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mercredi, 03 juin 2020

Cette guerre raciale qui vient

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Par Benoît Busonier

Le point commun entre le commissaire de police, le gouverneur et le maire de Minneapolis ? Ils sont tous de gauche. Aux Etats-Unis, on dit démocrates. Autrement dit, ils sont théoriquement sensibles à la cause dite des « minorités ». Or, c’est leur ville qui brûle. Peut-être est-ce parce que leur logiciel mental, consistant en une culture de l’excuse et de la repentance, a enfanté un monstre de haine qu’il sera très difficile de calmer.

Pourtant les chiffres sont éloquents. 2 % des victimes noires sont tuées par des Blancs. 1 % des Noirs sont tués par la police. 97 % des Noirs sont tués par des Noirs. Pour mettre ces chiffres en perspective, 81 % des victimes blanches ont été tuées par des Noirs, 3 % par la police, et 16 % par des Blancs. Les Noirs, soit environ 12 % de la population aux Etats-Unis, représentent jusqu’à 40 % de la population carcérale.

Nul besoin d’avoir une carrière d’analyste politique ou un cursus universitaire pointu pour trouver la vérité qui se cache derrière ces données : la population noire est extrêmement violente et criminogène, et est responsable en grande partie des malheurs qui l’accablent. Logements, emploi, les discriminations à leur encontre sont factuellement une réalité aux Etats-Unis. Mais qui a envie d’employer le membre d’une communauté incapable de s’autodiscipliner à ce point ?

La preuve en est que, lors des émeutes en cours, déclenchées par la mort de Georges Floyd, un homme qui n’a pas mérité de mourir ainsi mais qui avait tout de même un casier judiciaire long comme le bras, les Noirs se sont attaqués à des commerces. Autrement dit, pour protester contre le préjugé qu’ils seraient des voleurs, ils pillent. Pour protester contre le préjugé qu’ils seraient violents, ils lynchent. Pour protester contre le préjugé qu’ils seraient indolents, ils cassent des petites boutiques de commerçants qui travaillent dur. On aurait préféré que pour protester contre le préjugé qu’ils sont bêtes, ils passent des doctorats.

Mais comment leur en vouloir après tout ? Il se trouve un personnel politique pour excuser toutes leurs actions, les justifier, et même participer aux manifestations, voire les organiser. Mais si ce savoir-faire en guérilla urbaine des antifas est, un temps, efficace contre les forces de l’ordre, il risque de se retourner contre eux rapidement. Les Américains, dont la culture de la manifestation n’est pas aussi poussée que la nôtre, ne disposent pas d’un savoir-faire aussi sérieux que le nôtre en matière de maintien de l’ordre. Assez rapidement, ce sera l’aréme qui sera envoyée contenir la foule et les désordres. Or, toute armée est entraînée pour tuer. Le risque d’autres morts augmentera jusqu’à être une certitude lorsque.  Des militaires seront déployés. Et avec ce risque, celui d’un embrasement généralisé. Et la possibilité que l’Amérique profonde et plus rurale, celle de la « Rust Belt » mais également l’Amérique des gangs latinos commencent à se mêler de remettre l’ordre.

En France, un personnel politique dit « indigéniste » travaille à importer ce conflit propre aux Etats-Unis sur le sol français : Rokhaya Diallo, Maboula Soumahoro, Taha Bouafs, ils attisent le feu social pour déclencher la guerre raciale de leurs vœux, pour enfin faire la peau aux Blancs qu’ils détestent. Les cités, frémissantes pendant le confinement, n’attendent qu’une bavure. Et le match sera lancé.  

Source : Présent 3/06/2020

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mardi, 02 juin 2020

Émeutes USA : Zemmour pulvérise les mensonges de la propagande

Jacques Guillemain Riposte laïque cliquez ici

Dans l’émission « Face à l’info », lors du débat sur les violences raciales et policières aux États-Unis, Éric Zemmour remet les pendules à l’heure avec sa logique imparable et son bon sens habituel.

Soulignons d’abord la maîtrise avec laquelle la sublime Christine Kelly anime cette émission. Intelligence de ses interventions, douceur de la voix, délicatesse pour manifester son désaccord, il est clair que cette animatrice devrait être la référence absolue du journalisme audio-visuel en France.

Elle enterre bien des journalistes qui se comportent davantage en chiens de garde de la Macronie, plus ou moins agressifs, qu’en professionnels d’une information impartiale et objective. Elle redore le blason d’une profession ravagée par la dictature du politiquement correct.

Cette parenthèse étant faite, revenons à Éric Zemmour, éternel gladiateur ferraillant chaque jour dans l’arène, pour la défense de l’identité française

Face à l’émotion qui envahit la planète et fausse le débat, Zemmour se veut le plus rationnel possible.

Il nous rappelle avant tout que George Floyd n’est pas un perdreau de l’année et que c’est un toxicomane qui a fait cinq années de prison. Ce à quoi Christine Kelly lui rappelle gentiment que le policier auteur de la bavure n’est pas non plus un saint, puisqu’il a fait l’objet de 18 plaintes en 19 ans de service !

George Floyd est mort des suites de son interpellation musclée, certes, mais il souffrait de problèmes cardiaques et se droguait, fragilisant ainsi son état de santé.

Zemmour en vient aux statistiques ethniques, tout à fait légales aux États-Unis. En France, la pensée dominante est que les policiers blancs tuent  les Noirs, ce qui est  totalement faux.

97 % des victimes noires sont tuées par des Noirs et 1 % sont tuées par des policiers.

Les Noirs disent avoir peur des policiers blancs alors qu’ils sont de très loin victimes des attaques de leurs congénères.

Les Noirs représentent 14 % de la population totale mais 40 % des détenus. Assez de ce comportement émotionnel accusant systématiquement les Blancs !

Zemmour développe ensuite le contexte historique et racialiste qui domine aux  États-Unis.

Depuis la période de l’esclavage, toutes les lois d’émancipation en faveur des Noirs, jusqu’à l’élection d’Obama, n’ont guère changé les mentalités et n’ont pas réduit la fracture raciale toujours béante.

99 % des Noirs ont voté Obama, ce qui est bien un vote racial et non un choix politique.

En 2050, les Blancs seront en minorité, une hantise pour les classes populaires blanches, qui refusent le déclassement  économique et la domination par les minorités qu’ils ont accueillies.

En ce sens, Trump est l’incarnation de cette Amérique profonde blanche, qui réclame protection. Un abîme sépare cet électorat populaire des élites de la côte Est.

Ce qui se passe en Amérique est dramatique, tant  le jeu politique s’est racialisé. La « guerre » politique est devenue une guerre des races.

80 % des Noirs et des Latinos votent démocrate.

80 % des Blancs votent républicain.

Si les Noirs se sentent exclus, ce n’est pas à cause du regard méchant du Blanc, mais  parce qu’ils se sont exclus eux-mêmes. La preuve ? Les Asiatiques caracolent en tête des classements scolaires et ne se sentent pas rejetés.

D’ailleurs, Obama avait parfaitement intégré les codes de la classe bourgeoise blanche.

La véritable assimilation, c’est l’acceptation du « vivre-ensemble », ce qui n’est pas le cas dans la société américaine. Et en France, on observe le même refus de s’assimiler, de plus en plus flagrant.

Sur les violences policières, Zemmour parle franc.

Si le policier américain a le coup de feu facile, en France le policier est avant tout victime de guets-apens. Il n’y a pas de violences policières en France comme aux États-Unis.

En Amérique, les policiers tuent 1 000 personnes par an et comptent 50 morts dans leurs rangs.

En France, policiers et gendarmes tuent 20 personnes par an et comptent 15 tués en mission.

Il y a donc chez nous presque autant de policiers morts en mission que de délinquants tués. Mais pour les médias, passer en boucle une bavure policière est plus porteur que commenter la mort d’un policier en mission.

Proportionnellement, les policiers français font dix fois moins de victimes que les policiers américains. Il faut donc cesser de délirer et de monter en épingle une violence policière qui n’existe pas.

Quand Camélia Jordana dit que les jeunes de banlieue se font massacrer pour leur couleur de peau, elle ment. Elle a surtout besoin de faire parler d’elle et sait très bien que le sujet de la victimisation des minorités est porteur.

En Afrique ou au Maghreb, aucun jeune ne se permettrait le centième des agressions contre les forces de l’ordre qu’on voit quotidiennement en France.

La violence policière est marginale, mais tout incident est savamment instrumentalisé par l’extrême-gauche française, pour dresser les communautés les unes contre les autres.

L’affaire Adama Traoré, mort à la suite de son interpellation, en est la parfaite illustration. Pourtant, trois expertises médicales innocentent les gendarmes.

Mais si les violences policières sont l’exception en France, les tensions raciales sont de plus en plus présentes, au point que nos policiers limitent au maximum les incursions dans les cités pour éviter les émeutes.

La situation aux États-Unis et en France n’est pas comparable, car ces deux pays n’ont pas la même Histoire. La France n’a jamais eu d’esclaves sur son sol. Elle en a eu dans ses colonies, mais pas en métropole.

Il y a un modèle français d’assimilation où la race ne compte pas, mais ce modèle qui a fait merveille au fil des siècles ne fonctionne plus avec les minorités extra-européennes.

Dans les années soixante, il n’y avait aucun problème. Mais aujourd’hui, ce sont les militants antiracistes et décoloniaux qui  racialisent le débat, en important l’imaginaire noir américain dans nos banlieues.

Le combat de la mouvance d’extrême gauche, c’est celui du séparatisme, à 180° de l’assimilation.

Séparatisme des décoloniaux entre Blancs et Noirs.

Séparatisme des islamistes entre musulmans et infidèles.

Séparatisme des féministes entre hommes et femmes.

Il s’agit de victimiser les minorités pour mieux opposer les communautés. L’assimilation est devenue synonyme de néocolonialisme.

Le modèle culturel français, ouvert à tous, est violemment rejeté par les mêmes qui se disent ensuite discriminés. Chez de plus en plus d’immigrés, manipulés par des  militants qui propagent la haine antifrançaise, il n’y a aucune volonté de s’intégrer.

Et bien entendu, la gauche fait porter le chapeau au Blanc, éternel coupable.

Noirs et Arabes qui se disent discriminés s’enferment eux-mêmes dans leurs cités. Mais ce n’est pas avec des ateliers interdits aux Blancs qu’ils vont réussir leur intégration !

Et les immigrés qui veulent s’en sortir sont malheureusement les victimes de cette extrême-gauche antirépublicaine.

Le risque de contagion existe-t-il ? Le chaos racial des États-Unis  peut-il gagner la France ?

Zemmour n’est pas devin.

Mais il conclut en soulignant que l’extrême-gauche fait tout pour importer la guerre raciale, afin de montrer que la France est raciste.

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dimanche, 31 mai 2020

Parution du n°83 de Terre & peuple magazine

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samedi, 30 mai 2020

Le nouveau numéro d'Eléments est sorti...

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N°184, juin juillet 2020, 6,90 euros,

chez votre marchand de journaux

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vendredi, 29 mai 2020

Ceux qui discutent du « monde d’après » et ceux qui le font

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Par Eric Le Boucher

Le débat politique sur le « monde d’après » s’enlise dans des propositions qui nous feraient plutôt retourner vingt ou trente ans en arrière.  Sur le terrain des entreprises en revanche, la prise de conscience que l’environnement et la dimension sociale sont incontournables, devient de plus en plus forte, en tout cas en Europe.

Est né un sentiment qu’il faudrait « profiter du coronavirus » pour changer ce qui ne va pas. Mais surplombe d’abord une volonté générale de reprendre le cours normal de son existence. L’hésitation des individus entre innovation et protection s’agrège nationalement et le résultat penche nettement en faveur de la seconde. On assiste à des changements, le manger local, mais surtout à un grand conservatisme comme le reflète l’épargne des ménages. Changeons ?  Attendons.

Abîme de la radicalité

La faute en revient au débat politique affligeant sur « le monde d’après » qui repart sur la pensée prémâchée du « plus d’Etat », « plus de social », « plus d’écologie » dans une superficialité confondante. La classe politique s’est ralliée à Raymond Devos qui disait : « Se taire quand on n’a rien à dire ? Ah non ! c’est trop facile. » Elle parle donc. La droite assure péremptoirement qu’« il y a un espace entre Macron et Le Pen » et prepare en vérité un retour au chiraquisme immobiliste. La gauche se remotive fébrilement autour de l’impôt sur la fortune. L’ISF rapporterait 2 milliards quand on a besoin de 500 mais qu’importe, « la politique c’est du symbole ». A-t-elle une autre idée la gauche ? Aucune.

Le débat syndical n’a pas plus d’intensité. La CGT, Confédération générale du travail, lutte désormais de toutes ses forces contre le travail et, ravagée par une puissante fraction intérieure qui trouve qu’il faut tout casser, elle s’enfonce dans l’abîme de la radicalité. La CFDT se perd à l’inverse dans l’espace sidéral avec un Nicolas Hulot qui fut le pire ministre de l’Environnement parce qu’il a fait rêver de la Lune sans savoir construire une fusée qui y aille.

Transformation du capitalisme

Heureusement, à côté de ceux qui parlent, il y a ceux qui font. Les entreprises et une partie de la finance se sont engagées dans une transformation qui les rend « responsables » ou « inclusives » ou « respectueuses des parties prenantes », qu’importe le mot. On peut là aussi craindre la superficialité d’une politique de pure communication. Le danger est réel. Pourtant, un tournant s’opère sous la pression, justement, du sentiment populaire qu’il faut changer. Là où la politique ne trouve pas de débouché intellectuel, les entreprises en trouvent sur le terrain. Le capitalisme, du moins en Europe, commence à se transformer « par lui-même ».

On en veut pour preuve Danone et Total. Le champion français de l’industrie alimentaire va proposer à ses actionnaires un changement pour devenir une « entreprise à mission cotée », forme introduite par la loi Pacte. Danone fait un pas de plus, Antoine Riboud son créateur insistait sur le social, Franck son fils sur l’environnemental, et Emmanuel Faber, son actuel PDG, inscrit cette « mission » dans la gouvernance et la rend juridiquement opposable. Elle coupe les ponts.

Total n’a pas du tout la même histoire. Si le groupe est social, c’est parce qu’il est très riche. Quant à l’environnement, vendre de l’essence rend cette « mission » peu crédible. Patrick Pouyanné, son PDG, veut pourtant atteindre le « zéro émission net » en Europe en 2050. Pourquoi viser cette neutralité carbone ? Parce que, nous y revenons, l’opinion publique le souhaite, parce que les gouvernements et Bruxelles prennent et prendront des mesures sérieuses pour y contraindre et parce qu’une partie croissante des fonds actionnaires y poussent aussi. Total anticipe comme d’ailleurs Shell et BP, ses deux confrères européens qui ont aussi amorcé leur mutation transgenre.

Un coût à court terme mais un avantage à moyen terme

On notera que les groupes américains n’ont pas la même politique, pour l’heure. Comment atteindre la neutralité ? En abandonnant l’essence puisque les voitures à moteur thermique deviendront interdites et en devenant producteur électrique par renouvelable. Ce qui restera de gaz et de pétrochimie pourra être compensé ou stocké, ce qui nécessite de lourds investissements. Total espère que sa transformation européenne servira de modèle pour le reste du monde où les contraintes et les incitations ne sont pas les mêmes et où il restera émetteur net de CO2.

La responsabilité sociale et environnementale a un coût à court terme mais un avantage à moyen terme, plaident Danone comme Total ou d’autres (Veolia, Suez, EDF...). La difficulté de ces transformations du capitalisme est de convaincre la nébuleuse des actionnaires français, européens et internationaux. En Europe, une finance verte est devenue puissante et exigeante tandis qu’elle reste marginale aux Etats-Unis. Cette divergence n’aide pas. Mais le monde d’après se construit en vrai. Espérons que l’impéritie politique ne le détruise pas.

