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jeudi, 31 mars 2011

Droit d’ingérence impérialiste...

randa_head_01.jpgLa chronique de Philippe Randa

 

La chute du colonel Kadhafi, exigée publiquement par l’Occident, restera une première. Il y aura un avant et un après. Avant, un pays entrait en guerre contre un autre quand il accusait celui-ci, à tort ou à raison, d’être une menace militaire pour lui-même ou pour un pays allié. Même si de tous temps, des gouvernements ont apporté des aides militaires à un camp ou à un autre lors d’une guerre civile, cela se faisait via des “légions” ou des “brigades” qui n’engageaient pas officiellement leurs pays.

 

Les bombardements de la France en Lybie, d’abord, la coordination par l’Otan des opérations sur le terrain ensuite, la réunion à Londres de quarante ministres des Affaires étrangères pour assurer “le pilotage politique” de l’intervention enfin, se sont faits, eux, au nom du “droit d’ingérence humanitaire” que beaucoup qualifie plus justement de “droit d’ingérence impérialiste”.

 

Et ce parce que l’actuel régime lybien ne s’était pas écroulé face aux mécontentements d’une partie de sa population, à l’instar de ceux de la Tunisie et de l’Égypte. La détermination du “chef et guide de la Révolution de la Grande Jamahiriya arabe libyenne populaire et socialiste” (ouf !) à reprendre les choses en main, de façon certes musclée, aurait mis un probable coup d’arrêt aux turbulences qui secouent actuellement tous les pays arabes.

 

Turbulences dont les USA, son allié traditionnel la Grande-Bretagne, et compère actuel la France, espèrent tirer des profits différents : conserver hégémonie économique et politique pour les premiers au Proche et Moyen-Orient, se construire un stature d’homme d’État international pour faire oublier les déboires de sa politique intérieure pour l’actuel locataire de l’Élysée.

 

L’échec de la révolution d’une partie du peuple lybien était une menace directe pour de telles ambitions.

 

Après le traditionnel pilonnage médiatique en bonne et due forme pour asseoir dans les mentalités que Mouammar Kadhafi était à lui tout seul la réincarnation de Gengis Khan, Adolf Hitler et Saddam Hussein et que les opposants à son régime étaient tous de légitimes aspirants à la liberté démocratique, islamistes compris, il n’y avait plus qu’à attendre les premières réactions du Régime de Tripoli contre les insurgés pour décider d’une intervention militaire.

 

Soit une ingérence caractérisée dans les affaires strictement intérieures d’un pays qui ne menaçait en rien les pays intervenants ;

 

Soit une volonté désormais officielle de l’ONU de contrôler, militairement si besoin est, les affaires intérieures des pays dans le monde ;

 

Soit cette fameuse gouvernance mondiale qu’appellent de leurs vœux les plus avides les dirigeants des puissantes multinationales, toutes par essence apatrides.

 

L’Allemagne s’est abstenu d’apporter sa complicité dans l’affaire pour cause d’élections, dit-on. Après soixante années de culpabilisation massive, les Allemands actuels ne sont effectivement guère enclins à participer à quelque aventure militaire…

 

Plus importantes sont les attitudes de la Russie et de la Chine qui avaient la possibilité de bloquer l’intervention. Ils se sont contentés d’une abstention qui lui laissait le champ libre. Simple hypocrisie ou n’est-il pas légitime se penser qu’ils ont monnayés fort chères leurs neutralités ? Ce qu’ils ont obtenus en échange n’a pas été rendu publique ; c’est peut-être une des surprises à venir bientôt…

 

À moins que Russie et Chine ne soient persuadés que l’aventure lybienne pourrait peut-être bien être un nouveau bourbier militaire, après celui d’Afghanistan et d’Irak, où les forces auto-proclamés démocratiques pourraient bien à nouveau s’empêtrer.

