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samedi, 01 mars 2025

La dérive des continents

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Philippe Gélie

L’Amérique de Donald Trump est déjà loin de l’Europe. Alignée de fait sur les positions de Moscou à l’orée d’une négociation qui engage la sécurité de notre continent, elle poursuit ses intérêts sans considération pour le passé, les alliances ou les « valeurs ». Ceux qui croient encore pouvoir rattraper le président américain par la manche, grâce à leur attrait économique ou un sursaut de conscience lui révélant ses vrais amis, se ménagent un réveil brutal. Dans la jungle de Trump, les amis sont des profiteurs qu’il faut traiter en vassaux.

Rien de bien neuf sous le ciel des relations internationales : chaque dirigeant se soucie avant tout des intérêts de son pays - la différence tient à la façon dont il les définit et les défend. En l’espèce, ranger toutes les décisions de Trump au rayon de la priorité nationale ne rend pas justice à sa singularité. L’homme d’affaires pragmatique se révèle extrêmement idéologique. Sa révolution vise à détruire un ordre dans lequel il estime que les États-Unis se font abuser - quand bien même ils l’ont eux-mêmes bâti et imposé.

Cette force hostile venue de l’ouest est relativement nouvelle pour les Européens. Elle les place en étau entre un autocrate belliqueux qui déstabilise le continent et un marchandeur sans scrupule qui négocie son parapluie sécuritaire, les menace d’une guerre commerciale et soutient en leur sein des forces radicales. À Moscou, Vladimir Poutine n’en croit sûrement pas ses yeux et ses oreilles : qui aurait parié sur une telle dérive des continents, dans laquelle l’Amérique se rapproche de la Russie en passant par-dessus l’Europe ?

En dépit de ce qu’il voit comme ses intérêts, Donald Trump n’a pas grand-chose à gagner dans son alignement sur le Kremlin. Il demande la paix à toute vitesse, mais l’autre veut la victoire et a tout son temps. L’Américain fait le jeu d’un tsar convaincu du déclin inéluctable de l’Occident démocratique et capitaliste, et qui voit en lui un accélérateur de l’Histoire. Certitude partagée par son homologue chinois, dont Washington espère briser l’alliance avec Moscou, sous-estimant la force de leur pacte idéologique. Problème : quand le chef de la Maison-Blanche se trompe de cible, c’est autant aux dépens de l’Europe que des États-Unis.

Source : Le Figaro 01/03/2025

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mercredi, 26 février 2025

Réforme du marché de l’électricité en France : vers une facture en forte hausse pour les consommateurs pris en otage ?

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Source Breizh Info cliquez là

La réforme du marché de l’électricité prévue pour entrer en vigueur en janvier 2026 suscite une vive controverse. Loin d’apporter des solutions à la crise énergétique, elle risque d’entraîner une flambée des prix de l’électricité, pénalisant lourdement les ménages français. Une étude récente de l’UFC-Que Choisir révèle des impacts alarmants, mettant en évidence un alourdissement significatif des factures, notamment pour les foyers les plus dépendants à l’électricité cliquez ici.

Une réforme menée en toute opacité

La nouvelle régulation du marché de l’électricité a été négociée en toute discrétion entre le gouvernement et EDF, sans consultation des associations de consommateurs. Ce choix politique met fin au dispositif de l’ARENH (Accès régulé à l’électricité nucléaire historique), qui permettait jusqu’ici aux fournisseurs d’acheter une partie de l’électricité à un prix fixe auprès d’EDF. Désormais, l’intégralité de l’approvisionnement se fera sur le marché, exposant directement les consommateurs à la volatilité des prix de l’énergie.

Ce changement radical, intégré dans la loi de finances pour 2025, a été adopté sans débat approfondi au Parlement, malgré l’opposition de nombreuses organisations de défense des consommateurs. Le gouvernement justifie cette réforme en affirmant qu’elle assurera une plus grande transparence et permettra une redistribution des profits d’EDF vers les ménages. Mais l’étude de l’UFC-Que Choisir démontre au contraire que cette redistribution sera très limitée, et que la facture des consommateurs va mécaniquement s’alourdir.

Un impact financier considérable pour les ménages

Selon l’analyse de l’UFC-Que Choisir, si cette réforme avait été appliquée dès 2025, le coût d’approvisionnement de l’électricité aurait atteint 117,29 €/MWh, soit une hausse de 44 % par rapport au niveau actuel (81,37 €/MWh). En conséquence, la facture d’un foyer moyen aurait grimpé de 19 %, représentant un surcoût annuel de 250 euros pour un ménage consommant 6 000 kWh/an.

Les consommateurs les plus vulnérables, notamment ceux vivant dans des logements mal isolés et se chauffant à l’électricité, seraient les plus impactés. Les foyers situés en milieu rural, déjà confrontés à des hausses successives des prix de l’énergie, pourraient voir leurs dépenses exploser.

Une redistribution biaisée des profits d’EDF

Le gouvernement prétend que la nouvelle régulation garantira un reversement aux consommateurs des bénéfices générés par EDF sur les marchés de gros. Mais l’étude de l’UFC-Que Choisir révèle que cette redistribution sera extrêmement partielle. Seule une fraction des profits d’EDF sera restituée aux ménages, tandis qu’une part importante sera captée par l’État pour d’autres usages budgétaires.

En moyenne, seuls 58 % des recettes de la taxe sur les bénéfices d’EDF seront reversés aux consommateurs, le reste servant à financer le budget public. Concrètement, sur 1 MWh vendu à 120 € sur les marchés, EDF sera taxée à hauteur de 28,5 €, mais seuls 17,1 € seront réellement reversés aux ménages.

De plus, la mise en place d’un mécanisme d’écrêtement limite la taxation des superprofits d’EDF. Cette approche favorise une fois de plus l’opérateur public au détriment des consommateurs, qui voient leurs factures augmenter sans bénéficier pleinement des gains réalisés sur la production nucléaire.

Le choix du gouvernement : protéger EDF plutôt que les consommateurs

Cette réforme s’inscrit dans une volonté claire du gouvernement de privilégier la rentabilité d’EDF, dont il est l’unique actionnaire, au détriment des ménages français. Avec des bénéfices atteignant 10 milliards d’euros en 2023 et 7 milliards sur le premier semestre 2024, EDF n’a jamais été aussi prospère. Pourtant, au lieu de garantir aux Français un accès à une électricité abordable, l’État persiste dans une politique qui expose les consommateurs à des prix artificiellement élevés.

L’UFC-Que Choisir critique également l’absence de filet de sécurité pour EDF en cas de baisse des prix de l’électricité sur les marchés de gros. Contrairement à ce que laisse entendre le gouvernement, la suppression de l’ARENH ne garantit pas que l’opérateur public puisse vendre son électricité à un prix couvrant ses coûts de production. Si les prix de marché chutent en dessous du coût de revient du nucléaire, EDF pourrait se retrouver en difficulté. Le gouvernement justifie alors la taxation limitée des superprofits d’EDF comme une contrepartie pour ce risque… au détriment, une fois de plus, des consommateurs.

Vers une explosion des factures en 2026 ?

Si aucune modification n’est apportée à cette réforme, les consommateurs français se retrouveront dès janvier 2026 avec des factures bien plus lourdes. Loin d’apporter une stabilité tarifaire, ce nouveau système les soumettra encore plus aux fluctuations des prix de gros, pourtant peu représentatifs du coût réel de production de l’électricité en France.

Pour éviter un choc tarifaire en 2026, l’UFC-Que Choisir propose plusieurs mesures correctives :

  • Une taxation renforcée des profits d’EDF, avec un taux plus élevé et un seuil d’écrêtement abaissé.
  • Un reversement intégral aux consommateurs des recettes générées par cette taxation, directement sur leurs factures.
  • Une refonte de la régulation du marché de l’électricité, incluant non seulement le nucléaire, mais aussi l’hydroélectricité et d’autres sources d’énergie à faible coût.
  • La création d’un service public de l’électricité, garantissant des prix basés sur les coûts réels de production et non sur la spéculation des marchés.

Le gouvernement doit revoir sa copie avant qu’il ne soit trop tard. En l’état, cette réforme marque une rupture avec le principe d’accès à une électricité abordable pour tous, et risque de creuser encore davantage les inégalités entre les Français face à l’énergie. Quand est ce que ceux qui ont massacré le nucléaire depuis des décennies et bradé à d’autres notre énergie passeront devant la justice populaire pour crime contre leur propre peuple ?

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Français encore un effort

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François Babeau, professeur des universités et fondateur du think tank Institut Sapiens, dresse, dans son ouvrage L’Ere de la flemme. Comment nous et nos enfants avons perdu le sens de l’effort (Buchet-Chastel), un réquisitoire contre l’abandon du sens de l’effort dans nos sociétés occidentales sujettes au libéralisme. Aujourd’hui, tout invite chacun à produire le moindre effort. Or, on oublie un peu trop que nos sociétés se sont bâties dans la sueur et le sang. On pourrait ajouter, mais l’auteur ne le fait pas, le fait que les Européens n’ont plus rien à conquérir, hormis le champ restreint de la science. Hier, la découverte du monde était un moteur puissant. Aujourd’hui on est face à une Europe inexistante qui se pose la question de savoir à quel âge doit-on partir à la retraite. Comme nous le disait le marquis de Sade : Français, encore un effort !

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Source : Le Figaro 26/2/2025

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lundi, 24 février 2025

Les raisons de notre déclin et de notre renaissance

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De livre en livre, le géographe Christophe Guilluy, ne cesse de décrire la fracture entre les élites et le peuple. Métropolia et Périphéria (Flammarion), son nouvel opus, ne déroge pas à la règle mais est sans doute son essai le plus personnel. Guilluy y mêle fable orwellienne, satire et souvenirs autobiographiques pour mieux toucher du doigt la contestation existentielle initíe par les gens ordinaires.

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Source : Figaro 24/2/2025

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dimanche, 23 février 2025

La fin de la grande illusion européenne

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Washington et Moscou négocient seuls, les États-Unis ne garantissent plus la sécurité du Vieux Continent, l’Ukraine est défaite... : pour l’Europe, le printemps sera glacial. Pierre Lellouche, spécialiste des relations internationales, dresse un tableau plutôt sombre pour l’avenir de l’Europe.

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Source : Journal du dimanche, 23/2/2025

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Cette chaîne qu’on abat

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En France, une démocratie occidentale avancée, il est légal de fermer une chaîne de télévision. Et de mettre 400 personnes sur le trottoir. C’est la mésaventure qui vient d’arriver à la chaîne de télévision C8 pourtant l’une des toutes premières  chaînes de la TNT. Décision prise par cet organisme qu’est l’Arcom qui a pour particularité d’être aux mains de fonctionnaires et donc aux ordres de l’Etat profond. Autant dire de cette bien-pensance qui gangrène la liberté d’expression. Une fois de plus, c’est avec raison que Pascal Praud, dans le Journal du dimanche, dénonce ce scandale sans que les autorités ne bougent le petit doigt.

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Source : Journal du dimanche 23/2/2025

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samedi, 22 février 2025

Dialogue Michel Onfray – Véronique Le Floc’h de la Coordination rurale

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La France doit se remettre à produire, non pas pour l’export mais pour la souveraineté alimentaire et agricole de la France. Pour cela, nous devons aussi nous départir des idéologies écologistes et éloignées de la réalité. La sécurité alimentaire est la base de la paix sociale. Les agriculteurs sont le ciment sur lequel les gouvernements bâtissent leur pouvoir. Il ne faudrait pas qu’ils l’oublient.

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Source : Le Figaro 22/2/2025

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La révolution géopolitique de Donald Trump

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Mathieu Bock-Côté

Depuis un mois qu’il est installé à la Maison-Blanche, Donald Trump a engagé ce qu’il faut bien appeler une révolution géopolitique. On l’a d’abord vu avec ses étonnantes ambitions prédatrices, en Amérique du Nord, où il répète qu’il veut s’emparer du Groenland, annexer le Canada pour le transformer en 51e  État américain et restaurer la souveraineté des États-Unis sur le canal de Panama. On ne sait pas exactement jusqu’où ira le président américain, qui pratique l’art de la déclaration fracassante pour mieux déstabiliser ses adversaires ou ses partenaires, afin d’obtenir d’eux les concessions désirées. Chose certaine, il souhaite vassaliser ses voisins et constituer, sous une forme inédite, un empire nord-américain. Ne faisons pas l’erreur de voir dans sa politique une série de gestes impulsifs. Car la vision de Trump repose sur un double diagnostic.

D’abord, l’Amérique aurait financé au point de se ruiner la protection militaire de ses alliés depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale – sa position hégémonique se serait retournée contre elle. C’est d’ailleurs ce qui le pousse à traiter l’Europe comme un protectorat, au point même de s’engager, avec Vladimir Poutine, dans un nouveau Yalta, prenant prétexte de la nécessaire résolution de la question ukrainienne. Les Européens se désolent de ne pas y être invités, mais il est légitime de demander sous quel drapeau ils s’y présenteraient – à moins qu’ils ne consentent une fois pour toutes à abdiquer leurs souverainetés nationales pour constituer dans l’urgence une souveraineté européenne. Ensuite, Trump est convaincu que l’Amérique a payé le prix du libre-échange des trente dernières années et il mise sur une politique tarifaire musclée pour accélérer la réindustrialisation américaine.

