vaudrait-il pas mieux l’euthanasier ?

Bonjour chez vous

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°96, diffusée sur Radio Libertés, le 26 octobre 2018.

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dimanche, 21 octobre 2018

Vers un nouveau schisme d'Orient ?

Croix-orthodoxe-3.pngGeorges Feltin-Tracol

La décision du 14 septembre dernier a déjà fait l’effet d’une bombe atomique dans le monde orthodoxe. Le patriarcat de Moscou rompait une partie de ses liens avec le patriarcat œcuménique de Constantinople, ce qui signifiait l’absence d’émissaires moscovites aux assemblées épiscopales, aux commissions et autres structures présidées par des représentants du Phanar, la résidence du patriarche Bartholomée Ier. En matière liturgique, les églises russes ne prient plus pour lui. Il s’agit d’une nouvelle rupture de communion dont le précédent remontait en 1999 à propos de la juridiction appropriée des orthodoxes d’Estonie. La rupture est devenue définitive le 15 octobre dernier. Moscou ne reconnaît plus l’autorité de Constantinople !

La cause de cette crise majeure, semblable au Grand Schisme d’Occident (1378 – 1417/1422), porte sur l’Ukraine. En dehors des minorités juives, musulmanes et païennes et malgré une augmentation sensible de l’athéisme d’une part et des sectes évangéliques protestantes financées par Washington, d’autre part, l’Ukraine reste une nation chrétienne profondément divisée. À l’Ouest vivent les catholiques de rite grec encore appelés de façon péjorative « uniates », soit des orthodoxes qui reconnaissent le magistère romain. Chez les orthodoxes, la situation est plus compliquée encore. L’Église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Moscou promeut l’union étroite entre la Russie poutinienne et l’Ukraine, berceau de la Rus’. Elle doit cependant composer avec deux autres factions pour l’instant non reconnues par les autres Églises orthodoxes : l’Église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Kyïv fondée en 1992 et une Église orthodoxe autocéphale ukrainienne apparue en 1920, surtout présente en Galicie. Il faut enfin compter avec les Églises orthodoxes ukrainiennes de la diaspora sous juridiction du patriarcat de Constantinople…

À l’initiative du président ukrainien Petro Porochenko, l’Église orthodoxe ukrainienne du patriarcat de Kyïv et l’Église orthodoxe autocéphale ukrainienne viennent de se rapprocher. Elles négocient leur éventuelle union et tentent en échange d’obtenir de Bartholomée Ier la reconnaissance canonique, à savoir l’autocéphalie.

En 2007, Vladimir Poutine réussissait la communion eucharistique et l’unité canonique entre l’Église russe hors frontières et le patriarcat de Moscou qui ne veut surtout pas de cette autocéphalie qui la priverait de la moitié de ses fidèles et n’hésite plus à contester ouvertement l’autorité du Phanar. En juin 2016, lors d’un concile panorthodoxe tenu en Crète sous la présidence de Bartholomée Ier, les patriarcats d’Antioche, de Moscou, de Géorgie et de Bulgarie, refusèrent de s’y rendre. Le principal motif en était la trop grande proximité de Constantinople avec l’hérésie moderne romano-germanique occidentale. Entre aussi en jeu le long contentieux sur l’héritage byzantin revendiqué par les deux parties. Par ailleurs, le patriarche Kirill de Moscou n’oublie pas que le patriarche de Constantinople fut le troisième dignitaire de l’Empire ottoman et qu’il doit être depuis les débuts de la République de nationalité turque, ce qui le place sous la tutelle indirecte d’Ankara. En outre, son entourage serait sensible aux sollicitations étatsuniennes.

Le patriarcat de Constantinople voit donc son autorité contestée. Ce n’est pas une nouveauté. Depuis les années 1960, l’un des vingt monastères qui forment la République monastique du Mont-Athos en Grèce, Esphigmenou, est en rébellion ouverte au nom de la tradition vieille-calendariste. Il ne serait pas étonnant que le patriarcat de Moscou se décide maintenant de soutenir en toute discrétion cette vieille opposition.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°95, diffusée sur Radio-Libertés, le 19 octobre 2018.

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lundi, 08 octobre 2018

Parachutage sur Barcelone !

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Georges Feltin-Tracol

Dans la soirée du 25 septembre dernier, l’ancien Premier ministre hexagonal Manuel Valls aofficiellement présenté sa candidature à la mairie de Barcelone, sa ville natale. Cette annonce originale incite à trois commentaires différents.

Le premier concerne le personnage hautement antipathique. Après avoir espéré de l’Élysée en 2012 et en 2017 et subi un échec cuisant de la part des électeurs de gauche à la primaire de décembre 2016, celui qui, à l’instar de François de Rugy, renia sa promesse initiale de soutenir le vainqueur de la primaire pour mieux se rallier au candidat bancaire Macron chercha d’abord, en intrigant à la petite semaine, à se rapprocher du nouveau pouvoir. Ainsi au terme d’une réélection plus que contestable,s’affilia-t-il au groupe LREM en tant qu’apparenté. Il comprit vite qu’Emmanuel Macron ne lui pardonnerait jamais ses remontrances parfois publiques. L’ancien rocardien sut dès lors que sa carrière politique se fossiliserait dans sa circonscription de l’Essonne. Cela n’aurait été que justice pour ce déplorable chef de gouvernement et cet exécrable ministre de l’Intérieur, auteur de la dissolution honteuse et inacceptable de l’Œuvre française, de Troisième Voie pour une avant-garde solidariste et des Jeunesses nationalistes-révolutionnaires. N’ayant jamais connu le monde réel dans lequel il faut se lever tôt pour gagner sa croûte, Valls lorgna alors de l’autre côté des Pyrénées.

Sa candidature confirme l’émergence planétaire des « villes-monde » ou des « métropoles globalisées ». À la suite de New York du milliardaire Michael Bloomberg et du libéral-gauchiste Bill de Blasio, de Londres du national-mondialiste Boris Johnson et du progressiste multiculturel Sadiq Khan, et de Paris du volubile Bertrand Delanoë et de l’exquise Anne Hidalgo, Manuel Valls aimerait faire de Barcelone une place internationale majeure qui s’écarterait non seulement de l’hypothèse sécessionniste catalane, mais aussi des pesanteurs historiques et territoriales espagnole et européenne. Au nom de ce cosmopolitisme si prisé par la super-classe oligarchique occidentale, il tente d’une manière très macronienne de s’opposer en même temps aux indépendantistes catalans et à l’actuelle mairesse proche de la gauche radicale Podemos, Ada Colau. Or Barcelone est moins séparatiste que son arrière-pays si bien qu’en cas d’indépendance de la Catalogne, certains Barcelonais exigeraient à leur tour la sécession…

Enfin, quand bien même Manuel Valls reste le rejeton idéal du mondialisme, sa candidature aurait été saluée par Jean Thiriart. Celui-ci rêvait qu’un originaire de Copenhague suive des études à Rome, fasse son service militaire à Bucarest, épouse une Bretonne à Varsovie et soit maire de Séville. Cette candidature novatrice fait bouger les lignes et interloque des journalistes jusqu’à présent blasés. Ces béotiens oublient que le cas Valls était assez courant dans l’Europe d’avant 1789. Régente de France pendant la minorité de son fils, le roi Louis XIV, Anne d’Autriche était une princesse espagnole et son Principal ministre et parrain du jeune roi, Mazarin, italien. L’ancien maire d’Évry renoue sans le vouloir avec la pratique médiévale du « capitaine du peuple », un étranger qui administrait avec le podestat les affaires publiques des républiques urbaines italiennes.

Par-delà une évidente ambition politicienne, l’acte de Manuel Valls valorise une appartenance prioritaire européenne. Son exemple devrait se généraliser pour qu’en 2022, les Français puissent enfin choisir entre de médiocres politiciens hexagonaux (les Macron, Wauquiez, Sarközy, Hollande, etc.) et de véritables hommes d’État tels Viktor Orban, Vladimir Poutine ou Alexandre Loukachenko.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°93, diffusée sur Radio-Libertés, le 5 octobre2018.

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lundi, 01 octobre 2018

Tabou diplomatique

Grde-Albanie.jpgGeorges Feltin-Tracol

Cet été, les lignes ont semblé bouger dans les Balkans, en particulier entre la Serbie et le Kossovo. Le président de la République de Serbie, Aleksandar Vučić, entama une discussion avec Hashim Thaçi, le chef de l’État kossovar. Depuis 2008, année où le Kossovo a acquis une soi-disant indépendance, la Serbie n’a jamais accepté cette sécession. Avec l’augmentation des flux migratoires extra-européens dans la région, l’intransigeance de la Serbie pose maintenant de graves problèmes puisque Belgrade refuse de fermer une frontière qui n’existe pas à ses yeux. Par ailleurs, le Kossovo, digne valet de l’atlantisme, se transforme progressivement en un narco-État plus ou moins en cours d’islamisation.

Avant de rompre les négociations d’un commun accord dès le 7 septembre dernier, Aleksandar Vučić et Hashim Thaçi ont espéré que leurs États respectifs adhéreraient le plus tôt possible à l’Union pseudo-européenne. Ils étaient mêmeprêts à s’affranchir du tabou diplomatique suprême : l’intangibilité des frontières. Le Nord du Kossovo peuplé de Serbes autour de Mitrovica rejoindrait la Serbie qui en échange céderait au Kossovo des territoires du Sud-Ouest à majorité kossovare (la vallée de Presevo et les villes de Medveda et de Bujanovac). À peine envisagée, cette solution de bon sens fondée sur le critère ethno-linguistique souleva bien desmécontentements. L’Église orthodoxe serbe s’interrogea sur le devenir de ses lieux saints, de ses monastères et des enclaves serbes non contigues à la Serbie. La Russie souhaiterait maintenir le conflit gelé, utile abcès de fixation régionale. Le Premier ministre kossovar, Ramush Haradinaj, s’indigna déjà de rendre la moindreparcelle de terre albanaise aux Serbes. Quant à la gauche populiste souverainiste de Vetëvendosje ! (« Autodétermination ! »), deuxième force politique du pays, elle s’éleva contre cet éventuel échange au nom de la Grande Albanie ethnique qui n’exista que de 1941 à 1944...

Alors que Washington et Paris penchaient vers ce règlement territorial, Bruxelles et Merkel ainsi que les « machins » internationaux s’inquiétaient de ce précédent susceptible d’avoir de fortes répercussions en Bosnie-Herzégovine voisine. Milorad Dodik, le président de la République serbe de Bosnie, réclame en effet depuis longtemps le rattachement des contrées serbes bosniennes à la patrie serbe. Les diplomates occidentaux n’apprécient guère les rectifications territoriales significatives. Ainsi maintes entités étatiques africaines ne sont-elles pas viables du fait de cette règle absurde qui ignore les réalités ethniques et tribales.

