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samedi, 29 août 2020

Déni d’ensauvagement

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Par Mathieu Bock-Côté

L’étrange querelle des dernières semaines autour du terme « ensauvagement » nous confirme encore une fois, s’il le fallait, à quel point le système médiatique travaille non pas à décrire la réalité de la société française mais à l’occulter. Les scènes les plus violentes se multiplient, les agressions s’additionnent et pourtant, les sociologues patentés le répètent en boucle : tout ne va pas si mal et ceux qui disent le contraire versent dans la « surenchère sécuritaire ». Mieux encore : tout va bien. Le vivre-ensemble est harmonieux, les agents des services publics peuvent travailler sans risque, les rodéos se font rares, un jeune homme qui se porte à la défense de jeunes femmes est un provocateur qui mérite d’être agressé et les mœurs sont de plus en plus douces, comme on a pu le voir avec les « jeunes » en « liesse » sur les Champs-Élysées lors des dernières compétitions sportives. Bref, la vie est belle en France plurielle ! C’est le triomphe de la diversité Potemkine.

Ce ne sont pas les violences qui font scandale, mais le fait qu’on les nomme sans prendre les précautions langagières attendues. Le déni de l’ensauvagement fait écho à ce qu’on appelait autrefois le « sentiment d’insécurité ». Les Français étaient accusés de céder à une propagande excitant chez eux la méfiance à l’endroit de « l’autre ». Ils se laisseraient contaminer par un discours anxiogène. C’était même leur responsabilité civique de changer le nom des suspects lors des violences, jugées « ordinaires », pour éviter d’alimenter le populisme. Mais puisque les grands médias n’exercent plus un monopole sur la description des réalités, et que les réseaux sociaux permettent à la réalité de déborder dans l’espace public, même si elle y arrive de manière chaotique, il faudra alors traiter ces violences comme autant de faits divers insignifiants.

Qui les traitera comme des faits politiques, symptomatiques de la désagrégation d’une société victime des bandes et progressivement déstabilisée par une immigration incontrôlée sera accusé de tenir des propos haineux. Ce déni d’insécurité n’est pas exclusif à la France. On l’a vu depuis juin, aux États-Unis, les manifestations les plus brutales comme les raids des antifas sont toujours traités comme des événements isolés, certains reporters racontant sans gêne, devant des scènes de pillage à répétition qu’ils sont devant des « peaceful protests ». À quel moment la mauvaise foi devient-elle du mensonge à l’état pur? À quel moment devient-on consciemment un propagandiste?

L’ensauvagement serait même un concept « d’extrême droite ». Ce terme d’épouvante désigne moins un courant politique identifiable qu’un spectre terrifiant, quasiment diabolique, qui hanterait nos sociétés pour exciter leurs basses passions et les jeter vers l’abîme. Avec le temps, on finit par le comprendre : est d’extrême droite ce qui déplaît extrêmement à la gauche. Ce concept ne décrit pas un mouvement, même pas une nébuleuse, mais un fantasme mobilisé par le régime diversitaire pour exclure de la conversation publique ceux qui ne se reconnaissent pas dans la vision qu’il propose de la société et de ses problèmes. Il fonctionne à l’amalgame et n’est finalement rien d’autre qu’une technique d’intimidation idéologique pour transformer l’adversaire légitime en ennemi public.

C’est Aurélien Taché qui a remporté le match de la déclaration la plus lunaire. Après avoir appris qu’une jeune musulmane bosniaque avait été tondue par sa famille qui ne tolérait pas qu’elle fréquente un chrétien serbe, il trouvera le moyen de dénoncer une classe politique rajoutant une pièce dans le « juke-box de la haine antimusulman ». On aurait cru entendre ceux qui, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, mirent la France en garde contre « l’islamophobie ». Lorsque la France est agressée, elle s’accuse. Quand elle résiste, elle est accusée de « multiplier les formules chocs sur la délinquance » et de se soumettre au populisme, même au racisme. On connaît la chanson, elle joue depuis trente ans au moins.

Qui ose des constats de bon sens risque le bannissement civique. Le système médiatique fonctionne à la déréalisation du monde et condamne la société à évoluer dans un univers dédoublé, soumis à l’orthodoxie diversitaire. Le réel ne passera pas! Récapitulons : l’ensauvagement est une illusion alimentée par un discours ultra sécuritaire, l’immigration massive est un fantasme conspirationniste et la dévastation anthropologique d’un monde refusant de distinguer un homme d’une femme est une lubie de catholique intégriste. De même, qui se désole de la régression de la liberté d’expression confesse son désir de se vautrer dans les discours haineux et qui s’oppose à la racialisation des rapports sociaux cherche à dissimuler derrière la rhétorique universaliste son privilège blanc. Il ne faudrait pas beaucoup d’imagination pour parler d’une nouvelle trahison des clercs.

Source : Le Figaro 29/08/2020

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mercredi, 26 août 2020

La France vue de l’étranger : la police anti-émeute à l’assaut d’un bar pour non respect de la distanciation physique

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Des images tournées à Paris, en France, montrent la police anti-émeute prenant d’assaut un bar et frappant les gens à coups de matraque parce qu’elle n’a pas vraiment pris de « distanciation physique ».

L’incident s’est produit pendant la finale de la Ligue des champions entre le Paris Saint-Germain et le Bayern Munich, que les clients du bar regardaient à la télévision.

Une douzaine de flics anti-émeute, entièrement équipés, ont fait une descente dans le bar et ont violemment fait sortir les gens des locaux. « Selon les responsables de la police de Paris, la foule a été dispersée parce que certaines personnes ne portaient pas de masque ou ne respectaient pas les règles de distanciation physique », rapporte Sky News.

Plus de 200 personnes ont reçu un avertissement de la police pour ne pas avoir porté de masque facial.

L’incident est rendu encore plus bizarre par le fait que les personnes à l’intérieur du bar se comportaient pacifiquement, alors que de véritables émeutes se déroulaient dans le reste de la ville.

Selon RT, les rues de la capitale française « sont tombées dans le chaos, avec de multiples incidents de vandalisme et de pillage ».

On pourrait penser que maintenir l’ordre public tout en protégeant les personnes et les biens des criminels violents serait une priorité plus importante que de s’assurer que les gens dans un bar se tiennent suffisamment éloignés les uns des autres, mais à l’ère de l’hystérie COVID, apparemment pas.

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mardi, 25 août 2020

Le doux parfum de la démocratie

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par Bruno Guigue*

A l'instar de Bernard-Henri Lévy se précipitant dans son jet privé pour aller désigner les cibles à vitrifier, les fauteurs de guerre civile mandatés par les officines de l'ingérence sont toujours à l'affût, chez les autres, de la moindre secousse qu'ils transforment alors, grâce à leurs sponsors planétaires, en juteuse opportunité de déstabilisation pour le compte de l'impérialisme.

Ces dernières semaines, on a ainsi pu voir comment, visant la Biélorussie à l'occasion d'une grave crise politique, les vautours du droit-de-l'hommisme se sont jetés comme la vérole sur ce pays dont ils ignoraient tout la veille. Manifestement, ils rêvent d'en faire un nouveau Bantoustan au profit de l'oligarchie mondialiste en y ouvrant les vannes, de gré ou de force, de la grande braderie néolibérale. On ne fera croire à personne, pourtant, que c'est l'autoritarisme du président Loukachenko, au pouvoir depuis 26 ans, qui arrache des larmes de crocodile à ces belles âmes occidentales. Car le fait est qu'elles sont beaucoup moins regardantes sur le respect des droits de l'homme lorsqu'elles observent un silence complice à propos de certains régimes tyranniques et obscurantistes appréciés de l’Occident.

En réalité, s’il est pris pour cible, c'est surtout parce que le pouvoir biélorusse, dont nul ne prétend qu'il est sans reproches, entend néanmoins préserver les acquis sociaux et le patrimoine national hérités de la période soviétique en les soustrayant aux convoitises d'une finance prédatrice et prompte à démolir tout ce qu'elle touche pour accroître ses profits. Et de mémoire d'homme, on n'a jamais vu une politique d'ingérence se faire au profit de qui que ce soit d'autre que de celui qui la pratique. Au IVe siècle avant notre ère, Aristote ironisait déjà en faisant observer : « Nous n'allons tout de même pas, nous les Grecs, nous mettre à délibérer sur les affaires qui concernent les Scythes ». Il est ahurissant de voir que l'admission d'une règle aussi simple, dans le cerveau d'homo occidentalis, échoue encore à passer la rampe de la perception la plus élémentaire.

On se demande bien à quel titre les régimes politiques occidentaux, d'ailleurs, sont fondés à donner des leçons de morale à la planète entière. Et il faut vraiment que le monde ait été frauduleusement mis à l'envers pour qu'on finisse par prendre leur propension historique au crime de masse pour un certificat de vertu et d'exemplarité. A croire que l'idéologie dans laquelle nous barbotons comme des canards a de surprenantes vertus alchimiques : elle transforme la fange en parfum. La politique occidentale a beau empiler les cadavres, cette compulsion n'est jamais imputée à son essence même. Sa brutalité n'est qu'accident de l'histoire, égarement passager, vagues péripéties rapidement plongées dans l'oubli par les mécanismes de la mémoire sélective. On peut vitrifier les Libyens à sa guise, transformer l'Afghanistan en champ de ruines, livrer les Syriens à al-Qaïda, tenter de mettre l’Iran à genoux, faire mourir les enfants vénézuéliens en les privant de médicaments, après tout ce n'est jamais que du menu fretin. De la volaille au teint basané vouée à l'immolation sacrificielle par les grands prêtres de la démocratie et des droits de l'homme. Sur l'échelle de Richter du massacre à la tronçonneuse, il y a longtemps que la démocratie occidentale a dépassé toutes les prévisions. Chapelets de bombes sur les Coréens, les Vietnamiens, les Cambodgiens, les Irakiens, les Palestiniens, les Syriens, les Libyens, les Afghans, les Yéménites. Guerre par procuration, blocus, guerre économique, action clandestine, coup d’État, manipulation de la terreur : la panoplie est inépuisable, le résultat édifiant. Soyons fiers et exportons notre savoir-faire.

(*) Ancien haut fonctionnaire, chercheur en philosophie politique et observateur de la vie internationale.

 Source : site RT France

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jeudi, 20 août 2020

Hors-Série – Artistes: musée imaginaire

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Ce hors-série met en lumière un pan de l’art du XXe siècle auquel l’histoire – celle qui devait s’en occuper, l’histoire de l’art – a appliqué la loi du silence. Il a existé une palanquée d’artistes dont les convictions artistiques, religieuses, politiques, n’allaient pas dans le sens de l’histoire : ils n’y auraient pas droit de cité.

Que ce hors-série soit une incitation à se pencher sur ces artistes du XXe siècle qui pensaient que la recherche de la Beauté mérite qu’on lui consacre une vie.

Bienvenue dans notre musée imaginaire qui est aussi un Salon des Refusés.

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Site de Présent cliquez ici

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Radicalisation et services publics

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Tous les élus n'ont pas des oeillères, heureusement. C’est le cas du député Eric Diard des Républicains (Bouches-du-Rhône) qui a décidé de poursuivre dans un livre* les investigations qu’il avait menées dans un rapport parlementaire sur les services publics face à la radicalisation islamique.

Voici son entretien avec la rédaction du Point (20/08)

(*) La radicalisation des services publics. Sport, hôpitaux, transport… Ce que l’on ne vous dit pas, en collaboration avec Henri Vernet, JC Lattès ed., 300 p.

Lire ICI

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mardi, 18 août 2020

Covid-19 : « L’enfer est pavé de bonnes intentions hygiénistes »

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Entretien de François Bousquet avec David Boughezala

Daoud Boughezala : Vous consacrez le premier chapitre de votre essai Biopolitique du coronavirus. Télétravail, famille, patrie, aux théories complotistes qui font actuellement florès. A l’ère de la scolarité obligatoire, de l’accès gratuit au savoir et à l’information, comment expliquez-vous leur essor ? Vit-on une crise de l’esprit scientifique et rationnel moderne ?