L’impérialisme américain renonce à sa forme universaliste et messianique du XXe siècle et du début du XXIe pour parler explicitement le langage du rapport de force, et devient même explicitement prédateur, ce qui risque, à terme, de transformer l’expérience trumpienne en repoussoir, alors qu’en politique intérieure elle pourrait bien être fructueuse. Trois cycles historiques se ferment. D’abord celui ouvert avec la fin de la Première Guerre mondiale, marqué par la fin des empires continentaux et la célébration du principe des nationalités, avec Woodrow Wilson. Ensuite celui associé à la création de l’ONU, après la Seconde Guerre mondiale, qui entendait, autant que possible, inscrire la résolution des conflits dans un ordre international nouveau. Enfin celui issu de la chute du communisme, en 1989, qui rêvait d’un monde pacifié par le droit et le commerce, où les différences entre les peuples et les civilisations s’estomperaient progressivement. Ce fantasme était aussi celui d’une homogénéisation juridique et administrative de l’humanité. L’UE est aujourd’hui la dernière à y croire.

L’impérialisme trumpien répond toutefois à un mouvement semblable engagé par la Russie de Vladimir Poutine, bien antérieur à l’invasion de l’Ukraine, et même antérieur à l’occupation de la Crimée. Le complexe obsidional de la Russie n’est pas nouveau. Mais il n’explique pas tout. On l’a compris, Poutine entend, directement ou indirectement, restaurer la souveraineté russe partout où se trouvent des populations russes, ceux que les Américains appellent les ethnic Russians. Avec raison, les Baltes s’inquiètent, dans la mesure où leurs pays, surtout la Lettonie et l’Estonie, ont été victimes, après la Seconde Guerre mondiale, d’une colonisation russe, qui prenait la forme d’un véritable coup d’État démographique. Les Baltes, au moment de l’indépendance, durent engager les moyens nécessaires pour redevenir maîtres chez eux et reprendre le contrôle de leurs pays. Cette réaffirmation identitaire fut interprétée par Moscou comme une politique de persécution des minorités russes. Il n’est pas inimaginable que cela serve de prétexte à Poutine pour en finir avec ses petits voisins.

L’heure est donc au retour des empires. La place des nations peut sembler menue dans ce nouveau monde. Il n’est pourtant pas si neuf. Aux grandes heures de la guerre froide, les nations semblaient condamnées à se dissoudre dans les deux blocs idéologiques qui s’affrontaient. Elles ont néanmoins survécu, en cherchant toujours à affirmer dans les interstices d’un système broyeur. La France gaulliste s’était voulue, d’ailleurs, le porte-étendard de la cause des nations. Il est possible que dans la période qui s’ouvre, ce rôle lui sied davantage que celui de militante entêtée d’un fédéralisme européen qui accélère la sortie de l’histoire de l’Europe davantage qu’il ne lui permet d’y prendre sa place. Une Europe des nations, délivrée de sa gangue technocratique, peut de nouveau se présenter comme la civilisation de la liberté. L’identité des peuples devenant ici le fondement de leur liberté.

Source : Le Figaro 22/2/2025

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Ce que les Français doivent à leurs paysans

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Guillaume Tabard

Cette année 2025 est une année sans élection. Et pourtant les politiques se précipiteront à nouveau dans les allées du Salon de l’agriculture, indexant leur popularité sur la chaleur de l’accueil qui leur sera réservé et sur la durée qu’ils passeront porte de Versailles. C’est habituel. Mais pourquoi cette ruée ne vaut que pour le SIA? Aucune compétition analogue pour le Salon de l’automobile, par exemple, alors que, par le poids économique du secteur, le nombre d’emplois concernés ou en raison de la passion française pour la voiture, on pourrait l’imaginer. C’est que dans la vie du pays et, disons-le, dans son « identité », l’agriculture a une valeur qui dépasse infiniment le périmètre de son activité.

Le nombre d’actifs de ce qu’on appelait autrefois le secteur « primaire » a fondu de manière dramatique au cours de ces dernières décennies, et continue de diminuer. Nombre d’agriculteurs ne parviennent plus à vivre de leur travail, ce qui décourage les vocations et n’incite pas à la transmission des exploitations. Mais l’ensemble des Français regardent ce petit « reste » avec une bienveillance, une admiration et même une affection dont ne bénéficie aucune autre catégorie de la population.

Cela vient de fait que chacun, même parmi les plus citadins, a des racines qui le rattachent à la campagne. La terre qu’ils n’ont plus à leurs semelles, les Français la gardent dans un coin de leur mémoire. Les agriculteurs sont à leurs yeux les gardiens d’un monde délaissé et d’un poumon vital sans lequel le pays étoufferait. Surtout, les Français mesurent leur apport irremplaçable dans deux domaines. D’une part, pas d’alimentation sans eux. Chacun est conscient que la disparition des exploitations achèverait de nous rendre dépendants des importations.

D’autre part, plus de vie des territoires sans eux. À quoi ressemblerait une France dont les terres seraient en jachère ou remplacées par des pavillons ou des zones commerciales ? La défense de la ruralité n’est pas une posture esthétique. Par leur travail, les agriculteurs sont les gardiens des paysages et de la diversité des territoires. Ils mènent par procuration un combat qui est celui de tout le pays.

Il n’est pas étonnant que, de tous les mouvements de contestation récents, celui des agriculteurs soit le plus populaire. Et de loin. L’opinion comprend qu’ils ne défendent pas uniquement leurs intérêts catégoriels, mais l’avenir de tous. Cette sympathie ne doit cependant pas rester verbale. Si l’on veut sauver l’agriculture, il faut s’en donner les moyens. Le vote définitif de la loi d’orientation agricole est une étape importante. Et qui aurait pu être plus rapide sans l’absurdité de la dissolution et l’inconséquence de la censure. L’État n’en a toutefois pas fini avec son devoir d’assistance à une agriculture en danger. Les consommateurs aussi ont leur responsabilité : aimer les paysans, c’est bien, acheter leurs produits, c’est mieux, même s’il faut parfois y mettre le prix. Il faut enfin tordre définitivement le cou à l’assimilation agriculteurs-pollueurs. Ce n’est pas défendre l’environnement que compliquer la vie de ceux qui, plus que d’autres, sont les premiers défenseurs d’une terre qui est effectivement à sauver

Source : Le Figaro 22/2/2025

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vendredi, 21 février 2025

Les ONG contre nos agriculteurs

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Céline Imart *

Au Salon de l’agriculture 2025, près de 600 000 visiteurs sont attendus – moins les 100 environ des Soulèvements de la terre, qui ne sont, a priori, pas invités cette année. Allélula. Beaucoup viennent voir les bêtes, et aussi les bêtes curieuses que deviennent les agriculteurs, prelière espèce en voie de disparition dans ce pays, bien avant le castor ou le loup.

À l’heure où ils luttent chaque jour pour leur survie face à des normes toujours plus contraignantes, une concurrence déloyale et l’inflation des coûts de production, un autre parasite n’hésite pas à venir manger sur le dos de la bête : les ONG. Car derrière le masque lisse de la « société civile », elles sont nombreuses à influencer massivement les politiques agricoles en Europe. Elles sont devenues des bêtes à concours de la captation d’argent public, directement de la Commission européenne, mais aussi du ministère de l’Écologie ou des agences régionales et du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader), deuxième pilier de la PAC, dont les fonds sont gérés par les régions. Et sous couvert de défense de l’environnement, elles imposent une vision idéologique radicale qui sacrifie nos agriculteurs sur l’autel du militantisme.

Quitte à devenir leur bête noire, j’ai réussi à mettre à l’ordre du jour de la plénière du Parlement européen un débat sur le financement des ONG via Life, l’un des programmes de la Commission européenne dédié à l’environnement et à l’action climatique. Life, c’est un budget de 5,4 milliards d’euros sur sept ans. 109 millions « seulement » sur la période 2021-2027 subventionnent le fonctionnement des ONG, le reste étant consacré à des programmes « opérationnels » pour l’environnement.

Petit pense-bête des actions opérationnelles financées dans ma région Occitanie : programme Biodiv’Paysanne, lancé en 2024, ou l’on retrouve en bénéficiaires Solagro, le Conservatoire des espaces naturels, et l’association Terres de liens, étroitement iée à la Confédération paysanne (proche des Verts et de l’extrême gauche). En réalité, c’est une majorité des fonds publics qui sont distribués au profit d’une minorité idéologiquement engagée.

Le dernier scandale mis en lumière lors de ce débat ? La Commission a orienté des fonds, sous l’égide de la DG Environnement dirigée par l’architecte du Green Deal, Frans Timmermans, vers des ONG environnementales chargées d’effectuer un lobbying particulièrement actif auprès des députés européens. Cherchant ainsi à imposer l’agenda décroissant de la stratégie Farm to Fork. Bien que juridiquement valides, ces actions de la part de la Commission sont éthiquement contestables, car elles sanctuarisent la création d’un véritable circuit fermé entre les décideurs et les ONG, où l’idéologie prévaut sur l’intérêt général.

Certaines sont d’ailleurs déjà financées par les Open Society Foundations de George Soros, à l’instar des Amis de la Terre et de Climate Action Network. Car la constellation des ONG perçoit aussi des financements de fondations privées liées à des intérêts étrangers.

Au mois de mai, je sensibiliserai d’ailleurs l’ensemble des institutions européennes sur le financement des associations dites « de bien-être animal » par des entreprises américaines de la food tech qui investissent des sommes considérables dans la recherche sur la viande dz laboratoire.

Ces ONG « bien-être animal » contribuent profondément à déstabiliser notre élevage. Dans la révision du règlement sur le transport des animaux par exemple, ce qui se joue est l’incapacité totale et concrète des éleveurs, des transporteurs et des négociants d’exercer leur métier ! Restriction des conditions de chargement à un niveau surréaliste, obligation de disposer de certificats d’aptitude au bien-être animal et, sommet du ridicule, des pentes de rampes de chargement calibrées au degré près par rapport à l’horizontale du soleil! À quand le port obligatoire du sextant pour charger une poule ?

Mais à les entendre, ce sont les éleveurs qui sont bêtes à manger du foin, incapables de comprendre ce qui est bon pour leurs propres animaux. Je vais bien sûr déposer un amendement de rejet sur ce texte. Au-delà, en alliance avec d’autres députés européens, j’ai mis sur la table des propositions pour exiger plus de transparence et stopper le dévoiement de fonds européens qui nourrissent des associations engagées contre notre souveraineté alimentaire.

Car le plus scandaleux, c’est que les ONG pullulent grâce à ces financements obscurs. Contrairement aux entreprises, elles ne sont soumises à aucune obligation de transparence comptable. Un rapport de la Cour des comptes européenne a révélé un déficit criant de contrôle : des millions d’euros d’argent public s’évaporent sans aucune transparence, alimentant des organisations qui sabotent nos filières.

Nous exigeons une réforme immédiate : toute association recevant de l’argent public doit être soumise aux mêmes règles que les entreprises. Pas de transparence ? Pas de subventions. Nous avons marqué quelques points pour faire changer la petite musique ambiante à Bruxelles : inscription d’un débat en plénière, événement sur le financement par des intérêts étrangers, mise sous pression de la Commission avec le Green Gate. Mais la bataille ne fait que commencer.

Et il faut taper là où ça fait mal : au portefeuille. Je vais continuer, point par point, ligne par ligne, financement après financement, à me mettre sur leur chemin. Nos agriculteurs ne sont ni des dealers ni des pollueurs, ce sont les bâtisseurs de notre souveraineté alimentaire. Ils méritent notre respect, notre soutien et des politiques qui les défendent. Et ils peuvent compter sur mon combat pour les aider à reprendre du poil de la bête. Mon engagement est clair : je ne laisserai personne saboter leur avenir. Ni les technocrates hors sol. Ni les idéologues dogmatiques. Ni les agitateurs escrolo-médiatiques, qui rêvent d’un monde sans paysans, mais avec toujours plus de subventions pour leurs cercles militants.

(*) Céline Imart est diplômée de Sciences Po Paris
et de l’Essec. Elle est agricultrice et députée européenne LR.

Source : Le Figaro 21/02/2025

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Bernard Germain, auteur de "L'islam, pire que le nazisme et le communisme", répond aux questions de Riposte laïque

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Riposte Laïque : Vous êtes l'auteur du dernier livre des éditions Riposte Laïque, intitulé "L'islam, pire que le nazisme et le communisme". Pouvez-vous nous expliquer l'histoire de ce livre ?