Source, Les Echos 29/05/2020

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jeudi, 28 mai 2020

Parution du nouveau numéro de la revue Réfléchir et Agir

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Le dernier numéro de Réfléchir&Agir


Dans sa dernière livraison, Réfléchir & Agir consacre son dossier à la situation au Proche-Orient. Egalement des articles sur Henri Dorgères, Rudolf Hess, la Santa Muerte, la sionologie, ou sur l’invasion de nos biotopes par des plantes et insectes venus d’autres continents. Enfin deux entretiens avec les écrivains Thierry Bouclier et Pierric Guittaut (de la Série Noire).
 
Réfléchir & Agir, n°65, printemps 2020, 7 euros, chez votre marchand de journaux.

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Réindustrialiser la France

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Jean-Marc Jancovici est tout sauf un joyeux plaisantin Ce polytechnicien, grand spécialiste des problèmes de l'énergie est le président d'un groupe de réflexion Shift Project à l'origine d'un manifeste esquissant les pistes à suivre pour décarbonner l'Europe d'ici 2050. Dans l'entretien qu'il donne ici à l'hebdomadaire Marianne, il dresse les pistes pour réindustrialiser la France dans une économie décarbonnée.

Lire la suite ICI

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Et si on parlait solutions concrètes ?

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par Natacha Polony

Alors que la crise qui vient s’annonce ravageuse pour des pans entiers de notre économie, et plus largement pour le pays dans son ensemble, du bien-être de sa population à sa place dans le concert des nations, on reste consterné devant le niveau des débats sur le monde d’après et les moyens d’en sortir. Ne parlons même pas de la nouvelle fracture idéologique autour d’une molécule extraite de la quinine, permettant aux uns de dénoncer partout des taupes des lobbys pharmaceutiques et aux autres de débusquer des cryptofascistes. Le reste est à l’avenant. On découvre que notre classe politique est unanimement attachée à la souveraineté (mais « sans tomber dans le souverainisme », pour citer l’inénarrable Najat Vallaud- Belkacem), à l’indépendance, à la préservation de l’industrie... A se demander comment Jean-Pierre Chevènement n’a pas été élu triomphalement en 2002, tant on lui trouve d’électeurs cachés.

Le président lui-même a visiblement décidé d’orchestrer ce que les commentateurs politiques baptisent déjà du ronflant titre d’« acte III du quinquennat » (après trois ou quatre actes II) et qu’il nous promet tourné vers cet impératif d’indépendance. Bref, conforme à ce que réclament depuis déjà quelques décen- nies les citoyens français pour cesser d’être soumis au bon vou- loir de puissances impérialistes, de multinationales adeptes de l’optimisation scale et de fonds vautours spécialistes du pillage de l’outil industriel. Tout le problème, pour opérer un tel tournant (outre la question de la crédibilité, quand on a fondé toute sa « révolution » électorale sur l’éloge du libre-échange, de la nanciarisation anglo-saxonne et de la rigueur budgétaire allemande), est de trouver les hommes capables non seulement de prendre les décisions, mais de les imposer ensuite à une administration toute-puissante et pétrie de vieilles idéologies.

La difficulté est d’autant plus grande que l’on sent déjà s’agiter tous ceux qui, soit par intérêt, soit par aveuglement, n’ont aucune envie de voir remis en cause le système. La popularité mirobolante du Premier ministre nous raconte cette conversion d’une partie de la bourgeoisie française, qui avait voulu voir dans Emmanuel Macron un rassurant hybride d’Alain Juppé et Jacques Delors, mâtiné d’un peu de décoiffante jeunesse, et qui trouve finalement que le juppéisme droit dans ses bottes d’Edouard Philippe est beaucoup plus able que les « réinventions » opportunes du converti de l’Elysée. Un peu comme cette bourgeoisie s’était mise à rêver, après la révolte étudiante, du moderne et sérieux Pompidou pour se prémunir contre les idées baroques du vieux Général, faites de participation, de régionalisation et d’indépendance nationale face à l’emprise croissante du marché. Il serait dommage que le seul moment où Emmanuel Macron pût être comparé à de Gaulle fût non pas 1940 ou 1958, mais 1968... D’autant que c’est justement d’un mai 1958 qu’a besoin la France. Un moment crucial où toutes les structures sont à réinventer. L’hôpital, l’université, l’agriculture, l’industrie, et jusqu’aux institutions elles-mêmes.

L’enjeu est majeur. Rien ne serait pis, face à une telle situation, que d’en rester aux réflexes conditionnés, à la pensée automatique et sectaire. On ne sauvera pas des milliers d’entreprises et des centaines de milliers d’emplois en entonnant les chœurs habituels sur la menace de ces « populistes » tapis dans l’ombre. Pas plus qu’en déversant l’argent public sans imposer aux heureux bénéficiaires une sauvegarde de l’emploi en France. Ce n’est pas d’incantations ni d’esbroufe que nous avons besoin, mais de pragmatisme. Car il s’agit de redonner confiance au pays pour vaincre les forces centrifuges qui sont à l’œuvre dans toutes les strates de la société et, à la fois, d’entraîner tous ceux qui ont envie de voir en n la France inventer un modèle économique fait de filières de pointe, de production locale, de respect de l’environnement et de maillage du territoire par un réseau de PME capables de fournir de l’emploi dans des zones aujourd’hui sinistrées.

Pour l’heure, et faute d’industrie pour produire les équipements nécessaires à notre protection contre la pandémie, l’Etat a fait le choix de bloquer l’économie en compensant par une indemnisation massive à travers le chômage partiel. Pendant ce temps, nos voisins allemands subventionnent l’activité à une échelle incomparable, à travers les aides aux PME. L’urgence est donc de se donner les moyens de redémarrer. En obligeant les banques à jouer leur rôle de soutien. En usant de la BPI, et même de la Banque européenne d’investissement. En émettant, à l’échelle des Etats comme à celle de l’Europe, des obligations perpétuelles permettant à la puissance publique d’investir dans des secteurs d’avenir comme la santé, la transition énergétique... Les solutions existent, mais on ne les trouve ni dans les vieux réflexes des adeptes de la gouvernance bornée, qui n’ont visiblement pas vu le monde changer, ni dans les pétitions de principe des protestataires qui évitent en général de se confronter au réel.

La colère des citoyens gronde. Elle n’est pas – pour l’heure – une rage aveugle. Elle attend des actes qui l’apaiseront. Des perspectives nouvelles. Une idée de ce que doit être la France.

Source : Marianne 28/05/2020

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lundi, 25 mai 2020

Philippe Douste-Blazy dénonce l’étude anti-chloroquine et lance un (énorme) pavé dans la mare !

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Olivier Piacentini Boulevard Voltaire cliquez là

Récemment, une étude publiée par la revue scientifique The lancet a conclu à l’inefficacité du traitement à la chloroquine du professeur Raoult, voire à sa nocivité. Outre la réputation de la revue, le test porte sur 96.000 patients, ce qui apporte une crédibilité à ses résultats. Immédiatement, les médias ont répercuté ces résultats à grand renfort de publicité. Olivier Véran a saisi le Haut Conseil de la santé publique afin de revoir les conditions de prescription de ce médicament, assouplies il y a quelques semaines.

Interrogé sur BFM TV, Douste-Blazy a violemment critiqué cette étude, dont les résultats seraient biaisés. En effet, sur le groupe testé à la chloroquine, 20 % des personnes seraient atteintes de graves affections respiratoires, explique-t-il, contre seulement 7 % dans le groupe de contrôle… Un déséquilibre qui, évidemment, gonfle artificiellement la mortalité du groupe chloroquine. Et Douste-Blazy affirme avoir lu en détail les conditions de l’étude. « Si vous donnez de la chloroquine à des mourants, c’est sûr qu’ils vont mourir », a ajouté l’ancien ministre.

« Pourquoi des scientifiques reconnus fausseraient-ils des données médicales aussi importantes ? » lui demanda alors Apolline de Malherbe, qui l’interrogeait. La réponse de Douste-Blazy vaut le détour. Selon lui, une revue de renom comme The Lancet, comme d’autres revues aussi reconnues, sont désormais sous l’influence directe des multinationales du médicament. Les sommes en jeu sont tellement énormes que les labos financent en sous-main certains articles. « Si le laboratoire américain Gilead annonce qu’une de ses molécules marche, le Wall Street journal reprend cette info le lendemain et la hausse immédiate du cours de Bourse fait gagner quatre milliards de dollars aux actionnaires. Les laboratoires ne peuvent laisser passer cette chance unique de faire des profits colossaux », selon Douste-Blazy.

À travers les annonces fracassantes de l’ancien maire de Lourdes, et surtout ancien ministre de la Santé, on comprend que l’étude en question pourrait n’être qu’une tentative de déstabilisation du professeur Raoult par les multinationales, pour le discréditer et se donner du temps pour proposer leurs solutions. Au demeurant, Philippe Douste-Blazy a cité comme exemple le laboratoire Gilead : est-ce fortuit, quand on sait que cette société a investi des sommes énormes pour sortir le vaccin avant tout le monde ?

« Si on m’avait dit, après vingt ans de recherche, que je verrais de pareilles choses, je n’y aurais pas cru une seconde », a conclu Douste-Blazy, visiblement abasourdi par ce pavé qu’il a lui même lancé dans la mare. Voila donc à quoi tiendrait la santé publique à échelle mondiale, la survie de millions de malades, les cours de Bourse des multinationales de la santé ? Si les nations ne reprennent pas la main au plus vite, l’avenir de tous sera et restera entre les mains des financiers.

NDLR - SN : je ne pense pas que nous partageons beaucoup d'idées communes avec Philippe Douste-Blazy. Cependant, si celui-ci dit qu'il fait nuit à minuit et jour à midi, nous n'allons pas nous évertuer à essayer de lui prouver le contraire... Or, dans ses récentes prises de positions sur ce qu'il est convenu d'appeler l'"affaire de la chloroquine", force est de reconnaître que cet ancien ministre de la Santé, médecin de surcroit, tient bon sur une position courageuse allant à l'encontre de la pensée dominante encadrée. Qu'il en soit donc félicité.

R.H.

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Tout doit disparaître

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Par Romain Guérin

Une grave crise économique pointe le bout de son vilain nez. Faillites d’entreprises, licenciements groupés via internet, fermetures d’usines. Avant le coronavirus, tout allait très bien madame la Marquise, on ne déplorait pas même un incident, pas même une bêtise. Le secteur financier était vertueux, les banques étaient saines, la corruption et l’esclavage des femmes et des enfants avaient disparu de la surface de la planète. Le plein emploi régnait en France et les travailleurs, une pâquerette au bord des lèvres, sifflotaient joyeusement en partant au travail. La terre jouissait d’un printemps perpétuel, les fruits et les légumes poussaient tout seuls, les maladies et la souffrance n’existaient pas, l’homme vivait presque éternellement. Bref, c’était l’âge d’or. Là, tout n’était qu’ordre et beauté, luxe, calme et volupté. Et puis survint du fin fond du puits des Enfers, la bête immonde de l’apocalypse : le monstrueux pangolin. Après lui, un déluge universel ruina en deux petits mois la citadelle cosmopolite imprenable qui protégeait ce paradis déjà perdu.

Vous avez compris braves gens, la catastrophe qui vient, c’est la faute du COVID-19 et seulement du COVID-19. Ne cherchez pas plus loin. C’est la version officielle. Toute contestation de celle-ci sera considérée comme complotiste et antisémite. La cause de cette dé- pression étant naturelle, il n’y a point de responsables, il est donc vain que la populace rêvasse à de beaux procès ou de belles potences. C’est la faute de monsieur Pas-de-chance. Pas de responsable. Pas de coupable. A la foule massée sur la place de grève, curieuse de découvrir la couleur du sang des assassins, circulez ! Il n’y a rien à voir ! Rentrez chez vous ! Le spectacle est une fois de plus annulé, la justice est depuis bien longtemps souffrante, elle est incapable d’assurer ses représentations.

Monsieur Pas-de-chance étant insolvable, il va falloir faire preuve d’inventivité et de malice pour trouver l’agent. Après Jean-Michel Apathie qui raserait bien le château de Versailles « pour que nous n’allions pas là-bas cultiver la grandeur de la France », après Brigitte Trogneux, épouse Macron, qui va brader le mobilier national au pro- fit de sa propre association « Hôpitaux de Paris-Hôpitaux de France », au concours Lépine de la grande liquidation française, la palme est décernée ce mois-ci à Stéphane Distinguin, PDG de la société Fabernovel. Ce philanthrope soutenu immédiatement par Claude Askolovitch, un autre grand ami du genre humain, propose ni plus ni moins, de vendre La Joconde pour 50 milliards d’euros, car « vendre de l’ancien pour faire du nouveau, du patrmoine pour de la création, c’est la marque d’une nation qui croit en son avenir et ses artistes ». Pour lui, nous n’avons pas d’autres choix : il faut vendre nos bijoux de famille « pour permettre à des artistes, des intermittents du spectacle, toute une filière et une industrie de manger et de créer nos futures Joconde ». Si je comprends bien, pour sauver le plug anal géant de la place Vendôme et permettre aux punks à chien de continuer à faire du yoyo au feu rouge, il n’existe qu’un seul moyen : que les Français vendent leurs tableaux de maîtres, qu’ils échangent avec des rastaquouères leur patrimoine inestimable contre de la monnaie de singe.

Deux questions me chatouillent immédiatement l’esprit. Premièrement : en quoi ce que nous désignons par le « monde de la culture » mérite d’être sauvé ? Deuxièmement : aliéner ses trésors nationaux à des vendeurs de ta- pis est-il vraiment la seule ressource financière que la France possède désormais ? Si nous en croyons Stéphane Distinguin, vendre La Joconde permettrait de faire vivre des artistes pour qu’ils créent nos futures Jocondes. Pour ce faux candide, Jack Lang possède les mêmes exigences esthétiques que François 1er et nos 250 000 intermittents du spectacle sont tous des Léonard de Vinci en puissance. Dans un monde normal, en faisant de telles déclarations, Stéphane Distinguin serait pris pour ce qu’il est, à savoir le Ravi de la crèche, l’idiot du village qui nous fait rire autant que pitié. Depuis que l’Etat s’est fait le mécène de toutes les loufoqueries qui allaient dans son sens, c’est-à-dire vers le bas et la boue, combien de chefs-d’œuvre immortels la France a-t-elle offerts à l’humanité ? Réponse : zéro, la bulle, nada, la tête à Toto.

En ce qui concerne les ressources dont la France dispose, elles sont multiples et importantes. Au lieu de vendre nos forêts aux Chinois, au lieu de livrer nos châteaux aux princes arabes, nous pourrions tout simplement, au choix : se servir sur le budget délirant de l’immigration ; aller chercher les grosses valises de fraîche dans les paradis fiscaux ; récupérer l’immense magot de la fraude sociale. Les Français sont des moutons résignés. La république les a dressés à merveille. A chaque fois que l’Etat a besoin d’argent, le Franchouille de base baisse la tête et se dit :

« Allez, c’est encore moi qui vais devoir payer. » Le veau dans les fers de l’abattoir a dans les yeux plus d’espoir de s’en sortir que Jean Dupond devant sa feuille d’impôt. Jean Dupond ne sait plus ce qu’est le volontarisme poli- tique, pour lui, rien n’est possible ou alors vouloir faire des choses, c’est forcément bousculer des personnes et des habitudes, bref c’est violent. Fasciste. Pas bien donc. Jean Dupond n’a plus de coucougnettes, mais il n’a plus bien de jugeote non plus. Il ne voit pas l’alibabesque gabegie que les barons mondialistes font avec son pèze. Jean Dupond, sais-tu qu’avec la sueur de ton front, tu finances des milliers d’associations comme : Solidarité inter lesbien gay bi ; Cameroun et Solidaire Team Tuk Tuk (solidarité à l’égard des pays en développement) ; Solidarité femme algérienne démocrate (intégration et accès à la nationalité française) ; Africlap ; Africolor ; Africultures, Afrika Tiss ; Afriques et noues ; Afrique étoiles ; Afrique pleine d’avenir ; Afrique en scène ; Afrique sur Bièvre, Afrika Dance Perku. J’en passe et des meilleurs !

