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jeudi, 14 février 2013

210 millions par an : la SNCF soigne sa com !

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Gabrielle Cluzel

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La Cour des comptes pointe du doigt le budget « communication » pléthorique de la SNCF (210 millions par an en moyenne entre 2007 et 2011) et, à travers lui, la personne de son président Guillaume Pepy. Il faut évidemment être prudent, mais eu égard au climat spécialement tendu ces derniers temps et aux insinuations qui avaient été faites au moment du décès de Richard Descoings, je me demande si dans tout cela ne rentre pas — inconsciemment ! — un peu d’homophobie. La Cour des comptes (rien que ce nom, brrrr…), disons-le franchement, doit être peuplée de pisse-froid et de bonnets de nuit pas très gay friendly.

On voit déjà bien à leurs remarques pincées que ces gens-là n’ont aucun sens de la fête. Reprocher par exemple ce séminaire de septembre 2011 à Tanger, organisé pour 600 managers, budget 2,7 millions, hors achat des tablettes numériques offertes à chacun des participants… Ben quoi « hors achat des tablettes numériques » ? Ils ne voulaient pas non plus qu’on leur offre, à l’ancienne, un briquet avec le logo de la SNCF ? Un Ipad, ça a quand même plus de classe et en plus, cela ne vous incite pas à fumer.

L’opération « L’art entre en gare » pour les 70 ans de la SNCF, budget 6,7 millions ? C’est le problème avec les métiers de la comptabilité, même tout en haut de l’échelle, ils gardent des esprits étroits d’épiciers. Comme si l’art, le vrai, avait un prix. Petits bourgeois, va.

Les contrats de coaching redondants passés avec plus de six entreprises différentes pour un budget de 2 à 3 millions annuels ? Faut-il être autiste et ne fréquenter que des chiffres pour ignorer que soigner son réseau « com » sans arroser un peu les copains, ce n’est juste pas possible. Dois-je vous rappeler la nature du job de celui qui a dit que tout hussard n’ayant pas de Rollex à 50 ans était un jean-foutre ?

Que trop souvent, les marchés aient été signés sans être mis en concurrence ? Sur ce sujet, Guillaume Pépy a été très clair : c’est qu’il y avait « urgence », pour trouver des « remèdes à des situations susceptibles de nuire à l’image ou à la cohésion de l’entreprise comme les grèves ou les conditions climatiques bloquant la circulation des trains ». La com, c’est bien connu, ça vous évacue les piquets de grève et ça vous déplace les congères. Une belle affiche et aussitôt le moral du voyageur coincé sur la voie revient au beau fixe. En retard mais content.

C’est quand même bien injuste de faire ce procès à cet homme brillant qui a été plébiscité aussi bien par la gauche (il a travaillé notamment dans les cabinets ministériels de Charasse et Aubry) que par la droite (c’est Sarkozy qui l’a nommé à la tête de la SNCF), et qui a développé cette théorie puissante, peu accessible pour les intelligences moyennes, du « yield management » (politique tarifaire des prix adaptés pour accroître les taux d’occupation des trains), ayant fait de la SNCF un vaste casino et du système de réservation en ligne un imprévisible jeu de roulettes… Carte escapade, carte enfant plus, ID TGV, billet prem’s et j’en passe : dans le même wagon, inutile de chercher, il n’y a pas deux voyageurs qui ont payé le même prix.

Dire qu’il ne cherche pas à équilibrer son budget est bien le calomnier, alors qu’il vient justement, le 24 janvier dernier, d’augmenter pour la énième fois ses tarifs, et de 2,3 % en plus, soit près du double de l’inflation. C’est d’ailleurs un esprit parfois très économe, ah oui, sur ce sujet là, il peut être même très regardant. Quand les organisateurs de la manif pour tous, le 13 janvier dernier, ont voulu négocier des tarifs pour des trains affrétés spécialement, il s’est montré inflexible. Et puis quoi encore ?

Oui, mais alors, la vente exceptionnelle de 12 000 allers-retours à 5 euros, autour du 27 janvier (jour de la manif pour le mariage gay) pour, par exemple, « une petite séance shopping dans le marais » ? Du yield management, rien que du yield management, on vient de vous l’expliquer, bande de mauvaises langues. Vous ne valez pas plus cher, tiens, que ces faces de carême de la Cour des comptes.

09:22 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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