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vendredi, 10 janvier 2014

HAPPY HOUR AU BOULOT. Le management trendy, c’est la nouvelle tendance

bb_13076738-signe-happy-hour.jpgMichel Lhomme

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Les deux thèmes du concours commun de sciences-po 2012-2013 ont porté sur la culture et le travail. Du travail en France, il n’y en a plus. Aux Etats-Unis, il se fait rare mais il continue de consumer les jours. Depuis quelque temps, de nombreuses entreprises américaines organisent au bureau leur Happy Hour. Plus besoin ou plus question d’aller au café ou dans les bars du quartier. C’est le nouveau must du management trendy : éviter que les gens sortent et donc organiser des apéritifs, le vendredi soir, pour faire se rencontrer les employés des diverses branches de l’entreprise.

Le tonneau de bière est ainsi devenu la nouvelle machine à café américaine. C’est le cas dans la grande agence de publicité Arnold Worldwide de Boston. Les employés se rassemblent autour d’une machine à bière pression quand ils ont terminé leurs rendez-vous clients. Les employés sont heureux et conversent entre eux, les chefs se félicitent qu’ils restent encore tardivement dans l’immeuble. Toujours aux Etats-Unis, beaucoup d’entreprises offrent maintenant des menus « rapides » au déjeuner. Là encore, les secrétaires ne sortent plus et restent devant leur ordinateur en mangeant. Ces petits arrangements ne sont pas sans retour sur investissement. Les directeurs de ressources humaines ont constaté que, du coup, les employés ne rechignent plus à faire des heures supplémentaires non payées ! Ainsi, un peu partout aux Etats-Unis se développent des machines à glace, à bière pression et même à liqueurs fortes dans les sociétés commerciales.

Les managers affirment que cette solution offre de nombreux avantages. Elle aiderait à fomenter le talent dans les entreprises innovantes, à connecter les employés entre eux et surtout elle évite que les gens ne pensent qu’à partir et à quitter le bureau. La barrière entre le travail et la vie privée se réduit ainsi considérablement. Il n’y a en somme pour le capitalisme qu’une seule voie : l’associabilité, l’anomie sociale soit par la marginalisation et le chômage de masse soit par le travail envahissant, travail les jours fériés, le dimanche et maintenant même pour les sorties du soir.

Personne aux Etats-Unis n’a relevé que l’alcool  au travail peut aussi entraîner le départ au volant d’employés ivres ou même des sautes d’humeur violente dans les bureaux. Seul jusqu’alors, l’aspect convivial a été relevé. Pourtant, dans un pays aussi religieux que les Etats-Unis se pose aussi l’exclusion dans ces réunions improvisées d’alcoolémie des membres des sectes évangéliques qui interdisent toute consommation d’alcool.

Boire au travail n’est pas nouveau mais jusqu’alors cette activité n’était pas organisée par l’employeur. Au Japon, on trouve aussi très souvent toute une entreprise en réunion dans les bars à saké. Ce qui est nouveau c’est l’organisation ergonomique, sur le lieu de travail de la sortie boisson. Célébrer un Happy Hour au bureau, c’est transposer une activité de loisir dans l’espace professionnel. A New York, autre exemple dans le secteur des médias, Thrillist Media Group offre à ses employés de la bière pression après leur travail. Le fondateur de l’entreprise, Ben Lerer, dans un entretien à la télévision américaine affirme : « Mes employés sont des adultes. Je trouve bien qu’ils boivent une bière au boulot comme ça ils restent ici, ne quittent pas l’immeuble, ils travaillent plus et en même temps sont heureux ! ». Au journaliste qui lui demande ce qui se passerait si un employé avait un peu trop forcé sur la chope, Ben Lerer répond : «  Ah c’est simple, je lui demanderai simplement de rentrer à la maison ! »

Ce phénomène « boire au boulot » est apparu aux Etats-Unis depuis deux ans. Il a commencé à se propager aussi en Amérique latine, au Brésil et en Argentine. On l’a constaté de visu cet été dans une boîte innovante du Pérou. Sur la page en langue anglaise de l’entreprise de conservation des données Dropbox, on peut y lire qu’elle promeut des « vendredi whisky » à ses employés. Toutes ces pratiques visent à l’amélioration de la productivité ! C’est ce qu’on appelle les « nouvelles socialisations du travail ». Le Happy Hour en entreprise se passerait plutôt bien. Il y aurait moins de tensions entre collègues. De plus, les assurances de ces entreprises ont ajouté dans leurs clauses la prise en charge de tout incident qui se produirait lors de ces séances d’un nouveau genre. 

Le travailleur français, drogué aux antidépresseurs ou à la cafeïne au travail, après des heures de transport va-t-il se saouler au boulot ? Les Etats-Unis sont-ils vraiment un modèle pour l’Europe ?

12:08 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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