Tu sais, toi le pigeon, toi la vache à lait, Dieu a dit à l’homme : « Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front ». Il a bien dit TON pain. Dieu dans son immense sagesse, n’a pas dit : « Tu gagneras par ton travail non seulement ton pain, mais celui de tous les Africains. » Il n’a pas dit non plus : « Tu feras des heures supplémentaires pour payer le dernier iPhone à des clandestins et les prothèses de tous les boiteux de la terre » et encore moins « il te faudra prostituer tes enfants pour payer les safaris de BHL, les hôtels d’Attali et les petites sauteries de DSK »

Source : Présent 26/5/2020

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samedi, 23 mai 2020

Rendez-nous Georges Marchais !

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Par Christophe Lafosse

« Taisez-vous Elkabbach ! »  Meilleure punchline, meilleur coupage de sifflet de l’histoire de la télé. Et même si Georges Marchais est moins l’auteur de la sommation que Thierry Le Luron, la figure de proue du national-conservatisme communiste français, sa gouaille bourrue, sa connerie têtue, nous enchante avec nostalgie. Comme une revanche posthume contre les sempiternelles tête-à-claques du PAF 70’s, toujours présentes, tel Alain Duhamel, au moins 100 ans, sa coupe de cheveux de mongolien, son regard de veau, ses costumes de trisomique et ses opinions bien convenables en deçà du robinet d’eau tiède et de la connerie vasouilleuse d’idiot utile parvenu.

« Liliane, fais tes valises »

Taisez-vous, chefs de service d’immunologie, consultants éco-développés, coachs sportifs, cuisiniers du dimanche, psychothérapeutes de pacotille, chanteurs solidaires et acteurs moralistes. Le confinement aura beaucoup beurré ses tartines de l’ennui et de la vacuité des enfants bien nourris, ces prisonniers du banal, tortionnaires du désœuvrement. Le nombre de morts actuel demeure toujours inférieur à une journée de guerre de 14-18.

« Liliane, fais tes valises, on rentre à Paris ! » Autre saillie de Marchais face aux deux mêmes Dupondt, lorsqu’il raconte qu’en vacances en Corse avec sa femme en 1980, il entend devant sa télévision François « Mittrrrand » refuser de s’engager sur l’existence d’une défense nationale indépendante – incroyable PCF – avec trahison du programme commun.

La veuve de l’ancien secrétaire général du Parti communiste vient de faire définitivement ses valises. Elle est morte du Covid-19, seule, dans un EHPAD de Champigny-sur-Marne.

Relisons Jean Baudrillard en ses Cool Memories (1987-1990) : « La révolution du ʺvécuʺ est la pire, celle qui a levé le secret dont chacun entoure sa propre vie pour la transformer en reality show. Ce qui a été libéré à travers toutes les révolutions du désir, de l’expression, du phantasme, de l’analyse, ce n’est pas la dramaturgie de l’inconscient ni le théâtre de la cruauté, mais le théâtre de la banalité. L’interdit n’a pas été levé sur les pulsions mais sur la trivialité, la naïveté, d’idiosyncrasie, l’idiosyncrétisme. Ce qui a été libéré, ce n’est pas la singularité mais la bêtise spécifique de chacun, c’est-à-dire celle qu’il partage avec tous les autres. »

Source : site de la revue Eléments

 

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vendredi, 22 mai 2020

Nous sommes devenus des virus pour la planète

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Anthropologue, spécialiste des Jivaro achuar, en Amazonie équatorienne (Les Lances du crépuscule, Plon, 1994), Philippe Descola est professeur au Collège de France et titulaire de la chaire d’anthropologie de la nature. Disciple de Claude Lévi-Strauss, médaille d’or du CNRS (en 2012) pour l’ensemble de ses travaux, Philippe Descola développe une anthropologie comparative des rapports entre humains et non-humains qui a révolutionné à la fois le paysage des sciences humaines et la réflexion sur les enjeux écologiques de notre temps, dont témoignent notamment Par-delà nature et culture (Gallimard, 2005) et La Composition des mondes (entretiens avec Pierre Charbonnier, Flammarion, 2014).  Lire ICI

Source : Le Monde 21-22/05/2020

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mercredi, 20 mai 2020

La peur pour faire accepter l’impossible

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Par Thierry Bouclier

A la fin des années 1980, le monde est saisi d’une angoisse alors que l’an 2000 se profile à l’horizon. Partout se répand la nouvelle que les ordinateurs vont devenir fous car ils ne sont pas programmés pour passer de 1999 à 2000. Le 31 décembre 1999, à minuit, ils vont afficher la date du 1er janvier 1900. La panique se propage. Tout va s’arrêter. Le système imploser. Les ascenseurs s’arrêter. Les avions s’écraser. Les centrales nucléaires exploser. C’est le bug de l’an 2000 et la grande peur du virus informatique. Au cours des quatre années qui précèdent le saut dans l’inconnu, les cam- pagnes se multiplient. Il faut absolument mettre à jour les ordinateurs pour éviter la catastrophe. Des sommes astronomiques sont dépensées par les entreprises afin d’être prêtes. Le 31 décembre, la planète retient son souffle. Minuit approche. La vie s’est figée. Les avions sont cloués au sol. Personne ne s’aventure à prendre un ascenseur. L’instant fatidique. Le moment du grand passage. Minuit retentit. Que se passe-t-il ? Rien. Absolument rien ! Nulle part. La vie continue. Les promo- teurs de la peur du virus informatique, au premier rang desquels se dresse Microsoft, peuvent contempler leurs poches. Elles sont remplies des juteux profits générés par la psychose qu’ils ont inoculée dans les opinions mondiales.

21 avril 2002. Jean-Marie Le Pen est qualifié pour le second tour de l’élection présidentielle. Belle performance, même si tout le monde sait qu’il n’a pas la moindre chance de l’emporter lors de ce second tour. Qu’importe ! La peur du virus politique s’empare de la France pour deux semaines. La psychose est partout. Hitler et les camps. La déportation. Vision d’horreur. Manifestations. Défilés. Communiqués. Appels à la résistance. Cris d’angoisse. Le fascisme ne passera pas ! Il faut tuer Le Pen avant qu’il ne nous tue. Les prières montent vers le ciel. Des millions de personnes défilent dans les rues. Les enfants sont appelés à se joindre à l’exorcisme collectif. C’est le grand frisson le jour du tour infernal ! Le fascisme va-t-il triompher ? Le dimanche 5 mai, à 19 h 59, les Français sont devant leur poste de télévision. Ils retiennent leur souffle. A 20 heures, une immense clameur retentit. La France est sauvée. Le fascisme n’est pas passé. Jacques Chirac est réélu triomphalement avec 82 % des voix. Il peut se frotter les mains. Le spectre de la peur a encore rempli son rôle. Le 29 septembre 2007, Lionel Jospin, le battu du 1er tour, devait reconnaître que tout cet antifascisme n’était que du théâtre.

Pendant que ces deux comédies se jouaient, une autre s’est développée pour se poursuivre jusqu’à nos jours. Elle se fonde sur la peur du virus climatique. La terre se réchauffe. Nous allons tous mourir. Noyés par la montée des eaux provoquée par la fonte de la ban- quise. Brûlés par le soleil et l’augmentation des températures. Asphyxiés par les gaz et la pollution. L’apocalypse est proche. Il faut réagir ! Tétanisé et prison- nier de sa peur, l’homme occidental consent à tous les sacrifices. Il renonce à avoir des enfants. Il accepte d’être écrasé par une fiscalité verte. Il marche, pédale et met sa voiture au garage. Il subit les éoliennes qui saccagent ses paysages et détruisent sa vie. Il défile pour le climat. Il n’a pas le choix. C’est le prix à payer pour échapper au grand étouffement. L’Etat, avec sa fiscalité confiscatoire, et les promoteurs industriels, avec leurs énergies propres, peuvent se féliciter : l’argent coule à flots.

17 mars 2020. Le virus clinique a fondu sur la France. Il est partout. Invisible et assassin. Le pays est en guerre. La mobilisation générale est décrétée. Les morts s’ajoutent aux morts. C’est le plus grand cataclysme jamais connu depuis la fin du second conflit mondial. Encore plus meurtrier que Hiroshima et Nagasaki. La télévision, les radios et les autorités le proclament chaque jour. Du soir au matin. La peur s’empare à nouveau des populations. Confinement. Gestes barrières. Distanciation physique. Verbalisations et arrestations. Restez chez-vous ! Portez un masque ! La peur permet de tout imposer. La ruine économique du pays. La violation du droit de propriété, de travailler et d’aller et venir. La suppression pure et simple de la liberté du culte. Et chacun l’accepte. Sans rechigner. Sans se poser de question. Chacun souffre pour son bien. Pétrifié par la peur. La réponse à cette folie collective sera donnée en janvier 2021 : lorsque le nombre total des morts de l’année 2020 sera communiqué. Cette répose est prévisible : tout ça pour ça. En attendant le prochain virus. Et le retour de la peur.

Source : Présent 20/05/2020

                  

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mardi, 19 mai 2020

L’arrestation de Félicien Kabuga, ou quand les médias rajoutent un chapitre à la fausse histoire du génocide du Rwanda

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Bernard Lugan L'Afrique réelle cliquez là

Félicien Kabuga qui vient d’être arrêté en France est présenté comme étant à la fois le financier de l’Akazu, une cellule familiale qui aurait préparé le génocide, et le fondateur des Interahamwe, milice associée au génocide des Tutsi et des Hutu alliés au FPR du général Kagamé, les « Hutu modérés » des médias. Or, l’Akazu n’a jamais existé et Félicien Kabuga n’a pas fondé les Interahamwe.

1) L’Akazu n’a jamais existé

Devant le TPIR, le Procureur a échoué à convaincre les juges « au-delà de tout doute possible », que :

- le génocide du Rwanda avait été planifié au sein de l’Akazu, une prétendue cellule familiale postulée avoir été financée par Félicien Kabuga et dirigée par Protais Zigiranyirazo, beau-frère du président Habyarimana,

- que le maître-d’œuvre de cette opération criminelle était le colonel Théoneste Bagosora, qu’il présentait comme le« cerveau du génocide ».

Considérant que le Procureur n’avait « pas établi le bien-fondé de sa thèse » , dans leur jugement du 18 décembre 2008, tout en le condamnant pour n’avoir pas su contrôler ses prétendus subordonnés, les juges acquittèrent le colonel Bagosora du principal chef d’accusation, l’ « entente en vue de commettre un génocide ». Celui qui avait été présenté comme le « cerveau » du génocide n’avait donc pas programmé ce dernier…

Puis, le 16 novembre 2009, la Chambre d’appel du TPIR acquitta Protais Zigiranyirazo, le chef du prétendu Akazu. Il était d’ailleurs difficile de faire autrement car la Défense avait démontré que l’Akazu n’avait jamais existé puisqu’il s’agissait d’une invention de l’opposition au président Habyarimana… Les deux « inventeurs » vinrent même témoigner devant le TPIR pour expliquer toute l’affaire (voir à ce sujet mes publications citées en fin de communiqué).

Et pourtant, dans la plus totale ignorance du dossier, les médias osent écrire que Félicien Kabuga était le financier d’un Akazu fantasmé...

2) Félicien Kabuga n’a pas fondé les Interahamwe

Dans le contexte de pré-guerre civile qui ensanglantait le Rwanda des années 1992-1994, tous les partis politiques se dotèrent de milices. Tous, y compris le PSD (Parti social-démocrate), un parti très largement tutsi dont la milice était les Abakombozi (Libérateurs). 

Chronologiquement, la  première de ces milices, les Inkuba (Foudre) fut fondée par le MDR (Mouvement démocratique républicain)  un parti hutu à dominante sudiste qui combattait le régime du président Habyarimana.

En réaction, à la création des Inkuba, le parti présidentiel, le MRND (D) (Mouvement révolutionnaire national pour le développement et la démocratie), se dota des Interahamwe (Ceux qui vont ensemble).

Cette milice fut fondée par un Tutsi nommé Anastase Gasana. Membre du MRND (D), ce dernier adhéra ensuite au MDR et devint conseiller du premier ministre (MDR) Nsengiyaremye avant d’être nommé Ministre des Affaires étrangères du gouvernement d’Agathe Uwilingiyimana, un gouvernement d’opposition au président Habyarimana. Anastase Gasana rallia ensuite le FPR et il devint même ministre dans le premier gouvernement  constitué  au mois de juillet 1994, après la victoire militaire du général Kagamé.  

Ainsi donc, le fondateur des Interahamwe, ces « tueurs de Tutsi », était lui-même Tutsi…et il fit une brillante carrière ministérielle sous le régime tutsi victorieux... Pour mémoire, le co-fondateur de ces mêmes Interahamwe, Eric Karagezi était également Tutsi (TPIR-2001-73-T, lundi 6 mars 2006,  Des Forges, page 31). Quant à la milice elle-même, elle était dirigée par un autre Tutsi, Robert Kajuga...

Il est donc pour le moins insolite de constater que tant de  Tutsi aient pu avoir de tels rôles essentiels dans la création, l’organisation et le fonctionnement d’une milice présentée comme ayant préparé et commis le génocide des Tutsi…

Le FPR avait également infiltré nombre de ses membres au sein des Interahamwe. Devant le TPIR les noms et les pseudonymes de plusieurs d’entre eux ont été cités. Dans la période qui précéda le génocide, donc avant le 6 avril 1994, leur mission était double :

- provoquer le chaos afin de déstabiliser politiquement le régime Habyarimana,

- discréditer les partisans de ce dernier aux yeux de l’opinion internationale en faisant porter sur eux la responsabilité des violences qui secouaient alors le pays.

Devant le TPIR, l’ancien Premier ministre Jean Kambanda a déclaré à ce propos sous serment que : « (…) les Interahamwe (…) étaient commandés à partir du siège de l’état-major du FPR. Sur les cinq dirigeants des Interahamwe au niveau national, je parle du Président, du premier et du deuxième vice-président et de deux trésoriers, trois sur cinq avaient été officiellement recrutés et injectés dans la direction des Interahamwe par le FPR dans sa tactique d’infiltration » (TPIR-98-41-T  Kambanda, 20 novembre 2006, p.69).

Voilà qui illustre une fois encore  la fausse histoire du génocide du Rwanda « pieusement », et hélas, parfois même servilement, récitée par les médias qui parlent et écrivent sans savoir, se contentant de recopier les notes  distribuées par les  services du général Kagamé.

Lire sur le sujet : Dix ans d'expertises devant le TPIR, Bernard Lugan, cliquez là et Rwanda, un génocide en question, Bernard Lugan, Editions du Rocher cliquez ici

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lundi, 18 mai 2020

1940 : Emmanuel Macron allonge la liste des défaites glorieuses françaises

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Par Jean-Dominique Merchet

En commémorant, ce dimanche, les combats de Montcornet (Aisne) de 1940, le président Macron a-t-il vraiment « regardé l’histoire en face », comme le promettait l’Elysée ? Dans un discours inhabituellement bref – seize minutes –, le chef de l’Etat n’a pas dévié d’un trait de la mythologie gaullienne et s’est prudemment abstenu d’analyser les causes de cette « étrange défaite » (Marc Bloch).

Exaltant le « sacrifice » et le « courage » des combattants de mai- juin 1940, Emmanuel Macron a estimé que « les soldats français avaient mérité de la Patrie » et qu’ils étaient « des preux dans la défaite ».

Pour lui, la France ne fut pas une « victime consentante » face à l’ennemi. « Nos armées furent battues, mais elles luttèrent » et ce ne fut « ni une défaite prévisible, ni une déroute inéluctable ».

Les historiens continuent d’en débattre, mais le chef de l’Etat entend, pour sa part, « construire une mémoire de l’intégration républicaine ». Qui est responsable de ce qui fut « l’une des plus rudes défaites militaires de l’histoire » de France ? Le Président se contente d’évoquer les « failles » et les « faiblesses » de l’armée française ou le fait qu’« au sommet de l’armée et de l’Etat, personne ne portait la conviction [de Charles de Gaulle] qu’il s’agis- sait d’une guerre mondiale ». Dénonçant « la majorité fataliste des hauts fonctionnaires, des chefs militaires et des dirigeants politiques » qui voulaient « arrêter la guerre », il vante, au travers du Général, « l’esprit français de résistance » qui « jamais ne meurt ».