Pourtant, la République française ne rechigne jamais à annexer un espace frontalier si s’en présente l’occasion. En 1918, elle s’empara de l’Alsace-Lorraine et orchestra une incroyable épuration ethnique en expulsant massivement de nombreuses familles germanophones. En 1947, le traité de Paris contraignit l’Italie à céder Tende, la Brigue et les crêtes de Tinée et de Vésubie à l’Hexagone. Neuf ans auparavant, le gouvernement français agressa l’Allemagne en lui déclarant la guerre parce que Berlin contestait l’intangibilité des frontières au nom du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes…

La cession réciproque de territoires entre la Serbie et le Kossovo marquerait un arrêt formidable du multiculturalisme post-moderniste au profit d’une perception géopolitique plus concrète. D’une aire balkanique aux entités composites, instables et artificielles, on passerait enfin aux Balkans de communautés de peuples enracinées.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°92, diffusée sur Radio-Libertés, le 28 septembre 2018.

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jeudi, 06 septembre 2018

Mort d’un pourri

Drapeau-USA-berne.pngGeorges Feltin-Tracol

Dans la civilisation européenne, il est de coutume de ne pas dénigrer la mémoire d’une personne qui vient juste de mourir. Cette convention ne s’appliquera pas à John Sidney McCain III. Le décès de l’élu fédéral de l’Arizona, le 25 août dernier, a suscité une pluie d’hommages aux États-Unis et ailleurs, y compris de la part des médiats officiels de l’Hexagone. Lors de ses funérailles nationales hier, deux criminels de guerre patentés, le démocrate Barack Obama, assassin indirect du Guide libyen Mouammar Kadhafi, et le républicain George W. Bush, responsable de l’actuelle grande déstabilisation de l’Orient, ont prononcé son éloge funèbre. Y assistait également un troisième psychopathe, le démocrate Bill Clinton, auteur de l’agression contre la Serbie en 1999 et du maintien en 1995 de cet État artificiel appelé la Bosnie – Herzégovine.

Criminel de guerre, la vieille baderne McCain l’était aussi. Pilote de bombardier au Vietnam, il a participé à la mort de milliers de civils et de combattants en rasant bien des rizières comme ses prédécesseurs ont ravagé par leurs bombes aveugles la France en 1944. Le peuple vietnamien aurait pu éliminer ce supposé héros, authentique salaud de guerre. Sénateur des États-Unis, il animait la tendance bipartite interventionniste. Ce croyant en la « Destinée Manifeste » de ce tas d’ordure que sont les États-Unis d’Amérique voulait exporter à la terre entière le modèle démocratique falsifié en vigueur chez lui. En 2007, sur l’air d’une chanson des Beach Boys, ce membre influent de la puissante commission sénatoriale des forces armées incitait ouvertement la Maison Blanche à attaquer l’Iran. Il avait auparavant applaudi l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak. McCain détestait en outre les démocraties plébiscitaires bélarussienne, russe et turque, et obéissait à cette hyper-classe cosmopolite, déférente envers les ploutocrates et impitoyable envers les réfractaires, les rebelles et les dissidents du « Nouveau Désorde mondial ».

John McCain n’était pas le « chevalier blanc » fantasmé par la clique politico-médiatique. En 1989, il fut éclaboussé par le scandale des Keating Five : cinq sénateurs, quatre démocrates et un républicain – McCain -, avaient bénéficié au milieu des années 1980 de fortes sommes d’argent pour leurcampagne électorale de la part de Charles H. Keating Junior, le président de la Lincoln Savings and Loan Association, un organisme privé californien de caisses d’épargne qui venait de déposer son bilanà la suite des malversations financières de ce riche donateur. Une commission d’enquête interne blanchit finalement McCain et ses comparses de toute malhonnêteté foncière. Le renvoi d’ascenseur est proverbial dans ce repaire de ganaches d’autant que le Capitole est un véritable foyer d’infection purulente.

Le non-lieu accordé par ses pairs ne modifia pas son attitude de voyou. Déjà au lycée, ses camarades de classe le surnommaient « Mc Nasty », c’est-à-dire « Mc Méchant ». Il se comportait souvent au Sénat en vaurien, n’hésitait pas à insulter ses collègues en pleine séance, et arrivait même à les bousculer. Ainsi s’est-il donné l’image d’un « mavrick », d’un franc-tireur, d’une grande gueule. L’opinion oubliait les positions néo-conservatrices, pro-israéliennes, bellicistes, ultra-libérales et mondialistes de ce grand pote de George Soros.

Non, John McCain n’était pas un Monsieur Smith au Sénat pour reprendre le titre français du film de Frank Capra de 1939, un serviteur du peuple idéaliste, désintéressé et incorruptible. McCain ressemblait plutôt au sénateur Charles Meachum dans le thriller d’Antoine Fuqua, Shooter, tireur d’élite (2007). Un ancien tireur d’élite des forces spéciales US est sollicité pour son expertise afin d’empêcher l’assassinat du président des États-Unis. Il est en réalité manipulé. Devenu l’ennemi public n° 1, il se lance dans une difficile enquête pour retrouver les commanditaires. Après bien des péripéties, il y parvient et découvre que le responsable n’est autre qu’un très puissant politicien. Certains films ne sortent pas par hasard tant Hollywood reste ce cloaque sensible aux féroces luttes d’influence au sein même de l’« État profond » yankee. Celui-ci se sert de l’industrie du divertissement spectaculaire de masse pour émettre parfois des mises en garde aux autres factions. De ce fait, la distinction habituelle entre le « pays légal » et le « pays réel » n’est plus valable avec la prédominance des médiats. Ceux-ci travaillent si bien le public que le soi-disant peuple étatsunien, à part les réprouvés de l’Alt Right, du suprématisme blanc, des néo-confédérés et du nationalisme euro-américain, est responsable des minables qu’il élit.

McCain siégea pendant plus de trente-et-une années au Sénat. Il fut même candidat à la présidenceen 2008 face à Obama. Certaines tendances plus globalistes que d’autres, ancrées, elles, dans leur « ricano–mondialisme », préférèrent « Barry » à « Johnny ». Son décès ne met malheureusement pas un terme à la grandiloquence aventuriste et hégémonique de l’entité étatsunienne. Maints sénateurs trépignent d’impatience pour le remplacer et continuer à agir en pyromanes planétaires. Ses successeurs seront aussi pires que lui. C’est dire qu’il faut dès à présent plaindre les vers qui rongeront sous peu son cadavre.

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vendredi, 06 juillet 2018

Désunion européenne

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Georges Feltin-Tracol

Au début des années 2010, on aurait pu imaginer que la dislocation de la soi-disant Union européenne proviendrait du défaut de paiement de la Grèce, voire de Chypre, de l’Espagne, de l’Irlande et du Portugal en pleine crise de la dette de la monnaie unique. Ce ne fut pas le cas. L’éclatement de cette union supposée européenne pourrait-il être provoqué par la crise des « migrants » ?

L’arrivée d’un gouvernement Jaune – Vert (5 étoiles-La Ligue - NDLR) à Rome rebat en effet les cartes de l’équilibre politique intra-européen. Par des actes forts, le nouveau ministre de l’Intérieur et second vice-président du Conseil Matteo Salvini démontre qu’une ferme détermination peut endiguer une part, certes modeste, de la déferlante migratoire. Il y a un an, les cadres européens de Génération Identitaire affrétaientun navire, le C-Star, naviguaient au large des côtes libyennes et lançaient la campagne « Defend Europe » en suivant l’excellent exemple australien. Matteo Salvini s’inspire de leur démarche en lui donnant un caractère régalien incontestable.

L’attitude italienne déplaît à l’Espagne, à Paris et à Merkel. Cependant, si à la fracture Nord – Sud sur le sort de l’euro s’ajoute dorénavant une opposition Est – Ouest, il serait impropre de spéculer sur la formation rapide d’un « bloc mitteleuropéen ». En effet, cet ensemble se trouve par ailleurs divisé. L’accord de coalition Mouvement Cinq ÉtoilesLigue stipule une répartition obligatoire des immigrés dans tous les États-membres de l’Union pseudo-européenne. Or la Hongrie vient de rendre cette mesure inconstitutionnelle. Les États du Groupe de Visegrad (Hongrie, Pologne, République tchèque, Slovaquie) ne veulent pas être solidaires des États en première ligne du flot migratoire (Italie, Grèce, Malte, Espagne) comme l’Allemagne, les Pays-Bas, la Finlande et les pays baltes rejettent toute solidarité monétaire, économique et financière avec leurs partenaires méridionaux.

L’« axe Berlin – Vienne – Rome » évoqué par le chancelier autrichien Sebastian Kurz et le ministre fédéral allemand de l’Intérieur, le conservateur bavarois Horst Seehofer, reste une simple intention tandis que le moteur franco-allemand s’enlise vraiment malgré les tentatives répétées d’Emmanuel Macron de relancer le « Machin » eurocratique. Les élections européennes du printemps 2019 pourraient confirmer un phénomène déjà visible sur tout le continent. Le « dégagisme » anti-Système atteindra bientôt Bruxelles !

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°85. cliquez ici

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lundi, 02 juillet 2018

Refonder la citoyenneté

Wicht.jpgGeorges Feltin-Tracol

Dans nos sociétés ultra-modernes, hyper-individualistes et fortement travaillées par le numérique et le médiatique, la citoyenneté est devenue un mot galvaudé. S’en référer implique dorénavant à bénéficier des aides sociales, à (sur)consommer et à s’endetter. Deux Suisses, Bernard Wicht, philosophe en stratégie, et le lieutenant-colonel de l’infanterie de montagne Alain Baeriswyl, s’élèvent avec force contre cette conception pervertie dans un court essai ô combien riche et stimulant publié par les remarquables Éditions Astrée, Citoyen-soldat 2.0. Mode d’emploi (2017, 89 p., 12 €).

Les auteurs observent que la stratégie clauswitzienne n’opère plus à l’heure des cyberconflits et de la « guerre moléculaire ». La lourdeur administrative des forces armées professionnelles (ou de conscription), leur verticalité bureaucratique, leurs réticences à l’innovation technique et intellectuelle rendent les États occidentaux vulnérables aux assauts terroristes répétés. Alors que l’Union pseudo-européenne veut désarmer les honnêtes gens, les auteurs proposent « une tentative de réponse à l’affaissement de l’État-nation et à l’inadaptation de la démocratie libérale (p. 40) », soit le réarmement moral et matériel des citoyens du Vieux Monde.

