lundi, 04 juillet 2022
les extra-européens sont-ils surreprésentés ?
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samedi, 02 juillet 2022
Les idées à l’endroit ou le retour au réel
Le président de la Fondation pour l’innovation politique (Fondapol), Dominique Reynié et le sociologue Jean-Pierre Le Goff ont tous deux, à travers leurs ouvrages respectifs, annoncé et décrypté le malaise dans la démocratie. Ils voient dans le résultat des élections législatives un nouveau symptôme d’une crise liée à une déconnexion entre les élites et le peuple. Nous en avons extrait les passages les plus significatifs.
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Source : Figaro Magazine, 2/7/2022
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vendredi, 01 juillet 2022
Contradictions énergétiques et géopolitiques
Guy Mettan
Les tensions latentes qui minaient l’ordre mondial libéral imposé par les Etats-Unis après la disparition de l’Union soviétique et qui ont éclaté au grand jour avec la guerre en Ukraine aboutissent à des recompositions inédites des relations internationales et à des contradictions qu’il nous va falloir résoudre rapidement.
Les premières concernent les matières premières, l’énergie et les ressources agricoles, qui se rappellent brutalement à notre souvenir alors que nous ne jurions que par les nouvelles technologies et les start-ups. Le plus gros défi consistera à concilier les objectifs climatiques à long terme (fin du pétrole et des énergies fossiles) et à court terme (construction de nouvelles installations portuaires et de dé- et regazéification, réorganisation des routes de transport pour remplacer les pipe-lines existants) alors même que ces nouvelles installations devront être abandonnées dans dix ans selon les accords climatiques en vigueur. Quel privé sera assez fou pour dépenser des dizaines de milliards pour des infrastructures qui devront être démantelées avant d’avoir pu être amorties ? Le contribuable qui verra ses factures de chauffage et de transport exploser sera-t-il d’accord de payer ?
Idem pour les produits agricoles, sachant que le quart des exportations mondiales de céréales, d’oléagineux et d’engrais devra être stocké, acheminé et redistribué via de nouvelles routes qui contourneront l’Europe à la suite des sanctions et de la guerre en Ukraine. L’embargo sur ces produits va donner à la Russie que l’on prétend affaiblir un effet de levier immense sur les pays importateurs tout en gonflant ses revenus. Où est la logique ?
Sur le plan politique, la situation risque aussi de devenir délicate. Le « Sud Global » est en pleine effervescence face à « l’Occident collectif ». La semaine dernière, le Sommet des Amériques a été un échec retentissant pour Joe Biden et les élites américaines qui redoutent désormais que le continent latino-américain leur échappe. 8 pays sur 33 étaient absents, cinq ayant boycotté la rencontre – Mexique, Bolivie, Honduras, Guatemala et Salvador – parce que trois autres n’avaient pas été invités (Cuba, Venezuela et Nicaragua) et que ce « sommet » n’avait donc pas de sens à leurs yeux.
La même semaine, on annonçait la création d’un « Grand 8 » pour faire pièce au G-7 occidental. Ce Grand 8 en gestation, formé de la Chine, de la Russie, de l’Inde, de l’Indonésie, du Brésil, du Mexique, de l’Iran et de la Turquie, dépasserait largement le G-7 en termes de puissance économique puisque son PNB cumulé atteint 56 000 milliards de dollars contre seulement 45 000 pour le G7. Cela sans compter l’Afrique du Sud, cinquième membre des BRICS.
Mentionnons enfin le jeu étonnant de l’Inde, puissance économique très courtisée, en pleine croissance, « démocratique » et donc irréprochable, et qui profite de la crise pour revenir avec brio sur la scène internationale. Comme on dit dans le jargon managérial, l’Inde est trop grosse pour plier devant les pressions occidentales et joue à fond la carte du non-alignement et de la coopération russe et arabe. Cela pour une raison qui avait échappé aux Occidentaux, à savoir que, dans sa coopétition avec la Chine, elle veut à tout prix éviter que la Russie tombe dans l’orbite chinoise au cas où les sanctions occidentales réussiraient à la faire ployer. L’inde tient à ce que la Russie reste le troisième pôle de puissance en Eurasie.
Voilà qui devrait faire réfléchir une Europe qui semble avoir perdu sa boussole…
Source : blog de Guy Mettan ICI
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Gauche radicale, droite honteuse
Vincent Trémolet de Villers
Bravo les artistes ! Chapeau les demi-habiles socialistes et écologistes soumis à Mélenchon, les apprentis sorciers de l’Elysée qui ont méthodiquement décimé les sociaux-démocrates et la droite de gouvernement avant de faire des risettes, de « planification écologique » en Pap Ndiaye, à la gauche extrême ! Félicitations les craintifs de LR, incapables de distinguer l’adversaire prioritaire entre un disciple d’Alain Krivine et l’ancien collaborateur de Nicolas Dupont-Aignan ! Applaudissement pour les démagogues du Rassemblement national qui à force de singer LFI ont repeint en bleu marine le rouge vif de la lutte des classes ! Mention spéciale enfin, pour la radio publique et la presse sentencieuse qui se pâment depuis deux mois devant le radicalisme chic du Bernie Sanders français...
Du chef de l’État qui procrastine, au débraillé des Insoumis à l’Assemblée, en passant par la prudence maladive de la droite qui préfère retirer sa candidature plutôt que gagner avec les voix du RN, le spectacle donné à l’opinion est celui d’un grand affaissement. Comme si la politique, prise d’une frénésie négative, avait décidé de s’autodétruire. La paix à payer de tant d’inconséquences et de lâchetés, c’est l’élection d’un militant révolutionnaire à la tête de la commission des finances. Que doit-on attendre d’un éternel agitateur qui s’enivre des paroles de son chef – « nous allons leur faire les poches » -, qui défile aux côtés du CCIF dans une trouble manifestation contre « l’islamophobie », qui assume de soutenir l’occupation de la basilique Saint-Denis par un collectif de sans-papiers ? IL est à craindre que l’idéologie le plus sommaire le guide dans chacun de ses actes.
À l’heure des conséquences, tous ceux qui ont participé à l’élévation d’Éric Coquerel à la tête d’une commission aussi décisive n’ont pas le droit de se plaindre. Ils ont permis, par un mélange de légèreté, de cynisme, d’antifascisme de circonstance, qu’un courant très marginal dans le pays accède à des fonctions centrales. La gauche radicale ne compte pas s’arrêter là. Si la droite honteuse continue de la sorte, son destin sera d’assister au duel entre Mélenchon et Le Pen.
Source : Le Figaro 01 /07/2022
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jeudi, 30 juin 2022
Bien comprendre ce que Schwab et la clique de Davos nous préparent
Alain Falento Riposte laïque cliquez ici
Il est difficile de développer un argumentaire associant le Forum de Davos, l’U.E, la Covid et le pass sanitaire sans être taxé immédiatement de complotiste ou de conspirationniste d’extrême droite.
Et je dois admettre pour une fois qu’ils ont entièrement raison. En effet il n’y a aucun complot ou aucune conspiration dans cette affaire pour la bonne raison que rien n’est tenu secret. Toutes les informations concernant ces projets sont disponibles pour peu qu’on ait connaissance de leur existence et l’envie de se plonger dedans. Nous sommes devenus tellement insignifiants à leurs yeux qu’ils ne se donnent même plus la peine d’une discrétion minimale.
Edgar Degas disait : « à partir de quarante ans, on a la gueule qu’on mérite ».
Si l’on applique cette maxime à Klaus Schwab, la sanction est terrible. Nous ne sombrerons pas dans la facilité en franchissant le point de Godwin, mais il faut bien avouer que la tentation est grande dans ce cas précis. Surtout quand il est de notoriété publique que Schwab a grandi au sein d’une famille dans laquelle, pour être poli, on n’était pas opposé à l’idéologie du Troisième Reich au-delà du raisonnable.
Klaus Schwab est un vieil allemand de 84 ans, qui arrive tout naturellement en fin de vie. Il est une sorte de caricature de riche retraité germanique, avec toute la morgue qui les caractérise, qui considère que le monde a commencé à sa naissance et se terminera sa mort.
Klaus Schwab n’est autre que le fondateur de Forum de Davos, cet événement international qui a lieu chaque année dans cette station de ski suisse éponyme.
Chaque année, pendant une semaine, l’hyper-classe mondiale (milliardaires, politiciens de haut rang, chefs d’états, représentants de l’U.E, CEO de banques et grands capitaines d’industrie) vient montrer les muscles et rappeler aux prolos qui tient le couteau dans le sens du manche.
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Vivement le chaos !
Pierre-Antoine Delhommais
Le pire n’est jamais certain en économie, mais il est toujours sage et utile de l’envisager afin de pouvoir s’y préparer. C’est ce que vient de faire la Banque de France en présentant un scénario qualifié par euphémisme de « défavorable », reposant sur l’hypothèse d’une prolongation de la guerre en Ukraine. Avec, entre autres conséquences, une envolée supplémentaire et durable des prix de l’énergie et de l’inflation globale (7 % en 2023), mais aussi une récession qui commencerait dès l’automne et se poursuivrait l’année prochaine (– 1,3 % de recul du PIB). Des perspectives d’autant plus inquiétantes que la plupart des experts militaires anticipent un conflit s’installant dans la durée. Si l’on ajoute la menace d’une résurgence de la pandémie et d’un resserrement brutal de la politique monétaire américaine, entraînant jusqu’en Europe une forte hausse des taux d’intérêt, ce sont de très gros nuages noirs qui s’accumulent dans le ciel économique mondial.
La France se trouve extrêmement vulnérable pour faire face à ces temps orageux. D’abord parce que les Français ne sont pas prêts psychologiquement à les affronter après des mois de campagne aux allures de lavage de cerveau. Ensuite parce que le portrait dressé à l’Élysée et à Bercy d’une économie française rayonnante et dynamique, attractive et compétitive est à peu près aussi proche de la vérité que le récit fait par Gérald Darmanin des incidents survenus au Stade de France lors de la finale de la Ligue des champions. Avec une dette atteignant 2 901,8 milliards d’euros, nos finances publiques n’ont jamais été dans un état aussi catastrophique et, avec un déficit annuel dépassant les 100 milliards d’euros, nos échanges commerciaux n’ont jamais présenté un tel déséquilibre. Quant aux commentaires triomphants sur la baisse du chômage, ils doivent être sérieusement relativisés quand on sait que la France détient encore le quatrième taux de chômage le plus élevé (7,3%) parmi les 27 pays de l’Union européenne, devancée seulement par la Grèce, l’Espagne et l’Italie.