Bernard Germain : Ce livre se veut un outil permettant de répondre à une question : qu’est-ce qui menace le plus notre société occidentale et plus particulièrement française ?

Certains nous disent que c’est le fascisme. D’autres que ce serait le retour d’un régime de type communiste par exemple en cas de victoire en France d’un parti comme la LFI. Reste que malgré de nombreuses alertes très peu de monde ne semble s’inquiéter du danger que représenterait l’arrivée au pouvoir d’un régime basé sur l’islam, dont je rappelle que c’est une orthopraxie c’est à dire une religion qui embrasse tous les aspects de la vie de la société, contrairement au catholicisme par exemple. Tout se passe comme si les gens ne croyaient pas crédible l’arrivée à la tête de notre société d’un tel régime.

Or, avec l’immigration incontrôlée que nous vivons, des millions de migrants arrivent en provenance de l’Afrique du Nord et Subsaharienne. La très grande majorité de ces gens sont des musulmans. Par une évolution démographique déjà constatée notre société risque d’être confrontée prochainement à des bouleversements que beaucoup refusent de prendre en compte. Ils refusent d’accepter de voir le réel.

Ce livre étudie ces trois systèmes politiques et évalue la probabilité d’instauration chez nous de chacun de ces régimes et les risques que cela impliquerait pour notre société si l’un ou l’autre parvenait au pouvoir.

Boualem Sansal pour sa part nous a prévenu. Selon lui, le danger le plus grave est représenté par l’islam.

Vous avez écrit, en quelques années, beaucoup de livres sur de nombreux sujets, mais jamais sur l'islam. Vous ne considériez pas ce combat comme prioritaire ?

J’ai écrit mes livres en fonction des problèmes du moment. Par exemple, le wokisme a été écrit en 2022 cliquez là à un moment où il commençait à devenir un vrai problème mais peu de gens avaient réellement conscience de l’importance et l’urgence de la mobilisation contre cette idéologie délirante de l’occident dégénéré.

Mon livre sur l’Europe cliquez ici a été publié fin 2023, c’est à dire six mois avant les élections européennes, afin d’alerter les citoyens sur ce qu’est réellement l’Europe et pourquoi il faut impérativement en sortir afin de retrouver notre souveraineté et sauver notre pays. D’ailleurs à l’époque, il n’y avait aucun débat ou émission pour dénoncer les dangers de l’Union Européenne.

Aujourd’hui j’ai écrit ce livre sur les dangers de l’islam pour notre société car il existe d’innombrables preuves de sa dangerosité. Preuves matérialisées par les très nombreux attentats, agressions, meurtres ou flambée de délinquance dont sont à l’origine des gens qui se réclament de cette religion. Il n’y a plus aucune semaine sans qu’un évènement ne vienne nous rappeler la réalité et la gravité de ce sujet.

En Angleterre avec l’affaire des gangs pakistanais qui ont violé de très nombreuses jeunes anglaises pendant de très longues années.

En Allemagne avec les récents attentas à Noël ou tout récemment à Munich et juste un peu avant dans un parc.

En Autriche avec un individu Afghan qui a poignardé plusieurs personnes et qui rigolait au moment de son arrestation.

En France, avec les multiples meurtres causés par la « diversité » à coup de machette ou de couteau.

Bien sûr, ces problèmes n’existent pas depuis seulement quelques jours. Mais ces dernières années et surtout ces derniers mois, ils n’ont fait que croître et prospérer et ont atteint maintenant un niveau absolument insupportable. Il était donc temps d’y consacrer un livre afin de faire le point et alerter nos concitoyens.

Vous avez été, suite à vos engagements, durement critiqué, voire insulté, dans le journal local Le Poher, et même dans L'Humanité. Ces calomnies vous ont-elles atteint ?

Je ne suis absolument pas atteint ni touché. En fait je fais mienne cette déclaration de Rosa Luxemburg qui disait en substance « quand la bourgeoisie dit du bien de moi, je me demande quelle connerie j’ai faite ». Transposons : le jour où la gauche et les bien pensants diront du bien de moi, j’y verrai une raison de me demander quelle erreur j’ai pu faire. En l’occurrence, leur critiques, et même leurs insultes et calomnies sont plutôt des médailles qu’ils me décernent. C’est la preuve que j’ai bien agi ou bien parlé.

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jeudi, 20 février 2025

Après 10 ans de bonification

6a00d8341c715453ef02e860e31295200b-320wi.jpgJean-Gilles Malliarakis

L'Insolent cliquez ici

Il en est de certains écrits et dossiers comme des bons vins : ils gagnent à être lus, relus ou découverts après quelques années. Pour un saint-emilion, 10 ans peut se révéler un bon délai de vieillissement.

C’est en 2015 que Malika Sorel a écrit son terrible ouvrage sur la Décomposition française. À la même époque l’auteur paraissait associée à la droite traditionnelle. Elle faisait partie depuis 2009, du Haut Conseil de l'intégration. Le pays sortait tout juste de la présidence, combien décevante, de Nicolas Sarkozy ; et notre essayiste demeurera membre de cette instance, créée par le gouvernement Rocard, jusqu’à sa mise en sommeil en décembre 2012 et sa dissolution en septembre 2013, actée par Hollande et le gouvernement du calamiteux Jean-Marc Ayrault. Considéré par les socialistes comme trop attaché à la défense de la laïcité, le HCI se verra dès lors remplacé par un Observatoire de la Laïcité confié à la direction de Jean-Louis Bianco. Nuisible technocrate, ci-devant courtisan de la Mitterrandie, ce personnage allait poursuivre dans ce cadre sa carrière de reptation et de louvoiement. Il ira jusqu’à pactiser en 2016 avec les Frères musulmans sur la question du voile islamique à l’université.

Selon Malika Sorel, « avec le recul, il apparaît clairement que la création de l'Observatoire de la laïcité avait pour objectif de faire disparaître la mission laïcité du Haut Conseil à l'intégration, dont les rapports gênaient très fortement le pouvoir socialiste. Ce dernier avait d'ailleurs refusé de donner le feu vert à la publication à la Documentation française - ce qui est la coutume - de notre dernier rapport qui tirait la sonnette d'alarme sur les dysfonctionnements et problèmes observés dans l'enseignement supérieur, et décrivait ce qu'il fallait d'urgence mettre en œuvre pour tenter d'endiguer le phénomène. »

En 2017 le livre sort de presse, et c’est par reflexe militant, dans une vente associative de droite, que j’en fis alors l’acquisition sans pousser trop loin la lecture, les premières pages me rebutant assez vite par quelques lignes, que n’aurait sans doute pas écrites Chateaubriand, et qui parlaient de république et de laïcité, des références conformistes qui, généralement, ne me passionnent guère.

Cette année-là, les espoirs de la droite française s’investissaient dans la candidature de François Fillon et Malika Sorel joua honnêtement le jeu de la droite dite « Trocadéro ». Pas de quoi non plus reprendre, toutes affaires cessantes, ma lecture interrompue.

C’est donc seulement un peu au hasard, avec 10 ans de retard, cherchant vainement dans ma bibliothèque campagnarde le volume consacré par Georges Bensoussan sur les territoires perdus de la république, que je suis tombé sur les 300 pages du livre délaissé.

O surprise, il déroule tout le dossier de la folie migratoire et des trahisons congruentes de la classe politique, les dates, les citations. Un travail irremplaçable. Le livre est encore disponible : tout Français devrait le lire.

On ne résume pas sérieusement, en quelques lignes d’une chronique, cette affaire qui est devenue depuis, après quelques quarante années d’un pourrissement qui n’a jamais cessé de s’aggraver, le problème numéro d’un pays désormais envahi et exsangue. La grande qualité de l’auteur, qui prouve ainsi sa grande honnêteté intellectuelle, est de montrer la convergence dans ce dossier de la gauche dorée, de la fameuse stratégie de Terra Nova, dont dérive aussi le délire « créole » de Mélenchon, et de 90 % de la droite, de la pseudo-droite… Tout y est. Le tombeau de nos libertés, comme celui de l’identité française et européenne, aura été creusé par l’intégralité de notre classe politique et de la haute administration.

Restera, dans un délai qu’on espère le plus rapide possible, à reconstruire ce que ces sagouins ont ravagé.

Décomposition française, Malika Sorel, Fayard, 2027, 320 pages.

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mardi, 18 février 2025

Les élites contre le peuple ou de deni de démocratie

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Alexandre Devecchio

Ecoutez ce que votre peuple vous dit », a lancé le vice-président américain aux Européens à Munich. JD Vance a pointé le recul de la liberté d’expression en Europe, mais aussi la coupure entre les dirigeants européens et les aspirations populaires. Le moins que l’on puisse dire est que son discours a divisé aussi bien la classe politique que les observateurs. Certains y ont vu une ingérence inacceptable dans les affaires européennes. D’autres, un plaidoyer pour la démocratie.

En vérité, le vice-président américain n’a fait que reprendre à son compte un diagnostic fait depuis des années par nombre d’intellectuels de part et d’autre de l’Atlantique. Celui d’une profonde crise de notre système démocratique entraînée par une fracture entre les élites et les citoyens. Aux États-Unis, on peut citer Christopher Lasch qui, dès 1994, dénonçait « la révolte des élites » et « la trahison de la démocratie ». Ou encore, plus récemment, Yascha Mounk : «Nous vivons dans un système dans lequel beaucoup de citoyens ont de plus en plus le sentiment que leurs voix ne comptent plus, analysait l’universitaire en 2018 dans son livre Le Peuple contre la démocratie. À cause des institutions financières et du rôle de l’argent, mais aussi des institutions technocratiques et juridiques. En Europe, cela prend la forme de l’Union européenne, mais cela existe dans des démocraties comme les États-Unis avec la Cour suprême notamment. »

En France, dans Le Nœud démocratique, un ouvrage magistral paru en octobre dernier, Marcel Gauchet décrit lui aussi l’impasse à laquelle a conduit la sacralisation de l’État de droit au détriment de la souveraineté populaire. De livre en livre, le géographe Christophe Guilluy met en lumière la dépossession économique et culturelle, mais aussi démocratique des classes moyennes et populaires au profit d’une « élite » métropolisée et mondialisée coupée de la réalité des « gens ordinaires ». JD Vance lui-même, avant de se lancer en politique, s’est fait connaître avec un livre autobiographique Hillbilly Élégie, dans lequel il faisait entendre la voix des oubliés de l’Amérique profonde en colère contre une classe dirigeante déconnectée et coupable de n’avoir d’yeux que pour les minorités.

Tous ces penseurs, auxquels il faudrait ajouter David Goodhart et bien d’autres, ne sont pas nécessairement en accord avec les solutions de JD Vance (Mounk se présente même comme un adversaire des « populismes »), mais tous partagent le constat du vice-président américain. Tous observent l’effacement du dèmos du processus démocratique. Le basculement dans un système où les choix des peuples sont ignorés au profit d’une idéologie progressiste s’appuyant sur le droit et la technocratie pour contourner la volonté populaire. Cette transformation de la démocratie a été voulue et portée par la majorité des « élites », mais elle est aussi le fruit d’une conjonction de différents facteurs depuis quatre décennies : l’explosion du cadre national lié à la globalisation, le surgissement d’un individualisme radical sur fond de disparition des anciens cadres structurants (Église, famille traditionnelle, les grandes idéologies), l’immigration de masse et la montée en puissance de revendica- tions communautaires.

Dans ce contexte, la montée des partis dits « populistes », l’élection de Trump, les propos décomplexés de Vance, doivent se lire comme un retour de bâton, une révolte des peuples contre la révolte des « élites ». On peut légitimement redouter que le retour de balancier soit trop brutal et conduise à une dérive autoritaire. Le danger est que Trump ou Musk méprisent les limites légitimes qui pourraient entraver leur pouvoir et qu’à la tyrannie des minorités succède un despotisme de la majorité tel que le craignait Tocqueville en son temps. Mais nous n’en sommes pas là. Nous assistons tout au contraire à une radicalisation des élites. Jusqu’alors, celles-ci pouvaient mépriser les fondements populaires de la démocratie, mais semblaient relativement attachées à la garantie des libertés individuelles. Face à l’ascension des « populistes », les élites progressistes sont désormais tentées par l’« illibéralisme » qu’ils reprochaient parfois légitimement à leurs adversaires.

En témoignent, les velléités de censure assumées par certains dirigeants européens jusment dénoncées par JD Vance. Le vice-président américain s’est inquiété de l’annulation des élections en Roumanie qu’il a jugée arbitraire, a cité le cas de la Grande-Bretagne où la police a procédé à des descentes chez des citoyens soupçonnés d’avoir posté des commentaires antiféministes en ligne. Il aurait pu citer la France, où l’Arcom pourrait priver la chaîne la plus populaire de la TNT de la possibilité d’émettre. Aux États-Unis, le bannissement de Trump des réseaux sociaux, les velléités d’utiliser la justice ou les institutions pour l’entraver n’ont pas fonctionné. Cela n’a fait au contraire que conforter ses partisans dans l’idée d’une trahison de la démocratie et renforcer son attractivité électorale. En Europe, les mêmes causes pourraient produire les mêmes effets.

