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lundi, 18 avril 2011

Comment les Tunisiens entrent en France

logo_france-soir.gifFace à l’afflux de migrants, les policiers sont débordés. A peine la moitié des clandestins arrêtés sont expulsés.

Près de 27.000 Tunisiens sont arrivés en Italie depuis le début de l’année et ont massivement transité sur l’île de Lampedusa. La plupart sont déjà ailleurs : en Italie, en Belgique, en Allemagne, et surtout en France, la destination la plus prisée. Pourtant, selon le préfet des Alpes-Maritimes, principal point d’entrée des migrants tunisiens, la frontière est parfaitement « étanche ». Une affirmation qui surprend. Les chiffres disent autre chose : au premier trimestre, les forces de l’ordre de son département ont interpellé 3.258 clandestins. Parmi eux, 1.258 ont été reconduits en Italie et 415 ont été « éloignés », c’est-à-dire renvoyés dans leur pays d’origine, généralement la Tunisie. Plus de 1.584 clandestins ont donc été remis en liberté. Rien qu’en mars, sur 2.118 interpellés, 1.019 ont pu poursuivre leur route. Le discours de fermeté du ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, se heurte au principe de réalité : expulser ou reconduire un clandestin n’est pas si simple. Les forces de l’ordre et les juges sont confrontés à trois situations :

1. Le clandestin est arrivé directement en France : il est renvoyé vers son pays d’origine.

2. Il a transité par un pays membre de l’Union européenne (l’Italie), comme l’indique un titre de transport ou une puce de téléphone italienne : il est alors « réadmis » en Italie, quitte à ce qu’il retente sa chance dès le lendemain.

3. Il n’a aucun papier prouvant sa nationalité : il est remis en liberté après sa garde à vue avec l’obligation de quitter la France dans un délai de cinq jours.

« C’est un gruyère », affirme un policier

Sur le terrain, à Nice, Menton ou Cannes, les effectifs de police classique, ceux de la police aux frontières (PAF) et la gendarmerie, ont le sentiment, selon leur expression de « p… dans un violon ». Frédéric Guérin, secrétaire départemental du syndicat Unité SGP-police pour les Alpes-Maritimes, avance le chiffre de « centaines » de clandestins entrant en France chaque jour. « La frontière, c’est un gruyère, assure le policier. Ils arrivent dans nos locaux par paquets de 20. » Le centre de rétention administrative (CRA) de Nice, qui dispose de 38 places, sature. « La PAF des Alpes-Maritimes est à deux doigts d’exploser, poursuit Frédéric Guérin. On met en place une politique, mais on ne donne pas de moyens humains avec. Les policiers travaillent à flux tendu, la plupart des brigades sont en heures sup. »

A Menton, les deux postes frontières ont été réactivés. Celui dit « du haut » assure les « réadmissions » vers l’Italie. Des cars de CRS surveillent celui « du bas », sur la route du front de mer. Et pourtant, les clandestins passent, parfois après avoir été expulsés quelques heures plus tôt. « Avant, les policiers italiens les prenaient en charge au poste du haut, plus maintenant. Du coup, les clandestins font la boucle : ils parcourent 4 kilomètres en Italie et reviennent par le poste du bas », glisse un policier français. D’autres empruntent les anciens sentiers de contrebandiers, par la montagne ou par le bord de mer. Parfois, c’est encore plus facile. Lundi soir, à 21 heures, le poste du « bas » de Menton est ouvert à tous (notre photo). Pas un policier à l’horizon. Il y a eu des interpellations un peu plus tôt. « Quand les équipages sont mobilisés, plus personne ne fait de contrôle », reconnaît le syndicaliste.

A la petite gare de Menton-Garavan, à 1 kilomètre de la frontière italienne, ce soir-là, les trains en provenance de Vintimille sont systématiquement contrôlés. Une poignée de CRS monte à bord, d’autres dévisagent les passagers à travers les vitres, depuis les quais. Sans succès. La route est sans doute déjà périmée. Tous les jours, des patrouilles sont mobilisées plus à l’ouest dans les TGV vers Marseille, Lyon et Paris. Les clandestins, ou plutôt les passeurs, s’adaptent. Ils optent désormais pour la route et choisissent des gares éloignées de la frontière. Un véritable « jeu du chat et de la souris », résume un policier de la PAF.

Source France Soir 18 avril 2011

11:40 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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