 

Pour notre part, on le saura en comptabilisant le nombre de soldats français qui pourraient y perdre leur vie. Un décompte macabre qui, de toute façon, ne commencera, comme pour les deux autres pays envahis, que dans l’après-Khadafi…

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jeudi, 24 mars 2011

Matamores anti-frontistes...

images.jpgLa chronique de Philippe Randa

On s’attendait certes à un mauvais résultat de l’UMP, au maintient d’un score élevé du Parti socialiste et à une montée du Front national. Pour cause de danger nucléaire nippon, on prévoyait aussi un afflux de bulletins de vote pour Europe Écologie. On ignorait ce qu’allait “faire” le Parti de Gauche du très mal aimable Jean-Luc Mélenchon et tout le monde oubliait de s’interroger sur le Modem en phase accélérée de disparition électorale.

La seule chose certaine, c’était le fort taux d’abstention prévisible.

Peu ou prou, toutes ces prévisions se sont réalisées, mais avec une amplification que personne n’avait réellement envisagée.

Soit d’abord un effondrement électoral de l’UMP désormais talonné par la déferlante FN, des résultats satisfaisants pour les Écologistes et le Parti de gauche, la quasi disparition du Modem et un PS en tête, mais finalement sans triomphe excessif.

Toutefois, les résultats ne sont pas seulement les scores atteints par les candidats. Les conséquences dans le paysage politique sont bien plus intéressants. Notamment par les divisions désormais étalées sur la place publique des ténors de l’UMP sur ce qu’il convient de faire face au Front national : appeler à voter contre lui… ou laisser libre choix aux électeurs, au risque qu’ils se persuadent que la droite parlementaire est prête à sauter le pas et à conclure bientôt une alliance électorale qui lui assurerait une solide majorité. C’est ce qu’espère la majorité des électeurs de droite. C’est ce que redoutent tant les responsables d’un système qui verrouillent le débat politique depuis plus de trente années.

Quoiqu’il en soit, le Front républicain agonise. Seuls quelques ministres, dont le Premier d’entre eux, appellent encore à voter pour le Parti à la rose, voire même pour celui du Marteau et de la faucille si besoin est… Mais il est à noter qu’ils sont quasiment tous élus de circonscriptions où, par le passé, le Front national ne pesait guère. Si leurs futures réélections devaient dépendre d’un bon report des voix frontistes, gageons que ces matamores se feraient nettement plus discrets.

Mais une alliance avec un parti failli comme l’UMP est-elle encore dans l’intérêt du Front national ? Marine Le Pen a choisi de fortement axer son action dans le domaine social, occupant ainsi un créneau laissé vacant autant par la gauche que par la droite. Ce, alors que la paupérisation s’étend, non seulement dans les couches les plus populaires, mais de plus en plus, pour cause de mondialisation effrénée et de fiscalité écrasante, parmi les classes moyennes et même celles qui furent au-delà, soit une population qui se considérait à juste titre comme privilégiée dans notre société…

Ces Françaises et Français désormais fragilisés, voire apeurés par l’avenir, n’ont pas tous voté “à droite” jusqu’alors… Il est même évident que nombre d’entre eux étaient bien davantage séduits par les sirènes progressistes. Ils en avaient les moyens, alors…

Il n’est pas certain qu’un rapprochement du FN avec l’UMP les séduise tant que cela…

Et ce ne sont sans doute pas les syndicalistes qui se sont présentés dimanche dernier estampillés de la flamme tricolore qui prouveront le contraire.

Ainsi Fabien Engelmann, ancien secrétaire général du syndicat CGT des agents territoriaux de la mairie de Nilvange (Moselle) qui a obtenu 23,4 % des suffrages… Et pas davantage Annie Lemahieu, privée de ses mandats syndicaux Force Ouvrière, qui affrontera dimanche prochain, forte de ses 19,19 % des voix… le candidat UMP !

À ceux qui prévoyaient l’effondrement du FN, la pilule est décidément bien amère…

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mardi, 01 mars 2011

LES NOUVELLES POLICES DE LA PENSÉE

Philippe Randa 4.jpgLa chronique

de Philippe Randa

 

La plus connue des polices française est certes celle qui a son siège place Beauvau ; le remaniement ministériel de dimanche soir y a porté à sa tête Claude Guéant, en remplacement de Brice Hortefeux. Sans doute pour illustrer une fois de plus la formule, rendue célèbre en 1963 par Luchino Visconti dans son film "Le Guépard" : "Tout change pour que rien ne change" !