François Bousquet : Avons-nous jamais été des agents rationnels, des animaux pourvus seulement d’une froide raison calculante ? On peut en douter. Notre imagination a toujours été très active. Le complotisme le prouve à sa manière. C’est d’abord un imaginaire folklorique, souvent sympathique, mais accolé à une sorte de délire interprétatif. Cet imaginaire a brutalement resurgi après le 11 Septembre 2001 et la seconde guerre d’Irak. Peut-être sa longue hibernation n’était-elle qu’un effet d’optique que l’avènement du Web a brisée. Internet n’a d’ailleurs pas réinventé le complot, il l’a seulement sorti de ses niches antimaçonniques, rosicruciennes, soucoupistes. Viral, le complot est devenu mondial, en haut débit et libre accès. C’est la nouveauté. Pour le reste, le complotisme répond à un besoin fondamental de l’âme humaine : l’intentionnalité. Les créationnistes parleraient de dessein intelligent, mais le dessein ici est indifféremment intelligent ou malveillant. C’est ce que Léon Poliakov a appelé d’une formule saisissante la « causalité diabolique ». À elle seule, elle illustre la permanence du miraculeux, de la pensée magique, de l’acteur tout-puissant qui met un visage sur des processus qui sans cela resteraient impersonnels. Comment détester la logique abstraite du capital ou de la mondialisation ? En lui donnant les traits de Bill Gates !

Disant cela, on en viendrait presque à épouser la ligne de défense des médias centraux contre le complotisme. Mieux vaut au contraire faire l’hypothèse que le complotisme n’est que l’image renversée desdits médias. Les journalistes mainstream voudraient nous convaincre de ce que nous sommes entrés dans l’ère de la « post-vérité ». On ne demanderait qu’à les croire s’ils ne s’illustraient pas du matin au soir dans l’exploitation sans vergogne des faits alternatifs. C’est le faux sans réplique décrit par Guy Debord. Or, ce faux a trouvé une réplique dans le contre-journalisme sauvage et la littérature conspirationniste qui fleurissent sur Internet. L’univers complotiste a toujours fonctionné dans une troublante relation de symétrie avec les médias « légitimes ».

Sans sombrer dans le complotisme, vous semblez parfois céder à la pensée magique. Ainsi, à l’instar de nombreux écologistes, vous estimez que la nature s’est vengée de nos excès, le Covid-19 étant la nemesis qu’appelait notre hubris. Plutôt qu’une conséquence de la mondialisation et de la surexploitation de la planète, ce virus n’est-il pas un des  fléaux qui jalonnent inévitablement l’histoire humaine ? 

Rassurez-vous, je ne suis pas Greta Thunberg, le Petit Chaperon suédois qui fait descendre dans la rue les 16-18 ans et les fait pérorer à la tribune de l’ONU. De ce point de vue, le coronavirus a été une bénédiction. Il nous a débarrassé de l’icône suédoise et de ses nattes pendantes qui étaient jusqu’à lui placardées partout, comme une affiche de propagande nord-coréenne. Cela étant dit, la cucuterie écolo-citoyenne est une cible facile. Qu’elle ne serve pas de prétexte pour jeter le bébé avec l’eau du bain, et les enjeux écologiques réels avec les limites de leur traduction médiatique ou partisane.

Nous entrons dans un monde sans perspectives, dans tous les sens du mot : à la fois sans avenir, sans recul et sans champ de profondeur, comme des prisonniers se heurtant aux murs trop étroits de leur cellule. On nous rétorquera que la Terre n’est pas une prison. Certes. Mais elle a ceci de commun avec les prisons qu’il ne nous est pas donné de pouvoir en sortir. La colonisation, puis l’exploitation des terres émergées et des océans auraient dû nous faire prendre conscience des limites mêmes du globe. Il n’en a rien été. À planète finie et ressources comptées, le capitalisme mondialisé n’a opposé que son dogme de la croissance infinie. La crise actuelle part de là. C’est d’abord une crise de la mondialisation des échanges, des hommes et des virus.

Ce qu’on ne veut pas voir, c’est que la nature peut aisément fonctionner sans l’homme (elle l’a fait durant des milliards d’années), mais l’inverse n’est pas vrai. C’est pourtant sur cette croyance qu’est fondé le régime économique actuel. Si l’on devait comparer la collision de l’humanité avec les limites de la Terre à un véhicule lancé à toute vitesse sur un obstacle, il faudrait bien comprendre une chose : l’obstacle survivra sans peine au choc, mais pas le véhicule, encore moins son occupant. Dans cette affaire, le phénomène de la vie n’est pas menacé. Sa capacité de résilience est sans limites. Des millions d’espèces nous ont précédés sans laisser d’autres traces que des fossiles dérisoires…

Examinons la gestion de la crise. A quelques exceptions près (Allemagne, Corée du Sud, Nouvelle-Zélande…), les gouvernements ont paru improviser au fil de l’eau.  Soumis à un pouvoir scientifique divisé et désemparé, notre appareil d’Etat a brillé par son impréparation. Si on les compare à leurs cousines occidentales, les élites politiques et administratives françaises se distinguent-elles vraiment par leur niveau d’incompétence ? 

Ajoutez-y la Chine, quand bien même elle en a été le foyer infectieux. Les bons élèves ont toujours été peu nombreux. Cela fait longtemps que la France n’en fait plus partie. Nulle sur toute la ligne ! Le constat est accablant. De la détection du risque à sa gestion, le gouvernement a accumulé les erreurs et les retards. À ce stade, ce n’est plus seulement d’immunodéficience des élites dont il faut parler, mais d’immunodéfaillance du Système. À Sciences Po, à l’ENA, on ne fabrique plus des serviteurs de l’État, mais des serviteurs de la dette, des contrôleurs de gestion. Ces écoles sont des moules. Comment en sortirait-il autre chose que des séries ? Calibrées comme des produits industriels, programmées comme des logiciels – et c’est d’ailleurs ce qu’ils sont très exactement : ils sont là pour accomplir des programmes. On fabrique des pilotes automatiques, à peine des technocrates, tout au plus des techniciens, si médiocres qu’ils nous feraient regretter le temps des ingénieurs qui pilotaient eux du moins des programmes industriels.

Comme l’avait analysé Michel Foucault, le pouvoir politique moderne entend préserver la vie (et la santé) des citoyens alors les monarques traditionnels préparaient le salut de leurs sujets. Alors qu’une majorité de Français apeurée par la pandémie a approuvé le confinement, le pouvoir macroniste a-t-il trouvé dans cette crise l’assise populaire qui lui manquait ? 

L’assise populaire, certainement pas. Mais de fait les crises confortent les pouvoirs établis. Pandémie aidant, Emmanuel Caméléon – qui a une surprenante capacité à se réinventer – s’est débarrassé d’Édouard Philippe et des Gilets jaunes. Le confinement a joué pour lui. Ce fut un huis clos entre le Président et les Français, les seconds rôles étant dévolus à ses ministres. Tout aura été fait pour que 2022 soit le match retour de 2017. Ce à quoi Macron s’emploie. Continuer de scinder en deux les LR, pour annexer le centre et les juppéistes ; et renvoyer le solde à la bordure du FN. Après avoir annihilé sa gauche, Macron a ainsi piégé sa droite en l’asséchant. Mais il ne l’a piégée que pour mieux la ressusciter en un parti central unique. L’UMPS n’est plus une figure de style, c’est une réalité politique : le macronisme. Ce que les élites post-nationales cherchaient à accomplir depuis Giscard : accoucher d’une grande coalition, sur le modèle des coalitions à l’allemande, dont Macron incarnerait la version hexagonale. Le rêve giscardien de deux Français sur trois, sauf que c’est désormais un rêve à l’envers. La « coalition » macronienne ne réunissant qu’un tiers des voix, les deux tiers restants s’abstenant ou votant populistes, sans espérance de pouvoir, faute d’alliances. Ce qui fonde tous les espoirs de Macron pour 2020. Jusqu’à preuve du contraire, c’est lui qui a la main. On est obligé d’attendre qu’il la perde. Les vents contraires qui ne manqueront pas de se lever à la rentrée devraient ramener « Jupitérion » sur terre.

Des masques au gel hydro-alcoolique, l’hygiénisme  ne s’est jamais aussi bien porté. Depuis le début du confinement, nos gouvernants réprouvent tout contact physique extraconjugal au nom du risque viral.  L’obsession prophylactique a-t-il transformé nos dirigeants libéraux-libertaires en néo-inquisiteurs ? 

Les « enragés » de 68 auraient-ils peur de la rage, qui s’appelle aujourd’hui Covid-19 ? Qui les eût imaginés dans la peau du docteur Knock et de Savonarole ? L’alliance de la bactérie et de la mortification, redoutable attelage qui nous vaut cette avalanche de recommandations médicales et d’interdictions sanitaires. Mais les « boomers » n’ont jamais été à une contradiction près. Ils n’ont que le « vivant » à la bouche, alors qu’ils s’acharnent à le mettre sous cloche. Vivre in vivo tue. Idéalement, il faudrait pouvoir « vivre » in vitro, sinon même in utero, à l’abri de la violence du monde, derrière son masque, confiné à vie. Disant cela, il ne s’agit pas de faire l’éloge du cancer du poumon ou des maladies cardio-vasculaires, ni de nier que le coronavirus ou le tabagisme ne sont pas des problèmes de santé publique, ni de se livrer à une apologie des comportements à risques, mais de ne pas dissocier la prise de risques du risque de vivre. Ici comme ailleurs, le mieux est l’ennemi du bien et l’enfer est pavé de bonnes intentions hygiénistes.

Vous rejoignez les analyses d’Olivier Ray sur la sacralisation de la vie et son corollaire, le refus contemporain de la mort. Seuls les djihadistes semblent aujourd’hui chercher leur salut dans l’au-delà. Tout compte fait, la sainte frousse de la mort qu’a notre société laïque adoucit-elle les mœurs ?

On a conféré à la vie humaine une valeur que jusque-là elle n’avait jamais eue. C’est ce que Michel Foucault a appelé la « biopolitique ». La biopolitique, c’est la prise en considération de la valeur de la vie humaine – ici et maintenant, tout de suite. Cela, c’est le propre de la modernité, c’est l’acte de naissance de l’individu. Dans les âges antérieurs dominés par la religion, ce qui importait, c’était de se donner les moyens de gagner le paradis chrétien. Avec la modernité, renversement de perspective : la cité terrestre va l’emporter sur la cité céleste. C’est dans ce contexte qu’est née la biopolitique. Peu à peu, les individus ont aspiré à conserver ce qu’il y a de plus précieux pour eux : leur vie. Voilà pourquoi on en a fait trop avec le Covid. Parce que nous modernes avons développé une phobie du danger, une intolérance au risque, un déni de la mort. Tout notre arsenal juridique et réglementaire envahissant est très largement conditionné par cette hantise du risque. Zéro mort, zéro défaut, zéro panne, nouvel impératif catégorique. Ce qu’on cherche à conjurer à travers cela, ce n’est pas seulement la visibilité de la mort, c’est sa possibilité. Dans un monde ludique, plus de place pour le tragique. L’hygiénique peut alors triompher.

Comme l’écrit l’historien Jean Delumeau, tout épisode de terreur se conclut par la recherche de coupables. C’est aussi l’un des ressorts du populisme, dont vous vous revendiquez. Scrutant le paysage politique, vous écorchez Marine Le Pen, vantez les mérites de  Michel Onfray et soulignez les limites d’un tribun pétomane à la Jean-Marie Bigard Donnez-vous raison à Lénine soutenant jadis que « chaque cuisinière doit apprendre à gouverner » ?

Dans un monde idéal, oui. Mais le vœu d’autonomie, celui du peuple auto-institué, se heurte au principe de réalité, singulièrement dans les pays latins, singulièrement dans les pays anciennement catholiques, singulièrement en France, où la puissance publique a tout vampirisé. Je ne sais plus qui a dit de la France que c’est la seule monarchie d’Europe. Pas plus que les autres, elle ne saurait se passer d’élites. Tout le problème est qu’elles sont de plus en plus médiocres, conformistes et déliées de leurs engagements vis-à-vis des peuples. Raison pour laquelle les populistes croient pouvoir en faire l’économie. Mais la vérité, c’est que le peuple en soi, sans élite ni avant-garde, au sens marxiste du mot, est voué à l’impuissance. C’est ce que donne à voir la longue histoire des révoltes populaires, jusqu’à la crise des Gilets jaunes. Il faut se garder des tentations utopiques qui ont peu à peu submergé ce mouvement une fois que les Gilets jaunes historiques ont déserté les ronds-points. Le RIC ne résoudra pas tous les problèmes, pas plus que le « Web e la Piazza », le Web et la place publique, pour parler comme le Mouvement 5 étoiles. On ne fait pas de la politique à partir de rêveries autonomes, autogestionnaires, conseillistes, archéo-anarchistes. Les sociétés auto-organisées (les sociétés sans État chères à l’anthropologue et ethnologue Pierre Clastres) ne font pas société. Ce qui apparaît au contraire dans les enquêtes d’opinion, c’est que les peuples abandonnés plébiscitent les figures de l’autorité. Dans les sociétés ouvertes, un des deux besoins fondamentaux de l’âme humaine n’est plus assurée : la sécurité. L’âme humaine s’épanouit pleinement dans la liberté pour peu que l’homme est la garantie d’être protégé. Liberté et sécurité. Les deux entrent systématiquement en tension, l’un menaçant d’abolir l’autre. Ainsi de la liberté, grand idéal de la modernité. C’est dans ce sens-là qu’il faut interpréter la demande populiste et l’émergence des sociétés illibérales. On définit communément le populisme comme un appel au peuple, mais il est bien plus un appel au secours des peuples, protestation angoissée qui n’est pas entendue et renvoie aux élites l’image de leur suffisance et de leur insuffisance. L’homme populiste cherche le bon gouvernement, le bon pasteur. Il veut choisir son chef, mais il veut un chef.

