mercredi, 07 décembre 2011
Union budgétaire : oui, mais pour quoi faire ?
Par Jean-Gilles Malliarakis
L'Insolent cliquez ici
Semaine décisive pour les institutions européennes. Après les deux discours, assez peu divergents et d'ailleurs concertés, du président français et de la chancelière allemande, les 1er et 2 décembre, puis leur entretien de ce 5 décembre, se tiendra un Conseil européen réunissant les 27 chefs d'États et de gouvernement jeudi 8 et vendredi 9 pouvant se prolonger en fin de semaine : jamais l'intensité de la coopération franco-allemande et u débat intergouvernemental ne s'était manifestée avec autant d'intensité.
Certes un Cohn-Bendit peut bien s'époumoner en réclamant l'intervention du Parlement européen. Qu'on le veuille ou non, si même l'on désire renforcer le caractère communautaire du mécanisme, rehaussant ou révisant les rôles respectifs de la Commission, du Parlement, de la Banque centrale ou même de la Cour de Justice, cela ne pourra résulter que d'un accord nouveau entre États juridiquement souverains. Le Traité de Lisbonne impose qu'intervienne ensuite un vote des euro-députés. Négociation complexe aimera-t-on à souligner comme s'il en existait de vraiment simples.
Dans cette crise on entend proférer certaines imprécations assez absurdes contre l'hégémonie des uns, contre l'égoïsme des autres, etc. Elles ne servent à rien, sinon à marginaliser ceux qui les formulent.
Sur un certain nombre de points on peut, et j'ajoute que dans l'immédiat on devra encore sans doute s'accorder avec les principes d'union budgétaire formulés par Angela Merkel le 2 décembre devant le Bundestag.
Sur la question décisive des euro-obligations, on pourrait même aller plus loin qu'elle dans la logique sous-jacente à son propos du 2 décembre.
Son opposition à ce projet avait été largement théorisée et réaffirmée le 22 novembre par la chancelière elle-même lors de son intervention dans le cadre de la réunion du patronat allemand à Berlin.
Non seulement en effet ce projet se révèle inapproprié mais on doit rappeler ici son origine : il vient de l'ancien directeur du FMI, le sulfureux DSK, alors au-dessus de toute controverse. Souhaitant renforcer le rôle du FMI, il s'est servi, dès 2009 de son excellent camarade Georges Papandréou, président de l'Internationale socialiste et vainqueur des élections grecques cette année-là, pour chercher à le propulser à l'échelon communautaire européen. La crise actuelle est née en très grande partie de cette affaire. On a spéculé pendant deux ans en misant sur la défaillance du maillon jugé alors le plus faible et le plus petit.
Ce n'est pas l'excès mais l'insuffisance des structures européennes qui a permis l'extension de ce problème.
Mais l'Europe ne s'en sortira certainement pas demain, quels que soient les remèdes adoptés en urgence, par plus de facilités pour le financement de gaspillages futurs. Par conséquent les réticences attribuées à la "très méchante" Mme Merkel et à son "très redoutable" ministre des Finances Wolfgang Schäuble ne me semblent refléter que le simple bon sens.
Mais au-delà de ce débat technique, on doit avant tout souligner les raisons profondes de cette union qui ne saurait se restreindre au seul domaine budgétaire.
Il deviendra en effet de plus en plus nécessaire d'expliquer aux peuples pourquoi on souhaite unir les Européens, et sur la base de quelle communauté de destins : se refuser à cette dimension du débat serait donner aux imprécateurs néo-jacobins et néo-marxistes un espace inespéré de développements illégitimes pour leurs argumentaires démagogiques et leurs improbables convergences d'un jour.
Non d'abord l'Europe ne doit pas être présentée comme une succursale de la mondialisation, mais comme une réponse aux défis du mondialisme.
Non l'Europe n'est pas ouverte à tous les vents mauvais des trafics, des mafias et des crimes : elle constitue la seule manière de s'y opposer efficacement.
Non l'Europe ne représente pas la destruction des identités culturelles : elle en trace la seule voie de sauvegarde possible.
Voila qui suppose de nouveaux tris dans les institutions fourre-tout alignées en vrac à l'époque Delors dans le traité négocié à Maastricht en 1991 et que l'on n'a toujours pas mises en ordre.
Rappelons par exemple qu'en 1991 il avait été convenu de créer une identité de défense européenne, mais que, 20 ans plus tard, alors que les dangers ont réapparu clairement à l'horizon mondial, l'Europe se complaît dans la réduction constante de ses moyens militaires.
Au-delà de la monnaie, indépendamment des banques et des indices boursiers, il existe donc de sérieuses raisons de se mobiliser pour défendre et renouveler l'idée d'Europe, dans l'intérêt même du peuple de France et de sa liberté.
10:44 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
Les commentaires sont fermés.