Source : Le Figaro 18/02/2025

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lundi, 17 février 2025

Un entretien avec Eric Zemmour sur le coup d’État judiciaire dans le JDD

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Le JDD. Plus que la proximité de Richard Ferrand avec Emmanuel Macron à la tête du Conseil constitutionnel, c’est la continuité idéologique de l’institution qui, selon vous, entrave le politique, notamment sur l’immigration. Pourquoi ?

Éric Zemmour. Richard Ferrand va succéder à Laurent Fabius. Un socialiste en remplace un autre. Comme toujours. Le Conseil d'État est aussi dirigé par un socialiste, M. Tabuteau. La Cour des comptes ? Un socialiste, M. Moscovici. Partout, les grandes institutions judiciaires sont entre leurs mains. La vraie question est ce qu’est devenu le Conseil constitutionnel. Il est aujourd’hui l’épicentre du gouvernement des juges. Il ne se contente plus d’interpréter le droit, il fait la loi. Il s’est arrogé un pouvoir qui n’était pas le sien, il a court-circuité l’exécutif et muselé le législateur. De Gaulle ne l’avait jamais voulu. Michel Debré l’avait dit sans ambiguïté : le Conseil constitutionnel n’a pas le droit de juger une loi sur le fond. Or, depuis plus de cinquante ans, il viole cette règle fondamentale. Le Conseil constitutionnel fonctionne sur un coup d’État.

Un coup d’État ? N’est-ce pas excessif ?

Un coup d’État de droit, oui. Au fil des décennies, le Conseil constitutionnel a accumulé une jurisprudence qu’il a sacralisée, au point de l’élever au rang de la Constitution. C’est le « bloc de constitutionnalité ». On entend souvent : « C’est contraire à la Constitution. » Faux. C’est contraire à ce que le Conseil constitutionnel a décidé un jour et imposé depuis. Et il n’agit pas seul. Il s’inscrit dans une immense toile d’araignée judiciaire : Conseil d’État, Cour de justice de l’UE, Cour européenne des droits de l’homme. Ces institutions se consultent, se couvrent et verrouillent toute réforme en s’appuyant sur leurs propres décisions. Ils appellent ça le dialogue des juges. Cette mécanique confisque le pouvoir et gouverne à la place du peuple.

Vous dites que l’immigration est le domaine où le Conseil constitutionnel bloque le plus les réformes, vous avez des exemples ?

C’est flagrant. Souvenez-vous comment la loi de décembre 2023 avait été sabrée par le Conseil constitutionnel. Rappelez-vous il y a quarante ans, en 1986, l’affrontement entre Robert Badinter, alors président du Conseil constitutionnel, et Charles Pasqua, ministre de l’Intérieur. Plus récemment, le Conseil constitutionnel a carrément décrété que le principe de fraternité permettait d’absoudre ceux qui facilitent l’entrée ou le maintien de clandestins en France : il a légalisé l’aide à l’immigration illégale. Comment voulez-vous reprendre le contrôle ?

Un référendum serait-il la solution ?

On l’entend souvent. Mais pourquoi ? Parce qu’en 1962, lorsque de Gaulle a utilisé l’article 11 pour instaurer l’élection du président de la République au suffrage universel – une réforme très contestée à l’époque, et même juridiquement discutable –, le Conseil constitutionnel a refusé d’intervenir : un texte validé par le peuple échappait à son contrôle. Mais depuis les années 2000, le Conseil prétend désormais juger de la légitimité des questions soumises à référendum. Autrement dit, il s’arroge le droit de décider ce qui peut ou non être soumis au peuple. Là encore, c’est un coup d’État de droit. Il faut donc prévoir un mécanisme pour que le Parlement ait le dernier mot en cas de blocage par le Conseil constitutionnel. Peut-être en exigeant une majorité qualifiée – des trois cinquièmes, des deux-tiers ou par un autre dispositif –, mais il est impératif d’encadrer ce pouvoir.

La loi nationale devrait-elle primer sur les jurisprudences européennes ?

Il faut changer l’article 55 de la Constitution : les traités internationaux resteraient supérieurs aux lois, sauf si une loi est votée après la signature du traité. Autrement dit, une loi postérieure primerait sur un traité antérieur. C’était la tradition juridique française, ce qu’on appelait la loi écran, jusqu’en 1989. Et il faut aussi supprimer la question prioritaire de constitutionnalité (QPC), qui déstabilise l’ordre législatif et donne un pouvoir exorbitant au Conseil constitutionnel. Il est urgent de réduire son influence et de redonner au législateur, et donc in fine au peuple, la maîtrise de la loi.

Lors de la présidentielle de 2022, vous vous étiez opposé à Laurent Fabius, alors président du Conseil constitutionnel, sur cet excès de pouvoir.

En pleine campagne, Laurent Fabius avait annoncé que le Conseil constitutionnel bloquerait tout référendum sur l’immigration. Au moins, les choses étaient claires. J’ai réagi immédiatement. Et si j’avais été au second tour, j’en aurais fait un enjeu majeur car c’est une question fondamentale : voulons-nous restaurer la démocratie ou rester soumis à une oligarchie juridico-médiatique qui impose ses valeurs à un peuple qui n’en veut pas ? Comme sous la Troisième et la Quatrième République, le peuple est redevenu ce « souverain captif » que dénonçait alors André Tardieu ; cependant, son geôlier n’est plus le Parlement, mais le juge. Il faut donc le libérer de nouveau.

À vous entendre, le problème vient des juges mais aussi des lois elles-mêmes ?

Regardez l’affaire de l’influenceur algérien Doualemn. Elle a exaspéré les Français et le ministre de l’Intérieur. Pourtant, le juge administratif de Melun n’a fait qu’appliquer la loi, notamment un article interdisant l’administration de délivrer une OQTF à un étranger dont elle a retiré la carte de résident de dix ans. Cette disposition a été ajoutée par la loi immigration adoptée fin 2023. Souvenez-vous de son adoption mouvementée. Les sénateurs LR, menés par Bruno Retailleau, en revendiquaient la paternité. Marine Le Pen, qui l’a votée, plastronnait en parlant de « grande victoire idéologique ». Seul, je clamais que cette loi serait pire que rien. Elle entérinait une nouvelle régularisation des clandestins pour les métiers en tension. Et je savais que le Conseil constitutionnel annulerait les rares dispositions visant à freiner l’immigration, ne laissant que celles qui l’aggravent. C’est exactement ce qu’il s’est passé. Rien de surprenant : c’est la logique de toutes les lois immigration depuis cinquante ans.

De quelle logique parlez-vous ?

Elle est très simple : chercher à tout prix un texte équilibré, avec le sempiternel « ferme mais humain ». Une version du en-même-temps adoptée par la droite, la gauche, et désormais le RN. Résultat ? La fermeté passe à la trappe, ne restent que les mesures humanistes. Cette mécanique infernale a commencé en 1975 : Giscard d’Estaing, face à la crise, arrête l’immigration de travail… mais, pour compenser, il instaure le regroupement familial. Depuis, tous les présidents ont suivi cette logique délétère, multipliant droits et protections, empêchant l’expulsion des clandestins et interdisant toute réduction de l’immigration légale. C’est parce que je veux briser cet équilibre mortel que toute la classe politique, du RN à LFI, en passant par Macron, LR et le PS, me traite d’extrémiste.

Source JDD cliquez ici

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Trump et Poutine se rapprochent, et l’Europe est effacée des grandes affaires du monde

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Pierre Lellouche

Trump avait promis de mettre fin à la guerre en Ukraine « en 24 heures ». Il l’aura fait en un mois, après une conversation téléphonique d’une heure et demie avec Poutine, le 12 février... aux conditions de ce dernier. La négociation se fera entre Américains et obtient ses deux principaux objectifs de guerre : l’Ukraine ne rentrera jamais dans l’Otan, tandis que la Russie conservera les territoires conquis militairement en Crimée et dans le Donbass. Les relations économiques reprendront entre Américains et Russes avec la levée des sanctions, également prévue.

Les Européens (avec les Ukrainiens, bien sûr) sont les grands perdants de ce tournant de l’Histoire. Entrés dans cette guerre sous le coup de l’émotion et de l’indignation, au demeurant légitimes, ils n’ont fait que suivre sans avoir défini la moindre stratégie, une Administration Biden hésitante et finissante, elle-même incapable de définir ses propres buts de guerre, hormis d’éviter « une troisième guerre mondiale » (dixit Biden), tout en répétant que « rien en Ukraine ne serait décidé sans l’Ukraine»... Les mantras n’ont pas suffi. Oubliant la sentence fondamentale de Clausewitz : « Le dessein politique est le but, la guerre le moyen; un moyen sans but ne se conçoit pas », à aucun moment, les alliés de l’Otan n’ont été capables de définir le moindre but à leur guerre par procuration contre la Russie, en dehors du fumeux «aussi longtemps que nécessaire ».

Tout au long de cette triste affaire, les Américains ont refusé l’entrée de l’Ukraine dans l’Otan, tout en maintenant publiquement l’illusion que cette perspective restait ouverte, ce qui leur permettait d’exclure en même temps de se mettre d’accord avec la Russie sur un statut de neutralité de Kiev. « Ni-ni », donc : ni Otan, ni neutralité. Au final, après trois ans de guerre aussi dévastatrice qu’inutile, l’Ukraine n’entrera toujours pas dans l’Otan et les Européens, s’ils décidaient de s’engager militairement en Ukraine dans le cadre de « garanties de sécurité » après un cessez-le-feu, le feraient « hors article 5 », vient de dire le secrétaire à la Défense Pete Hegseth, c’est-à-dire à leurs risques et périls, sans couverture américaine... Autant dire que de telles garanties, quoi que l’on pré- tende ici ou là, ne verront pas le jour.

Les Américains ayant changé de président et renoué avec un national-isolationnisme brutal, voici donc les Européens en dindons de la farce. Après avoir englouti 150 milliards d’euros, perdus l’accès au gaz russe bon marché en même temps que des dizaines de milliards d’investissements en Russie, les voilà non seulement exclus des négociations de paix, mais appelés à prendre en charge des garanties de sécurité hors de leur portée, en plus de la reconstruction de l’Ukraine à hauteur de 700 milliards d’euros qu’ils n’ont pas. Ainsi les Européens se retrouvent-ils littéralement effacés des grandes affaires du monde, à commencer par les leurs ! Car ce à quoi nous assistons, impuissants, n’est rien d’autre qu’un authentique tournant de l’Histoire en ce premier quart du XXIe siècle. Cerise sur ce gâteau empoisonné, une élection présidentielle aura lieu en Ukraine qui verra probablement le départ de Zelensky, dont les Russes voulaient l’« élimination » depuis le début.

Cette guerre épouvantable, qui a dévasté l’Ukraine, fait plus de 1 million de victimes tuées et blessées des deux côtés, et 8 millions de réfugiés, aurait pu être évitée. Elle aurait même pu être interrompue dès mars-avril 2022, alors que les négociations russo-ukrainiennes, sous médiation turque, étaient sur le point d’aboutir. Elle s’est pourtant poursuivie, trois années durant, alors qu’il était clair que l’Ukraine, réduite à une trentaine de millions d’habitants face à 145 millions de Russes, ne pouvait tout simplement pas reconquérir les territoires perdus. Qu’elle ne pourrait continuer à se battre que tant que les Américains acceptaient de livrer les armements nécessaires, les arsenaux européens étant vides. Or même après l’échec de la « grande offensive » ukrainienne de juin 2023, qui rendait illusoire toute reconquête par la force du Donbass et de la Crimée, même après le signal d’alarme qu’avait constitué l’interruption six mois durant, à la demande de Trump, des livraisons américaines, les Européens, derrière Biden, ont continué à présenter la poursuite des combats « aussi longtemps que nécessaire » comme la seule option possible.

Quant à la France, elle confirme, hélas, sur le théâtre ukrainien, le triste affaissement de sa place dans le monde, déjà patent en Afrique comme au Moyen-Orient. Macron a commencé par des palabres à très longue distance avec Poutine (au téléphone des dizaines de fois puis sur une table du Kremlin qui restera dans l’Histoire) à la veille du conflit ; il a poursuivi en juin 2022 en appelant les alliés à « ne pas humilier la Russie», avant de passer l’année suivante à la position exactement inverse, au fil d’une escalade de plus en plus martiale, allant jusqu’à proposer il y a tout juste un an l’envoi de forces françaises en Ukraine...Une escalade d’autant plus incongrue que notre fameux « réarmement », claironné à l’Elysée, reste essentiellement incantatoire faute de moyens financiers... L’important, désormais, est, comme disent les militaires, de conduire un indispensable « retex » (« retour d’expérience »). Comprendre le pourquoi de toutes ces erreurs successives et surtout nous préparer à un avenir des plus difficiles en Europe.

