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vendredi, 06 septembre 2019

Stéphane Bern : “Oui, la France a un problème avec son identité chrétienne”

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Interrogé dans Valeurs Actuelles, Stéphane Bern déclare :

[…] C’est toujours la France périphérique qui est abandonnée. Je suis convaincu qu’il faut sauver le Grand Palais, dont la rénovation coûtera plus de 400 millions d’euros. Mais on ne peut, au regard de ce chiffre, accepter que soient accordés seulement 22 millions d’euros pour les petites églises du reste du pays. Outre Notre-Dame de Paris, de nombreuses cathédrales sont en mauvais état. Même la Madeleine. Le curé m’a emmené dans les combles, au deuxième étage, ça peut prendre feu à tout instant ! Je ne sais pas si on se rend bien compte à quel point notre patrimoine est en mauvais état.

La loi Élan d’aménagement du territoire, voulue par Emmanuel Macron, va selon vous poser de gros problèmes. Lesquels ?

Elle souhaite accorder plus de pouvoir aux maires. Faut-il leur faire confiance ? Ah non, pas à tous ! Certains ont mauvais goût. Je le vois pour le Village préféré des Français : j’ai de plus en plus de mal à trouver des villages où il n’y a pas de verrue. C’est d’autant plus regrettable que les jolis villages sont souvent les plus florissants. Le patrimoine, ce n’est pas un coût, c’est un investissement. Nous sommes censés être en pleine période de sensibilité écologique, et on continue de défigurer notre patrimoine et nos sites naturels.

À ce propos, que pensez-vous de la prolifération des éoliennes ?

L’écologie n’est pas étanche à l’influence des lobbys. L’industrie des éoliennes paie des paysans pour qu’ils en installent dans leurs champs. Ces machines dégradent la flore et la faune, leurs pales tuent des oiseaux parfois rares. Au mois de mai, j’ai survolé la Beauce avec le président de la République. Je lui ai dit : « Regarde comme ce pays est couvert d’éoliennes. » Il m’a répondu : « Oui, je crois que les Français n’en veulent plus. » Les Français n’en peuvent plus de voir leurs paysages défigurés ! Veut-on devenir un pays laid ? […]

Ressentez-vous, au cours de votre mission, comme un petit malaise avec l’identité chrétienne de la France ?

Oui, on a un problème avec l’origine chrétienne de la France. La grande bêtise, c’est de ne pas avoir réussi à dire que l’Europe était chrétienne. Une fois que c’est dit, on peut avancer, mais nier son propre passé et sa propre histoire, cela empêche d’avancer. Je pense qu’on pourra avancer d’autant plus facilement que le port d’attache est solide. Le port d’attache, c’est l’identité judéo-chrétienne de la France. À partir du moment où on l’assume, on peut dire qu’on peut sauver toutes nos églises mais aussi d’autres monuments et d’autres édifices religieux. Moi, je n’appartiens à aucune communauté, et je déteste le communautarisme. La seule chose que je reconnais, c’est la communauté nationale et l’amour de mon pays. On sauve des églises, des églises protestantes, des synagogues, une mosquée à Mayotte…

Vous avez souvent été au contact d’hommes d’Église. Que vous disent-ils ?

Nous avons un problème en France, avec la loi de séparation des Églises et de l’État. Il y a une méfiance, on se regarde en chiens de faïence, tout cela est d’une hypocrisie folle. On dit qu’il ne faut pas faire payer l’entrée d’une cathédrale, mais ce que me disent les archevêques, c’est que si on entre par la porte de derrière, on paye un droit d’entrée pour visiter la tour, la sacristie, la crypte, le trésor… donc on trouve des dérogations. Soyons francs, en dehors des heures de messe, faisons un prix d’entrée ou une contribution volontaire, par exemple. Le recteur de Notre-Dame, Mgr Chauvet, avec qui j’ai beaucoup parlé, était en privé tout à fait d’accord avec mon idée. Mais j’ai compris son problème : si on fait payer un prix d’entrée, qui va percevoir l’argent ? C’est l’État, qui va le mettre dans cette grande caisse qu’est le Trésor public, et on ne le reverra plus jamais pour rénover. […]

Source: Le Salon Beige

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15:14 Publié dans Sacha de Roye | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

Les moteurs des populismes restent forts dans la plupart des pays

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Par Henri Wallard *

Une nouvelle étude réalisée par Ipsos dans 27 pays montre que le sentiment que le « système » est cassé reste majoritaire (54 %) et que le fait qu’il avantage les riches et les puissants est largement partagé (70 %). Ces résultats confirment que certains moteurs des forces dites « populistes » restent globalement actifs même si leur importance respective peut varier selon des particularités nationales : enjeux sociaux et économiques (peur du chômage et des inégalités), confiance érodée dans les dirigeants et institutions, sentiment de déclassement et d’abandon, crainte ou rejet de l’immigration, voire peur du terrorisme. Plusieurs évolutions se dégagent.

En premier lieu, le changement politique peut améliorer la perception du « système ». L’idée que « the society is broken » a reculé entre 2016 et 2019 dans des pays qui ont vu un change- ment politique majeur : Corée du Sud (–29 %) et Italie (–19 %) mais aussi en Espagne (–9 %) et en France (–6 %). En revanche, il a augmenté au Royaume- Uni (+7 %) en liaison avec le Brexit. Même si l’alternance politique ne per- met pas de venir à bout de toutes les cri- tiques dont le « système » fait l’objet ; le changement reste un puissant levier d’amélioration des perceptions.

Deuxième enseignement majeur de cette étude : alors que, dans de nom- breux pays, la reprise économique semble s’être affirmée entre 2016 et 2019, le sentiment que « l’économie avantage les riches et les puissants » n’a reculé dans presque aucun de la trentaine de peuples interrogés. La dynamique intervenue juste après des changements politiques est également illustrative. Ainsi l’Italie a connu une baisse spectaculaire de ce sentiment entre 2016 et 2018 (–19 %) puis une forte remontée en 2019 (+16 %). En 2019, près des trois quarts des Italiens comme des Français pensent que le système avantage les riches et les puissants. A 69 %, l’Allemagne n’est pas loin derrière. Ainsi l’inquiétude sociale peut s’estomper à l’occasion d’un changement politique associé à des forces populistes sans pour autant rester stable durablement.

Troisième enseignement : l’idée que l’on a besoin « d’un leader fort, capable de contourner/briser les règles », si nécessaire, reste très répandue dans de nombreux pays et particulièrement forte en France (77 %), qui est en tête des pays interrogés et a pratiquement retrouvé le niveau de 2016 après une baisse de 19 % entre 2016 et 2017. En Suède, cette appétence pour un leader fort progresse de 23 %, en 2016, à 36 % en 2019. Seules l’Allemagne, l’Espagne et la Serbie se situent en dessous du seuil de 33 %.

Ces résultats peuvent éclairer les traductions politiques potentielles de ces tendances d’opinion à court et moyen terme. Les moteurs des partis dits populistes restent forts dans les appréciations liées aux aspects sociaux, institutionnels et relatifs aux inégalités. Conjugués aux préoccupations liées à l’immigration variables selon les pays et leurs histoires, il n’y a guère de doute que la progression de ces forces reste complètement à l’ordre du jour, pour peu qu’elles soient incarnées par une offre politique nationale crédible.

(*) président d’Ipsos Public Affairs

Source : Les Echos 06/09/2019

09:49 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |