Un examen rapide des résultats de ce premier tour vraiment historique confirme avec éclat les travaux de Christophe Guilluy, rejeté par une université française sclérosée. Le vote distingue une Hexagone des métropoles connectées à la mondialisation et des catégories sociales les plus aisées d’une « France périphérique » des « oubliés », des « déclassés », des perdants de la mondialisation. Cette lecture est cependant brouillée par le phénomène des « Insoumis » de Jean-Luc Mélenchon. L’indéniable tribun populiste de gauche a porté dans les agglomérations mi-bénéficiaires mi-victimes de la mondialisation un véritable programme altermondialiste et universaliste. Mélenchon a ainsi plumé la volaille sociale-démocrate quand bien même il s’inscrit toujours dans une logique libérale, humanitariste et progressiste. N’est-il pas favorable à la dépénalisation du cannabis, à la l’inscription dans la Constitution de l’avortement et de l’euthanasie (mais pas de la peine de mort), et à la légalisation de la PMA et de la GPA ? Le vote Mélenchon constitue une variante interne au « Dispositif » établi.
Par leur mécontentement surgi des urnes, les électeurs ont donné une sévère correction aux deux formations de gouvernement qui, depuis quatre décennies, les entraînent vers la ruine et le déclin. Outre une abstention relativement forte (22,23 %) et un nombre assez élevé des suffrages blancs (659 997) et nuls (289 337), les Français ont dégagé le projet social-écologiste multiculturaliste de Benoît Hamon et la vision libérale cosmopolite soi-disant conservatrice de François Fillon. Il faut s’en féliciter.
En effet, entre Emmanuel Macron, fils de François Hollande et de Nicolas Sarkozy, petit-fils de Jacques Chirac, hybride réussi de Jean-Jacques Servan-Schreiber et de Jean Lecanuet, qui va (peut-être ?) gagner, rejeton idéal du mondialisme et du progressisme, remarquable synthèse du libéralisme économique le plus brutal et du libéralisme social le plus dévastateur, et Marine Le Pen, la candidate du peuple, de la patrie et de la nation, le choix est désormais limpide. Il est exceptionnel qu’un second tour de présidentielle française présente deux orientations politiques aussi dissemblables, aussi tranchées. Il y eut bien sûr 2002, 1981, voire 1974. À rebours d’ailleurs des sondages, il est envisageable que le résultat définitif du 7 mai prochain soit aussi serré que celui de 1974 entre Valéry Giscard d’Estaing, ministre de l’Économie et des Finances de Georges Pompidou, et François Mitterrand, candidat socialiste pour la seconde fois, battu pour seulement 425 000 voix d’écart.
Tandis que Jean-Luc Mélenchon, échaudé par ses appels à voter Chirac en 2002, puis Hollande en 2012, ne donne aucune consigne de vote à ses millions d’électeurs et qu’une certaine jeunesse – favorisée des grandes villes ou totalement marginalisée, manipulée par quelques groupuscules antifas, manifeste aux cris : « Ni Macron, ni Marne ! Ni patrie, ni patrons ! », retrouvant ainsi un sympathique « Ni – ni » -, ce second tour ne laisse pas indifférent. Si de nombreux électeurs de François Fillon, de Jean-Luc Mélenchon, de Jean Lassalle, de Nathalie Arthaud et de Jacques Cheminade s’apprêtent à s’abstenir ou à voter blanc ou nul, les identitaires grand-européens n’ont aucun dilemme pour dimanche prochain. Leur engagement ne peut être qu’en faveur d’une rupture radicale, à savoir Marine Le Pen.
Certes, la candidate nationale réclame la sortie de l’euro et de l’Union pseudo-européenne (même si l’alliance avec Nicolas Dupont-Aignan relègue au second plan ces deux sottises), souhaite la suppression des régions, l’interdiction de tous les communautarismes imaginables et le renforcement d’une supposée laïcité. Toutefois, ces mesures ne pèsent guère devant le péril mondialiste-progressiste « Emmanuel Hollande ». Les révolutionnaires-conservateurs, les identitaires et les nationalistes-révolutionnaires, partisans d’une authentique union européenne enracinée et libérée de Wall Street, de la City et de Francfort, doivent se mobiliser en masse au cours de cette semaine décisive pour inciter leur entourage à adopter un choix révolutionnaire crucial. « C’est le vote paradoxal, explique Christine Boutin – avec qui on est pour une fois d’accord – qui fait voter pour faire en sorte que celui de votre camp soit battu (dans Présent du 27 avril 2017). » Sans illusion aucune sur l’issue finale du scrutin, il importe donc de déstabiliser le plus fortement possible leRégime.
Il est enfin rare d’avoir en même temps dans le viseur l’« esprit bourgeois (et beurgeois) », les banksters, les traders, la finance apatride et anonyme, le « Parti médiatique » (BFM-TV, RMC, Le Monde, Le Figaro, Libération, L’Obs, L’Express, Le Point, Télérama, etc.), les ONG (Fondation Abbé-Pierre, Aides, ATTAC, Greenpeace, Planning familial, France – Terre d’Asile, SOS Racisme, Emmaüs, Ligue des droits de l’homme, CCFD, JOC, Ligue de l’enseignement, CIMADE, Osez le féminisme !, Maison des potes, Médecins du monde, Fédération des associations de Marocains en France, Secours islamique – France…), Jacques Attali, Bernard – Henri Lévy, un certain SYNDEAC (Syndicat national des entreprises artistiques et culturelles), la CFDT, la CGT, la CFTC (le I pour remplacer le C serait maintenant plus juste, vu le profil des nouveaux adhérents souvent barbus), la FSU, SUD, Nicolas Sarközy et les autres charlots du parti Les Républicains (mentions spéciales à « Ali » Juppé, à « Ben» Le Maire, à Valérie Pécresse, à Jean-Pierre Raffarin, à l’amoureux des costards chics appelé François Fillon, à Xavier Bertrand, au « faux-dur » Laurent Wauquiez et au « motodidacte » azuréen Christian Estrosi), Pierre Laurent du groupsculaire PCF, les hiérarques traumatisés du solférinisme abattu, les clowns de l’UDI (Jean-Christophe Lagarde), Les Verts décomposés, la LICRA, Patrick Gaubert, François Hollande, le maître ès-trahison Manuel Valls, le « coup-de-boulleur » Zinedine Zidane, Pierre Bergé, Robert Hue, Alain Madelin, Laurence Parisot, l’expatrié fiscal Dany Boon, l’UOIF devenue « Musulmans de France » ainsi que les ectoplasmes du show biz (les réalisateurs pitoyables et surfaits Luc Besson et Mathieu Kassovitz, le chanteur tête à claque Benjamin Biolay, l’acteur de pissotière Gilles Lellouche ou bien, désaoulé de temps en temps, Renaud Séchan). On pourrait continuer encore tant cette liste de privilégiés est longue comme un jour sans pain. « Beaucoup d’ennemis, beaucoup d’honneurs », affirme le proverbe.
Par conséquent, sans aucun état d’âme, au nom du peuple compris dans sa triple acception d’ethnos, du demos et du plebs, contre la caste « cosmoligarchique » de l’Établissement, mettons le 7 mai prochain une magistrale quenelle au Système !