Les résultats des élections ont de surcroît indiqué qu’environ 60 % des Français sont convaincus qu’il existe des remèdes miracles pour augmenter le pou- voir d’achat et qu’accroître encore les dépenses publiques dans un pays qui détient le record du monde dans ce domaine est le meilleur moyen de résoudre tous les problèmes. Ou que, enfin, il est possible et souhaitable de ramener l’âge de départ à la retraite à 60 ans quand en Allemagne, où il a été porté à 67 ans, l’idée même de l’abaisser est jugée tellement insensée financièrement qu’aucun parti ne songerait un seul instant à la proposer.
Même si un gouvernement empêché d’agir est aussi un gouvernement empêché de dépenser toujours plus un argent public qu’il n’a pas, la situation de blocage parlementaire n’arrange rien. On finirait presque par souhaiter que le scénario catastrophe de la Banque de France se réalise. Et que, confronté au chaos économique, financier et social, le pays n’ait plus d’autre choix, sous la pression de nos partenaires européens et des marchés, que de se réformer enfin et que les Français cessent de croire si naïvement à tous les mensonges qu’on leur raconte depuis tellement longtemps
Source :Le Point 30/06/2022
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Voitures électriques : et si on relisait « Éloge du carburateur»?
Ronan PLanchon
C’est une révolution sans armes ni barricades qui se profile. Le 8 juin, le Parlement européen a adopté le texte prévoyant l’interdiction de la vente de véhicules thermiques (essence, diesel et hybride) en 2035. À cette date, seules les voitures et camionnettes électriques seront commercialisées sur le marché du neuf. Objectif : viser la neutralité carbone d’ici à 2050.
Oui, mais voilà. Les eurodéputés n’ont, semble-t-il, pas pensé à regarder leurs angles morts. « L’interdiction du thermique, c’est un grand saut dans le vide, et un sabordage industriel », s’est inquiété Luc Chatel, ancien ministre de l’Éducation nationale désormais président de la Plateforme automobile (PFA), au micro de BFM Business. Le monde merveilleux de l’électrique pourrait bien virer au cauchemar, y compris sur le plan environnemental, si de nombreuses questions ne trouvent pas de réponses en 2035, demain donc. Car les batteries sont - pour l’heure - dépendantes du lithium, un métal rare dont les processus d’extraction sont dangereux pour la biodiversité. Et pour ne rien arranger, la Chine a fait main basse sur ce marché.
Par-delà la question écologique, le tout-électrique introduit une question philosophique majeure dans nos vies : celle de la domestication de l’automobiliste. « Trop souvent, les défenseurs du libre marché oublient que ce qui nous importe vraiment, c’est la liberté des hommes. Produire des hommes libres suppose une économie susceptible de favoriser la vertu de l’indépendance », écrivait l’universitaire américain Matthew B. Crawford dans son Éloge du carburateur. Essai sur le sens et la valeur du travail (traduit et publié aux Éditions La Découverte, 2010). Or, à moins qu’émerge dans les prochaines décennies une génération de petits génies de l’électrique, ce dont on peut douter au vu du niveau famélique des écoliers français dans les matières scientifiques, cette économie ne peut que renforcer une forme d’aliénation.
Les moteurs traditionnels, malgré leurs défauts (pollution environnementale et sonore), permettent au bricoleur amateur de résoudre lui-même nombre de problèmes dans son garage, ou au moins de se faire aider par un voisin habile ou un cousin perspicace. L’introduction de l’électronique dans les véhicules a déjà réduit de façon considérable la marge de manœuvre du citoyen, et l’électrique pourrait finir de l’achever. Car avec lui, la voiture de demain devient une sorte de smartphone géant dont seuls les ingénieurs surdiplômés peuvent comprendre les rouages. Pour le plus grand bonheur du fabricant, tout-puissant. En mesure-t-on les conséquences ? Le mouvement des « gilets jaunes » est venu rappeler que le désespoir culturel repose sur une perception de l’impuissance des individus face au développement historique. L’application de l’idéologie managériale à tous les domaines permet, en partie, de comprendre comment nous en sommes arrivés là.
« La génération actuelle de révolutionnaires du management s’emploie à inculquer de force polyvalence et flexibilité aux salariés, et considère l’ethos artisanal comme un obstacle à éliminer », analyse avec brio Matthew B. Crawford. Mais sans doute faut-il remonter plus loin. Depuis que la tradition comme mode de structuration de la vie collective s’est évanouie, notre époque, celle de « l’individualisme radical », selon Marcel Gauchet, ne jure que par le mot « autonomie ». Y compris à l’école où l’enfant est un « petit d’homme érigé en acteur de son propre apprentissage, en constructeur actif de ses savoirs et de ses compétences », écrit le philosophe. Avec le succès que l’on connaît : la perspective individuelle façonnée par Rousseau a cédé sa place, trois siècles plus tard, à un individualisme paresseux, sans surmoi, sans exigence avec lui-même.
Aujourd’hui, nous ne tolérons plus des politiques qu’ils contrarient nos désirs, encore moins qu’ils nous envoient à la guerre ou faire la révolution, mais fermons les yeux quand les entreprises de la Silicon Valley récoltent nos données.
Nous n’acceptons plus de consacrer une partie de notre dimanche dans un bureau de vote mais exigeons que nos courses soient livrées instantanément. Alors, comment s’étonner qu’en sacrifiant une partie de notre liberté sur l’autel de l’environnement, nous foncions tête baissée vers un monde dans lequel nous risquons de perdre l’un et l’autre ?
Source : Le Figaro 29/06/2022
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mercredi, 29 juin 2022
Cette pénurie de gaz russe qui vient
Bertille Bayart
Il y a tout juste quarante ans, le projet de gazoduc eurosibérien semait la zizanie dans l’Otan. A la suite de la loi martiale imposée à la Pologne du général Jaruselski fin 1981, Ronald Reagan dégainait contre l’urss en juin 1982 l’arme des sanctions économiques, y compris extraterritoriales. Interdiction fut faite aux entreprises américaines, et aux entreprises européennes utilisant des technologies américaines, de fournir les équipements nécessaires à la construction du premier gazoduc destiné à acheminer le gaz soviétique en Europe de l’Ouest.
L’initiative américaine déchaîna la fureur des Européens, décidés à mener à bien ce simple «projet commercial», «dans le courant traditionnel des échanges qui doivent concourir au maintien des relations pacifiques, surtout sur le territoire de l’Europe », expliquait à la presse François Mitterrand.
Le président français, Helmut Schmidt et même Margaret Thatcher se rebellèrent contre Reagan. Jean-Pierre Chevènement, ministre de l’industrie, gagna ses premiers galons souverainistes. Au nom de «l’indépendance nationale» et contre «l’impérialisme», il annonça la réquisition de Dresser France, filiale d’un groupe américain, sommée par la France de fournir à Moscou les compresseurs nécessaires à la mise en service du gazoduc. En novembre 1982, un compromis fut trouvé : « Les Européens restreindraient leurs importations depuis l’Union soviétique à 30 % de leurs achats de gaz » raconte Daniel Yergin dans The Price.
Le combat des Européens pour la diversification de leur approvisionnement énergétique et leur souveraineté a ouvert la porte de l’Ouest au gaz soviétique. Le plafonnement à 30% des achats est tombé en même temps que l’URSS. Trente ans après cet incident diplomatique, le patron de Gazprom résumait ,ainsi abruptement la nouvelle donne : « Surmontez votre peur de la Russie, ou manquez de gaz. »
Le piège gazier s’est refermé sur l’Union européenne. Étape par étape, Vladimir Poutine ferme les robinets. En 2021, Gazprom a commencé par cesser ses ventes sur le marché spot, se contentant d’honorer ses contrats de long terme. Puis l’entreprise a arrêté de remplir ses stockages allemands. Puis elle a stoppé ses livraisons dans cinq pays récalcitrants à son exigence de paiement en roubles. Dernière étape en date : au nom d’un compresseur occidental - encore ! - qui n’a pas été livré par Siemens, ce sont les approvisionnements au travers du gazoduc NordStream 1, vers l’Allemagne et au-delà, vers la France, qui n’ont plus lieu.
Au long de quatre décennies, Gazprom s’était construit une réputation, anesthésiante pour ses clients, d’entière fiabilité. Aujourd’hui, la coupure du gaz russe n’est «plus inconcevable», constatait lundi sur CNBC Jeffrey Schott du Peterson Institute.
Or, il faut être réaliste : il n’y a pas d’alternative. En tout cas pas d’ici l’hiver prochain. Il n’existe aucun scénario dans lequel l’Europe trouverait auprès d’autres fournisseurs les quantités de gaz que le Kremlin peut décider de ne plusdu tout lui vendre à travers ses tuyaux. L’activisme diplomatique dans les émirats n’y suffira pas. La « politique du pique- assiette », selon la formule de Thierry Bros, professeur à Sciences Po, consistant au prix fort sur le marché des cargaisons destinées à d’autres, aura ses limites : la Chine déconfinée surenchérira. Les infrastructures seront insuffisantes : on ne pourra pas couvrir les frontières maritimes de l’Europe de terminaux de regazéification dans le temps imparti. Allemagne, Pologne, France, Italie, Grèce… il existe déjà plus de projets de terminaux flottants (FSRU) que d’équipements mobilisables (neuf dans le monde à fin 2021 selon les données du GIIGNL). Les chantiers navals - chinois, soit en dit en passant – sont à bloc : un terminal neuf commandé aujourd’hui sera livré... en 2026.
Les calculettes sont sorties. Maintenant que la coupure de gaz russe n’est plus une hypothèse d’école, les chiffrages réalisés au cours de l’hiver, évoquant une récession de 3 % en Allemagne par exemple, paraissent bien optimistes. Berlin redoute un effet domino à la fois financier - si un grand fournisseur était poussé à la faillite - et industriel. La rupture d’approvisionnement peut «casser» les installations, sidérurgiques notamment, qui ne doivent jamais tomber en température. À moyen terme, l’aléa énergétique peut devenir un facteur de délocalisation.
Pour la première fois depuis la pénurie de charbon qui mit l’industrie britannique en croix pendant un mois en 1946,une rupture d’un approvisionnement énergétique physique, qu’aucun mécanisme de prix et de marché ne pourra résoudre, est possible. Il a pourtant fallu que les patrons des trois grands énergéticiens, Engie, TotalEnergies et EDF, signent une tribune commune dimanche pour que le sujet devienne un thème de débat public en France et pour qu’un appel aux économies soit enfin lancé.
