lundi, 12 juin 2023
Le rendez-vous des peuples
Vincent Trémolet de Villers
C’est un thème qui a sorti Éric Ciotti du bourbier des retraites et donné, en quelques heures, une place centrale dans le débat public à Édouard Philippe. En vingt ans, il a fait passer le parti de Marine Le Pen de 18% à 42% ; en quelques mois il a transformé un journaliste, Éric Zemmour, en homme politique capable de réunir 7% des voix. Les différents scrutins en Suède, en Italie, en Espagne en ont fait aussi la preuve : la lutte contre l’immigration est un levier électoral de plus en plus spectaculaire.
Inutile d’établir une hiérarchie entre ce thème et celui du pouvoir d’achat puisque désormais, dans l’opinion, les deux sont imbriqués. De plus en plus de Français font un lien entre le déclassement et la mutation démographique provoquée par l’immigration : pression à la baisse sur les salaires, obésité de l’État social (l’agresseur d’Annecy, en tant que demandeur d’asile, avait droit à plus de 400 euros mensuels), thrombose et délabrement des services publics, notamment à l’hôpital. Le parti du déni continue de répondre aux inquiétudes par l’anathème - discrimination, stigmatisation, racisme - et l’autosatisfaction morale - ouverture, générosité, humanité -, mais, face à ce phénomène historique, à ce rendez-vous des peuples, cette rhétorique tourne à vide. C’est que les effets délétères de la pression migratoire ne sont ni un sentiment égoïste, ni une panique morale, ni une construction de l’esprit : c’est une réalité que chacun peut vérifier. Si la gauche continue de s’enfermer dans le monde enchanté du vivre-ensemble, elle finira par disparaître.
Vaines, aussi, les considérations sur les alliances, les combinaisons, les coalitions à droite. C’est dans les urnes que les Français feront leur choix. Ils ne le feront pas, comme l’a justement précisé Emmanuel Macron, sur des considérations « morales », mais avec une volonté simple : « Reprendre le contrôle. » C’est là et nulle part ailleurs que les partis traditionnels ont une responsabilité historique. Déjà, l’on mesure que les discours les plus radicaux portent moins que les solutions précises. La lutte contre l’immigration incontrôlée est en train de sortir du champ des passions pour entrer dans celui des évidences. s
Source : Le Figaro 12/06/2023
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