Parce que nous entrons dans un nouveau Moyen Âge qui se caractérise par « une mutation des formes d’organisation socio-politiques (p. 33) », nos contemporains doivent se préparer à de futures situations conflictuelles. « Le territoire national se fracture et se zèbre sous la pression de ces nouvelles féodalités que sont les gangs, les mafias, les narco-terroristes et les diasporas militairement encadrées (p. 32). » Dans ce contexte troublé surgit le citoyen-soldat. Il « est là pour maintenir les valeurs civiques nécessaires à la survie de la cité. Par conséquent, lorsqu’il tend à disparaître, lorsqu’il est remplacé par des militaires professionnels ou des contractors, alors c’est toute la cité qui, à terme, est menacée d’effondrement (p. 35) ».

Le citoyen-soldat « dispose d’un permis de port d’arme et de la formation nécessaire pour s’en servir le cas échéant (p. 46) ». Il ne remplace pas le militaire de métier, il l’épaule en cas d’urgence dans son quartier ou dans son village. Nullement combattant solitaire, le citoyen-soldat agit en réseau avec ses voisins. Ce n’est plus un simple contribuable, vraie vache à lait de l’assistanat et potentielle victime, mais un être prêt à défendre farouchement sa terre et les siens.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°84. sur Radio Libertés et sur Europe Maxima cliquez ici

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dimanche, 17 juin 2018

Manifeste pour le renouveau de la France

Juvin-193x300.jpgGeorges Feltin-Tracol

Un an après l’élection d’Emmanuel Macron à la présidence de la République, Hervé Juvin publie son douzième livre, France, le moment politique (Éditions du Rocher, 2018, 285 p., 16,90 €). Il s’agit d’un vigoureux manifeste « pour que la France vive ! » selon son sous-titre.

En témoin avisé des événements du monde, l’économiste et chef d’entreprise qui se déplace sur les cinq continents pour des motifs professionnels développe un ambitieux projet pour la France qu’il considère « comme porteuse des droits des peuples à disposer d’eux-mêmes, comme voix précieuse de ce qui dure, de ce qui résiste et de ce qui demeure (p. 278) ». Il est appréciable qu’un homme qui connaisse et comprenne les rouages de l’économie soutienne l’avènement d’une civilisation écologique en Europe. Il en explicite même les enjeux majeurs !

Non, Hervé Juvin ne verse pas dans le moindre écolo-gauchisme. Il exprime au contraire une réalité toujours incomprise pour les petits-enfants des baba cools. « Seuls l’État et la Nation peuvent affronter la crise des ressources vitales qui vient (p.14). » Ainsi améliore-t-il l’engagementsouverainiste et identitaire en annonçant que « l’union profonde des Français et des territoires de la France, c’est l’unité d’un combat pour la vie (p.20) ». Son écologie se veut nationale parce que « le combat pour les frontières, c’est le combat pour une société écologique, qui respecte chaque identité, chaque modèle social, chaque organisation économique. C’est le combat qui enrichit nos biens communs, contre leur exploitation commerciale, leur braderie touristique (pp. 21 – 22) ».

Serait-ce pour autant la première manifestation tangible d’illibéralisme dans la République hexagonale des Lettres ? Probablement pas. « Pour que l’économie française renaisse, affirme Hervé Juvin, il faut engager une politique de nationalisme libéral (p.218). » À la suite des travaux pionniersdu Club de l’Horloge, on trouve donc des thématiques nationales-libérales républicaines, françaises et européennes, même si on relève parfois de fortes similitudes avec le programme présidentiel de Jean-Luc Mélenchon au sujet en particulier de l’inexploitation scandaleuse du deuxième domaine marin du monde. L’auteur pense que « la France bleue est un axe central de la renaissance nationale (p.28) ».

Après Patrick Buisson, théoricien de la fameuse « droite hors les murs », ce sont de vraies munitions intellectuelles qu’offre en praticien averti Hervé Juvin. À Robert Ménard et aux « Amoureux de la France » de s’en saisir d’urgence !

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°83, diffusée sur Radio-Libertés, le 15 juin 2018.

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mardi, 12 juin 2018

Un mode d’emploi de la terreur islamiste

Management-Islam.jpgGeorges Feltin-Tracol

Les écrits islamistes foisonnent sur Internet, en particulier ceux d’Abou Bakr Naji (1961 – 2008). Les Éditions Ars Magna ont eu l’idée de publier dans leur belle collection « Les Ultras », Management de la sauvagerie (2017, 264 p., 30 €). Rédigé en 2004 et aussi connu sous le titre de Gestion de la barbarie, ce livre explique aux combattants islamistes comment s’organiser pour mieux porter de terribles coups à leurs ennemis, à savoir les régimes nationalistes arabes, les juifs et les « Croisés »occidentaux.

Théoricien d’Al-Qaïda, Abou Bakr Naji n’a jamais connu l’État islamique qu’il n’aurait probablement pas rejoint, car les conseils qu’il donne dans ce bréviaire terroriste diffèrent fortement de la pratique islamiste accomplie autour de Mossoul et de Raqqa. L’auteur n’hésite d’ailleurs pas à dénigrer les Frères musulmans, à contester l’islamisme révolutionnaire du défunt Soudanais Hassan al-Tourabi et à critiquer le Hamas palestinien. Il reconnaît en revanche volontiers que « cet essai […] est un large panorama qui n’entre pas dans les détails (p. 13) ».

On ne doit pas se méprendre. Par « sauvagerie », l’auteur n’évoque pas le recours massif aux actesde terreur. Elle correspond en fait à un moment de chaos qui suit l’écroulement des sociétés et de leur encadrement civique. Les groupes armés islamistes doivent profiter de cette période de désordre pour s’emparer et contrôler un territoire précis. Cette conquête s’accompagne d’une vigoureusepropagande médiatique afin d’attirer de nouveaux volontaires. « Nous nous battons pour nous débarrasser des ennemis de l’Oumma et de leurs agents qui ont détruit la foi des pays musulmans, pillé leurs richesses, et nous ont réduits à l’état de servitude, écrit-il encore. Il est clair pour tous que cela se résume à la destruction de tous nos ennemis (p. 115). »

Face à cette déclaration de guerre explicite, les « marches blanches », les cellules de soutien psychologique et les autres refrains aux « pas d’amalgame » et au « vivre ensemble » ne servent à rien. Il importe au contraire de lire Management de la sauvagerie pour réveiller en nous le hoplite spartiate, le légionnaire romain, le cavalier franc ou le Templier !

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°82, diffusée sur Radio-Libertés, le 8 juin 2018.

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dimanche, 27 mai 2018

Demain, la grande expropriation

Radical-Markets.jpgGeorges Feltin-Tracol

Voir Macron. 8 scénarios pour un quinquennat (NDLR : Michel Drac, Le retour aux sources, 17 € cliquez ici) comporte une terrifiante hypothèse pour les contribuables français qui viennent de remplir leur déclaration annuelle. Dans un troisième scénario intitulé « La grande spolation », Michel Drac envisage qu’à la suite de conflits locaux et de coups d’État financiaristes, des « ajustements financiers sont opérés dans tous les pays de la zone [Euro] par confiscation pure et simple des propriétés, via le plus souvent des moyens insidieux et indirects. En France, par exemple, l’État est maintenant copropriétaire de toutes les propriétés immobilières. Il perçoit donc une redevance de copropriété (p. 144) ». « Fumisterie ! Exagération anxiogène ! Complotisme ! » réagit le Système.

Pourtant, l’ISF transformé en Impôt sur la fortune immobilière (IFI) ne concerne plus les valeurs mobilières. Typiquement bougiste, ce nouvel impôt convient bien à la finance anonyme et vagabonde. Pendant la crise de l’euro, les Grecs ont vu leurs retraits bancaires hebdomadaires limités tandis que les comptes courants des Chypriotes subissaient une forte ponction de la part des organismes financiers. L’Union pseudo-européenne prévoit la généralisation de ce prélèvement non consenti à l’ensemble des titulaires des comptes courants de l’Eurolande en cas de situation grave.

La chronique dans Libération du 15 mai 2018 d’Iona Marinescu, enseignante en économie à l’Université de Pennsylvanie, évoque Radical Markets, un ouvrage d’Eric Posner et Glen Weyl. Les deux universitaires de Chicago dénoncent la propriété privée qu’ils jugent criminelle parce que monopolistique. Ils suggèrent de fiscaliser toutes les formes de propriété, « sauf peut-être, précise la chroniqueuse, les effets personnels ». Cette proposition obligerait ainsi les propriétaires à vendre leur bien si une tierce personne souhaite l’acquérir. Par exemple, une personne déclare au fisc la valeur de sa maison, soit 70 000 €. Si un acquéreur souhaite l’acheter à ce prix, il l’obtiendra sans aucune discussion possible.

Iona Marinescu pense que les rentrées fiscales qui en découleront pourraient alimenter un revenu universel. Bref, cet impôt sur la propriété « est radical, parce qu’il transforme la notion de propriété privée en une notion de propriété collective qu’on loue au plus offrant ». Déjà les cartes bancaires de retrait et les cartes magnétiques de transports tels Navigo en Île-de-France sont la propriété des banques et du STIF… Une nouvelle fois se manifeste un « communisme de marché », titre de l’ouvrage prémonitoire de Flora Montcorbier paru en 2000. Eric Posner et Glen Weyl confirment l’inquiétante convergence entre certains pans de la pensée libertarienne et un gauchisme économique le plus égalitariste, soit l’immense marchandisation de la vie, de la nature et du monde.

Financiers, banquiers et autres cloportes du Capital planétaire nous préparent vraiment un monde affreux. Faisons donc cesser leurs manigances infernales, de gré ou de force !

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°80, diffusée sur Radio-Libertés, le 25 mai 2018.

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dimanche, 20 mai 2018

Au-delà des midinettes en pâmoison

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Georges Feltin-Tracol

Hier, samedi 19 mai 2018, le Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord a célébré les noces du prince Henry Charles Albert David, fils cadet du prince de Galles Charles, et de l’actrice Rachel Meghan Markle. Ces prénoms ne sont pas anodins. Ils rappellent un tropisme davidique sous-jacent puisque, selon certains cénacles occultistes, les souverains d’Angleterre seraient les héritiers des rois d’Israël de l’Ancien Testament.

Par-delà l’aspect sentimental qui fait tressaillir les midinettes lectrices de Point de Vue – Images du Monde, ce mariage n’est nullement anecdotique, surtout quand il concerne la monarchie britannique. Celle-ci n’hésite jamais à passer des compromis avec les oligarchies cosmopolites afin de conserver ses acquis matériels et moraux.

En avril dernier, malgré l’opposition véhémente du travailliste républicain Jeremy Corbyn, les 53 chefs d’État et de gouvernement décidaient par consensus de désigner le prince de Galles comme prochain Chef du Commonwealth. Vestige anachronique de l’Empire colonial britannique, le Commonwealthdilue lentement les identités autochtones brittoniques dans un mondialisme anglo-saxon. C’est dans cette perspective que la cérémonie de demain satisfera une nouvelle fois la « super-classe » planétaire.