Source : Le Figaro 19/06/2022
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mardi, 28 juin 2022
Tocsin
Jean-Michel Salvator
C’est un scénario qui semble aujourd’hui inimaginable en France en plein été. L’Allemagne pourrait manquer de gaz cet hiver. Notre voisin dépend pour 35 % de sa consommation du gaz russe. Or Vladimir Poutine a ordonné de réduire drastiquement les livraisons. Impossible de compenser avec d’autres pays producteurs ou avec d’autres énergies. Si les importations russes baissaient encore, l’Allemagne risque d’être à sec de gaz cet automne pour faire tourner son économie et chauffer sa population. Berlin n’exclut pas de fermer des usines avec les conséquences sociales qu’on imagine. « Ce serait catastrophique. Nous ne parlons pas de deux jours ou de deux semaines, mais d’une longue période », expliquait le ministre de l’Économie Robert Habeck la semaine dernière.
La crise qui menace est d’une gravité exceptionnelle. On en a peu parlé parce que les Français avaient la tête ailleurs avec les législatives. Notre situation est aussi moins critique grâce au nucléaire. Mais l’inquiétude monte sur nos ressources. D’abord, parce que la moitié de nos centrales sont en ce moment à l’arrêt pour révision. Ensuite, parce que la sécheresse complique la production d’électricité des barrages hydrauliques. Enfin, parce que nous sommes très en retard sur le renouvelable : nous produisons quatre fois moins d’énergie solaire éolienne que l’Allemagne. Élisabeth Borne a bien demandé aux administrations et aux entreprises de réduire leur consommation de 10 % il y a quelques jours. Mais ce sont bien les dirigeants des trois énergéticiens français TotalEnergies, EDF et Engie qui ont déclenché une prise de conscience en sonnant le tocsin. Ils se font pressants quand ils demandent aux Français de réduire leur consommation : « L’effort doit être immédiat, collectif et massif. Chaque geste compte », insistent ces trois responsables qui sont en temps normal de redoutables concurrents. Faut-il que la situation soit préoccupante. Pour faire face, la France comme d’autres pays européens (l’Allemagne, l’Autriche et les Pays-Bas) vont rouvrir provisoirement leurs centrales à charbon dont le bilan carbone est exécrable. Une décision sacrilège. Mais a-t-on le choix ?
Source : édito du Parisien 28/6/2022
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lundi, 27 juin 2022
Un article sur le livre "Jean Picollec l'atypique" dans le quotidien Présent
Jean Picollec, bien plus qu’un éditeur !
Jean Ernice,
La chronique de Livr'arbitres cliquez là
DOIT-ON VRAIMENT présenter Jean Picollec ? Ce nom, nous sommes nombreux à le connaître, notamment chez les lecteurs de Présent ! Il faut dire que l’homme a édité tant de livres qu’on a forcément tenu en main à un moment ou un autre un ouvrage dirigé par le vaillant Breton. Pourtant, il serait réducteur de ne s’arrêter qu’à la (riche !) carrière d’éditeur de Jean Picollec.
Passé à la question par Philippe Randa, Monsieur Picollec revient sur sa vie, on serait tenté d’écrire ses vies tant il y a de facettes du personnage à découvrir. Il y a tout d’abord l’homme, né en 1938 au Maroc alors sous protectorat français, mais dont toutes
les racines sont bretonnes avec des aïeux originaires de Concarneau. Jean Picollec apprend le français à l’école, mais c’est la langue bretonne qu’il utilise avec ses grands-parents. Alors que tout le prédestine à être marin, Picollec étudie l’histoire, devient lauréat du concours général, puis file à la Sorbonne, là-bas il découvre Paris et croise un certain... Lionel Jospin ! D’autres rencontres se font à l’époque, Alain Jamet ou encore Jean-Marie Le Pen deviennent des familiers de Picollec. Il partage avec eux le rejet du communisme, notamment après les événements de Budapest en 1956.
Engagé chez Larousse, Picollec ne soutiendra finalement pas sa thèse sur l’autonomisme breton pendant la Seconde Guerre mondiale par manque de temps. Son attrait pour la politique se confirme par un engagement à Ordre nouveau à l’invitation de François Duprat.
Philippe Randa revient également sur la passion bretonne de Picollec et sur le fait de s’être présenté aux côtés d’un personnage aussi atypique que reconnu, Jean-Edern Hallier. Le fantasque essayiste vaudra bien quelques soucis à son ami Picollec, quand la police pense que l’éditeur fait partie de ses ravisseurs...
Après son passage chez Larousse, Picollec fonde les éditions Alain Moreau dont il est la principale cheville ouvrière. Pour cette maison il édite Pierre Péan, Henry
Coston ou encore Jean Montaldo. Après six ans d’association avec Alain Moreau, Picollec prend son envol en 1978 et ouvre sa propre maison d’édition qui porte tou- jours son nom. Il édite tout au long de sa carrière des livres engagés, n’hésitant pas à publier la défense de Klaus Barbie écrite par maître Vergès.
Bref, un bel hommage à un passeur d’histoire, un fidèle (en amitié comme en politique). Rendons grâce à Philippe Randa et Roland Hélie (éditeur et préfacier de l’ouvrage) d’avoir eu l’initiative sympathique d’éditer cet ouvrage, troisième de ce type après l’entrevue avec Roger Holeindre menée par Arnaud Menu cliquez ici ou encore celle de Carl Lang réalisée par Jean-François Touzé cliquez là.
Philippe Randa, Jean Picollec l’atypique, Synthèse nationale, 2022, 328 pages, 29 euros. cliquez ici
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Sortir du flou
Yves Thréard
Entre deux voyages à l’étranger, Emmanuel Macron a donné ses instructions à Elisabeth Borne. La première ministre est non seulement confirmé dans ses fonctions, mais elle est en plus chargée de lui faire des propositions pour l’avenir et de lui suggérer des noms pour un nouveau gouvernement. Lourde responsabilité qui montre que le locataire de Matignon peut être plus qu’un exécutant, davantage qu’un collaborateur. Depuis l’instauration du quinquennat, on avait perdu l’habitude. Peut- être est-ce aussi le signe que le chef de l’État ne sait trop sur quel pied danser avec la nouvelle Assemblée nationale ! Pendant qu’il s’occupe des affaires du vaste monde, à elle, donc, de régler les problèmes domestiques.
On peut gloser à l’infini sur la manière, mais il est effectivement urgent que la France sorte du flou sur le fond. Alors que, avec le retour de l’inflation, une grave crise économique est à redouter, personne ne comprendrait que le pouvoir exécutif tergiverse ou se perde dans des considérations fumeuses et hors sujet. Aussi n’a-t-il pas mieux à faire que de vouloir inscrire le droit à l’IVG dans la Constitution ? À l’inverse des États-Unis, celui-ci n’est nullement menacé chez nous et cela ne correspond à aucune revendication. Ainsi Emmanuel Macron, en quête de majorité et d’unité, est-il bien cohérent quand il refuse d’emblée de travailler avec les députés du RN ou de La France insoumise ? Comment peut-il affirmer cela alors qu’il a répété ce week-end « être à l’écoute du message qui a été envoyé et traduit dans les urnes aux élections législatives»? L’avertissement reçu lui interdit de continuer à jouer les Dr Jekyll et Mr Hyde.
Au lieu de chercher à sceller d’improbable coalitions, Emmanuel Macron serait bien inspiré de préparer des mesures utiles. Des réformes qui échappent sur surcroît au « quoi qu’il en coûte » alors que la dette publique flirte avec les 3 000 milliards d’euros. Est-ce le cas du projet de loi sur le pouvoir d’achat ? Le doute est permis. Sur les retraites comme sur l’école et l’hôpital, que souhaite-t- il exactement ? Certes les intentions existent, mais le flottement est patent, d’autant que le gouvernement reste à constituer. Comment trouver des majorités dans ces conditions ? Élisabeth Borne a du pain sur la planche...
Source : Le Figari 27/6/2022
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dimanche, 26 juin 2022
Ceux qui récusent l’existence de deux blocs iront dans le mur
Lucide comme toujours, Alain de Benoist nous livre ici une réflexion pertinente et fort éloignée des clichés et autres niaiseries que l’on a pu entendre ces derniers temps avec les élections. Il n’y a plus, nous dit Alain de Benoist de droite et de gauche, mais une réelle lutte des classes entre la bourgeoisie et le peuple. Et de nous dresser un panorama de cette France actuelle où les tensions ne feront qu’augmenter. Pour quel final ?
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samedi, 25 juin 2022
Trop d’immigration pour 65% des Français
Guy Denaere
CNews a publié ce jeudi un sondage de l’institut CSA : 65 % des Français estiment qu’il y a trop d’immigration en France. Une proportion qui monte à 100 % des personnes interrogées qui se disent RN ou Reconquête, et qui descend à 7 % chez celles qui se disent PS.
S’il y a « trop » d’immigration, ce n’est pas au sens où l’on dit fautivement « c’est trop bien », non, il s’agit bien d’un excès, d’un événement négatif. A quoi les Français jaugent-ils ce trop ? Le sondage ne le dit pas. Il y a d’abord l’insécurité, qui n’est pas un sentiment mais qui se décline, concrètement, jour après jour, dans les violences dont on n’a qu’un écho très affaibli dans les grands médias. Violence à l’égard des personnes, violences à l’égard des forces de l’ordre : un policier agressé samedi 18 juin à Saint-Ouen, un commissariat attaqué le lendemain à Champigny-sur-Marne, deux policiers municipaux violemment agressés mardi 21 dans la cité Gabriel-Péri (Saint-Denis) par une dizaine de personnes après le contrôle d’un guetteur... Mais aussi une violence environnante : au mois de mai, par deux fois, des bagarres avec machettes et couteaux ont éclaté à Noisy-le-Sec devant l’école maternelle Petit-Prince (sur quelle planète vit-on ?), un « jeune ensanglanté » a même tenté de se réfugier dans l’école en pleine journée... Une insécurité qui croît en Seine-Saint-Denis et en région parisienne, mais tout autant en province qu’au cœur de Paris : Rachida Dati propose de clôturer le Champ-de-Mars et de le fermer pendant la nuit tellement la situation y est hors de contrôle.
Les sondages sur l’insécurité donnent d’ailleurs des chiffres proches de celui sur l’immigration : selon un sondage Ifop pour Sud Radio (3 juin dernier), 69 % des personnes interrogées estiment que « l’insécurité a augmenté » ; en septembre 2020, 70 % des Français jugeaient justifié le terme « d’ensauvagement » employé par Darmanin pour qualifier la violence et la délinquance.
Il y a ensuite, pour expliquer ce « trop d’immigration », le Grand Remplacement à l’œuvre. Là encore, croisons les sondages : 67 % de Français se disaient inquiets d’un « grand remplacement » en octobre dernier (sondage Harris Inter-active pour Challenges). Femmes voilées et hommes barbus, populations exogènes majoritaires et qui font sentir aux Blancs qu’ils ne sont pas les bienvenus dans le quartier, ou dans l’établissement scolaire, ou dans la rame de métro, préférence étrangère, etc., chacun de nous en connaît les manifestations.