Il est en effet douteux que l’accord à la va-vite americano-russe qui se dessine soit de nature à organiser une paix durable sur le continent. Le pire, comme le craignait Jacques Bainville en 1919, à propos du traité de Versailles, étant « de refermer la plaie en laissant l’infection à l’intérieur». Or c’est très précisément ce qui risque de se passer avec l’Ukraine amputée, dévastée économiquement, politiquement instable, mais militairement surarmée, que nous allons trouver à côté de nous, au lendemain du conflit. Une Ukraine à qui, de surcroît, nous avons promis une entrée rapide dans l’UE... C’est cela désormais qui nous attend, très loin du « Green Deal » d’Ursula von der Leyen. Très loin aussi de l’illusion d’une protection américaine garantie comme pendant la guerre froide. Tout repenser, à commencer par l’Europe, réarmer d’urgence, voici ce qui nous attend. Cela avec une situation politique bloquée au lendemain de la dissolution et 3000 milliards de dettes. Pourtant, il faudra bien que la France fasse front, une fois encore...

* Pierre Lellouche a notamment publié  Engrenages. La guerre d’Ukraine et le basculement du monde (Odile Jacob, 2024).

Source : Le Figaro 17/02/2025

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dimanche, 16 février 2025

Etre Français

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C’est tout de même incroyable que l’on en arrive à se poser la question de savoir ce que signifie « être Français ». L’irresponsabilité de nos gouvernants remonte à la surface alors même que Jean Marie Le Pen, voici maintenant des décennies, avait tiré la sonnette d’alarme. On ne l’a pas écouté. On l’a brocardé, cet imbécile de Chirac en tête, alors que Charles Pasqua tentait de le persuader du contraire. Voici où nous en sommes aujourd’hui avec 10 millions d’extra européens sur notre sol, Maghrébins en tête et l’islam pour drapeau. C’est du colonialisme inversé et Macron joue les vierges effarouchées face aux attaques insensées du gouvernement algérien.

Alors oui, dans cette France fracturée entre les riches et les pauvres, la classe moyenne maltraitée et les immigrés, la question se pose de savoir ce que cela signifie, en 2025, d’être Français ! La France s’est toujours vantée d’être une terre d’accueil. A cette nuance près que ceux qui postulaient à la nationalité française cherchaient moins à s’intégrer qu’à s’assimiler. On le voit aujourd’hui encore, une minorité d’immigrés ont choisi la voie de l’assimilation et se moulent dans la culture française. Rachida Dati en est un exemple parmi d’autres. Pascal Praud, dans le Journal du dimanche, répond à sa manière à cette question et j’avoue partager ce sentiment unique d’être Français. « Nous sommes les héritiers d’un destin. Je chéris mille ans de paradoxes qui ont forgé l’indépendance d’un peuple. Et façonné ce que chacun cherche à définir : l’esprit français. »

Lire la suite ICI

Source : Journal du dimanche, 16/02/2025

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vendredi, 14 février 2025

Quand Trump parle à Poutine : d’un côté les antidépresseurs, de l’autre les pop-corns

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Regis De Castelnau

Emmanuel Todd avait pointé que « Le job de Trump allait être de gérer la défaite américaine face aux Russes ». C’est commencé. Et ça sent la fin de partie. Dans une surenchère ruineuse pour ses propres intérêts, l’Union Européenne dirigée par l’agent américain belliciste von der Leyen s’était précipitée à la suite de l’administration démocrate pour déclarer la guerre à la Russie. À une Europe alignée sur l’hystérie des tarés qui dirigent les pays baltes, Trump vient de dire directement et indirectement : « vous avez servilement soutenu Biden, eh bien démerdez-vous, nous on se barre ». Et le spectacle des valets désormais sans maître que sont les dirigeants européens, Macron en tête, est une friandise. Donald Trump : « Je viens d’avoir un appel téléphonique long et très productif avec le président russe Vladimir Poutine [….] Nous avons chacun parlé des points forts de nos nations respectives et du grand avantage que nous tirerons un jour de notre collaboration. Mais d’abord, comme nous en sommes tous deux convenus, nous voulons mettre un terme aux millions de morts qui ont lieu dans la guerre avec la Russie et l’Ukraine. Le président Poutine a même utilisé ma devise de campagne très forte, « LE BON SENS ». Nous y croyons tous deux très fermement. Nous avons convenu de travailler ensemble, en étroite collaboration, notamment en visitant nos nations respectives. » Ça c’est pour rappeler à l’Occident qui est le patron et que les questions se règlent entre grandes personnes. Pour les détails c’est Pete Hegseth le secrétaire d’État à la défense américain qui s’y est collé à la réunion des ministres de la Défense de l’OTAN : « Pas d’adhésion de l’Ukraine à l’OTAN. C’est l’Europe, et non l’OTAN ou les États-Unis, qui doit prendre l’initiative d’assurer la sécurité de l’Ukraine. Tout déploiement de troupes européennes en Ukraine ne sera pas couvert par l’article 5 et ne sera pas considéré comme une opération de l’OTAN. Aucune troupe américaine sur le terrain. Les Européens doivent prendre l’initiative de fournir une aide létale et non létale à l’Ukraine. » Traduction : démerdez-vous, on se barre (bis). On n’est pas plus aimable. Macron, Starmer, Scholz, VDL, Rutte, Kalas, etc. etc. font rentrer des tonnes de Lexomil, de Temesta, Valium, Effexor, et autres Prozac. Gare aux ruptures de stocks. Pour ceux qui avaient prévu cette issue depuis trois ans, attention aux excès de schadenfreude. Cela peut conduire à l’indigestion de pop-corns.

 Source : site  Vu du droit

 

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jeudi, 13 février 2025

Le droit du sol est-il vraiment républicain ?

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Michel De Jaeghere

Le droit du sol fait partie des principes fondamentaux de la République », vient de statuer François Hollande. On peut se demander ce qui permet à l’ancien président de la République de soutenir une telle affirmation. Le jus soli est, de fait, très anciennement implanté en France, mais le paradoxe est qu’il y a été reconnu dès 1515. On peut dès lors s’étonner d’entendre la gauche progressiste, habitée d’ordinaire par l’idée que l’un des piliers de notre identité serait « la mémoire positive de la Révolution » (Patrick Weil dans Le Monde du 23 août 2010 ) donner en modèle les pratiques du règne de François 1er .

Reconnu de fait par un arrêt du Parlement de Paris, le 23 février 1515, le droit du sol était en réalité bien plus ancien encore, puisqu’il était d’origine féodale. Il avait consisté, au temps où s’affirmait la puissance royale, à transposer au roi l’allégeance personnelle que les habitants de leur fief devaient à leur suzerain, en faisant de tous ceux qui naissaient sur son royaume ses sujets, pour éviter que quiconque prétende se soustraire à son autorité. Il s’était concilié sans heurts avec l’existence parallèle du jus sanguinis (arrêt Mabille, du 7 septembre 1576). Lors- qu’en 1802, soucieux de soumettre à la conscription les enfants des étrangers domiciliés, Bonaparte, premier consul, avait voulu consacrer dans le code civil le jus soli intégral («Tout individu né en France est français»), il s’était non seulement heurté aux juristes dépositaires de l’héritage du droit romain, qui n’avait connu que le jus sanguinis, mais aussi à l’opposition d’une partie de la vieille élite révolutionnaire, ralliée à contrecœur au régime et fortement représentée au sein du Tribunat, au motif que la patrie dépendrait moins, dans ces conditions, « de l’affection qui y attache, du choix et de l’établissement, que du hasard de la naissance ». « Cela se ressent de la féodalité, avait protesté le tribun François Siméon Bézard, cela n’est point à imiter.» Le droit du sol fait partie de notre histoire : comme la taille, l’ordalie et la guerre privée. Il nous rappelle que la tradition est critique et que les circonstances justi- fient parfois qu’elle soit émondée.

La première de nos Constitutions écrites avait repris, en 1791, la pratique ancienne de l’Ancien Ré- gime, qui avait assorti droit du sang, droit du sol et possibilité de solliciter un décret de « naturalité », mais en soumettant tout accès à la nationalité de ceux qui seraient nés à l’étranger (même d’un père français) à un serment civique par quoi l’impétrant devrait jurer d’être fidèle à la nation, à la loi et au roi. Deux ans plus tard, la Constitution de la Ire République (celle du 24 juin 1793) avait certes consacré le droit du sol (la naissance en France comme moyen privilégié d’accéder, sous condition de résidence, à la citoyenneté lors de sa majorité), en le complétant en outre par l’attribution automatique de la nationalité à tous les étrangers qui résidaient depuis un an sur le territoire français. Mise à l’écart par l’institution d’un gouvernement révolutionnaire pour faire face à la guerre étrangère, puis victime de la chute de Robespierre, elle n’entra cependant jamais en application. En 1803, la solution retenue par le code Napoléon fut en définitive de privilégier à la naissance le jus sanguinis, en permettant seulement aux étrangers nés en France de réclamer la nationalité française à leur majorité dans des formalités simplifiées par rapport à une demande de naturalisation.

Le double droit du sol, qui prévoit d’attribuer la nationalité française, dès la naissance, à tout enfant né d’un père étranger lui-même né en France ou sur un territoire qui était à l’époque français (il a bénéficié jusqu’aux années 2000 aux enfants nés en France d’un parent né en Algérie ou dans les colo- nies d’Afrique noire, parce qu’alors, ces territoires étaient français) fut institué quant à lui sous la IIe République. Mais il ne fut nullement mis en œuvre pour consacrer une conception « républicaine » de la nationalité. Voté par une majorité monarchiste et conservatrice, il visait bien plutôt, comme l’indiquent les travaux préparatoires de la loi du 7 février 1851, à éviter que des enclaves étrangères échappent à la conscription, alors qu’il relevait de l’évidence que les intéressés étaient « devenus Français par les affections, les mœurs et les habitudes », qu’ils avaient oublié « la langue et parfois jusqu’au nom du pays dont leurs ancêtres étaient originaires » (rapport Benoit-Champy, Assemblée nationale, 6 janvier 1851).

Le droit de la nationalité fit l’objet d’une réforme d’ensemble durant les premières années de la IIIe République, dans l’ambiance de refondation républicaine de la France : par la loi du 26 juin 1889 qui institua, pour les enfants d’étrangers nés et résidant en France l’automaticité de l’octroi d’une nationalité qu’ils devaient jusqu’alors « réclamer ». Rien n’indique pourtant que le législateur ait entendu par-là faire du droit du sol, comme le prétend Francois Hollande, un fondement de la République. Consulté pour avis, le Conseil d’État avait ouvert les discussions en proclamant que « la nationalité résulte du sang et de la filiation » et que « l’enfant doit être Français ou étranger non parce qu’il naît sur la terre française ou une terre étrangère, mais parce qu’il naît d’un père étranger ou français » (rapport du 13 novembre 1886). Le Sénat avait adopté quant à lui une première mouture du texte qui rejetait le jus soli en renvoyant tout étranger, même né en France, à la procédure de la naturalisation.

L’Assemblée avait tranché pour le droit du sol en faisant valoir le trop petit nombre des naturalisations enregistrées (il n’y en avait eu que 663 en 1886) et la nécessité d’éviter le déclassement démographique de la France, auquel on attribuait, face à l’Allemagne, la responsabilité de la défaite de 1870, en même temps que le souci d’assimiler les populations étrangères des départements frontaliers et plus encore celles des départements algériens, où la présence massive de ressortissants espagnols et italiens faisait craindre qu’ils remettent en cause l’œuvre coloniale de la France (pour le coup, bien ancrée dans la tradition républicaine !) en soutenant les revendications et les convoitises de leurs gouvernements. La loi avait en outre visé à mettre fin à la préférence étrangère qui, en dispensant les fils d’immigrés des trois ans de service militaire, les mettait en situation de concurrence déloyale vis-à-vis des Français. Elle avait visé, selon les termes employés par ses promoteurs, à prendre acte de la francisation de fait d’une population étrangère qui représentait 1 million de personnes d’origine européenne - Belges, Italiens, Espagnols, Allemands ou Suisses - et que la fréquentation de l’école et de l’atelier avait d’ores et déjà imprégnée des mœurs et de la civilisation française. Qui osera prétendre que cette situation ressemble en quelque manière à celle qui est la nôtre aujourd’hui ?

Loi d’opportunité adoptée en un temps où se bâtissait notre empire colonial sous le signe d’une inégalité assumée, la loi de 1889 n’était pas un texte inspiré par la volonté d’éviter aux enfants étrangers une discrimination contraire à l’idéal d’égalité, mais une réforme dictée par la priorité accordée à l’intérêt national et à la défense de la souveraineté en dissipant les fictions juridiques qui permettaient aux étrangers d’échapper au service militaire. Elle fut adoptée dans un climat d’expansion coloniale et de confiance en la capacité assimilatrice de l’école de la République, et dans le but affiché de faire des jeunes européens nés en France, selon les mots du sénateur Jean Joseph Delsol, « des soldats français patriotes et fidèles ». On a peine à croire que cette perspective soit considérée par les gardiens intransigeants du droit du sol comme la pierre angulaire de la République. Elle est si opposée à l’individualisme libertaire qui nous tient lieu d’idéologie dominante qu’on est même en droit de se demander : le droit du sol est-il vraiment républicain ?