Grâce à Emmanuel Macron, la « bataille de France » figurera peut-être désormais au catalogue de ce que l’historien Jean Garrigues nomme les « défaites glorieuses », quand le sacrifice du soldat compte plus que le résultat final : Camerone, Bazeilles, Sidi Brahim, Dien Bien Phu. Et même Waterloo, évoquée dans le discours de Montcornet.

Source : L’Opinion 18/05/2020

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dimanche, 17 mai 2020

17 mai 1940 : de Gaulle et la légende de Montcornet

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Henri Saint-Amand Boulevard Voltaire cliquez ici

La bataille qui s’est déroulée à Montcornet (Aisne), le 17 mai 1940, est restée dans la mémoire collective comme l’une des rares, sinon la seule victoire des armées françaises pendant la bataille de France (10 mai-23 juin 1940) face à l’ennemi allemand. En fait, il s’agit plutôt d’un malentendu à l’origine duquel se trouve la maladresse du général Aimé Doumenc (1880-1948) qui écrit, le soir du 17 mai : « La 6e armée ayant poussé les unités blindées sous les ordres du colonel de Gaulle était à 10 h 30 au nord de Montcornet, et à midi un message en clair signalait l’urgence d’une contre-attaque de leur part. Notre propre contre-attaque avait donc réussi. »

La réalité est malheureusement plus cruelle, car le colonel Charles de Gaulle, nommé commandant de la 4e division de cuirassés, la plus puissante des grandes unités blindées de l’armée française avec 364 blindés, n’a jamais reçu l’ordre d’aller à Montcornet. L’ordre qu’il reçoit, le 15 mai, par le général Doumenc est le suivant : « Le commandement veut établir un front défensif sur l’Aisne et sur l’Ailette pour barrer la route de Paris. La 6e armée, commandée par le général Touchon et formée d’unités prélevées dans l’Est, va s’y déployer. Avec votre division, opérant seule en avant dans la région de Laon, vous avez à gagner le temps nécessaire à cette mise en place. »

Mais quand de Gaulle lance ses chars à l’attaque de la bourgade, le gros des troupes de Panzer allemands, appartenant aux 1re et 2e Panzerdivision, ont dépassé Montcornet. Le village n’est défendu que par la 3e compagnie du 66e bataillon de sapeurs allemands. L’entrée au sud-ouest a été minée. La défense antichar est assurée par des hommes du 59bataillon antiaérien allemand.

L’attaque est lancée le 17 mai à 4 h 15. Deux colonnes de chars sont formées. La 6e demi-brigade commandée par le lieutenant-colonel Sudre, forte de 34 chars Renault B1 bis et de 14 Renault D2, avance sur l’axe Laon-Moncornet. La 8e demi-brigade du lieutenant-colonel Simonin, avec 90 chars R35, flanc-garde la 6e sur l’axe Maison Bleue-Sissonne-Lislet.

Les premiers accrochages ont lieu vers midi, à Lislet, où le feu antichar allemand détruit deux chars légers français et force les autres à se replier car ils vont être à court de carburant.

À Montcornet, le capitaine Penet est pris à partie par l’ennemi et subit la perte de plusieurs éléments. Quand les chars lourds français, revenant du ravitaillement, entrent en action, de Gaulle sait que les jeux sont faits. Les blindés doivent progresser en lisière de Montcornet, la bombarder pendant six minutes et revenir. La mission est quasiment impossible. C’est en l’effectuant courageusement que le commandant Jean Bescond, à la tête du 46e BCC, et sept de ses hommes tombent au combat.

À 18 h 30, la bataille de Montcornet est terminée. Sur les 88 chars français engagés, 23 sont détruits. L’attaque française a bousculé et déstabilisé l’ennemi. Mais elle n’empêche pas la progression des blindés du général Ewald von Kleist (1881-1954) vers Cambrai et Saint-Quentin, avant qu’un ordre d’Hitler ne les arrête !

Ni victoire ni défaite, à l’image de la bataille de Stonne, Montcornet relève d’un combat comme la guerre en a vu de très nombreux. De Gaulle restera discret sur cet épisode mais n’empêchera pas la littérature (Faulkner, Bouchet, Ortoli et bien d’autres) de s’emparer de cet épisode pour renforcer sa légende.

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samedi, 16 mai 2020

Jeanne d’Arc, la France et les Français

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Jean-Marie Le Pen

Il aura fallu cinq siècles à l’Église pour proclamer la sainteté de la Pucelle d’Orléans, vierge et martyre.

Jeanne va mourir. Elle n’a pas encore vingt ans. En trois ans, l’enfant de Domrémy, petit bourg du nom du saint évêque qui baptisa Clovis, a écrit l’un des chapitres les plus extraordinaires de l’histoire du monde.

Elle est condamnée à subir un supplice atroce : brûlée vive sur un bûcher.

Dieu merci, ce ne sont pas les Français, encore que les clercs de l’infâme évêque Cauchon y auront leur part, qui vont martyriser la jeune fille, mais les Anglais qui ne lui pardonnent pas de les avoir vaincus à Orléans, à Patay, à Jargeau.

Son corps et son cœur sont à la France, mais son âme est à Dieu, et son dernier soupir d’agonie sera « Jésus ».

Cependant, Jeanne est le vrai vainqueur deux décennies plus tard ; après leur défaite à Castillon par Richemont, les Anglais devront quitter définitivement la France.

Jeanne, c’est d’abord, pour moi, la fusion parfaite du courage, de la foi, de la confiance. Une très jeune femme inspirée, mandatée du plus haut, et qui ne connaît pas le doute. Ainsi, général bientôt victorieux, elle rallie, elle mobilise et, même, elle sacre. Incroyable destin, une telle œuvre dans une vie si brève. Elle est, à travers les siècles, le héros français permanent, une bannière qui, telle l’étoile, peut toujours guider, inspirer, et consoler quand vient l’incertitude.

Aussi, j’ai voulu, dans l’action politique, affirmer, par des signes populaires, la pérennité et la modernité de ce message bouleversant.

Tardivement canonisée, le 16 mai 1920, à Rome, sainte Jeanne d’Arc veille toujours sur la France et les Français. Elle veille et elle surveille. Il faut savoir sentir le poids de ce regard, qui commande ce qu’on appelait de mon temps l’examen de conscience. Sommes-nous à la hauteur, suis-je à la hauteur ?

Il n’y aura pas, dans les prochains mois, de redressement possible sans amour français chevillé au corps, de la part de chacun. Pas des petits soldats de plomb, non ! Mais des hommes libres qui comprennent qu’il faut marcher ensemble. Car, à nouveau, la patrie est en danger, sérieusement en danger.

Source Boulevard Voltaire cliquez ici

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NDLR - SN : Joignant les actes à la parole, Jean-Marie Le Pen est allé ce matin, samedi 16 mai à 11 h, déposer une gerbe (ci-dessous) devant la statue de Jeanne d'Arc, place des Pyramides à Paris (photo ci-dessus : 1er mai 2019).

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La loi Avia, une loi néosoviétique

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Mathieu Bock-Côté

Ainsi, la loi Avia a bien été votée. Officiellement, elle prétend civiliser les réseaux sociaux en luttant contre la « haine » qui s’y déverse. Elle favorisera, plusieurs l’ont noté, une culture de la délation, chacun surveillant son prochain et étant invité à le dénoncer grâce à un bouton dédié, le citoyen éclairé prenant désormais les traits du délateur zélé. Les bandes militantes feront la loi à coups de signalements pour transformer lerus aversions idéologiques en interdictions. Les réseaux sociaux devront pratiquer la censure préventive des contenus potentiellement problématiques, sans quoi ils seront condamnés à des amendes très lourdes.

Cette loi s’inscrit dans le plus vaste projet d’un resserrement des conditions d’entrée dans l’espace public par le régime diversitaire, qui entend dominer la mise en récit de la vie collective. On se rappellera qu’il y a peu de temps le gouvernement flirtait avec l’idée de construire une représentation officiellement certifiée du réel au nom de la lutte contre les « fake news », ces dernières désignant souvent une lecture des événements ne versant pas dans la célébration emphatique du vivre-ensemble. La parole publique doit être disciplinarisée et la liberté d’expression, formatée.

Mais la critique de la loi Avia sera bien incomplète si elle ne vise pas son noyau idéologique, soit sa prétention à lutter contre la « haine ». En son nom, c’est le désaccord politique qu’on cherche de plus en plus ouvertement à proscrire. Une bonne partie du travail de la gauche idéologique, à travers sa mainmise sur les sciences sociales universitaires, consiste à reconsidérer en propos haineux toute critique appuyée du régime diversitaire.

On connaît la rhétorique. Qui critique l’immigration massive sera accusé de racisme. Qui fait le procès du multiculturalisme sera suspecté de xénophobie et qui rappelle la difficile intégration de l’islam en Occident sera taxé d’islamophobie. Qui s’oppose à la théorie du genre sera quant à lui suspecté de transphobie. Et ainsi de suite. La liste des haineux ne cesse de s’allonger. La lutte contre la haine autorise l’expulsion de l’espace public des contradicteurs du progressisme et inhibe les timorés, qui se réfugient dans l’autocensure.

Ce n’est pas d’hier que le régime diversitaire cherche à se délivrer de ses contradicteurs. Le pacte de Marrakech en 2018 entendait ainsi censurer les discours critiques de l’immigration, cela au nom de l’ouverture à l’autre. Il invitait les gouvernements à cesser « d’allouer des fonds publics ou d’apporter un soutien matériel aux médias qui propagent systématiquement l’intolérance, la xénophobie, le racisme et les autres formes de discrimination envers les migrants, dans le plein respect de la liberté de la presse ». La lutte contre les discriminations pave le chemin à un autoritarisme à prétention vertueuse.

Faut-il ajouter que la lutte contre la haine est à sens unique ? Car pour le régime diversitaire, la haine du réactionnaire, incarné dans la figure maléfique de l’homme blanc hétérosexuel, passe pour la forme achevée de l’amour de l’humanité. Les séances rituelles de défoulement médiatique où certains intellectuels sont dénoncés à coups de pétitions et de poursuites devant les tribunaux relèvent d’un dispositif persécutoire rappelant les deux minutes de la haine imaginées par Orwell dans 1984.

Lorsque la presse « recommandable » s’acharne contre un philosophe ou un essayiste en cherchant à tout prix à le marquer à « l’extrême droite » pour l’infréquentabiliser, ne verse-t-elle pas dans la haine idéologique ? Quel terme utiliser quand un homme politique assimile le populisme à une lèpre et les électeurs populistes à des lépreux ? Que penser de la nazification de l’adversaire toujours renvoyé aux « pires heures de notre histoire » ? L’actualité confirme que cette logique pousse à la criminalisation du désaccord. Le bannissement du groupe Génération identitaire sur Facebook en témoigne. On peut être en désaccord franc avec les discours et les méthodes de ces militants : reste que leur expulsion au nom de la lutte contre la haine s’inscrit dans cette extension du domaine de la censure. Au même moment, la gauche racialiste se déploie sans risque sur les réseaux sociaux. Mieux : elle y règne. Que penser de cette asymétrie dans le traitement des « radicaux » ? Ne fait-elle pas penser à la complaisance médiatique pour les milices violentes qui se réclament de « l’antifascisme » ?

Transformer en monstre son adversaire ne relève pas de l’éthique de la délibération démocratique. La restauration de la démocratie libérale passe par la réhabilitation d’une culture de la conversation civique. Mais rien ne semble plus éloigné de l’état d’esprit des croisés progressistes qui, pensant éradiquer le mal de la cité en en expulsant ceux qui ont le culot de ne pas penser comme eux, votent pour cela, sans honte, une loi néosoviétique.

Source, Le Figaro 16/05/2020

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vendredi, 15 mai 2020

Gestion de la crise : un effet du « deep state » à la française

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Par Hervé Novelli*

L’expression « politique profonde » (deep politics) remonte aux années 1990. Le professeur Peter Dale Scott de l’université de Berkeley publie alors un ouvrage dans lequel il parle de système politique profond. Il y explique que le gouvernement des Etats-Unis est in uencé par un milieu con dentiel et restreint qu’il appelle « l’Etat profond ». Il précise : « Ce que j’appelle “Etat profond” aux Etats-Unis n’est pas une institution formelle, ni une équipe secrète, mais plutôt un cercle de contacts de haut niveau [...] par lequel le pouvoir politique est susceptible d’être dirigé. »

Selon ce concept, il existerait, à côté, ou mieux encore, à l’intérieur des pouvoirs publics, une politique s’imposant aux acteurs traditionnels, décidée en dehors d’eux ou avec leur consentement, éclairé ou non. En somme, « l’Etat profond » est une autre façon de désigner les bureaucraties permanentes.

Jusque-là, on pensait que ce concept était difficilement applicable aux démocraties libérales. L‘exemple de la gestion de la crise sanitaire en France vient nuancer, à tout le moins, ce jugement.

Cumul. Ce qui est clair, c’est que notre pays s’est trouvé dans une situation de gestion calamiteuse des outils de lutte contre la pandémie. Je veux ici parler des besoins en masques, des tests, des appareils respiratoires, voire des lits de réanimations. Lorsque l’on observe de plus près, par exemple, la gestion du stock de masques depuis 2010, on constate que son amenuisement progressif, puis sa quasi-disparition, résultent de décisions administratives endossées par les pouvoirs politiques, de manière consciente ou non.

Ceci renvoie clairement à une caractéristique bien connue de notre pays : celle d’une haute administration forgée souvent à l’ENA, en symbiose avec le pouvoir politique et inamovible, c’est-à-dire survivant aux alternances quelles qu’elles soient.

Elu député dans les années 1990, j’avais identifié les causes de l’incapacité du système politique français par la prééminence du pouvoir administratif à la faveur de son inamovibilité. La bureaucratie qui assaille notre pays en résulte largement. J’avais déposé à l’époque une série de propositions pour lutter contre ce mal français.

Trois me semblent toujours d’actualité. D’abord la réforme de la fonction publique par l’introduction d’un spoil system à la française permettant de renouveler tous les postes de la haute administration à chaque changement présidentiel (une proposition formulée par Emmanuel Macron lors de la présidentielle de 2017). Ensuite, l’impossibilité de cumuler une appartenance à la fonction publique avec l’exercice d’un mandat national. Je cite, en n, aussi l’évolution de la formation à la haute administration dispensée par l’ENA, maintes fois annoncée et toujours différée...

Les difficultés de maîtrise de la crise sanitaire jettent une lumière crue sur « l’Etat profond » à la française. Elles peuvent avoir le mérite, si l’on en prend conscience, d’expliquer que nombre de politiques menées ces dernières décennies ont été plus le fait de convictions administratives que de choix émanant clairement du pouvoir politique avec le résultat que nous connaissons. Il devient urgent d’en tirer les conséquences !

(*) Ex-ministre du Commerce, des PME et de l’Artisanat du gouvernement Fillon, Hervé Novelli est porte-parole de la Fondation Concorde. 

Source : l'Opinion 14/05/2020

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jeudi, 14 mai 2020

Au secours, ils réclament de la démocratie !

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Par Natacha Polony*

Vous ne le saviez pas, mais un danger nous guette. Bien plus sournois que le virus. Bien plus terrible que la crise économique et sociale qui se dessine. Nous avons assisté, effarés, à la paralysie d’un système fondé sur le court terme, le flux tendu et la dépendance à des approvisionnements en provenance de l’autre bout du monde, nous avons vu un Etat impuissant parce que imprévoyant, réduit à mentir parce qu’il avait renoncé depuis des décennies à ses prérogatives et à sa capacité d’action, nous avons constaté les conséquences de ce dogme aberrant de l’abandon des filières industrielles et agricoles que devaient remplacer le tourisme et le loisir. Les mêmes aberrations qui provoquent la destruction des sols et de la biodiversité et les émissions de gaz à effet de serre par des millions d’avions et de porte-conteneurs géants créent des fragilités que le virus a révélées... Mais tout cela n’est rien devant le risque majeur, celui de voir des citoyens tentés par la « fermeture », le « populisme » ou le « nationalisme ».

