Nous l'avons annoncé en fin de semaine dernière, Synthèse nationale lance une grande enquête sur l'après-mondialisme.
La crise que nous vivons montre en effet les limites de la globalisation planétaire, cette idéologie mortifère imposée depuis des décennies par le Système. Il est temps d'imaginer un autre avenir pour la planète ; un avenir salvateur dans lequel les mots "nations", "civilisations" et "identités" retrouveront leur sens...
Pour cela, nous donnons la parole aux esprits libres. Chacun, avec sa sensibilité, tentera d'ouvrir des pistes. Le premier intervenant est notre ami l'écrivain normand Franck Buleux, collaborateur au site Metainfos et directeur de la collection Les Cahiers d'Histoire du nationalisme.
S.N.
Une guerre sans responsable ?
Franck Buleux
La France, le monde vit, depuis le mois de février (le 16 mars, pour notre pays), dans l’angoisse de la progression d’une pandémie liée à un coronavirus (un virus qui a l’apparence d’une couronne, quel beau symbole !) que les spécialistes médicaux (donc les journalistes et les politiques, tous mus en spécialistes de la santé publique) nomment, très pompeusement, Covid-19. Ce nom scientifique prouve, en tout cas, qu’il a été découvert en 2019. Je ne sais pas si le fait de le caractériser ainsi entraîne l’existence potentielle d’un « 20 », voire d’un « 21 », ce qui permettrait aux pouvoirs publics de suspendre toute liberté, ou presque, un trimestre par an, ce qui n’est pas négligeable surtout si l’on se réfère à nos droits fondamentaux (inscrits dans la Constitution, les conventions internationales des droits de l’homme…). Cette époque aurait tendance à prouver qu’une caste médicale peut mettre à bas, avec le soutien des pouvoirs publics totalement débordés par une situation accidentelle, les règles les plus élevées, les piliers, de nos démocraties libérales. J’ose émettre un bémol uchronique en matière politique : si le candidat de l’extrême centre, Emmanuel Macron avait été battu en mai 2017 par sa concurrente, je ne suis pas persuadé que nous ayons compter autant de gens fragiles en France. Mais bon, pensant les gens fragiles dans la rue à défiler contre un régime totalitaire doit être une caractéristique, de ma part, d’un mauvais état d’esprit. Probablement.
Mais mon propos essentiel n’est pas là, il s’agit, ici, de préparer le temps de l’après-confinement, temps d’après qui risque de ressembler au temps d’avant.
En effet, nous sommes depuis le siècle des Lumières et au-delà, dans une société individuelle, fondée sur la responsabilité de chacun vis-à-vis des conséquences dommageables de ses propres actes, intentionnels ou non. Je parle, bien entendu, des normes appliquées en Occident. D’autres traditions, comme celle de la religion musulmane, portent sur le fatalisme le plus complet : si Dieu a souhaité punir le monde ou une partie du monde (en général, plutôt les mécréants), il apparaît difficile, et même interdit (haram) d’aller contre, cela est donc impossible de lutter car la volonté de Dieu, pour inaccessible qu’elle soit, est incontestable. Donc, revenons-en à nos sociétés fondées par la responsabilité de tous et donc, de chacun. En France, l’élaboration du Code civil, par des juristes proches de la pensée post-révolutionnaire incarnée par Napoléon Bonaparte, a mis en place une responsabilité quasiment automatique, de plein droit dit-on, de toute personne, physique ou morale, qui cause un dommage, corporel, moral ou matériel (le jurisprudence a ajouté, depuis peu, le préjudice écologique, ce qui est logique compte-tenu de la pression médiatique liée, entre autres, au dérèglement climatique réel ou supposé) à un tiers, c’est-à-dire à un autre que soi. Cette règle nous apparaît, à tous, logique car elle reprend nombre de lois religieuses, voire tout simplement ce que l’on nomme la loi naturelle, celle qui devrait prévaloir aux règles de la vie quotidienne entre les différentes espèces qui peuplent la Terre-mère, Gaïa comme auraient dit les anciens Grecs.
Cette responsabilité dite civile, due par les enfants mineurs comme par les aliénés, devrait aussi s’appliquer clairement et fermement au niveau international. Au fil des siècles, et plus particulièrement depuis la multiplication et la globalisation des échanges, les nations se sont constituées en organisations internationales disposant de plus ou moins de pouvoirs juridiques. Il est même des tribunaux pénaux internationaux qui ont été crées pour un certain nombre de conflits supposés graves.