*Michel De Jaeghere est directeur du « Figaro histoire ». Il a traité de la question du droit de la nationalité dans « Le Cabinet des antiques. Les origine de la démocratie contemporaine » (Les Belles Lettres, 2021, réédité en poche coll. « Tempus », 2024).

Source : Le Figaro 13/02/2025

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mercredi, 12 février 2025

Qui la regrettera ?

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Jean-Gilles Malliarakis, L'Insolent cliquez ici

La fin de mandature d'Anne Hidalgo, maire de Paris n'est prévue que pour l'An de Grâce 2026. En dehors de la foule de ses conseillers en communication rémunérés par le contribuable parisien, et la cohorte des ceux dont elle alimentait les occasions de joyeux quolibets – "et gnagnagna et gnagnagna" argumente-t-elle – personne ne la regrettera, pas même les 2% de Parisiens qui, à contrecœur sans doute, votaient pour Sa Toute Nuisance.

Dernier témoignage en date de cette exécration, le petit texte qu'on trouvera ci-dessous.

Son talentueux auteur, François Vannesson, publie un blog auquel il est vivement recommandé de s'abonner : La Lettre de la Déraison cliquez ici

JGM

"Anne Hidalgo vue par François Vannesson"

Il est des despotes qui oppriment avec panache, des tyrans qui saccagent avec style, des fossoyeurs qui ensevelissent avec faste.

‪Anne Hidalgo, elle, administre Paris comme un poulpe paraplégique tentant de tricoter un pull avec des spaghettis trop cuits.

‪Elle ne gouverne pas, elle inflige.

‪Son règne est une calamité chorégraphiée avec l’élégance d’un rhinocéros en tutu exécutant un ballet sur des tessons de bouteille.

‪Elle avance, raide comme une gargouille, persuadée d’être l’auguste visionnaire d’un futur radieux, alors qu’elle n’est que la taxidermiste obstinée d’une capitale exsangue.

‪Rien ne l’ébranle, ni le chaos, ni la réprobation, ni même l’évidence.

‪Face aux critiques, elle se raidit comme un lampadaire, brandissant son infaillibilité comme un talisman magique destiné à conjurer la réalité.

‪Ses échecs ? Des malentendus.

‪Ses erreurs ? Des avancées incomprises.

‪Son mépris du peuple ? Une marque de hauteur d’âme.

‪Son rapport à la gestion municipale oscille entre le surréalisme et l’absurde kafkaïen.

‪Elle dépense avec la frénésie d’un marquis dégénéré jouant aux dés avec l’argent du royaume.

‪Les finances de Paris s’évaporent dans des projets plus inutiles les uns que les autres, et lorsqu’il ne reste plus rien, elle ponctionne les Parisiens avec la subtilité d’un vampire muni d’une pompe hydraulique.

‪Les impôts prolifèrent comme des puces de lits dans un T2 parisien, tandis que la dette enfle avec la grâce d’un soufflé oublié dans un four détraqué.

‪Mais elle ne s’arrête pas là.

‪Son urbanisme tient du vandalisme sous acide, un manifeste de la laideur où chaque recoin de la ville est un manifeste contre le bon goût.

‪Les avenues sont mutilées comme si un dieu ivre avait joué aux mikados avec les plans d’Haussmann, les places ressemblent à des friches post-apocalyptiques, et le mobilier urbain évoque des sculptures dadaïstes réalisées par des lombrics sous LSD.

‪Et dans cette fresque grotesque, elle trône, inflexible, convaincue d’être une déesse bâtisseuse là où elle n’est que l’architecte hystérique d’un sabordage organisé.

‪Le Parisien râle ? Il est réactionnaire.

‪Il souffre ? C’est qu’il ne comprend pas la grandeur de son dessein.

‪Elle navigue sur son océan d’incompétence avec la majesté d’un canard unijambiste tentant de remonter une cascade en rollers.

‪Sa campagne présidentielle fut l’apothéose de cette hubris pathétique.

‪Elle s’effondra avec la grâce d’un parpaing jeté dans un bénitier, laissant derrière elle un parfum de ridicule si puissant qu’on aurait pu l’embouteiller.

‪Et quand elle partira enfin, Paris ne sera plus qu’un vestige, un puzzle géant dont chaque pièce aura été méthodiquement rongée par la bêtise, la vanité et la mégalomanie.

‪On racontera, à voix basse, l’histoire de cette édile qui, telle une Médée urbaine, aura tout détruit par conviction, incapable de comprendre qu’elle ne faisait que régner sur des cendres.

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Sauvons nos bistrots !

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Le bar-tabac est une institution française qui subit, lui aussi, les affres de ce que l’on appelle la modernité. Entendez par là sa désertion par les consommateurs traditionnels. En effet, dans ces lieux de haute convivialité se côtoyaient jadis aussi bien le prolo que le bourge. Jean-Marie Gourio, avec ses  Brèves de comptoir (Bouquins), nous a laissé une trace de ces lieux à haute intensité « culturelle ». Mais voilà, autre temps, autres mœurs, le bar-tabac fait néanmoins de la résistance. Car tenir un bistrot n’est pas chose facile. Jean-Laurent Cassely a consacré une étude à ces lieux myhtiques de la ville et des champs et répond aux questions du Figaro. Instructif.

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Source : Le Figaro 12/02/2025

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lundi, 10 février 2025

Intelligence artificielle, Quesako ?

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C’est assurément le grand sujet du jour : l’intelligence artificielle. Voici la définition que l’on a trouvé sur Internet : « L'intelligence artificielle (IA) est un processus d'imitation de l'intelligence humaine qui repose sur la création et l'application d'algorithmes exécutés dans un environnement informatique dynamique. Son but est de permettre à des ordinateurs de penser et d'agir comme des êtres humains. Pour se rapprocher le plus possible du comportement humain, l'intelligence artificielle a besoin d'une quantité de données et d'une capacité de traitement élevées. »  Interrogé par Le Figaro, Murielle Popa-Fabre, ex-membre du Collège de France, nous en dévoile les enjeux philosophiques et anthropologiques de ce qui apparaît comme une révolution dans note manière d’appréhender le monde.

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Source : Le Figaro 10/02/2025

 

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samedi, 08 février 2025

Immigration : on a multiplié les entraves à l’action publique

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Anne-Marie Le Pourhiet, professeur de droit public, nous explique dans cet entretien au Figaro, les raisons qui entrave tout ministre de l’Intérieur pour expulser les étrangers en situation irrégulière sur notre sol ou qui ont commis des délits. En fait ce sont les députés eux-mêmes, notamment les élus de gauche, qui ont multiplié les imbroglio juridiques. La récente expulsion puis le retour de l’Algérien Doualemn en est un frappant exemple.

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Source : Le Figaro 8/2/2025

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Face à l’immigration, la révolution

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Yves Thréard

Doualemn ne serait donc pas coupable d’infraction au droit des étrangers, mais victime de notre systè- me juridico-administratif ! Le tribunal de Melun vient de lui accorder 1 200 euros d’indemnité pour mauvais traitement. L’influenceur algérien entré irrégulièrement sur notre territoire par deux fois, condamné à six reprises pour au total 11 ans de prison et auteur de propos violents sur les réseaux sociaux va aussi bénéficier d’une autorisation provisoire de séjour. Ne manquent plus que les excuses de la République pour toutes les erreurs de procédure qui l’ont frappé. Ainsi va la France.

Treize ans après Leonarda, la jeune Kosovare expulsée qui avait ridiculisé François Hollande en direct à la télévision, rien n’a changé. Au pays des droits de l’homme, la lutte contre l’immigration illégale reste une injustice. En évoquer même l’impérieuse nécessité alors que les trois quarts de la population partagent un « sentiment de submersion» relève de la xénophobie. L’arme au pied, la gauche, qui a toujours eu honte d’être réaliste, dégaine immédiatement la « reductio ad hitlerum ». Ce fut encore le cas jeudi à l’Assemblée nationale, à l’occasion de la révision des conditions d’obtention du droit du sol à Mayotte. Décision bien timide et insuffisante aux yeux de la députée mahoraise Estelle Youssouffa. Elle estime que ce droit devrait être purement et simplement supprimé dans l’archipel, où près de 70% des accouchements le sont de femmes comoriennes.

Après son éprouvant marathon budgétaire et obligé par les circonstances, François Bayrou doit reprendre le sujet à son compte : pourquoi ne pas envisager la remise en question du droit du sol dans tout le pays et s’interroger sur « ce que c’est qu’être français » ? On se souvient des polémiques entourant le dé- bat sur l’identité française ouvert par Nicolas Sarkozy en 2009. Qu’en serait-il aujourd’hui ? La ministre d’État Élisabeth Borne a déjà exprimé son refus de s’engager sur ce terrain. Passé l’effet d’annonce, il est donc à craindre que l’af- faire n’aille pas au-delà des mots.

Face à l’immigration, la France doit pourtant remettre le droit à l’endroit et l’État à sa juste place. Une révolution qui ne peut attendre.

Source : Le Figaro 8/02/2025

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vendredi, 07 février 2025

Peut-on écrire l’histoire de la nation française sans polémique ?

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Entretien avec l’historien Eric Anceau*

Le Figaro - Au début de la IIIe République, Fustel de Coulanges disait qu’« écrire l’histoire de France était une façon de travailler pour un parti et de combattre un adversaire ». Quel est votre objectif, en proposant aujourd’hui une nouvelle Histoirede la nation française ?

Éric Anceau. - L’objectif était de traiter un sujet difficile, mais ô combien crucial, en proposant un récit érudit et sourcé et, de ce fait, qui échappe aux polémiques, mais qui soit aussi abordable par tous nos compatriotes. Lorsque Fustel de Coulanges écrit que «nos historiens, depuis cinquante ans, ont été des hommes de parti » et que « l’histoire est devenue chez nous une sorte de guerre civile en permanence », nous sommes au milieu de la querelle des deux France qui oppose les partisans de la tradition et les héritiers de 1789. La nation est alors instrumentalisée par les uns et les autres. Pour le comprendre, il faut remonter le temps. La nation construite progressivement par les Capétiens pour conforter leur pouvoir a ensuite été l’objet d’une lente sédimentation et de phases de cristallisation, comme la guerre de Cent Ans, les guerres de Religion, l’avènement de la monarchie absolue. Cependant, les Lumières ont remis en cause la symbiose entre le roi et la nation ainsi construite en réclamant l’avènement d’une nation politique, et la Révolution a imposé la souveraineté nationale au détriment de la souveraineté royale. Or, le XIXe siècle voit encore s’affronter les deux France et lorsque Fustel de Coulanges prend la plume nous sommes au début d’une République paradoxale, née de la guerre de 1870, où les monarchistes demeurent majoritaires. C’est un euphémisme de dire que la droite et la gauche d’alors ne conçoivent pas la nation de la même façon et ne lui voient pas le même destin.

Précisément, comment définiriez-vous la nation?

Dix ans après Fustel de Coulanges, en 1882, Renan fait la synthèse des points de vue dans sa conférence à la Sorbonne, « Qu’est-ce qu’une nation ? » Lui-même a beaucoup évolué dans sa conception de la nation : il ajoute alors au partage du « riche legs de souvenirs » de ceux qui la composent et auquel il croyait jusque-là un « plébiscite de tous les jours », car l’Alsace et la Moselle viennent d’être arrachées à la « mère patrie » et il sait bien que, si les Alsaciens et les Lorrains avaient été consultés, ils auraient refusé l’annexion allemande. Le succès de sa conférence s’explique par le fait que ses propos sont en phase avec la pensée dominante des élites dirigeantes de la République en train de triom- pher. Cette définition rejoint celle que propose aujourd’hui l’Académie française : « Une communauté dont les membres sont unis par le sentiment d’une même origine, d’une même appartenance, d’une même destinée. » Un passé, un présent et un avenir communs.

Les querelles sur l’histoire nationale débutent dès les origines, lorsqu’il s’agit de préférer les Gaulois ou les Francs comme ancêtres des Français. Comment expliquer que les premiers aient d’abord été revendiqués par les révolutionnaires, puis par la gauche, avant de devenir l’apanage de la droite ?

Ce mythe des origines lointaines de la nation date du Moyen Âge, car il permet de la légitimer. On remontait déjà aux Francs, aux Gaulois et même aux Troyens, mais, au début du XVIIIe siècle, le comte de Boulainvilliers prétend que les nobles descendent des conquérants francs et le peuple, des Gaulois, pour justifier la domination des premiers et leur prétention à être associés au pouvoir royal. À la veille de la Révolution, l’abbé Sieyès dit que les nobles n’ont qu’à retourner dans leurs forêts de Franconie s’ils refusent de se fondre dans la nation, puis les révolutionnaires encensent les Gaulois. Dès lors, le pli est pris.

