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vendredi, 14 novembre 2014

État islamique : l’incohérence des Occidentaux

Bruno Mégret.jpgL'éditorial de Bruno Mégret

Le Chêne n°78 cliquez ici

Une fois de plus, les événements du Moyen-Orient révèlent l’impéritie de nos dirigeants qui, avec le trop fameux État islamique, semblent surpris de découvrir l'existence d'un nouveau mouvement islamiste agressif et conquérant. Une telle réalité n'a pourtant rien de surprenant : le courant djihadiste ne cesse de prendre de l'ampleur un peu partout dans le monde musulman. Et peu importe le nom et la nature des organisations qui l’incarnent, le pro- jet ne change pas de nature, même s’il devient de plus en plus ambitieux. Il s’agit de créer partout où c'est possible un État théocratique régi par la charia et d’organiser à terme l'union de ces États pour fonder un nouveau califat.

Quand la démocratie fait le lit des djihadistes

Le processus d’émergence est d’ailleurs toujours le même. Il commence par la contestation d’un régime autoritaire et prend la forme d’une «révolution» ou d’une insurrection lancée officiellement au nom de la liberté et de la démocratie. Aussitôt les gouvernements occidentaux approuvent, soutiennent et se réjouissent, ignorant les cris «Allah Akbar» qui retentissent dans les manifestations et chez les combattants. Puis, si la révolution l’emporte, chacun constate alors que la seule force politique organisée susceptible de prendre le pouvoir même démocratiquement est celle des islamistes qui, une fois enplace, commencent à restreindre les libertés et à imposer la loi du Coran. C’est ce scénario que l’on a déjà observéen Égypte ou en

Tunisie, mais aussi sous une forme un peu différente en Irak et en Libye, sans parler de l’Iran il y a maintenant plusieurs décennies.

Des dirigeants aveugles et incohérents

Or, les dirigeants du monde occidental ne semblent avoir tiré aucune leçon de la répétition de ces scénarios. En Syrie, par exemple, ils continuent à vouloir chasser Bachar el-Assad du pouvoir alors que ses opposants, chacun peut le constater, sont majoritairement des djihadistes et que l’éviction du dictateur syrien provoquera inévitablement l'arrivée à la tête du pays d'un régime théocratique islamique.

Certes, parce que le groupe «État islamique» s'en est pris à des Occidentaux, en assassinant de façon ignoble plusieurs otages européens et américains, il est devenu une cible prioritaire de la «communauté internationale». Les

États-Unis et la France notamment ont même entrepris de mener des actions militaires contre les djihadistes de ce groupe appelé pudiquement Daesh.

On devrait donc s’en réjouir car tout ce qui peut faire reculer le djihadisme et l’islamisme est bénéfique mais, malheureusement, l’action des pays occidentaux demeure complètement incohérente. Car ces mêmes gouvernements qui envoient des avions bombarder les combattants de l’Etat islamique continuent de militer pour la chute de Bachar el-Assad. Or, il s’agit là d’une absurdité politique totale. Une guerre civile est en effet engagée qui oppose, qu’on le veuille ou non, le régime autoritaire de Damas aux forces islamiques. La France, comme les autres pays occidentaux, devrait donc choisir son camp.

Refuser de le faire est aussi absurde que l’attitude de ces supporters assistant à une finale de football entre l'Allemagne et le Brésil qui encouragerait l’équipe d’Espagne déjà éliminée.

La négation du politique

Il s'agit là d'une grave méconnaissance de la nature même du politique. Car l'essence du politique est de gérer le réel et donc de tenir compte de ce qui est et non pas de ce que l'on souhaiterait qu'il soit. La politique c'est aussi de faire des choix et d'en assumer les conséquences. Dans le cas d’espèce, faire chuter le dictateur syrien c’est assurer l'arrivée au pouvoir des fanatiques islamistes. Les politiques oublient qu’ils ne sont pas des journalistes. Ils ne sont pas là pour commenter les événements et porter sur eux des jugements moraux. Ils ne peuvent donc pas condamner le régime autoritaire de Damas, provoquer sa chute qui entraînera l’arrivée au pouvoir des islamistes du groupe Daesh et ensuite condamner ces derniers comme si de rien n’était. La politique n'est pas le commentaire moralisateur c'est l'action responsable.

Faute de quoi on ne fait plus de politique et, en agissant comme ils le font, nos responsables gouvernementaux, Hollande et Valls, trahissent les obligations de leur charge.

13:07 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

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