Mais pourquoi ces 65 % de Français n’ont-ils pas donné 65 % des suffrages à Marine Le Pen et Eric Zemmour lors des présidentielles, ou aux candidats RN et Reconquête lors des législatives ? Le barrage psychologique est solidement ancré dans les consciences depuis les années 1980 : quoi qu’on vive au quotidien, il ne faut pas voter « extrême droite », c’est mal. Comme le barrage « républicain », ce barrage-là n’en finit pas de céder. Il explique sans doute en partie ce mystère du vote et de l’abstention qui ne convertit pas en élection une idée ou une expérience.
Dessin de Chard
Source Présent, 25/6/2022
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vendredi, 24 juin 2022
Martin Hirsch, le Caligula de la santé
Il fait partie de ces bobos exécrables, énarque de formation, qui vont casse-croûter bien à l’abri dans le secteur public. Martin Hirsch est un quasi étalon de cette engeance qui gangrène ce pays, incapable de voir la réalité en face et qui, dès qu’un problème se présente, prend illico la fuite. Courage fuyons. François Monestier, avec son talent habituel étrille ce guignol qui malheureusement va trouver à se recaser dans un comité Théodule quelconque et tel un Mélenchon du pauvre, continuer d’être rémunérer par les contribuables français.
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Source : Présent 24/6/2022
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mercredi, 22 juin 2022
Hausse des transferts de fonds vers l’étranger
Arnaud Raffard de Brienne
La situation n’a rien de nouveau, le transfert de fonds des immigrés à destination de leurs familles demeurées dans leurs pays d’origine dépasse, et de loin, la totalité des aides publiques attribuées par les économies occidentales aux pays en perpétuelle voie de développement, renommés du doux euphémisme de « pays à revenus faibles ou intermédiaires » (PRFM). Encore n’évoque-t-on, bien entendu, que les transferts déclarés et légaux qui se seraient élevés, selon le Fonds international pour le développement agricole (FIDA), à 577 milliards d’euros dans le monde pour l’année 2021. Les transferts informels seraient, quant à eux, estimés à un niveau considérable, sans doute supérieur à ce montant.
Ces transferts de fonds ou remises migratoires représentent, hormis pour la Chine, la plus grande source de financement extérieur pour les pays jadis qualifiés de sous-développés. Ils bénéficient de plus d’une enviable dynamique lorsque l’on mesure les évolutions sur un an, entre 2020 et 2021. Plus 14,1 % vers l’Afrique subsaharienne, 6,9 % vers l’Asie du Sud, 7,6 % à destination du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord, 7,8 % vers l’Europe et l’Asie centrale, et même 25,3 % pour l’Amérique latine et les Caraïbes.
Cette évasion de fonds augmente évidemment à mesure de l’accroissement de l’immigration, pénalisant toujours plus les économies nationales desquelles sont soustraits chaque année des milliards acquis sur place et dépensés ailleurs.
La bonne tenue de cette évasion de ressources pendant la crise sanitaire provient certes d’une louable manifestation de solidarité familiale mais s’explique aussi par les divers plans de relance contracycliques mis en œuvre par la plupart des nations. En clair, un argent public emprunté pour sauvegarder économie et emplois aura permis d’assurer des niveaux de rémunération et de ressources en général de nature à favoriser le maintien de ces remises migratoires. Effet à double détente pour la nation d’accueil : l’évidente perte de richesse liée à ces évasions non fiscales mais de ressources, aggravée d’un passif qu’il conviendra tôt ou tard d’honorer.
Il n’est pas anodin d’observer le lancement par la Banque mondiale d’un groupe de travail international pour l’amélioration des données sur les envois de fonds, qui s’inscrit très officiellement dans le cadre du Pacte mondial sur les migrations (PMM) ou Pacte de Marrakech, appelé officiellement Pacte mondial pour des migrations sûres, ordonnées et régulières. Le double objectif tout aussi officiel de ce groupe de travail vise à améliorer les données sur ces flux afin de contribuer à réduire les coûts d’envoi des fonds d’une part et surtout contribuer à une augmentation du volume de transferts d’argent d’autre part.
Etablis à un niveau record en 2021, les transferts de fonds vers les pays d’origine dépassent pourtant déjà largement le montant des investissements directs étrangers (IDE), c’est-à-dire de l’ensemble des mouvements internationaux de capitaux vers des filiales et pour leur création ou destinés à la gestion d’une entreprise étrangère, à des fusions-acquisitions, à des prêts et emprunts intra-groupes, etc. C’est ce record que tient sans doute à pulvériser la Banque mondiale et l’ensemble de la galaxie mondialiste
Source : Présent 22/6/2022
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lundi, 20 juin 2022
Conflit ukrainien. Le petit-fils du général De Gaulle dénonce la soumission de la France à l’OTAN
Source Breizh info cliquez ici
À l’ambassade de Russie en France, le petit-fils du général de Gaulle, Pierre de Gaulle, s’est exprimé sur le conflit ukrainien. Il s’est livré à une vive critique des politiques occidentales sur le dossier, imputant notamment à Paris une « soumission à l’OTAN ».
Le 14 juin, l’ambassade de Russie en France a organisé une réception officielle à l’occasion de la Journée de la Russie. L’événement a réuni de nombreux invités parmi lesquels figuraient des diplomates étrangers, des personnalités culturelles ou encore des représentants d’associations de compatriotes.
Au nombre des intervenants, le petit-fils du général de Gaulle a exprimé son attachement à l’amitié franco-russe, déplorant les multiples facteurs qui, selon lui, pourraient la détériorer.
Les Occidentaux ont laissé faire Zelensky, ses oligarques et les groupes militaires néonazis s’enfermer dans une spirale de guerre.
« Je viens ici pour affirmer haut et fort qu’il est dans l’intérêt de la France de garder de bonnes relations avec la Russie et de dire qu’il faut travailler ensemble en vue d’aider à l’union et à la sécurité de notre continent, ainsi qu’a l’équilibre, au progrès et à la paix du monde entier », a-t-il par exemple déclaré devant son auditoire, avant de livrer son point de vue sur les enjeux relatifs au dossier ukrainien.
« Chacun reconnait aujourd’hui la responsabilité des Etats-Unis dans le conflit actuel, le rôle funeste de l’OTAN qui s’élargit sans cesse et la politique inconsidérée du gouvernement ukrainien. Ce dernier, fort de belles promesses et nourri d’illusions américaines et européennes, a conduit une politique très condamnable à l’égard des populations russophones du Donbass, multipliant discriminations, spoliations, embargos et bombardements », a souligné le descendant de l’instigateur de l’appel du 18 Juin.
Et selon lui, « les Occidentaux ont malheureusement laissé faire Zelensky, ses oligarques et les groupes militaires néonazis s’enfermer dans une spirale de guerre ».
Toujours sur le conflit ukrainien, Pierre de Gaulle a mis en garde sur ce qu’il a estimé correspondre à l’application d’un agenda américain en Europe. « Que veulent les Américains si ce n’est de provoquer une nouvelle confrontation est-ouest dont le seul but est d’affaiblir et de diviser l’Europe pour imposer leurs directives, leur économie et leur système ? », a-t-il par exemple interrogé.
« Je regrette que le gouvernement français se commette dans [une] soumission à l’OTAN et donc à la politique américaine […], l’OTAN absorbe l’Europe», a-t-il déploré, désapprouvant le retour de son pays dans le commandement intégré de l’Alliance atlantique, sous la présidence de Nicolas Sarkozy.
« Depuis les Américains ne parlent plus à la France et ne nous considèrent plus comme une nation forte et indépendante », a-t-il soutenu, en étayant son raisonnement par la récente affaire des sous-marins, à l’origine de frictions entre Washington et Paris.
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samedi, 18 juin 2022
Les extrêmes : une notion à la carte
Mathieu Bock-Côté
C’est le mot d’ordre de ces élections législatives – à tout le moins celui lancé par la majorité : il faudrait lutter contre les extrêmes. La formule est toutefois bien vague, d’autant qu’elle s’écrit au pluriel et suscite immédiatement quelques questions « stratégiques » : faut-il traiter les extrêmes de la même manière, les mettre sur le même pied, ou doit-on néanmoins se méfier davantagede l’un que de l’autre ? Ces questions ont traversé la présidentielle, mais elles se posent avec une vigueur nouvelle depuis que plusieurs dizaines de milliers d’électeurs sont placés devant un choix au second tour des législatives entre un candidat de la Nupes et un autredu Rassemblement national. Entre deux maux, faut-il s’abstenir ou choisir le moindre ? Mais lequel l’est ?
Il importe de revenir sur les termes. Qu’entend-on par les extrêmes ? Extrême par rapport à quoi ? Par rapport à quelle norme ? Où se trouve la norme politico-idéologique dont il ne faudrait pas s’éloigner, sous peine de sortir du périmètre républicain ? Cette norme, je l’associe au régime diversitaire. J’entends par-là ce régime qui assimile la démocratie à une déconstruction sans cesse radicalisée des normes historiques et culturelles de la civilisation occidentale au nom de la diversité. Il se déploie au croisement de plusieurs doctrines, comme le multiculturalisme, le néoféminisme, la théorie du genre et le sans-frontiérisme mondialisé. Ce régime renverse la conception traditionnelle de la démocratie libérale et nationale : il la combat, même, en l’assimilant au populisme.
Cette norme prétend se confondre avec le progrès, c’est-à-dire avecle mouvement de l’histoire, qu’on ne saurait contenir ou renverser – tout au plus peut-on espérer le ralentir un peu. C’est à cette lumière que le régime diversitaire distingue deux types de péchés idéologiques. Ainsi, on reproche à « l’extrême gauche » d’être trop hardie dans la bonne direction historique : on ne lui reproche pas sa vision des choses, mais son rythme. Elle brusquerait la capacité d’évolution des sociétés et risquerait de provoquer quelques ressacs se retournant contre le progrès. Inversement, « l’extrême droite » voudrait renverser le cours de l’histoire. Elle serait au sens propre « réactionnaire » et, pour peu qu’elle soit résolue, on la soupçonnera même de tendre vers le fascisme.
Dans cette logique, on arrive bien plus rapidement à l’extrême droite qu’à l’extrême gauche. Quiconque s’oppose à ce que le régime juge être la nouvelle étape du progrès sera tôt ou tard assimilé à la première, surtout s’il s’entête dans son opposition, et cela même s’il vient de la gauche. Une typologie s’impose : est qualifié d’homme de droite respectable celui qui accepte les évolutions du monde sans enthousiasme et qui croit même devoir les faire accepter à son camp. Est jugé appartenir à la droite conservatrice qui les combat tout en se sachant vaincue. Est baptisé « extrême droite » qui espère renverser la tendance, gagner et remporter l’adhésion populaire. L’évolution du lexique fait qu’on l’associe aujourd’hui plutôt au populisme identitaire.