En accueillant une mulâtre, les Windsor montrent aux bien-pensants qu’ils entérinent l’actuelle submersion migratoire des Îles Britanniques et encouragent l’avènement dans les prochaines décennies d’une Babel métissée. Dès à présent pourchassées par les juges, les idées euro-identitaires passeront bientôt pour des actes de « terrorisme intérieur »; leurs promoteurs sont déjà en détention ou expulsés.

D’origine étatsunienne, Rachel Meghan Markle renforce de facto les liens transatlantiques entre Londres et Washington, surtout si la parenthèse Donald Trump se referme rapidement pour cause de démission ou de destitution. De trois ans plus âgée que son époux, Meghan Markle, divorcée, ravit les franges les plus rances du féminisme. Celles-ci se scandalisent quand un homme fréquente une femme bien plus jeune que lui. Elles applaudissent en revanche le phénomène contraire médiatisé par les « cougars » du show biz et de Hollywood.

La dynastie anglaise a l’habitude de se plier aux injonctions conformistes. En attendant que le palais de Buckingham soit le théâtre d’un mariage de même sexe ou d’une GPA, la City, ce repaire de la haute-canaille financière internationale, demeure plus que jamais le plus solide pilier sur lequel repose une monarchie usurpatrice, otage consentant du parlementarisme, de la ploutocratie et du règne absolu des partis politiques.

Dans cette famille dont le cœur penche à gauche et qui s’adonne aux attitudes fantasques les plus mièvres, le membre le plus digne reste encore, pour paraphraser Georges Dumézil quand il parlait des Orléans, la reine Élisabeth II d’Angleterre.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°79, diffusée sur Radio-Libertés, le 18 mai 2018.

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dimanche, 13 mai 2018

Avec un pareil ami…

Branca.jpgGeorges Feltin-Tracol

« Quand on a de tels amis, on n’a pas besoin d’ennemis. » Cette expression populaire correspond parfaitement au sujet traité par Éric Branca dans son nouvel ouvrage, L’ami américain. Washington contre de Gaulle 1940 – 1969 (Perrin, 2017, 381 p., 23 €).

Historien et journaliste, Éric Branca évoque dans le détail les relations plus qu’orageuses entre Charles de Gaulle et les différents locataires de la Maison Blanche, de Franklin Delano Roosevelt à Richard Nixon. Alors que le système médiatique officiel célèbre jusqu’à la nausée la fumeuse amitié franco-étatsunienne, ce livre rappelle que la plupart des dirigeants yankees, hormis – un peu – Kennedy et – beaucoup – le meilleur président étatsunien du XXe siècle, Richard Nixon, a toujours considéré la France comme un larbin de seconde zone ou un paillasson.

Dès 1940, le général de Gaulle s’oppose violemment aux milieux transatlantiques. De retour au pouvoir en 1958, il doit lutter contre l’« État profond » étatsunien. L’auteur n’hésite pas à se référerouvertement aux travaux de l’universitaire Peter Dale Scott. L’« État profond » organise de puissantescampagnes francophobes. Éric Branca revient avec insistance sur les ingérences permanentes de la CIA dans l’Hexagone. On y apprend aussi que le CIA recruta Alfred Hitchcock pour réaliser un film supposé s’élever contre la soviétisation rampante de la France. Outre des politicards payés tels François Mitterrand, Jean Lecanuet ou Alain Poher, de grands naïfs tels le futur général souverainiste retraité Pierre-Marie Gallois s’épanchent devant des interlocuteurs américains très attentifs. Le pire reste toutefois René Pleven. Auteur de la première loi scélérate liberticide en 1972, ce centriste breton était un habitué des salons dorés de l’ambassade yankee à Paris, haut-lieu de l’espionnage situé non loin du palais de l’Élysée.

La démission du Général en 1969, puis le décès soudain de Georges Pompidou en 1974 permettent aux coteries atlantistes et euro-mondialistes de recontrôler les institutions de la Ve République, de Valéry Giscard d’Estaing à Emmanuel Macron en passant par Mitterrand, Jacques Chirac, le calamiteux Nicolas Sarközy et François Hollande. L’ami américain d’Éric Branca souligne la mainmise quasi-totale des États-Unis en France et en Europe. Combien de temps durera encore cette inacceptable colonisation ?

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°77, diffusée sur Radio-Libertés, le 11 mai 2018.

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lundi, 07 mai 2018

Un oxymore très étatsunien

Comey.jpgGeorges Feltin-Tracol

L’oxymore (ou oxymoron) est un procédé rhétorique qui consiste à réunir deux mots incompatibles ou contradictoires. L’entretien que donne James Comey à l’édition du 18 avril 2018 du Monde en est un nouvel exemple.

Venant de publier ses mémoires et sautant du plateau télé au studio de radio, l’ancien directeur du FBI limogé en mai 2017 par Donald Trump ne se prive pas de dire tout le mal qu’il pense du 45e président des États-Unis. Mais ses critiques sont typiquement étatsuniennes puisqu’elles se fondent sur un socle moral qu’il trouve incontestable et dont les plus tarés de ses compatriotes rêvent de répandre sur la terre entière.

Si James Comey s’attaque à Trump, « ce n’est pas un jugement politique » prévient-il, hypocrite, au Monde. Les réductions fiscales massives offertes aux plus riches, les frappes débiles contre Damas, les rodomontades agressives envers la Russie et la Chine ne comptent pas pour cet ancien procureur qui, pour se faire élire, s’est sûrement couché devant de nombreux lobbies. Pour Comey, « Trump est inapte à être président sur des fondements moraux », car sa présidencemenacerait les fameuses « valeurs étatsuniennes », à savoir l’État de droit et, ne rions pas, la vérité ! Quand on sait que le FBI, cette véritable Stasi d’outre-Atlantique, manipule régulièrement les faits (pensons à la tuerie de Waco en 1993), Comey joue ici au comique involontaire grotesque.

Estimer qu’un être immoral (ou amoral) ne devrait pas diriger un État relève d’une naïveté qui frôle la candeur. James Comey semble tout ignorer de Nicolas Machiavel (il le pense probablement chef d’un clan mafieux italien…) et ne saurait comprendre ni la métaphore du « Lion » et du « Renard », ni la spécificité du politique.

Suivre des injonctions morales en politique revient à confondre le politique et la morale. Une politique morale signifie en réalité la neutralisation du politique au profit d’une soi-disant société civile soumise aux groupes de pression et d’influence variés. Pur produit du droit yankee hégémonique et totalitaire, James Comey aimerait sûrement installer Mickey à la Maison Blanche. Ses remarques minables démontrent surtout qu’il n’est qu’un pitoyable Bisounours.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°76, diffusée sur Radio-Libertés, le 4 mai 2018.

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mercredi, 02 mai 2018

Le holisme comme réponse au monde moderne

Blanchard-208x300.jpgGeorges Feltin-Tracol

Du grec holos, « entier », le holisme est un terme inventé en 1926 par le général Jan Christiaan Smuts, Premier ministre d’Afrique du Sud, pour désigner un ensemble supérieur à la somme de ses parties. L’écrivain britannique Arthur Koestler vulgarisa la notion dans Le cheval dans la locomotive (1967) et Janus(1978). L’anthropologue français Louis Dumont s’y référait déjà en 1966 dans Homo hierarchicus.

Bien connu pour son action permanente envers les plus démunis des nôtres, le pasteur Jean-Pierre Blanchard reprend à son compte le concept dans son nouvel essai L’Alternative holiste ou la grande révolte antimoderne (Dualpha, coll. « Patrimoine des héritages », préface de Patrick Gofman, 2017, 156 p., 21 €). Il y développe une thèse qui risque d’agacer tous ceux qui gardent un mur de Berlin dans leur tête.

Si le monde moderne se caractérise par le triomphe de l’individu et l’extension illimitée de ses droits considérés comme des désirs inaliénables à assouvir, l’univers traditionnel préfère accorder la primauté au collectif, au groupe, à la communauté. Certes, chacune de ces visions du monde antagonistes comporte une part de l’autre. La domination de la Modernité demeure toutefois écrasante, d’où des réactions parfois violentes. Ainsi le pasteur Blanchard voit-il dans la longue révolte des paysans mexicains entre 1911 et 1929 la première manifestation du holisme. Ensuite surgiront tour à tour les révolutions communiste, fasciste et nationale-socialiste. L’auteur insiste longuement sur le paradoxe bolchevique : le progressisme revendiqué se transforma en un conservatoire des traditions nationales et populaires. Le communisme réel est en fait un holisme contrarié par le matérialisme historique. On sait maintenant que la République populaire démocratique de Corée a une société plus communautaire, plus holiste, que cet agrégat bancal d’atomes individualistes déréglés qu’est le Canada.

Aujourd’hui, la vision holistique des rapports collectifs humains prend la forme de l’idéologie islamiste. Le choc frontal entre la modernité occidentale et cet autreholisme est brutal. L’incantation lacrymale et victimaire aux droits de l’homme, au « vivre ensemble » et à l’individu-tyran n’écartera pas la menace islamiste; elle lafortifiera au contraire. La civilisation européenne ne survivra que si elle renoue avec « la transcendance, ce retour qui combat le monde occidental bourgeois issu de la philosophie des Lumières [qui] offre de nouvelles perspectives pour l’avenir (p. 156) », un avenir holistique, communautaire et organique pour les peuples autochtones d’Europe.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°76, diffusée sur Radio-Libertés, le 27 avril 2018.

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dimanche, 22 avril 2018

Pour son 150e anniversaire

Maurras-NE.jpgGeorges Feltin-Tracol

Il y a 150 ans, ce 20 avril 1868 naissait à Martigues un homme qui fait toujours trembler les bases de la République des Lettres et de la République elle-même : Charles Maurras. La démission de dix membres sur douze du Haut-Comité aux commémorations et l’arrêt définitif du Livre des commémorations nationales qui comportait cette année un beau texte de l’universitaire Olivier Dard prouvent que l’auteur du Chemin du Paradis continue à déranger. Tant mieux !

Dans sa livraison annuelle de 2017, la revue Nouvelle École anticipa l’anniversaire par un riche dossier sur Charles Maurras. Ce numéro 66 fait déjà date par l’ampleur des contributions réunies. Outre une impressionnante bibliographie réactualisée rédigée par Alain de Benoist, le directeur de la revue examine aussi « Maurras et le romantisme », un sujet ô combien passionnant quand on sait que le théoricien de l’Action Française réprouvait ce courant littéraire trop sentimental à son goût. Rémi Soulié insiste sur sa jeunesse fédéraliste et félibre. Michel Lhomme traite de son influence en Amérique latine. Francis Mourry étudie l’apport du positivisme dans la théorie maurrassienne et revient sur Pierre Boutang, son principal héritier. Baptiste Rappin établit une courte et très stimulante comparaison entre deux « infréquentables » à l’heure de l’indignation permanente des « Bo-bo » féminisés, Maurras et Heidegger, tous deux grands admirateurs de l’Antiquité grecque. Si Axel Tisserand décrit les relations entre Maurras et l’abbé Penon, Martin Motte insiste, pour sa part, sur Kiel et Tanger, l’ouvrage géopolitique méconnu de Maurras quand bien même Georges Pompidou en cita quelques extraits lors d’une allocution à Sciences Po-Paris en 1972.