L’avertissement est lancé au fil des éditoriaux et des commentaires de plateau télé par tout ce que la France compte de vigies de l’idéologiquement correct. Pensez donc, avec ces histoires de relocalisation, ces critiques de la mondialisation néolibérale, certains pourraient basculer du côté obscur... Heureusement qu’il reste des repoussoirs, Trump, Johnson, Orbán ou Bolsonaro, à jeter à la figure des téméraires qui s’imagineraient que le monde d’après doit s’éloigner un peu trop du monde d’avant. Il suffit de les a affubler du qualicatif « souverainiste », et le tour est joué ! « Tout ce que j’ai toujours prôné s’écroule, j’ai passé mon temps à diaboliser ceux qui alertaient ou qui proposaient des alternatives en les renvoyant systématiquement à l’extrême droite, mais, attention, il ne faudrait pas admettre que je me suis planté et qu’ils avaient raison. Le souverainisme, c’est Trump, c’est Bolsonaro, et c’est très mal. D’ailleurs, face au virus, ils sont irresponsables. » Ceux-là n’ont rien à voir avec une quelconque défense de la souveraineté du peuple ? Ils affichent un nationalisme mâtiné d’ultralibéralisme ? On n’est pas à ça près. S’il fallait en plus pratiquer l’honnêteté intellectuelle...

On a donc vu, depuis le début de cette crise, fleurir les critiques outrées contre l’« escroquerie souverainiste » (ça, c’est sous la plume de Laurent Joffrin, mètre étalon de la pensée conforme et téléphoneur du soir de François Hollande, ce président dont le bilan rayonne aujourd’hui), les rappels de cette merveille que fut l’action des instances fédérales de l’Union européenne (puisqu’il vaut mieux éviter de rappeler que les traités régissant cette Union ont favorisé la désindustrialisation massive et empêché toute forme d’indépendance économique et stratégique) et, même, un couplet de Daniel Cohn-Bendit contre le « nationalisme déplorable » des Etats européens. C’est sans doute ce nationalisme atavique qui provoque la colère et le dégoût exprimés par les Italiens depuis qu’ils ont été abandonnés à leur sort... Dans un autre style, Etienne Gernelle, patron du Point, expliquait sur France Inter jeudi 7 mai que Nicolas Hulot, qui s’oppose aux traités de libre-échange, est en fait d’extrême droite. Mieux, puisque la mondialisation et le libre-échange ont sorti de la pauvreté des millions d’êtres humains, être opposé aux traités de libre-échange signés en toute opacité par l’Union européenne avec le Vietnam ou le Mexique, c’est être un vrai salaud. Il n’effleure pas une seconde l’esprit de notre fringant analyste que le problème n’est pas la mondialisation mais la dérégulation, laquelle a permis que cette extension des échanges se fasse sur le dos non pas des plus riches, qui se sont encore enrichis, non pas des multinationales, qui ont atteint des capitalisations stratosphériques et caché des montagnes d’argent dans les paradis fiscaux, mais des membres des classes moyennes et populaires des pays occidentaux, qui, en plus, se font traiter d’égoïstes et de salauds.

Tous ces aimables commentateurs ont vu leur monde s’effondrer. La social-démocratie comme le néolibéralisme décomplexé ont applaudi à la dérégulation, aux obsessions gestionnaires qui réduisaient le champ des services publics pour éviter de s’attaquer à l’optimisation fiscale, à la désindustrialisation au nom de la modernité, au dumping social et fiscal au nom de la « libre circulation » des capitaux. Alors, pour éviter de constater le naufrage, il faut laisser croire qu’il n’y a pas d’autre choix. Trump, Bolsonaro, Marine Le Pen, il faut à tout prix souligner combien ils ont été lamentables, combien ils ont dit d’âneries durant cette crise... Et c’est vrai. Sauf que, à aucun moment depuis le déclenchement de la pandémie – et c’est d’ailleurs le plus rassurant –, on n’a perçu un élan des foules vers des discours nationalistes ou autoritaires. Ce qui s’est manifesté n’a rien à voir. C’est un appétit de maîtrise, osons le mot, de souveraineté. Une envie de rebattre les cartes pour préserver la planète et retrouver la promesse de justice qui donne son sens à notre pacte social. Une exigence de démocratie. Visiblement, ça en fait trembler certains.

(*) Natacha Polony est directrice de la rédaction de Marianne. Source : Marianne du 14/5/2020.

 

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dimanche, 10 mai 2020

La fête est finie

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Jean-Gilles Malliarakis L'Insolent cliquez ici

En ce 10 mai, dimanche pluvieux, tous les habitants de la France, un peu en retard sur le reste de l'Europe, se préparent à revivre. Peut-être fêtera-t-on dans les prochaines années le 11 mai. Exagérons un instant le trait. Éclipsant la charmante mémoire de sainte Estelle, patronne de la Provence, cette journée deviendrait ainsi la fête du merveilleux déconfinement. La légende des hommes de l'État n'hésiterait pas dès lors à chanter au bon peuple la grâce de nos bons maîtres, nous ayant si généreusement octroyé la liberté de sortir de chez nous.

Lequel des lecteurs de cette chronique accepterait pourtant de croire en cette fable ?

Les folies mémorielles de mai nous incitent en effet à revisiter, dans leur ensemble, tous ces jours fériés dont on a oublié l'origine. Plusieurs anniversaires, et autres fêtes, sont advenus en ces jours de printemps. On évoque dans l'Hexagone, chaque année le 8 mai, un événement survenu à Berlin en 1945. Et le 9 mai c'est à Bruxelles, dans les bureaux des institutions européennes, et dans un certain nombre de pays, sauf le nôtre, une honorable déclaration faite à Paris par le ministre du quai d'Orsay. Cherchez l'erreur : vous en trouverez plusieurs.

Toutes ces festivités sacrifient-elles au plus sombre des passéismes ou annoncent-elles un avenir radieux ? On peut et on doit se poser la question.

D'instinct nous voudrions que le passé ne meure jamais.

Or, l'une des plus fortes, des plus terribles, mais aussi des plus mystérieuses images de la Bible se trouve dans le livre de la Genèse. La femme de Loth quitte la ville maudite de Sodome. Il lui est ordonné de ne pas regarder derrière elle. Ayant enfreint l'interdit, elle fut transformée en statue de sel.

Car il faut savoir, dans certaines circonstances, affronter la rupture. On doit pouvoir prononcer le mot qui fâche dans notre société qui se veut consensuelle, bienveillante et sans férocité.

Ce mot ? C'est non.

Non d'abord aux erreurs, aux lâchetés et aux médiocrités qui nous ont fait tant de mal. Tournés vers un passé mensonger, négateur de la vérité historique, on commémore beaucoup trop de choses en France. Et il en résulte, accessoirement, cette addition dommageable de jours fériés que les bons esprits déplorent parfois, en omettant toujours d'y remédier.

On ne célèbre pas encore, au catalogue des lois mémorielles extravagantes qui s'amoncellent, le 7 mai 1954. Lorsque la chute de Dien Bien Phu fut annoncée à la chambre des députés, toute l'assemblée s'est levée pour rendre hommage au courage et à l'abnégation des soldats français, vaincus après 57 jours de résistance.

Seuls les communistes restèrent assis, précurseurs des racistes anti blancs qui font actuellement la loi.

Trois ans plus tôt, en 1951, l'offensive De Lattre avait été victorieuse, en octobre à Nghia Lo, en novembre à Cho Ben et à Hoa Binh. Mais en janvier 1952, celui qu'on appelait le Roi Jean meurt ; il est fait maréchal de France. Soutenus par l'URSS stalinienne et la Chine communiste, l'adversaire reprend sa lutte sanglante. Qu'imprime alors L’Humanitéce 6 mars 1952 ? "Félicitations au succès du Vietminh. Nous sommes de cœur avec lui. Nous envoyons aux troupes du Vietminh notre fraternel salut et notre témoignage de solidarité agissante". On se félicite que le PCF ne recueille plus que 2 % des suffrages, mais historiquement, culturellement, mémoriellement, les causes l'on encense demeurent toujours celles que ce parti a soutenu.

Du 8 mai, Giscard d'Estaing avait imaginé de faire la fête de l'Europe. Il ne comprit jamais que nos voisins et cousins germains n'aient pas applaudi au projet. Ils trouvaient eux-mêmes plus convenable que l'on s'en tînt à l'estimable souvenir de la Déclaration Schuman du 9 mai 1950. Le rappel de cet événement constructif demeure toujours cantonné, hélas, aux institutions de Bruxelles. Le même Giscard s'étonnait d'ailleurs, un soir où il dînait au 10 Downing street, qu'un tableau y représente la victoire de Wellington à Waterloo.

En fait, nos technocrates et nos maîtres ne connaissent pas grand-chose de l'histoire du pays qu'ils dirigent et qu'ils conduisent vers l'abîme. Ils ne comprennent rien à la puissance de l'espace symbolique.

Inutile jour férié, le 8 mai glorifie l'armistice signé par le maréchal Keitel et une partie des alliés occidentaux parmi les nombreuses nations ayant participé au débarquement de Normandie.

Le lendemain 9 mai à Berlin arrivaient les Soviétiques. C'est ce jour-là qu'on célèbre, aujourd'hui encore, à Moscou. Les troupes de Staline, parachevaient ainsi la conquête de l'Europe de l'est. La partie orientale de notre continent leur avait été livrée par la Déclaration sur l'Europe libérée publiée à Yalta le 11 février 1945, confirmée à Potsdam en août.

Churchill aurait dit plus tard, mais il ne l'a écrit nulle part, la citation reste célèbre mais fausse comme bien souvent, et cependant on l'a retenue : "we killed the wrong pig".[1]

Évitant autant que possible l'abus de la langue anglaise dans un texte français, je cite ici cet apophtegme apocryphe dans son jus mythique original, en suggérant même d'en faire un exercice de traduction analytiquement impossible : que veut dire ici "we" ? Que veut dire "killed" [En fait "slaughtered"] ? Que veut dire "the" ? "wrong" [on le traduit en français par "mauvais", or cet adjectif possède un double sens dans notre langue] ? "pig" [s'agit-il d'un porc véritable ou d'une marionnette dans un jeu d'enfant ?]

En tout cas, et en bref, les Occidentaux ne semblent pas avoir pris assez vite clairement conscience le 8 mai 1945 du projet de leur allié stalinien. Le pacte atlantique de 1949 toujours en vigueur n'a jamais prévu que des clauses défensives, en cas de nouvelle agression militaire caractérisée. Il fallut attendre la présidence Reagan pour que Washington se prononce, 40 ans plus tard, pour la victoire de la liberté – d'abord dans les pays baltes, dont les États-Unis n'avaient pas reconnu l'annexion en 1939 – puis sur tout le continent.

La république jacobine si fière d'inscrire le mot de liberté dans sa devise n'a pas fait mieux. Bien au contraire, en 1991 la ville de Paris refusait de rendre les beaux bâtiments de leurs légations respectives aux Lettons, aux Estoniens et aux Lithuaniens que les autorités d'occupation allemandes avait donnés à leurs alliés soviétiques pendant l'été 1940.

Dans la foulée sans doute, et selon la logique du confinement des cultes, l'État ne les a pas laissé organiser eux-mêmes leur délicat déconfinement.

Et c'est ainsi, pour remédier au foisonnement des jours de congés, la suppression de la seule fête légale de l'Ascension que de bons esprits au sein des représentants du Gros Argent viennent de suggérer.[2]

Il est vrai que, située un jeudi, celle-ci alourdit gravement le calendrier productif du pays. Bien pis, elle commémore un événement et un propos qui concluent l'évangile selon saint Mathieu "allez et de toutes les nations faites des disciples"(Mt 28,19). L'ultime verset suivant affirme "je serai avec vous jusqu'à la fin du monde".

La réforme du calendrier social, si maladroitement et grossièrement proposée, pourrait encourager, si elle était adoptée, la prédication hérétique de toutes sortes de sectes blâmables, apocalyptiques et conspirationnistes.

N'y succombons pas. Contentons-nous d'observer que dans un monde plus dur, ce sont toujours les plus faibles et les plus pauvres que l'on fait payer, pour les erreurs des autres.

Notes

[1] En réalité  ce jugement lui fut attribué plus tard sous la forme suivante: "It is clear to me now that we have slaughtered the wrong pig" cf. The New Statesman and Nation, volume 35, page 373, daté du 28 août1948."

[2] "Concernant le jour férié de l’Ascension, l’Institut Montaigne milite pour sa suppression pure et simple, à titre définitif". Cela vient des fameux décodeurs du Monde. Ce n'est donc pas un des nombreux bobards qui circulent et que Sibeth N prétend pourchasser.

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samedi, 09 mai 2020

VINCENT VAUCLIN : « LE MONDE D’APRÈS POURRAIT BIEN MARQUER UNE NOUVELLE ÉTAPE DANS LE PROCESSUS DE DÉRIVE AUTORITAIRE DU MONDIALISME LIBÉRAL »

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Source Paris Vox cliquez ici

LA DISSIDENCE FRANÇAISE A PRÉSENTÉ RAPIDEMENT UN PLAN AFIN DE RÉPONDRE À CETTE CRISE SANITAIRE. QUEL EST VOTRE SENTIMENT SUR LA GESTION DE LA CRISE ACTUELLE PAR LE GOUVERNEMENT ?

En effet, la Dissidence Française fut l’un des premiers partis politiques français à présenter un plan global de gestion de crise décliné qui décline une trentaine de propositions concrètes, et ce dès le 24 mars. Et déjà, nous alertions l’opinion sur l’inertie du gouvernement, le non-respect des mesures de confinement dans les banlieues immigrées, l’absence de tests, de masques et de gels désinfectants, le manque de moyens dans les hôpitaux, le refus obstiné de fermer les frontières, les conflits d’intérêts impliquant l’industrie pharmaceutique et de hauts responsables politiques, et les conséquences considérables que ferait peser une prolongation du confinement sur l’économie française et notamment sur les PME, les artisans et les commerçants. 

Pour être très clair, à la question de savoir si le gouvernement aurait pu agir autrement nous répondons évidemment oui. On apprend aujourd’hui qu’Emmanuel Macron et Jean-Yves Le Drian furent informés dès le mois de décembre, par l’ambassadeur de France en Chine, du risque particulièrement élevé de pandémie. Rien n’a alors été fait par le gouvernement, hormis le classement de l’hydroxychloroquine sur la liste des substances vénéneuses par Jérôme Salomon sur ordre d’Agnès Buzyn, alors ministre de la Santé, le 13 janvier 2020. Beaucoup de questions se posent, et ce d’autant plus que les médias atteignent des niveaux inégalés de servilité à l’égard du pouvoir, et ne cessent d’instruire des procès en « complotisme » contre ceux qui osent encore se poser des questions, y compris lorsqu’il s’agit de spécialistes mondialement reconnus. Pourquoi ne pas avoir fermé les frontières dès l’alerte de l’OMS ? D’où vient réellement ce virus ? Quel est le niveau d’implication du laboratoire P4 de Wuhan, inauguré par Bernard Cazeneuve, Yves Levy et Marisol Touraine en 2017, dans l’avènement de l’épidémie ? Pourquoi de telles réticences à autoriser l’usage du protocole du professeur Raoult pour le traitement des malades malgré les preuves de son efficacité ? Pourquoi avoir maintenu le premier tour des élections municipales contre l’avis de tous les spécialistes ? Pourquoi ne pas avoir constitué plus tôt des stocks de masques pour les faire distribuer à la population par les mairies et les préfectures, et permettre ainsi une levée rapide du confinement ? Pourquoi ne pas avoir réquisitionné des sites de production pour fabriquer en masse des équipements de protection pour les soignants, et les cliniques privés pour accroître le nombre de lits de réanimation ? Pourquoi ne pas avoir décrété le couvre-feu dans les banlieues après les nuits d’émeutes suite à l’incident de Villeneuve-la-Garenne ? Pourquoi ne pas avoir anticipé la relocatisation de la production de médicaments en France ? Pourquoi ne pas avoir décrété une année blanche fiscale pour les entreprises comme pour les particuliers, en demandant, pour une fois, un effort aux banques plutôt qu’à une économie productive déjà exsangue ? 