Inversement, il faut aller loin, très loin, pour se faire classer à l’extrême gauche. Les spécialistes rassemblés en colloque peinent à identifier l’extrême gauche. Au mieux consentent-ils à l’associer
à la violence des antifas ou aux anticapitalistes revendiquant explicitement leur filiation trotskyste. Les spéculations conspirationnistes de Jean-Luc Mélenchon à propos de Mohammed Merah ou son compagnonnage de route avec Jeremy Corbyn ne suffisent pas à le rendre suspect. On se montre toutefois de même réservé quand vient le temps d’associer à l’extrême gauche la mouvance racialiste, décoloniale, indigéniste ou néoféministe. On comprend pourquoi : sur ces questions, la mélenchonie parle le même langage que la macronie, qui célèbre aujourd’hui un Pap Ndiaye. De manière assez fascinante, qui parle le langage de la race, aujourd’hui, pour peu qu’il fasse le procès des « Blancs », sera classé dans la gauche audacieuse. Qui s’y refusera au nom de la nation pourra finir à l’extrême droite. En dernière instance, on jugera « l’extrême gauche » préférable à « l’extrême droite ».
On en revient à notre point de départ : il faut toujours décrypter les slogans et les étiquettes par lesquels un régime entend catégoriser ses adversaires. Et pour peu qu’on ne se sente pas obligé de reprendre les catégories mises en circulation par la propagande du régime diversitaire, on en conclura que la lutte contre « les extrêmes » ne veut rien dire, sinon qu’elle sert à normaliser les préjugés et les intérêts d’une caste incapable de s’imaginer qu’on n’applaudisse pas le monde qu’elle nous propose.
Source : Le Figaro 18/6/2022
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vendredi, 17 juin 2022
Le monde politique est un trompe-l’œil
Ivan Rioufol*
La politique, laissée aux marchandages des apparatchiks et au manichéisme des faiseurs de peur, est un trompe-l’œil. Ce qui est à voir et entendre est à rechercher dans les silences de la France populaire quand elle refuse le jeu de dupes : il permet à des coucous comme la Nupes et ses bobos-faux-prolos de s’installer dans les nids abandonnés par la droite. Ces Français qui ne votent plus ne sont pas à accabler. Les abstentionnistes n’ont pas abandonné la politique ; c’est la politique qui les a abandonnés. Cela fait des décennies que les élus ne savent plus parler aux gens ni entendre les plaintes de ceux qui voient leur nation se dissoudre dans une identité liquide.
(…) La France est sur un volcan. Les dirigeants avancent comme des somnambules, imperméables aux indignations sourdes des oubliés. La déconnexion du réel est telle, au cœur de l’État, que le gouvernement ne s’est pas contenté de nier les razzias des voyous de Seine-Saint-Denis contre des supporteurs anglais ou espagnols au Stade de France (voir dernier bloc-notes). Les images des caméras de surveillance, qui auraient pu illustrer ces faits, ont elles-mêmes été détruites pour n’avoir pas été réclamées par la Justice dans les délais. Pour sa part, Macron a annoncé le 4 juin son choix de créer un pompeux « Conseil national de la refondation », après avoir admis que les Français étaient « fatigués des réformes qui viennent d’en haut ». Toutefois, ce n’est pas un énième machin, cornaqué par le président qui a lui-même défini les sujets (indépendance, plein emploi, neutralité carbone, égalité des chances, renaissance démocratique), qui résoudra la crise de la démocratie. Celle-ci passe au préalable par l’institution de la proportionnelle, intégrale pourquoi pas, afin de rendre le Parlement représentatif du pays.
(*) Extrait de l’édito d’Ivan Rioufol, Figaro 17/6/2022
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mardi, 14 juin 2022
La croissance mondiale ne rime plus forcément avec celle du commerce mondial
Au Forum mondial de l’investissement d’Amundi, Pascal Blanqué a estimé que l’Occident allait devoir redécouvrir la vieille économie. Il est convaincu d’une poursuite des politiques monétaire et budgétaire accommodantes. Les banques centrales ne prendront pas le risque d’une récession et d’un effondrement des marchés financiers. Le monde commercial est en voie de se régionaliser et la suprématie du dollar va être remise en question.
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Source : Les echos 13/6/2022
10:33 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
Réindustrialisation, un mouvement est engagé
David Cousquer*
Une réindustrialisation de la France est envisageable, même si cela prendra du temps après cinquante ans en sens inverse. Plusieurs signes relètent qu’un mouvement est clairement engagé : en 2021, l’industrie est redevenue une des grandes activités créatrices d’emplois. Parmi les bonnes nouvelles, l’aéronautique est repassée dans le vert et l’automobile aussi, qui investit dans la batterie et le véhicule électriques.
Le pays a enregistré un niveau record de 120 ouvertures nettes d’usines. Pour les relocalisations, la hausse entamée au dernier trimestre 2020 a été très forte – elle baisse cependant d’intensité début 2022. Pour accompagner la réindustrialisation, il faut se positionner sur les filières que l’on souhaite développer à grande échelle, car aujourd’hui l’industrie tricolore est trop centrée sur des productions de niche. Cette lacune est en partie liée au manque de foncier rapidement disponible, pour des projets d’ampleur qui nécessitent 200, voire 400 hectares. Il est important d’anticiper et de pré-aménager de tels espaces, ce qui est une gageure au vu des réglementations (objectif de zéro artiicialisation nette de terres...).
Quand le constructeur taïwanais de semi-conducteurs TSMC a voulu construire une usine, il a choisi les États-Unis et l’Allemagne, notamment pour cette raison ! Parmi les autres freins, je soulignerais la pénurie de compétences. À force de penser que l’industrie n’avait pas d’avenir, on a cessé de former des jeunes. Il existe donc un éventail de mesures à prendre. Les politiques de tous bords en ont pris conscience et s’emparent du sujet.
(*) Fondateur du cabinet Trendeo, une société de veille et de recherche d'informations en matière d’industries et de stratégies
Sourece : Les Echos, 13/6/2022
10:22 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
samedi, 11 juin 2022
Un nouveau hors-série de Présent consacré à Céline
17:37 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
Dans le dernier numéro de la revue "Politique magazine" : un bel article sur le livre "Jean Picollec l'atypique"
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Le spectre d’une crise alimentaire mondiale à venir
Patrick Parment
L’un des dommages collatéraux de la guerre déclenchée par les Russes en Ukraine est la crise qu’elle provoque au niveau agroalimentaire dans la mesure où tant l’Ukraine que la Russie fournissent à eux seuls 12% des calories commercialisées dans le monde. Evidemment, les médias mainstream tombent à bras raccourci sur la Russie qui serait la grande responsable de ce désastre à venir. Mais le grand responsable, c’est bien ce grand Satan qu’est l’Amérique et qui sème le désordre partout où il passe et sur tout ce qui bouge depuis des décennies. Est-il bien utile de rappeler ici que si Poutine a décidé d’intervenir en Ukraine – pays ô combien sensible à l’âme slave et lié charnellement à la Russie dont elle est l’une des composantes culturelles – c’est bien parce qu’à travers ce pantin de président Volodymyr Zelensky, installé par les Américains, celui-ci n’a pas respecté, entre autres promesses, les accords de Minsk.
Faut-il rappeler aussi que les Américains sont présents en Ukraine depuis plus d’une bonne décennie et qu’à travers ce pays, ils mènent leur guerre contre la Russie qui refuse dans rentrer dans leur petit jeu du mondialisme. Si l’on fouille plus encore, on trouve une guerre qui relève de la géopolitique entre les puissances maritimes et les puissances continentales. L’Amérique, puissance maritime veut conserver envers et contre tous, son leardership sur le monde. Ce qui explique également qu’elle a désigné la Chine, autre puissance continentale, comme ennemi déclaré. Ce qui devrait éveiller quelques souvenirs aux Européens où les Anglais ne manquèrent jamais de fomenter des guerres sur le continent afin d’éviter que n’émerge, face à eux, une puissance continentale. Ce fut le cas, entre autres, avec Napoléon, ce sera le cas avec l’Allemagne en 1914 et rebelote en 1940 avec l’appui massif, cette fois, des Etats-Unis. Il devait en résulter un plan Marshall qui mettra les Européens sous tutelle. C’est malheureusement toujours le cas.
Avec cette guerre, les Américains qui poussent les Européens au crime, n’ont pas mesurer les conséquences d’une telle guerre. Car derrière ces sombres intentions purement économiques ne l’oublions pas se cache une guerre alimentaire qui va mettre le monde à feu et à sang et dont les Américains n’auront pas la maîtrise. L’Amérique est une ile, c’est tout à la fois sa force et sa faiblesse. Car coupé du trafic maritime, elle perdrait l’essentiel de sa puissance. Ce qui a été le cas de l’Angleterre. Et la perfide Albion en quittant le navire européen, illustre une fois de plus ce propos de Churchill : « Avant de prendre une décision, je regarde toujours à l’Ouest ». A savoir vers Washington !
L’hebdomadaire Le Nouvel économiste (10/6) dresse, dans une version bien-pensante évidemment, un état des lieux pas très joyeux, en cas de crise alimentaire. Instructif.
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Source :Le Nouvel économiste 10/6/2022
01:05 Publié dans Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | | Facebook | |
vendredi, 10 juin 2022
Autopsie de la désindustrialisation française
Le livre de Nicolas Dufourcq est un réquisitoire implacable et minutieux contre, notamment, les décisions politiques, de gauche ou de droite, qui ont conduit à la disparition de la moitié de nos usines, entre 1995 et 2015.
Christine Kerdellant
Certains livres font date. Celui-ci est signé de Nicolas Dufourcq, directeur général de Bpifrance, un HEC qui a créé cinq start-up sur le campus, avant d’intégrer l’ENA. De sa double culture, de sa double expérience comme dirigeant d’entreprise et comme inspecteur des finances, mais surtout de sa fréquentation des patrons de l’industrie et des politiques depuis plus de trois décennies, il a tiré un diagnostic sur les causes de l’effroyable désindustrialisation française.