On y trouve enfin un entretien avec Gérard Leclerc. L’auteur royaliste, éditorialiste à France catholique et chroniqueur à Radio Notre-Dame, a participé à la scission de « gauche » de la Restauration nationale en compagnie de Bertrand Renouvin pour former une Nouvelle Action française ensuite devenue la Nouvelle Action royaliste. Cet entretien est un événement. En 1975, dans Le Désordre établi, Bertrand Renouvin s’attaquait à Jean Royer, au formidable Jean Cau, au prophétique Camp des Saints de Jean Raspail et à la revue… Nouvelle École !

Auteur un an plus tôt d’un très remarquable essai, Un autre Maurras, Gérard Leclerc a raison de rappeler que L’avenir de l’Intelligence demeure un « livre percutant […] une charge contre les forces d’argent qui dominent la société dans les démocraties modernes et un appel à l’alliance des forces de l’esprit et de la politique contre la “ tyrannie économique ” (pp. 89 – 90) ». On attend d’ailleurs la réédition prochaine de ce maître-ouvrage. Regrettons en revanche que ne soit qu’effleurée la conception maurrassienne de l’« Union latine », ce projet européen alternatif cohérent.

Ne gâchons cependant pas notre plaisir. Maurras dans Nouvelle École, ça a quand même plus de gueule qu’une pseudo-célébration gueusarde prononcée par un ministricule quelconque !

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°75, diffusée sur Radio-Libertés, le 20 avril 2018.

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mercredi, 18 avril 2018

Les brigades internationales du Donbass

leshommeslibres.pngGeorges Feltin-Tracol

Frédéric Lynn est un homme de conviction à la plume talentueuse. Il a mis ses idées néo-eurasistes en pratique en ralliant vers 2014 – 2015 les forces séparatistes du Donbass. Il relate son expériencedans Les hommes libres (Éditions Bios, 2016, 416 p., 26 €).

Ce militant nationaliste-révolutionnaire et solidariste normand profite de la dissolution de son mouvement par le trio malfaisant Hollande – Valls – Cazeneuve pour tenter l’aventure dans l’Est de l’Ukraine. Il apporte un témoignage à mille lieux des clichés partisans parisiens. Au fil des pages, on découvre effaré l’absence de filières de recrutement, l’improvisation sur place, la désorganisation permanente, la débrouillardise érigée en valeur cardinale, un pesant caporalisme contreproductif, des conceptions tactiques vieilles de 1945 sans oublier un alcoolisme très présent et quelques moments de détente cannabique. Les hommes libres est l’anti-Orages d’acier.

L’un de ses aspects les plus intéressants porte sur la présence dans les rangs sécessionnistes du Donbass des volontaires étrangers. Officiellement, les républiques populaires de Lougansk et de Donetsk professent la nostalgie soviétique et un antifascisme conséquent. Or la réalité est bien plus complexe. Frédéric Lynn qui se bat d’abord dans les rangs d’Unité continentale, voit son groupe accueillir des « Espagnols [qui] étaient presque tous communistes. C’était ironique, relève-t-il : la plupart des Français étaient issus de milieux nationalistes ou assimilés, et les Serbes, eux, mélangeaient ultra-nationalisme, identité orthodoxe, et antifascisme titiste (p. 150) ».

Outre l’évocation d’unités cosaques constituées « de soldats et de cadres de l’armée régulière russe, soit en congé, soit en retraite (p. 324) », l’auteur mentionne des Brésiliens, très lointains héritiers du mouvement intégraliste équatorial, et quelques improbables Étatsuniens. « Un volontaire texan chez les séparatistes pro-russes, tu dois en faire rager certains, ironise l’auteur (p. 310) ».

Certains l’accuseront de dénigrements et verront dans cet ouvrage préfacé par Robert Steuckers une preuve supplémentaire de désinformation systématique puisque sa rédaction s’achève en mai 2016 à Los Angeles, Frédéric Lynn étant franco-étatsunien. On apprend par ailleurs qu’après une période de détention au Canada pour avoir guerroyé en Ukraine, l’auteur partit combattre les terroristes islamistes en Irak.

Après le Katanga, le Biafra, le Liban et les Karens, des Français continuent à rechercher aux confins de l’Europe un destin dans l’un ou l’autre camp. Le romantisme politique n’est pas mort, Frédéric Lynn le prouve encore avec un détachement parfois amer.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°74, diffusée sur Radio-Libertés, le 13 avril 2018.

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dimanche, 08 avril 2018

Le Sixième Œil

Echelon-216x300.jpgGeorges Feltin-Tracol

Certaines nouvelles passent inaperçues. Dans quelques mois, le premier niveau d’habilitation de sécurité nationale, le « Confidentiel Défense », sera supprimé. Il est pour l’instant encore accordé aux détenteurs d’informations dont la divulgation nuirait à la défense nationale ou favoriserait la découverte d’un fait classé « Secret Défense » ou « Très Secret Défense ». En pratique, il porte sur les opérations militaires extérieures, la lutte anti-terroriste, la traque des réseaux criminels transnationaux, la protection d’installations sensibles (les sites nucléaires) ainsi que les études en matière stratégique.

Le motif officiel de cette suppression est une meilleure rationalisation des critères de confidentialité. Or, le n° 447 de la lettre fondée par Emmanuel Ratier, Faits et Documents (du 15 au 28 février 2018) donne la véritable raison. Le retour de la France dans l’OTAN voulue par Nicolas Sarközy et poursuivie par François Hollande implique l’alignement des services secrets de l’Hexagone aux normes et coutumes de leurs homologues anglo-saxons. Faits et Documents explique qu’en décembre 2015, Paris a signé un accord à Washington qui associe la France au système des « Cinq Yeux » bien connu depuis l’affaire Echelon au milieu des années 1990.

En 1946, les États-Unis et la Grande-Bretagne adoptaient un accord de communication des renseignements : le traité UKUSA. Y adhérèrent ensuite le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande. Ainsi le monde anglo-saxon a-t-il pu espionner tous les continents au moyen d’une surveillance électronique généralisée. Les « Cinq » deviennent les « Six Yeux » avec l’arrivée de la France dans l’« Anglosphère » planétaire. Ainsi l’Hexagone perd-il toute liberté nationale effective. Quant à son indépendance nationale, elle est déjà bien évanescente, voire ectoplasmique.

Cette intégration risque toutefois de poser quelques problèmes dans la transmission prochaine de renseignements essentiels avec des États exclus de cette coopération renforcée. La France a en effet conclu une quarantaine d’accords avec les États-Unis, l’OTAN et ses membres (hormis le Canada et l’Islande), mais aussi avec l’Australie, le Japon, le Brésil et la Russie. Jusqu’à présent, la France gardait une relative latitude avec ses partenaires. Ce ne sera désormais plus le cas. Le principal risque de cette inclusion est que les terroristes islamistes soient moins ciblés que les opposants au CETA, au TAFTA, à l’atlantisme et au mondialisme.

Si cette collaboration touche en priorité les forces armées, il faut enfin craindre que se renforcent les connivences étroites entre les États profonds hexagonal et yankee au moment où Washington met son veto à la vente de Rafales à l’Égypte. La minable classe politicienne française a choisi l’appel de l’Atlantique. Cela ne présage rien de bon pour l’avenir des Européens.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°73, diffusée sur Radio-Libertés, le 6 avril 2018.

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lundi, 02 avril 2018

Lettres de sang du Donbass

Donbass-187x300.jpgGeorges Feltin-Tracol

La guerre au Donbass dans l’Est de l’Ukraine ne fait plus les gros titres de l’information hexagonale. Les médiats officiels préfèrent se focaliser sur le sort de la Ghouta et l’avenir de ces malheureux rebelles islamistes déchiquetés par les redoutables bombes russo-syriennes. Faisant fi de toute complexité inhérente au contexte, les journalistes enrégimentés gardent leurs œillères manichéennes. Le conflit dans le Donbass ne correspond pas à leur vision binaire « Gentils contre Méchants ».

Ces professionnels le comprendraient s’ils prenaient la peine de lire le nouvel ouvrage de Zakhar Prilepine, préfacé par Monique Slodzian et postfacé par Daria Sinichkina, Ceux du Donbass. Chroniques d’une guerre en cours (Éditions des Syrtes, 2018, 409 p., 22 €). Vétéran des guerres de Tchétchénie dans les forces spéciales, Prilepine est devenu l’« enfant terrible » des Lettres russes. Cet ancien adhérent du Parti national-bolchevique de l’écrivain Édouard Limonov vit à Donetsk et combat aux côtés des « séparatistes ».

Son livre rassemble des témoignages d’habitants pro-russes de la région parmi lesquels le célèbre Motorola et l’actuel président monarchiste de la République populaire de Donetsk, Alexandre Zakhartchenko. On saisit mieux maintenant le caractère syncrétique des sécessionnistes qui amalgament passé soviétique et héritage tsariste, nostalgie de l’URSS et désir de rejoindre un grand-espace eurasiste, défense des acquis sociaux et préservation des traditions populaires.

Certes, si au fil des pages, on rencontre des personnages attachants et sincères comme la poétesse Ania ou le Géorgien Teïmouraz, les chroniques de Prilepine demeurent subjectives et engagées. Ayant grandi dans la patrie des soviets et connu jeune adulte la déflagration de l’Union Soviétique, l’auteur n’est pas loin de penser que les affrontements sur les lieux mêmes de la Grande Guerre patriotique de 1941 – 1945 répètent la lutte tragique entre le monde russe représenté par les républiques de la Novorossia, et un Occident brutal et revanchard incarné pour la circonstance par les nationalistes ukrainiens.

On ne peut que regretter le sang versé dans cette terrible guerre fratricide qui a pourtant donné une grande œuvre à la littérature contemporaine russe.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°72, diffusée sur Radio-Libertés, le 30 mars 2018.

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mercredi, 28 mars 2018

Les Tartarins de Londres

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Georges Feltin-Tracol

Plus fort que les inspecteurs Barnaby et Morse, Simon Templar, John Steed, Emma Peel, Tara King, Sherlock Holmes et James Bond réunis, Scotland Yard a résolu en moins d’une semaine l’empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Youlia dans une rue de Salisbury. Cet officier du GRU, les services de renseignement militaire russe, avait livré de nombreuses informations aux Britanniques avant de s’installer en Occident.