Toutes ces questions nécessitent des réponses qui, dans tous les cas, seront lourdes d’implications. Elles engagent, d’ores et déjà, la responsabilité morale, politique et même judiciaire des différents protagonistes au pouvoir, et j’ai d’ailleurs adressé mon soutien aux patients et aux médecins qui ont décidé de saisir la justice pour obtenir des réponses. À l’instar de la catastrophe de Lubrizol, cette crise est scandale d’Etat qui marquera durablement la vie politique française et qui met en évidence les impréparations autant que les connivences du gouvernement Macron. Elle témoigne aussi des risques considérables que la mondialisation libérale fait peser sur notre pays, et c’est la raison pour laquelle nous avons lancé en mars une nouvelle campagne sur le thème « La France est malade du mondialisme ». Car si cette pandémie met une nouvelle fois en évidence la légèreté et l’impréparation du gouvernement Macron, elle est aussi révélatrice de la faillite intégrale du mondialisme libéral : ouverture des frontières, délocalisation des activités de productions essentielles en Chine, fragilité des chaînes d’approvisionnement et risques de pénuries, absence de contrôle et de régulation des flux de populations, financiarisation de l’économie, effacement des souverainetés nationales, dépendance accrue vis-à-vis de l’étranger… L’idéologie mondialiste a considérablement accru les risques socio-économiques, politiques et sanitaires qui pèsent sur les nations européennes, et notamment sur la France. Mais si notre pays est aujourd’hui malade du mondialisme, le nationalisme sera son remède. Il apparaît désormais évident que seule une politique fondée sur le protectionnisme et le localisme, sur le contrôle des frontières et des flux de populations, sur le rétablissement de la souveraineté nationale et de l’indépendance stratégique de notre pays pourra permettre à la France de sortir de cette crise pandémique et de se prémunir des prochains soubresauts de la mondialisation sauvage.

COMMENT PEUT-ON S’ASSURER QUE LE MONDE DE DEMAIN NE SERA PAS PIRE QUE CELUI D’HIER ?

Dans un ouvrage paru en 2017 intitulé « La stratégie du choc » et sous titré « La montée d’un capitalisme du désastre », la journaliste Naomi Klein démontre que lorsqu’une catastrophe grave survient (par exemple un cyclone, un attentat ou un conflit armé), la population concernée est soudainement plongée dans un état de sidération psychologique et de détresse traumatique. Certaines officines, des lobbies ou des gouvernements profitent alors de cet état de détresse et de désorganisation sociale pour imposer des réformes d’inspiration libérale-sécuritaire qui, dans un contexte normal, ne seraient jamais passées. Je crois que c’est ce qui est en train de se jouer dans un certain nombre de pays occidentaux, et notamment en France. De même que certaines dispositions provisoires de l’état d’urgence décrété après les attentats de 2015 sont finalement entrées dans le droit commun, des dispositions exceptionnelles décidées durant cette crise sanitaire pourraient bien être prorogées pour une durée indéfinie : restriction des libertés fondamentales de déplacement, d’opinion ou de réunion, contrôle de la presse au nom de la « lutte contre les fake news », légalisation de l’euthanasie, attaques contre le droit du travail… Je note d’ailleurs qu’il y a quelques semaines, une réunion de l’eurogroupe a décidé l’activation du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) afin de financer l’accroissement des déficits publics qui résultent de la gestion de crise. Ce que la plupart des gens ignorent, c’est qu’en contrepartie de l’octroi de cette aide financière ce dispositif obligent les gouvernements à la mise en oeuvre des « réformes structurelles » prévues par le TSCG et destinées à lutter contre les déficits : privatisations massives, accroissement de la pression fiscale, dérégulation des échanges, démantèlement du droit du travail, baisse des salaires et des pensions de retraite, mise sous tutelle de l’économie par les prédateurs financiers etc… On s’en souvient, c’est ce protocole qui fut infligé à la Grèce il y a une dizaine d’années, et qui nous est peut-être réservé aujourd’hui. À ceci près qu’il nous sera autrement plus difficile de nous y opposer puisque les mesures de « distanciation sociale » prescrites pour lutter contre l’épidémie interdisent évidemment les réunions, les manifestations, ou encore les déplacements vers la capitale… 

Un peu plus d’un an après l’insurrection des gilets jaunes, la « guerre » décrétée par Macron dans son allocution télévisée n’est donc peut-être pas celle qu’on croit. Et le monde d’après pourrait bien marquer une nouvelle étape dans le processus de dérive autoritaire du mondialisme libéral. Les nationalistes et patriotes français seront alors en première ligne dans cette nouvelle bataille, et doivent d’ores et déjà adapter leur stratégie de guérilla idéologique pour proposer une alternative politique crédible quand viendra l’heure des comptes. Je formulerai bientôt des propositions nouvelles en ce sens.

ON FÊTE LE CENTENAIRE DE LA CANONISATION DE JEANNE D’ARC CETTE ANNÉE. LA DF N’OUBLIE JAMAIS DE CÉLÉBRER LA SAINTE, AVEZ-VOUS PRÉVU QUELQUE CHOSE CETTE ANNÉE ?

Les circonstances exceptionnelles nous empêchent d’organiser la traditionnelle manifestation d’hommage à Sainte Jeanne d’Arc qui a lieu chaque année au mois de mai à Paris. Malgré tout, nous rendrons évidemment à Jeanne l’hommage qu’elle mérite ce dimanche, en réinventant pour l’occasion les modalités de notre mobilisation. Le programme de cette journée d’hommage sera dévoilé sous peu sur notre site cliquez là  et sur les réseaux sociaux : restez connectés !

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Le mondialisme ne fera aucune concession

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Par Paul Vermeulen

Un monde d’après qui ne serait plus jamais le même ? Des écologistes, végans et autres antispécistes se sont pris à rêver de gouvernements conduits par des chats, des chiens et des zèbres ; des souverainistes ont voulu voir l’amorce d’un retour des frontières ; ou encore des socialistes, gauchistes et autres insoumis imaginèrent, au vu du drame vécu par le système hospitalier, la ve- nue du grand soir. Des mouvements de droite comme de gauche, ou bien ni de droite ni de gauche, verraient bien poindre, avec cet imprévu dans l’histoire, la pos- sibilité d’une révolution. Sans compter la masse d’ écrits d’ intellectuels de tous les bords et de toutes les nationalités, publiés et traduits dans le monde entier, au sujet de ce que signifie cette pandémie, en attendant le déclenchement des machines à fric vers l’automne 2020, des éditeurs aux Lego ou Playmobil. BFMTV a commencé, LIDL « subventionnant » l’applaudisse- ment des soignants en direct à 20 heures, au profit – qui oserait douter que la philanthropie est de retour ? – des bonnes œuvres de ces mêmes soignants.

Au fond, il règne un étrange climat en France : des êtres humains meurent tous les jours mais une majorité de la population ne le voit pas concrètement. Le réel de la violence de la pandémie est déréalisé, ce qui pose des questions simples : vers quel monde allons-nous ? Sommes-nous capables d’un autre monde ?

Le mondialisme comme accélérateur de la crise sanitaire

Il est pour l’heure difficile d’affirmer que le mondialisme est responsable de la pandémie planétaire du Covid-19. Il est cependant certain que le mondialisme, idéologie dogmatique de la mondialisation conçue comme un hyperlibéralisme, autrement dit un libéralisme qui n’a plus de libéral que le nom, oubliant qu’il est une fonction au service des humains et non le contraire, en a favorisé le développement : des frontières et des sociétés ouvertes, la perte de souveraineté des nations, de la monnaie aux productions stratégiques en passant par la sécurité sanitaire, tout cela a conduit les pays les plus mondialisés et les plus dépendants de l’Asie, ceux d’Europe de l’Ouest et d’Amérique du Nord, à être les principales victimes de la pandémie.

C’est l’avant-garde du « modèle » qui s’est écroulé sur le plan sanitaire, et l’Union européenne a en particulier montré combien elle est incongrue, ce qui ne signifie pas qu’elle ne se relèvera pas de ses cendres, même si l’Italie peut la quitter. Reste que la pandémie a frappé en premier lieu les pays dirigés par les mondialistes, vecteurs principaux de la mondialisation. Les « dominants » ont été les principales victimes. Un schéma que le temps fera évoluer : les continents les plus pauvres n’échapperont pas à des bilans catastrophiques qui ne seront pas sans conséquences, migratoires en particulier, concernant nos sociétés.

Davantage de mondialisation

Au-delà des doux rêves, des belles ou dangereuses utopies, il est à craindre que le remède soit plus difficile à supporter que le mal. Les mondialistes sont incapables de penser le monde autrement que sur la base d’une société ouverte et liquide, summum de leur point de vue de la démocratie qu’ils pensent incarner. Il ne s’agira donc sans doute pas de changer le monde, de revenir à un monde d’avant, de créer un nouveau monde ou de fixer des limites ; ce dernier point est une impossibilité pour un mondialisme qui est un progressisme fondé sur l’illimité. Tout va s’accélérer, on entend déjà la chanson, humanité augmentée, surveillance numérique, digitalisation généralisée, dénaturation de l’humain...

Jacques Attali, mentor de Macron, président de Positive Planet, en parlait sur BFM le 24 avril : « Il ne faut pas attendre le retour du même. On ne retournera pas à la situation antérieure. » Pour lui, il faut développer en ligne, concurrencer Amazon : « Il faut que tout le monde innove et une mobilisation totale pour transformer la société. Il faut changer pour être prêt pour le monde qui vient. » Cela rappelle Macron : « Il va falloir se réinventer, chacun d’entre nous, et moi le premier. » La volonté est en réalité de repenser ce qui est, de l’orienter différemment. Attali ne veut pas demander « poliment » mais « réquisitionner ». La dictature approche : une simple « stratégie du choc » qui n’a rien d’un complot, juste un choix politique imposé par la force – à l’occasion de ce virus.

Une réadaptation ? La part de la Chine dans le système manufacturier mondial est passée de 7 % en 2000 à 25 % en 2018, les échanges mondiaux ont explosé, les porte-conteneurs forment des files d’attente à l’entrée des canaux, les migrations sont de- venues délirantes, comme le tourisme de masse, tout cela sur fond de numérisation accélérée. Difficile de penser que cette « réinvention » n’est pas le vœu des mondialistes : il s’agit d’adapter le système qui nous a conduits où nous sommes. De provoquer un « monde qui vient », mais tel qu’ils le souhaitent. La France montre l’exemple, le gouvernement trie les « bons » et les « mauvais » articles de presse sur un site Web de l’Etat, partout l’idée de contrôler les populations par le numérique et les smartphones, danger sur lequel j’attirais l’attention dans ces pages début 2020, devient une évidence (cf. Présent des 21 et 31 janvier 2020).

Attali, encore, et déjà en mai 2009 (L’Express), à l’occasion d’une épidémie : « On devra mettre en place une police mondiale, un stockage mondial et donc une fiscalité mondiale. On en viendra alors, beaucoup plus vite que ne l’aurait permis la seule raison économique, à mettre en place les bases d’un véritable gouvernement mondial. C’est d’ailleurs par l’hôpital qu’a commencé en France au XVIIe siècle la mise en place d’un véritable Etat. » Macron et Attali se sont rencontrés en 2007. Le Covid-19, pour les mondialistes, apparaît comme une occasion à saisir.

Source : Présent 8/5/2020

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jeudi, 07 mai 2020

Comment notre Etat s’est fait hara-kiri

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Jean-Yves Le Gallou

Les Français croient encore qu’ils disposent d’une administration napoléonienne : verticale, avec des ministres et des préfets, bref des chefs. C’est faux : après quinze ans de « modernisation », il n’y a plus que des « managers administratifs » qui pratiquent la « transversalité », recherchent « la qualité » et la « performance ». C’est précisément pour cela que la France manque de masques, de tests et de stratégie sanitaire face au coronavirus.

La « mise sous tension » du secteur santé a d’abord conduit à supprimer les stocks de masques. Et les « bonnes pratiques » de passation des marchés publics ont débouché sur la passation de trois très gros marchés à la Chine. On aurait pu en commander à une centaine de producteurs différents ou bien relocaliser en France la production de masques, ou encore favoriser l’artisanat commercial ou familial.

Des masques… fin juin

Autant de solutions pragmatiques qui n’auraient pas su satisfaire les (trois !) bureaux différents du service des achats du ministère de la Santé : les bureaux du « contrôle », de la « procédure » et de la « performance (!) ». Seuls de très gros marchés pouvaient correspondre aux exigences de la Sainte Trinité managériale en termes de droit, de normes et de règles de gestion. Grâce à ce cahier des charges, les Français auront de beaux et bons masques aux normes Afnor et commandés selon des procédures ISO… fin juin !

Et il ne s’est trouvé personne, ni ministre, ni directeur, pour bousculer, au vu des circonstances exceptionnelles, ces règles nuisibles. Si pour De Gaulle « L’action est le jeu divin du héros », le respect de la procédure est le devoir mesquin du bureaucrate managérial.

C’est un peu la même histoire pour les tests. Dans l’organisation traditionnelle de la France, le préfet coiffait les services départementaux de l’État, notamment la direction de l’Action sanitaire et sociale et les services vétérinaires. Trop simple. Au nom de la « modernisation » deux réformes ont été engagées : la « mutualisation » et la « régionalisation ». Résultat : nous disposons de douze agences régionales de santé (ARS) en métropole (après la fusion des régions voulues par François Hollande). Quant aux services vétérinaires, ils sont restés à la main des préfets dans le cadre des directions de la protection des populations ou des directions de la cohésion sociale.

Tests : trois semaines de perdues

Pour les tests, les labos publics des services vétérinaires disposaient des moyens les plus importants. Mais ils sont restés trois semaines l’arme au pied. Pas question pour la Santé de faire appel aux gueux de l’Agriculture. Ni pour les ARS de solliciter des services préfectoraux. D’autant qu’entre deux discours-fleuve, le Premier ministre a manqué de temps pour rendre des arbitrages…

Pour les traitements des malades symptomatiques, on a assisté aux mêmes délires : le lancement à grands sons de trompe d’une étude européenne (donc lourde par nature) sur les soins hospitaliers à privilégier en cas de forme d’expression grave de la maladie. Fantastique pour les « managers » de la Direction Générale de la Santé (DGS) et les grands laboratoires pharmaceutiques. Sauf que pour lutter contre l’épidémie, la vraie priorité aurait été de traiter dès l’origine les formes bénignes de la maladie pour limiter la contagion et essayer d’enrayer l’engorgement des services hospitaliers. Tout en laissant les médecins généralistes ou exerçant en Ehpad tester différentes pratiques. Au lieu de se borner à recommander (sans étude randomisée au demeurant)… la seule prise d’aspirine.

Des circulaires aussi parfaites qu’inapplicables

Le déconfinement ne s’annonce pas sous de meilleurs auspices. Le gouvernement a annoncé qu’il se ferait autour de deux pivots : les préfets et les maires. Ce qui pourrait passer pour un retour au bon sens territorial est aussi une entreprise de défausse. On vous explique : les administrations centrales de la Santé et de L’Éducation pondent des circulaires aussi parfaites qu’inapplicables. Si les préfets et les maires veulent les mettre en œuvre, ils ne déconfinent pas. S’ils veulent déconfiner, ils en prennent leur aise avec les circulaires : mais en cas de poursuites pénales (pour mise en danger de la vie d’autrui), ce sont eux qui se retrouvent devant les tribunaux. Philippe, Blanquer, Véran, et les directeurs d’administration qui en dépendent ne gouvernent pas, ils se bornent à se protéger des suites judiciaires de leur mal gouvernance.

C’est ainsi que le juge judiciaire va de facto imposer une poursuite du confinement au-delà des simples exigences sanitaires. Un juge judiciaire doublement irresponsable

– parce qu’il juge de ce qu’il aurait fallu faire ou ne pas faire A POSTERIORI, ce qui est plutôt… commode,

– et que lui n’est en rien responsable, ni poursuivable, pour ce qu’il décide.

