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samedi, 01 mars 2014

Ukraine : et les cosaques, dans tout cela ?

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Jean-Pierre Fabre Bernadac

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J’ai eu la chance, il y a quelques années, d’avoir une relation avec une Ukrainienne. Elle vivait à Odessa. Sa mère était moitié polonaise, moitié issue d’une famille de koulaks. Son père, d’origine russe, était natif d’Odessa, d’une lignée implantée depuis de nombreuses générations.

Chaque fois que j’ai parcouru cette grande ville de plus d’un million d’habitants, je n’ai entendu parler, aussi bien dans la rue que dans les commerces ou les restaurants, que le russe et jamais l’ukrainien. Quand je m’étonnais qu’en Ukraine les gens de cette région ne parlent que russe, mon amie me répondait que l’ukrainien était considéré dans le sud et l’est du pays comme peut l’être le patois chez nous. Que pour eux c’était une langue de paysans, même si depuis quelques années les enfants étaient dans l’obligation de l’apprendre à l’école.

Mais principalement, ce qui me marqua lors de mes visites dans ce grand port de la mer Noire, c’est ma rencontre avec les Cosaques. Car ceux-ci, non seulement n’avaient pas disparu, mais s’étaient reformés en groupes bien spécifiques.

Il ne faut pas oublier que l’Ukraine est le berceau des « hommes libres » (signification du terme cosaque) et des fameux « zaporogues », ceux du roman de Gogol et du film Taras Bulba, avec Yul Brynner.

J’ai fait ainsi connaissance d’un « ataman » cosaque, un colosse qui dans le civil était médecin psychiatre et qui, après ses consultations, revêtait chemise au col fermé et pantalon bouffant (« charovary »). Cet homme d’une quarantaine d’années dirigeait une « sotnia » cosaque (unité cosaque d’une centaine d’hommes). Dès qu’il connut mon statut d’ancien officier, il me fit rencontrer les jeunes adolescents qu’il commandait. J’ai eu ainsi l’honneur de passer en revue, dans un immense gymnase, des filles et garçons qui s’entraînaient aux sports de combat. Il m’expliqua que les aînés, eux, patrouillaient avec la police le soir sur le port. Il m’invita à un dîner communautaire avec plat unique composé de maquereau fumé et de pommes de terre bouillies, un régal malgré la frugalité du repas. Là, un quinquagénaire aidé par de nombreuses vodkas et vins français me raconta comment se transmettait oralement, pendant les années du régime soviétique, l’histoire de leurs anciens.

« J’allais dans le parc avec mon grand-père, mon père ayant été tué pendant la Deuxième Guerre mondiale. Celui-ci pointait son doigt, m’indiquant un vieillard assis sur un banc et me disait “Sacha va rejoindre cet homme !” Une fois assis près de celui-ci, j’écoutais émerveillé les récits du passé de mes ancêtres, car les livres sur les cosaques, à part quelques ouvrages officiels, étaient interdits. Ainsi pendant un an, chaque dimanche après-midi, j’entrais dans ce jardin et un vieillard différent me contait des périodes des temps anciens où chevauchaient ces cavaliers hors pair. »

Je me demande aujourd’hui, devant l’imbroglio de la situation ukrainienne, quelle va être l’attitude de ces hommes qui, orthodoxes convaincus, n’existent que pour « Dieu et la Patrie ». Quel choix vont-ils faire, de quel côté vont-ils prendre parti, eux qui chaque année, en mai, se rassemblent autour de « l’arbre de la nuit noire », symbole tragique de l’éclatement des clans cosaques ?

La seule chose dont je suis sûr est qu’ils ne renieront ni leurs ancêtres ni leur lien profond avec la Russie, que leurs aïeux ont servie avec honneur et dévouement.

10:06 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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