Au lendemain de la défaite de 1870, l’opposition entre partisans des Gaulois de gauche et défenseurs des Francs de droite culmine. Pour les républicains, la résistance de Vercingétorix rappelle celle de Gambetta, les Francs, qui sont des Germains, les Allemands. Et, dans le cadre de la lutte contre le cléricalisme, les Gaulois païens sont préférables aux Francs convertis au christianisme à la suite du baptême de Clovis. Au XXe siècle, ces clivages s’estompent. Tout en conservant les Francs au cœur, la droite se rappelle que les Gaulois étaient invoqués par les rois. Aujourd’hui, où certains à droite ont l’impression que tout se délite, ils récupèrent les uns comme les autres!

Des inquiétudes sur l’enseignement de l’histoire nationale apparaissent sous Giscard, écrivez-vous. À cette époque, les socialistes tombaient d’accord avec les gaullistes pour parler de manuels qui  « inculquent à la jeunesse l’oubli du passé national ». La situation a-t-elle changé depuis ?

La IIIe République, qui a achevé de « nationaliser les Français », a développé l’enseignement d’un « roman national» qui est encore proposé aux plus jeunes élèves jusqu’au début des années 1970. Cependant, les idées de Mai 68 infusent. Des activités d’éveil sont substituées à l’enseignement traditionnel, en particulier en histoire. Du socialiste Louis Mexandeau, héri- tier des hussards noirs de la République, à l’ancien premier ministre du général de Gaulle Michel Debré, nombreux sont alors ceux, à gauche comme à droite, qui dénoncent l’abandon de la chronologie, du récit national et des grands hommes. C’est depuis une récurrence de scruter les programmes d’histoire. L’histoire est une passion française, mais il faut dire que l’enjeu est fort.

Vous remarquez que « l’histoire nationale a rarement été aussi invoquée dans le discours public », et pourtant cela ne prend pas. Comment expliquer cette situation paradoxale ?

Comme l’État qui l’a enfantée et la République qui l’a modelée, la nation traverse une crise grave et multi- forme. Nous sommes passés d’un idéal social du vivre en commun au « vivre-ensemble », qui devient trop souvent un « vivre-côte à côte », voire un « vivre-face à face». Nos dirigeants s’en rendent bien compte et, comme ils ont de moins en moins prise sur la marche du monde, ils deviennent de plus en plus communicants. Nous le voyons bien aujourd’hui avec le président Macron, qui bat les records de panthéonisations et de commémorations. S’il est plutôt à l’aise dans l’exercice, cela ne suffit pas. Rappelons-nous les définitions de la nation : elle s’inscrit dans l’histoire, mais elle doit aussi le faire dans le présent et dans l’avenir. Il faut proposer aux Français des politiques publiques robustes et un horizon qui les séduise. En un mot comme en cent, pour que vive la nation, il faut refaire de la politique au sens noble du terme !

(*) Éric Anceau est professeur à l’université de Lorraine et auteur de plus de trente livres. Il vient de publier, Histoire de la nation française. Du mythe des origines à nos jours (Tallandier). Une synthèse ambitieuse sur un sujet passionnant.

Source : Le Figaro 06/02/2025

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Royaume-Uni : vers une annulation des élections locales pour contrer la montée du parti de Farage ?

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Breizh info cliquez ici

Le climat politique britannique s’échauffe après une annonce du gouvernement qui pourrait bien bouleverser le jeu démocratique : les élections locales prévues cette année dans neuf circonscriptions couvrant 7,7 millions de résidents et 5,5 millions d’électeurs seront reportées. Officiellement, l’objectif serait de réorganiser les administrations locales en supprimant de nombreux conseils et en créant de nouvelles collectivités plus grandes. Mais pour Nigel Farage et son parti Reform UK, la manœuvre cache une tentative flagrante de museler la montée en puissance des forces populistes.

Un report inédit qui prolonge les mandats sans consultation

Selon le gouvernement, organiser ces élections n’aurait plus de sens, puisque les actuels conseils municipaux doivent être supprimés dans les années à venir. En attendant, des milliers de mandats municipaux qui devaient expirer cette année pourraient être prolongés de sept ans, sans validation par les électeurs. Une première en temps de paix qui suscite de vives critiques.

Nigel Farage a dénoncé une dérive autoritaire, accusant les « partis de l’establishment » de s’entendre pour bloquer l’ascension de son parti, Reform UK, qui connaît une montée en flèche dans les intentions de vote. La réduction du nombre de sièges soumis au vote, passant de 2 200 à 1 600, pourrait lui être particulièrement préjudiciable, notamment dans des bastions comme l’Essex et le Norfolk, où le parti populiste réalise d’excellentes performances.

« Les élections sont annulées ! Je croyais que seuls les dictateurs annulaient des élections, mais voilà que le Parti travailliste, pris de panique, en décide autrement », s’est indigné Farage.

Un gouvernement accusé de lâcheté

Pour Farage et ses partisans, l’establishment conservateur et travailliste cherche à priver des millions de Britanniques de leur droit de vote pour maintenir le statu quo. L’ancien leader du Brexit Party souligne qu’un report électoral aussi large et prolongé est sans précédent et va à l’encontre du principe fondamental du suffrage universel. « Les Britanniques ont le droit de juger ceux qui les gouvernent et de les sanctionner par les urnes. Ce qui se passe est une honte démocratique », indique Farage.

Si le gouvernement justifie la décision par une volonté de rationaliser les administrations locales et d’économiser des coûts, certains observateurs y voient une manœuvre politique visant à freiner la poussée de Reform UK, qui pourrait siphonner une partie de l’électorat conservateur.

La vice-première ministre Angela Rayner a, de son côté, tenté d’éteindre la polémique en expliquant que « la barre a été placée très haut » pour justifier ces reports et que « les élections coûtent cher », des arguments qui peinent à convaincre les détracteurs de cette décision inédite.

L’épisode illustre à quel point les équilibres politiques sont devenus fragiles au Royaume-Uni. La montée du parti de Farage met en péril la domination conjointe des Conservateurs et des Travaillistes, au point que certains semblent prêts à contourner le processus démocratique pour freiner l’élan populaire.

Si le report des élections est maintenu, il créera un précédent inquiétant en matière de démocratie britannique, renforçant les tensions entre l’establishment et une partie de l’électorat de plus en plus réceptive au discours anti-système. Farage, lui, a déjà promis de faire de cette affaire un cheval de bataille électoral, bien décidé à mobiliser ceux qu’il considère comme des électeurs privés de leur voix par un gouvernement aux abois.

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Sur quoi le chantage algérien repose-t-il ?

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Bernard Lugan, L'Afrique réelle

Le jusqu’auboutisme algérien se manifeste par des errements diplomatiques apparentés à une fuite en avant.

En plus de l’état de quasi-guerre que l’Algérie entretient avec le Maroc, de ses provocations à l’égard de la France, de sa rupture avec le Mali et des sanctions commerciales qu’elle vient de décider contre la Colombie et le Panama qui ont reconnu la marocanité du Sahara occidental, voilà que les gérontes au pouvoir à Alger viennent de provoquer une grave crise avec la Turquie (voir page 17 de ce numéro).

L’amateurisme-fanatisme d’Alger est le reflet d’un régime aux abois qui se raidit et se crispe au lieu de tenter d’acheter sa survie par une profonde remise en cause. La situation de l’Algérie est en effet dramatique à deux grands titres :

– L’État meurt de l’intérieur, écrasé par ses propres contradictions et ruiné par les prévarications de sa nomenklatura.

– Cette agonie de l’Etat provoque l’isolement de l’Algérie, sa perte de crédibilité et sa marginalisation sur la scène internationale. Ce qui conduit à une crispation débouchant aujourd’hui sur une impasse répressive qui va finir par faire exploser le pays.

Le pire est que les dirigeants algériens semblent se comporter comme des suicidaires cherchant névrotiquement à se rapprocher du pire.

A y regarder de près le pouvoir en place à Alger parait en effet avoir clairement décidé de s’auto-détruire et de précipiter le pays dans l’abîme. Comme si, seule la politique du pire pouvait lui fournir une ultime bouffée d’oxygène avant de trépasser. Après avoir dilapidé ses ressources humaines et financières, l’Algérie est aujourd’hui exsangue.

Or, au lieu de profiter de la situation pour enfin mettre à plat le contentieux qui oppose la France et l’Algérie, les dirigeants français vont une fois de plus composer. Et pourquoi ?

– Ce n’est pas une pression économique que peut exercer l’Algérie puisque le gaz et le pétrole ne représentent respectivement que 8% et 9% de la consommation française. Quant au commerce de la France avec l’Algérie, il ne compte pas puisqu’il n’est en moyenne que de 12 milliards d’euros pour un commerce extérieur français global moyen de 770 milliards d’euros.

– Ce n’est pas davantage le poids d’une cinquième colonne immigrée dont les éventuels agissements illégaux pourraient être facilement réglés par de fermes mesures de simple police…

Alors ? Là est en effet toute la question…

SOMMAIRE :

Actualité

  • Comment Mayotte est devenue française

Dossier Algérie :

  1. Histoire des Algéries : Interview de Bernard Lugan
  2. L’Algérie doit son unité et ses frontières à la France 
  3. Le congrès de la Soummam ou ce qu’aurait pu être une autre Algérie
  4. Comment soigner l’Œdipe algérien ?
  5. L’Algérie se brouille avec la Turquie

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mardi, 04 février 2025

Comment l’Europe saborde son avenir ?

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Entretien avec Karin Kneissl

La diplomatie n’est pas qu’une affaire de chancelleries et de protocoles feutrés. Karin Kneissl, ancienne ministre autrichienne des Affaires étrangères, incarne cette diplomatie de terrain, loin des postures médiatiques. Polyglotte, analyste incisive et experte en géopolitique, elle a tracé son propre chemin entre les capitales du monde, formant les générations futures tout en défiant les dogmes dominants. Son indépendance lui a valu des inimitiés féroces. Menacée, censurée, empêchée de travailler en Europe, elle a choisi de s’installer en Russie, où elle a fondé le centre G.O.R.K.I., un laboratoire d’idées géopolitiques. Son engagement en faveur du dialogue et de la souveraineté nationale dérange, tout comme sa critique sans concession des élites occidentales. Dans cet entretien-fleuve, Karin Kneissl revient sur la disparition de la diplomatie européenne, l’échec du multilatéralisme, l’hystérie antirusse et la crise du politique. Elle nous parle aussi d’endocrinologie, d’immigration et du basculement du monde vers un nouvel ordre. Une parole rare, tranchante et visionnaire.

Lire la suite ICI

Source : site Eléments

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Y a du Yalta dans l’air

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Renaud Girard

Il y a exactement quatre-vingts ans, le 4 février 1945, s’ouvrait, dans une station balnéaire de la Crimée soviétique, la conférence interalliée de Yalta. Elle dura une semaine, réunissant les leaders des trois grandes puissances qui étaient en train de gagner la Seconde Guerre mondiale : l’Américain Roosevelt, le Britannique Churchill, le Soviétique Staline. Son but était de coordonner les dernières opérations militaires contre les agresseurs allemand et japonais, ainsi que d’organiser la paix mondiale, notamment en Europe. Charles de Gaulle n’avait pas été invité.

Affaibli par la maladie, le président Roosevelt se montra, à la différence de Churchill, d’une naïveté confondante envers le vorace Staline. Le premier dira au second, en parlant du troisième : « Si je lui donne tout ce qu’il me sera possible de donner sans rien réclamer en échange, noblesse oblige, il ne tentera pas d’annexer quoi que ce soit et travaillera à bâtir un monde de démocratie et de paix. »

Cette conférence, où sont entérinées des négociations interalliées antérieures sur le partage de « zones d’influence », va avoir de dramatiques conséquences sur les peuples d’Europe de l’Est, que Roosevelt a abandonné à Staline. Les pays Baltes, la Pologne, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Roumanie, la Bulgarie vont être, contre leur volonté, soumis au joug soviétique. Un système communiste leur sera imposé. Toutes ces nations n’avaient bien sûr pas été invitées à Yalta pour y donner leur avis. Ce système de « souveraineté limitée », comme le théorisera plus tard Brejnev, durera jusqu’à l’implosion de l’Union soviétique en 1991.

Yalta reste le symbole d’une diplomatie où les gros se partagent le monde sans prendre la peine de consulter les petits. Quatre-vingts années plus tard, on a l’impression que cela recommence, avec la Russie de Poutine et l’Amérique de Trump, puissances redevenues ouvertement impérialistes.

Lors de sa conférence de presse du 14 janvier 2025 à Moscou, Sergueï Lavrov a laissé entendre que la Russie pourrait se montrer compréhensive envers l’Amérique sur la question du Groenland, si cette dernière faisait de même sur la question ukrainienne.