Ce qu’on appelle l’État de droit n’est rien d’autre qu’une dictature judiciaire.

Le déclin du courage

C’est le grand Soljenitsyne, dans son discours de Harvard en 1978, qui explique le mieux notre situation : « Le déclin du courage est ce qui frappe le plus un regard étranger dans l’Occident d’aujourd’hui. Le courage civique a déserté non seulement le monde occidental dans son sens noble, mais même chacun des pays qui le composent, chacun de ses gouvernements, chacun de ses partis (…) Une société qui s’est installée sur le terrain de la loi sans vouloir aller plus haut n’utilise que faiblement les facultés les plus élevées de l’homme. Lorsque toute la vie est pénétrée de rapports juridiques, il se crée une atmosphère de médiocrité morale qui asphyxie les meilleurs élans de l‘homme. Et face aux épreuves du siècle qui menacent, jamais les béquilles juridiques ne suffiront à maintenir les gens debout. »

Source Causer cliquez ici

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mercredi, 06 mai 2020

La fraude sociale

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Charles Prats, ancien magistrat de la Délégation nationale à la lutte contre la fraude (DNLF) au ministère du Budget, aujourd’hui délégué au développement de l’Association professionnelle des magistrats (APM), estime que 2,5 millions d’individus « fantômes » bénéficieraient de 30 milliards de prestations sociales indues. Un scandale, selon lui, symptomatique de la mauvaise gestion de nos dépenses publiques.

A lire ICI

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Une crise qui modifie notre rapport au progrès

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Par Sophie Amsili

Depuis plusieurs semaines, sur une grande partie de la planète, les usines sont restées portes closes, les voitures n’ont pas quitté les garages, le ciel s’est quasiment vidé de ses avions et la pollution de l’air a chuté, tout comme le bruit des villes. Des canards ont réinvesti des rues de Paris, quand celles de San Francisco voyaient réapparaître quelques coyotes. Qui n’a pas entendu un proche se réjouir de cette « pause » ? D’un retour à la nature qui serait, somme toute, une contrepartie bienvenue à la crise générée par la pandémie de coronavirus. « La pause actuelle donne l’impression d’une rupture dans un cycle et l’occasion de mettre à plat ce qui est utile dans la société et ce qui ne l’est pas », confirme Vincent Bontems, philosophe et chercheur au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). Pour le chercheur, ces questionnements sont les « symptômes d’une crise culturelle », notamment autour d’une notion qu’il a beaucoup étudiée : le progrès.

Le progrès nous a-t-il menés trop loin ? Qu’attend-on encore de lui ? Le Larousse le définit comme l’« évolution régulière de l’humanité, de la civilisation vers un but idéal ». Avant le XVIe siècle, le progrès désignait une simple avancée, mais Francis Bacon lui a ajouté une dimension qui ne l’a jamais quitté : l’accumulation de connaissances pour aller vers le meilleur. Qu’il s’agisse du confort, de la santé, la paix, la liberté, la sécurité ou encore la morale. L’idée a de quoi faire rêver. Pourtant ce n’est plus le cas aujourd’hui. Les chercheurs Etienne Klein et Gérald Bronner ont étudié ses occurrences dans les dis- cours publics français : à partir des années 1980, le terme se fait plus rare pour céder la place à un autre, plus ancien : « l’innovation ». D’après leurs travaux, en 2007, tous les candidats à la présidentielle évoquaient encore la notion de « progrès ». Ce n’est plus le cas en 2012.

« L’innovation est pourtant une conception très dégradée de l’idée de progrès », explique Etienne Klein, philosophe des sciences et égale- ment chercheur au CEA. « Le progrès, c’est accepter de sacrifier son présent personnel au nom des générations futures. Il s’appuie sur l’idée que le temps est notre allié », poursuit-il. A l’inverse, l’innovation est perçue comme une « condition de survie » pour répondre aux défis de l’avenir. C’est le pessimisme grandissant sur l’avenir de l’humanité qui a détrôné l’idée de progrès. Interrogé sur le bilan de la décennie 2010- 2020 qui vient de s’achever, Pierre Dockès, spécialiste de l’histoire de la pensée économique, évoque une « rupture eschatologique » : « Jusqu’à la fin du XXe siècle, malgré des périodes de doutes, on avait tendance à croire que l’âge d’or était devant nous, expliquait-il. Aujourd’hui, on pense que demain sera moins bien et que nos enfants auront moins que nous. »

Le progrès n’a pas fait disparaître les inégalités. Il n’a pas non plus mis à terre les régimes autoritaires. Surtout, il est désormais posé comme « contre la nature », en puisant et épuisant les ressources de la planète dans une fuite en avant sans issue. L’avenir inquiète, au point qu’on ne l’évoque même plus. « L’horizon temporel s’est rétréci, on ne parle plus de 2050 ni de 2100 », note Etienne Klein. Si ce n’est sur d’effrayants graphiques montrant les catastrophes écologiques à venir.

Pour croire de nouveau en notre avenir, il faut revoir notre définition du progrès qui a dérivé au cours de l’histoire, argumente Vincent Bontems : les machines, qui étaient cesées nous faire effectuer autant de tâches avec moins d’énergie et en moins de temps, nous servent en fait à en faire toujours plus, explique-t-il. Le progrès technique doit nous permettre de « décélérer », et non l’inverse, résume le chercheur, s’appuyant sur les travaux du philosophe Gilbert Simondon. Mais d’autres logiques sont entrées en jeu : la compétition, la recherche de puissance et de profit... et le progrès a fini par se confondre avec la croissance économique.

Doit-on alors se réjouir de la décélération brutale imposée par le con- finement, et prôner la décroisance ? Pour Vincent Bontems, cette opposition entre croissance et décroissance est « simpliste ». Le progrès n’est en effet ni le retour au silence et à l’air pur que nous connaissons actuellement, ni l’accumulation continuelle à l’œuvre depuis des décennies. Le « monde d’après » la crise du coronavirus, s’il en émerge un, doit en forger sa propre définition. « Nous savons ce que nous voulons éviter – les épidémies, le changement climatique... –, mais nous ne savons pas ce que nous voulons », résume François Gemenne, chercheur en sciences politiques à l’université de Liège et membre du GIEC, le groupement international d’experts sur le climat. « On a associé le progrès à l’idée de plus, alors que le grand défi est de l’associer à celle de mieux », poursuit-il.

La crise actuelle pourrait nous y aider. « En quelques semaines, elle a modifié notre rapport au futur », salue Etienne Klein, qui note qu’« on n’entend plus les climatosceptiques et collapsologues, car on pense à l’après-crise et non plus à la fin du monde ». Un premier pas vers une vision plus optimiste d’un destin commun qui pourrait profiter à tous

Source : Les Echos 6/05/2020

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On refait le monde*

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Par Eugénie Bastié

« Le choléra nous est arrivé dans un siècle de philanthropie, d’incrédulité, de journaux, d’administration matérielle », note Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe. « Il s’est promené d’un air moqueur, à la clarté du jour, dans un monde tout neuf. » En 1832, on croyait que sous le soleil de la monarchie de Juillet s’épanouiraient enfin les fleurs de la prospérité, l’urbanisation, la révolution scientifique, l’industrialisation. Las, dans le ventre de Paris, le choléra semait la mort comme dans les temps médievaux. En 2020, c’est dans le « nouveau monde » de la « start-up nation » que se promène d’un air malin le coronavirus, obligeant une nation avancée et mo- derne, une puissance mondiale, à recourir à la pratique primitive de la quarantaine généralisée. Libéralisme, alliance des bourgeoisies, saint-simonisme, barricades et maintenant épidémie : décidément, le dernier président de la mondialisation, Emmanuel Mcron, aura eu plus d’un point commun avec le dernier roi de France, Louis-Philippe.

À l’époque du choléra, les ultras favorables à un retour strict de l’Ancien Régime voyaient dans le fléau le doigt de Dieu punissant l’usurpateur, tandis que les républicains en embuscade fustigeaient l’impéritie de la monarchie et plaidaient la cause de l’hygiénisme pour assainir les foyers d’infections qu’étaient les logements insalubres de la capitale. Aujourd’hui, on n’invoque plus la punition divine mais le juste châtiment d’une mondialisation libérale, on ne pointe plus l’insalubrité publique mais le démantèlement de l’État providence. Dans le pays de Descartes et de la tabula rasa, le démon de la théorie se déchaîne. Est-ce parce que la réclusion fait chauffer les imaginations ? Que chacun, enfermé dans son poêle, refait le « monde d’après » à loisir par tribunes interposées, sans que la contradiction ni la conversation ne viennent polir ces échafaudages théoriques ? Ou bien parce que la crise du coronavirus intervient dans une vie des idées déjà extrêmement bouillonnante et clivée ? Reste que jamais dans l’histoire une rupture ne s’est pensée aussi intensément et immédiatement.

Les penseurs carburent. Les utopistes déroulent leurs cités idéales sur les ruines fumantes de l’économie tandis que les déclinistes affirment qu’ils avaient eu raison trop tôt. Certains sont plus modestes. « Oserais-je le dire ? Je ne crois pas que la philosophie nous soit d’aucun secours aujourd’hui », dit par exemple l’essayiste Adèle Van Reeth dans un « tract de crise » chez Gallimard. Dire qu’on ne peut rien dire, reduire toute tentative d’analyse à une manifestation grossière de l’esprit de système est devenu du dernier chic dans certains cercles de pensée. Car si on peut, comme Tocqueville, haïr « ces systèmes absolus, qui font dépendre tous les événements de l’histoire de grandes causes premières se liant les unes aux autres par une chaîne fatale », reste qu’il est dans la nature de l’homme de ne pas se sou- mettre aux caprices du destin et de vouloir sans cesse tirer des leçons de ce qui lui arrive. «Il y a des décennies où rien ne se passe et des semaines où des décennies se produisent », disait Lénine. La crise du coronavirus a été un formidable catalyseur de la vie intellectuelle, accentuant des clivages établis, accélérant des recompositions en cours, convertissant certains cœurs, voyant le retour de vieilles idées émigrés, ou bien la péremption de certaines qu’on croyait nouvelles. Virus de droite, virus de gauche, chacun voit dans la maladie l’aube d’un « monde d’après » redessiné selon ses plans.

(*) le titre est de la rédaction. Le titre originel est Souverainisme, libéralisme ou gauche radicale…Six familles de pensée face au virus.

Source : Le Figaro 06/05/2020

08:37 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

mardi, 05 mai 2020

Coronavirus : changer de modèle économique ? Pas si vite...

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Par Patrick Artus*

Les intellectuels, les économistes, les hommes politiques évoquent en Europe le passage à un autre modèle économique après la crise du coronavirus, passage qu’une très grande partie des opinions appelle de ses vœux. Il s’agit de s’occuper davantage du long terme, des activités stratégiques, des salariés mal payés mais indispensables, des populations les plus fragiles... Bref, de remédier à de nombreuses anoma- lies du modèle économique de l’Europe soulignées par cette nouvelle crise : la délocalisation de l’industrie du médicament et du matériel médical, le sous-investissement dans le système hospitalier, l’existence de populations fragiles (salariés titulaires de contrats de travail très courts, familles monoparentales...), la dépendance de l’activité économique vis-à-vis de certaines professions pour- tant mal payées, donc peu considérées.

Ces observations renforcent la demande d’une évolution de notre modèle dans quatre directions. D’abord, une plus forte préoccupation pour le long terme, qui impliquerait des dépenses publiques accrues de santé, d’éducation et de formation, de développement des industries du futur, un souci beaucoup plus important pour le climat et l’environnement ; ensuite, la relocalisation des industries et services stratégiques, qui ne sont pas seulement le médicament ou le matériel médical, mais aussi le matériel de télécom, le matériel pour les énergies nouvelles, l’électronique, les services Internet... ; aussi une revalorisation des salaires des professions importantes pour le fonctionnement de la société et de l’économie (enseignants, personnel de santé, salariés de la distribution, de la sécurité, etc.) ; enfin, un effort pour réduire la taille des populations les plus fragiles, par exemple en favorisant les contrats de travail à long terme, ou, c’est souvent évoqué, par l’instauration d’un revenu minimum. Toutes ces évolutions, qui ont un sens du point de vue à la fois de l’efficacité économique et de l’équité, peuvent certainement faire l’objet d’un large consensus en Europe. Mais avant de s’enthousiasmer, il faut se rendre compte qu’il existera de nombreux obstacles à leur mise en place.

Le premier obstacle sera la difficulté pour les Etats européens de financer les dépenses publiques nécessaires. Les déficits publics vont devenir très importants en 2020 avec le recul de l’activité (un déficit public de 7 ou 8 % du PIB pour l’ensemble de la zone euro, ou même plus, va apparaître), et il faudrait ajouter à ces déficits publics de nature cyclique une nouvelle couche de déficits publics structurels, pour financer les dépenses de santé, d’éducation, de soutien des plus bas revenus, de relocalisation, liées à la transition énergétique. Il existe certainement une limite à la capacité d’absorption de dette publique par les marchés financiers, même si la BCE poursuit ses achats de dette et si une partie des déficits publics est mutualisée au niveau européen. Le deuxième obstacle concerne les relocalisations. Certes, on voudrait que l’Europe produise les biens et services stratégiques dont elle a besoin, mais il faut rappeler que le coût de production est deux fois plus élevé dans la zone euro que dans l’ensemble des pays émergents. Se priver complètement des délocalisations vers les pays émergents réduirait de 4 % le pouvoir d’achat des Européens.

Le troisième obstacle vient de l’exigence très élevée de rentabilité du capital pour les actionnaires dans le capitalisme contemporain, 12 % sinon 15 %. Si une entreprise a une exigence aussi forte de rentabilité du capital, cela signifie qu’elle utilise un taux d’actualisation également très élevé pour évaluer les projets d’investissement. Il y a donc une forte contradiction entre une préoccupation accrue pour le long terme et une rentabilité exigée très forte du capital. Enfin, le dernier obstacle résulte de la dégradation de la situation financière des entreprises pendant la crise du coronavirus. La chute des chiffres d’affaires (en moyenne 35 %) conduit à de fortes pertes et à une forte hausse de l’endettement. Or des entreprises endettées, d’une part, vont essayer de réduire leurs investissements (ceux, par exemple, nécessaires pour les relocalisations), d’autre part, vont être réticentes face à de nouvelles contraintes (climatiques, environne- mentales, du marché du travail) ou à la nécessité d’augmenter les rémunérations de certaines catégories de salariés. Dans ce contexte, l’enthousiasme post-crise peut se transformer rapidement en un sentiment d’impuissance.

(*) Patrick Artus est chef économiste et membre du comité exécutif de Natixis. Il est membre du Cercle des économistes.

Source : Les Echos 5/05/2020

12:18 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |

samedi, 02 mai 2020

Le capitalisme face à l’incertitude radicale du monde

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Par Giles Laferté*

Du manque de masques et de tests à l’annonce d’un déconfinement chaoti­que, un sentiment d’im­provisation a traversé nos sociétés, qui contraste avec l’exercice classique d’un pou­ voir dont l’autorité sociale repose justement sur la préparation de l’avenir. Comme un adolescent qui se pense immortel, pourquoi l’Occident n’a­-t­-il cru à cette crise annocée que face au mur ?

A mesure de l’étendue de la crise, les populations en voudront tou­jours plus à leurs dirigeants, les sanctionnant politiquement le jour venu. Et nous devrons proba­blement vivre des conséquences ju­diciaires vengeresses. Les oppositions politiques de chaque gouver­nement en feront leur miel. Mais il semble un peu court de résoudre par ce jeu démocratique notre difficulté collective. Tous auraient probablement failli. La diffi­culté des démocraties occidentales est générale. Au-­delà des erreurs per­sonnelles de tel ou tel dirigeant, les explications sont plus fondamenta­les et sans doute multiples.