Après une centaine de pages d’un réquisitoire minutieux, il donne la parole à trente entrepreneurs « survivants », patrons de PME ou de grands groupes, qui livrent leur propre vision de l’enchaînement fatal : Thierry de la Tour d’Artaise, Xavier Fontanet, Laurent Burelle, Bruno Bouygues, Joseph Puzo, Frédéric Sanchez... Des politiques ont pris aussi la plume : Pascal Lamy, Jean-Pierre Chevènement, Renaud Dutreil, Alain Madelin, ou Guillaume Bachelay. Ils voisinent avec des banquiers (Jean-Claude Trichet, François Villeroy de Galhau...), des économistes (Laurence Boone, Patrick Artus, Jean-Marc Daniel, Elie Cohen, Xavier Ragot...), des syndicalistes et des fonctionnaires. L’épilogue est rédigé par Louis Gallois, le premier qui ait réussi à se faire entendre sur le sujet, avec son rapport de 2012 sur la compétitivité.
La société tout entière s’est détournée de l’industrie
On referme le livre sonné, en rage contre le court-termisme des politiques de tout bord, qui ont sévi pendant quarante ans. Et l’on s’en veut de toutes ces fois où, entendant le lamento des patrons sur le « poids des charges », la taxe professionnelle ou de l’ISF, on s’est agacé... Le mal est fait, et le décompte vertigineux : entre 1995 et 2015, la France s’est vidée de la moitié de ses usines. 2,2 millions de jobs se sont évanouis dans la nature ! Ces fermetures, exodes et autres disparitions se sont faits à bas bruit. La désindustrialisation a commencé dans les années 1970, mais elle s’est accélérée à l’aube de l’an 2000. La société tout entière s’est détournée de l’industrie, comme on stigmatise les armées vaincues. Sans comprendre que se jouait notre prospérité collective.
« Pavie a été perdue dans le brouillard d’un matin humide, Austerlitz a été gagnée dans une brume identique, écrit Nicolas Dufourcq. Ce qui distingue les deux batailles est que la seconde a été lue, brillamment, par Napoléon, quand la première est restée indéchiffrable pour les chevaliers français. La bataille industrielle des années qui suivent le déclenchement de la mondialisation après la réunification allemande, l’écrasement de Tiananmen et la chute de l’Union soviétique n’a pas été lue. Nous n’avons cessé de la subir. Pire, nous avons pris des directions opposées à nos intérêts stratégiques. »
Le premier coup est porté après le choc pétrolier de 1974. Le gouvernement décide d’une politique de protection des individus et de stimulation de la consommation. Le parlement, lui, tente de bloquer l’hémorragie des emplois en votant en 1973 la « cause réelle et sérieuse du licenciement » puis en 1975 « l’autorisation administrative préalable ». C’est la lente et fatale rigidification du droit du travail qui commence, et qui durera jusqu’aux assouplissements des lois Sapin, Rebsamen, Macron, El Khomri et les ordonnances Pénicaud. Après l’augmentation des cotisations patronales, jusqu’ici plafonnées dans leur assiette par la notion de « plafond de la Sécurité sociale », et leur déplafonnement dans l’assurance maladie, le coût du travail ne va cesser d’augmenter. L’épisode 1981, avec la cinquième semaine de congés payés, les 39 heures, les lois Auroux, l’IGF, et l’augmentation des charges patronales, poursuit le travail de sape. « Le modèle social français pèse de tout son poids sur les entreprises », écrit Nicolas Dufourq. Pour les PME industrielles, c’est un choc de compétitivité immédiat face aux Allemands, aux Italiens, aux Néerlandais. Et encore : à l’époque, l’économie n’est pas mondialisée.
Tirer les leçons du passé pour ne plus recommencer
Les années 1990 et les années 2000 – avec le moment clé des 35 heures – viennent alourdir le fardeau. Impossible de résumer le déroulé méthodique auquel procède Nicolas Dufourcq, décennie par décennie. Tout y passe : le manque d’anticipation de la déferlante chinoise, la surestimation des difficultés allemandes et la sous-estimation de la transformation de l’Europe de l’Est en plateforme ultracompétitive, l’échec du plan machine-outil, la confiance mise dans les grands groupes pour mener une politique industrielle – alors qu’ils sont presque tous obligés de partir produire à l’étranger pour survivre...
Et l’on charge plus encore les entreprises qui restent, avec la C3S en 1992 ou le déplafonnement de l’ISF par Alain Juppé, qui force les dirigeants à remonter des dividendes pour permettre aux actionnaires familiaux de payer leur impôt. Mais Nicolas Dufourcq montre que la responsabilité est aussi syndicale ou médiatique. Tous coupables ?
Réindustrialiser est encore possible, à condition de tirer les leçons du passé. Depuis 2015, le détricotage a commencé. Ce livre tombe à pic pour que les candidats aux législatives prennent conscience du massacre perpétré, comprennent que l’effondrement de notre PIB par tête, par rapport à l’Allemagne, est la conséquence de ce désastre industriel, et intègrent le message : plus jamais ça.
La désindustrialisation de la France, 1995-2015, par Nicolas Dufourcq, Editions Odile Jacob, 384 p.
Source : Les Echos, 10/6/2022
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jeudi, 09 juin 2022
Sur le climat, on nous enfume !
Dans un dernier ouvrage à la fois précis et accessible, le physicien François Gervais revient en détail sur la réalité des phénomènes climatiques qui nourrissent le récit catastrophiste entretenu par le Giec et amplifié par les médias, et dénonce un égarement collectif dont la planète en général et l'Occident en particulier pourraient bien ne pas se relever.
Entretien de François Gervais par Mickaël Fonton de Valeurs actuelles (9/6/2022).
Lire l’entretien ICI
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Ecole, Hôpital, chronique de l’effondrement
Natacha Polony
Emmanuel Macron, croque-mort en chef, a bien choisi ses deux interventions destinées essentiellement aux médias. L’une sur l’hôpital, l’autre sur l’école. Ces deux sujets résument bien le déclassement français. Ils incarnent la destruction de ce qui faisait de la France une grande nation : sa capacité à promettre à ses citoyens une vie meilleure et à les porter au plus haut d'eux-mêmes pour qu'ils soient les futurs acteurs de ce progrès.
Lire la suite ICI
Source :Marianne 9/6/2022
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mercredi, 08 juin 2022
Le livre "Jean Picollec l'atypique" : la presse bretonne en parle...
Lu dans Le Télégramme de Brest cliquez ici
De la première à la dernière ligne, on est à rebours de ce qu’il est convenu d’appeler le « politiquement correct », Pico - pour ses proches - ayant toujours été « cash » - et n’ayant jamais dérogé à cette règle. Il a édité tous les « mal pensants » comme disait Bernanos, tous les journalistes ou essayistes ostracisés par la plupart des « grands éditeurs ». C’est aussi un bel exemple de la fameuse « méritocratie », morte, hélas, depuis deux ou trois décennies. Son père modeste marin, sur son bateau de six-huit places, assurait la navette du « passage Lanriec » connu des vieux Concarnois.
Brillant élève, Pico rêve de prolonger la tradition maritime familiale, « par le haut », et vise l’École navale. Or en terminale, son lycée le présente au Concours générale d’histoire, et il en sort premier ! On lui offre une bourse et une chambre à la cité universitaire d’Antony, à condition qu’il s’oriente vers des études d’histoire… Il fait ce choix pour des raisons, évidemment, financières. C’est à Antony qu’il va prendre ses premières marques en politique. Elles ne seront jamais de « gauche »… Mais, comme le confie son ami Jean-Clément Texier, il manifestera « un exceptionnel esprit d’ouverture, sans la moindre exclusive idéologique. »
Une synthèse d’une étonnante palette d’écrivains
Il commence, en 1966, sa carrière à la direction du Larousse ; cofonde, en 1972, avec Alain Moreau, les éditions éponymes ; enfin, il crée sa propre maison en décembre 1978, tout en étant conjointement directeur de La Table Ronde. Durant son long parcours d’éditeur, si Pico publie de nombreux romanciers, il va surtout affirmer son anti- conformisme à travers des auteurs qui feront du bruit, sinon scandale, dans le pot de chambre parisien.
De Jean Montaldo à Pierre Péan, d’Ollier Mordrel à Roland Dumas, de Jacques Vergès à Roland Jacquard… Sans parler de « Une enquête de police sur le Canard Enchaîné ». C’était une première qui valut à Pico d’être blacklisté par l’hebdomadaire satirique.
Une des qualités de l’ouvrage, « Jean Picollec l’atypique ! » richement illustré et documenté, est justement d’offrir une synthèse de cette étonnante palette d’écrivains, de comparses, d’amis qui l’accompagnent depuis des lustres.
Reste une énigme. Comment a-t-il pu travailler de façon si efficace, si rigoureuse dans le gigantesque « bordel » qui lui tenait lieu de bureau ? Il y naviguait très à son aise, au fond comme Charles Péguy dans sa célèbre « boutique » que Bernard Grasset qualifiait de foutoir.
Philippe Randa
Nombreuses contributions
Préface de Roland Hélie
270 pages
29,00 €
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mardi, 07 juin 2022
Lu dans Rivarol : Jean Picollec, un éditeur libre et atypique
Robert Spieler (Rivarol cliquez ici)
"Toujours vivant, toujours indépendant, toujours sur le fil du rasoir": C'est ainsi que Jean Picollec, éditeur hors normes, bien connu dans "nos milieux", se définit. Roland Hélie et Philippe Randa ont eu la riche idée de consacrer un livre, paru aux éditions Synthèse nationale, à ce personnage pittoresque, éditeur ayant publié de nombreux livres non conformistes, breton fier de son identité, engagé dans le combat national breton, français et européen, ami de personnalités tout à fait inattendues de tous bords, ayant fait partie du bureau politique d'Ordre nouveau tout en soutenant la Nouvelle Droite d'Alain de Benoist et fréquentant amicalement aussi bien Jean-Edern Hallier que Vincent Bolloré, le barde Jean Markale ou l'écrivain Yann Queffelec.
Breton d'abord
Jean Picollec est né le 15 juin 1938 à Port-Lyautey (aujourd'hui Kenitra) au Maroc. Il passera son adolescence à Tanger qui était alors zone internationale, où son père était douanier, comme beaucoup de Bretons. Mais les vraies racines de Jean sont à Concarneau où trois de ses grands-parents sont enterrés, le quatrième ayant été "mangé par les crabes", une expression qui évoque les marins-pêcheurs qui ont péri en mer et dont on n'a pas récupéré le cadavre. Tous les ascendants du futur éditeur sont bretons et, raconte-t-il, "dans la famille,les femmes portaient la coiffe de Pont-Aven" et "sa grand-mère paternelle est morte sans avoir appris le français", sa mère n'ayant quant à elle appris le français qu'en allant à l'école. Jean se souvient des humiliations subies par les petits Bretons (les mêmes que celles subies par les Alsaciens), considérés comme des "ploucs". Il se souvient des panneaux à l'école, où était écrit : "Il est interdit de parler breton et de cracher par terre". Il relève qu'on imposait aux Bretons une civilisation gallo-romaine, alors qu'ils sont des Celtes avec leurs légendes fabuleuses, telles Tristan et Iseult ou Merlin l'enchanteur. Notons qu'un des aspects les plus intéressants du livre se trouve dans les annexes et les notules, nombreux et passionnants, éclairant des biographies, des événements historiques ou tout simplement, racontant des anecdotes. C'est ainsi que Jean Picollec relate l'origine bretonne du mot "baragouiner". Lors de la guerre de 1870, les soldats de l'armée de Bretagne, suspects aux yeux du gouvernement républicain de Gambetta, furent parqués, dans des conditions épouvantables à Conlie, dans la Sarthe, dans des baraquements submergés, pataugeant dans la boue, très mal équipés : un vrai mouroir. Ils crevaient littéralement de faim et de soif, et réclamaient sans cesse aux soldats français du pain (Bara) et du vin (Gwin), leur répétant ces deux mots, dont les Français ne comprenaient pas la signification, d'où l'apparition du mot "baragouiner".