Theresa May, la rombière du 10, Downing Street, cheftaine inaudible d’un ramassis de ministricules incompétents, a finalement accusé Moscou d’être à l’origine de cette action clandestine dont le mode opératoire rappellerait l’empoisonnement au polonium 210, une substance radio-active, d’Alexandre Litvinenko en 2006. Londres riposte par le gel de toutes relations bilatérales avec les autorités russes, l’expulsion de 23 de leurs diplomates et l’absence de représentant officiel à la Coupe du Monde de balle au pied de juin prochain. Nul doute que ces sanctions terrifient Vladimir Poutine…

Berlin, Washington et Paris ont bien sûr apporté un soutien inconditionnel au régime britanniquetandis que le laquais norvégien qui s’occupe de l’OTAN a exigé de la Fédération russe une coopération pleine et entière. Ces gens-là sont d’une impudence incroyable ! En effet, comment en une dizaine de jours, les enquêteurs britanniques peuvent-ils accuser les services secrets moscovites sans même suivre d’autres pistes (mafias d’Europe de l’Est, officines pro-Wall Street bellicistes anti-russes qui souhaitent une nouvelle guerre froide, etc.) ? Pourquoi un tel empressement si soudain et fort suspect ? Seul le chef de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, a exprimé un scepticisme de bon aloi mal compris par quelques-uns de ses propres députés inféodés aux agences occidentales.

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lundi, 19 mars 2018

Ces séries télé qui manipulent l’opinion

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Georges Feltin-Tracol

En février dernier, la chaîne franco-allemande Arte diffusait chaque jeudi soir trois épisodes de la deuxième saison d’une série norvégienne, Occupied, que les Québécois traduisent par « Envahis ». Créée en 2015, cette série appartient aux rares feuilletons de politique-fiction.

Dans un futur immédiat improbable et fantasmatique, les États-Unis isolationnistes ont quitté l’OTAN. La Norvège est dirigée par des écologistes qui arrêtent progressivement leur production d’hydrocarbures au profit des énergies renouvelables. Or l’Union dite européenne traverse une grave crise énergétique si bien que Bruxelles permet à la Russie d’influencer Oslo en y installant des troupes. L’ambassade russe dans la capitale norvégienne fait pression sur les politiciens locaux afin d’obtenir un gouvernement « russo-compatible ». La présence russe incite certains Norvégiens à « collaborer » et d’autres à entrer dans une résistance parfois violente.

La menace russe, à l’époque soviétique, constituait déjà l’intrigue d’une série étatsunienne en 1987, Amerika. Une décennie après l’occupation des États-Unis par les troupes du Bloc de l’Est et leur partage en différentes zones administratives closes, des Étatsuniens travaillent avec les représentants de Moscou pendant que d’autres les rejettent plus ou moins brutalement. Les scénaristes de la chaîne ABC tablaient ouvertement sur les tensions de la Guerre froide.

La série Occupied participe pour sa part au dénigrement médiatique systématique et permanent de la Russie de Vladimir Poutine. L’épisode 8 montre par exemple des dirigeants scandinaves prêts à restreindre les conditions de séjour des Russes déjà présents en Norvège ! Il est vrai que la violence quotidienne, les viols massifs et les nombreux autres actes de petite délinquance sont le fait d’immigrés russes inassimilables.

Oui, l’Europe est aujourd’hui occupée non pas par les Russes, mais par… les États-Unis d’Amérique depuis 75 ans. L’atlantisme de l’OTAN, le multiculturalisme de la Commission européenne, le mondialisme du Conseil de l’Europe et de la Cour européenne des droits de l’homme, le libéralismeexacerbé de la BCE, le cosmopolitisme du FMI font des États du Vieux Continent des entités à la souveraineté plus ou moins limitée. Ce n’est pas l’ambassade russe à Bruxelles, à Londres, à Paris, à Berlin, à Rome ou à Madrid qui manipule les guignols politiciens, mais plutôt les ambassadeurs étatsuniens. Outre des bases militaires quasi-autarciques, l’occupation yankee de l’Europe est totale puisqu’elle affecte autant la culture que la gastronomie, les médiats que l’économie, les manières de penser que le mode de vie (pensons à la fin de la courtoisie sur les injonctions malsaines du féminisme hystérique).

Cette réalité-là ne fera hélas ! pas l’objet d’une énième série télévisée. Dommage, car elle aurait certainement encouragé les Européens à mieux prendre conscience de cette lourde emprise. Néanmoins, cette absence ne doit pas empêcher l’avant-garde alter-européenne d’exiger : « Yankees, hors d’Europe ! »

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°70, diffusée sur Radio-Libertés, le 16 mars2018.

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lundi, 12 mars 2018

Le candidat de l’idée d’État

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Georges Feltin-Tracol

Le dimanche 18 mars prochain se déroulera le premier (et probable unique) tour de l’élection présidentielle de la Fédération de Russie. Tous les observateurs s’accordent pour annoncer la réélection du président Vladimir Poutine à un nouveau mandat de six ans tant la Russie est une démocratie « illibérale », plébiscitaire et charismatique.

Outre le président sortant participent sept autres candidats. Les commentateurs s’attardent sur Ksenia Sobtchak, la fille de l’ancien maire libéral de Saint-Pétersbourg et mentor du jeune Poutine dans les années 1990. Ils oublient en revanche Pavel Groudinine, le candidat du Parti communiste, par ailleurs chef d’une entreprise agricole, qui n’a même pas la carte de l’ancien parti dirigeant soviétique.

Chef du Parti libéral-démocrate de Russie créé à l’origine par le KGB afin de contrôler les mouvances nationalistes, Vladimir Jirinovski se présente pour la sixième fois à la fonction suprême. Il n’est pas le seul à occuper le créneau du « national-populisme » puisqu’il faut compter avec le député fédéral Sergueï Babourine, âgé de 59 ans.

Jeune député au Soviet Suprême dès 1990, Sergueï Babourine fut parmi les sept élus qui votèrent contre la dissolution de l’Union Soviétique. Qualifié tantôt de « nationaliste modéré », tantôt d’« ultra-nationaliste », Sergueï Babourine serait surtout le représentant des fameux « Rouge-Brun ». En effet, l’ancien recteur de la faculté de droit d’Omsk et ancien vice-président de la Douma d’État a ouvertement soutenu le président yougoslave Slobodan Milosevic, s’est indigné de la scandaleuse condamnation du président serbe de Bosnie, Radovan Karadzic, a invité en 2003 à Moscou Jean-Marie Le Pen et apporté l’année suivante un vibrant appui à Bruno Gollnisch, victime des lois liberticides scélérates. Ces quelques prises de position politiquement incorrectes n’empêchèrent pas le futur candidat à être invité en mai 2006 à une réunion de l’Internationale Socialiste à Moscou consacrée à l’avenir du Caucase.

Un temps proche du Bloc Rodina (« Patrie »), ce nationaliste de gauche dirige désormais l’Union des peuples russes dans laquelle il a fondu son mouvement, La Volonté du Peuple. Très hostile à l’OTAN et à la propagande venue de l’Occident globalitaire, plus que nationaliste, Sergueï Babourine est avant tout un partisan de l’État entendu comme grande puissance. Il fait sienne la formule émise dès 1989 : « L’État comme idée, l’État comme puissance, l’État comme structure militaire. » L’Express du 16 septembre 1993 rapportait ses critiques sévères à l’encontre d’Alexandre Soljenitsyne : « Dans sa lutte contre le marxisme-léninisme, Soljenitsyne a fini par détruire l’État lui-même. Il a fait le jeu de l’Occident. »

Ami personnel du dissident Alexandre Zinoviev (1922 – 2006), Sergueï Babourine a recueilli afin de pouvoir se présenter 120 000 parrainages de citoyens russes. Il est évident qu’il ne s’agit que d’une sympathique candidature de témoignage, car, comme il l’affirmait déjà à L’Express du 2 novembre 1995 : « En Russie comme en URSS hier, la vie politique s’ordonne autour d’un chef. Qu’il soit prince, tsar, empereur, secrétaire général ou président, c’est à lui de fédérer les talents. » Il sait que pour l’heure, le fédérateur politique ne peut s’appeler que Vladimir Poutine.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°69, diffusée sur Radio-Libertés, le 9 mars 2018.

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dimanche, 04 mars 2018

Candide ministre

Varoufakis.jpgGeorges Feltin-Tracol

Pendant cinq mois et neuf jours, Yanis Varoufakis fut ministre des Finances du gouvernement grec de gauche radicale Syriza alliée aux souverainistes du parti des Grecs indépendants. Cet universitaire en économie à la double nationalité gréco-australienne accepte la demande d’Alexis Tsipras et veut renégocier la dette hellène auprès de l’Eurogroupe, du FMI, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne. Conversations entre adultes (Éditions Les liens qui libèrent, 2017, 526 p., 26 €) relate dans le détail ses nombreuses discussions.

Cet ouvrage au sous-titre explicite, « Dans les coulisses secrètes de l’Europe », est passionnant. Il se lit comme un polar à la différence que les victimes sont bien réelles. Le peuple grec subit à la foisd’incessantes trahisons de la part de ses politiciens, et un véritable martyre. En homme de gauche humaniste, démocrate et progressiste, l’auteur découvre peu à peu que les dirigeants de Syriza sont bien avant leur accession au pouvoir en collusion étroite avec les banquiers cosmopolites et les oligarques hellènes.

Certes, ce livre plaide en faveur de son auteur. Si les sociaux-démocrates allemands et les socialistes français en prennent pour leur grade, l’auteur refusant leur double langage : conciliant en privé et cassant en public, Varoufakis ose révéler l’inimaginable à propos du fonctionnement de l’Organisation de Bruxelles. Il ne s’explique pas en revanche quand et comment Tsipras a capitulé. Il découvre que le fameux Eurogroupe n’a aucune existence légale, ce qui ne l’empêche pas d’exercer un poidsdéterminant au point que son président d’alors, le ministre néerlandais Jeroen Dijsselbloem, fait taire le Commissaire aux Affaires économiques et financières, le Français Pierre Moscovici…

Tout au long de ses semaines ministérielles, Yanis Varoufakis qui n’est pas partisan du Grexit, soumet aux créanciers d’Athènes plusieurs plans qui conviennent bientôt au FMI et à Washington. Or les usuriers de la Grèce agissent comme une véritable mafia et rejettent toute proposition acceptable afin de faire de la nation d’Homère un exemple punitif pour les autres Européens. Candide chez les hyènes, l’économiste-ministre découvre, stupéfait, les méandres absurdes des institutions européennes et les atermoiments des gouvernements des États-membres qui cherchent avant tout à cacher à leurs opinions publiques respectives qu’ils ont ont été dupés par les technocrates et autres bureaucrates attachés aux banksters internationaux.