L’une d’elles pourrait être inscrite dans l’esprit même d’un moment du capitalisme. Il est sans doute révéla­teur que les plus capitalistes des dirigeants, Donald Trump et Jair Bolsonaro, ont le plus longtemps possi­ble nié la catastrophe qui s’annonçait – notons que ce sont les mêmes qui sont climatosceptiques et n’y croi­ront probablement que lorsqu’il sera trop tard – comme si, par autoconvic­tion, ils avaient le pouvoir de gar­der l’avenir prédictible et sous leur contrôle. Longtemps, une telle crise est demeurée pour beaucoup impen­sable. Une fois admis ce qui s’avan­çait, Donald Trump a alors été clair : « On n’arrête pas le capitalisme. » Cette phrase interpelle pour qui s’intéresse au processus historique.

Trop de personnes, de projets, d’en­ treprises sont engagés dans l’avenir par la dette pour que les possibles prévus n’adviennent pas. Le remède serait pire que le mal ! La perte de contrôle produit une catastrophe économique et sociale qui sidère gouvernants et population. Et la réponse est sans doute en partie là, dans la capacité du capitalisme à se convaincre, en s’appuyant sur le « sa­voir médical » et sur l’Etat notam­ment, qu’il peut réduire l’incertitude radicale du monde en construisant une société prédictible et certifiée, capable de gérer son risque.

Capitalisme autoréalisateur

Concernant la santé, cela se lit dans les questionnaires que nous rem­ plissons auprès des assureurs au moment de demander un prêt. Informé du risque global du groupe dans lequel est catégorisé le client et lui affectant ainsi une probabilité de décès, il suffit d’appliquer un prix plus élevé à la mesure du risque de ce groupe pour produire un avenir assuré. La santé est une variable prévisible à l’échelle collective. Des business plans au credit scoring, des études de marché au bilan des entre­ prises, du tracking au marketing automatisé, tout conduit à certifier l’information économique et à réduire les incertitudes pour les transformer en risque optimisé par catégorie de personnes, d’entre­ prises, de marchés.

Ces catégories sont produites à la fois par les données statistiques mises en série, toujours ré­affinées par les big data, qui valent de l’or puisqu’ils enregistrent nos compor­tements et prédisent l’avenir proba­bilisé, et par les certifications délivrées par les institutions au premier rang desquelles l’Etat, grâce à l’appa­reil scolaire (les diplômes) ou les impôts (les déclarations fiscales, les états matrimoniaux et actes de naissance...), et les employeurs (feuilles de salaire).

Cette profusion de données ren­force une société capitaliste qui contrôle et se rêve autoréalisatrice et reproductive. La banque, comme gardienne du futur probabilisé de la société salariale et entrepreneu­riale, accordera ou non un prêt selon le profil social et médical et selon la nature des activités envisagées. Endettons­-nous, consommons, inves­tissons, puisque l’avenir aux possi­bles finis est assuré.

L’orgueil de l’Occident

La crise de 2008 avait été décrite comme une crise de ce modèle pro­babiliste. Le choc était interne à la finance qui, en somme, avait péché par mécompréhension des mécani­ques comportementales et indivi­duelles qui s’agrègent pour former un mouvement collectif, une ques­tion effectivement redoutable pour les sciences sociales. Le passé qui se reproduit est en effet l’idéal de l’ave­nir capitaliste. En 2008, les banques avaient failli à garantir l’avenir, mais l’Etat était venu le ré­assurer. Les failles de notre esprit de calcul maximisateur ont été colmatées, et nous avons continué collectivement à penser que l’incertitude majeure était sous contrôle.

Même quand le tonnerre a grondé en Chine, même informés des dan­gers, nous avons encore cru qu’une crise de cette ampleur ne pouvait nous atteindre. L’orgueil des sociétés occidentales assurées sur l’avenir produit la sidération actuelle de se voir confinés dans une économie qu’il a pourtant bien fallu arrêter. Et, là encore, les Etats des économies dominantes du monde entier se précipitent pour annoncer des plans de relance et tenir des discours rassurants. Nous serons bientôt de nouveau sauvés.

Une résistance cognitive s’est instal­lée dans nos esprits, convaincus que le progrès scientifique et social avait éradiqué les grandes incertitudes collectives. Comme si le risque n’était désormais plus qu’individuel, risque que les banquiers nomment mala­ droitement les « accidents de la vie ». Cette croyance probabiliste pèche par son positivisme et par sa lecture individualiste des comportements sociaux. L’avenir n’est pas un monde fini des possibles connus, et le capitalisme peine à le penser comme une interaction collective entre nous et notre environnement. Le capita­lisme contemporain semble tourner comme ce hamster prisonnier de sa roue du temps répétitif.

La crise actuelle sonne comme un ultime avertissement pour les crises majeures du 21e  siècle qui s’annon­cent : les sociétés occidentales ne peuvent se laisser prédire l’avenir par ceux-­là même qui ont intérêt à ce qu’il se répète, au risque de nous entraîner collectivement dans le mur des possibles non probabilisés, et pourtant les plus probables.

(*) Gilles Laferté est directeur de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement.

Source Le Monde 03/05/2020

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jeudi, 30 avril 2020

REVUE DE PRESSE : « Nous entrons dans une nouvelle guerre froide qui pourrait marquer notre sortie de l’histoire »

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La pandémie révèle des évolutions profondes du système international que les Occidentaux ont souvent été tentés d’ignorer, analyse le haut fonctionnaire Pierre-Henri d’Argenson. Seules une politique de puissance et une vision réaliste des enjeux mondiaux permettront selon lui à l’Europe d’éviter la marginalisation stratégique.

Par Pierre-Henri d'Argenson
 
Il est rare que l’on puisse tirer les enseignements d’une crise lorsque l’on est au milieu de celle-ci. Les grands bouleversements intervenus depuis la fin de la guerre froide n’ont ainsi pas toujours été déchiffrables au moment où ils se sont produits, sans doute parce qu’ils appartenaient à une ère de transition accouchant d’un monde nouveau qui se présente aujourd’hui, avec la crise du coronavirus, sous une lumière crue. La pandémie, en effet, agit comme un révélateur de tendances certes perçues par notre intellect, mais qui n’avaient pas suffisamment frappé notre imagination pour modifier nos représentations du monde. Or désormais le monde est nu, et nous n’avons pas d’autre choix que d’abandonner nos coupables pudeurs pour regarder la vérité géopolitique qu’il nous donne à voir, et les conséquences que nous devrons rapidement en tirer pour y survivre en hommes libres.
 
Nous ne croirons plus à l’article de la doxa mondialiste qui prétend que tout le monde est chez soi partout.

Examinons les faits. Trois choses absolument frappantes se sont produites durant la crise. La première, c’est qu’aux premières alertes, chacun est rentré chez soi, dans son pays. Du jour au lendemain, les touristes sont passés du statut d’heureux voyageurs nomades à celui d’étrangers indésirables, parfois objets de comportements hostiles de la part des populations locales. La mondialisation heureuse venait de tomber le masque. Les citoyens du monde se sont évaporés. Le touriste, l’étudiant, l’homme d’affaires sont redevenus, chez les autres, ce qu’ils ont toujours été : des étrangers. Bien sûr, lorsque la crise sera passée, la circulation des biens et des personnes reprendra son cours, mais nous ne croirons plus, en particulier nous les Européens à qui l’on a enjoint de « s’ouvrir » toujours plus, à l’article fondateur de la doxa mondialiste qui prétendait que tout le monde est chez soi partout.

Le deuxième fait frappant est la quasi-absence de solidarité internationale dans la crise. Le virus, pas plus aujourd’hui que dans le passé, n’a été traité comme un ennemi commun de l’humanité. Chaque État a mis en œuvre sa stratégie propre, sans se coordonner avec les autres, sans faire appel aux organisations régionales et sans trêve des ambitions géopolitiques. Lorsque des aides ont été consenties, c’est avec des arrière-pensées si voyantes que leurs bénéfices pour l’amitié entre les peuples en ont été annulés. Cette compartimentation nationale de la lutte contre le virus oblige les élites européennes à admettre ce qu’elles récusent depuis des décennies: la nation reste la brique fondamentale de la société mondiale.

La Chine est le seul « challenger » ayant à la fois la capacité et la volonté de détrôner les États-Unis et l’Occident de leur place de leader mondial

Le troisième fait marquant est la cristallisation des tensions géopolitiques entre la Chine et l’Occident, qui dessinent les contours d’une nouvelle guerre froide structurée par l’axe Chine-États-Unis. Privé de son antagonisme idéologique, le monde issu de la chute de l’URSS avait restauré les clivages civilisationnels dans un monde multipolaire dominé par les États-Unis. La nouveauté, mise en lumière par la crise actuelle, est l’émergence de la Chine comme seul « challenger » ayant à la fois la capacité et la volonté affichée de détrôner les États-Unis, et l’Occident au sens large, de leur place de leader mondial. C’est donc autour de ce clivage que les relations internationales vont désormais s’organiser. La grande politique des alliances, tombée en désuétude avec la prolifération des organisations internationales et l’illusion d’un grand marché global post-national, est appelée à revenir au premier plan. L’Europe est la plus mal armée pour y prendre sa part compte tenu du déclin organisé de sa culture stratégique et de sa réticence à accepter que l’interconnexion croissante des sociétés humaines, envisagée seulement comme un facteur de paix, puisse aussi nourrir les guerres informationnelles, les clivages identitaires et les agressions commerciales. L’idée de «doux commerce» répandue par les courants libéraux depuis le XIXe siècle a vécu.

L'Europe est aujourd'hui devenue la zone tampon de l'affrontement entre la Chine et les Etats-Unis

Dans l’affrontement titanesque qui s’annonce entre les États-Unis, puissance menacée, et la Chine, puissance ascendante, affrontement porteur d’un risque de guerre comme l’a montré Graham Allison dans son ouvrage Vers la guerre (Odile Jacob, 2019), l’Europe se trouve, comme elle l’a été durant la guerre froide, le centre des enjeux. Un coup d’œil à la carte des flux économiques mondiaux permet de comprendre que, loin d’être périphérique, l’Europe est aujourd’hui devenue la zone tampon de l’affrontement entre la Chine et les États-Unis. Cela peut expliquer que le «pivot» annoncé par Barack Obama vers la zone indo-pacifique n’ait pas eu l’envergure annoncée, contrairement au projet de «nouvelle route de la Soie» poursuivi par la Chine, avec pour but la domination du continent eurasiatique. L’exposition médiatique des ambitions chinoises oblige les dirigeants occidentaux à affronter les réalités désagréables jusque-là repoussées sous le tapis. C’est notamment le cas de l’Europe: si elle poursuit sa trajectoire, sans révision de son modèle économique de transfert à l’Asie de son industrie, d’ouverture commerciale asymétrique et de financement à crédit de sa consommation par l’épargne chinoise, l’Européen de 2030 (plutôt celui du Sud, dont le Français) travaillera à bas coût pour un groupe chinois, sera surveillé par des technologies chinoises et des logiciels américains, consommera encore plus de sous-culture américaine, n’aura plus qu’un accès payant à la santé, et aura perdu sa liberté. La crise grecque de 2010, qui a vu ce pays traité comme un pays en développement, en donne un avant-goût. Le coronavirus arrache tous les masques.

L’Europe doit se recentrer sur son marché intérieur.

Dans cette nouvelle configuration, que peut, que doit faire l’Europe pour conserver la maîtrise de son destin ? Trois actions me paraissent urgentes et déterminantes. La première est de recentrer l’Europe sur son marché intérieur. Cela concerne tout d’abord la demande, qui doit être orientée, par la voie dirigiste si besoin, vers les circuits courts et la production locale. Il serait aberrant que nos vastes plans de relance soient, comme après 2008, absorbés par des importations ne créant aucune valeur ajoutée sur le sol français et européen. Cela suppose de se doter de protections tarifaires et normatives actuellement vidées de leur portée par les accords de libre commerce peu réciprocitaires négociés par la Commission européenne et d’une politique de soutien à l’industrie impossible dans le cadre européen actuel, qui a au contraire montré, en ouvrant, en pleine pandémie, de nouveaux chapitres de l’élargissement à l’Albanie et à la Macédoine du Nord, en signant un traité de libre-échange avec le Vietnam, ou encore en sanctionnant les aides d’État, que sa vision des choses était diamétralement inverse. Cette réorientation sera toutefois sans effet si la politique d’offre ne suit pas, et son principal frein, en France, est le niveau excessif des prélèvements obligatoires, qui pèsent sur une partie de plus en plus restreinte et asphyxiée de la population et du tissu productif. Il serait intéressant de demander aux paysans chinois ce qu’ils ont pensé de l’appel du ministre de l’agriculture français pour trouver 200 000 volontaires pour les travaux des champs, en remplacement des travailleurs saisonniers, dans un pays qui compte près de 2 millions de bénéficiaires du RSA.

La seconde action concerne la maîtrise des frontières physiques, et la crise a justement montré qu’elle était parfaitement réalisable. Il n’est nul besoin d’insister sur la déstabilisation des sociétés européennes induite par des décennies d’immigration incontrôlée et instrumentalisée par de nombreux États, la Turquie en dernier lieu. Si rien n’est fait, il faut s’attendre à l’installation d’un état de fracturation permanente au sein d’une Europe connaissant successivement le destin de l’Autriche-Hongrie, de la Yougoslavie puis du Liban, débouchant sur une partition politique croissante, notamment avec les pays de l’Est. Aucune politique de puissance n’est possible lorsque l’on est miné par des dissensions internes irréconciliables, l’histoire montrant que l’éclatement était invariablement au bout du chemin.
 
Si les États-Unis veulent conserver leur leadership, il leur faudra faire des concessions à l’Europe

La troisième action consiste à ressouder le bloc de l’Ouest sur une base plus équilibrée avec les États-Unis, mais non tournée contre la Russie. La paix n’a jamais été possible sans une conscience claire des rapports de force sur la scène internationale et la volonté de les assumer. S’affaiblir, c’est inciter l’adversaire à frapper. Or l’Ouest apparaît plus divisé que jamais, ce qui est sa principale faiblesse. Il y a là un enjeu civilisationnel qui n’est pas correctement perçu par l’Europe et les États-Unis, alors qu’il l’est, grand paradoxe, de ses rivaux. La balle est bien sûr largement dans le camp des États-Unis, dont le traitement de l’Europe comme marche de l’Empire assignée à l’absorption des charges russes et moyen-orientales pouvait se justifier tant qu’ils étaient la seule superpuissance. Mais comme pour l’empire romain, la désagrégation des marches ne peut qu’annoncer la chute de l’empire lui-même. Un effondrement européen laisserait en tout cas les États-Unis très exposés au géant chinois et à ses obligés. Passer d’une logique de protectorat à une stratégie d’alliance implique, il est vrai, une révolution de la pensée stratégique américaine, dont le renoncement avec ses alliés au privilège d’extraterritorialité de son droit, véritable tribut qui mine ses relations bilatérales (comment apprécier un allié ayant infligé aux entreprises françaises plus de 13 milliards de dollars d’amendes sur ce fondement depuis 2010 ?). Mais si les États-Unis veulent conserver leur leadership, il leur faudra faire des concessions à l’Europe. Autrement, cette dernière ira chercher son intérêt dans d’improbables compromissions tactiques avec ses pires concurrents.

Cette crise nous offre peut-être une occasion d’échapper à la décomposition poursuivie depuis quelques décennies

La crise du coronavirus, en dépit des nombreux appels à l’émergence d’un « monde d’après », ne changera pas, dans l’immédiat, la physionomie des relations internationales et de nos modes de vie. En revanche, au-delà du drame humain dont elle est porteuse, elle offre peut-être une occasion à la France et à l’Europe, en abrogeant pour de bon le récit de la mondialisation heureuse et en les plaçant devant la brutalité du monde, d’échapper à la trajectoire de décomposition poursuivie avec assiduité depuis maintenant quelques décennies. Mais son enseignement le plus « disruptif », et certainement le plus subversif pour les dirigeants actuels, est d’avoir prouvé que la volonté politique pouvait, en quelques jours, rendre possible ce que l’on prétendait impossible, de la même manière qu’on jugeait inenvisageable il y a peu le départ d’un membre majeur de l’Union européenne. Le niveau de tolérance pour l’immobilisme risque donc, après le déconfinement, de dangereusement se réduire.

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