Etudes et croix celtique !
Jean Picollec voulait évidemment être marin et porter le bel uniforme d'officier de la marine. Mais, présenté avec succès au concours général d'histoire, bénéficiant ainsi d'une bourse et d'une chambre en Cité U, à condition de poursuivre des études d'histoire, il abandonna ses ambitions de devenir marin. Son voisin à la Cité était... Lionel Jospin, guère chaleureux avec les autres, et notamment avec lui, raconte Jean. C'est l'époque où il va rencontrer Jean-Marie Le Pen mais aussi Alain Jamet au fameux Bar du Panthéon, alors fief de la corpo de droit. A cette époque, Jean est très conscient du danger soviétique. Il découvre l'extraordinaire livre du transfuge soviétique Victor Kravchenko, J'ai choisi la liberté, qui le renforce dans son anti-communisme. Vient la guerre d'Algérie. Il est bien sûr très hostile aux porteurs de valises, des "traîtres" et a de la sympathie pour les Pieds-Noirs, suivant de près la "semaine des Barricades". En ce début des années 1960, Jean prépare une thèse d'histoire en Sorbonne, consacrée aux mouvements autonomistes bretons de 1939 à 1945. Il rencontre Maurice Bardèche et découvre sa revue Défense de l'Occident dans laquelle paraitront 7/8 articles de sa plume. La liste des collaborateurs, réguliers ou occasionnels de Défense de l'Occident, laisse rêveur. Parmi eux, Jean Anouilh, Marcel Aymé, Roger Nimier, Antoine Blondin, Jacques Laurent, Lucien Rebatet, Michel Déon, Robert Poulet, et tant d'autres. Philippe Randa écrit : "De tels noms prestigieux laissent rêveur à une époque où un simple entretien donnés à des journaux dénoncés comme "proches du Front National" suffit à vous attirer l'opprobre médiatique". Picollec va cotoyer François d'Orcival autour d'Europe Action, mais aussi Jean Mabire, Alain de Benoist, Dominique Venner. Il rencontre, au retour de son exil, Olier Mordrel, cofondateur du Parti autonomiste breton, dirigeant de la revue Stur durant la guerre, collaborateur à Radio Paris, condamné à mort par contumace en juin 1946, qui put se réfugier en Argentine pour ne revenir en France qu'en 1972. Mais son engagement politique sera motivé essentiellement par François Duprat qui l'incite à adhérer à Ordre nouveau. Plus tard, en 1979, il tâtera de la démocratie aux côtés de Jean-Edern Hallier. Ils tenteront de présenter, ensemble, une liste appelée "Région Europe" aux élections européennes. Sans grand succès. Jean Picollec témoigne : "Nous ne pûmes même pas nous payer de bulletins de vote". Mais il fallait bien travailler pour nourrir sa famille (il aura deux filles).
L'aventure de l'édition
Il va rentrer dès février 1966 à la direction générale de Larousse. Il y restera presque six ans. Puis vint l'aventure de la première Maison d'édition, créée par Alain Moreau, qui avait fait carrière dans l'immobilier et avait racheté les éditions à compte d'auteur de la Pensée universelle. Il proposa à Picollec de créer une "vraie" maison d'édition et de se charger de son développement. Ce sera un succès. Il crée la fameuse collection avec "B... comme Barbouzes", "D... comme drogue", S... comme Sanguinetti", s'attaquant dans ce dernier livre à Alexandre Sanguinetti, un des hommes les plus puissants de France, un des responsables de la police parallèle du régime, le Service d'Action Civique (SAC), qui sera ministre et secrétaire général de l'UDR en 1973-1974. Picollec va publier Bokassa 1er, un des premiers livres de Pierre Péan, brillant journaliste d'investigation. Le livre n'est certes pas un panégirique du couronnement de l'empereur Bokassa 1er, tandis que toute la presse parisienne est à plat-ventre et s'émerveille, à commencer par Jean-Pierre Elkabach.
La collaboration de Picollec avec les éditions Moreau prendra fin en 1978, avec la création de sa propre maison d'édition. Il publiera une douzaine de livres par an, avec deux axes majeurs : l'histoire contemporaine et la Bibliothèque Celtique. La publication du livre Le dossier secret du Canard enchaîné, suscite la fureur du volatile qui alla jusqu'à menacer la maison d'édition (pas Jean Picollec, tout de même !) de mort. Autre livre qui fit du bruit : La guerre des truands de Claude Picant. Son sous-titre : Le who's who des truands français, dans lequel on ne distingue plus très bien le truand et l'homme politique. Roland Gaucher évoquera quant à lui Le Réseau Curiel qu'il décrit comme le "chef du réseau anti-occidental le plus efficace" qui eut des ramifications partout dans le monde. Il sera assassiné le 4 mai 1978 par deux hommes dans les couloirs de son immeuble, une exécution revendiquée par un curieux "commando Delta" et par le Groupe Charles Martel.
Des livres politiquement peu corrects
Tous ceux qui pénètrent pour la première fois dans le capharnaüm de son bureau sont stupéfaits. Cet homme d'ordre travaille dans le foutoir le plus total. Un de ses auteurs, Bernard Marck raconte : "Chez lui, on marche sur du papier, des épaisseurs de journaux, de lettres, tandis que l'on frôle des murs de manuscrits en équilibre instable." Mais attention, raconte Marck : "Jean sait l'emplacement de chaque lettre, de chaque journal, de chaque manuscrit, de chaque livre reçu".
Jean Picollec a multiplié l'édition de livres qu'aucun autre éditeur n'aurait osé publier, certains leur paraissant "gênants" pour leur image, à cause des conséquences, notamment politiques. C'est le cas de Bouteflika, une imposture algérienne de Mohamed Benchicou qui lui vaut des poursuites pendant plusieurs années, Bouteflika lui réclamant 100 000 euros pour diffamation. Il sera finalement condamné à... 1 euro. Picollec ose aussi publier un livre objectif de Philippe Chesnay, sur le général Pinochet. L'auteur y pose la question : "Pourquoi, après dix-sept ans d'une dictature présentée comme une des plus impitoyable de notre époque, Pinochet recueillit-il encore 45% des suffrages populaires favorables à son maintien à la tête de l'Etat ?" Pourquoi, à la chute de la dictature, en 1990, le Chili était-il, en matière économique, le "bon élève du continent" ? Ses livres sur la Seconde Guerre mondiale rencontrent eux aussi le succès, notamment celui de Jacques Vergès, "Je défends Barbie", où l'on peut lire la plaidoirie de l'avocat au procès de Klaus Barbie. C'est Jean-Edern Hallier (encore un Breton !) qui avait présenté Picollec au sulfureux avocat ("un esprit vif, qui n'était ni conventionnel, ni sectaire"). On apprend qu'il fut enterré religieusement ! Quel fascinant personnage ! Il avait totalement disparu durant une dizaine d'années sans qu'on ne sût jamais où il s'était caché. Certains pensent qu'il avait rejoint les Khmers rouges... Autres livres passionnants édités par Jean Picollec : Bucard et le francisme d'Alain Deniel (encore un Breton), Degrelle persiste et signe qui est une longue interview télévisée de Jean-Michel Charlier, la biographie de René Bousquet par son fils Guy (René Bousquet, cet inconnu), ou encore la biographie de l'amiral Bléhaut, ministre du Maréchal, par son fils (Pas de clairon pour l'amiral Bléhaut). Car à sa mort, De Gaulle avait interdit l'usage traditionnel du clairon lors de ses funérailles pour avoir suivi le Maréchal à Siegmaringen. Citons aussi ce livre absolument passionnant de Philippe Randa, le "Dictionnaire commenté de la Collaboration française", sans oublier le Dictionnaire de la Franc-Maçonnerie de Jean-André Faucher et le Dictionnaire des prénoms d'Alain de Benoist. Mais des plus de 350 ouvrages du catalogue de Jean Picollec, son plus grand succès est celui du célèbre Au nom d'Oussama Ben Laden de Roland Jacquard, paru par un hasard incroyable le 12 septembre 2001, quelques heures seulement après les attentats de New York. Traduit en 26 langues, il connut une très grosse diffusion. Le livre eut même droit à une précommande en langue féringienne, la langue des îles Féroé !
Quel homme !
Quel homme, ce Jean Picollec ! Nicolas Gauthier le décrit, "jovial et bonhomme, recevant comme un prince, offrant de généreuses rasades de son whisky breton, un sourire monté sur pattes, une générosité jamais feinte: la marque des Grands". Cet "éditeur hors-pair, découvreur de talents et indépassable en son métier dès lors qu'il s'agit d'exiger de ses auteurs de livrer le meilleur d'eux-mêmes n'hésite pas à mettre, sa noblesse d'âme et de coeur aidant, son imposant carnet d'adresses au service de chacun. Car, poursuit Nicolas Gauthier, "Jean Picollec connaît tout le monde. Hommes et femmes. De droite et de gauche". Le journaliste Jean Bothorel décrit son vieil ami comme "un homme de caractère" et cite Jean Renard : "Un homme de caractère n'a pas bon caractère", ajoutant : "Tous ceux qui ont pratiqué "Pico" conviendront avec moi qu'il a un caractère de cochon". Car ce diable d'homme est aussi, dit Bernard Marck, "un tortionnaire" mais, Dieu merci, un "tortionnaire sympathique", exigeant avec ses auteurs, son terrible crayon à la main, anotant, corrigeant, soulignant, faisant preuve du "redoutable entêtement breton", menant sa maison "comme un capitaine de chalutier prend la mer par tous les temps". Concluons avec cette définition que Bernard Marck donne de Jean Picollec : "un grand homme qui s'ignore"...