Or, à quoi assiste-t-on au sujet du Covid-19 ? Comme à l’accoutumée, nos gouvernants luttent contre les conséquences de la pandémie. On soigne les personnes infectées et on tente l’évitement de la contamination à d’autres, les personnes saines. Même si les moyens mis en œuvre peuvent être contestés, le but est d’anéantir le virus, considéré comme le mal absolu, permettant ainsi de cristalliser le peuple français, dans toutes ses différences, contre un ennemi commun. La désignation de l’ennemi reste, en politique, un critère essentiel. La théorie de Carl Schmitt appliquée à l’esprit de l’époque est une tentation intellectuelle assez facile puisqu’elle n’agit contre personne. Notre président de la République n’a pas hésiter à parler de « guerre » lors de son allocution télévisée du 16 mars. Contre qui ? C’est là que se noue le nœud gordien du problème. Là est le véritable débat, il applique aux victimes le droit de la guerre mais aux responsables ? Mais qui est responsable, d’ailleurs ?
Personne ? Certes, la responsabilité internationale existe mais elle n’est mise en œuvre que dans des cas extrêmement rares et qui consacrent, le plus souvent, une défaite militaire ou un renversement de régime dans le cadre d’un conflit interne. Mais au-delà de cela ? La question est posée, car s’il y a des dommages, il y a forcément, sauf application du fatalisme politico-religieux ou l’existence d’une catastrophe naturelle (c’est d’ailleurs pour cela qu’il existe un fonds de garantie en la matière au niveau national ainsi d’ailleurs qu’au niveau de l’Union européenne), un responsable. Comme aurait dit Laurent Fabius lors du scandale du sang contaminé, un responsable n’est pas forcément un coupable, montrant ainsi sa compétence en matière juridique et la fine distinction entre une responsabilité et la formation d’une infraction.
Personne ne se permettra de rechercher le ou les responsable(s). En matière écologique, il existe une règle, le pollueur est payeur. Fort bien. Mais ici ? Il ne s’agit pas d’une catastrophe naturelle, pas plus que d’une pollution de l’air. La Terre n’est pas touchée, pourrait se glorifier Greta Thunberg, l’activiste écologiste suédoise qui d’ailleurs a bien compris qu’elle était « hors-jeu » dans cette affaire. Car, si en cas de catastrophes naturelles ou de catastrophes écologiques, la Terre est touchée, meurtrie, Greta passe d’un continent à l’autre, d’une manifestation à l’autre, d’une estrade à l’autre. Non, ici ce sont des humains, femmes et hommes, qui sont les victimes de cette crise sanitaire. Si la Terre ne souffre pas, les exigences de nos progressistes malthusiens sont moins élevées. C’est ce que pense d’ailleurs probablement l’ancien député et cadre du mouvement Vert, Yves Cochet, qui, retranché en Bretagne, attend la fin des temps, une autre forme de fatalisme radical. Ah, j’oubliais, il y a tout de même un bémol oral : il faut simplement et uniquement faire attention que les pays en voie de développement ne soient pas trop touchés ; si cela est le cas, un chef de l’État sera bienvenu de supprimer la dette liant le pays occidental au(x) pays concerné(s). Le président de la République française l’a donc fait.
Mais revenons-en à nos victimes du Covid-19, donc humaines, même si, évidemment, il y aura de lourdes répercussions économiques et sociales. Les pays occidentaux vont donc payer, payer pour les autres (suppression des dettes à l’égard des pays africains) mais aussi pour nos propres citoyens. C’est logique pour nos propres citoyens s’agissant de la protection sanitaire des nôtres. Certes. Mais qu’en est-il de la responsabilité de l’auteur, fautif ou non, des dommages ? Car, de cela, il n’en est question nulle part. Vous remarquerez que l’oubli de désigner un responsable, voire un coupable (il y a une différence de degré, comme nous l’avons vu) est devenu systématique. Un seul exemple : voici un an, Notre-Dame-de-Paris sombrait dans les flammes. Depuis, les pouvoirs publics mettent en place, pour une durée de cinq ans, des solutions réparatrices mais personne ne fait état des suites de l’enquête policière et d’ailleurs, personne ne réclame cela. Sans doute le fatalisme que j’évoquais plus haut, à deux reprises, s’étend-elle à nos sociétés ?
