samedi, 15 mars 2014
L’église Sainte-Rita bientôt remplacée par des logements sociaux et des parkings…
Anne-Laure Debaecker
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À Paris, l’église Sainte Rita, patronne des causes désespérées, n’a jamais aussi bien porté son nom. Ce 11 mars dernier, le tribunal de grande instance de Paris a ordonné l’expulsion de ses fidèles sous six mois et sa démolition, donnant ainsi raison à son bailleur.
Cette décision est l’aboutissement d’une bataille juridique entamée il y a deux ans, lorsque le bailleur de l’église – l’association cultuelle des Chapelles catholiques et apostoliques, obscure association suisse de loi 1901 – a d’abord assigné en justice ses occupants pour résilier leur bail, puis a vendu l’église à un promoteur immobilier nantais sans qu’aucun courrier d’information préalable n’ait été envoyé aux malheureux occupants.
La destruction de lieux de culte est, hélas, de plus en plus fréquente dans un pays qui se désintéresse de son patrimoine, de son histoire et n’assume plus ses racines chrétiennes. Mais la démolition de l’église Sainte-Rita, de par les spécificités de celle-ci, revêt une importance particulière.
En effet, « l’église aux animaux » est connue à travers le monde entier pour sa bénédiction annuelle des animaux le premier dimanche de novembre, lors de la messe de saint François d’Assise, patron des bêtes. Chats, chiens, mais aussi zèbres, dromadaires ou encore lamas y ont été bénis. Elle est une des rares églises françaises à autoriser la présence d’animaux durant les messes gallicanes, célébrées selon le rite saint Pie V. Lieu de transmission de traditions et de célébration d’un rite particulier, c’est aussi une église très populaire qui rassemble 250 paroissiens pour la messe dominicale, 900 le fameux premier dimanche de novembre, et près de 20.000 ouailles inscrites sur ses registres.
Ainsi, la démolition de Sainte-Rita porterait atteinte à la transmission de traditions populaires, au patrimoine culturel toujours plus amoindri, et à la liberté cultuelle : pour pouvoir faire bénir leurs animaux, les paroissiens se verraient obligés de se rendre à Bordeaux ou en Belgique – ce qui fait une promenade dominicale un tantinet lointaine.
Nombreux sont les riverains qui s’insurgent contre cette démolition d’un lieu emblématique de leur quartier : pétitions et manifestations se multiplient et une page Facebook de soutien a été créée. Pourtant, malgré l’indignation générale, la mairie de Paris maintient ses permis de démolir et de construire. Au respect de la spiritualité de ses citadins et d’une cohésion sociale, elle préfère le mercantilisme. L’arche de Noé parisienne a été méprisée par Delanoë et sa première adjointe chargée de l’urbanisme — Anne Hidalgo —, qui ont préféré proposer un projet d’urbanisme discutable (en lieu et place de l’église seront construits une vingtaine de logements sociaux et des parkings) pour remplacer l’église. Il n’y a plus qu’à espérer l’intervention de celle que l’on surnomme « sainte Rita de l’impossible » pour sauver son église. Ses paroissiens, confiants, attendent un miracle.
13:02 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
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