Jean Picollec, l'atypique, présenté par Philippe Randa, préface de Roland Hélie, 250 pages, 29,00 € (plus 5,00 € de port), commande à Synthèse nationale, BP 80135-22301 Lannion PDC ou sur Synthèse éditions cliquez ici
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lundi, 06 juin 2022
La France de Sardou est insolente et, elle, vraiment insoumise
Thomas Morales *
Rayer la France de Sardou d’un trait de plume ou la moquer d’une saillie oratoire, c’est méconnaître, à la fois les profondeurs de notre pays et ne pas vouloir entendre ce battement qui traverse les âges. Il résonne à Moulins, à Landerneau, à Monticello ou à Fontainebleau. Ne l’entendez-vous pas? Dans nos belles provinces, mais aussi dans nos cités-dortoirs fracturées, ce cœur si souvent attaqué, meurtri, pleure en silence, crie devant tant d’infamie, souffre des avancées progressistes et des modes ridicules, de la fin d’une époque où la légèreté et le sens des responsabilités guidaient un peuple éclairé. Ce cœur est blessé, trahi un peu plus chaque jour par ses dirigeants, mais il ne rompt pas. Il résiste aux attaques malveillantes et aux salisseurs de mémoire, comme les appelait Michel Audiard.
La France de Sardou n’est pas rance, elle est mélancolique, boulevardière, taquine, champêtre, aventureuse, insolente, persifleuse et, elle, vraiment insoumise. Quand les responsables politiques enferrés dans leurs idéaux du moment comprendront-ils que cette nostalgie fait partie intégrante de l’esprit français ? Elle est consubstantielle à notre dessein national. Ce qui nous vaut encore un peu de considération et d’estime de par le monde. Elle court de Guitry à Blondin, de Reggiani à Johnny, de Boudard à Éluard, de Rabelais à Fallet, de Proust à Anquetil, de Nestor Burma à Joss Beaumont. Elle en est le moteur et le métronome ; l’horizon et la mélodie ; la force tellurique et l’espoir fugace. Elle donne le tempo à nos écrivains, le feu à nos chanteurs et la flamme à nos acteurs. Vénérer la France de Sardou, ce n’est pas faire acte de passéisme, de ringardise ou, pire, d’ostracisme. Au contraire, c’est plonger dans un bain de jouvence et retrouver notre bien le plus essentiel, sans lequel nous serions tous nus devant l’éternel. Je veux parler de cette langue incandescente et de son corollaire, le second degré. La fluidité et ses arpèges ensorceleurs doivent perpétuellement cheminer avec l’impétuosité du créateur et ses humeurs vagabondes. Sardou connaît mieux que quiconque ces courants contraires et la java des mots.
Le compromis est si difficile à trouver dans l’écriture d’une chanson ou d’un roman. Toute forme d’art naît de cette lutte épuisante sur la feuille blanche à inventer son propre style. La France de Sardou en est l’incarnation vibrante. Elle aime secouer nos habitudes, nous faire réagir à l’actualité et nous emporter dans sa geste rieuse. À la manière des grands tubes qui ont jalonné sa carrière, ce mélange d’amertume contenue et de joie gamine, d’envolées lyriques et de repli sur soi, d’amour déçu et de folles étreintes charnelles trace le portrait intime d’un pays qui tangue, mais ne renonce pas à son idéal émancipateur.
La France de Sardou s’inscrit dans un long processus qui prend sa source chez Villon et poursuit sa route au gré des vents mauvais. Vaille que vaille, elle est animée par des valeurs immarcescibles que sont le refus du sérieux, le goût pour la saine provocation, la méfiance naturelle face aux inquisiteurs et cet élan salvateur qu’on nomme la recherche du bonheur. Plus personne aujourd’hui, si ce n’est le candidat communiste à l’élection présidentielle, ne se risque à invoquer ce mot simple, presque désuet, dépourvu de morgue et d’intellect. Éminemment dangereux aux yeux de nos nouveaux activistes.
Cette France-là, populaire et fière de son passé, qui utilise son automobile par nécessité économique et rêve d’une maison individuelle, ne craint ni les ricanements ni les oukases grâce à Michel Sardou, porte-parole, malgré lui, des déclassés de la mondialisation. Et ils sont nombreux à patienter dans ce long purgatoire depuis une trentaine d’années. Comme s’ils étaient fautifs de leurs comportements et inconscients des enjeux actuels. Ils ont le dos large et beaucoup de patience.
Cette France excentrée qui ne pétitionne pas aspire seulement à la quiétude, à la sécurité et à la perpétuation de son modèle culturel. Elle n’a pas vocation à se flageller et à renoncer à ses principes sur l’autel de la bien-pensance. Elle ne cherche pas non plus à cloisonner, à étiqueter ou à déconsidérer l’Autre. Elle est ouverte si on la respecte. Elle croit fermement en ses propres vertus. Elle n’a pas l’impression d’outrager la planète et les bonnes mœurs lorsqu’elle s’offre une côte de bœuf persillée et un flacon de sauvignon, qu’elle soutient ses agriculteurs et ses vignerons en se souciant de la préservation des paysages et des savoir-faire.
Si la France de Sardou semble parfois un tantinet soupe au lait, c’est qu’elle tient à sa liberté d’opinion si douloureusement menacée. On voudrait la bâillonner à coups de règlements et d’intimidations médiatiques. Elle n’a pas décidé d’abdiquer devant quelques matamores en campagne électorale. Elle aime Gabin, Arletty, Blier, Belmondo, Broca, Noiret, Rochefort, Girardot, Cremer, Lonsdale, Sautet, Ronet, Brasseur, Serrault et Michou ; les pieds paquets et le crottin de Chavignol. La France de Sardou, c’est la France des copains, des rires complices, du zinc le matin à la lecture des moralistes le soir venu, du brouhaha des brasseries recouvertes de moleskine rouge aux seins nus des plages varoises, d’un paquebot désossé aux Raquel du samedi, des poèmes d’Hardellet lus sur les bords d’une Loire sauvage aux ailes pointues d’une Peugeot 404 aperçue dans Pierrot le fou, de Godard, de Carlos plongeant dans une piscine chlorée à Eddy chantant sur les fortifs, des dessins ravageurs de Claire Bretécher dans les journaux aux aphorismes de Jean Carmet à la télé. Cette France-là a nourri notre imaginaire et construit notre personnalité. Loin de se figer dans la naphtaline, elle a donné une puissance démultipliée à nos espérances.
Alors, quand l’orage tonne et que les malfaisants viennent grignoter nos dernières parcelles de bonheur, qu’il est doux et réconfortant de communier avec la France de Sardou. J’entrevois un jeune acteur en gabardine toréer sur une route de Normandie, du côté de Tigreville; j’écoute les premières notes des Lacs
du Connemara, je relis Un taxi mauve, de Michel Déon, dans ma campagne berrichonne et je prie pour que le temps béni de la nostalgie dure encore et encore.
(*) Auteur, notamment, d’« Éloge de la voiture. Défense d’une espèce en voie de disparition » (Éditions du Rocher, 2018), et de « Ma dernière séance. Marielle, Broca et Belmondo» (Pierre-Guillaume de Roux, 2021). Son nouveau livre, « Et maintenant, voici venir un long hiver... », a été publié en avril aux Éditions Héliopoles.
Source : Le Figaro 6/6/2022
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dimanche, 05 juin 2022
Retraite par répartition : si la gauche savait qui l’a inventée, elle la supprimerait…
Boulevard Voltaire, 5 juin 2022
Le système de retraite par répartition est un des fleurons de la République, de l’exigence d’égalité et de solidarité de notre démocratie. Il fait partie des acquis sociaux, fruits de la lutte des travailleurs contre l’oppression du grand capital. Issu, historiquement, du programme du Conseil national de la Résistance (intitulé « Les jours heureux »), il est l’un des symboles de la renaissance de la patrie française après l’occupation nazie et la trahison de Vichy. Nos hommes politiques s’en gargarisent, nos bons journalistes, défenseurs nés de la démocratie, se lancent à son propos dans de sublimes tirades.
Tout cela sonne comme du Déroulède… avec un seul défaut : les spécialistes d’histoire sociale contredisent ce récit héroïque. Ils nous affirment, les bougres, que l’architecture du système de retraite a été mise en place par le gouvernement du maréchal Pétain, qui nous a même légué une de ses caractéristiques pérennes : le déficit. Et la principale raison pour laquelle cet odieux système pétainiste a perduré est que les hommes qui agirent après la Libération furent les mêmes qui avaient agi sous l’Occupation.
Par le décret-loi du 14 mars 1941, en effet, le régime de Vichy crée l’allocation en faveur des vieux travailleurs salariés, soit le « minimum vieillesse ». Il instaure en même temps une pension de retraite par répartition pour les assurés du commerce, de l’industrie et des professions agricoles (jusque-là, les caisses sectorielles fonctionnaient plutôt par capitalisation). Cette promulgation a été préparée par René Belin, ministre du Travail, qui sait de quoi il parle puisqu’il a été, durant les années 30… secrétaire général adjoint de la CGT !
Notons, d’ailleurs, que le ministre René Belin est celui qui a mis en place le premier fonds national de chômage, qui a réorganisé l’inspection du travail, qui a fait du 1er mai un jour chômé et payé, et autres épouvantables mesures dictatoriales.
Techniquement, celui qui a préparé le décret-loi du 14 mars 1941 est Pierre Laroque qui, révoqué du ministère du Travail en raison de ses origines juives, deviendra, le 5 octobre 1944, directeur général de la Sécurité sociale et mettra en place notre actuel système de protection sociale par les ordonnances des 4 et 19 octobre 1945.
Les caisses professionnelles ainsi regroupées possédaient des réserves de vingt milliards de francs. Selon les prévisions, la nouvelle caisse pouvait tenir six à sept ans, le temps que les cotisations des assurés permettent de trouver l’équilibre. En fait, le nombre des bénéficiaires s’avéra largement supérieur aux prévisions et les réserves s’épuisèrent en trois ans, ce qui conduisit la Commission administrative des retraites, dès le 4 juillet 1944, à signaler « l’extrême gravité » de la situation et à prédire que, sans action rapide, on arriverait sans délai à « un arrêt de tout le fonctionnement des assurances sociales ». Premier d’une série d’avertissements sur le déficit des retraites, dont nous sommes loin d’avoir vu la fin.
C’est ainsi que, dans les derniers jours de 1944, un projet d’ordonnance est élaboré qui transfère aux entreprises le financement des retraites en instituant un prélèvement spécial de 4 % payé exclusivement par les employeurs : le régime de Vichy nous a aussi légué le principe des « charges sociales employeur ».
Dans le cadre de la cancel culture et de la « lutte antifasciste », ne serait-il pas urgent de mettre à bas ce système de retraite par répartition issu de la « France moisie et pétainiste » et « des heures les plus sombres de notre Histoire » ?
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