Soyons clairs et réalistes, les experts et les gouvernants se sont mis d’accord, et personne ne l’a contesté même le mis en cause lui-même, pour affirmer que le fait générateur des dommages se trouve en République populaire de Chine, véritable dictature où seul le Parti communiste chinois (PCC) a droit de citer. Il serait peut-être parfois nécessaire de le rappeler, non ? Lorsque l’on écoute un média, on sait que Trump est un « populiste », Bolsonaro, un « extrémiste de droite », soutenu par les « extrémistes religieux » (pas ceux auxquels on pourrait penser…), Poutine, un « nationaliste autocrate » … Lorsque les médias parlent des Chinois, ce sont… des Chinois. Quand on évoque Trump, c’est un « mur » que vous devez percevoir, un mur de la honte (vous savez, le traditionnel slogan « Shame on You »), quand vous évoquez la Chine, c’est un vase de la dynastie Ming qui vient devant votre visage émerveillé par cette ancienne civilisation. La métaphore guerrière du président Macron concernait le Covid-19, pas les communistes qui sont au pouvoir en Chine depuis 1949. Pourquoi, à l’instar du « populisme » supposé (et, a priori, négatif) du président des États-Unis, ne pas indiquer la nature totalitaire du régime chinois ? Parce qu’il n’y a pas eu de Nuremberg du communisme, probablement mais ceci est un autre débat, qui a été totalement occulté.
La responsabilité des conséquences humaines et financières liée au Covid-19 incombe, totalement, aux dirigeants chinois et à leurs pratiques. La question ne porte pas sur l’intention ou non d’avoir mis le feu sanitaire au monde entier, la question porte sur le fait lui-même qui est à l’origine de notre préjudice. Ce pays totalitaire qui a mis Taïwan au ban des nations (on a vu que Taïwan a, de manière exemplaire, géré la crise sanitaire), qui fait partie des États-clés de l’ONU (avec ce fameux et exorbitant « droit de veto) ne peut pas être mis en cause. A-t-on vu Greta parcourir Pékin en courant, dénonçant le dérèglement climatique ? La Chine est pourtant, aussi, le premier pays pollueur.
Pourquoi ? D’Alain Peyrefitte à Jean-Pierre Raffarin, nos gouvernants, y compris et surtout d’ailleurs de droite libérale, n’ont eu de cesse de nouer des liens diplomatiques, politiques, économiques, commerciaux avec la Chine. De Gaulle a été, en 1964, le premier dirigeant occidental à reconnaître l’État communiste contre l’État nationaliste de Taïwan. Je ne suis pas sûr que les « maos » de 1968 s’en soient souvenus lors des « journées de Mai » … Aujourd’hui, le pouvoir économique chinois s’étend en Europe : l'enrichissement de la Chine lui a permis de prendre des participations dans les entreprises européennes. La Chine a notamment racheté l'exploitation du port du Pirée, premier de Grèce, ainsi que la marque européenne Volvo, avant de prendre 14 % du groupe PSA (Peugeot) au début de l'année 2014.
La Chine, tout en maintenant une pression politique intérieure sur ses habitants, joue le rôle d’un leader économique partout dans le monde.
La critique américaine à la Chine, pour utile et nécessaire qu’elle soit, n’est pas suffisante : la Chine doit être mise à l’encan de la société internationale. À défaut, elle doit prendre en charge les dommages qu’elle cause à travers le monde du fait de l’incompétence de ses dirigeants.
Le temps d’après doit être aussi, et surtout, le temps de la responsabilité, pas seulement de la responsabilité des parents du fait de leurs enfants mineurs mais aussi la responsabilité des États du fait de leurs errements !
Notre société ne peut pas être dure avec les faibles et faible avec les forts indéfiniment. Le président Macron a évoqué une métaphore guerrière. Il faudrait alors mettre en œuvre une vraie politique de guerre et, notamment, de sortie de conflit. Président Macron, avez-vous déjà entendu parler des dommages de guerre ? Ne serait-pas pas tant de faire tomber la Muraille de Chine ?