Réagissant à la doctrine impériale de Mar-a-Lago, où Donald Trump avait notamment exprimé des vues sur le Groenland, le ministre russe des Affaires étrangères avait conseillé aux Américains et aux Danois d’écouter les résidents du Groenland, « à l’image de ce que la Russie a fait avec ceux de la Crimée, du Donbass et de la Novorossiya ». Les choses sont claires...

La probabilité semble s’accroître pour que Trump et Poutine fassent d’ici l’été un nouveau Yalta, cette fois sur le dos de l’Ukraine. Ni les populations concernées, ni les autres nations européennes ne seraient consultées. Deux signes vont dans le sens de cette hypothèse : le général Kellog, l’envoyé spécial du président Trump sur l’Ukraine, ne s’est toujours pas rendu à Kiev ; la Maison-Blanche a suspendu pour 90 jours toute aide américaine, civile ou militaire, à l’Ukraine.

L’établissement punitif de droits de douane à l’encontre du Canada et du Mexique, décidé le 31 janvier 2025 par le président Trump, montre que ce dernier ne bluffait pas quand il exposait à Mar-a-Lago sa nouvelle diplomatie virile, quand il proposait au Canada de devenir le 51ème  État des États-Unis, quand il enjoignait à Panama de revenir dans le giron américain, et au Danemark de vendre le Groenland aux États-Unis.

Avec Trump, on ne perd pas de temps à consulter les pays concernés, à prendre l’avis de ses alliés, à réfléchir à ce que prescrit le droit international, on fonce comme un bélier, on impose sa décision. On agit comme l’Amérique a agi à l’égard des Espagnols à la fin du XIXe siècle, sous l’impulsion du président McKinley. Ce dernier a été l’un des deux présidents américains à avoir été cité par Trump dans son discours d’investiture le 20 janvier 2025. Le second est le président Théodore Roosevelt, qui était le successeur de McKinley, et qui croyait dur comme fer au darwinisme appliqué aux nations : seules les plus fortes sont appelées à survivre.

Il suffit de contempler une mappemonde, depuis le pôle Nord et non depuis l’Équateur comme on le fait habituellement, pour comprendre que le Groenland a un réel intérêt stratégique pour les États-Unis, dans sa rivalité avec la Russie, ou si l’on voit plus grand et plus loin, avec l’Eurasie.

Le Groenland est vraiment une priorité pour Trump et, sur cette question-là, l’opinion américaine est de son côté. Lorsque le 47e président des États-Unis s’est entretenu avec la première ministre du Danemark, il n’a laissé aucune place à de la diplomatie classique, qui veut qu’on échange ensemble sur une pluralité d’options. L’Américain a simplement demandé son prix à la Danoise. Lorsque, tétanisée, elle a esquissé un refus, Trump lui aurait fait comprendre qu’il avait d’autres moyens de la faire céder...

Pour Tony Corn, grand spécialiste de la diplomatie américaine, l’idée serait aujourd’hui d’offrir à un Groenland devenu indépendant par référendum un « Cofa » (Compact of Free Association) similaire à ce qui existe avec la Micronésie.

Paniquée, sentant qu’il y avait du Yalta dans l’air, la première ministre du Danemark a fait une tournée européenne le 28 janvier 2025, afin de chercher du réconfort, sinon de l’aide. Mette Frederiksen a été notamment reçue par Emmanuel Macron à l’Élysée. On compte sur le président français pour avoir été charitable avec elle, et pour ne pas lui avoir rappelé le mépris qu’elle a toujours affiché pour l’idée macronienne d’« autonomie stratégique européenne ». En 2021, elle avait expliqué à un conseiller de Macron que Copenhague se sentirait toujours plus proche de Washington que de Paris...

Source : Le Figaro 04/02/2025

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dimanche, 02 février 2025

Submersion, vous avez dit submersion ?

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Pascal Praud

Dans le dictionnaire des bien-pensants, le mot « submersion »  n’existe pas. Comme Voldemort est le nom qu’on ne prononce jamais chez Harry Potter, il y a pour les policiers de la pensée des mots qui fâchent. Ils sentent le pas cadencé et le bras tendu.

Les socialistes Johanna Rolland et Boris Vallaud ont pris leur ton de givre et leur mine de croquemort pour clamer urbi et orbi que le mot « submersion » tenait du vocabulaire extrême droitier. « Couvrez ce sein que je ne saurais voir. » Chacun connaît ce numéro de faussaire que ces tartuffes jouent devant les caméras quand ils feignent l’outrage pour un oui, pour un non. « C’est une faute à l’égard de la République », a déclaré sans rire madame Rolland, édile de la ville de Nantes, cité hier accueillante qu’elle transforme année après année en musée des horreurs. Question sémantique, le camp du bien prend des libertés avec l’Académie française au point de confondre un terroriste du Hamas avec un résistant palestinien. Avant de réécrire l’histoire, le cercle de la raison édicte un nouvel abécédaire. Des mots ont disparu. Ils jetaient le trouble parmi les camarades. Insécurité, intégration, assimilation, grand remplacement, wokisme ou islamophobie ne sont pas des mots à dire ni devant des enfants ni devant leurs parents.

François Bayrou n’a rien exprimé qu’une chose très banale. Avec lucidité. Nombre de Français ne reconnaissent plus le pays dans lequel ils ont grandi, ni ses mœurs, ni ses coutumes. Monsieur Vallaud et madame Rolland ignorent que 65 % des personnes interrogées par l’institut CSA après que François Bayrou a parlé de « submersion » approuvent le Premier ministre.

À l’époque où la gauche avait d’autres voix que les hoquets des apparatchiks Faure, Vallaud, Rolland et consorts, voici ce qu’on lisait dans Le Nouvel Observateur sous la plume de Jean Daniel : « Il y a en ce moment, en Occident, une islamisation de la vie quotidienne dont l’extension est inquiétante. » Et encore : « Le drame de la jeunesse issue de l’immigration n’est pas dans le passé esclavagiste et colonial que la France se refuserait à regarder en face. Le drame est dans l’échec de cette jeunesse et de la lutte émancipatrice de son pays d’origine. »  Aujourd’hui, Jean Daniel serait sur le banc des accusés. « Vous parlez comme Le Pen », lui dirait cette gauche aveugle et sourde.

Qui s’excuse, s’accuse

La guerre des mots est déclarée. Encore faut-il écouter qui parle. Quand Jean-Luc Mélenchon évoque la « créolisation », il a le droit. Malheur à Marine Le Pen si elle se risquait à pareille audace.

La guerre des mots bat son plein. Elle recouvre une bataille de tranchées. Un procès stalinien a exécuté Philippe Carli. Son crime ? Il avait « liké » un tweet de Sarah Knafo. Mediapart a jeté le nom de ce patron de presse « aux chiens », comme disait François Mitterrand. Philipe Carli pilotait depuis 2017 les quotidiens Dernières Nouvelles d’Alsace, Le Républicain lorrain ou Le Progrès à travers le groupe de presse Est-Bourgogne-Rhône-Alpes (Ebra) qu’il dirigeait.

Mediapart moucharde des noms. Robespierre dressait des listes. Le licenciement a remplacé la guillotine. L’actionnaire de Philippe Carli, le Crédit mutuel, a cédé. Il a acheté la paix sociale auprès de ses 1 400 journalistes salariés répartis dans les neuf quotidiens régionaux qu’il possède. Courage, fuyons ! Carli a présenté ses excuses. Il a eu tort. Qui s’excuse, s’accuse. Il a ensuite rédigé un communiqué d’au revoir qui sentait le téléguidage : « Dans l’intérêt du groupe Ebra, j’ai décidé de quitter mes fonctions de président... » Entretemps, la CGT avait trouvé que « son mea culpa n’était pas à la hauteur du préjudice ». La CGT eut aimé une autocritique du camarade Carli comme au bon vieux temps.

Je connais les rédactions depuis quarante ans. Une poignée d’agitateurs mène les frondes. Leur talent est souvent inversement proportionnel à leur ressentiment. Que le Crédit mutuel sacrifie un de ses hommes révèle l’univers de la presse. Le Syndicat national des journalistes (SNJ) approuve. La gauche règne ; l’intolérance domine ; la menace gouverne.

La gauche a perdu la bataille culturelle. Le réel a balayé son idéologie. La grande révolution prolétarienne n’aura pas lieu. Que reste-t-il de ses amours ? Quelque chantage de censure. Quelque ultimatum d’autocritique.

500 000 nouveaux venus

Boris Vallaud et ses amis réagissent comme le chien de Pavlov. Le mot « immigration » déclenche leur indignation. Cinq cent mille indi- vidus entrent chaque année en France. Cinq cent mille individus de religion et de culture différentes. Cinq cent mille individus répartis entre les entrées légales (titres de séjour, regroupe- ment familial, étudiants, etc.) et les demandes d’asile. À cela, ajoutons les étrangers en situation irrégulière qui échappent au contrôle des radars.  « L’immigration n’est pas une chance pour la France », a déclaré Bruno Retailleau en septembre dernier. Il faut un certain courage pour affronter le camp du bien qui prononce la mort sociale pour moins que ça. On ne badine pas avec l’humanisme universel chez ces gens-là. L’intimidation est si forte qu’elle paralyse nos dirigeants depuis quarante ans. Qui oserait dire que la troisième génération de Portugais, d’Espagnols, de Polonais ou d’Italiens n’a jamais rejeté le pays qui avait accueilli leurs ancêtres ? Les enfants naissaient. Ils s’appelaient parfois Enzo, Jerzy ou Esteban mais aussi Nathalie, Alain ou Émilie. Personne n’imaginait qu’ils fussent des Français en toc. Ils aimaient Victor Hugo, le château de Chambord, Michel Sardou et le poulet frites. Ils se mariaient à l’église et chantaient La Marseillaise les soirs de fête. Ce modèle a vécu. D’autres dieux, d’autres chansons, d’autres menus seront à la carte ces prochaines années. Mais chut ! Soumission et submersion sont des mots interdits.

Source : Journal du Dimanche 02/02/2025

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samedi, 01 février 2025

Contre les immigrationnistes : le 19 février, les habitants de Bélâbre fêteront leur victoire totale

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Francis Bergeron

Le Nouveau Présent Hebdo a raconté l’histoire de ce village de l’Indre, Bélâbre, situé non loin d’Argenton-sur-Creuse et de l’abbaye de Fontgombault, qui était entré en résistance pour empêcher l’implantation locale d’un Centre d’Accueil pour Demandeurs d’Asile (CADA).

Puisque le mot « submersion » est à la mode, disons que les Bélabrais ressentaient un fort « sentiment de submersion ». Dans un village de 900 habitants, voir s’implanter 38 migrants syriens et afghans, et autres « mineurs non accompagnés », sans limite dans le temps car sans claire perspective tant pour les « réfugiés » que pour les « autochtones », pouvait inquiéter  des habitants dont certains  reconnaissaient  avoir choisi de s’installer ici, précisément pour échapper à l’ambiance de certaines banlieues…

Nos lecteurs savent que cette mobilisation populaire a été payante, puisque le projet du maire Laroche, qui entendait persévérer malgré la colère de ses  administrés, a été définitivement abandonné fin décembre, comme l’a annoncé le préfet de l’Indre, M. Lanxade.

Il faut dire que cette victoire populaire (« populiste » disent les immigrationnistes) a été facilitée par « les difficultés financières et judiciaires  de l’association Viltaïs », a regretté le maire sortant Laroche.

Tiens, tiens, des difficultés financières et judiciaires pour Viltaïs  ? Viltaïs est l’association, financée par les contribuables, qui avait été chargée d’implanter  – aux frais desdits contribuables, bien entendu – cette communauté hétérogène. Mais le dossier avait été monté sans aucun sérieux, le budget faramineux d’aménagement d’une vieille usine textile du village avait scandalisé dans tout le département. Qui plus est, l’état-major de Viltaïs, dirigé alors par un cadre du Parti socialiste, s’est retrouvé dans la tourmente après des révélations relatives  à des abus de biens sociaux, affaires qui devraient trouver leur dénouement devant les tribunaux. L’avocat Pierre Gentillet  avait suivi de près ce volet du « dossier Bélâbre ».

C’est pour faire le point sur toutes ces bonnes nouvelles que Ludivine Fassiaux, la jeune et dynamique présidente de l’Union bélabraise, invite ceux qui ont soutenu le combat de son association  à participer à une réunion publique à la salle des fêtes du village, le 19 février..

« N’hésitez pas à me confirmer votre présence pour la commande de nos gourmandises salées » nous dit Ludivine.  

Adresse courriel de l’union belabraise : 

Unionbelabraise36@gmail.com

Ce sont des petites victoires comme celle-ci qui font les grandes victoires. Ludivine Fassiaux sera d’ailleurs en première ligne, dans la région, aux prochaines échéances électorales.

Source cliquez ici

20:35 Publié dans Combat nationaliste et identitaire, Revue de presse | Lien permanent | Commentaires (0) | |  Facebook | |