Les oligarchies politiques, financières et médiatiques appartiennent comme l’indique le titre original en anglais à l’« Établissement profond » européen. Celui-ci fomente contre ce ministre grec si atypique de violentes campagnes de presse diffamatoires. Yanis Varoufakis ne se bat pourtant pas seul. Il parvient à recruter des alliés parmi les anciens membres du FMI et chez des Anglo-Saxons (des conservateurs britanniques ainsi que des démocrates étatsuniens souvent proches du sénateur Bernie Sanders). Il ne dispose toutefois pas des pleins pouvoirs et voit son action superviser, puis saper par des ministres issus, eux, de Syriza. N’est pas Antonio Salazar qui veut !

Conversations entre adultes prouve enfin que la crise de l’euro résulte principalement de l’absence initiale de tout contrôle politique effectif, car cela aurait supposé au préalable l’avènement d’une autorité fédérale réelle. Son récit confirme enfin qu’il sera très difficile à un mouvement politique non conforme de s’imposer face aux mailles serrées du Système. On le remarque déjà avec la Pologne en dépit de nombreuses relations nouées avec les milieux atlantistes.

Il importe de lire Conversations entre adultes, surtout si l’on aspire à de hautes fonctions ou qu’on recherche une rupture fracassante avec le Système dominant. C’est un formidable avertissement.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°68, diffusée sur Radio-Libertés, le 2 mars 2018.

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mercredi, 28 février 2018

À la redécouverte des Celtes

Pages-celtik-212x300.jpgGeorges Feltin-Tracol

Après avoir publié La Révolution conservatrice allemande. Biographies de ses principaux acteurs et textes en 2014 et Généalogie du fascisme français. Dérives autour de Zeev Sternhell en 2017, les Éditions du Lore sortent Pages celtiques de Robert Steuckers (2017, 104 p., 15 €).

Responsable des excellentes revues Orientations et Vouloir dans les années 1980 – 2000, animateur du blogue éponyme ainsi que du site Euro-Synergies, l’une des principales figures de la « Nouvelle Droite » européenne propose une belle compilation d’études consacrées à un sujet méconnu : l’apport du monde celte à notre civilisation continentale.

L’auteur a le mérite de sortir du triangle habituel et quelque peu paresseux Athènes – Rome – Jérusalem pour rappeler que Constantinople, la Germanie, le monde slave et aussi la celtitude participent aux racines spirituelles des peuples européens. Ils doivent beaucoup aux Celtes jamais conquis d’Irlande et d’Écosse, en particulier la conversion à la foi chrétienne par l’intermédiaire du christianisme celtique.

Robert Steuckers revient aussi sur le long et patient combat de libération nationale et populaire des Celtes écossais et irlandais. Il rappelle que le mouvement national irlandais défendait un projet social ambitieux et un dessein pan-celtique. On retrouve d’ailleurs ce pan-celtisme dans la passion légitime qu’éprouve l’auteur pour les patries charnelles.

Ainsi rend-t-il un bel hommage à Olier Mordrel, l’infatigable militant de l’indépendance bretonne, et insiste-t-il sur la belle et fructueuse postérité intellectuelle de l’Allemand Herder. Il est clair que « le nationalisme irlandais est l’exemple même d’un nationalisme de matrice “ herdérienne ” (p. 98) ».

Ce sont au final de magnifiques pages qui font découvrir un patrimoine écarté par la volonté sénile des zélotes d’une Rome paulinienne et augustinienne et par leurs successeurs, les chantres débiles d’une Modernité agonisante.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°67, diffusée sur Radio-Libertés, le 23 février 2018.

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lundi, 19 février 2018

Les pronostics de Michel Drac

Macron-Drac.jpgGeorges Feltin-Tracol

Auteur De la souveraineté en 2008, de Crise économique ou crise du sens en 2010 et de Triangulation. Repères pour des temps incertains en 2015, Michel Drac poursuit sa réflexion sur l’actualité du monde. L’élection d’un zélote des marchés totalement inconnu des Français cinq ans auparavant, l’a surpris et quelque peu sidéré. L’hébétement passé, il vient d’observer les six premiers mois de la nouvelle présidence et se demande comment le nouveau locataire de l’Élysée pourrait se comporter en cas de crise(s) majeure(s). Tel est le sujet de son nouvel ouvrage, Voir Macron (Le Retour aux Sources, 2017, 197 p., 17 €).

Le sous-titre est encore plus signifiant : « 8 scénarios pour un quinquennat ». Il s’agit de huit hypothèses de situation de crise qui peuvent surgir entre maintenant et 2022. La démarche est osée pour Michel Drac qui risque de voir ses pronostics – souvent pessimistes – en économie et en géopolitique démentis, voire contredits, par les faits. Toutefois, ses supputations demeurent réalistes et possibles, même si les facteurs déterminants sont bien trop nombreux pour être intégrés dans une analyse prospective d’ensemble.

Les scénari sont précédés par un panorama non exhaustif des grandes tendances économiques, écologiques, démographiques, technologiques, géopolitiques, culturelles et politiques du moment. Comme toujours chez Michel Drac, en digne héritier des honnêtes hommes des XVIIe et XVIIIe siècles, le lecteur apprend beaucoup. Ainsi la monnaie unique européenne est-elle « une union de monnaies homonymes à parités fixes. L’euro n’est pas émis par la Banque Centrale européenne : ce sont les banques centrales des États membres qui l’émettent. Entre elles existe un système de compensation [qui…] s’appelle Target 2 ». Si l’intention est fédéraliste, la gestion quotidienne de l’euro est plutôt confédérale, voire presque co-souveraine entre les dix-neuf « associés ».

Michel Drac perçoit très finement la position ambiguë d’Emmanuel Macron. Du fait de son « en même temps », celui-ci est dès à présent tiraillé entre un tropisme continental incarné par l’Allemagne, et une forte attraction atlantiste elle-même scindée entre une Grande-Bretagne en Brexit, soucieuse de ne pas favoriser l’émergence d’une super-puissance européenne à sa porte, et des États-Unis qui renforcent leur coopération avec une armée française bien mal en point. L’heure arrivera peut-être pendant ce quinquennat pour que le start upper d’En Marche tranche ce dilemme avec toutes les incertitudes qu’elles recèlent.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°66, diffusée sur Radio-Libertés, le 16 février 2018.

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lundi, 12 février 2018

Une déclaration de guerre aux États illibéraux

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Georges Feltin-Tracol

Il faut encore revenir sur les vœux présidentiels à la presse du 3 janvier 2018, cette véritable déclaration de guerre aux « démocraties illibérales ».

La « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 13, du 16 décembre 2016 avait déjà évoqué cette expression supposée disqualifiante. Inutile par conséquent d’y revenir. Ce qui surprend dans l’intervention présidentielle est le registre guerrier employé. « Nous devons mener cette bataille, prétend le résident de la République, et cette bataille a un nom, c’est celle qui consiste à défendre pleinement l’effectivité de toutes les libertés de nos démocraties parce qu’une tentation est là qui existe, croissante, aux frontières de l’Europe comme au sein de l’Europe, c’est la tentation des démocraties illibérales. » Le Premier Marcheur de l’Hexagone ajoute plus loin que « cette tentation illibérale, nous ne devons pas la prendre aujourd’hui à la légère et elle constituera à n’en pas douter l’un des combats que la France aura à conduire, mais également l’Union européenne, au cours de l’année 2018 parfois avec plusieurs de ses membres ».

De son point de vue, l’inquiétude est palpable : la Syrie du Président Bachar al-Assad a presque gagné la guerre. L’Allemagne, la Grande-Bretagne et l’Espagne sont fragilisées par des crises politiques internes inédites. Les États-Unis sont en proie à une guerre civile froide larvée. L’Autriche, la Bulgarie, la Slovaquie comptent dans leur gouvernement de coalition des ministres nationalistes et populistes en attendant peut-être l’Italie et la République tchèque. La Hongrie, le Bélarus, la Turquie, la Pologne, la Russie prennent une voie institutionnelle originale. Ces quelques exemples confirment la fin de l’idéologie sordide des Lumières.

L’ancien assistant du philosophe Paul Ricœur ne se trompe pas. « La crise que nous vivons aujourd’hui n’a pas de précédent dans notre époque contemporaine, dit-il encore, c’est cette rupture entre une économie de marché, des classes moyennes, des équilibres sociaux, la démocratie et l’attachement aux libertés qui vont avec. Ce socle, qui depuis le XVIIIe siècle avait construit le progrès continu de nos démocraties, est en train de se fissurer et, au nom de la protection d’un État, au nom parfois de la lutte contre tel ou tel risque, telle ou telle menace extérieure, d’une fascination nationaliste qui revient au portillon, plusieurs régimes politiques sont tentés par l’illibéralisme politique. » Le Progrès se trouve dans une impasse, du moins souhaitons-le ! La théocratie stupide des droits humains, de l’homme, de la femme, des gamins, du trans, du cyborg et des poux ne fait plus consensus. Excellente nouvelle !

« Cette montée des fausses nouvelles, se lamente encore le locataire de l’Élysée, est aujourd’hui totalement jumelle de cette fascination illibérale que j’évoquais puisqu’elle est bien souvent financée par les mêmes, elle est bien souvent utilisée par des puissances qui s’amusent en quelque sorte des faiblesses de la démocratie, de son ouverture extrême, de son incapacité à trier, à hiérarchiser, à reconnaître au fond une forme d’autorité.» Mais trier, n’est-ce pas là une forme de discrimination ? Hiérarchiser, n’est-ce pas contraire à l’égalité ? Ne pas reconnaître une forme d’autorité, n’est-ce pas la revendication centrale d’un certain Mai 68 qu’il veut par ailleurs célébrer ? Et quand il affirme que « toutes les paroles ne se valent pas », ne s’agit-il pas d’imposer une doxa officielle et de prétenduesvérités révélées bien sûr incontestables ?

L’ancien ministre de l’Économie de François Hollande a toutes les raisons de s’en soucier. L’échec de la forme démocratique représentative bourgeoise conduira tôt ou tard les peuples du Vieux Continent à adopter selon leur génie national spécifique, des autorités charismatiques, populaires et illibérales.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°65, diffusée sur Radio-Libertés, le 9 février 2018.

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dimanche, 04 février 2018

Le courage d’une adolescente

Ahed-Tamimim.jpgGeorges Feltin-Tracol

Depuis le 19 décembre 2017, une jeune fille de 16 ans croupit en prison pour des motifs politiques. Si elle avait été arrêtée par la police de Recep Tayyip Erdogan, de Vladimir Poutine, de Viktor Orban ou de Jaroslaw Kaczynski, toute la presse officielle hexagonale, toutes les radios et télévisions du Système, toutes les soi-disant ONG – souvent agents d’influence et de désinformation des Oligarchies mondialistes – auraient protesté, mobilisé Raphaël Glucksmann et le Botulien en chemise blanche régulièrement entarté, et organisé une intense campagne auprès de l’opinion publique afin de la libérer. Ce n’est hélas ! pas le cas parce que l’affaire concerne l’armée israélienne d’occupation en Palestine.