 

Ce qui change depuis quelques années, en revanche, c’est la multiplication des autres “polices”. Beaucoup plus discutables.

 

La plus ancienne est cette “police de la pensée”, immortalisée par George Orwell dans son roman dystopique "1984", mais qui, désormais, est déclinée sous toutes les formes possibles et imaginables, telle que l’avait dénoncée dès avril 1990 dans les colonnes du "Figaro" l’ancienne communiste Annie Kriegel : bien que juive, elle s’inquiètait de voir la communaute juive française apparaître “comme un groupe exigeant que règne en sa faveur une véritable police de la pensée [...] une insupportable police juive de la pensée…” Une “police des spectacles” a également sévi. Les humoristes Patrick Timsit et Bruno Gaccio en ont été les premiers à en faire les frais.

Un sketch du premier sur les mongoliens (“C’est comme les crevettes, tout est bon sauf la tête”) le fit poursuivre en justice. Il échappa à une condamnation en créant une association d’aide aux trisomiques... en collaboration avec la famille qui l’avait assigné !

Le second moqua les nains dans une émission de Canal + (“T’enlèves la tête et le cul d’un nain, y’a moins à manger que sur une caille”). “Sommé de faire des excuses publiques par l’Association des personnes de petites tailles et l’APF, il répondit : “Pensez-vous vraiment que j’ai des excuses à formuler eu égard à l’énormité du propos ? Je revendique et assume ce mauvais gout”” (www.handinaute.org).

Quant à leur confère Dieudonné, il fut chassé des plateaux de télévision après un sketch jugé peu soumis aux diktats de cette “insupportable police” que dénonçait Annie Krigel ; lui s’entête, depuis, à ne pas faire repentance… et à le faire savoir !

Quant à la liste de ces nouvelles polices de la pensée, qu’elles soient “hygiénistes” (haro sur les fumeurs !), “mensongèrement sécuritaires” (souriez, automobilistes, vous êtes flashés !) ou encore “bancaires” (limitation du montant des retraits en espèces de votre propre compte), elle s’allonge au fil des mois.

Dernière “police de la pensée” à la mode, celle des vacances ! Plusieurs ministres se sont retrouvés dans le collimateur : Michèle Alliot-Marie en a perdu son ministère pour avoir accompagné papa et maman en Tunisie… Le Premier Ministre Fillon s’est longuement expliqué sur sa mauvaise idée d’avoir été promener sa moitiée en Égypte à Noël dernier, tandis que le conseiller special à l’Élysée Henri Guaino faisait de même… en Libye ! À croire qu’ils l’ont fait exprès !

Le plus étonnant tout de même (quoi que !) sont que le seul reproche qui leur soit adressé est de s’être compromis avec des dictatures qui se sont toutes écroulées sitôt leur départ…

On aurait pu remarquer, tout de même que, nos ministres ne portaient donc pas la scoumoune qu’à leurs seuls compatriotes !

Et on aurait pu aussi leur faire remarquer, en passant, que lorsqu’on est Ministre en exercice d’un pays qui subit une crise économique importante et durable, la moindre des convenances serait qu’ils montrent l’exemple en “consommant français”.

Mais la convenance, comme le bon goût, ne sont pas les attributs de la Sarkozye. La chance non plus, d’ailleurs !

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lundi, 24 janvier 2011

CÉLINE, JE TE HAIS MOI NON PLUS...

Philippe Randa 5.jpgLa Chronique

de Philippe Randa

S’il y en a un qui doit être “le ravi des cieux” depuis une semaine, c’est Louis-Ferdinand Destouches, dit Céline. Un demi-siècle après sa disparition, il fait la une des medias. Une promotion, sans doute, comme jamais il n’en avait connue de son vivant.

 

À croire que si l’on avait voulu “relancer” – si tant est que cela fut nécessaire – la vente de ses livres, pouvait-on espérer mieux ? Gratos, en plus, la promo !

 

C’est un sale coup, forcément, pour la poignée d’autres écrivains en liste cette année : Hervé Bazin, Jean Cayrol, Patrice de La Tour du Pin, Henri Troyat, Maurice Maeterlinck, Blaise Cendrars, Frantz Fanon, Michel Foucault… pour ne citer que ses contemporains dans la liste.
 