Source : site Causeur

(*) François Bousquet est rédacteur en chef de la revue Eléments. Il vient de publier, Biopolitique du corovanirus. Télétravail, famille, patrie (La Nouvelle librairie, éd.)

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dimanche, 16 août 2020

Qui sont les sauvages ?

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par André Bercoff

La canicule n’est plus seulement atmosphérique : elle devient, de plus en plus, cosa mentale. Tout se passe comme si le confinement n’était plus physique mais intégré, intériorisé, appliqué dans les têtes. Cependant que l’on nous demande, que l’on exige, d’observer les gestes barrières, le quotidien charrie des pelletées entières de tabassages, de crimes, de délits, de viols, de vols et autres violences qui ne soulèvent même plus l’indignation des médias et de l’opinion publique, les uns et l’autre affairés à l’unique objet de leurs ressentiments : la température

Il ne se passe pas un jour sans que, un peu partout dans le royaume, les balises de l’effondrement se manifestent avec la régularité d’un métronome. Mais attention ! Ce qui compte, ce ne sont pas le sort des victimes, la douleur des familles, les bourreaux libérés sans aucune forme de procès, la justice en capilotade et l’impunité quasi-totale considérée comme l’un des beaux-arts. Ce qui importe, c’est l’observation stricte d’une novlangue devant laquelle Orwell lui-même pâlirait d’envie.

Ainsi, le sémillant Gérald Darmanin, qui officie comme ministre de l’Intérieur et qui passe son temps à déplorer des méfaits et à jurer qu’il ne les tolérera plus, a osé parler « d’ensauvagement ». Le tollé suscité par le chœur des vierges des nouvelles maisons de tolérance a bien remis les pendules à l’heure : s’exprimer ainsi, selon les bonnes âmes du très masochiste déni du réel, ne peut être l’apanage que du fascisme réactionnaire et du conservatisme le plus rance. Guy Debord disait déjà : « Dans un monde renversé, le vrai n’est plus qu’un moment du faux ». Donc, le bourreau n’est qu’une victime au goût étrange venu d’ailleurs, et la victime quelqu’un qui était là au mauvais moment.

Ainsi, une certaine France s’enfonce dans la haine de soi qui, depuis quarante ans, consiste à affirmer que tout ce qui vient d’Occident ressort de l’esprit du Mal, et tout ce qui vient de la migration est évidemment une chance pour le pays. Ne tombons pas, à notre tour, dans le piège empoisonné de la généralisation : migrants = criminels, communautarisme = crime. Mais refusons tout aussi fortement l’angélisme dévastateur de ceux qui refusent de nommer les prédateurs, de dévoiler les délinquants, de sanctionner les coupables et de mettre des véritables bornes à la multiplication terrifiante des dégradations d’églises, des interdictions d’entrer dans les supermarchés pour les femmes en décolleté, à la stratégie du cutter face à un regard soi-disant coupable, à la courageuse agression, voire au viol de grands-mères ou au massacre d’une famille.

Et quand des historiens en peau de lapin, des polémistes en papier mâché osent nous dire que la violence a toujours existé afin de mieux noyer le poisson, rappelons qu’aux époques où celle-ci effectivement régnait, chacun était armé et pouvait se défendre. Quand l’Etat qui, comme chacun sait, a le monopole de la violence légitime, demeure incapable d’assurer la sécurité des citoyens parce qu’il a abandonné des pans entiers du pays désormais soumis au règne indivis des dealers et des fanatiques, travestir la barbarie en « incivilité » est plus qu’un crime : une faute. Ceux qui se croient protégés par leur fortune, leur statut et leurs privilèges ne seront pas les derniers à ressentir ce qui attend les autruches, après le silence des agneaux.

Source : site RT France

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Dans Présent de vendredi dernier, Francis Bergeron commente le livre de Michel Vial, "La chute de l'empire occidental"

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Francis Bergeron, Présent, cliquez ici

Il y a quelques mois, Michel Vial était venu proposer un article à Présent. Mais à la vérité, il s’agissait d’une étude d’une certaine densité, faite pour être publiée dans une revue pas dans un quotidien d’actualité générale et politique, qui plus est à la pagination réduite. Nous avons donc décliné son offre. Mais à quelque chose malheur est bon : il a revu son travail, pour en faire un essai de 130 pages, intitulé La Chute de l’empire occidental. Et c’est cet essai qui vient de paraître chez Synthèse, dans la collection « Idées ».

MICHEL VIAL ET MOI, nous nous étions croisés au cours de notre jeunesse militante. Le Liban, où nous avons l’un et l’autre crapahuté (pas tout à fait pendant la même période de 1976), nous a plus récemment rapprochés, grâce à la constitution de l’Association des anciens volontaires français du Liban. En bref une connivence politique née dans les années 1970, et concrétisée… 40 ans plus tard. 

Les études déclinistes ne sont jamais youp la boum, et le titre même de l’ouvrage de Michel Vial n’appelle pas à l’optimisme : La Chute de l’empire occidental. L’auteur en est conscient. « Faut-il pour autant baisser les bras ? Certainement pas… » nous dit-il. « La défense de notre identité, et de notre liberté, est un éternel combat. » Comme l’écrivait Jacques Bainville : « Tout a toujours très mal marché. » Il faut en être conscient et penser dans le temps long. 

Pourquoi parle-t-il d’« empire occidental » ? Ce n’est pas l’empire romain ou ottoman ou soviétique. Ce n’est même pas l’empire français d’avant-guerre. Cet empire qu’il voit chuter, Michel Vial le définit comme un ensemble spatial sans vraie unité politique, mais un ensemble homogène sur le plan historique, culturel, scientifique, technique, financier. Et j’ajouterai religieux, même si cette dimension s’est fortement affaiblie, par étapes successives, depuis deux siècles. Cet empire, rappelle Michel Vial dans un entretien publié par la revue Synthèse nationale, « s’est imposé au monde il y a environ cinq siècles et s’est considérablement affaibli depuis un demi-siècle ». 

On pourrait discuter du tournant de l’affaiblissement. Il y a un demi-siècle ? Ne faut-il pas remonter plus tôt, à la Première Guerre mondiale ? Elle a fauché les jeunesses française, anglaise, allemande, russe, italienne, serbe, autrichienne et hongroise (près de 10 millions de soldats, essentiellement des jeunes hommes), puis le communisme à l’Est, avec ses famines gigantesques, sa régression économique et le paradoxe de son messianisme agressif, a fait le reste. 

La déchristianisation est souvent négligée 

Mais l’essentiel n’est pas là. « Plus que nos ennemis clairement déclarés, j’ai voulu dénoncer les traîtres à notre nation et à notre civilisation » dit Vial dans l’entretien précité. Ces maux et ces ennemis s’appellent l’intégrisme écologique, la déchristianisation, l’islam, l’immigration, le « vivre-ensemble », le terrorisme, mais aussi la lâcheté de nos dirigeants, les manipulations médiatiques, et les effets pervers de l’Europe telle qu’elle a été conçue. 

Dans ce type d’analyse, la déchristianisation est trop souvent négligée, soit parce que l’étude émane d’adeptes du paganisme ou de théories de ce genre, qui considèrent que le christianisme est en lui-même un ferment de décadence, soit parce qu’ils font remonter la chute ou la décadence à une époque très récente, et qu’ils savent que la déchristianisation a commencé avec la révolution française, ce qui n’entre pas dans leur schéma. Michel Vial définit davantage la déchristianisation par la montée d’un athéisme intolérant que par l’éclipse religieuse actuelle. Il note que malgré le recul de la pratique, notre culture demeurait d’inspiration chrétienne, et ceci grosso modo jusqu’à la fin des années 1960. 

Ces derniers temps la laïcité a pris une tournure antichrétienne, renouant et approfondissant des pratiques atténuées, voire disparues depuis les inventaires, tandis que l’islam est simultanément privilégié, au nom du « vivre-ensemble », ou en raison de la peur qu’il suscite, des violences qu’il peut générer, et donc en fin de compte de la lâcheté de nos dirigeants. Tout se tient. 

Dans le même ordre d’idées, le préambule de la constitution européenne de 2005 ne fait pas référence aux racines chrétiennes des nations européennes. Et ce sont aujourd’hui les pays européens non déchristianisés qui sont l’objet de l’hostilité du reste de l’Europe. 

Dans un contexte de montée de l’islam et d’immigration croissante, la déchristanisation programmée permet à la pierre dure d’éroder la pierre friable. D’autant que, note encore Vial, l’Eglise a abandonné toute idée de prosélytisme, tournant le dos à 2 000 ans de prêches, de conversions, de missions. Pourtant, « croyants ou non, nous sommes tous tributaires de notre passé chrétien », conclut-il. 

En guise de raison d’espérer, il ne nous offre guère que l’idée « raspailienne » (si on peut se permettre ce néologisme), consistant à « enfourcher nos montures et défendre [la cause] dans une dernière charge héroïque, sabre au clair ». C’est un peu court. 

L’ouvrage est donc une bonne « synthèse nationale », complète, sur les maux et les enjeux essentiels, mais il est muet sur les formes du sursaut, de la renaissance, de la contre-offensive. On attend en conséquence le tome II, qui pourrait s’intituler De la reconquête, par exemple. 

La Chute de l’empire occidental, par Michel Vial, Synthèse éditions, coll. « Idées », 2020, 130 p., 18 euros (+ 5 euros de port).

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samedi, 15 août 2020

Suite au drame de Beyrouth, retour sur la Guerre de 1976...

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Source Furia francese cliquez ici
 
Nous avons posé quelques questions à Emmanuel Albach concernant son engagement au Liban et nous le remercions pour ses réponses riches d'enseignements !
 
Vous êtes parmi les deux premiers volontaires Français à partir pour le Liban, quelles ont été vos motivations ?
 
La honte de voir la France abandonner encore un peuple ami auprès duquel notre honneur était engagé depuis mille ans, probablement, a été le déclencheur. Mon camarade Philippe, et moi, qui militions depuis déjà trois ans au Groupe Action Jeunesse - et pour ma part au Mouvement Jeune Révolution (NDLR SN : mouvements solidaristes des années 1960-1970) avant - nous sommes retrouvés un matin de début décembre à une terrasse de café, près de notre fac. Il avait acheté Paris-Match. S’y étalaient, en doubles pages intérieures, des photos des grands hôtels où des poignées de combattants chrétiens luttaient contre des hordes de « palestino-progressistes ».
 
Nous avons dit ensemble : « Et la France les laisse tomber ! Et le serment de Saint Louis est bafoué, sur la terre des croisades ! ». L’évidence nous est apparue. Je crois que j’ai dit : « L’histoire ne doit pas pouvoir écrire qu’aucun Français n’est venu combattre avec eux. Il faut y aller. » Et Philippe a dit : « Chiche ? On part ? Je vais cet après-midi au bureau de la MEA, à l’Opéra. » « J’ai simplement dit : oui, vas-y ! ». J’ai pensé : « Si moi, je n’y vais pas, avec la conscience que j’ai du devoir qui nous incombe, qui ira ? ».
 
Nous avons trouvé un Libanais à la fac, un chrétien d’Achrafieh, dont le cousin était dans les Phalanges. Il nous a fait une lettre de recommandation et nous a communiqué le numéro de téléphone de son cousin. Nous avons pris nos billets, tarif étudiant, pour le 4 janvier 1976, lendemain de mon anniversaire, afin que je sois majeur et libre de voyager.
 
Nous n’avions pas le sentiment d’être des héros, ça, vraiment pas, mai juste de faire notre devoir, comme nos ancêtres avaient toujours su le faire.
 
Racontez nous vos séjours.
 
Holà ! Je pourrais vous en écrire des centaines de pages. Je vais essayé de résumer…
 
Nous étions hébergés dans un collège protestant, pensionnat déserté par ses élèves, le « Good Sheperd College » accroché à flanc de la colline d’Achrafieh, face au sud de la ville, dont les Phalanges avaient fait une caserne. Ses bâtiments, qui dataient des années 20, ont été détruits par l’artillerie syrienne en 1987. Pendant deux jours, Philippe et moi avons été soumis à interrogatoire sur interrogatoire. Ils avaient du mal à y croire. Et puis des infos ont dû leur venir de Paris, et ils ont compris finalement à qui ils avaient à faire. Le troisième jour nous avons été présentés à Pierre Gemayel, vieux monsieur magnifique d’allure, à la vois très grave, qui nous a chaleureusement serré la main. Dans la foulée, dans les sous-sols de la maison des Kataëb, nous avons rencontré son fils, Bachir Gemayel, le chef des combattants phalangistes de Beyrouth, qui a fondu en larmes quand nous lui avons certifié que nous étions prêts à mourir avec eux, pour eux. Il nous a dit, tandis que coulaient sur son visage des larmes qu’il ne cherchait pas à cacher : « La France, c’est tant pour nous. C’est notre mère. Elle nous a laissé tomber, mais vous, ses fils, vous êtes là ! Merci. Merci. »
 
Le sous-sol de notre caserne, lui, regorgeait alors d’armes témoins des luttes passées, de 1860, 1920, 1958 : un vrai musée des combats menés pour leur survie par les chrétiens du Liban. C’était très émouvant. Au fond d’un couloir sombre, se trouvait l’armurerie de 1976. Là nous choisissions l’arme -le fusil d’assaut- que nous voulions pour notre mission du jour – ou de la nuit. Nous avons ainsi pu tester -longuement et en situation réelle - tout le matériel disponible ces années-là : Kalach (russe, allemand de l’est,…), Slavia, FAL belge ou sud-africain, M-16 (provenance du Sud-Vietnam), ou des engins plus lourds et meurtriers, et pas toujours jeunes, comme des mitrailleuses légères PKM, des MG-42 (avec les bandes de cartouches autour du cou, vous voyez le cliché, je suppose…) ou des engins impossibles comme le Mau-Mau chinois avec son gros chargeur camembert. Une fois j’ai même eu une Thompson, calibre 45, pour quelques heures (idiot !).
 
Notre groupe - nous avons rarement été plus de huit en même temps - était lesté aussi de quelques LAW (ou « bazooka kleenex », américain), ou d’un RPG et trois roquettes, et nous gonflions nos poches de grenades russes quadrillées (défensives). Très vite chacun s’est fixé sur une arme. Moi, j’ai trouvé un kalach de mon année de naissance, fabriqué en Allemagne de l’est. Bien entendu, une image de la Vierge était collée sur la crosse. Je n’ai jamais porté de casque ou de gilet pare-balles. Nous partions avec deux cents cartouches chacun, plus nos trois chargeurs de 30 cartouches, scotchés tête-bêche, garnis partiellement de traçantes pour les combats de nuit (c’est très efficace à cinquante ou cent mètres de distance, dans la pénombre des rues, j’ai ainsi fait quelques cartons bien venus).
 
La population nous aimait comme des frères, comme leurs enfants. Nous étions sans cesse invités à déjeuner ou dîner chez des gens d’Achrafieh, chaleureux et si reconnaissants de notre présence. On nous donnait une petite solde, l’équivalent de deux cents euros d’aujourd’hui, qui nous permettait d’aller de temps à autre boire une bière dans un bistro de la place Sassine. Nous étions toujours guidés -au moins pendant les premières heures de combat- par un gars de la caserne. Souvent deux ou trois gamins libanais se joignaient à nous. Les combattants kataêb étaient des étudiants, des lycéeens parfois, des gamins de milieux modestes autant que de familles plus aisées. Comme nous étions en général de service la nuit, pour des positions défendant le premier bassin du port de Beyrouth, ou dans le centre-ville, ou à Achrafieh sur la « ligne verte », où il fallait faire du bruit comme si nous avions été nombreux, nous consommions beaucoup de munitions. Nous étions de retour vers huit heures du matin à la caserne, sauf que, la situation se tendant sérieusement à partir de la mi-mai, nous sommes parfois restés nuit et jour sur le front, avec presque rien à manger et contraints de boire l’eau d’une canalisation éclatée. Heureusement, côté munitions et matos, nous n’étions jamais oubliés !
 
Au combat, dans ces rues, ces escaliers d’immeubles inconnus, quand chaque fenêtre est une menace, la peur devient une sensation permanente que l’on finit par dominer. La mort est toujours là, soit en fin de journée dans le cadavre d’un combattant quinquagénaire troué de plusieurs balles, qui le matin même plaisantait avec nous en fumant sa cigarette, ou celui d’un jeune homme, étudiant en pharmacie, qu’un RPG reçu en plein corps a transformé en un amas de chairs fumantes, éclatées, atroces. Il y eut les cadavres d’ennemis abandonnés, pourrissants sous le soleil si chaud de cette année-là, mal brûlés, parfois démembrés, et cette odeur écoeurante, si pénétrante, d’un lambeau de cervelle écrasé par inadvertance et qui s’est imprégné dans la semelle d’un pataugas pour y pourrir… Il y a aussi le vacarme conjugué des armes automatiques, des obus, des explosions de toute sorte quand, le front s’étant soudain réchauffé, dans les rues du centre-ville soudain saturés de déchirements sonores, tous tirent ensemble d’un côté contre l’autre, que des canons bitubes de 23mm, avec leurs gros pointilleux lumineux, entrent dans la danse, avec leurs « bam-bam, bam-bam » assourdissants, et qu’on se demande quand l’un de ces obus, de ces RPG, finira par nous trouver… On serre les dents, et l’on tient sa place dans la barricade, et l’on essaye d’allumer l’ennemi qui tente une percée sous le couvert de cette préparation cacophonique…
 
Comment cet engagement est il perçu en France à ce moment là ?
 
Nos camarades du GAJ n’ont pas apprécié notre décision. La propagande gauchiste avait son effet : se battre avec les chrétiens du Liban, c’était devenu rejoindre Israël qui, dans nos milieux, n’avait pas souvent bonne presse. Nous, nous partions en croisade et sauver l’honneur de la France. Le reste, nous nous en fichions. Mais quand nous sommes revenus en février, une longue trêve s’étant installée, l’humeur avait changé. Nos camarades avaient compris et les volontaires ne manquaient plus. Côté gauche et majorité fausse droite, nous étions simplement des fascistes, quand ils nous citaient. Plus couramment, nous n’existions pas.
 
Quels liens gardez-vous avec le Liban ?
 
Au retour du Liban, j’ai fait les Langues O’ en arabe littéral (j’ai étudié le coran trois ans !), arabe de presse et de radio (j’ai travaillé quatre ans pour An Nahar) et arabe oriental (parler syro-libano-palestinien). J’ai à Paris, collaboré à Saout El Arz (la Voix du Cèdre, radio parisienne des FL), et j’ai vu Bachir quelques mois avant sa mort à Beyrouth. Quand les FL sont venues en exil en France, après 1990, je les ai aidées à se remettre en selle, en communication. De cœur, d’âme, sans cesse je me suis efforcé d’aider mes amis, mes camarades de combat. Je vais au Liban au moins deux fois par an. J’y ai vu ces dernières années tous les responsables des partis chrétiens, sauf bien sûr, le funeste Aoun. Notamment Samir Geagea qui m’honore de son amitié et aussi l’ancien président Amine Gemayel et son fils Samy Gemayel et des anciens responsables des commandos Kataëb, comme Samy Khoueiry, dont la sœur, une combattante incroyable, est partie vers Dieu fin juillet.
 
Vous êtes le président et un des fondateurs de l’Amicale des Anciens Volontaires Français au Liban, quel est le but de cette amicale ?
 
Entretenir et garder des liens très étroits avec les anciens combattants des milices chrétiennes, Kataëb et FL. Transmettre aux jeunes la flamme de cette amitié combattante, de ce goût de la lutte et de la liberté.
 
En 2014, au cours d’une émouvante et grande cérémonie, le secrétaire général du parti Kataëb, Samy Gemayel, a remis, à Bickfaya, au Liban, à douze d’entre nous la médaille du Combattant Kataëb « Pour fait de bravoure ». Je suis revenu avec une trentaine de médailles à transmettre, avec un certificat, aux camarades qui n’avaient pas pu faire le déplacement, et dont la bravoure était absolument incontestable. Je la leur ai remise, parfois ce sont leurs enfants qui en ont été les dépositaires. Ces médailles gagnées au combat valent mieux pour moi qu’une Légion d’Honneur distribuée par des politiciens. Nous en avons fait coller une sur une dalle de marbre noir, sur la tombe de notre camarade Stéphane Zannettacci, tué au combat à Tall El Zaatar le 19 juillet 1976 et enterré à Cargèse, en Corse, où nous étions une dizaine, en octobre dernier pour une belle cérémonie. Nous avons aussi un drapeau frappé de notre logo et qui est présent à toutes sortes d’événements ou commémorations, comme les funérailles de Roger Holeindre ou la réunion annuelle sur la tombe de Jean Bastien-Thiry…
 
Parlez nous de votre carrière après cette expérience, quels ont été vos engagements depuis ?
 
Je crois que j’ai répondu ci-dessus, au moins partiellement. J’ai été journaliste, puis consultant en communication (et chef d’entreprise). J’ai eu quatre enfants dont le sang me semble bien fort.
 
Un dernier mot ?
 
Préparez-vous au combat ! Beyrouth, bientôt, sera transplanté à Paris. J’espérais pouvoir consacrer mes jours restants à écrire sur des sujets plus légers, mais je ne suis plus très sûr d’avoir encore le temps d’écrire beaucoup. Je crois que le combat nous appelle encore. Et puis quoi ? Mourir au combat, pour un vrai Français, pour un gaulois, quelle meilleure fin, à tout âge, et quoi de plus exemplaire pour les générations futures ?
 
Bibliographie :
Emmanuel Albach, "Beyrouth 1976 Des Français aux côtés des Phalangistes." 2015, Les Bouquins de Synthèse nationale, 250 pages, 22 euros (+ 5 euros de port) - quelques exemplaires encore disponibles - cliquez ici

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lundi, 10 août 2020

Face à la racaille, la colère de Palavas

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Source Lengadoc info cliquez là

Vendredi dernier, près de 400 personnes ont marché dans les rues de Palavas (34) pour dénoncer l’insécurité grandissante que connait la station balnéaire cet été.

Les revendications sont claires : il faut plus de policiers municipaux et de gendarmes, mais surtout il faut leur lâcher la bride pour qu’ils puissent lutter contre les racailles. C’est ce que réclamait les Palavasiens qui ont manifesté dans les rues de Palavas.

A chaque saison estivale, la population du village passe de 6 000 habitants à près de 140 000. une telle augmentation de la population entraîne forcément une recrudescence des violences. Mais cette année, les habitants sont unanimes, l’insécurité a vraiment atteint des sommets : rodéos de voitures dans les rues, agressions gratuites, coups de couteau, cambriolages, drogues en tout genre…

La colère gronde et la manifestation a rassemblé près de 400 personnes, une forte mobilisation pour une commune de la taille de Palavas.

NDLR - SN : notons parmi les manifestants la présence remarquée et appréciée de notre ami Richard Roudier, président de la Ligue du Midi, accompagné des militants locaux de ce mouvement.

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mercredi, 05 août 2020

Dogmatisme écolo, l’été meurtrier

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Par Emmanuelle Ducros

« Vous votez un texte dont nous ne mesurerons l’importance que dans quelques années. Quel autre pays se dote d’un dispositif qui concerne tous les néonicotinoïdes et a posé le principe général d’une interdiction dès 2018 ? », pavoisait Barbara Pompili, alors secrétaire d’Etat chargée de la Biodiversité, en août 2016, lors du vote de la loi du même nom.

Un boomerang politique qui revient à grande vitesse au visage de la ministre de la Transition écologique. Quatre ans plus tard, une infestation de pucerons s’abat sur la France, démontrant en un temps record l’absurdité de se substituer aux scientifiques et d’inscrire dans la loi une décision qui est, normalement, du ressort des agences sanitaire, Efsa pour l’Europe et Anses pour la France.

La betterave à sucre est la première culture touchée. Les 26 000 planteurs n’ont plus de solution pour traiter leurs cultures alors que les insectes suceurs de sève transmettent aux plantes des jaunisses qui les atrophient. Résultat : 40 % à 50 % de la récolte sera perdue. Toute une filière – 21 sucreries et 45 000 emplois directs – est aux abois. La France, premier producteur européen de sucre et de bioéthanol, pour plus d’un milliard d’euros d’excédent commercial, va rendre sa couronne. Sans oublier que de cette industrie dépend aussi notre production de gel hydroalcoolique.

Combat « people ». Nos voisins européens qui appliquent, certes, les interdictions européennes de certains néonicotinoïdes, n’ont cependant pas eu, eux, l’imprudence de les interdire tous. Cette année, quand nos filières périclitent, ils ont sauvé les leurs. Les néonicotinoïdes (NNI) sont des insecticides dérivés du tabac. Utilisés en pulvérisation sur les cultures, ils peuvent nuire aux abeilles. C’est la raison pour laquelle l’Europe en a interdit certains. C’est aussi pour cette raison que le combat écolo anti-NNI est devenu « people » : l’abeille est un symbole. Les milieux agricoles n’étaient pas foncièrement opposés à l’interdiction des pulvérisations. Mais ils demandaient de la nuance, des évaluations des impacts et des pratiques. Il n’y en a pas eu.

Face à ces nouveaux méchants de la pharmacopée agricole, pas de quartier : la loi portée par Barbara Pompili a tout interdit. Y compris la solution très utilisée des enrobages de semences à petites doses, qui disparaissent du sol en cent jours. Y compris sur les plantes qui ne font jamais de fleurs en culture, comme les betteraves ou les céréales. Y compris dans l’hypothèse où la culture de ces graines enrobées serait suivie, pour la récolte suivante, d’une plante qui n’attire pas les abeilles – comme le blé – pour réduire le risque à néant. Les NNI ont été un combat politique pour donner des gages d’écologisme aux marchands de peur agricole. Aux agriculteurs de se débrouiller. Conséquence : des situations absurdes où l’on doit, lorsque c’est possible, pulvériser d’autres produits sur des cultures qu’on ne traitait plus ainsi. Ou des impasses techniques pures et simples. Certaines filières – conventionnelles et bio – sont nues devant les ravageurs.

Argent gratuit. Ce n’est pas comme si agriculteurs, agronomes, et même le ministre de l’Agriculture de l’époque, Stéphane le Foll, n’avaient pas prévenu. « Nous n’avons cessé d’alerter sur ce qui allait se produire, se désole Vincent Laudinat, président de l’Institut technique de la betterave. On nous a rétorqué que nous n’aurions qu’à faire autrement. Mais comment ? Non seulement la combinaison pyrètres-carbamate qu’on nous a opposée ne fonctionne pas sur les pucerons, mais elle tue tous les autres insectes. Il n’y a aucun autre produit dans le pipeline d’homologation. Quant aux plantes résistantes aux différentes jaunisses qu’il faudrait développer, cela prend des années. »

Jean-François Loiseau président d’Intercéréales, filière touchée aussi, fulmine : « Depuis huit mois, un virus qu’on ne sait pas traiter s’en prend aux hommes, mais on n’en tire pas de leçon. On n’a pas encore compris que les plantes ont aussi besoin d’être protégées des virus qui les tuent. Je ne dis pas qu’il faut des solutions chimiques à tout, la technique, l’agronomie comptent ! Mais pas de solution du tout... Comment peut-on accepter de mettre l’agriculture dans cette situation ? »

Face à la négation de la réalité, il y a urgence. Pour l’heure, le gouvernement promet d’indemniser les pertes. « Face à ce choc que nous vivons, la seule réponse est celle de l’argent gratuit. Mais qui pense à la souveraineté alimentaire ? La prochaine crise mondiale sera celle de la nourriture », alerte Jean-François Loiseau. Car l’année 2020, désastreuse, en prélude de pires. Avec les hivers doux, les pucerons feront de plus en plus de ravages. Le désastre de 2020 va obérer définitivement des productions que l’on devra aller acheter ailleurs, sans aucune maîtrise des techniques de production, moins vertueuses que les nôtres. Quelle est la logique environnementale de tout cela ? La France, qui pouvait compter sur l’atout de son agriculture, une des plus propres au monde, la tue.

La betterave est aux premières loges du saccage. C’est en ce moment, alors que les planteurs contractualisent avec les sucriers, que se joue la prochaine campagne. « Pourquoi prendraient-ils le risque de continuer sans solution ? Pour voir leurs récoltes détruites ? s’interroge Grégory Besson-Moreau, député LREM de l’Aube, département qui compte de vastes étendues de betteraves. Autour de moi, 30 % des planteurs vont arrêter. Ce n’est pas un accident passager. » La colère monte dans les campagnes. La loi biodiversité, « un texte dont nous ne mesurerons l’importance que dans quelques années » ? Il n’aura fallu que quatre ans pour constater les effets destructeurs de cette bombe à fragmentation idéologique.

Source : L’Opinion du 05/08/2020

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mardi, 04 août 2020

Le nouveau numéro d'Eléments est sorti...

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Eléments n°165, cliquez ici

en vente dans les maisons de la presse.

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Terre & peuple magazine n°84 (été 2020) est paru...

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lundi, 03 août 2020

Une tribune dans Le Figaro de Jacques Julliard : Pour une Europe politique...

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Le normalien Jacques Julliard, 87 ans, longtemps journaliste au Nouvel Observateur et désormais chroniqueur à  l’excellent hebdomadaire Marianne est l’un des rares intellectuels de gauche – avec Régis Debray – à n’avoir pas un casque à boulon à la place du cerveau comme ses ex-amis socialistes ou les fols dingues écolos. Il nous livre ici une analyse du monde d’aujourd’hui avec laquelle nous sommes globalement d’accord. L’Occident est mort, nous dit-il, c’est fini. Il faut instaurer une Europe de la puissance face au désordre mondial et à la reconstitution des « empires ». Et ce autour d’un axe Paris-Berlin, incluant les pays du Sud comme l’Italie, l’Espagne et le Portugal. Et marginaliser la Hollande et les pays nordiques qui demeurent dans un espace économique et mental anglo-saxon. Pour une Europe de la puissance et non de la dépendance.

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vendredi, 31 juillet 2020

Le mal français, c'est d'abord la haine de soi...

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« Populaire » dans toute la polysémie du mot, le philosophe, essayiste, écrivain, professeur  et désormais directeur de publication a lancé avec fracas et quelques polémiques une revue trimestrielle qui entend rassembler les souverainistes de tous bords. Proudhonien  de gauche mais aussi proudhonien de droite, Michel Onfray choisit
de Gaulle contre Mitterrand. Dans cet autoportrait politique, il se moque des étiquettes comme de ceux qui veulent à tout prix lui en donner, et rappelle son amour de la France, pas celle d’un homme ou d’un camp,  mais tout à la fois celle de Corneille et de Robespierre, de Bossuet et de Sartre.

Entretien mené pour Le Figaro par Vincent Trémolet de Villers – Lire ICI

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mercredi, 29 juillet 2020

Ils veulent parler de l’esclavage ? D’accord !

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Par Alain Sanders

Déjà assommés par les discours (souvent contradictoires) sur l’évolution de l’épidémie, nous sommes achevés par une logorrhée répétitive sur l’esclavage. Exclusivement l’esclavage des Noirs bien sûr, la manip « Black Lives Matter » n’étant rien d’autre qu’une machine de guerre instrumentalisée par des extrémistes racistes noirs et des extrémistes de gauche blancs. Ils veulent parler de l’esclavage ? D’accord. Mais sur de vraies bases.

Nous avons eu l’occasion d’expliquer que la traite africaine avait d’abord été pratiquée par des Noirs pour leur propre compte. Après avoir asservi des millions de Noirs africains au cours des siècles, les « roitelets nègres » ont un jour pu commercer avec des négriers européens. Ce sont eux qui allaient « faire le marché » au cœur de régions où les Blancs, cantonnés sur une frange du littoral, ne pénétreront pas avant la moitié du XIXe siècle. Cette traite a concerné quelque 14 millions de personnes.

La traite arabo-musulmane a commencé dès le VIIe siècle. Elle ne sera véritablement contrecarrée, mais seulement en partie, que dans les années 1920. Grâce aux actions militaires des colonisateurs. La traite arabo-musulmane, c’est treize siècles – au bas mot – de pratiques esclavagistes impitoyables. Elles ont concerné au moins 20 millions de mal- heureux.

Rappelons encore que les quatre grandes entités étatiques que furent le Bénin, le Dahomey, l’Ashanti et le royaume d’Oyo, durent leur prospérité au commerce d’esclaves (capturés notamment chez les Yorubas, les Nupés, les Bariba, etc.). Parmi les plus féroces esclavagistes, les Yao, les Nyamwezi, les Ashanti, les Akyem, les Akwamu, les Aowin, le« roi » de Lathé, le « roi »de Ouidah, etc. Ils se faisaient payer en pièces d’étoffe, en fusils, en poudre noire, en eau-de-vie, en tabac, en ustensiles de cuivre, en corail ouvré, etc.

Dans l’est du Congo, ce sont les Belges, dont le roi vient de s’excuser lamentablement, qui mirent fin au trafic de l’esclavagiste Tippo-Tip. Les Français bataillèrent contre des tyrans comme Rabah, Smoussou, Mahmadou, El Hadj Omar, etc., avec l’appui des populations indigènes enfin libérées de ces horreurs séculaires. Mais, des siè- cles durant, via le Sahara, le désert somalien, les forêts et les savanes d’Afrique de l’Est, la mer Rouge et l’océan Indien, les razzias des négriers arabo-musulmans auront dépeuplé des régions entières de l’Afrique noire.

Auteur d’études qui font autorité sur le sujet, l’historien Bernard Lewis écrit : « L’esclavage en terre d’islam reste un sujet obscur et hypersensible dont la seule mention est souvent ressentie comme le signe d’intentions hostiles. » A quoi on ajoutera que le but de la manœuvre étant de rendre l’Occident coupable de tout et du reste (voir Taubira refusant de parler de la traite négrière chez les musulmans pour ne pas stigmatiser Mohamed et ses potes), rares sont les historiens qui osent passer outre. Avec des exceptions notables comme Bernard Lewis déjà cité, Ralph Austen, François Renault et Serge Daget (auteurs de Les Traites négrières en Afrique, Khartala, 1985), Gordon Murray, Bernard Lugan.

Dans Les Traites négrières - Essai d’histoire globale (Gallimard), Olivier Pétré-Grenouilleau a montré que la traite arabo-musulmane ne s’est pas cantonnée à l’Afrique : « Certaines villes comme Assouan et Cordoue se spécialisèrent dans la castration des esclaves destinés à être des eunuques. D’autres devinrent des centres à partir desquels une partie des esclaves parvenus jusque-là étaient réexportés dans des villes comme Zahid dans l’actuel Yémen. »

On a fait de Gorée, au Sénégal, le lieu de mémoire de l’esclavage. Pourquoi là plutôt qu’à Mogadiscio (Somalie), Sofala (l’actuelle Beira au Mozambique), Kanem (Tchad), Berbera (Somalie), Kilwa et Bagamoyo (Tanzanie), Marrakech (Maroc), Zahid (Yémen), etc. où passèrent des millions de fois plus d’esclaves qu’à Gorée ? Parce qu’à Gorée, où on ne dit rien des middlemen africains marchands d’autres Africains, on peut montrer du doigt les négriers européens alors que les autres lieux cités relèvent tous de l’esclavagisme arabo- musulman... Vous avez compris le truc ?

Source : Présent 29/7/2020

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mardi, 28 juillet 2020

Présent d'aujourd'hui présente le nouveau numéro de Synthèse nationale

Dans sa livraison datée d'aujourd'hui, notre confrère et ami le quotidien Présent commente fort aimablement, sous la plume d'Alain Sanders, le numéro d'été de Synthèse nationale. Rappelons que vous pouvez trouver Présent dans les maisons de la presse ou en le commandant sur son site cliquez ici.

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SYNTHÈSE NATIONALE 

Macron (et sa tronche de gamin capricieux) fait la une du numéro estival de Synthèse nationale avec ce commentaire : « L’heure des comptes ». Roland Hélie s’emploie à dresser la longue liste des factures : laissés pour compte du mondialisme, gestion antérieure des retraites, mondialisation à outrance, immigration sauvage, etc. Mais, là encore comme à son habitude, Roland Hélie ne cède pas au désespoir (qui en politique est, on le sait depuis Maurras, une sottise absolue). Il écrit : « Tout n’est pas perdu. » Et il dit pourquoi. A lire aussi, dans ce numéro très dense, l’incroyable récit de Jean-Paul Chayrigues de Olmetta, le Marquis, qui a été hospitalisé plusieurs semaines à Bichat. Ce n’était pas pour le coronavirus et c’était avant la pandémie, heureusement pour lui, mais ce qu’il raconte fait se dresser les cheveux sur la tête ! Qu’il soit rentré vivant de cette épreuve tient du miracle. Hospitalisé d’urgence par les pompiers, le 13 décembre dernier, il s’est ainsi retrouvé dans un monde kafkaïen et avec des compagnons de chambre pour le moins exotiques (et les familles des susdits pour qui, manifestement, les règles hospitalières élémentaires ne sont pas faites…). Que celui qui prétend que le Grand Remplacement est un fantasme séjourne dans un hôpital – et pas seulement Bichat – et on en reparlera… (Synthèse nationale, 9, rue Parrot, 75012 Paris.) 

Vous pouvez aussi le commander en ligne cliquez ici

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Une action pacifique de Génération identitaire

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Par Francis Bergeron

Mme Sylla est une élue du peuple français, il n’est donc pas anormal que ses électeurs lui demandent des comptes, et que certains d’entre eux expriment haut et fort, mais sans violence, sans injures et sans menaces, leur désaccord, si les positions de cette dame leur semblent inacceptables. Cela s’appelle « le débat démocratique », paraît-il. Et prôner la démocratie, c’est, théoriquement, accepter la contradiction. Ou bien parlons alors de « démocratie populaire », et les choses seront plus claires.

Mme Sylla, profitant de la tribune que lui donne son siège de député, alerte sur la baisse des transferts de fonds de la France vers l’Afrique. Il n’est pas certain que les Français partagent cette préoccupation, surtout en ce moment. Mme Sylla réclame une baisse voire une suppression des taxes sur ces transferts financiers qui « se montent à 9 ou 10 % des sommes transférées vers les pays d’Afrique de l’Ouest », précise-t-elle dans les pages du Parisien libéré. Mais le Français (de souche ou pas) qui vire un pécule à l’étranger doit s’acquitter de frais de même ordre. Ne serait-il pas discriminant que les Fran- çais soient moins bien lotis que les étrangers, ou du moins que certains étrangers ? C’est ce que les Identitaires ont souhaité rappeler à cette dame, évoquant au passage l’idée d’une « remigration », qui réglerait toutes ces questions.

Enorme couverture médiatique

Les Identitaires ont donc manifesté pacifiquement leur désaccord avec le lobbying pro-immigrés pratiqué par l’élue. Mais la réaction de la classe politique a pris des proportions incroyables. Et la gentille manifestation identitaire, somme toute modeste et locale, sur une question ignorée du grand public, a, du même coup, bénéficié d’une énorme couverture médiatique. Ceci du fait des excès de langage des amis de Mme Sylla. On n’avait pourtant guère entendu certains d’entre eux, lors de la récente série d’assassinats racistes anti-Français qui ont ému l’opinion publique. Mais on lit sous leur plume que les contestations des Identitaires seraient « des attaques indignes », « abjectes », « des comportements ignobles ». L’excès de ces réactions est manifeste quand ces mêmes personnes parlent d’« incivilités » pour qualifier le meurtre d’une aide-soignante par des racailles. A la vérité, les propos d’un Castex, d’un Dupond-Moretti, d’un Darmanin, d’une Schiappa, d’un Le Gendre les discréditent.

Contrairement aux affirmations hystériques des membres du gouvernement, Génération identitaire a su mettre sur la place publique une question peu connue et assez technique. Ceci sans violences et sans saccages, sans racisme et sans injures, sans haine et sans crainte. L’honnêteté aurait dû consister à les en féliciter. Et regardez le site de France Info commentant cette affaire. Ou plutôt lisez les commentaires des lecteurs et des auditeurs (avant qu’ils ne soient effacés) : les Français ne sont plus dupes de rien.  

Source : Présent 28/7/2020

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lundi, 27 juillet 2020

Coronavirus : Il n’y a aucune reprise nulle part dans le monde là où l’épidémie a frappé violemment. Aucune.

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En mars, les masques ne servaient à rien. En juillet, les masques sont nécessaires. En mars, il ne servait à rien de faire des tests dans les aéroports. En juillet, c’est nécessaire. Comment fait-on pour croire ce que nous dit ce gouvernement ?

Le Dr. Yonathan Freund est médecin urgentiste à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, et professeur à l’université de la Sorbonne. Il s’est exprimé le 17 juillet sur Twitter sur l’évolution actuelle de l’épidémie de Coronavirus et sur l’obligation de porter un masque dans les « lieux clos recevant du public ». Voici l’intégralité de son fil Twitter :

« C’est difficile effectivement de rester silencieux. Quand je vois le délire alarmiste qui envahit les médias et les RS [réseaux sociaux], et qui fait fi de toute mesure. Des journalistes qui infantilisent, ceux qui veulent « punir » les français mal disciplinés… Alors on va debunker un peu.

1) Allez, je fais du #moije comme on me le reproche. Ma position n’est pas imprudente. Je livre une analyse que j’espère circonstanciée et critique des données. Je rappelle que si mon hypothèse est contredite par les chiffres, alors on pourra agir et ce ne sera pas trop tard.

2) Le délire de certains spécialistes en rien sauf en plateau télé et en consultation privée, n’ayant jamais vu un patient COVID, qui nous « apprennent » que l’épidémie reprend : rien ne justifie ces discours. A part la peur.

3) Voilà 2 mois qu’il existe des arguments pour douter d’une seconde vague meurtrière et une reprise de l’épidémie. Les épidémiologistes chefs d’entreprise vendeurs de modèles nous prédisaient 80 000 morts à la levée du confinement même avec gestes barrières. RAS. Il n’y a eu aucune reprise nulle part. Les évènements et comportements qu’on adorait critiquer (fête de la musique, manifestations etc.) n’ont causé aucune reprise. Il y a une circulation du virus. Il y a des nouveaux cas. MAIS,

4) et c’est le point central, toujours le même, à ce jour, il y a chaque jour, chaque semaine, de moins en moins de nouveaux cas hospitalisés ou en réanimation. Et ce partout (hors Guyanne). Alors bien sûr, on arrive à un niveau si bas que nous allons forcément voir des hausses. Quand on est tout en bas, ça ne peut qu’augmenter. Le virus n’est pas mort je le rappelle. Mais est-ce nécessaire de dire qu’on a un signal de reprise quand on passe de 1 par semaine à 3 par semaine? On va arriver à un bruit de fond. En tout cas ds les régions déjà très touchées. Le R est à 2 et quelques en Bretagne! Alerte alerte! Mais non. Il y a juste eu des clusters et des dépistages systématiques. Donc des cas. R (on l’a déjà dit) n’a aucun sens quand l’épidémie est au point mort, outre des clusters. Aucun sens. Sur toute la Bretagne, on est passé de 6 hospitalisations la semaine dernière à 8. Est ce une explosion? Soyons sérieux. Bien sur qu’il y aura toutes les semaines des régions qui verront une augmentation des cas. On part de tellement bas… En Mayenne alerte rouge? Quasi zéro hospitalisations. ZERO.

5) la décision d’imposer le port du masque est très difficile à comprendre. Pourquoi avoir pris cette décision au moment où tous les indicateurs sont au vert? Quel est le plan ? pour combien de temps ? Faut-il vraiment changer la société pour une durée indéterminée sans savoir si c’est nécessaire, et surtout sans savoir ce qui fera revenir en arrière ? Nous sommes nombreux à être d’accord : dans les régions fortement touchées, l’immunité est importante. Probablement suffisante – l’immunité n’est pas uniquement visible sur la sérologie. Il n’y a aucune reprise nulle part dans le monde là où l’épidémie a frappé violemment. Aucune. Pourquoi cette décision du port du masque obligatoire ? Pour protéger les personnes vulnérables ? Mais les personnes vulnérables se protègent. Elles peuvent respecter strictement les mesures de distanciations et autres.

6) En revanche, il faut se poser la question : veut-on totalement arrêter la circulation du virus? Je pense que c’est illusoire. Ou alors j’espère que vous avez du temps devant vous. La solution de le laisser circuler tout en le contrôlant est probablement la bonne.

Certains disent « pour protéger les personnes vulnérables, protégez vous ». C’est peut être faux. Pour protéger les personnes vulnérables, protégez LES, mais si vous êtes malades puis immunisés, vous les protégerez à vie. ATTENTION je ne dis pas que il faut disséminer le virus partout. Mais vouloir à tout prix arrêter sa diffusion, partout, est illusoire et pas forcément un bon calcul à long terme.

Quel est le plan ?

Il n’y a pas d’autre plan cohérent que de poursuivre les mesures de distanciations sans les renforcer, en pouvant assouplir selon l’évolution, et surveiller les vrais indicateurs! (pas les appels à SOS médecin qui augmentent au début des vacances et face à l’alarmisme ambiant). Il y a une part d’incertitude dans cette maladie. Tout le monde est d’accord là dessus. Mais pourquoi la prendre systématiquement sur le pire scénario possible ? Pourquoi une telle symbiose des médias, « experts », etc ? Alors que c’est incertain ? Ce n’est pas logique. »

Source : Le Salon Beige

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dimanche, 26 juillet 2020

Aux USA aussi la « cancel culture » est à l’œuvre

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En France, on ne cesse de dénoncer avec raison le conformisme idéologique des médias et de ces pseudo intellectuels qui font régner un climat délétère qui n’est pas sans rappeler les belles heures du stalinisme. Il en va de même aux Etats-Unis comme en atteste ouvertement Donald Trump. Cette « cancel culture » comme on la dénomme débouche en France sur une abstention massive des citoyens aux élections, ce qui ne manque pas de poser la question de leur légitimité démocratique.

SN

Source : Le Monde 26/7/2020

Le 3 juillet, devant les visa­ges des quatre présidents sculptés sur les flancs du mont Rushmore, Donald Trump a rompu avec l’esprit consensuel qui accompagne ordinairement la célébration de la fête nationale américaine. Il a en effet dénoncé « un nouveau fascisme d’extrême gauche » qui se développe notam­ment, selon lui, « dans nos salles de rédaction ».

« Si vous ne parlez pas sa lan­gue, n’exécutez pas ses rituels, ne récitez pas ses mantras et ne sui­vez pas ses injonctions, vous serez alors censuré, banni, inscrit sur une liste noire, persécuté et puni », a assuré le président des Etats­-Unis.

Mise en garde apocalyptique

Un mois plus tard, le 7 juillet, le Harper Magazine publie une tribune signée par une pléthore d’universitaires, d’auteurs et de journalistes, couvrant un large spectre politique, du linguiste Noam Chomski, figure de la gau­che, au plus centriste Mark Lilla, et au conservateur tempéré Da­vid Brooks, du New York Times. Les noms de J. K. Rowling, autrice de la saga Harry Potter, mise en cause pour des propos considé­rés comme transphobes, et de Salman Rushdie, condamné à mort en 1989 par l’Iran pour ses écrits, y figurent également.

Les signataires y dénoncent la menace d’un « conformisme idéologique » perçu comme mortifère : « Les forces de l’illibé­ralisme gagnent en intensité dans le monde entier et ont un puissant allié en Donald Trump. Mais il ne faut pas laisser la résistance à ce courant se durcir pour produire son propre dogme ou sa propre forme de coercition, que les dé­magogues de droite exploitent déjà. L’inclusion démocratique à laquelle nous aspirons ne peut être réalisée que si nous nous pro­nonçons contre le climat intolé­rant qui règne de tous côtés. »

« Tribalisme »

Ils s’inquiètent de la montée, à gauche, d’« une intolérance à l’égard d’opinions opposées, une vogue pour la dénonciation publi­que et l’ostracisme, et la tendance à dissoudre des questions politi­ques complexes dans une certi­tude morale aveugle », une prati­que qualifiée de « cancel culture ». L’une des signataires de la tribune, Bari Weiss, débauchée du Wall Street Journal par le New York Times après la victoire sur­ prise de Donald Trump pour élargir la palette des pages « Opinions », l’illustre en démis­sionnant le 14 juillet de ses fonc­tions.

Dans une lettre accablante pu­bliée sur son site Internet per­sonnel, elle regrette l’incapacité du quotidien de « résister au tri­balisme ». « Des éditoriaux qui auraient facilement été publiés il y a seulement deux ans met­ traient aujourd’hui leur auteur en sérieuse difficulté, voire condui­raient à son renvoi. Si un papier est perçu comme susceptible d’inspirer un backlash en interne ou sur les réseaux sociaux, on évite de le proposer », poursuit­ elle avant de dénoncer le « nou­veau maccarthysme » qui a pris racine dans le journal, en réfé­rence au harcèlement dont elle assure avoir été la victime en interne.

Les déboires du quotidien new­yorkais enchantent le camp répu­blicain mais l’enfermement idéo­logique ne concerne pas que la presse de gauche. Le sectarisme des titres principalement numé­riques favorables au président l’atteste, tout comme l’expres­sion de « fascisme d’extrême gau­che » qu’il a utilisée le 3 juillet.

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vendredi, 24 juillet 2020

La note qui dézingue le plan de relance français

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« Quoiqu’il en coûte » avait affirmé Emmanuel Macron. Et bien, il va nous en coûter. Une étude cosigné par l’économiste Gaël Giraud, chercheur en économie au CNRS et Willy Bourgeois, conseiller régional PS de Bourgogne France-Comté, relativise grandement l’ambition présidentielle.

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jeudi, 23 juillet 2020

La défaite en chantant

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La crise qui se dessine risque d'être pour la France un pas de plus vers la perte de ses capacités productrices. Analyse de Natacha Polony sur ce qui s'est réellement passé à Bruxelles lors de la négociation de la dette. L'Allemagne, comme d'habitude s'en tire bien. Les Pays-Bas n'en parlons pas. Pour ce qui concerne  la France, Emmanuel Macron est un joueur aux petits pieds.

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mercredi, 22 juillet 2020

Le nouveau numéro de la revue italienne "Nova Historica" est sorti

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Nova Histórica est la revue partenaire des

Cahiers d'Histoire du nationalisme

Edition Pagine - Rome cliquez ici

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lundi, 20 juillet 2020

Plan de relance européen : encore la désunion

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Par Mathieu Solal

Ils voulaient la paix. En arrivant à Bruxelles, Angela Merkel et Emmanuel Macron entendaient faire de leur alliance le socle de la relance européenne. Dans la droite ligne de leur initiative historique du 18 mai, le Président et la chancelière n’avaient plus qu’à transformer l’essai en convainquant leurs partenaires de réaliser pour la première fois l’union de la dette, pour faire face à la crise qui s’annonce. Quitte à faire des concessions, ils imposeraient leur leadership à cette nouvelle Union européenne débarrassée de l’épouvantail britannique et enfin encline à resserrer ses liens face à l’adversité.

Ils voulaient la paix, mais ils ont oublié de préparer la guerre. En arrivant à Bruxelles « dans un esprit d’unité et de compromis » vanté par leurs entourages, et avec comme unique but de défendre la proposition de plan de relance mise sur la table par la Commission européenne, le Français et l’Allemande se sont logiquement retrouvés en position de faiblesse.

Club des gourmands. En s’élevant au-dessus de la mêlée, ils ont ainsi ouvert un boulevard aux entrepreneurs de la division, dont ils avaient vraisemblablement sous-estimé le pouvoir de nuisance. Le reste n’est que jeu de rôle. Pendant trois jours, les défenseurs d’une relance commune et ambitieuse subissent les assauts de l’autoproclamé club des « frugaux » (Pays-Bas, Danemark, Autriche, Suède) qui pourrait bien être rebaptisé « club des gourmands » tant il aura obtenu des autres sans jamais paraître rassasié. Rejoints par la Finlande, ces contributeurs nets suivent dèlement leur ligne : ouvrir toujours plus de fronts pour obtenir tou- jours plus de concessions. Avec succès : samedi, le Président du Conseil Charles Michel fait de nouvelles propositions consacrant une baisse de la part des subventions au profit de celle des prêts dans le plan global de 750 milliards d’euros, une nouvelle augmentation des rabais dont bénéficient ces contributeurs nets au budget européen, et une gouvernance du fonds de relance permettant une mainmise des Etats.

Très en vue jusque-là, le Premier ministre néerlandais Mark Rutte salue « un mouvement dans la bonne direction ». Mais ses partenaires frugaux viennent à sa rescousse pour prolonger encore les discussions, exigeant une enveloppe de subvention inférieure à 400 milliards d’euros (contre 500 milliards prévus initialement). Le Suédois Stefan Lofven demande même un maximum de 150 milliards d’euros.

Pour ne rien arranger, l’Europe centrale joue de son côté sa propre partition. La Pologne et la Hongrie refusent tout net la conditionnalité des fonds européens au respect de l’Etat de droit lors d’un dîner houleux. Le Premier ministre polonais Mateusz Morawiecki profite de ce front commun pour demander un réexamen de la clé de répartition des fonds dont il avait été peu question jusqu’ici, quand le Premier ministre hongrois Viktor Orban enchaîne les déclarations lunaires devant les journalistes.

Dos rond. Face à ces attaques, la France, l’Allemagne, mais aussi l’Italie et l’Espagne font le dos rond, cherchant à préserver coûte que coûte le plan de relance et enchaînant les réunions en petit comité avec les uns et les autres, sans rien opposer au détricotage consciencieux auquel s’adonnent leurs adversaires. Dimanche matin, après avoir claqué la veille au soir la porte au nez des « frugaux » avec lesquels ils tentaient d’obtenir un compromis, Angela Merkel et Emmanuel Macron changent de ton. « La volonté de compromis ne saurait nous faire renoncer à notre ambition légitime », lance le Président quand la chancelière n’exclut pas un sommet sans résultat.

Le revirement apparaît bien tardif et démontre en creux le mauvais calcul stratégique effectué par les défenseurs de la relance. Une stratégie qui s’est mise en place bien avant le Conseil et a consisté en une offensive de charme à destination du nord pour arrondir les angles en amont. Le défilé des dirigeants à La Haye n’aura ainsi servi qu’à améliorer l’image de trouble-fête de Mark Rutte et les réformes structurelles promises par l’Italie et la France à faire travailler l’imagination des « frugaux », ravis de pouvoir remplacer les demandes satisfaites par des nouvelles. Symbole ultime de cette stratégie, la fameuse « boîte de négociation » de Charles Michel présentée en grande pompe la semaine dernière et qui n’aura fait que servir les intérêts des « Frugaux » en favorisant le glissement vers leurs exigences.

Car le bon sens économique prôné par Angela Merkel et Emmanuel Macron est inopérant face aux enjeux de politique intérieure d’un Mark Rutte qui entre en période électorale, et surtout devant la rhétorique frugale fondée sur un irrationnel calcul coût-dépense ne prenant pas en compte l’avantage d’appartenir au marché commun, mais qui n’en a pas moins imprimé les opinions publiques depuis de longues années.

La critique est certes aisée, et l’art de pousser l’Europe à écrire une nouvelle page de son histoire indubitablement difficile. Il n’empêche. En laissant le terrain médiatique à leurs adversaires plutôt que de contre-attaquer en proposant par exemple de lancer une coopération renforcée pour faire la relance sans eux ou en opposant les régimes fiscaux avantageux des Pays-Bas à ses leçons de vertu budgétaire, les défenseurs de la relance ont laissé des plumes dans la bataille.  Le fin mot de cette histoire n’est pas encore connu. Gageons que l’urgence obligera in fine les postures à s’incliner et les Etats membres à s’entendre, pour leur salut à tous.

Source : L’Opinion 20/07/2020

 

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samedi, 18 juillet 2020

Les temps barbares

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Par Djordje Kuzmanovic*

« Une partie de la gauche semble avoir oublié le concept de « lumpenprolétariat » développé par Karl Marx et qui caractérise bien ces criminels qui s’en  prennent d’abord aux travailleurs. Le "lumpenprolétariat" décrit cette frange du prolétariat qui a quitté les classes populaires par le bas et où on retrouve  les voyous, les petits criminels – tous ces gens qui n’ont plus de conscience de classe, qui sont immoraux, mal éduqués et individualistes. Ce sont des  alliés objectifs de l'oligarchie capitaliste car ils copient, à leur échelle, son ethos : la prédation violente, pour soi et contre les autres. C’est aussi s’occuper  des catégories populaires, tâche normalement dévolue à la gauche, que de la débarrasser de ce lumpenprolétariat. La gauche actuelle semble incapable  même de penser le sujet. [...] L’impunité de ce nouveau « lumpenprolétariat » fait d’ailleurs écho à l’impunité des plus puissants de notre société qui se délite  par ses deux bouts. Il y a dans notre République des zones de non-droit et il faudra un jour prendre le taureau par les cornes avant que cela ne dégénère  totalement – par le bas et par le haut. [...]

Le problème, c’est qu’une bonne partie de la gauche parle très rarement d'insécurité, sans se rendre compte que les premières victimes de l’insécurité sont les catégories populaires, qu’elles soient d’ailleurs immigrées ou pas. Or la sécurité est la première des libertés. Le combat contre cette criminalité insupportable est à même de rassembler au-delà de tout communautarisme, par-delà les origines ethniques ou religieuses : la plupart des Français, quelles que soient leurs origines, souhaitent vivre en paix et ne pas craindre les petits voyous auxquels le pouvoir a abandonné les quartiers et leurs habitants. [...]

La droite a, durant les quarante dernières années, défendu avec passion les politiques néolibérales et les exigences de l’Union européenne quant à la réduction du financement des services publics ; elle s’est souvent vautrée dans l’atlantisme le plus complaisant en oubliant que ce qui accompagne le néolibéralisme  économique et le communautarisme étasunien, c’est cet individualisme forcené qui n’a que faire de l’autre et de la société et qui est aussi le terreau sur lequel fleurit cette criminalité barbare. »

(*) Dissident de La France insoumise. Il a fondé le mouvement La République souveraine qui entend s’opposer au bloc ultralibéral, européiste et atlantiste.

 Source : Russia Today 16/7/2020

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Le nouveau numéro (n°30) de Livr'arbitres

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vendredi, 17 juillet 2020

Qu’en est-il du pouvoir présidentiel ?

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On imagine tous que le président de la République a des pouvoirs exorbitants sous la Vème République en raison d’une Constitution taillée sur mesure pour De Gaulle. A tel point d’ailleurs que l’on n’hésite pas à parler de monarchie républicaine. Dans les faits on serait loin du compte comme l’expose ici Emmanuelle Mignon qui fut la directrice de cabinet de Nicolas Sarkozy. Les pouvoirs du président sur une administration omniprésente sont limités et la durée du mandat – cinq ans – n’autorise guère à engager de profondes réformes.

Ce qui nous amène à poser la question : comment réformer en profondeur ce pays ? Au fil des ans, on a créé un Etat jacobin monstrueux, étouffant à coups de taxes, de lois de circonstances, et de normes qui corsettent le monde du travail et contrarient les initiatives citoyennes. Une révolution s’impose, mais laquelle ?

Lire l’entretien ICI

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mercredi, 15 juillet 2020

Au lendemain du 14 juillet

6a00d8341c715453ef00e54ff296798833-150wi.jpgJean-Gilles Malliarakis

L'Insolent cliquez ici

Beaucoup de Français ont été doublement déçus en ce 14 juillet macronien.

Certains, de moins en moins nombreux sans doute, confondent encore l'État, l'État-Providence l'appellent-ils en rêve, et le Père Noël. Englués dans cette illusion si destructrice, ils croyaient peut-être en la promesse présidentielle d'une réinvention. Elle leur avait été annoncée le 13 avril. Le discours prononcé par le chef de cet État, à 3 mois de distance, les a une fois de plus dégrisés.

Mais pour d'autres, depuis le passage du général Boulanger au ministère de la guerre en 1880, il s'agit toujours d'un de ces jours fériés dont il convient d'oublier la symbolique. Longtemps militaire, elle donnait l'occasion au bon peuple de voir défiler ce qui reste des forces de défense d'un pays par ailleurs en déliquescence. "Fiers et contents, chantait-on à l'époque du général Revanche, nous allions à Longchamp le cœur à l'aise... car nous allions fêter, voir et complimenter l'armée française".

Cette année, tout fout le camp dans cette dérisoire république : par crainte d'une deuxième vague du virus, on dut se contenter de scruter la remarquable Patrouille de France et d'applaudir à l'infirmerie.

Comment ne pas partager, dès lors, le dégoût exprimé dans le Figaro ce 15 juillet par Vincent Trémolet de Villers sous le titre "Macron dans l'impasse médiatique : le plus frappant, le plus désolant aussi, ce sont les mots qui n'ont pas été prononcés. Quelques heures plus tôt, des gendarmes avaient défilé place de la Concorde, des soldats et des soignants avaient déplié un drapeau français. Trois couleurs qui disent la noblesse du service de l'État. Il y a quelques jours, Mélanie Lemée, gendarme de 25 ans, est morte pour avoir voulu, simplement, faire respecter la loi. Philippe Monguillot, chauffeur de bus, a perdu la vie pour avoir exercé l'autorité la plus infime: celle qui consiste à demander un ticket, le port d'un masque.

Ni les journalistes ni le président n'ont songé à évoquer, hier, ces drames, symboles alarmants d'une violence qui partout s'installe, précipités tragiques de nos renoncements. Dans la surréalité médiatique, pas une minute pour cette réalité criante. La seule évocation de l'ordre public a concerné le délit de faciès. Comment s'étonner alors que la défiance redouble, que l'abstention galope?"

Et que dire de ces pompiers sur les quels la racaille tire des coups de feu lorsqu'ils interviennent pour lutter contre une incendie comme ce soir-même de 14 juillet à Étampes ? Banal désormais n'est-ce pas ?

Cette mauvaise fête nationale fut instituée jadis sous prétexte de commémorer l'unité des Français de la Fête de la Fédération de 1790. Mais pour le monde entier, elle renvoie à la décapitation du malheureux Bernard-René Jourdan de Launay gouverneur de la Bastille.

Votre chroniqueur ne se lamentera donc pas de la fin de cette identification du pays à cette funeste Révolution qui le déconstruit avec tant d'efficacité depuis plus de deux siècles.

Je ne puis ici mieux faire à cet égard qu'inviter mes amis lecteurs à retrouver ci-dessous les liens de deux articles tirés des archives de L'Insolent :

17 juillet 2008  cliquez là 

22 octobre 2019 cliquez ici 

Je persiste et je signe.

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lundi, 13 juillet 2020

Les règles minimums du vivre ensemble sont comprises comme une soumission insupportable

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propos recueillis par Alexandre Devecchio

Pédopsychiatre et psychanalyste, Maurice Berger a travaillé sur la violence gratuite (1). Selon lui, les meurtres de Philippe Monguillot et de Mélanie Lemée témoignent d’une profonde crise de l’autorité.

Le Figaro - Philippe Monguillot est mort, tabassé pour avoir demandé à ses passagers de valider un ticket de bus. Ce meurtre fait suite à celui de la gendarme Mélanie Lemée lors d’un contrôle routier. Certains observateurs y voient de simples faits divers, d’autres le symptôme de l’ensauvagement de la société. Qu’en est-il, selon vous ?

Maurice Berger. - Les circonstances de ces deux morts ont un point commun, le refus de se soumettre à la loi, fût-ce en tuant : refus de mettre un masque et de présenter un titre de transport avec le conducteur de bus, refus de se sou- mettre à un contrôle routier avec la gendarme. Ce comportement est trop fréquent pour être considéré comme un fait divers, c’est un mode de relation : pour la quasi-totalité des mineurs délinquants dont je m’occupe en tant que pédopsychiatre, les règles minimums du vivre ensemble, et encore plus les lois, ne sont pas comprises comme une nécessité à respecter pour une vie en commun, mais comme une soumission insupportable.

Comment expliquer que ces crimes aient suscité, dans un premier temps, moins d’indignation en France que celui qui a coûté la vie à George Floyd aux États-Unis ?

En France, le meurtre glaçant de George Floyd a été utilisé par des professionnels de l’indignation, très organisés pour alimenter le communautarisme. Concernant les deux autres crimes, beaucoup de personnes sont profondément choquées, mais elles sont capables de contenir leur colère. Elles se sentent impuissantes, déprimées, dégoûtées devant l’incapacité des politiques à comprendre cette violence et à y réagir et devant la faiblesse de la plupart des réponses pénales. Elles ont compris que la mort d’Adama Traoré serait appréhendée comme la preuve d’un « racisme d’État » et la preuve de « violences policières » systémiques, tandis que la mort de Philippe Monguillot ou celle de Mélanie Lemée seraient réduites au rang de faits divers.

De manière générale, la violence gratuite se banalise-t-elle en France ?

Quand une violence a pour but de voler, l’agresseur frappe pour ob- tenir un objet convoité, mais s’enfuit dès qu’il s’en est emparé pour ne pas être attrapé par la police. Dans la violence gratuite, pour un « mauvais regard », l’agresseur frappe autant qu’il en éprouve l’envie, de manière impitoyable et parfois jusqu’à la mort. En 2018, une enquête de l’Insee a indiqué une violence gratuite toutes les 44 secondes en France. Tout citoyen peut s’y trouver confronté. Ces situations sont fréquentes, mais jamais banales, car traumatisantes. Pour ne pas compromettre ses chances de rester intact, il faut se soumettre, baisser les yeux, laisser passer devant soi dans une file d’attente, accepter l’humiliation.

Peut-on parler de crise de l’autorité ?

La crise de l’autorité sévit à plusieurs niveaux. Politique, avec la succession de ministres de la Justice considérant les agresseurs essentiellement comme des victimes. Judiciaire, car on a créé un déséquilibre trop important entre la justice de l’auteur, focalisée sur la personnalité et l’histoire de l’agresseur, et la justice de l’acte, qui concerne les faits et leurs conséquences : les dégâts commis sur le corps et le psychisme d’autrui. Un policier m’explique qu’un délinquant lui déclare : «Vous faites des lois que vous ne respectez pas vous-mêmes ; pourquoi voulez-vous qu’on les respecte ? » Les sursis répétés n’ont aucun sens pour les mineurs les plus violents. Une réponse pénale matérialisée par une sanction est le seul miroir qui leur indique la gravité de leur acte. Sinon, pour eux, c’est comme s’il était effacé. Crise d’autorité familiale, enfin, avec une incapacité de beaucoup de parents à dire non de manière ferme. Résultat, un jeune violent me déclare : « Je veux, je prends. »

Certaines violences sont-elles plus spécifiquement liées à une crise de l’intégration ?

Les auteurs de ces crimes sont issus de l’immigration, mais parler de crise de l’intégration est inexact. La responsabilité de la société française est infime dans des actes aussi graves. En revanche, il est vrai que la majorité des sujets violents sont issus de cultures qui ont une violence interne. 80 % des mineurs très violents ont ainsi été exposés à des scènes de violence conjugale pendant les premières années de leur vie et les ont intériorisées. Or ces scènes sont beaucoup plus fréquentes dans toute culture incluant une inégalité homme-femme, avec des mariages forcés, de la polygamie.

(1) « Sur la violence gratuite en France », Éditions de l’Artilleur, 2019. 

Source : Le Figaro 13/07/2020

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samedi, 11 juillet 2020

C’est au nom de ses propres principes que l’on accuse l’Occident

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par Chantal Delsol *

Le mouvement décolonial qui s’en prend à l’histoire européenne comporte une contradiction interne, estime le professeur de philosophie politique, Chantal Delsol*, qui refuse toute relecture manichéenne du passé.

Nous nous étions réjouis de voir décapiter les statues de Lénine et de Staline. Sortant d’une longue période totalitaire, pendant laquelle le visage de Big Brother était omniprésent et monopolistique, la destruction des images détestées symbolisait pour les peuples soviétisés le retour à la liberté. La mise à mal récente, pour ne citer qu’eux, de Schœlcher, Colbert, Faidherbe, traduit la volonté d’abolir une vision élogieuse du passé colonial, de l’époque où l’Occident dominait le monde. Il ne s’agit plus d’un régime spécifique, particulièrement odieux, comme pour le soviétisme. Il s’agit de l’histoire tout entière. Ces destructions de la mémoire s’inscrivent dans un bien plus vaste mouvement : on voudrait supprimer les noms des auteurs passés soupçonnés de machisme ou de racisme - c’est-à-dire tous !

On ne bâtit rien sur une tabula rasa, comme le XXe siècle l’a montré abondamment. On ne peut pas nettoyer les siècles pour obtenir la pureté totale - selon nos critères qui ne seront peut-être plus ceux de nos enfants. L’histoire est toujours noire et blanche, pleine de grandeurs et de crimes, parce que l’existence humaine est noire et blanche. La culture occidentale a certainement des contours plus appuyés que les autres, très noire parce que sa force et son influence sont immenses, très blanche parce qu’elle invente l’État de droit et les droits de l’homme. Elle a pratiqué l’esclavage comme les autres et plus que certains autres ; mais elle en a inventé l’abolition. Elle a colonisé comme les autres et plus que les autres, pourtant elle a décolonisé non par faiblesse, comme les autres, mais, tout au moins en partie, par mauvaise conscience. Son histoire est noire et blanche, et c’est elle qui nous fait, nous les descendants. Nous avons besoin de connaître et de célébrer cette mémoire contrastée, pour notre gouverne et pour notre jugement. La volonté actuelle d’éradication, peut traduire la volonté utopique de nettoyer le monde, passé compris, de toutes ses taches pour le rendre parfait. Projet insensé et puéril : d’abord parce que la perfection n’est pas de ce monde, ensuite parce que notre génération n’a pas mission de décréter le bien pour les siècles des siècles, passé et avenir confondus. Il y a quelque chose de terroriste et de nihiliste dans les dégradations des personnages du passé.

En l’occurrence, il s’agit ces jours-ci moins d’un utopisme périmé que d’un énorme ressentiment. Une contradiction majeure traverse les mouvements indigénistes et décoloniaux qui s’en prennent aux symboles de notre passé : détracteurs de l’Occident, ils sont en train de faire son éloge appuyé. C’est qu’il ne s’agit en aucun cas pour eux de réclamer l’adoption des règles de droit du pays dont leurs parents ou eux-mêmes sont originaires. Lequel de ces « racisés » (comme ils se nomment eux-mêmes) accepterait de se voir appliquer l’emprisonnement des opposants politiques qui a cours en Algérie, la peine de mort qui existe encore en Mauritanie, l’excision courante dans tant de pays d’Afrique ? Les musulmans, qui colonisaient l’Europe en conquérants jusqu’en 1492, ne se sont jamais repentis plus tard pour cette prouesse de la force. Et même les jeunes filles qui portent le voile ici de leur propre choix le font, selon Houria Bouteldja, par amour et compassion pour la virilité blessée de leurs frères musulmans français, et non pas parce qu’elles ont envie de vivre dans une société où la virginité des filles est érigée au rang de valeur métaphysique. Ce que réclament les « racisés », ce n’est pas la prise en compte de leurs identités, c’est l’habeas corpus appliqué à la perfection : cet habeas corpus qui est typiquement occidental. Autrement dit, ils brisent ce qu’ils convoitent. Mécanisme bien connu du ressentiment.

C’est au nom de nos principes que l’on nous accuse : non parce que nos principes seraient mauvais (on ne leur préfère pas des formes de dhimmitude ou d’esclavage des femmes), mais parce qu’ils ne sont pas appliqués avec suffisamment de perfection. Il y a là une sorte de retour de bâton : nous avons tellement, avec les droits de l’homme, érigé une morale en politique, que l’on nous réclame à présent la réalisation intégrale de nos discours idéalistes...

Il y a dans le mouvement décolonial une contradiction interne, un nœud angoissant qui laisse voir son caractère pathologique. La révolte anti-française actuelle est moins une haine brute qu’une haine par défaut d’appartenance, autrement dit, du ressentiment et de la rancœur : je vous déteste non pas parce que vous êtes le contraire de moi, mais parce que je n’ai pas pu être comme vous. Après une vague d’intégration réussie dans les années 1960, depuis une trentaine d’années on peut parler davantage de désintégration.

S’est-on demandé pourquoi les communautés françaises d’origine asiatique ne se joignent pas du tout à ces rébellions, et même les trouvent plutôt étranges ? Pourquoi, selon les enseignants des écoles, les élèves d’origine asiatique ne contestent pas les contenus des cours, étudient sérieusement et s’intègrent au lieu de se placer en posture de révolte contre la culture qui les accueille ? Pourtant les populations asiatiques peuvent nous reprocher tout autant les colonisations passées, qu’elles ont subies plus qu’à leur tour. Elles n’ont pas de ressentiment envers nous parce que leur culture d’origine est vivante et forte, différente de la nôtre et fière de cette différence. En revanche, les descendants des sociétés africaines et arabo-musulmanes ont le sentiment que leur culture n’a pas seulement été avalée par l’Occident mais qu’elle a été digérée. Face à la culture occidentale, elle est dépassée, elle n’est simplement plus viable, jugent-ils. Ce constat engendre un ressentiment dramatique - il faut casser ce qui a rendu votre passé obsolète, et qu’on ne parvient pas, de surcroît, à s’approprier tout à fait. C’est la révolte d’une population qui a perdu sa culture mais n’en a pas adopté une autre, et dont la situation ou plutôt la non-situation, est intolérable.

Les colonisations occidentales ont été considérables et meurtrières parce que l’Occident était à la fois très puissant et très prosélyte. Nous avons d’autres défauts, mais nous sommes vaccinés contre la libido dominandi. Cependant, il s’agit de notre histoire et il s’agit de nos pères, qui ont pensé bien faire, et nous serions bien légers de les renier. Chacun se doit bien de porter son histoire et de l’assumer avec les bonnes et les mauvaises choses. Nous n’avons pas à nous agenouiller comme les politiciens démagogues, ni à nous repentir de ce qu’ont fait nos ancêtres, mais plutôt à porter la responsabilité de leurs actes, parce que l’histoire est d’un seul tenant et parce qu’une société est aussi habitée par ses morts. On peut débattre sans fin pour savoir ce qu’historiquement il aurait mieux valu faire, qui a mal fait et qui a bien fait. La question n’est pas là. Cette situation nous a été léguée en héritage. Il est grotesque de se répandre ici en auto-flagellations et là en invectives. Il faudrait d’abord cesser de dissimuler la réalité, puis la regarder en face.

* Philosophe, de l’Institut. Dernier ouvrage paru : « Le Crépuscule de l’universel » (Éditions du Cerf, 2020).

Source : Le Figaro 11/07/2020

 

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