Issue d’une famille militante du Fatah, l’adolescente s’appelle Ahed Tamimi. Dès l’âge de 11 ans, elle s’opposait aux bidasses de Tsahal. Elle s’est pleinement engagée pour la libération de sa patrie. Ayant giflé d’une belle façon deux nervis en uniforme le 15 décembre dernier, elle risque maintenant jusqu’à sept ans de prison devant un tribunal militaire de l’occupant, soit un ramassis de magistrales badernes qui ne juge pas selon le droit, mais en fonction des circonstances. « Les-jours-les-plus-sombres-de-notre-histoire » se répètent à trois heures trente d’avion de Paris dans un silence assourdissant.

On attend toujours que le guignol d’Intouchables, défenseur des allogènes Rohingyas et grand pote d’Harvey Weinstein, soutienne Mademoiselle Tamimi et sa courageuse famille résistante. Le natif de Trappes, aujourd’hui exilé fiscal aux États-Unis, serait-il mal à l’aise devant l’allure si proche du type européen de cette vaillante adolescente ? Ahed Tamimi a les yeux clairs, de longs cheveux blonds cendrés et ne porte pas de voile.

Avec Marouane Barghouthi, 58 ans, cinq fois condamné à perpétuité et en détention depuis 2002, Ahed Tamimi représente la nouvelle résistance du peuple palestinien, celle qui entérine l’échec total des accords d’Oslo montés par Washington. Les militants palestiniens doivent dorénavant suivre un seul principe qui nous est cher : « Un peuple, une terre ! »

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°64, diffusée sur Radio-Libertés, le 2 février 2018.

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dimanche, 28 janvier 2018

Complotisme présidentiel

En-marche.jpgGeorges Feltin-Tracol

Suite aux vœux présidentiels à la presse du 3 janvier dernier, les commentateurs ont beaucoup discuté des intentions gouvernementales de légiférer contre les désormais célèbres fake news et d’instaurer dans les faits une censure préalable afin d’empêcher toute véritable réinformation.

Si cette future loi liberticide et contre-productive avait déjà été adoptée, se serait-elle appliquée au ton foncièrement complotiste du discours présidentiel de ce jour-là ? En effet, avant que Libérationpublie que 79 % des Français suivraient au moins une théorie de la conspiration, personne n’a relevé que le locataire de l’Élysée évoquait lui aussi le sombre jeu de « forces occultes » dans les arrière-coulisses obscures de la « gouvernance » puisqu’il dénonçait une « propagande [qui…] adopte votre ton, parfois vos formats. Elle emploie votre vocabulaire et parfois même, elle recrute parmi vous. Parfois même financée par certaines démocraties illibérales que nous condamnons au quotidien, elle se diffuse, elle se banalise et elle finit par jouer de cette confusion que nous avons progressivement acceptée ».

Le mal élu du 7 mai 2017 décline sciemment et tranquillement un avis hautement complotiste. Pour lui, « il y a là une stratégie et une stratégie financée visant à entretenir le doute, à forger des vérités alternatives, à laisser penser que ce que disent les politiques et les médias est toujours plus ou moins mensonger ». Le PD-G de la start up Hexagone en Marche insiste lourdement : « Cela fonctionne, nous l’avons vu à l’œuvre à l’étranger mais aussi en France. Le processus démocratique s’en trouve profondément altéré parce que l’indignation que suscitent ces fausses nouvelles est éruptive et prend le dessus sur la réflexion. Et c’est d’ailleurs le pari en quelque sorte anthropologique qui est fait par ceux qui manipulent ces canaux. »

Bien sûr, les coupables tout désignés sont les « démocraties illibérales », la Russie de Vladimir Poutine en tête, cette Russie qui a le toupet d’ouvrir à Paris des studios pour l’édition française de RT – France et qui diffuse déjà la Webradio francophone Sputnik. Pourquoi n’a-t-on pas entendu les mêmes belles âmes s’indigner de la diffusion par satellite dans nos banlieues de l’immigration d’Al-Jazeera, de MTV ou de CNN du démocrate clintonien Ted Turner ?

La condamnation présidentielle aurait été crédible si elle avait invité les journalistes présents à ne plus copiner avec les sbires de l’ambassade yankee près des Champs-Élysées, ces plumitifs qui comme de nombreux politiciens sont de véritables abonnés aux journées de l’ambassadeur étatsunien. Avant de s’en prendre à la paille dans l’œil du voisin, il importe toujours de regrader la poutre qui est dans le sien.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°63, diffusée sur Radio-Libertés, le 26 janvier 2018.

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lundi, 22 janvier 2018

Règlement de conte

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Georges Feltin-Tracol

A-t-on atteint les limites de la sottise humaine ou bien celle-ci est-elle illimitée ? L’affaire Harvey Weinstein n’a fait qu’accélérer la diffusion du venin gynocratique dans toutes les sociétés occidentales ultra-modernes, en particulier chez les Anglo-Saxons. Ses répercussions quotidiennes auraient ravi Pierre Gripari qui publiait en 1982 une Patrouille du conte. L’histoire raconte le travail d’agents qui rectifient les contes dans un sens politiquement correct. L’Ogre du Petit Poucet devient ainsi végétarien.

À la fin du mois de novembre 2017, une mère de famille, Sarah Hall, de Newcastle en Grande-Bretagne s’indigne de la scolarité de son fils de 6 ans. Y a-t-il trop de professeurs absents ? Sont-ils trop sévères ou bien trop laxistes ? La nourriture est-elle mauvaise à la cantine ? Non, ses griefs sont bien plus graves. Cette Sarah Hall se scandalise que son fils apprenne en classe le conte de La Belle au bois dormant, un bel exemple selon elle de harcèlement sexuel. En effet, le baiser que donne le Prince charmant à la belle endormie afin de la réveiller soulève le problème du consentement.

Plus généralement, des féministes hystériques condamnent maintenant les héroïnes de conte parce qu’elles sont blanches, passives (sic), minces et hétérosexuelles. Ces malades préféreraient que Blanche-Neige se mette en couple avec Gretel et aient plein d’enfants grâce à la GPA. Ce délire atteint aussi l’opéra. En Italie, la fin tragique de Carmen vient d’être modifiée. Elle ne meurt plus (triste exemple de « féminicide »), mais tue Don José, ce qui est une apologie de la violence faite aux hommes et par conséquent une incitation à commettre un homicide ! Mais bon ! passons, voulez-vous ? On attend avec impatience d’autres changements. La Grand-Mère du Petit Poucet n’est plus avalée par le Loup, horrible acte de spécisme, mais se marie avec lui !

Un révisionnisme sordide s’insinue dans nos esprits. Il importe de le rejeter par toutes nos forces. Il est inacceptable que le patrimoine littéraire de notre civilisation européenne soit ainsi édulcoré, violé, profané. Sinon pourquoi ne pas inciter le Prince charmant à épouser la Belle au bois dormant, Blanche-Neige et Cendrillon en même temps ?

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n°62, diffusée sur Radio-Libertés, le 19 janvier 2018.

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lundi, 08 janvier 2018

Le Wauquiez allemand

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Georges Feltin-Tracol

Permettez-moi d’abord de vous présenter tous mes meilleurs vœux de Grande Santé, de Force, de Prospérité et de Joie pour 2018. Malgré le crépuscule de notre civilisation boréenne, puissent les foyers européens ne jamais s’éteindre !

L’Allemagne commence la nouvelle année avec un gouvernement de gestion des affaires courantes. La coalition « Jamaïque » autour des « Noirs », les conservateurs de la CDU – CSU, des « Jaunes », les libéraux du FDP, et des « Verts », les Grünen, a échoué avec le retrait volontaire des libéraux.

Le président social-démocrate de la République fédérale, Franz-Walter Steinmeier, a alors poussé ses camarades du SPD à négocier avec Angela Merkel afin de relancer une « Grande Coalition » CDU – CSU – SPD. Or les sociaux-démocrates rechignent à s’y associer après leur sévère claque électorale de septembre dernier. Ils préféreraient que Merkel dirigeât un gouvernement minoritaire qui discuterait de chaque mesure législative avec le SPD, les Grünen ou les libéraux.

Angela Merkel souhaite, elle, privilégier un accord avec le SPD. Mais, dans ce cas, il n’est pas certain qu’elle reste chef du gouvernement. Le patron du SPD, Martin Schulz, pourrait parier sur l’affirmation au sein même de la CDU d’un autre candidat : Jens Spahn. Né en 1980, plus jeune député fédéral de l’histoire de la RFA à 22 ans, conseiller municipal d’Athaus depuis 1999, cet élu de la Rhénanie du Nord – Westphalie, spécialisé dans les politiques de santé, occupe actuellement le poste de secrétaire d’État auprès du ministre des Finances.

Il s’est fait connaître du public par ses vives critiques sur l’accueil des migrants, ce qui lui a donné la réputation flatteuse de conservateur droitier d’autant que le nouveau chancelier autrichien Sebastian Kurz est un ami personnel.

Jens Spahn coche toutes les cases pour prétendre à la succession de Merkel. À l’heure où la France, la Belgique, le Luxembourg, le Canada et même la Nouvelle-Zélande ont des dirigeants quadragénaires, voire trentenaires, l’Allemagne pourrait choisir ce membre du directoire de la banque Sparkasse Westmünster de 2009 à 2015, fort proche des milieux industriels pharmaceutiques. Invité à la réunion estivale 2017 du Groupe Bilderberg, cet adhérent actif de la Société atlantiste allemande a reçu en 2012 le titre de Young Leader décerné par l’American Council on Germany, l’équivalent allemand de la French-American Foundation.

Les médiats le dépeignent comme le tenant d’une ligne très à droite pour la plus grande satisfaction des bourgeois, ces éternels crédules droitards qui prennent toujours les vessies pour des lanternes. Spahn est en fait un progressiste qui s’est réjoui de la légalisation récente du mariage pour tous. Il vit d’ailleurs depuis 2013 avec le journaliste Daniel Funke.

Gay proche des banksters, atlantiste, cosmopolite, libéral-sécuritaire et inféodé à quelques lobbies lucratifs, ce Jens Spahn cumule de nombreux atouts qui lui permettront tôt ou tard de devenir chancelier fédéral allemand.

Bonjour chez vous !

• « Chronique hebdomadaire du Village planétaire », n° 60, diffusée sur Radio-Libertés, le 5 janvier 2018.

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