À tel point qu’il serait intéressant de connaître dans les prochaines semaines les ventes de ses livres… et celles des autres “nominés” de ces Célébrations nationales 2011. Gageons qu’elles resteront ignorées du grand public. Par pudeur.
 

En plus, ils ont bonne mine de cotôyer celui qui est appelé pas tous, unanimement, “génie littéraire”, “plus grand écrivains du XXe siècle”, “monument de la littérature” au “talentueux délire” même si les uns ajoutent “immense salaud” ou “incommensurable ordure”, tandis que d’autres débattent à n’en plus finir sur “la personnalité de Céline (…) il est vrai, pour le moins controversée. On pourrait même parler d'abominable vérité” (France soir, 21 janvier 2011).

  

N’en jetons plus, qui ignore encore que, publié dans la prestigieuse collection de La Pleïade de Gallimard, cet auteur est aussi celui de trois pamphlets (Bagatelles pour un massacre, L’école des cadavres, Les Beaux draps) fort peu amènes pour le peuple auto-proclamé élu ? Plus personne n’a d’excuses pour l’ignorer après cela… comme de ne pas ouvrir un de ses livres… voire de ne pas chercher désespéremment à se procurer les fameux pamphlets. Pour voir… et pour condamner, bien sûr… bien sûr… bien sûr…

  

“Le ravi des cieux” peut donc être reconnaissant à maître Serge Klarsfeld, grand pourfendeur professionnel de nazis et d’antisémites devant le Sanhédrin, d’avoir rappelé à l’ordre le Ministre de la Culture.

  

Et quand Serge Klarsfeld siffle, on s’exécute. C’est ce qu’à immédiatement fait Frédéric Mitterrand. Qui, il est vrai, n’est que Ministre de la République française, lui !

  

Et il n’est pas son oncle François. Lui avait rétorqué en son temps, à Jean-Pïerre Elkabach qui le harcelait sur ses mauvaises relations durant la dernière guerre mondiale et doutait de l’étendue de son philosémitisme : “Que voulez-vous que je fasse ? Que je me convertisse ?

  

Sans doute, oui, mais le journaliste, toutefois, n’a pas osé le lui réclamer à une heure de grande écoute. C’est personnel, ces choses-là !

  

Quoiqu’il en soit, Céline sera vendu plus que jamais en 2011, ce qui est sans doute le plus important pour la littérature… mais ne sera pas célébré. La belle affaire !

  

Puisque le “mal” est fait, tout de même, la faute à qui ? Évidemment à Frédéric Mitterrand qui s’est peut-être “dégonflé”, mais qui avait tout de même été sacrément “gonflé” de laisser inscrire le “maudit de Meudon” dans la liste des Célébrations nationales.

 

D’un autre Ministre que lui – hormis André Malraux et Jack Lang – on pourrait penser qu’il aurait pu ne pas savoir de qui il s’agissait ; quoique même Nicolas Sarkozy, pourtant peu connu pour sa grande culture, ne fait pas mystère de son admiration pour l’auteur de Voyage au bout de la nuit.

 

Mais Frédéric Mitterrand, non ! Lui savait très bien de qui il s’agissait et ne pouvait ignorer les réactions que sa présence dans la liste allait provoquer.

 

Dire qu’il y en qui regrette sa présence au Ministère de la Culture, alors que c’est bien le seul qui soit efficace dans sa fonction !

 

 

PS : Je profite de la belle campagne de promotion célinienne de messsieurs Mitterrand et Klarsfeld pour vous recommander quelques livres sur ce “génie littéraire” pour beaucoup et “incommensurable ordure” à ses heures pour d’autres, publiés aux Éditions Dualpha par mes soins : Le cas Céline de Philippe Pichon et Le siècle de Céline de Marc Hanretz… Sur son éditeur : Robert Denoël, un destin de Jean Jour… Et dans le cadre de la polémique suscitée ces jours-ci, le Dictionnaire commenté de livres politiquement incorrects que j’ai commis avec Francis Bergeron… D’avance, je remercie très sincèrement l’avocat et le ministre ci-dessus nommés pour les ventes futures réalisées grâce à eux.

10:14 Publié dans La chronique de Philippe Randa | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |